Day Crations rflexives Dfilement manuel Ritualiser la mort

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Day Créations réflexives Défilement manuel

Day Créations réflexives Défilement manuel

Ritualiser la mort

Ritualiser la mort

L’heure de l’extrême-onction Du Moyen-âge jusqu’aux réformes du concile Vatican II, l’extrême-onction était un

L’heure de l’extrême-onction Du Moyen-âge jusqu’aux réformes du concile Vatican II, l’extrême-onction était un sacrement réservé aux personnes agonisantes. La cérémonie se déroulait en deux étapes : le viatique puis l’extrême-onction proprement dite. Le viatique consistait à recevoir pour la dernière fois l’eucharistie. Quant à l’extrême-onction, le prêtre appliquait en forme de croix les huiles saintes sur les cinq sens de la personne mourante. Ces onctions faisaient fuir le démon et purifiaient les sens de tous les péchés dont ils avaient été les instruments.

Une jeune femme sur son lit de mort Photographie : Musée du Bas-Saint-Laurent

Une jeune femme sur son lit de mort Photographie : Musée du Bas-Saint-Laurent

Un ange accueille un petit enfant à l’heure de sa mort

Un ange accueille un petit enfant à l’heure de sa mort

La veillée funéraire Au XIXe et même durant la première partie du XX e

La veillée funéraire Au XIXe et même durant la première partie du XX e siècle, famille et amis veillent le corps du défunt jour et nuit, parfois jusqu’à 3 jours. Revêtu de ses plus beaux habits (mais sans souliers, car selon la croyance ils étaient trop bruyants au paradis), le défunt tient un chapelet entre ses mains jointes. Sa dépouille est entourée de cierges, de fleurs et même de photographies rappelant sa mémoire. À chaque heure, tout le monde s’agenouille et on récite un chapelet et d’autres invocations. Durant la nuit, les femmes de la maison servent un goûter, voire un repas. Ces veillées mortuaires sont parfois mal vues par le clergé. En effet, il arrive que celles-ci prennent l’allure d’une fête qui donne prétexte à boire, à raconter des histoires et à rire.

Exposition du corps de M me Alphonse Raymond, décédée à Saint-Hyacinthe le 25 janvier

Exposition du corps de M me Alphonse Raymond, décédée à Saint-Hyacinthe le 25 janvier 1899. Photo de A. Archambault, Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Madame Leclère, née Josette Castonguay, sur son lit de mort Huile sur toile, date

Madame Leclère, née Josette Castonguay, sur son lit de mort Huile sur toile, date inconnue Société du patrimoine religieux du diocèse de Saint-Hyacinthe

Monseigneur Paul La. Rocque, deuxième évêque de Sherbrooke, exposé en chapelle ardente sur un

Monseigneur Paul La. Rocque, deuxième évêque de Sherbrooke, exposé en chapelle ardente sur un lit funéraire le 17 août 1926 Collection de la Corporation archiépiscopale catholique romaine de Sherbrooke

Coll. R. Day

Coll. R. Day

Un objet étrange : un cercueil pour petit enfant en fonte, avec une ouverture

Un objet étrange : un cercueil pour petit enfant en fonte, avec une ouverture pour voir le visage de l’enfant.

Ce catafalque pour enfant a été fabriqué par Omer Létourneau, de Saint-Joseph-de-Beauce. Jusqu’en 1940,

Ce catafalque pour enfant a été fabriqué par Omer Létourneau, de Saint-Joseph-de-Beauce. Jusqu’en 1940, un catafalque servait à recevoir le cercueil pendant le service funèbre à l’église. Mais en 1937, Mgr Rodrigue Villeneuve, cardinal-archevêque de Québec, avait ordonné d’en réduire les dimensions et interdit de le surmonter d’un baldaquin -dais et d’y mettre des chandeliers. Selon lui, cet objet devait être davantage simple et mieux convenir à l’austérité de la circonstance. Coll. Paroisse Saint-Joseph-de-Beauce

Le cortège funèbre Jusque vers 1830, le cercueil était transporté sur les épaules des

Le cortège funèbre Jusque vers 1830, le cercueil était transporté sur les épaules des paroissiens de la maison à l’église, puis de l’église au cimetière. Les premiers véhicules funéraires seront ceux de la ferme : carrioles, « sleighs» , traîneaux. Les fabriques ont été les premières à acquérir des corbillards. Le plus ancien corbillard du Québec fut acquis en 1805 par la fabrique de Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec. Mais ce n’est qu’au milieu du 19 e siècle que cet usage devint pratique courante dans les grandes paroisses de la province. Entre 1880 -1900, la fabrication de corbillards devint une industrie florissante aux mains d’entrepreneurs spécialisés.

