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Day Créations réflexives 2013 Défilement manuel

Day Créations réflexives 2013 Défilement manuel

Même si nous sommes animés d’un idéal pacifiste et que nous réprouvons la guerre,

Même si nous sommes animés d’un idéal pacifiste et que nous réprouvons la guerre, nous ressentons habituellement du respect pour les soldats déployés sur les champs de bataille. Nous savons bien qu’ils risquent à tout moment d’être capturés par l’ennemi, blessés ou tués. Et puis comment ignorer que ces militaires – la très grande majorité de jeunes hommes et femmes à qui on n’a pas demandé leur avis – sont envoyés au combat par suite de décisions prises par des dirigeants politiques qui eux, restés dans leur pays, n’auront pas à craindre pour leur intégrité et leur sécurité? L’ex-président américain George W. Bush illustre plutôt bien l’énoncé qui précède. En 2001, il a lancé les États-Unis et plusieurs autres pays de l’OTAN dans la guerre en Afghanistan – une guerre qui, selon bien des spécialistes, est désormais perdue. Puis en 2003, invoquant des prétextes qui se sont avérés mensongers, il a lancé son pays dans une guerre en Irak – une intervention militaire dont les effets semblent bien loin d’être positifs quand on regarde la situation irakienne actuelle. George W. Bush n’occupe plus la fonction présidentielle depuis plusieurs années et il vit aux États-Unis en toute sécurité entouré de gardes du corps. Mais dans le sillage de ses décisions, reposent les dépouilles de 4 804 militaires (dont 4 486 Américains) tombés en Irak et de 3 257 militaires (dont 2 177 Américains) morts en Afghanistan [données en date du 7 février 2013]. Il ne faudrait pas négliger d’ajouter à ces statistiques les soldats qui sont revenus dans leurs pays respectifs souffrant de blessures physiques ou aux prises avec des chocs post-traumatiques. En Afghanistan, on parle par exemple de 18 188 Américains et de 725 Français blessés. Le ministère britannique de la Défense a annoncé en janvier 2013 que 3 600 de ses militaires avaient été blessés en Irak et 6 375 en Afghanistan. Pour le Canada, il est question de 2 047 blessés entre 2002 -2011 [les chiffres pour le Canada, en 2012, ne sont pas encore publics].

Malgré le respect que nous pouvons porter à ces jeunes militaires que chefs d’État

Malgré le respect que nous pouvons porter à ces jeunes militaires que chefs d’État et de gouvernement ont envoyé combattre, malgré l’admiration que nous avons pour leur indéniable courage, il ne faut pas oublier qu’ils arrivent tous dans ces contrées lointaines avec leur passé, leurs qualités et leurs défauts, leurs traits de caractère, leurs forces et leurs faiblesses, leurs problèmes personnels, leur dépendance aux substances intoxicantes, etc. Autrement dit, ils risquent d’être peu différents là-bas de ce qu’ils étaient chez eux. Il est même important d’ajouter que confrontés chaque jour au stress des hostilités, à l’extrême violence de la guerre et à la perte douloureuse de compagnons d’armes, certains risquent de voir leurs balises morales complètement s’effondrer au point de franchir la mince ligne qui sépare souvent l’humanité de l’inhumanité. La nature humaine est complexe et souvent difficile à cerner, particulièrement lorsqu’il est question de torture et de meurtres gratuits planifiés et perpétrés pour le simple plaisir. Elle est peut-être encore plus difficile à comprendre lorsque ceux qui se livrent à de terribles et cruelles exactions apparaissaient à l’origine comme des personnes sans histoire et tout à fait ordinaires, ou sont décrites par leurs proches comme de «bonne personnes» . Assurément, la violence de la guerre peut changer profondément certains individus, comme en témoigne ce diaporama. Si ces jeunes militaires tombés en disgrâce dans les exemples relatés dans cette présentation ne sauraient attirer notre indulgence, ils peuvent peut-être par ailleurs nous aider à réaliser que les guerres menées aujourd’hui avec des technologies haut de gamme ne sont guère différentes des guerres passées et que c’est dans le bruit assourdissant des armes, dans la peur, dans la colère, dans le sang, dans les blessures et dans la mort que les combats sont livrés. Avec les effets et les conséquences qui en résultent dans l’âme humaine. R. Day

AVERTISSEMENT Ce diaporama relate des événements particulièrement cruels et présente plusieurs images extrêmement choquantes.

AVERTISSEMENT Ce diaporama relate des événements particulièrement cruels et présente plusieurs images extrêmement choquantes. Si ce genre de présentation vous met mal à l’aise, il vous est suggéré de ne pas aller plus loin dans le visionnement de ce diaporama.

Province d’Helmand (Afghanistan), le 19 octobre 2008 Homicide par compassion d’un taliban? Capitaine Robert

Province d’Helmand (Afghanistan), le 19 octobre 2008 Homicide par compassion d’un taliban? Capitaine Robert Semrau Capitaine dans les Forces armées canadiennes, Robert Semrau était affecté en 2008 dans la province d’Helmand, située dans le sud-ouest de l’Afghanistan. Il faisait partie d’un petit groupe de militaires canadiens chargés de la formation de l’Armée nationale afghane. Le matin du 19 octobre 2008, sa patrouille découvrit un insurgé taliban très gravement blessé sur un chemin de terre; celui-ci avait été atteint par des tirs d’un hélicoptère Apache américain. Selon les témoins, ce taliban était déjà «mort à 98%» . L’officier afghan en charge de la patrouille déclara : «Si Allah le veut, il mourra; sinon, il vivra» . Le capitaine Semrau prit alors son fusil C-8 et l’acheva de deux balles dans la poitrine. Il expliqua aux militaires présents qu’il voulait abréger les souffrances de l’homme, qu’il s’agissait d’un «mercy killing» - une mort infligée par compassion.

Il s’agirait ici (mais cela est mentionné sous toute réserve) d’une capture vidéo de

Il s’agirait ici (mais cela est mentionné sous toute réserve) d’une capture vidéo de l’insurgé taliban tué par le capitaine Semrau. Son corps n’a jamais été retrouvé. Ce n’est que deux mois plus tard que les autorités militaires canadiennes eurent vent de l’incident. Mis aux arrêts et rapatrié au Canada, Semrau fut accusé d’homicide au second degré, devenant le premier militaire canadien à être accusé d’homicide sur un champ de bataille. Lorsque cette affaire fut rendue publique par les médias, un très grand nombre de Canadiens prirent fait et cause pour le militaire. Une page Facebook fut même créée en son appui et elle recueillit plusieurs milliers de signatures. Beaucoup jugeaient qu’il avait dans les circonstances fait un geste «moralement acceptable» en abrégeant les souffrances du taliban blessé.

En juillet 2010, le capitaine Semrau était acquitté des accusations de meurtre non prémédité

En juillet 2010, le capitaine Semrau était acquitté des accusations de meurtre non prémédité et de tentative de meurtre, mais reconnu coupable de conduite déshonorante. Et en octobre, la Cour martiale le dégradait au rang de sous-lieutenant et l’expulsait de l’Armée canadienne. Bien que la Cour ait décrit ce père de deux jeunes enfants comme «un officier exemplaire dont le courage et le leadership avaient été signalés par de nombreux soldats» et ait souligné que le geste qu’il avait posé «n’était pas dans sa nature» , elle a jugé qu’il avait commis un grave manquement à la discipline militaire. «Vous avez pu être déchiré entre vos valeurs morales personnelles et vos devoirs en tant que soldat canadien, a poursuivi le juge militaire, mais vous avez personnellement échoué à obéir à l’un de nos plus importants principes : celui de l’utilisation de la force en accord avec des ordres légitimes. Comment peut-on s’attendre à ce que nos soldats respectent les règles de la guerre si nos officiers ne le font pas? Vous avez pris une décision qui vous fera ombrage pour le reste de votre vie. » Capitaine Robert Semrau

Côte d’Ivoire, le 13 mai 2005 Le meurtre de Firmin Mahé En 2002, la

Côte d’Ivoire, le 13 mai 2005 Le meurtre de Firmin Mahé En 2002, la Côte d’Ivoire est en pleine guerre civile et le pays est coupé en deux. L’ONU envoie 10 000 casques bleus, dont 4 600 soldats français de la Force Licorne pour s’interposer entre les belligérants. La présence de tous ces militaires n’empêche pas la perpétration d’exactions de toutes sortes : mise à sac des banques, massacres d’étrangers, disparitions, détentions arbitraires et actes de torture, attaques contre des communautés religieuses (notamment des musulmans), viols de femmes et d’enfants. Parmi ceux qui sèment la terreur sur les routes du pays figurent les «coupeurs de routes» , le nom donné en Afrique noire aux bandits de grand chemin. Firmin Mahé a été identifié comme étant la tête dirigeante de l’une de ces bandes criminelles. Pour le seul mois d’avril 2005, on lui attribue 24 assassinats, 8 viols et 8 blessés. Activement recherché, il est finalement localisé par les militaires français le matin du 13 mai 2005 puis capturé le soir du même jour après avoir été blessé à une jambe.

