Day Crations rflexives 2012 Dfilement manuel La grande

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Day Créations réflexives 2012 Défilement manuel

Day Créations réflexives 2012 Défilement manuel

 «La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans

«La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage. C’est plus grand que tous les voyages autour du monde. » Alberto Giacometti Cette série de diaporamas, que j’ai intitulée «Visages» , ne se veut pas une expérience biographique. Les limites imposées par un diaporama ne permettent pas, d’ailleurs, de présenter des biographies au sens traditionnel. «Visages» montre tantôt des figures publiques bien connues, tantôt des personnalités plus effacées et plus obscures. Mais derrière chacun de ces visages, il peut arriver qu’il se cache quelqu’un d’étonnant. Si «Visages» a bien sûr pour objectif d’informer, il a donc surtout pour but de surprendre. Car, comme l’écrit Yvon Deneault, «L’être humain a deux visages : celui qu’il nous montre et celui qu’il a vraiment. » Ce septième diaporama de la série pourrait susciter une juste admiration face à une Gaspésienne sans instruction qui allait par son seul talent se tailler une place unique dans l’histoire de la chanson québécoise. R. Day

Visages

Visages

Mary Rose Travers est née dans le petit village gaspésien de Newport le 24

Mary Rose Travers est née dans le petit village gaspésien de Newport le 24 juin 1894.

Son père Lawrence, d’ascendance irlandaise, s’était marié une première fois avec Mary Ann Murray,

Son père Lawrence, d’ascendance irlandaise, s’était marié une première fois avec Mary Ann Murray, qui mourut en février 1889, en donnant naissance à son sixième enfant, lequel succomba deux jours plus tard. En 1891, Lawrence épousa Adéline Cyr. Entre 1891 -1910, celle-ci connut huit grossesses, dont deux enfants morts à la naissance et un autre décédé à l’âge de quatre ans. Mary Rose était la deuxième enfant du couple. Fait intéressant : les enfants du premier lit étaient unilingues anglophones tandis que ceux du second, bien qu’élevés en anglais, fréquentèrent l’école française. David Lonergan, l’un des biographes de Mary Rose, relate ainsi les conditions de vie à l’époque : «On a peine à imaginer les conditions de vie de ce début de siècle : des maisons petites, plus ou moins salubres, mal ou pas isolées, faiblement éclairées par de mauvaises lampes à l’huile, chauffées au bois par des poêles d’une faible efficacité, les toilettes à l’extérieur, pas d’eau courante sauf quand il y a une pompe dans la maison. Les enfants couchent dans l’unique pièce de l’étage. Une situation compliquée par une hygiène et une alimentation déficientes qui entraînent de nombreuses maladies. »

On sait bien peu de choses de l’enfance gaspésienne de Mary Rose. Si ce

On sait bien peu de choses de l’enfance gaspésienne de Mary Rose. Si ce n’est qu’elle ne fréquenta pas l’école très longtemps. On rapporte aussi qu’elle possédait une force physique peu commune, au point que son père l’avait même surnommée «Frank» . Il l’amenait avec lui dans la forêt pour aller cher le bois, chasser et poser des collets à lièvre. C’est aussi son père qui lui apprit à jouer du violon, de la musique à bouche et de la guimbarde.

En 1907, alors qu’elle a tout juste 13 ans, Mary Rose quitte Newport pour

En 1907, alors qu’elle a tout juste 13 ans, Mary Rose quitte Newport pour Montréal, où elle va rejoindre sa demi-sœur Mary Ann. Jusqu’à la fin de sa vie, elle ne reviendra jamais en permanence dans sa chère Gaspésie natale, y retournant seulement pour des visites à sa famille, des vacances ou des événements spéciaux. Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

Montréal, à l’époque où Mary Rose Travers s’y installe.

