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Day Créations réflexives Défilement manuel

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1559 -1655. Un siècle d’histoire de l’Église et d’histoire de la papauté. Mais quel

1559 -1655. Un siècle d’histoire de l’Église et d’histoire de la papauté. Mais quel siècle! Avec la Réforme, le catholicisme perd à jamais son hégémonie sur le continent européen. Pour enrayer l’effritement de son influence, Rome réagit par la contre-réforme; mené par étapes successives, le Concile de Trente va asseoir l’orthodoxie de l’Église pour des siècles – en fait jusqu’à Vatican II. Parmi les Souverains Pontifes chargés de présider aux destinées de l’Église, quelques-uns dont l’histoire a difficilement retenu les noms tellement leur passage fut bref. Un qui a été canonisé même si son comportement ne fut pas exempt de comportements discutables – du moins selon nos critères d’aujourd’hui. Beaucoup qui ont continué à favoriser et à enrichir des membres de leur famille et à exercer un pouvoir temporel et politique très éloigné des enseignements du Christ. Un vicaire du Christ qui exulte de joie en apprenant que 50 000 protestants – donc des chrétiens – ont été assassinés. Des non catholiques et des juifs persécutés. C’est aussi le siècle où les percées scientifiques confrontent les enseignements traditionnels de l’Église. Une Église de Rome qui n’est pas encore prête à admettre que le soleil est immobile, que la terre n’est pas le centre de l’univers et qu’elle tourne autour du soleil. Copernic et Galilée vont payer chèrement leurs découvertes. 1559 -1655 : peut-être le dernier moment, dans l’histoire de la papauté, où autant d’abus et d’indignité vont proliférer, et ce même s’ils ne disparaîtront pas complètement dans le futur.

Les papes indignes (1559 - 1655)

Les papes indignes (1559 - 1655)

Pie IV (1559 à 1565) Père de trois enfants naturels, Giovanni Angelo Medici di

Pie IV (1559 à 1565) Père de trois enfants naturels, Giovanni Angelo Medici di Marignano avait obtenu le chapeau de cardinal du pape Paul III parce que son frère avait épousé une femme appartenant à la famille du Souverain Pontife. Il faudra 4 mois aux cardinaux réunis en conclave pour l’élire à la succession du défunt Paul IV. Il inaugure son pontificat en faisant passer en procès les neveux de son prédécesseur, lesquels s’étaient rendus coupables de nombreux crimes; deux seront exécutés. Il faut porter à son crédit qu’il relance les travaux du Concile de Trente, suspendus depuis 1552 et qu’il s’engage dans la contre-réforme. Il fonde également les archives centrales du Vatican. Mais surtout, le pontificat de Pie IV demeure indissociable de l’activité de son neveu, Charles Borromée.

En effet, dès le début de son pontificat, Pie IV fait venir à Rome

En effet, dès le début de son pontificat, Pie IV fait venir à Rome son neveu Charles Borromée. Et il le couvre d’honneurs : cardinal à 22 ans, archevêque de Milan à 24 ans, légat papal à Bologne, en Romagne et dans Les Marches, secrétaire privé. Or, si la carrière de Borromée débute grâce au népotisme, il saura se montrer exemplaire par la suite. Borromée participe au concile de Trente, s'attachant à réformer les abus qui s'étaient introduits dans l'Église, et il fait rédiger le célèbre catéchisme connu sous le nom de Catéchisme du Concile de Trente. Comme archevêque de Milan, il se démet de toutes ses autres charges pour aller résider dans son diocèse où il donne l'exemple d’un homme vertueux. Il rétablit partout la discipline et s'emploie à appliquer les mesures de la contre-réforme prises au concile. Bientôt, il étendra le théâtre de son action à toute l'Italie, puis à la Suisse. Charles Borromée Canonisé en 1610

En revanche, Borromée s'illustre dans l'intensification de la chasse aux sorcières, la lutte contre

En revanche, Borromée s'illustre dans l'intensification de la chasse aux sorcières, la lutte contre le protestantisme et la persécution des Juifs. Sa visite à Crémone , en 1575, le décida à tout mettre en œuvre pour mettre fin à l'harmonie qui régnait dans cette ville entre les communautés juives et chrétiennes. De fait, il réussit à obtenir l'expulsion, en 1598, de tous les Juifs du Milanais. Un des ordres qu'il voulait réformer, l’Ordre des Humiliés, tenta de le faire assassiner, mais il échappa aux coups de l'assassin.

