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Day Créations réflexives 2012 Défilement manuel

Day Créations réflexives 2012 Défilement manuel

 «La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans

«La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage. C’est plus grand que tous les voyages autour du monde. » Alberto Giacometti Cette série de diaporamas, que j’ai intitulée «Visages» , ne se veut pas une expérience biographique. Les limites imposées par un diaporama ne permettent pas, d’ailleurs, de présenter des biographies au sens traditionnel. «Visages» montre tantôt des figures publiques bien connues, tantôt des personnalités plus effacées et plus obscures. Mais derrière chacun de ces visages, il peut arriver qu’il se cache quelqu’un d’étonnant. Si «Visages» a bien sûr pour objectif d’informer, il a donc surtout pour but de surprendre. Car, comme l’écrit Yvon Deneault, «L’être humain a deux visages : celui qu’il nous montre et celui qu’il a vraiment. » Ce quatrième diaporama de la série pourrait susciter la réflexion suivante : comment, tant qu’il garde le silence, pourrait-on deviner la force et le courage qui se cachent derrière le visage d’un enfant qui sera confronté toute sa vie à la monstruosité de son père? R. Day

Visages

Visages

Ricardo Eichmann est né en Argentine le 2 novembre 1955. Avec ses parents et

Ricardo Eichmann est né en Argentine le 2 novembre 1955. Avec ses parents et ses trois frères aînés, il a passé les cinq premières années de sa vie en banlieue de Buenos Aires, dans une modeste maison très isolée qui était située sur une rue s’appelant Garibaldi. Il ne conserve pratiquement aucun souvenir de ses premières années de vie vécues en Amérique du Sud. Puis, en 1960, alors qu’il n’avait que cinq ans, sa mère Veronika Liebl, qui était d’origine allemande, est retournée avec lui en Allemagne – pays où il vit depuis lors.

De la maison d’enfance de Ricardo, il ne reste qu’un terrain vague.

De la maison d’enfance de Ricardo, il ne reste qu’un terrain vague.

En Allemagne, Ricardo et sa mère s’installèrent dans le village de Bade. Puis en

En Allemagne, Ricardo et sa mère s’installèrent dans le village de Bade. Puis en 1976, il s’inscrivit à la célèbre Université de Heidelberg pour y suivre des cours d’archéologie. En 1984, il obtint son doctorat. Après l’obtention de son diplôme, Ricardo a occupé le poste de chercheur puis de directeur du département d’Orient à l’Institut allemand d’archéologie de Berlin. C’est aussi à Heidelberg qu’il a rencontré sa future épouse, Ilka, une étudiante en histoire. Ils se sont mariés en 1985 et ils ont deux fils – Gaspar et Sergej.

Jusqu’en 1995, Ricardo avait mené une vie plutôt effacée et discrète, son travail d’archéologue

Jusqu’en 1995, Ricardo avait mené une vie plutôt effacée et discrète, son travail d’archéologue l’amenant à voyager dans nombre de pays d’Orient. Mais la situation allait changer en avril 1995, lorsqu’il fut nommé professeur d’archéologie proche-orientale à l’Université de Tübingen. En effet, la tradition voulait que tout nouveau professeur soit présenté à la presse locale. Et c’est alors que certains se sont demandé comment le plus jeune fils de l’un des plus célèbres et sinistres criminels nazis avait pu se retrouver à un poste aussi prestigieux.

 «Cette fois, je n’ai pas pu refuser de parler. Mes étudiants ont le

«Cette fois, je n’ai pas pu refuser de parler. Mes étudiants ont le droit de savoir qui je suis, que je ne suis en rien comme mon père, et que je suis prêt à en discuter avec eux. J’ai réuni mes étudiants autour de moi et je leur ai dit : "Je suis Ricardo Eichmann. Je suppose que vous savez tous ce que signifie le nom Eichmann. Adolf Eichmann était mon père. Mais si vous croyez que cela implique je suis un Nazi, alors vous êtes mieux de partir maintenant, car je peux vous assurer que je ne le suis pas. Si je soupçonnais que mon professeur était un Nazi, moi je partirais". »

Adolf Eichmann enfant

Adolf Eichmann enfant

Adolf Eichmann jeune adulte

Adolf Eichmann jeune adulte

 «Fuir devant ce nom, cela n’aurait pas changé le problème. Changer mon nom

«Fuir devant ce nom, cela n’aurait pas changé le problème. Changer mon nom n’aurait été qu’un changement de surface. Je serais quand même resté avec le fardeau qu’il contient. »