À Montréal, Mary Rose travaille d’abord comme domestique dans une famille bourgeoise chez qui

À Montréal, Mary Rose travaille d’abord comme domestique dans une famille bourgeoise chez qui travaillait déjà sa demisœur. Puis elle se déniche un emploi au Carré Saint-Louis, chez un certain docteur Lesage. Vers l’âge de 16 ans, on la retrouve dans une manufacture de textile, où elle gagnait 15$ par semaine. Pour augmenter ses modestes revenus, elle fait aussi le ménage dans un salon de barbier de son quartier. Elle changera plusieurs fois d’usines afin d’améliorer ses conditions de travail et d’accroître ses revenus. Mary Rose photographiée en 1912. Elle avait alors 18 ans. Alors qu’elle parlait surtout anglais à son arrivée dans la métropole, elle passe graduellement au français au contact d’autres Gaspésiens, exilés comme elle à Montréal.

Elle s’implique aussi dans les activités de sa paroisse et on pense que c’est

Elle s’implique aussi dans les activités de sa paroisse et on pense que c’est à cette occasion qu’elle rencontra celui qui deviendrait son époux, Édouard Bolduc. Les jeunes gens se marient le 17 août 1914, quelques jours seulement avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Ils font leur voyage de noces à Québec, dans la famille d’Édouard. Puis le jeune couple s’installe dans un modeste logement de la rue Beaudry. Mary Rose Travers, sa belle-sœur Marie Bolduc et Édouard Bolduc, photographiés lors de leur voyage de noces, en août 1914.

Dès lors, Mary Rose Travers cesse d’exister… En effet, comme le veut la coutume

Dès lors, Mary Rose Travers cesse d’exister… En effet, comme le veut la coutume à cette époque, elle doit prendre le nom de son mari. Désormais, et quelle que soit la tournure surprenante que prendra son destin, elle demeurera jusqu’à la fin de sa vie «Madame Édouard Bolduc» . La jolie Madame Édouard Bolduc, photographiée en 1915, l’année suivant son mariage.

De 1915 à 1929, Mary Rose connaîtra neuf grossesses. - Un enfant mort-né en

De 1915 à 1929, Mary Rose connaîtra neuf grossesses. - Un enfant mort-né en 1915. - Denise, née le 7 juillet 1916. - Jeannette, née le 1 er juillet 1917 et emportée par la scarlatine en 1921. - Roger, né le 2 août 1918 et mort à dix mois, alors que Mary Rose était encore enceinte. - Lucienne, née le 25 août 1919. - Un enfant mort-né en 1920. - Réal, né le 17 septembre 1922; le bébé pesait treize livres et les relevailles furent longues et difficiles. - Fernande, née le 7 mars 1925. - Une fausse couche en 1929. Pour loger une famille qui ne cesse de s’agrandir, les Bolduc déménagent aux deux ans. En 1921, ils s’expatrient même un temps à Springfield, aux États-Unis, chez une sœur d’Édouard, dans l’espoir d’améliorer leur situation financière. Leur séjour aux États ne durera qu’une année.

Les Bolduc photographiés en 1919 avec Denise, Jeannette et Lucienne.

Les Bolduc photographiés en 1919 avec Denise, Jeannette et Lucienne.

Épouse et mère de quatre enfants, n’ayant pas encore 35 ans, vers 1928 la

Épouse et mère de quatre enfants, n’ayant pas encore 35 ans, vers 1928 la vie de Madame Édouard Bolduc va prendre un tournant qui va chambouler la vie de la famille et marquer l’histoire de ce qu’on appelait alors le Canada français. Il faut auparavant préciser que chez les Bolduc, la musique avait toujours occupé une place importante. Mary n’avait jamais cessé de jouer des instruments que son père lui avait appris et les samedis soirs les amis se retrouvaient dans leur salon pour jouer de la musique et chanter. David Lonergan raconte : «De soirée musicale en soirée de chansons, Mary développe son assurance. Peu à peu, son violon et sa musique à bouche s’imposent. Sa virtuosité la place bientôt au centre de ces rencontres amicales. Le petit cercle d’amis s’agrandit. Le logement des Bolduc déborde de tous ces gens qui font vibrer la maison de leurs instruments de musique et de leurs chants. » En 1928, l’organisateur des Soirées du Bon Vieux Temps qui ont lieu au Monument national se retrouve dans une situation difficile lorsque son violoneux tombe malade. Il embauche Mary pour le remplacer. Puis à la fin de la même année, elle retourne au Monument national pour la soirée de la Sainte-Catherine. Le spectacle est enregistré par le poste de radio CKAC. «Ce soir-là, quand Mary Travers-Bolduc rentre chez elle fière de sa participation à l’émission, elle ne se doute pas que sa vient de prendre un chemin inattendu. »