Ce corbillard a été utilisé jusqu’en 1930 dans la région de Stanbridge East. Il

Ce corbillard a été utilisé jusqu’en 1930 dans la région de Stanbridge East. Il servait à la fois aux cultes catholique et protestant. Mais on en retirait la croix lorsque le défunt était de confession protestante…

Durant la belle saison, le corbillard était monté sur roues. L’hiver, on l’installait sur

Durant la belle saison, le corbillard était monté sur roues. L’hiver, on l’installait sur des patins, comme illustré ici. Coll. Musée de Missiquoi

Dans les premières années, la décoration des corbillards était peu élaborée, les premiers modèles

Dans les premières années, la décoration des corbillards était peu élaborée, les premiers modèles ayant été conçus par des ouvriers qui n’avaient aucune connaissance des particularités d’un tel véhicule. Mais peu à peu, l’apport de sculpteurs va modifier considérablement l’apparence de ces charriots funéraires : colonnes, guirlandes de fleurs, vases, anges, personnages et drapés viennent enjoliver ce véhicule austère. Certaines entreprises possèdent même leurs propres sculpteurs.

Corbillard de «première classe» de la Maison Gauthier & Frères de Trois. Rivières

Corbillard de «première classe» de la Maison Gauthier & Frères de Trois. Rivières

Cortège funèbre d’un enfant (1920) Les garçons tiennent le petit cercueil qui sera transporté

Cortège funèbre d’un enfant (1920) Les garçons tiennent le petit cercueil qui sera transporté à l’église dans un corbillard blanc, spécialement destiné aux enfants. Coll. Musée du Bas-Saint-Laurent

Cortège funèbre de Marcel Rhéaume, 6 ans. Saint-Georges-de-Beauce (23 décembre 1921). Ce corbillard pour

Cortège funèbre de Marcel Rhéaume, 6 ans. Saint-Georges-de-Beauce (23 décembre 1921). Ce corbillard pour enfants appartenait à la Maison funéraire Gédéon Roy.

Le cercueil d’Albert Dugas est porté par six de ses petits-fils Coll. R. Day

Le cercueil d’Albert Dugas est porté par six de ses petits-fils Coll. R. Day

Malgré l’avènement de l’automobile, on n’en continue pas moins à utiliser le corbillard, comme

Malgré l’avènement de l’automobile, on n’en continue pas moins à utiliser le corbillard, comme en témoigne cette photographie prise à Nouvelle (en Gaspésie) le 30 octobre 1939, lors des funérailles d’Albert Dugas Coll. R. Day

Les lieux de sépulture Au cours de l’histoire, les lieux de sépulture québécois seront

Les lieux de sépulture Au cours de l’histoire, les lieux de sépulture québécois seront le reflet de la religion des défunts et en plus, pour les catholiques, de leur mode de vie. C’est ainsi que catholiques, protestants et juifs ne sont jamais enterrés au même endroit, chaque confession religieuse disposant de ses propres lieux de sépulture. Quant aux catholiques, ils sont exclus de la partie bénite du cimetière s’ils ont été excommuniés ou s’ils se sont suicidés. Les «pécheurs publics» et les ivrognes connaissent également le même sort. Tout comme les enfants morts sans avoir été baptisés.

Les lieux de sépulture Le curé Émile Dubois relate que les patriotes qui sont

Les lieux de sépulture Le curé Émile Dubois relate que les patriotes qui sont morts lors des combats de 1837 ont été «jetés en terre, sans cérémonie religieuse, sans cercueil, dans l’endroit du cimetière réservé aux enfants morts sans baptême. » Et à sa mort en 1869, Émile Guibord, membre d’une société qui avait été interdite par l’épiscopat catholique, fut privé d’inhumation en terre bénite.

Réalisée en 1688 par le géographe royal Jean-Baptiste Franquelin, cette carte de Québec nous

Réalisée en 1688 par le géographe royal Jean-Baptiste Franquelin, cette carte de Québec nous montre le tout premier cimetière du Québec, qui était situé dans la côte de la Montagne.

En 1776, un nouveau cimetière est inauguré à Montréal, dans le faubourg Saint-Antoine :

En 1776, un nouveau cimetière est inauguré à Montréal, dans le faubourg Saint-Antoine : il s’agit de l’une des premières nécropoles juives d’Amérique. Situé à l’angle nord-ouest des rues Peel et de la Gauchetière, ce cimetière existera jusqu’en 1854, année de son transfèrement sur le Mont Royal.