En 1960, Ricardo n’avait que cinq ans lorsque les agents du Mossad retrouvèrent son

En 1960, Ricardo n’avait que cinq ans lorsque les agents du Mossad retrouvèrent son père près de Buenos Aires et le kidnappèrent pour le faire juger en Israël. Il fut condamné à mort puis pendu, en 1962. De lui, Ricardo ne garde quelques fragments d’images […] et un grand sentiment de manque après sa disparition subite. Dans le village de Bade où sa mère l’a élevé, après l’enlèvement d’Adolf Eichmann, «les autres enfants aimaient se vanter de leur père, se souvient Ricardo. Moi, je ne pouvais rien raconter : ni qui il était, ni comment il avait disparu. Un père condamné à mort, c’est terrible pour un enfant, surtout si l’on ne peut en rien justifier ce qu’il a fait. »

Pour surmonter la contradiction entre ses souvenirs d’un père aimant et le bourreau qu’il

Pour surmonter la contradiction entre ses souvenirs d’un père aimant et le bourreau qu’il découvre tout seul, à partir de 12 -13 ans, en lisant les journaux, Ricardo n’en parle, longtemps, que comme du «mari de ma mère» , et tente d’enfouir les mots «mon père» sous une lourde chape de silence. «Autour de moi, la plupart des gens qui savaient qui il était n’osaient pas m’en parler. Aux autres, je n’osais rien dire, de peur qu’ils se détournent de moi. » Des quatre fils d’Adolf Eichmann, il est d’ailleurs le seul à accepter de témoigner : ses trois frères aînés, qui ont beaucoup mieux connu leur père, ont notamment refusé de collaborer au livre de référence de l’Américain Gerald Posner, «Les enfants d’Hitler» . Adolf Eichmann photographié avec son fils Dieter.

 «Je savais que mon père était mort, mais j’ignorais de quelle façon. Ma

«Je savais que mon père était mort, mais j’ignorais de quelle façon. Ma mère cachait tous les journaux qui en parlaient. J’arrivais à en connaître des bouts, mais pas tout le portrait complet. Quand j’interrogeais ma mère, elle me répondait : "Lass da – Laisse tomber". C’était un sujet tabou. Et c’est resté comme ça jusqu’à sa mort [en 1993, à l’âge de 84 ans]. Écoutez : je suis amer de ne pas avoir eu de père, je suis outragé devant les horreurs de l’Holocauste. Et ça aurait été de loin préférable si ma mère avait accepté de m’en parler. Par son silence, elle ne faisait que renforcer ma conviction que nous avions quelque chose à cacher. Je voulais la confronter, mais je voyais à quel point tout cela la bouleversait. Je l’aimais. Et elle avait aimé mon père. Alors, que pouvais-je faire? »

 «Adolphe Eichmann méritait d’être traduit devant la justice pour ce qu’il a fait.

«Adolphe Eichmann méritait d’être traduit devant la justice pour ce qu’il a fait. »

 «Je ne suis pas favorable à la peine de mort, mais compte tenu

«Je ne suis pas favorable à la peine de mort, mais compte tenu de ce qu’il avait fait, son exécution ne me pose aucun problème. Je peux comprendre pourquoi il a été exécuté à cette époque-là. »

 «Avec le recul, je n’ai plus aucun sentiment pour mon père. »

«Avec le recul, je n’ai plus aucun sentiment pour mon père. »

 «Si vous voulez vivre dans cette vie, vous ne pouvez pas fuir. Je

«Si vous voulez vivre dans cette vie, vous ne pouvez pas fuir. Je suis heureux d’avoir cessé de courir. »

Si le cadet des fils Eichmann s’est résolu à parler, c’est enfin, souligne-t-il, pour