Les membres des Soirées du Bon Vieux Temps en 1928.

Les membres des Soirées du Bon Vieux Temps en 1928.

Les membres des Soirées du Bon Vieux Temps en 1928.

Les membres des Soirées du Bon Vieux Temps en 1928.

Dès 1928 -1929, Madame Bolduc commence à composer des chansons. Elle enregistre son premier

Dès 1928 -1929, Madame Bolduc commence à composer des chansons. Elle enregistre son premier disque en 1929. Ses premiers enregistrements ne sont pas des succès. Mais à la fin de l’année, elle enregistre «La cuisinière» qui connaît un franc succès. Dix mille copies sont vendues, ce qui lui rapporte 450$ - une somme considérable si l’on considère que Wall Street vient de connaître le premier krach de son histoire, marquant le début de la grande crise économique des années 1930. Madame Édouard Bolduc dans son costume des Soirées du Bon Vieux Temps.

La cuisinière Je vais vous dire quelques mots D’une belle cuisinière. Elle soigne ses

La cuisinière Je vais vous dire quelques mots D’une belle cuisinière. Elle soigne ses troupeaux Comme une belle bergère. Pas bien loin de la maison et oh! On voira passer des garçons. Des grands et des petits. Des gros et des courts, des noirs et des blonds. Hourra pour la cuisinière. Il se présente un amoureux Mais tout couvert de crasse. Y n’avait tellement épais, J’y voyais pas la face. Je lui dis : «Pousse-toi, mon vieux, Sors d’ici, vilain paresseux, Va te laver les yeux, Je peux trouver mieux. » Hourra pour la cuisinière. Il se présente un amoureux Avec des belles manières. Il était si gracieux En faisant sa prière. Son p’tit cœur débat pour le mien Pis le mien débat pour le sien Pis le sien pour le mien Pis le mien pour le sien. Hourra pour la cuisinière. Il se présente un type senteux Qui était pas bête à voir. Il s’fourrait l’nez dans les chaudrons Ainsi que dans l’armoire. J’ai pris mon manche à balai, J’y ai cassé dessus les reins, Partout sur le corps, Je l’ai sapré dehors. Hourra pour la cuisinière. Il se présente un amoureux Avec un flasque dans sa poche. C’était pour traiter les vieux Pour pas avoir de reproches. Il faut être à moitié saoul Pour me dire : «Viens donc, mon p’tit loup, Viens donc prendre un coup, Tu vas trouver ça doux. » Hourra pour la cuisinière. (Enregistrée le 6 décembre 1929) Pour écouter la chanson jusqu’à la fin, ne pas cliquer.

Albertine Villeneuve, Madame Édouard Bolduc et Gustave Doiron (1928).

Albertine Villeneuve, Madame Édouard Bolduc et Gustave Doiron (1928).

Madame Bolduc au parc Lafontaine en 1929.

Madame Bolduc au parc Lafontaine en 1929.