À Montréal, au tournant du 19 e siècle, il y a un cimetière catholique

À Montréal, au tournant du 19 e siècle, il y a un cimetière catholique au faubourg Saint-Antoine et un cimetière protestant là où se situe aujourd’hui l’édifice Guy-Favreau. Il existe un autre cimetière protestant sur la rue Papineau. Les cimetières protestants deviennent d’autant plus vite saturés qu’ils sont multiconfessionnels, c’est-à-dire qu’ils accueillent, contrairement aux cimetières catholiques, des gens d’autres religions. Par exemple, les premiers immigrants chinois montréalais seront inhumés dans les cimetières protestants. Mais les cimetières catholiques peuvent eux aussi devenir rapidement surchargés. Par exemple, lors de l’épidémie de typhus de 1847 -1848, le cimetière montréalais de Pointe Saint-Charles reçut en quelques mois les dépouilles de 6 000 immigrants irlandais.

À cette époque, les cimetières du Québec sont de type rural, c’est-à-dire caractérisés par

À cette époque, les cimetières du Québec sont de type rural, c’est-à-dire caractérisés par une topographie irrégulière et une abondante végétation d’où émergent des stèles discrètes. Même en ville, les cimetières protestants Mount Hermon de Québec [1848] et Mont Royal de Montréal [1852], ainsi que le cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges de Montréal [1855] tendent à se conformer au modèle de type rural. Les cimetières ruraux laissant une grande place à l’expression des goûts personnels, leurs coûts d’entretien s’avèrent prohibitifs. Alors peu à peu les fabriques optent pour des «cimetières bâtis» , c’est-à-dire des cimetières davantage découpés et quadrillés.

Ce dessin gravé de James Pattison Cockburn, réalisé entre 1826 -1832, montre l’Hôtel-Dieu de

Ce dessin gravé de James Pattison Cockburn, réalisé entre 1826 -1832, montre l’Hôtel-Dieu de Québec et le «cimetière des Picotés» . Une épidémie de petite vérole (ou picote) survenue en 1702 et ayant fait plus de 300 victimes avait donné son nom à ce cimetière qui fut déménagé en 1861. Archives publiques du Canada, coll. Peter Winkworth

Insalubrité des cimetières Au 19 e siècle, l’absence de pratiques sanitaires favorise la propagation

Insalubrité des cimetières Au 19 e siècle, l’absence de pratiques sanitaires favorise la propagation des épidémies. Entre 1832 -1854, le Québec est frappé à cinq occasions par le choléra. En raison du nombre élevé de victimes, le besoin de cimetières ne cesse de croître dans les villes. Comme le transport des cadavres est interdit, on dispose jusqu’à six tombes l’une sur l’autre, d’où des odeurs très incommodantes qui suscitent le mécontentement de la population. C’est dans ce contexte d’ailleurs que sera fermé le cimetière des Picotés, lequel avait fait l’objet de multiples plaintes de la part des citoyens qui craignaient en outre que la seule odeur se dégageant du lieu augmente les risques d’infection.

Tombe du lieutenant Weir dans le vieux cimetière militaire qui était situé sur le

Tombe du lieutenant Weir dans le vieux cimetière militaire qui était situé sur le chemin Papineau, à Montréal. Photo datée de 1910. Photo : Musée Mc. Cord

C’est en 1855 que fut inauguré le cimetière montréalais de Côte-des. Neiges, sur un

C’est en 1855 que fut inauguré le cimetière montréalais de Côte-des. Neiges, sur un terrain acquis au flanc du Mont Royal. Aménagé par Henri. Maurice Perrault, il est aujourd’hui le plus grand cimetière du Canada (plus de 900 00 personnes y sont inhumées). Sa monumentale porte d’entrée a été réalisée en 1888 par Victor Bourgeau. S’y trouvent des gens célèbres : Émile Nelligan, Jean-Paul Riopelle, La Bolduc, Jeanne Sauvé, etc.

Comme il est impossible d’enterrer les corps durant la saison froide, les fabriques ont

Comme il est impossible d’enterrer les corps durant la saison froide, les fabriques ont recours à des charniers pour la période hivernale. Le charnier (bien des Québécois disent «la charnière» ) accueille donc les dépouilles défunts jusqu’au printemps et au dégel. En mai généralement, les corps sont inhumés.

Chapelle-charnier de Saint-Anselme de Dorchester

Chapelle-charnier de Saint-Anselme de Dorchester

Les monuments «Les tombes, les sites funéraires, les mémoriaux et les monuments sont inutiles

Les monuments «Les tombes, les sites funéraires, les mémoriaux et les monuments sont inutiles aux morts, mais signifient beaucoup pour les vivants. » (Daniel Mendelsohn , «Les disparus» ) Effectivement, il suffit de parcourir les allées d’un cimetière pour constater que ses monuments nous livrent une image de la société québécoise à différents moments de son histoire. S’y côtoient la simplicité et l’extravagance, la modestie et la richesse, l’anonymat et la célébrité.