Session de clôture du Concile de Trente Cathédrale Saint-Vigile de Trente, le 3 décembre

Session de clôture du Concile de Trente Cathédrale Saint-Vigile de Trente, le 3 décembre 1563

Il est important de souligner qu’à la tête de l’Église, le tandem Pie IV

Il est important de souligner qu’à la tête de l’Église, le tandem Pie IV – Charles Borromée s’avère davantage à la hauteur de la mission spirituelle qui lui avait été confiée que bien des papes et cardinaux précédents. L’écrivain Georges Suffert écrit: «Le Saint-Siège reconquiert petit à petit son autonomie à partir de Pie IV et de saint Charles Borromée. Pour éviter que les évêques cherchent à interpréter diversement les décisions du concile, Pie IV crée la Congrégation du concile. C’est elle qui met un point final aux décrets inachevés; elle, surtout, qui fixe les règles générales permettant de trancher les futurs litiges. À la stupéfaction de tous, ce système, pourtant imparfait, fonctionnera pendant près de trois siècles. Puis Pie IV, conseillé par son secrétaire d’État, saint Charles Borromée, réduit le train de vie de sa maison. Il autorise d’ailleurs Borromée à rejoindre son archevêché de Milan, comme l’avait exigé le concile pour chaque évêque. Borromée y demeurera dix -neuf ans. C’est là qu’il crée le premier séminaire tridentin (découlant du concile de Trente). Il visite chacune de ses paroisses, n’hésite pas à grimper dans les montagnes pour aller visiter et bénir ces oubliés du monde. Saint Charles Borromée fut dénigré, détesté et échappa de justesse à un attentat. Pourtant, il suscitait l’admiration : il fit face avec un incroyable courage à l’épidémie de peste qui ravagea Milan en 1576. Il mourut huit ans plus tard, aussi pauvre que Job : il avait distribué toutes ses richesses aux pauvres et aux malades. »

Ayant contracté une mauvaise fièvre, Pie IV meurt le 9 décembre 1565, deux ans

Ayant contracté une mauvaise fièvre, Pie IV meurt le 9 décembre 1565, deux ans après la fin du Concile. Il était âgé de 66 ans. Peu avant sa mort, un complot contre sa personne avait été mis au jour. Les conjurés ayant été découverts, il les fit mettre à mort. D’abord inhumé dans la Basilique Saint. Pierre, sa dépouille fut par la suite transférée dans la Basilique Sainte-Mariedes-Anges-et-des-Martyrs, qui avait été dessinée sous son pontificat par Michel. Ange.

Pie V (1566 à 1572) Il s’avérerait délicat d’accoler le qualificatif «indigne» à ce

Pie V (1566 à 1572) Il s’avérerait délicat d’accoler le qualificatif «indigne» à ce pape qui fut béatifié cent ans après sa mort puis canonisé en 1712. Entré chez les dominicains à l’âge de 14 ans seulement, Michel Ghislieri avait occupé les fonctions d’inquisiteur général. Détestant la richesse et l’opulence, il vivait dans une extrême pauvreté au moment de son élection au souverain pontificat. Secondé par le cardinal Borromée, Philippe Néri et les jésuites, il s’attaque aux mœurs dépravées du clergé, met en application les décisions du concile et fonde la Congrégation de l’Index. Il pose néanmoins quelques gestes contestables : il lui arrive de présider le Tribunal de l’Inquisition; il participe à la condamnation à mort d’un ancien secrétaire privé du pape Clément VII, au motif que celui-ci avait déjà défendu des opinions hérétiques; il condamne la reine Elizabeth Ire d’Angleterre, rendant de ce fait irréversible la rupture entre l’Angleterre et Rome. Dès 1568, la situation des juifs romains se détériore considérablement sous Pie V dès lors que celui-ci les fait enfermer dans un ghetto dans le but de hâter leur conversion.