Le genre d’exactions perpétrées par les «coupeurs de routes» en Côte d’Ivoire

Le genre d’exactions perpétrées par les «coupeurs de routes» en Côte d’Ivoire

Blessé, Firmin Mahé est embarqué dans un véhicule blindé de la Force Licorne. À

Blessé, Firmin Mahé est embarqué dans un véhicule blindé de la Force Licorne. À bord prennent place Lianrifou Ben Youssouf (le conducteur), le colonel Éric Burgaud, l’adjudant-chef Guy Raugel et le brigadier-chef Johannès Schnier. À son procès, Éric Burgaud déclare avoir reçu du général Henri Poncet, le commandant de la Licorne, «l’instruction» (qu’il dit avoir interprétée comme un «ordre» ) de «rouler doucement» – autrement dit de faire en sorte que Firmin Mahé n’arrive pas vivant à l’hôpital… Il a donc transmis à ses subalternes l’ordre d’exécuter Mahé, une solution radicale qu’il jugeait légitime dans les circonstances.

 «Quand vous voyez des gens qui n’ont rien fait se faire massacrer, des

«Quand vous voyez des gens qui n’ont rien fait se faire massacrer, des enfants découpés entièrement à la machette, une femme enceinte tuée volontairement à coup de chevrotine dans le ventre… J’étais choqué, c’était inacceptable […] Il faudrait en buter un à titre d’exemple. » (Colonel Éric Burgaud)

Le 7 décembre 2012, la Cour d’assises de Paris a condamné le colonel Éric

Le 7 décembre 2012, la Cour d’assises de Paris a condamné le colonel Éric Burgaud à une peine de cinq ans d’emprisonnement avec sursis pour avoir donné l’ordre qui a conduit à la mort de Firmin Mahé. Au début de cette affaire, le colonel Burgaud avait dissimulé les faits réels dans des comptes rendus inexacts et soutenu que les militaires avaient agi en légitime défense. Puis il avait nié les accusations portées contre lui à la suite des révélations de ses subalternes. Mais au procès, il a fini par avouer avoir donné l’ordre d’éliminer Firmin Mahé. «Je n’ai pas toujours fait preuve de dignité dans cette affaire» , a-t-il reconnu. Mais au moment du prononcé de sa peine, il a ajouté qu’il ne fallait pas le voir, ainsi que ses hommes, comme des salauds.

L’adjudant-chef Guy Raugel à écopé d’une peine de quatre ans d’emprisonnement avec sursis. C’est

L’adjudant-chef Guy Raugel à écopé d’une peine de quatre ans d’emprisonnement avec sursis. C’est lui qui a donné la mort à Firmin Mahé, alors menotté dans le dos et blessé à une jambe, en lui maintenant la tête dans un sac-poubelle en plastique. Il avait d’ailleurs reconnu avoir volontairement étouffé la victime.

Le brigadier-chef Johannès Schnier a été condamné à une peine d’emprisonnement d’un an avec

Le brigadier-chef Johannès Schnier a été condamné à une peine d’emprisonnement d’un an avec sursis. Il tenait les épaules de Mahé pendant que l’adjudant-chef Raugel l’étouffait. Cette assistance dans le crime a duré plusieurs minutes, selon la Cour, et vu son expérience il avait parfaitement compris l’intention homicide de son supérieur.

Dans sa décision la Cour d’assises de Paris écrit que malgré les difficultés réelles

Dans sa décision la Cour d’assises de Paris écrit que malgré les difficultés réelles rencontrées par les militaires français en Côte d’Ivoire, les accusés dans cette affaire ne faisaient face au moment de l’homicide à aucune situation de stress ou de danger et que rien ne pouvait justifier qu’un homme blessé et ligoté soit étouffé avec un sac-poubelle, et ce même au nom de la protection des populations civiles. Elle ajoute que le respect de la hiérarchie militaire ne peut justifier qu’un soldat supprime un homme blessé et ligoté, quelle que soit la contrainte des opérations de guerre. Mais la Cour a ainsi justifié les peines avec sursis imposées aux accusés : «Les militaires ont gravement porté atteinte aux valeurs de la République française. Toutefois, la complexité de la situation de la zone de confiance [en Côte d’Ivoire], les limites imposées à l’action de la force Licorne, l’impuissance de l’ONU en Côte d’Ivoire et de ses forces de police, les scènes de crimes auxquelles assistaient les militaires, constituent des circonstances exceptionnelles qui, au regard de l’engagement sans faille dans leur mission, est de nature à atténuer leur responsabilité. » Comme c’est la plupart du temps le cas dans des affaires militaires de ce genre, ni les généraux ni les hommes politiques n’ont eu à répondre du meurtre de Firmin Mahé. Et les accusés, a rapporté le journal Le Monde, «se sont tous sentis douloureusement lâchés dans cette affaire. »

Afghanistan, le 27 juillet 2011 Profanation de cadavres C’est une petite vidéo amateur qui

Afghanistan, le 27 juillet 2011 Profanation de cadavres C’est une petite vidéo amateur qui au total dure 39 secondes. Elle a été réalisée le 27 juillet 2011. Le 11 janvier 2012, elle a été placée sur le site Live Leak et a rapidement fait le tour de la planète, suscitant l’indignation générale. On y voit quatre hommes en uniforme de combat de l’unité d’élite américaine prendre visiblement beaucoup de plaisir à se faire filmer par un camarade pendant qu’ils urinent sur les cadavres de trois talibans ensanglantés gisant au sol, agrémentant le tout de blagues obscènes.

Le sergent Edward W. Deptola Le sergent Joseph W. Chamblin L’Armée américaine n’a dévoilé

Le sergent Edward W. Deptola Le sergent Joseph W. Chamblin L’Armée américaine n’a dévoilé que les noms de deux militaires impliqués dans cet incident : les sergents Joseph W. Chamblin et Edward W. Deptola. Trois autres auraient déjà reçu des sanctions. En décembre 2012, le sergent Chamblin a été condamné par le tribunal militaire de Camp Lejeune (Caroline du Nord) à une amende de 500$ et à une rétrogradation d’un rang. La Cour martiale n’a pas encore rendu de décision dans le cas de Deptola.

Israël, août 2010 Ses prisonniers palestiniens sur Facebook À l’époque où elle faisait son

Israël, août 2010 Ses prisonniers palestiniens sur Facebook À l’époque où elle faisait son service militaire obligatoire de 21 mois dans l’armée israélienne, en Cisjordanie, cette jeune sous-lieutenant dont le nom n’a pas été divulgué avait eu la garde de prisonniers palestiniens. Elle s’était fait photographier en leur compagnie. Après avoir quitté l’armée, elle a mis sur Facebook 28 photos de son expérience, dont deux où on la voit souriante aux côtés de prisonniers les yeux bandés et les poignets ligotés. À un correspondant qui lui disait la trouver très sexy, elle a répondu : «Regarde comme le Palestinien complète bien mon image, je me demande s’il est aussi sur Facebook. Il faut que je le tague sur la photo! LOL. »

D’abord apparues sur un blogue israélien, ces deux photos ont vite fait le tour

D’abord apparues sur un blogue israélien, ces deux photos ont vite fait le tour de la Toile et des médias. La télévision publique israélienne a qualifié le comportement de la souslieutenant d’ «ignoble et grossier» et le directeur du Comité israélien contre la torture a déclaré que cette affaire illustrait «une attitude qui est devenue une norme consistant à traiter les Palestiniens comme des objets et non des êtres humains. » L’armée a aussi réprimandé «le comportement honteux de la soldate» .

Interviewée ensuite sur une radio militaire, la principale concernée a maintenu qu’elle ne voyait

Interviewée ensuite sur une radio militaire, la principale concernée a maintenu qu’elle ne voyait pas ce qu’il y avait de mal à publier ces photos qui, selon elle, avaient été prises sans mauvaise intention. Pour elle, son acte n’avait rien «d’inhumain» et ne visait nullement un «objectif d’humiliation» .

Haditha (Irak), le 19 novembre 2005 Le massacre d’Haditha Le massacre d'Haditha fait référence

Haditha (Irak), le 19 novembre 2005 Le massacre d’Haditha Le massacre d'Haditha fait référence au meurtre de vingt-quatre civils irakiens non armés (hommes, femmes et enfants) par un bataillon de huit Marines américains, le 19 novembre 2005, à Haditha, une ville de 40 000 habitants de la province irakienne d’Al-Anbar, à 260 km de Bagdad.