Si le cadet des fils Eichmann s’est résolu à parler, c’est enfin, souligne-t-il, pour ses enfants. «Je voudrais leur épargner le long et douloureux processus de découverte de la vérité que j’ai dû traverser. Les en libérer le plus vite possible. » À l’occasion de la visite d’un journaliste israélien chez lui, il leur a révélé, plus vite que prévu, le drame familial. «Au départ, je voulais leur dire que ce visiteur s’intéressait à mon travail à l’université. Mais cela aurait été mentir. Alors j’ai expliqué qu’il venait parler de la guerre, des hommes aux croix gammées. Que leur grand-père avait été l’un de ces hommes. Puis, comme ils demandaient ce qu’il était devenu après la guerre, j’ai dit qu’il était allé en prison, et qu’il avait été condamné à mort. » "Et exécuté? Comment? ", ont encore demandé les enfants. "Comme dans Lucky Luke", a répondu le père, pour faire passer la pendaison. «Je n’ai rien à cacher. Mais je parle surtout pour mes fils. Si moi je parle d’Eichmann, mon père, peut-être ne les interrogera-t-on pas à propos d’Eichmann, leur grand-père»

Ce diaporama visait en tout premier lieu à présenter le visage de Ricardo Eichmann

Ce diaporama visait en tout premier lieu à présenter le visage de Ricardo Eichmann et à laisser le plus de place possible aux réflexions d’un fils face à un père qui a été exécuté pour avoir été l’un des plus grands criminels du 20 e siècle. Ceux qui s’intéressent de près à l’histoire se souviennent probablement des événements qui ont entouré la vie d’Adolf Eichmann. Quant à ceux qui sont moins familiers avec la Seconde Guerre mondiale, ils auront néanmoins deviné, en visionnant ce diaporama, que le père de Ricardo Eichmann figurait parmi les noms les plus honnis de cette époque sombre de l’histoire humaine. Et comme le dit si bien Ricardo, «fuir devant un nom ne change pas le problème. » À l’intention des personnes qui souhaiteraient en apprendre davantage sur les raisons qui ont amené Ricardo Eichmann à dire qu’il n’éprouvait plus aucun sentiment pour son père et qu’il comprenait qu’on l’ait pendu, les diapositives qui suivent résument brièvement le parcours de ce personnage du Troisième Reich.

C’est par l’entremise d’un ami de sa famille qu’Adolf Eichmann joint les rangs du

C’est par l’entremise d’un ami de sa famille qu’Adolf Eichmann joint les rangs du Parti nazi autrichien à l’âge de 26 ans. Après la prise du pouvoir par Hitler, en 1933, il est admis dans la SS. À son procès à Jérusalem, il déclara qu’il n’avait jamais lu le programme du parti ni Mein Kampf de Hitler, mais que cela n’avait aucune importance puisqu’il savait à quoi il souscrivait. Remarqué par ses supérieurs, il est affecté aux «affaires juives» . Rapidement, il reçoit des promotions au sein de la SS car il s’avère de plus en plus «spécialisé» sur le «problème juif» . Au moment de l’union de l’Autriche au Reich allemand, il s’acquitte avec succès de l’expulsion des juifs d’Autriche. Dès lors, il devient un très proche collaborateur de Reinhard Heydrich et de Heinrich Himmler, deux hommes de confiance de Hitler qui ont reçu de ce dernier la mission de trouver une «solution finale au problème juif» en Europe, autrement dit de voir à leur extermination.

On a souvent dépeint Adolf Eichmann comme un bureaucrate zélé et efficace qui était

On a souvent dépeint Adolf Eichmann comme un bureaucrate zélé et efficace qui était responsable de la planification du transport des juifs dans les camps de concentration et d’extermination. On lui a d’ailleurs accolé des expressions comme «technicien de la Shoah» , «bureaucrat killer» , «desk murderer» . Et c’est exact qu’il était cela car il savait très bien quel sort attendait les juifs enfermés dans les wagons de train qui s’enfonçaient dans la nuit et le brouillard. Mais il est faux d’avancer que son travail était confiné derrière un pupitre dans un bureau de Berlin. On sait qu’il s’était rendu à Minsk et qu’il avait assisté à la mise à mort de juifs. Il en a d’ailleurs raconté la scène à son procès de Jérusalem disant que le sang giclait de terre, là où les corps des juifs avaient été jetés dans une fosse. On sait aussi qu’il avait visité le camp d’Auschwitz en 1941, ainsi que d’autres camps où l’on massacrait les juifs. En mars 1944, il se rendit en Hongrie et supervisa personnellement l’envoi de 400 000 juifs hongrois vers les chambres à gaz du Troisième Reich. Pour dissimuler les atrocités commises par le Reich, Eichmann forçait même les détenus à envoyer des cartes postales aux membres de leur famille et à leurs amis. Dans ces cartes se trouvait un texte qu’il avait composé où il leur faisait dire qu’ils étaient dans une très belle place, qu’ils faisaient de belles excursions, que le travail n’était pas trop difficile; et ils invitaient leurs proches à venir les rejoindre car les places partaient vite…