Tombeau et châsse de saint Pie V Chapelle Sixtine de la Basilique Sainte-Marie-Majeure

Tombeau et châsse de saint Pie V Chapelle Sixtine de la Basilique Sainte-Marie-Majeure

Grégoire XIII (1572 à 1585) Conclave exceptionnellement bref que celui qui va élire Ugo

Grégoire XIII (1572 à 1585) Conclave exceptionnellement bref que celui qui va élire Ugo Boncompagni : une journée. Sa décision la plus spectaculaire, dont les répercussions sont visibles encore aujourd’hui, fut le remplacement du calendrier julien par le calendrier grégorien qui fixa le premier jour de l’année au 1 er janvier. Grégoire XIII se distingue également par les fondations de nombreux séminaires, collèges et universités, l’envoi des jésuites dans l’empire ottoman ainsi qu’en Inde, en Chine et au Japon, l’approbation des carmels féminins réorganisés par Thérèse d’Avila et la redécouverte des catacombes. En revanche, il encourage les complots contre la reine Elizabeth d’Angleterre et excite le roi d’Espagne contre l’Angleterre, ce qui se traduit par une nouvelle vague de répression contre les catholiques anglais.

Grégoire XIII édicte la bulle Inter gravissimas, en 1582, instituant le calendrier grégorien.

Grégoire XIII édicte la bulle Inter gravissimas, en 1582, instituant le calendrier grégorien.

Mais l’acte le plus indigne de ce pontife sera son attitude face au massacre

Mais l’acte le plus indigne de ce pontife sera son attitude face au massacre de la Saint-Barthélemy, commencé à Paris dans la nuit du 23 au 24 août 1572, à l’instigation de Catherine de Médicis, et s’étant prolongé jusqu’au 3 octobre. Massacre au cours duquel périrent 50 000 protestants.

Catherine de Médicis contemplant le massacre de la Saint-Bathélemy

Catherine de Médicis contemplant le massacre de la Saint-Bathélemy

Informé de ce massacre de protestants, Grégoire XIII fit célébrer une messe d’action de

Informé de ce massacre de protestants, Grégoire XIII fit célébrer une messe d’action de grâces… «Dans sa sottise sanguinaire, le pape Grégoire XIII fit allumer des feux de joie sur les collines de Rome. Cinquante mille chrétiens morts, et le vicaire du Christ exultait. Il ne voyait pas, à l’évidence, que les massacres n’étaient que les premières secousses du séisme qui allait dévaster l’Europe occidentale et, incidemment, l’Église elle-même. Saisies d’une fièvre fanatique, où politique et religion se le disputaient avec une rage inégalée, les puissances catholiques [. . . ] et protestantes […] s’affrontèrent dans une guerre qui dura de 1618 à 1648, la trop fameuse guerre de Trente Ans […] qui saigna l’Europe de sa jeunesse. » (Gerald Messadié)

Tombeau de Grégoire XIII, décédé le 10 avril 1585 à l’âge de 83 ans.

Tombeau de Grégoire XIII, décédé le 10 avril 1585 à l’âge de 83 ans.

Sixte V (1585 à 1590) Issu d’un milieu modeste (son père était un petit

Sixte V (1585 à 1590) Issu d’un milieu modeste (son père était un petit fermier), Felice Peretti était entré chez les Franciscains, où il devint prédicateur, inquisiteur à Venise et en Espagne, vicaire général de son ordre, puis cardinal. Daniel Brun ajoute : «Nommé cardinal en 1570, il se retire des affaires et mime la sénilité pendant treize ans, afin d’être élu pape de transition par un conclave toujours politiquement divisé. Puis, élu à l’unanimité au trône pontifical, il jette le masque. Cet ancien franciscain inflexible et énergique commence par une violente campagne contre l’inceste, l’avortement, le proxénétisme, la sodomie et l’adultère. Il s’attaque aux brigands soutenus par la noblesse locale […] il constitue une flotte de guerre […] Sur le plan politique, il participe, contre l’Angleterre, au financement de l’Invincible Armada de Philippe II (qui la perdra au large des côtes d’Écosse). Après le meurtre d’Henri III roi de France, il félicite en public son meurtrier, le moine Jacques Clément. »

Sixte V s’avère par ailleurs incapable de résister au népotisme. Ainsi, il couvre de