Le jour du massacre, une mine artisanale avait explosé sur le passage d’un convoi

Le jour du massacre, une mine artisanale avait explosé sur le passage d’un convoi américain, provoquant la mort du caporal Miguel Terrazas. En représailles, les Marines tuent 24 civils, dont 11 femmes et enfants. Puis ils tentent de camoufler le crime en prétendant que la grande majorité des morts avait été provoquée par la mine. Mais les incohérences de cette version et le travail de la presse, notamment du Time Magazine, amènent l’ouverture d’une enquête et la reconnaissance du fait que les troupes américaines avaient délibérément tiré sur des civils non armés. En 2007, Hollywood produira même un film, Battle for Haditha, qui raconte ce massacre. Au terme d’un procès, les poursuites sont abandonnées contre six Marines et un septième est acquitté. Le New York Times écrit le 27 janvier 2012 : «Les informations limitées disponibles montrent que même quand les militaires ont essayé de poursuivre des soldats pour meurtre ou massacre en zone de combat, le taux d’acquittement a été bien plus élevé que pour des cas civils. »

Le huitième et dernier militaire accusé pour ce massacre qui, selon l’acte d’accusation, avait

Le huitième et dernier militaire accusé pour ce massacre qui, selon l’acte d’accusation, avait duré plus de trois heures, est le sergent-chef Frank Wuterich. C’est lui qui faisait face à la possibilité de la peine la plus lourde puisqu’il commandait l’unité incriminée et qu’il avait donné cet ordre : «On tire d’abord, on pose les questions ensuite» . D’abord accusé de 13 chefs de meurtre non prémédité, ces accusations furent peu à peu réduites au fil des années. Finalement, il a plaidé coupable à une accusation réduite de «manquement au devoir» , ce qui lui a permis d’éviter l’emprisonnement. Comme sanction, il a seulement écopé d’une rétrogradation de rang (simple soldat) et d’une diminution de salaire pendant trois mois. Lors de son audition devant la Cour martiale, il a déclaré : «La vérité est que je ne crois pas quelqu’un de mon équipe se soit comporté de façon déshonorante ou contraire aux grands idéaux que nous défendons dans les Marines. Mais, même avec les meilleures intentions, parfois le combat peut avoir des résultats tragiques. » La peine imposée a jeté la consternation non seulement en Irak, mais également dans les médias occidentaux.

Kandahar (Afghanistan), le 11 mars 2012 Tuerie à Balandi et Alkozai Le sergent Robert

Kandahar (Afghanistan), le 11 mars 2012 Tuerie à Balandi et Alkozai Le sergent Robert Bales La nuit du 11 mars 2012, 16 civils afghans (dont 3 femmes et 11 enfants) étaient tués dans leur sommeil dans les villages de Balandi et d’Alkozai, situés à 2 km de la base militaire américaine de Belambai. Dans un village, l’auteur de ces meurtres a rassemblé 11 dépouilles (dont celles de 4 fillettes de moins de 6 ans) et y a mis le feu. On dénombrait en outre cinq blessés. Selon l’Armée américaine, le sergent Robert Bales, 38 ans, marié et père de deux enfants, serait le seul et unique responsable de ce massacre qui est probablement l’acte le plus horrible commis par un militaire américain depuis le début de la guerre en Afghanistan. Robert Bales en était à sa première affectation en Afghanistan, mais il avait déjà été posté trois fois en Irak.

Cette photo datée d’août 2011 et tirée d’une vidéo de la Défense américaine, montre

Cette photo datée d’août 2011 et tirée d’une vidéo de la Défense américaine, montre le sergent Bales (à gauche) au Centre national d’instruction de Fort Irwin (Californie).

Selon les propos d’un haut gradé, Bales avait consommé de l’alcool en compagnie de

Selon les propos d’un haut gradé, Bales avait consommé de l’alcool en compagnie de deux autres soldats avant de commettre ses crimes – ce qui constitue un manquement au Code militaire dans les zones de combat. Le secrétaire à la Défense des États-Unis a mentionné que Bales avait avoué ses crimes après son arrestation. Mais tout de suite après, il a demandé à voir un avocat et depuis a refusé de parler et d’expliquer les raisons de son geste. Il a été avancé que le stress, l’alcool, des problèmes matrimoniaux, des difficultés financières et le refus d’une promotion pourraient être à l’origine de son crime. Pourtant, un de ses anciens commandants a dit de lui qu’il était «un excellent soldat, digne de confiance, honnête et mature» . Détenu, Bales fait face à 17 chefs de meurtre, six de tentative de meurtre et six de voies de fait. S’il est reconnu coupable, il encourt la peine de mort. Mais on prévoit que ses avocats présenteront une défense d’aliénation mentale. Son procès pourrait aussi lever le voile sur les séquelles psychologiques des horreurs qu’il a vues en Irak et en Afghanistan. Selon le Code militaire américain, aucun soldat ne peut être exécuté sans l’approbation du président. La dernière exécution d’un militaire a eu lieu en 1961. Le sergent Robert Bales

Abou Ghraïb (Irak), 2003 Le scandale d’Abou Ghraïb Sous le régime dictatorial de Saddam

Abou Ghraïb (Irak), 2003 Le scandale d’Abou Ghraïb Sous le régime dictatorial de Saddam Hussein, le complexe pénitentiaire d’Abou Ghraïb, situé à une trentaine de kilomètres de Bagdad, était un lieu de détention, de torture et d’exécutions de masse. Après l’invasion de l’Irak par les États-Unis et la chute de Saddam Hussein, la prison passa sous le contrôle de l’armée américaine. En 2003, la publication de photos prises par des soldats américains montrant des prisonniers obligés de poser nus, maculés d’excréments, exhibés dans des positions indécentes, torturés, attachés à des câbles électriques ou bien menacés par des chiens soulèvent une indignation planétaire.

La publication de ces deux photos dans les médias sera à l’origine du scandale

La publication de ces deux photos dans les médias sera à l’origine du scandale d’Abou Ghraïb.

Nous savons aujourd’hui que la quantité de photos d’Irakiens humiliés, torturés, violés et victimes

Nous savons aujourd’hui que la quantité de photos d’Irakiens humiliés, torturés, violés et victimes de toutes sortes d’indécences qui ont été prises par les militaires américains dans cette prison est inimaginable. Elles ont presque toutes été classifiées par le gouvernement des États-Unis et le président Obama en a interdit la publication en 2009. Selon un général à la retraite, les militaires auraient collectionné plus de 2 000 photos, lesquelles documentent au-delà de 400 sévices divers, dont des agressions sexuelles.

Nous savons aujourd’hui que la quantité de photos d’Irakiens humiliés, torturés, violés et victimes

Nous savons aujourd’hui que la quantité de photos d’Irakiens humiliés, torturés, violés et victimes de toutes sortes d’indécences qui ont été prises par les militaires américains dans cette prison est inimaginable. Elles ont presque toutes été classifiées par le gouvernement des États-Unis et le président Obama en a interdit la publication en 2009. Selon un général à la retraite, les militaires auraient collectionné plus de 2 000 photos, lesquelles documentent au-delà de 400 sévices divers, dont des agressions sexuelles.

En 2006, onze soldats américains ont été jugés et condamnés dans le cadre du

En 2006, onze soldats américains ont été jugés et condamnés dans le cadre du scandale des tortures d'Abou Ghraïb. En mai 2006, le président George W. Bush a dû admettre que cette prison était la «plus grosse erreur» des Américains en Irak. Mais d'après le général Janis Karpinski, jugée coupable et dégradée, les ordres de torture seraient venus de Donald Rumsfeld lui-même (le secrétaire à la Défense); ils seraient intervenus dans le cadre général de l'utilisation de la torture en Irak et en Afghanistan et auraient suivi l'arrivée à Abou Ghraïb du major général Geoffrey D. Miller. Ce dernier avait déjà organisé les interrogatoires et la torture infligée dans le centre de détention de Guantanamo. Rumsfeld aurait annoté sur un ordre de mauvais traitements : «Personnellement, je reste debout huit à dix heures par jour. Pourquoi limiter les stations de position debout à quatre heures? » Deux visages ont été surtout associés au scandale d’Abou Ghraïb : le caporal Charles Graner et la réserviste Lynndie England. En 2005, le premier a été condamné à dix ans de prison, la seconde à trois ans pour les sévices infligés aux détenus irakiens. Dans une entrevue au journal The Daily, en mars 2012, Lynndie England a dit n’éprouver aucune compassion pour ses victimes.