Vers la fin de 1944, lorsque Heinrich Himmler réalisa que la guerre était perdue

Vers la fin de 1944, lorsque Heinrich Himmler réalisa que la guerre était perdue pour l’Allemagne, et possiblement pour ne pas empirer sa situation personnelle face aux alliés victorieux, il ordonna la fin du massacre des juifs. Mais Eichmann était devenu tellement un fanatique de l’extermination juive qu’il passa outre aux ordres du puissant Reichsführer SS et continua son travail. Dès 1944, Eichmann avait adressé une note à Himmler (laquelle fut déposée lors de son procès à Jérusalem) précisant que six millions de juifs avaient été exterminés. Après la guerre, au moment du procès de Nuremberg qui jugea les dignitaires nazis, l’un de ses collaborateurs, Dieter Wisliceny, affirma qu’il lui avait déjà déclaré que le fait d’avoir cinq ou six millions de juifs sur la conscience lui procurait une satisfaction extraordinaire et qu’il en rirait encore au moment d’être mis en terre. Mais à ce moment-là, Eichmann ne figurait pas parmi les accusés; il faut dire que le rôle qu’il avait joué dans l’extermination des juifs était alors moins bien documenté qu’il le deviendrait par la suite. Par ailleurs arrêté par les Américains, il était parvenu à s’évader et même à vivre sans trop de problème en Allemagne. Mais en 1950, il jugea préférable pour sa sécurité de s’expatrier. Il se rendit donc en Italie d’où, avec l’aide du Vatican et de l’archevêque Alois Hudal, il obtint de faux papiers de la Croix Rouge pour s’enfuir en Argentine sous le pseudonyme de Ricardo Klement. Un peu plus tard, il y fit venir sa femme et ses trois enfants (son plus jeune fils Ricardo étant né en Argentine en 1955).

Monseigneur Alois Hudal Cet évêque catholique autrichien favorable au nazisme a permis à bien

Monseigneur Alois Hudal Cet évêque catholique autrichien favorable au nazisme a permis à bien des criminels nazis, à partir de son poste au Vatican, d’échapper à la justice. Adolf Eichmann fut de ceux-là. Adolf Eichmann en Argentine

Jusqu’à son exécution, Adolf Eichmann n’a jamais manifesté le moindre remords pour son rôle

Jusqu’à son exécution, Adolf Eichmann n’a jamais manifesté le moindre remords pour son rôle dans l’Holocauste. Avant son transfert en Israël pour être jugé, il avait même confié à un journaliste que son erreur avait été de ne pas les tuer tous. «Nous n’avons pas fait notre travail correctement. Nous aurions pu en faire beaucoup plus» , avait-il déclaré. Ricardo Eichmann a confié que cette absence de remords avait rendu la vie particulièrement difficile pour lui et sa famille.

Documentation Lorraine Millot, «Ricardo Eichmann» , Libération, 20 juin 1995. Suzanne Glass, «Sans titre»

Documentation Lorraine Millot, «Ricardo Eichmann» , Libération, 20 juin 1995. Suzanne Glass, «Sans titre» , The Independant , 7 août 1995. Dor Glick, «Coffe with Eichmann» , Ynet. news. com Richard Jerome, «Sins of the father» , People, 10 juillet 1995. Gil Sedan, «Eichmann’s son : There is no way I can explain’ deeds» , Jewish Telegraphic Agency, 9 juin 1995. Jess Smee, «The Desk Murderer» , Der Spiegel, 11 avril 2011. «Adolf Eichmann» , Holocaust Education & Archive Research Team. Wikipédia (sites anglophone et francophone) Photographies Internet Musique «The Mission» , interprété par Angèle Dubeau et La Pietà CD Fairy Tale Conception R. Day Mars 2012

On peut voir un certain nombre de mes diaporamas sur : http: //www. imagileonation.

On peut voir un certain nombre de mes diaporamas sur : http: //www. imagileonation. com/