Sixte V s’avère par ailleurs incapable de résister au népotisme. Ainsi, il couvre de faveurs son neveu Alessandro, nommé cardinal à 15 ans. Surnommé le «pape de fer» en raison de son caractère entier, il succombe à des crises de malaria le 27 août 1590. À l’annonce de sa mort, les Romains, qui le détestaient, manifestent leur joie en renversant sa statue. «Son pontificat a été qualifié de "soleil couchant de la papauté": en effet, ses successeurs vont se livrer à l’Espagne et abandonner les rêves de grandeur et de suprématie des grands papes du Moyen ge. » (Daniel Brun)

Clément VIII (1592 à 1605) Entre le pontificat de Sixte V et celui de

Clément VIII (1592 à 1605) Entre le pontificat de Sixte V et celui de Clément VIII, trois papes qui ne feront que passer : Urbain VIII qui meurt 12 jours après son élection et avant même d’avoir été couronné, Grégoire XIV maladif et chétif qui doit travailler alité et qui ne règne que de décembre 1590 à octobre 1591 et Innocent IX qui ne règne que deux mois. Ippolito Aldobrandini avait connu une ascension rapide dans l’entourage pontifical avant d’être élu pape le 30 janvier 1592. Son nom avait même été évoqué lors des trois conciles ayant précédé son élection.

Dès son accession au trône de saint Pierre, il fait mettre à mort plusieurs

Dès son accession au trône de saint Pierre, il fait mettre à mort plusieurs nobles fauteurs de troubles, dont Troio Savelli, un descendant illustre d’une famille romaine ancienne et puissante. Malgré l’opinion publique en sa faveur, il n’épargne pas non plus la jeune et noble Béatrice Cenci, qui avait tué son père qui abusait d’elle; désireux de faire un exemple, il refuse de lui accorder la grâce; d’aucuns avancent que son désir de confisquer les biens de la famille Cenci aurait eu plus de poids que les considérations morales. Clément VIII prend aussi des mesures hostiles envers les juifs. Il leur interdit les activités commerciales dans l’enclave papale d’Avignon et réitère l’interdiction pour les juifs de s’installer en dehors du ghetto de Rome. Mais son nom reste surtout associé à celui du dominicain Giordano Bruno, l’un des grands esprits de son temps.

Philosophe, théologien et moine dominicain, Giordano Bruno avait quitté son couvent en 1576 pour

Philosophe, théologien et moine dominicain, Giordano Bruno avait quitté son couvent en 1576 pour sillonner l’Europe. Ayant goûté au calvinisme, il avait développé une philosophie négatrice des dogmes chrétiens, notamment celui de la Trinité. Arrêté à Venise en 1592, il est transféré à Rome où s’engage contre lui un procès qui durera huit ans. Il est jugé au cours d’une session de la congrégation de l’Inquisition présidée par le pape Clément VIII luimême. Ayant refusé d’abjurer, Giordano Bruno est condamné à mort. À la lecture de sa condamnation au bûcher, Bruno commente : « Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir. » . Le 17 février 1600, il est mis nu, la langue entravée par un mors de bois l'empêchant de parler et de crier et supplicié sur le bûcher sur le Campo dei Fiori devant la foule des pèlerins venus à Rome pour le Jubilé.

Le supplice de Giordano Bruno sur le Campo dei Fiori (17 février 1600)

Le supplice de Giordano Bruno sur le Campo dei Fiori (17 février 1600)

Clément VIII bénissant des carmélites

Clément VIII bénissant des carmélites

Clément VIII apparaît donc comme un personnage ambigu. Ainsi, il se réconcilia avec le

Clément VIII apparaît donc comme un personnage ambigu. Ainsi, il se réconcilia avec le roi de France Henri IV et leva l’excommunication qui avait été prononcée contre le monarque par Grégoire XIV. Très ouvert aux arts et à la littérature, il fut à l’origine de nombreuses constructions et restaurations dans Rome. À la fin de sa vie, le pape souffrait de la goutte et devait passer une grande partie de son temps cloué au lit. Il mourut en mars 1605. D’abord inhumé dans la basilique Saint-Pierre, ses restes furent par la suite transférés dans un mausolée que lui avait fait construire son successeur dans la chapelle Borghèse de la basilique Sainte-Marie-Majeure.