Bassora (Irak), 2003 Les Britanniques à Bassora L’invasion de l’Irak fut le fait non

Bassora (Irak), 2003 Les Britanniques à Bassora L’invasion de l’Irak fut le fait non seulement des États-Unis, mais aussi de la Grande-Bretagne. Le premier ministre britannique de l’époque, Tony Blair, soutenait de manière indéfectible les prétentions du président Bush et invoquait lui aussi les mêmes mensonges pour justifier une intervention militaire au pays de Saddam Hussein. En juillet 2003, le First Battalion Queen’s Lancashire Regiment (QLR) prenait le contrôle de la ville de Bassora. Les membres de ce régiment furent les premiers militaires britanniques à qui on reprocha de se livrer à des exactions sur les militaires irakiens capturés.

Dans la foulée du scandale d’Abou Ghraïb et de la publication des photos prises

Dans la foulée du scandale d’Abou Ghraïb et de la publication des photos prises dans cette prison, le Daily Mirror publia à son tour des photos montrant des militaires britanniques maltraitant des prisonniers irakiens. Le premier ministre Blair et les autorités militaires s’empressèrent de nier et affirmèrent qu’il s’agissait de photos truquées.

Dans la foulée du scandale d’Abou Ghraïb et de la publication des photos prises

Dans la foulée du scandale d’Abou Ghraïb et de la publication des photos prises dans cette prison, le Daily Mirror publia à son tour des photos montrant des militaires britanniques maltraitant des prisonniers irakiens. Le premier ministre Blair et les autorités militaires s’empressèrent de nier et affirmèrent qu’il s’agissait de photos truquées.

Mais le 8 septembre 2011, un rapport d’enquête public démontrait que les militaires britanniques

Mais le 8 septembre 2011, un rapport d’enquête public démontrait que les militaires britanniques avaient, le 14 septembre 2003, arrêté puis torturé à mort un Irakien – Baha Moussa, 26 ans, père de deux enfants et réceptionniste à l’hôtel Haitham de Bassora. Après 36 heures de garde à vue, son corps portait les marques de 93 blessures. Selon son père, il avait été témoin d’un vol d’argent commis par les soldats dans le coffre-fort de l’hôtel où il travaillait et c’est pour éviter qu’il les dénonce qu’il aurait été arrêté puis tué. Neuf autres Irakiens furent eux aussi arrêtés et maltraités. «Frappé et battu à mort par des lâches» , titrait en une le journal The Independent dans son édition du 9 septembre 2011.

Il est ressorti de l’enquête publique sur les événements survenus dans l’hôtel Haitham de

Il est ressorti de l’enquête publique sur les événements survenus dans l’hôtel Haitham de Bassora que quatre soldats du QLR étaient responsables de la mort de Baha Moussa et des sévices infligés aux autres détenus. Ceux-ci ont déclaré que les militaires se livraient à une compétition pour savoir lequel pouvait leur infliger les coups de pied les plus forts; on les forçait aussi à rester dans des positions difficiles et on les battait s’ils n’y parvenaient pas; on criait après eux pour les terroriser. Parmi ces soldats-bourreaux, un nom ressort : le caporal David Payne. Entré dans l’armée en juin 1988, à l’âge de 18 ans, il avait pourtant accumulé les honneurs et les décorations : General Service Medal (Irlande du Nord), NATO Medal (Yougoslavie), Accumulated Campaign Service Medal, Queen’s Jubilee Medal, Irak Medal. Mais une vidéo déposée lors de l’enquête publique le montre «en action» dans cette pièce de l’hôtel de Bassora où était détenu ce groupe d’Irakiens. On le voit s’attaquer à chaque captif à tour de rôle. À son procès où il était accusé d’avoir infligé des traitement inhumains proscrits par le Convention de Genève, il a admis qu’il aimait entendre les prisonniers gémir sous la torture et qu’il comparait leurs lamentations à une «chorale» . Il a été condamné à une peine d’emprisonnement de 12 mois et expulsé de l’Armée. Ses comparses (19 selon la commission d’enquête publique) s’en sont tous tirés.

Le 30 janvier 2013, les médias mentionnaient que les avocats de 192 Irakiens avaient

Le 30 janvier 2013, les médias mentionnaient que les avocats de 192 Irakiens avaient remis à la justice britannique un document de 82 pages énumérant des allégations de torture, de crimes et «d’actes terrifiants de brutalité» dont les plaignants affirment avoir été victimes de la part des soldats britanniques entre 2003 et 2009.

NOUVEL AVERTISSEMENT Les faits qui seront présentés dans la dernière partie de ce diaporama,

NOUVEL AVERTISSEMENT Les faits qui seront présentés dans la dernière partie de ce diaporama, ainsi que les photos qui y figurent, dépassent en cruauté tout ce que vous avez pu lire et voir jusqu’ici. À vous de décider si vous désirez poursuivre le visionnement.

Afghanistan, 2010 Soldats et restes humains En avril 2012, le Los Angeles Times publiait

Afghanistan, 2010 Soldats et restes humains En avril 2012, le Los Angeles Times publiait des photos de militaires américains servant en Afghanistan en 2010, photographiés sourire aux lèvres avec des restes humains. Dix-huit photos lui avaient été transmises par un militaire anonyme de la 82 e division aéroportée qui se déclarait dégoûté par les manquements et le climat d’impunité qu’il avait observé sur place. Une photo (ci-haut) montre des soldats photographiés près des jambes appartenant à un homme qui s’est fait sauter dans un attentat suicide. Une autre (diapositive suivante) montre un soldat avec la main d’un insurgé mort sur son épaule. Une troisième image, que le journal a préféré décrire mais ne pas publier, montre des soldats près d’un cadavre qui fait un doigt d’honneur à l’objectif de l’appareil photo.

La Défense américaine avait demandé au Los Angeles Times de ne pas publier ces

La Défense américaine avait demandé au Los Angeles Times de ne pas publier ces photos en raison de l’usage que pourrait en faire les talibans. Le rédacteur en chef a néanmoins décidé d’en publier quelques-unes en s’expliquant ainsi : «Après analyse, nous avons décidé de publier une petit nombre de photos qui sont représentatives de l’ensemble des images reçues. Cela nous permet d’offrir à nos lecteurs un portrait impartial de la mission américaine en Afghanistan, incluant des manquements à la discipline des unités. »

Yusufiyah (Irak), le 12 mars 2006 Horreur à Mahmoudiyah L’histoire d’horreur qui suit s’est

Yusufiyah (Irak), le 12 mars 2006 Horreur à Mahmoudiyah L’histoire d’horreur qui suit s’est déroulée le 12 mars 2006 dans cette modeste maison du petit village de Yusufiyah, situé non loin de la ville de Mahmoudiyah, au sud de Bagdad. De la rencontre d’un groupe de quatre très jeunes militaires américains avec une famille irakienne sans histoire – la famille Hamza –, composée de la mère, du père et de deux fillettes de 6 et 14 ans, résulterait une série de crimes monstrueux.

Steven Dale Green Jesse V. Spielman James P. Barker Ces militaires se trouvaient à

Steven Dale Green Jesse V. Spielman James P. Barker Ces militaires se trouvaient à un poste de contrôle situé à quelques centaines de mètres de la propriété de la famille Hamza. D’après les témoignages, ils s’intéressaient beaucoup à leur petite fille de 14 ans – Abeer Qassim. Cet «intérêt» était tellement soutenu, que la mère avait pris des mesures pour que sa petite fille dorme chez un oncle durant la nuit. Brian L. Howard Paul E. Cortez

Lors de l’enquête du FBI, il a été révélé quelques jours avant le 12

Lors de l’enquête du FBI, il a été révélé quelques jours avant le 12 mars 2006, le soldat Steven Dale Green avait conçu le projet avec ses camarades de violer la jeune Abeer Qassim. Puis le jour fatidique, après avoir consommé de l’alcool, avoir enlevé leur uniforme et s’être déguisé, le groupe se rendit en plein jour à la résidence de la famille Hazam. Ils quittèrent leur base au vu et au su du sergent Anthony W. Yribe qui avait eu vent de leur projet criminel. Arrivé sur les lieux, Steven Dale Green amena dans une chambre la mère (Fakhriyah Taha Muhsin, 34 ans), le père (Qasim Hamza Raheem, 45 ans) et leur fille cadette (Hadeel Qasim, 6 ans) pendant que Paul E. Cortez et James P. Barker violaient Abeer Qassim à tour de rôle et que Jesse V. Spielman et Bryan L. Howard faisaient le guet. Green abattit la mère, le père et la petite Hadeel. «I just killed them, all are dead» , dit-il en revenant dans l’autre pièce. Puis il viola à son tour Abeer Qassim avant de l’abattre d’une balle dans la tête. Pour dissimuler leurs crimes, ils mirent le feu au corps d’Abeer Qassim avec du kérosène, feu qui se propagea à toute la maison et alerta les voisins et d’autres membres de la famille. Les premiers arrivés sur les lieux réalisèrent que des crimes avaient été commis et en firent part à des militaires irakiens. Mais quand ces militaires arrivèrent sur les lieux, Green et ses acolytes prétendirent que les coupables étaient des insurgés sunnites. Dans le climat d’extrême violence qui prévalait dans cette région de l’Irak, l’affaire ne fut pas traitée comme un crime et à ce moment-là elle demeura peu publicisée. Il semblerait que l’Armée américaine n’ait rien soupçonné de ce qui s’était vraiment passé dans la maison de la famille Hamza jusqu’au 22 juin 2006, moment où le soldat Justin Watt, après s’être entretenu avec Anthony W. Yribe, confia ce qu’il savait au cours d’une séance de thérapie avec un psychologue.