Parce que les monuments de pierre ou de marbre coûtent cher, beaucoup optent pour

Parce que les monuments de pierre ou de marbre coûtent cher, beaucoup optent pour une simple croix de fer. Le forgeron n’a en effet besoin que de fer et de quelques rivets pour fabriquer une croix qui résistera aux intempéries et au temps. Les croix de cimetière révèlent par ailleurs des techniques anciennes de découpage, de martelage et d’assemblage du fer. Leurs motifs sont riches et variés : cœur, fleur de lys, ancre, tenaille, cercle, losange et autres fioritures.

Monument funéraire de la famille Dufresne au cimetière montréalais de Côtedes-Neiges. Les membres de

Monument funéraire de la famille Dufresne au cimetière montréalais de Côtedes-Neiges. Les membres de cette famille avaient fait fortune dans la chaussure et s’étaient fait construire une résidence cossue à l’angle de la rue Sherbrooke et du boulevard Pie IX. Ce monument a été sculpté en Italie par l’artiste Pasquale Sgandurra.

Il arrive que le monument funéraire soit décoré d’une «Pleureuse» , comme celle ici

Il arrive que le monument funéraire soit décoré d’une «Pleureuse» , comme celle ici représentée – une œuvre réalisée par Jean-Baptiste Côté vers 1900. La «Pleureuse» rappelle les saintes femmes pleurant au tombeau du Christ. Gardienne des morts, elle veille jour et nuit sur le tombeau du défunt, dans un dialogue éternel avec l’être aimé.

Plus près de toi mon Dieu Dans la mort, certains voulaient que leur dépouille

Plus près de toi mon Dieu Dans la mort, certains voulaient que leur dépouille repose le plus près possible de Dieu, d’où l’inhumation sous les églises. Ce type d’enterrement, qui n’a plus cours aujourd’hui, était désigné par l’expression latine «ad sanctos» , qui veut dire «auprès des saints corps et âme» . Et les cimetières situés dans les sous-sols des églises s’appelaient des «cimetières ad sanctos» .

Cimetière «ad sanctos» de Saint-Roch-des-Aulnaies 232 personnes y sont inhumées : la moitié sont

Cimetière «ad sanctos» de Saint-Roch-des-Aulnaies 232 personnes y sont inhumées : la moitié sont des cultivateurs, les autres provenant de professions libérales et de familles de marchands.

Dans les premières paroisses de la Nouvelle-France, les corps des défunts sont souvent enterrés

Dans les premières paroisses de la Nouvelle-France, les corps des défunts sont souvent enterrés sous les églises. Sous la basilique Notre-Dame de Québec, par exemple, se trouvent les sépultures de 900 laïques et ecclésiastiques. Bien sûr, une certaine élite tenait à reposer dans un tel lieu. De tels enterrements procuraient des revenus intéressants aux fabriques. En revanche, ils créaient nombre d’inconvénients : odeurs nauséabondes dans l’église, nécessité de déplacer les bancs et d’ouvrir le plancher pour y déposer les cadavres. Au milieu du 19 e siècle, un interdit judiciaire met officiellement fin à cette pratique. Néanmoins, celle-ci continuera d’avoir cours à l’occasion jusqu’au début du 20 e siècle, notamment pour les membres du clergé.

Dans l’église de Saint-Jean-Port-Joli, c’est sous le banc seigneurial que fut inhumé Philippe Aubert

Dans l’église de Saint-Jean-Port-Joli, c’est sous le banc seigneurial que fut inhumé Philippe Aubert de Gaspé, l’auteur du roman «Les Anciens Canadiens»

Dans le cimetière «ad sanctos» de Saint-Roch-des-Aulnaies, les tombeaux de prêtres et de médecins

Dans le cimetière «ad sanctos» de Saint-Roch-des-Aulnaies, les tombeaux de prêtres et de médecins sont entourés de clôtures de fer et de fonte.

Stèles provenant du cimetière «ad sanctos» de Saint-Roch-des-Aulnaies

Stèles provenant du cimetière «ad sanctos» de Saint-Roch-des-Aulnaies

Statue représentant la Vierge Marie qui, seule avec Jésus, a le pouvoir de délivrer

Statue représentant la Vierge Marie qui, seule avec Jésus, a le pouvoir de délivrer les âmes du purgatoire.

Documentation ▪ Le patrimoine funéraire, un héritage pour les vivants (Exposition au Château Dufresne,

Documentation ▪ Le patrimoine funéraire, un héritage pour les vivants (Exposition au Château Dufresne, Montréal) ▪ Wikipédia Photographies Toutes les photos, sauf mention différente, proviennent de l’exposition Le Patrimoine funéraire, un héritage pour les vivants Musique Secret Garden, In Our Tears (extrait) ~ (CD Dreamcatcher) Conception R. Day (Octobre 2009)