Paul V (1605 à 1621) Camille Borghèse est le premier membre de cette famille

Paul V (1605 à 1621) Camille Borghèse est le premier membre de cette famille à accéder à la papauté. Il favorise grandement sa famille en réservant les meilleurs postes à ses neveux. À sa mort, la famille Borghèse aura dans Rome une puissance égale à celle des familles Orsini et Colonna. Ce pape reste célèbre pour trois faits : l’achèvement de la basilique Saint-Pierre, la condamnation de la doctrine scientifique de Copernic et l’interdiction d’enseignement prononcée contre Galilée.

Grégoire XV (1621 à 1623) Alexandre Ludovisi est déjà malade lorsqu’il est élu par

Grégoire XV (1621 à 1623) Alexandre Ludovisi est déjà malade lorsqu’il est élu par acclamation à l’âge de 67 ans. C’est d’ailleurs lui qui instituera le vote par bulletin secret pour les conclaves ultérieurs. On lui doit aussi la création de la Congrégation pour la propagation de la foi et la canonisation d’Ignace de Loyola, de Thérèse d’Avila, de Philippe Néri et de François-Xavier. Il confère le chapeau de cardinal à Richelieu. De fait, le seul reproche qu’on lui adresse – comme à tant de ses prédécesseurs – c’est son népotisme. En effet, il fait de son neveu Ludovico Ludovisi son principal collaborateur et s’empresse de le nommer cardinal à 25 ans.

Couvert de richesses par son oncle, le cardinal Ludovisi consacre cet argent à financer

Couvert de richesses par son oncle, le cardinal Ludovisi consacre cet argent à financer des œuvres de charité et à embellir Rome. Mais sans négliger par ailleurs d’enrichir sa famille. C’est sous l’égide du pape Grégoire XV et de son neveu que sont amorcés les travaux de construction de l’église Saint-Ignace, du palais Montecitorio et de la villa Ludovisi.

Palais Montecitorio Église Saint-Ignace Villa Ludovisi

Palais Montecitorio Église Saint-Ignace Villa Ludovisi

Tombeau de Grégoire XV et de son neveu, le cardinal Ludovico Ludovisi

Tombeau de Grégoire XV et de son neveu, le cardinal Ludovico Ludovisi

Urbain VIII (1623 à 1644) Le 6 août 1623, cinquante des cinquante-cinq cardinaux réunis

Urbain VIII (1623 à 1644) Le 6 août 1623, cinquante des cinquante-cinq cardinaux réunis en conclave choisissent le cardinal Maffeo Barberini, 55 ans, pour succéder au pape Grégoire XIII. Il va régner pendant 21 ans. On raconte qu’avant de revêtir les habits pontificaux, Urbain VIII se prosterna devant l’autel et supplia Dieu de le faire mourir si son pontificat ne devait pas se faire pour le bien de l’Église. Son couronnement doit être retardé au 29 septembre en raison des fièvres qui sévissent à Rome.

Mais ce pape autoritaire qui ne délèguera rien de ses pouvoirs, même aux cardinaux,

Mais ce pape autoritaire qui ne délèguera rien de ses pouvoirs, même aux cardinaux, plonge dans un népotisme en faveur de sa famille qu’il va pousser à des degrés extrêmes. Trois jours seulement après son sacre, il nomme cardinal son neveu de 26 ans, Francesco. Celui-ci occupera par la suite les fonctions de bibliothécaire et de vice-chancelier du Vatican. Il fera aussi construire le palais Barberini. Buste du cardinal Francesco Barberini

En 1627, il sacre un autre de ses neveux cardinal. Celui-ci se nomme Antonio

En 1627, il sacre un autre de ses neveux cardinal. Celui-ci se nomme Antonio et il n’a que 20 ans. Il occupera par la suite les fonctions de camerlingue, légat papal dans diverses villes de France et d’Italie et commandant en chef de l’armée pontificale. Cardinal Antonio Barberini

En 1628, il nomme cardinal son frère Antonio Marcello. Plus tard, il recevra le

En 1628, il nomme cardinal son frère Antonio Marcello. Plus tard, il recevra le titre de Grand pénitencier et se verra nommer bibliothécaire du Vatican. Cardinal Antonio Marcello Barberini