Entretemps, Steven Dale Green était revenu aux États-Unis. En effet, il avait été démobilisé

Entretemps, Steven Dale Green était revenu aux États-Unis. En effet, il avait été démobilisé avec la mention «libération honorable» le 16 mai 2006. À son procès, il a été mentionné qu’il avait confié à un officier qu’il détestait les Irakiens et qu’il voulait «tuer tous les Irakiens» . On avait alors conclu qu’il souffrait d’un «trouble de la personnalité antisociale» et qu’il était préférable de le ramener aux États-Unis. Steven Dale Green en Irak Il revenait des funérailles d’un militaire au cimetière national d’Arlington lorsqu’il fut arrêté par le FBI.

Le sergent Anthony W. Yribe ayant accepté de témoigner contre les autres accusés, les

Le sergent Anthony W. Yribe ayant accepté de témoigner contre les autres accusés, les accusations portées contre lui (faux témoignage, entrave à une enquête) ont été abandonnées. Le soldat de première classe Justin Watt, qui avait dénoncé les auteurs de ces crimes lors d’une séance de thérapie psychologique, a été «démobilisé pour raisons médicales» . Il a démarré une compagnie d’ordinateurs mais allègue avoir fait l’objet de menaces depuis son retour à la vie civile. Le soldat de première classe Bryan L. Howard a été condamné à une peine de 27 mois pour entrave à la justice et complicité après le fait. La Cour martiale a jugé qu’il n’avait pas participé au viol et aux meurtres, mais qu’il avait gardé le silence après avoir appris les projets de ses camarades et menti pour les protéger. Le soldat de première classe Jesse V. Spielman a écopé d’une peine de 110 ans avec possibilité d’une libération conditionnelle après dix ans. La Cour martiale l’a reconnu coupable de viol, de complot pour commettre un viol et d’introduction par effraction dans un dessein criminel. Il s’agit de «culpabilité par association» puisque les procureurs n’ont pas allégué qu’il avait commis ces crimes; mais il était présent sur les lieux et savait ce qui se passait.

Après avoir enregistré un plaidoyer de culpabilité devant la Cour martiale, le soldat Paul

Après avoir enregistré un plaidoyer de culpabilité devant la Cour martiale, le soldat Paul E. Cortez a été condamné à une peine de 100 ans pour viol, complot de viol et meurtres. En plaidant coupable, il évitait la peine de mort. Il sera admissible à une libération conditionnelle après dix ans. En pleurs, il s’est excusé pour ses crimes en ajoutant qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait commis de tels actes. Pour éviter la peine capitale, James P. Barker a lui aussi plaidé coupable aux accusations portées contre lui. La Cour martiale l’a condamné à une peine d’emprisonnement de 90 ans, sans possibilité de libération conditionnelle avant vingt ans. Lui aussi a pleuré, admis sa responsabilité et soutenu que la violence dont il avait été témoin en Irak l’avait rendu révolté contre les Irakiens. Des journalistes présents ont toutefois mis en doute la sincérité de son repentir.

Reconnu coupable des crimes dont il avait été l’instigateur et le principal acteur, Steven

Reconnu coupable des crimes dont il avait été l’instigateur et le principal acteur, Steven Dale Green risquait la mort – la peine réclamée par le procureur du Gouvernement. Mais le jury n’étant pas parvenu à se prononcer unanimement sur cette peine, il a été condamné à la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle. De tous les accusés dans cette affaire horrible, il était le seul à posséder des antécédents judiciaires en matière de possession d’alcool et de drogue. Ces antécédents, quoique mineurs, auraient normalement dû suffire à le disqualifier pour l’armée. Mais en se portant volontaire, il s’était vu accorder par l’Armée américaine un «moral waiver character» . En entendant le prononcé de la sentence, il a déclaré à ses accusateurs: «Vous pouvez décider que je suis un psychopathe ou un prédateur sexuel mais si je n’étais jamais allé en Irak, je n’aurais jamais été rattrapé par ce genre de choses. Vous ne savez toujours pas ce qui s’est passé, vous n’y étiez pas. »

La seule photographie connue de la petite Abeer Qasim Hamza. Elle était âgée de

La seule photographie connue de la petite Abeer Qasim Hamza. Elle était âgée de sept ans au moment de cette photo. Absents de la maison au moment des crimes, Muhammad et Ahmad sont les seuls survivants de la famille Hamza. Leur oncle en prend maintenant soin mais les autorités irakiennes disent ne pas savoir ce qu’ils sont devenus. Les États-Unis ne leur ont versé aucune compensation.

Région de Kandahar (Afghanistan), janvier – mai 2010 «The Kill Team» ~ (L’équipe de

Région de Kandahar (Afghanistan), janvier – mai 2010 «The Kill Team» ~ (L’équipe de tueurs) À 15 h. l’après-midi du 14 février 2010 (il est près de minuit en Afghanistan), Christopher Winfield reçoit le courriel suivant de son fils Adam, qui est mobilisé en Afghanistan depuis juillet 2009 : «Terrible things are happening here. But I cannot talk about it. There are people in my platoon that can get away with "murder". They planned and went through with it… Pretty much the whole platoon knows about it. It’s OK with all of them pretty much, except me. I want to do something about it, the only problem is I don’t feel safe here telling anyone. » (Traduction: «Il se passe des choses épouvantables ici. Mais je ne peux pas en parler. Il y en a dans mon unité qui n’ont pas de problème avec le "meurtre". Ils s’y préparent et passent à l’acte… La plupart sont au courant dans l’unité. C’est plutôt OK pour eux, mais pas pour moi. Je voudrais faire quelque chose, mais le problème est que je ne me sens pas en sécurité d’en parler à quiconque. » )

Au moment d’écrire ce courriel à son père, cet escadron de la mort formé

Au moment d’écrire ce courriel à son père, cet escadron de la mort formé de Calvin Gibbs (25 ans), Jeremy Morlock (22 ans), Andrew Holmes (19 ans) et Adam Winfield (21 ans) avait déjà perpétré, le 15 janvier 2010, son premier meurtre gratuit sur un jeune civil afghan de 15 ans – Gul Mudin. Alors que le jeune Afghan travaillait pour son père dans un champ, Morlock fit sauter une grenade pour faire croire que sa section avait été attaquée; puis un autre soldat abattit Mudin en prétextant la légitime défense. Ensuite, le groupe se mit à prendre des photos de la scène… Le jeune Gul Mudin, photographié par ses assassins immédiatement après avoir été abattu. Cette photo, publiée par le magazine Rolling Stone, est l’une des 150 auxquelles la revue a eu accès.

Photo publiée par le magazine Rolling Stone

Photo publiée par le magazine Rolling Stone

Fiers de ce qu’ils venaient de faire, ces jeunes militaires dévoyés poussèrent la cruauté

Fiers de ce qu’ils venaient de faire, ces jeunes militaires dévoyés poussèrent la cruauté jusqu’à se photographier mutuellement, la mine réjouie, auprès de la dépouille de leur victime. Andrew Holmes, photographié près du cadavre de Gul Mudin (L’une des 3 photos publiées par le magazine allemand Der Spiegel, le 21 mars 2011)

Fiers de ce qu’ils venaient de faire, ces jeunes militaires dévoyés poussèrent la cruauté

Fiers de ce qu’ils venaient de faire, ces jeunes militaires dévoyés poussèrent la cruauté jusqu’à se photographier mutuellement, la mine réjouie, auprès de la dépouille de leur victime. Jeremy Morlock , photographié près du cadavre de Gul Mudin (L’une des 3 photos publiées par le magazine allemand Der Spiegel, le 21 mars 2011)

Tout de suite après avoir pris connaissance du courriel de son fils, Christopher Winfield