Un troisième neveu, Taddeo, recevra les titres de prince de Palestrina et de préfet

Un troisième neveu, Taddeo, recevra les titres de prince de Palestrina et de préfet de Rome. On imagine difficilement toutes les richesses que la famille Barberini a accumulé grâce au népotisme du pape Urbain VIII. Ces protégés du Saint-Père amenèrent même le pape à déclarer la guerre au duc de Parme afin de s’emparer de ses duchés; mais l’entreprise s’avéra un échec qui mit à mal les finances du Vatican. Taddeo Barberini De fait, les Barberini se rendirent si odieux par leurs exactions qu’à la mort du pape qui les protégeait ils durent quitter l’Italie et se réfugier en France.

Si l’on doit à ce pape bâtisseur le célèbre baldaquin édifié par Bernin qui

Si l’on doit à ce pape bâtisseur le célèbre baldaquin édifié par Bernin qui surplombe l’autel pontifical de la basilique Saint-Pierre, l’inauguration officielle de Saint-Pierre de Rome et la fortification du Château Saint. Ange, c’est néanmoins «l’affaire Galilée» qui demeure accolée à son nom et à son règne.

Alors qu’il n’était pas encore pape, le cardinal Maffeo Barberini était un ami et

Alors qu’il n’était pas encore pape, le cardinal Maffeo Barberini était un ami et un grand admirateur de Galilée. Devenu pape, il était convaincu de la nécessité du rapprochement de l’Église et de la science. À cet égard, il reçut plusieurs fois Galilée et lui apporta son soutien. La rupture intervint lorsque Galilée publia, en 1632, son ouvrage «Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde» - qui lui avait été commandé par le pape lui-même. La publication de ce livre eut un retentissement particulier car il contrevenait aux interdictions des écrits favorables à l’héliocentrisme.

Galilée montrant sa lunette astronomique «Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde»

Galilée montrant sa lunette astronomique «Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde»

Le 23 septembre 1632 débute donc, à la demande du pape, le second procès

Le 23 septembre 1632 débute donc, à la demande du pape, le second procès de Galilée [le premier avait eu lieu en 1616] devant le tribunal de l’Inquisition. Le 22 juin 1633, Galilée est condamné et contraint de renier les idées dont il avait pourtant démontré la validité. Il finira ses jours en assignation à résidence avec l’obligation de garder le silence sur les questions relatives au mouvement de la terre.

 «Moi, Galileo Galilei, fils de Vincenzo Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans,

«Moi, Galileo Galilei, fils de Vincenzo Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, comparaissant en personne devant ce tribunal, et agenouillé devant vous, Très Éminents et Révérends Cardinaux, Grands Inquisiteurs dans toute la Chrétienté contre la perversité hérétique, les yeux sur les Très Saints Évangiles que je touche de mes propres mains. «Je jure que j’ai toujours cru, que je crois à présent et que, avec la grâce de Dieu, je continuerai à l’avenir de croire tout ce que la Sainte Église catholique, apostolique et romaine tient pour vrai, prêche et enseigne.

 «Mais parce que après que le Saint-Office m’eut notifié l’ordre de ne plus

«Mais parce que après que le Saint-Office m’eut notifié l’ordre de ne plus croire à l’opinion fausse que le Soleil est le centre du monde et immobile et que la Terre n’est pas le centre du monde et qu’elle se meut, et de ne pas maintenir, défendre, ni enseigner, soit oralement, soit par écrit, cette fausse doctrine; après qu’il m’eut été notifié que ladite doctrine était contraire à la Sainte Écriture; parce que j’ai écrit et fait imprimer un livre dans lequel j’expose cette doctrine condamnée, en présentant en sa faveur une argumentation très convaincante, sans apporter aucune solution définitive; j’ai été, de ce fait, soupçonné véhémentement d’hérésie, c’est-à-dire d’avoir maintenu et cru que le Soleil est au centre du monde et immobile, et que la Terre n’est pas au centre et se meut. «Pour ce, voulant effacer dans l’esprit de Vos Éminences et de tout chrétien fidèle ce soupçon véhément à juste titre conçu contre moi, j’abjure et je maudis d’un cœur sincère et avec une foi non simulée les erreurs et les hérésies susdites, et en général toute autre erreur, hérésie et entreprise contraire à la Sainte Église; je jure à l’avenir de ne plus rien dire ni affirmer de voix, et par écrit, qui permette d’avoir de moi un semblable soupçon, et s’il devait m’arriver de rencontrer un hérétique ou présumé tel, je le dénoncerais à ce Saint-Office, à l’inquisiteur ou à l’ordinaire de mon lieu de résidence. «Moi, Galileo Galilei soussigné, j’ai abjuré, promis et engagé comme ci-dessus; et, en foi de quoi, pour attester la vérité de ma propre main, j’ai signé la présente cédule de mon abjuration, et je l’ai récitée mot à Rome, dans le couvent de la Minerve, le 22 juin 1633. »