Tout de suite après avoir pris connaissance du courriel de son fils, Christopher Winfield était entré en contact avec l’Armée américaine pour leur faire part de ce qui se passait dans la brigade Stryker où servait son fils. On avait poliment noté son numéro de téléphone, mais personne ne l’a jamais rappelé. Et rien n’indique qu’il y ait eu un quelconque suivi de l’Armée suite à son intervention. Tant et si bien que là-bas en Afghanistan la «Kill Team» put poursuivre sans crainte ses exactions, toujours selon le même scénario : on planifiait à l’avance d’aller s’amuser à tuer un civil afghan, arrivé sur place on maquillait les faits en créant une fausse attaque justifiant d’invoquer la légitime défense, puis on abattait purement et simplement la victime choisie au hasard. Pour garder un souvenir de leur forfait, non seulement ces jeunes assassins se photographiaient-ils les uns les autres avec la dépouille de leur victime, mais avec l’aide de ciseaux chirurgicaux ils coupaient des membres qu’ils collectionnaient. On a ainsi retrouvé en leur possession des os de doigts et de jambes, des dents, ainsi que plus de 4 000 photos et vidéos. Le genre de photos en possession de la «Kill Team»

Christopher et Emma Winfield, les parents d’Adam Winfield. Dès février 2010, après avoir reçu

Christopher et Emma Winfield, les parents d’Adam Winfield. Dès février 2010, après avoir reçu un courriel de son fils l’informant qu’il se passait des choses épouvantables dans son unité, le père en avait informé les autorités militaires et tenté – sans succès – qu’elles interviennent.

De l’inaction des autorités militaires allait résulter deux autres meurtres. Le 22 février 2010,

De l’inaction des autorités militaires allait résulter deux autres meurtres. Le 22 février 2010, le sergent-chef Calvin Gibbs, le commandant de l’unité et celui qui avait délibérément constitué cette équipe dans le but d’abattre des civils afghans, assassinait Marach Agha lors d’une patrouille. Agha, âgé de 22 ans, était assis près d’un mur; armé d’une Kalachnikov (une arme ennemie), Gibbs se mit à tirer pour faire croire à une attaque; puis avec son propre fusil d’attaque M-4, il abattit l’homme. Gibbs laissa la Kalachnikov aux pieds de sa victime pour donner plus de crédibilité à une attaque contre son groupe. Enfin le 2 mai 2012, la «Kill Team» passait de nouveau à l’action en s’en prenant cette fois-ci au mollah Allah Dad, l’iman du village de Kalagi. L’homme était debout devant sa maison au moment où la troupe de ces jeunes militaires dégénérés passa devant lui. Gibbs ordonna à ses hommes de s’en saisir et de le conduire dans un fossé; rendu là, il fit exploser une grenade pour faire croire que l’iman les avait attaqués et abattit l’homme. Pour donner encore plus de crédibilité à la thèse de la légitime défense, il plaça à côté de la victime une grenade de fabrication russe. Et comme les fois précédentes, on prit soin de prélever quelques restes humains en souvenir. Quand les enquêteurs militaires se présentèrent trois jours plus tard au village de Kalagi, pas un seul instant ne mirent-ils en doute la version des événements livrée par le sergent Gibbs et ses acolytes assassins. Les enquêteurs maintinrent qu’Allah Gab avait été tué en raison de ses gestes menaçants contre la brigade Stryker…

Paradoxalement, ce ne sont ni les démarches de Christopher Winfield auprès des autorités militaires,

Paradoxalement, ce ne sont ni les démarches de Christopher Winfield auprès des autorités militaires, ni les comportements de ces jeunes soldats lorsqu’ils partaient en patrouille, ni le fait que leurs agissements étaient connus de plusieurs de leurs camarades sur la base, qui mirent au grand jour leur conduite criminelle et forcèrent les autorités militaires à tirer les choses au clair. En effet le lendemain de leur troisième meurtre, ils étaient réunis dans leur campement en train de consommer de la drogue lorsque le soldat Justin Stoner revint d’une permission d’une semaine. Il s’empressa d’aller informer son supérieur à propos de la consommation, ce dont Gibbs eut vent. Gibbs décida donc de se venger pour cette dénonciation et le 7 mai, accompagné de six soldats (dont Jeremy Morlock), le groupe battit sévèrement le soldat Stoner et Morlock le menaça de mort. De nouveau, il porta plainte. Et là Stoner prévint les autorités militaires qu’il ne voulait pas retourner dans sa baraque parce qu’il craignait pour sa vie et qu’il «ne voulait pas mourir comme ces Afghans innocents» . Il précisa que s’il craignait pour sa vie, c’était parce que dans son unité il était notoire que celle-ci partait en patrouille, trouvait une personne innocente et la tuait sans aucune raison, juste pour le plaisir. Le 11 mai, après un interrogatoire, Jeremy Morlock reconnaissait la perpétration de ces trois meurtres. Et dans l’espoir de bénéficier d’une peine clémente, il acceptait de témoigner contre Calvin Gibbs, qui était mis aux arrêts le même jour.

C’est un fait avéré : toutes les armées du monde sont récalcitrantes à publiciser

C’est un fait avéré : toutes les armées du monde sont récalcitrantes à publiciser les bavures commises par leurs soldats, et ce plus particulièrement lorsque des actes répréhensibles sont posés en temps de guerre. Les crimes perpétrés par la «Kill Team» en Afghanistan présentaient à la fois un risque de représailles envers les soldats sur le terrain en plus de nuire aux relations souvent difficiles entre le gouvernement américain et celui d’Afghanistan. À cet égard, le gouvernement des États-Unis était bien conscient que si la seule narration des crimes perpétrés par les jeunes soldats de la «Kill Team» susciterait un scandale, la publication des photos prises lors de ces crimes serait dévastatrice. C’est pourquoi le Pentagone a tout fait pour empêcher la diffusion des photos confisquées chez les membres de la brigade Stryker. Mais le 21 mars 2011, à la suite d’une enquête poussée, le magazine allemand Der Spiegel publiait un reportage très fouillé sur cette ténébreuse affaire, accompagné de trois photos attestant des atrocités commises en Afghanistan entre janvier et mai 2010. Une image, c’est bien connu, vaut mille mots. Et ces images (celles d’Andrew Holmes et de Jeremy Morlock près de la dépouille du jeune Gul Mudin, plus la photo sur la diapositive suivante montrant les dépouilles enchainées de deux Afghans) ne pouvaient susciter rien d’autre que l’horreur. Quelques jours plus tard, le magazine Rolling Stone publiait d’autres photos et vidéos. Il n’en fallait pas plus pour que ces événements prennent une dimension considérable et provoquent une onde de choc planétaire.

Il s’agit ici de deux Afghans photographiés après avoir été tués. (L’une des 3

Il s’agit ici de deux Afghans photographiés après avoir été tués. (L’une des 3 photos publiées par le magazine allemand Der Spiegel, le 21 mars 2011)

Un soldat de la «Kill Team» photographié près d’un Afghan. La légende de cette

Un soldat de la «Kill Team» photographié près d’un Afghan. La légende de cette photo ne précise pas s’il est vivant, blessé ou mort.

Originaire du Montana et âgé de 25 ans au moment des crimes, le sergent

Originaire du Montana et âgé de 25 ans au moment des crimes, le sergent Calvin Gibbs était arrivé en Afghanistan en novembre 2009. Aidé par un physique impressionnant (1, 95 m – 6'4", 100 kg – 220 lbs), il imposa tout de suite un régime de terreur ses hommes. Issu d’un milieu modeste, il était peu scolarisé, ayant été expulsé du High School à 15 ans. Vétéran de la guerre en Irak, il se vantait déjà de pouvoir lancer une grenade à quelqu’un pour le tuer au hasard. Il aimait tuer. Et les témoignages concordent à l’effet que c’est lui qui a décidé de constituer une équipe de tueurs et qui mettait au point les scénarios de tueries. C’est aussi lui qui, muni de ciseaux, procédait à l’amputation des victimes. Il exhibait six tatouages sur son mollet gauche : un pour chaque gars qu’il disait avoir tué – trois en Irak et trois en Afghanistan. Lors d’un reportage en 2010, le photographe de guerre américain Max Becherer avait passé une journée avec les soldats de cette unité et avait remarqué sur Gibbs la présence de ces ciseaux chirurgicaux. Il a dit avoir vu tout de suite que «quelque chose clochait» avec ce type «étrange» . Il a été condamné par la Cour martiale à la prison à vie, mais pourrait bénéficier d’une libération conditionnelle dans quelques années. Sergent Calvin Gibbs

Croquis du sergent Calvin Gibbs lors de son procès devant la Cour martiale.

Croquis du sergent Calvin Gibbs lors de son procès devant la Cour martiale.