Urbain VIII meurt le 29 juillet 1644, âgé de 76 ans, et après un

Urbain VIII meurt le 29 juillet 1644, âgé de 76 ans, et après un pontificat de 21 ans. Son népotisme à l’égard de sa famille, les exactions de ses cardinaux-neveux et son autoritarisme envers la population romaine firent que des manifestations de joie éclatèrent à l’annonce de sa mort. Statue d’Urbain VIII par Bernin Tombeau d’Urbain VIII

Innocent X (1644 à 1655) Taciturne et méfiant, Giovanni Battista Pamphili est âgé de

Innocent X (1644 à 1655) Taciturne et méfiant, Giovanni Battista Pamphili est âgé de 70 ans lorsqu’il est élu pape après plus d’un mois de conclave, grâce à l’appui des cardinaux français. L’un de ses premiers gestes est de poursuivre les cardinaux Francesco et Antonio Barberini, les neveux de son prédécesseur, pour leur conduite abusive et leur malversation financière; ceux-ci se réfugient en France, où ils trouvent protection auprès du cardinal Mazarin. Le pape confisque alors leur propriété puis édicte une bulle ordonnant aux cardinaux ayant quitté les États pontificaux sans sa permission d’y revenir dans un délai de six mois, sinon qu’ils perdront leurs bénéfices, voire leur barrette. Portrait d’Innocent X par Diego Velasquez (1650) Le parlement de Paris annule cette bulle, Mazarin menace d’envahir les États pontificaux et finalement les Barberini seront réhabilités.

À l’instar de bien de ses prédécesseurs sur le trône de saint Pierre, Innocent

À l’instar de bien de ses prédécesseurs sur le trône de saint Pierre, Innocent X est incapable d’éviter le favoritisme envers sa famille. Mais dans son cas, ce népotisme transige par sa belle-sœur, Olimpia Maidalchini. Jeune veuve, Olimpia avait épousé Pamphilio Pamphili, le frère aîné du futur pape. Au décès de son second mari, elle se rapproche davantage de son beau-frère et prend sur lui un ascendant considérable, ce qui lui attire des critiques acerbes. Décrite comme ambitieuse, avide et intrigante, présentée comme «l’ombre du pape» , sa conseillère la plus écoutée, la véritable gouvernante du Vatican, elle est d’autant plus crainte et détestée qu’Innocent X ne prend aucune décision ni ne nomme aucune personne à un poste sans l’avoir consultée et obtenue son accord. Impossible d’approcher le pape sans d’abord franchir la porte d’Olimpia, impossible d’obtenir une audience, une faveur ou une nomination sans d’abord offrir à Olimpia cadeaux et argent.

Deux mois après son élection, Innocent X coiffe de la barrette de cardinal le

Deux mois après son élection, Innocent X coiffe de la barrette de cardinal le fils unique d’Olimpia, Camillo. Le pape lui confère en outre les titres de général de l’Église, légat d’Avignon, secrétaire des Brefs et préfet du tribunal de la Signature de justice. Bref, le gouvernement de l’Église repose sur ce jeune homme de 22 ans! Mais voilà que deux ans plus tard le jeune cardinal Pamphili est frappé d’un coup de foudre pour la belle et jeune Olimpia Aldobrandini, veuve du prince Paolo Borghese. Malgré le désaccord de sa mère et de son oncle, Camillo Pamphili renonce au cardinalat pour pouvoir épouser la jeune femme. Un remplaçant doit donc être trouvé de toute urgence, et ce sera Francesco Maidalchini, un jeune neveu d’Olimpia. Il n’a que 17 ans au moment où le pape lui remet le chapeau de cardinal. Incapable de se montrer à la hauteur de son titre et de ses fonctions, il est limogé deux ans plus tard, ce qui entraîne la disgrâce provisoire d’Olimpia jusqu’en 1653.

Mais l’histoire se complique davantage. En effet, en 1650 le pape confère à Camillo

Mais l’histoire se complique davantage. En effet, en 1650 le pape confère à Camillo Astalli, un ancien clerc de sa chambre, le titre de cardinalneveu. gé d’une trentaine d’années, celui-ci est un cousin d’Olimpia et n’a aucun lien de parenté avec le pape. Qu’à cela ne tienne : le pape l’adopte, ce qui permet au cardinal Astalli d’ajouter à son nom d’origine celui de Pamphili. Le Saint-Père lui fait même cadeau du palais Pamphili. Le nouveau cardinal ne reste pas longtemps dans les bonnes grâces du pape et de sa conseillère. En 1653, en effet, le pape lui reproche d’avoir rendu visite à l’ambassadeur d’Espagne et de lui avoir révélé des secrets d’État. Le Souverain Pontife lui retire le titre de «neveu» , le nom de Pamphili, l’écusson de la famille ainsi que toute fonction ecclésiastique à Rome. Il est exilé à Sambuco jusqu’à la mort d’Innocent X. Olimpia n’aurait pas été étrangère à cette disgrâce, et ce afin d’exercer seule son influence sur son illustre beau-frère. Camillo Astalli, le cardinal-neveu

Le palais Pamphili

Le palais Pamphili

Déjà, du vivant d’Innocent X, bien des rumeurs circulaient sur ses liens étroits avec

Déjà, du vivant d’Innocent X, bien des rumeurs circulaient sur ses liens étroits avec certaines personnes de son entourage. Dès 1666, l’écrivain Gregorio Leti avançait qu’Olimpia avait été beaucoup plus que sa belle-sœur et sa conseillère. . . On la désignait comme «la papesse» , voire la maîtresse du Souverain Pontife. Mais aucune preuve formelle de ces liens intimes n’a jamais été fournie. Quant au cardinal Astalli, il a été avancé que son étrange adoption par le pape et ses fonctions de clerc de la chambre papale avaient fait en sorte qu’il partageait le lit pontifical… Mais ici encore, les preuves n’ont pas été produites. Buste d’Olimpia Maidalchini

Le règne somme toute peu glorieux d’Innocent X se termine le 7 janvier 1655.

Le règne somme toute peu glorieux d’Innocent X se termine le 7 janvier 1655. Il a 81 ans. Pendant que son corps, dissimulé dans un coin des appartements pontificaux [dans une remise, affirment certains] se décompose sans sépulture, Olimpia fait main basse sur les objets de valeur et sur tout ce qu’elle peut trouver dans les appartements. Elle refusera même de verser le moindre centime pour les funérailles de son beau-frère et Souverain Pontife! Statue de bronze d’Innocent X Immédiatement bannie de la cour pontificale par le nouveau pape Alexandre VII, elle meurt deux ans plus tard.

Fin de la septième partie

Fin de la septième partie

Documentation Daniel Brun, Dictionnaire chronologique des papes , Paris, Éditions Maxi-Livres, 2005. Georges Suffert,

Documentation Daniel Brun, Dictionnaire chronologique des papes , Paris, Éditions Maxi-Livres, 2005. Georges Suffert, Tu es Pierre, Paris, éditions de Fallois, 2000. Jean-Pierre Moisset, Histoire du catholicisme , Paris, éditions Flammarion, 2006. Gerald Messadié, Histoire générale de l’antisémitisme , Paris, Éditions J. C. Lattès, 1999. Wikipédia (sites francophone et anglophone) Divers sites du Web Illustrations Internet Musique Antonio Vivaldi, «Concerto en ré majeur ~ Largo» Conception R. Day Février 2010