Natif de l’Alaska et âgé de 22 ans au moment des crimes, Jeremy Morlock

Natif de l’Alaska et âgé de 22 ans au moment des crimes, Jeremy Morlock était déjà un délinquant avant de rejoindre les rangs de l’armée américaine. Adolescent, il était constamment dans le trouble : batailles, consommation d’alcool, conduite sans permis, délit de fuite après un grave accident. Un de ses entraîneurs de hockey l’a décrit comme impulsif et violent; il lui était arrivé de battre ses propres coéquipiers dans la chambre des joueurs. Un autre entraîneur a dit de lui qu’il était «un peu fou» . Même après avoir joint l’armée, sa délinquance persista : il fut par exemple accusé d’avoir brulé sa conjointe avec une cigarette et se mit à consommer toutes les drogues qui lui tombaient sous la main (haschich, opium, codéine, etc. ). À son procès, la preuve a révélé qu’il était le bras droit de Calvin Gibbs dans ses entreprises meurtrières. Il avait accepté de collaborer avec la justice militaire dans l’espoir de bénéficier d’une peine clémente. Mais la Cour martiale l’a condamné à une peine de 24 ans à la suite de son plaidoyer de culpabilité pour trois meurtres. Caporal Jeremy Morlock

Croquis du caporal Jeremy Morlock lors de son procès devant la Cour martiale.

Croquis du caporal Jeremy Morlock lors de son procès devant la Cour martiale.

Sur cette photo confisquée dans la collection des soldats de la «Kill Team» ,

Sur cette photo confisquée dans la collection des soldats de la «Kill Team» , on voit Jeremy Morlock en compagnie d’une petite fille afghane. Mais attention! Une photo peut être trompeuse. Derrière le visage sympathique du jeune militaire se cachait un projet horrible. La «Kill Team» avait semble-t-il conçu le projet d’attirer vers eux de jeunes enfants afghans en leur lançant des friandises, pour ensuite les abattre ou leur passer sur le corps avec leur véhicule. Caporal Jeremy Morlock

Originaire de Boisé (Idaho), Andrew Holmes s’était engagé à l’âge de 18 ans et

Originaire de Boisé (Idaho), Andrew Holmes s’était engagé à l’âge de 18 ans et retrouvé en Afghanistan à 19. Sa mère n’était pas très enthousiaste face à son choix, mais se dit qu’il fallait le respecter. Elle a déclaré que lors d’une permission, il pesait seulement 132 livres, ne mangeait pas et n’arrivait plus à dormir. Les journalistes ont dit de lui que c’était l’un des accusés les moins connus parmi ceux qui ont eu à répondre des crimes de la «Kill Team» . Bien que sur l’une des photos rendues publiques par Der Spiegel, ce soit lui qu’on voit auprès du corps de Gul Mudin, ses avocats ont plaidé que cela ne signifiait pas que c’était lui qui l’avait tué et qu’il s’était plutôt trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Soldat Andrew Holmes Il a été condamné à une peine de réclusion de sept ans.

Selon le témoignage de ses parents, Adam Winfield était un jeune homme timide, plutôt

Selon le témoignage de ses parents, Adam Winfield était un jeune homme timide, plutôt tranquille, du genre intellectuel. Il semblerait que Calvin Gibbs l’ait pris en grippe et l’ait terrorisé dès le départ, en raison justement de son éducation et de sa personnalité. Comme il était conducteur de véhicule, il n’a pas été impliqué dans les deux premiers meurtres, mais en a été témoin. Craignant qu’il les dénonce, Gibbs et Morlock l’ont alors obligé, en le menaçant, à commettre le troisième meurtre et à abattre Allah Dad, espérant ainsi s’assurer de son silence. En août 2011, la Cour martiale l’a condamné à purger une peine de trois ans d’emprisonnement. «It is my duty as an American soldier. . . to protect any detainee. . . that is in the custody of U. S. personnel. It was my job to do that, and I failed to do it» a-t-il déclaré au tribunal. Soldat Adam Winfield

Le dernier soldat contre qui des accusations ont été portées est Michael Wagnon, 31

Le dernier soldat contre qui des accusations ont été portées est Michael Wagnon, 31 ans. En février 2012, toutes les accusations portées contre lui ont été retirées. Son avocat n’en a pas donné les raisons. Dans un communiqué, l’armée a simplementionné que cette décision «était dans l’intérêt de la justice» . Soldat Michael Wagnon

Le tribunal militaire, sur la base Lewis-Mc. Chord (État de Washington), où s’est déroulé

Le tribunal militaire, sur la base Lewis-Mc. Chord (État de Washington), où s’est déroulé le procès du sergent Calvin Gibbs.

 «Not for public release by order of military judge» , peut-on lire sur

«Not for public release by order of military judge» , peut-on lire sur cette photo montrant trois soldats de la «Kill Team» . Les efforts considérables déployés par l’Armée américaine pour empêcher toute divulgation des photos collectionnées par la «Kill Team» en ont d’ailleurs amené plusieurs à se demander si «l’exécution gratuite» de civils afghans n’avait pas pris une ampleur allant beaucoup plus loin que les seuls actes officiellement attribués à ce petit groupe de militaires. Les journalistesenquêteurs qui se sont penchés sur cette affaire et ont pu voir d’autres photos tout aussi macabres continuent de poser la question, mais sans obtenir de réponse des Autorités.

C’est une photo comme celle-ci qui soulève des doutes dans l’esprit de plusieurs quant

C’est une photo comme celle-ci qui soulève des doutes dans l’esprit de plusieurs quant à l’ampleur des crimes gratuits perpétrés contre des civils afghans. Sur cette photo, on a accroché au coup des deux victimes un carton sur lequel est écrit «Taliban are dead» . Mais au sein de la compagnie Bravo, une source ayant requis l’anonymat a déclaré que ces deux Afghans avaient été tués par des soldats d’un autre peloton; il a ajouté qu’il s’agissait de simples paysans innocents et non de talibans. Cet autre peloton, dont il n’a pas été du tout question dans le scandale de la «Kill Team» , avait semble-til l’habitude de traîner ses victimes sur le bord de la route après les avoir tuées. Photo publiée par le magazine Rolling Stone

Le dérapage meurtrier de la «Kill Team» s’est soldé par la condamnation de jeunes

Le dérapage meurtrier de la «Kill Team» s’est soldé par la condamnation de jeunes militaires qui, il faut le dire, n’occupaient pas un rang élevé dans la hiérarchie militaire. Mais aucun hautgradé n’a été accusé et traduit en Cour martiale. Der Spiegel a mis la main sur un rapport secret de l’Armée américaine dans lequel il est écrit que le colonel Harry Tunnell, le responsable de la 5 e Brigade en Afghanistan, encourageait et tolérait les actes violents commis par ses soldats. «L’inaction de Tunnell, est-il écrit, a pu aider à créer un environnement où des fautes ont pu être commises. » Or la position de Tunnell allait à l’encontre de la position officielle de l’Armée en Afghanistan, qui est d’aider et de protéger la population locale. Dans ce rapport secret, on cite les propos d’un soldat : «Si je devais résumer en une expression le discours du colonel Tunnell et l’impression qu’il m’a laissée, ce serait : "Allez tuer ces salauds". » Tunnell n’a reçu qu’une lettre de réprimande. Le colonel Harry Tunnell

 «Le stress des ordres des chefs de la brigade, qui voulaient tuer les

«Le stress des ordres des chefs de la brigade, qui voulaient tuer les talibans, a eu une incidence sur la violence sur le terrain. Les jeunes soldats étaient prêts à suivre tout leader qu’ils voyaient comme étant capable d’assurer leur sécurité, et d’avoir le respect des soldats qui étaient ouvertement agressifs. Une situation très grave» . Max Becherer Photographe de guerre américain

Belet Uen (Somalie), 16 -17 mars 1993 L’affaire somalienne En 1992, la Somalie est

Belet Uen (Somalie), 16 -17 mars 1993 L’affaire somalienne En 1992, la Somalie est ravagée par la famine et la guerre civile. Des seigneurs de guerre y sèment le chaos, la désolation et la terreur. Les Nations unies décident alors d’y envoyer des troupes de maintien de la paix et sollicitent le concours du Canada qui accepte d’y déployer, en décembre 1992, des militaires faisant partie du Régiment aéroporté, alors considéré comme l’élite des Forces armées canadiennes. «L’Opération Délivrance» (nom donné à la mission canadienne) s’associe à la mission américaine «Operation Restore Hope» . Il devait s’agir d’une mission humanitaire et de maintien de la paix. Les soldats canadiens sont affectés à Belet Uen, une région particulièrement dangereuse et difficile à surveiller. La base canadienne est souvent l’objet de vols de la part de jeunes Somaliens. Les militaires décideront de répondre à ces vols et tentatives de vols par les armes après que le capitaine Michel Rainville eut décidé de définir le mot «vol» comme étant du «sabotage» .

C’est dans ce contexte que le 4 mars 1993 les militaires tirent sur deux

C’est dans ce contexte que le 4 mars 1993 les militaires tirent sur deux Somaliens non armés, en tuant un. Dans une lettre anonyme, un militaire présent au moment de l’incident parlera d’une «exécution» . Et un chirurgien militaire ayant examiné les blessures de la victime considère cette mort comme «suspecte» . Mais l’événement qui allait déclencher «l’affaire somalienne» fut la mort du jeune Somalien Shidane Abukar Arone, âgé de 16 ans. Le 16 mars, des soldats aperçoivent le jeune Somalien caché dans une toilette portative installée sur une base américaine abandonnée, à proximité de la base canadienne. Présumant qu’il avait l’intention d’aller voler du matériel sur la base canadienne, ils l’arrêtent et le conduisent dans un bunker où était entreposé des munitions. À partir de 21 h, l’adolescent somalien sera l’objet d’indescriptibles tortures de la part de plusieurs soldats canadiens, mais plus particulièrement de la part du maître-caporal Clayton Matchee et du soldat Kyle Brown : coups de pied sauvages, dénudation, simulation de noyade (waterboard), coups de poing au visage, divers coups infligés partout sur le corps à l’aide d’un «ration pack» et d’un manche à balai, sodomisation avec un bâton, brûlures aux organes génitaux. Il a été estimé que 16 soldats avaient observé ce qui se passait dans le bunker et qu’au moins 80 avaient entendu les cris et les lamentations d’Arone pendant les heures qu’avaient duré son supplice, mais qu’aucun n’était intervenu jusqu’à ce qu’il meure. C’est un journaliste du journal Pembrooke Observer, qui était présent sur la base à ce moment-là, qui le premier fit état du grave incident qui s’était produit. Mais il fallut cinq semaines avant que les autorités militaires ne décrètent la tenue d’une enquête à un haut niveau.

Le soldat Kyle Brown Le maître-caporal Clayton Matchee

Le soldat Kyle Brown Le maître-caporal Clayton Matchee

Les bourreaux Matchee et Brown pousseront l’odieux jusqu’à se photographier mutuellement avec leur victime

Les bourreaux Matchee et Brown pousseront l’odieux jusqu’à se photographier mutuellement avec leur victime torturée et agonisante. Lorsque les 16 photos sont rendues publiques, en novembre 1994, les Canadiens sont tellement scandalisés par le comportement des militaires du Régiment aéroporté que le gouvernement n’a d’autre choix que de créer une Commission royale d’enquête, présidée par le juge Gilles Létourneau.

Instituée en 1994, la Commission royale d’enquête ne put jamais aller au fond des

Instituée en 1994, la Commission royale d’enquête ne put jamais aller au fond des choses dans «l’affaire somalienne» . En effet, comme en 1997 des élections fédérales approchaient, le gouvernement dirigé par Jean Chrétien ne voulait pas que les travaux de la Commission aient des répercussions négatives sur l’issue du vote. Le Gouvernement allégua que la direction prise par les travaux de la Commission dépassait le mandat qui lui avait été confié et refusa de lui accorder un délai additionnel pour qu’elle puisse interroger les hauts dirigeants politiques et militaires qui avaient joué un rôle dans l’engagement du Canada en Somalie. Le ministre de la Défense, Doug Young, enjoignit donc la Commission de soumettre son rapport final au plus tard le 30 juin 1997. Une fois les élections passées, le nouveau ministre de la Défense, Art Eggleton, ajouta que ces événements dataient de quatre ans et qu’il était temps de passer à autre chose. Le public canadien en aura donc peu appris sur «l’affaire somalienne» , d’autant plus qu’en 1995 un employé du Ministère de la Défense nationale avait été surpris en train de rassembler pour destruction des documents relatifs à ce qui s’était passé en Somalie. À la tête des Forces armées, le général Jean Boyle finirait par reconnaître l’existence de documents attestant qu’il y avait bel et bien eu tentative de camouflage en ce qui concerne les événements en Somalie. Il en résulte qu’aucune accusation ni condamnation n’intervint relativement à la hiérarchie politique et militaire. Mais à tour de rôle, dans la foulée de ce scandale, démissionnèrent le général John de Chastelain, puis son successeur le général Jean Boyle. Un ministre de la Défense fut contraint de démissionner (David Collenette) et un autre (Doug Young) fut défait aux élections fédérales de 1997. Et finalement, le Régiment aéroporté, fierté de l’Armée canadienne, fut démantelé.

Au final, la très grande majorité des militaires canadiens qui avaient participé à la

Au final, la très grande majorité des militaires canadiens qui avaient participé à la mise à mort de Shidane Abukar Arone ou avaient été des témoins visuels ou auditifs des tortures qu’on lui infligeait ne s’en sont pas trop mal tirés. ■ Après avoir plaidé coupable à l’accusation de manquement au devoir, le sergent Mark Boland a écopé d’une peine d’emprisonnement d’un an en plus d’être rétrogradé au rang de soldat; il a été expulsé de l’Armée. ■ Le major Anthony Seward a été acquitté de l’accusations de voies de fait causant des lésions corporelles mais jugé coupable de manquement au devoir; il a été condamné à une peine de détention de trois mois et expulsé de l’Armée. ■ Le capitaine Michael Sox a été acquitté de l’accusation de voies de fait causant des lésions corporelles mais jugé coupable de manquement au devoir; il a reçu une réprimande et été rétrogradé au rang de lieutenant. ■ Le lieutenant-colonel Carol Mathieu a été acquitté de l’accusation de manquement au devoir. ■ Le capitaine Michel Rainville a été acquitté des accusations de voies de fait causant des lésions corporelles et de manquement au devoir. ■ Le sergent Perry Gresty a été acquitté de l’accusation de manquement au devoir. ■ Le soldat David Brocklebank a été acquitté des accusations de torture et de manquement au devoir.

Clayton Matchee en Somalie Clayton Matchee aujourd’hui Le maître caporal Clayton Matchee n’a pas

Clayton Matchee en Somalie Clayton Matchee aujourd’hui Le maître caporal Clayton Matchee n’a pas été jugé et ne le sera jamais pour les crimes qu’il a commis en Somalie. En effet, mis aux arrêts après la mort de Shidane Abukar Arone, il fit une tentative de suicide par pendaison deux jours plus tard, ce qui lui a occasionné des dommages cérébraux considérables et permanents. Il a été interné pendant plusieurs années au Centre médical de la Défense nationale, à Ottawa, puis à l’hôpital de North Battleford, en Saskatchewan. Le 15 septembre 2008, le Ministère de la Défense nationale a fait savoir qu’elle laissait tomber les accusations portées contre lui vu que son état mental ne lui permettrait jamais de subir un procès. Jusqu’à ce jour, la famille de Matchee demeure convaincue qu’on l’aurait aidé à se suicider…

Seul le soldat Kyle Brown s’est vu imposer une peine «significative» dans «l’affaire de

Seul le soldat Kyle Brown s’est vu imposer une peine «significative» dans «l’affaire de la Somalie» . La Cour martiale l’a reconnu coupable d’homicide involontaire (manslaughter) et l’a condamné à une peine de détention de cinq ans, dont il n’a purgé que le tiers. Il a bien sûr été expulsé de l’armée avec déshonneur. Il a par la suite publié un livre dans lequel il avance avoir servi de bouc émissaire dans cette sombre histoire, alléguant que les officiers supérieurs qui n’étaient pas intervenus n’avaient pas eu à affronter la justice. Kyle Brown au moment de son procès À plusieurs reprises, par ailleurs, a été évoqué le fait que les soldats prenaient un médicament (méfloquine) pour prévenir le malaria et que ce produit aurait pu avoir des effets neurologiques susceptibles d’altérer gravement le jugement et le comportement chez certains. Aucune conclusion n’a été toutefois apportée à cet égard.

 «La barbarie est accessible à quiconque, il suffit d’y prendre goût. » Emil

«La barbarie est accessible à quiconque, il suffit d’y prendre goût. » Emil Cioran (1911 -1995)

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Photographies Der Spiegel Rolling Stone Magazine Divers sites du Web Musique Johann Sebastian Bach,

Photographies Der Spiegel Rolling Stone Magazine Divers sites du Web Musique Johann Sebastian Bach, «Variations Goldberg – Variation 16» , interprété au piano par David Jalbert Conception R. Day Février 2013 La vidéo du caporal britannique David Payne terrorisant des détenus irakiens dans une pièce de l’hôtel Haitham, à Bassora, peut encore être vue sur Youtube, à l’adresse : http: //www. youtube. com/watch? v=Sw. HU 7 DGyoy. E Mes diaporamas sont hébergés sur le site : http: //www. imagileonation. com