Dans ses chansons, «elle est un peu le miroir de son temps. Elle réfléchit

Dans ses chansons, «elle est un peu le miroir de son temps. Elle réfléchit ce que les gens lui projettent et ce faisant, elle s’en nourrit. En un an, elle a enregistré trente-deux chansons, elle sait lesquelles ont du succès et elle connaît maintenant mieux les possibilités du studio. […] elle trouve son style. Sa musique restera d’inspiration folklorique avec la turlute comme constante et ses textes décriront d’une façon amusante la vie quotidienne. »

 «Sa popularité croît, les gens veulent la voir et elle reçoit plusieurs offres

«Sa popularité croît, les gens veulent la voir et elle reçoit plusieurs offres pour chanter en public. Elle hésite. Sa seule expérience de la scène lui vient des Soirées du Bon Vieux Temps : elle n’a encore jamais chanté ses compositions autrement que dans le studio d’enregistrement et à la radio. Elle reçoit une invitation pour chanter à l’occasion d’un grand bal masqué qui a lieu à Lachute. Elle accepte. Le 25 novembre 1930, vêtue d’une longue robe noire qu’elle a taillée elle-même et qui deviendra son costume de scène, Madame Bolduc se présente devant une foule en délire qui l’acclame dès qu’elle entre sur scène. Accompagnée d’un pianiste, elle chante, complètement dépassée par la réaction d’une salle qui connaît toutes les paroles, reprend les refrains, turlute avec elle, commente de bravos, de sifflements et lui accorde une longue ovation à la fin. Madame Édouard Bolduc – elle fera carrière sous ce nom – sait maintenant qu’elle peut donner un spectacle uniquement composé de ses chansons. »

Ses chansons rejoignent le peuple et les curés sont issus du peuple. Aussi, le

Ses chansons rejoignent le peuple et les curés sont issus du peuple. Aussi, le caractère «sain» de ses compositions lui permet d’obtenir la collaboration du clergé, ce qui lui permettra, lors de ses tournées, de chanter dans les sous-sol d’église et dans les salles paroissiales.

 «Le niveau de vie des Bolduc change du tout au tout. Le 7

«Le niveau de vie des Bolduc change du tout au tout. Le 7 mars 1931, ils prennent possession d’une grosse Dodge neuve. Elle coûte 1 200$ et ils la payent comptant […] les Bolduc passent directement de la pauvreté à l’aisance Les montants que Mary reçoit en droits d’auteur à chaque trimestre dépassent sans doute les 1 000$. Édouard n’en gagnait que le tiers en travaillant 55 heures par semaine […] Mais Madame Bolduc connaissant peu la loi, la gestion de ses finances s’avère risquée : ainsi, elle ne dépose en banque des sommes minimes, préférant garder dans un lieu secret de son logement l’argent qu’elle gagne. À certains moments, elle aura plus de 4 000$ cachés dans la maison. »

 «Le niveau de vie des Bolduc change du tout au tout. Le 7

«Le niveau de vie des Bolduc change du tout au tout. Le 7 mars 1931, ils prennent possession d’une grosse Dodge neuve. Elle coûte 1 200$ et ils la payent comptant […] les Bolduc passent directement de la pauvreté à l’aisance Les montants que Mary reçoit en droits d’auteur à chaque trimestre dépassent sans doute les 1 000$. Édouard n’en gagnait que le tiers en travaillant 55 heures par semaine […] Mais Madame Bolduc connaissant peu la loi, la gestion de ses finances s’avère risquée : ainsi, elle ne dépose en banque des sommes minimes, préférant garder dans un lieu secret de son logement l’argent qu’elle gagne. À certains moments, elle aura plus de 4 000$ cachés dans la maison. »

Nos braves habitants C’est aux braves habitants Que je m’adresse maintenant. Quittez jamais vos

Nos braves habitants C’est aux braves habitants Que je m’adresse maintenant. Quittez jamais vos campagnes Pour venir rester à Montréal. Dans les grandes villes comme ça, De la misère, y’en a. Et surtout cet hiver, Il y en a qui mangent du pain noir. Leur cave et leur armoire Sont remplies d’provisions d’hiver. À part de ça, y z-ont d’l’argent, Y’ont pas besoin d’la Saint-Vincent. Écoutez-moi, mes amis, Où-c’que vous êtes, restez-y. Les gens qui crèvent de faim, Montréal en a déjà plein. Nos habitants sont contents De voir arriver le printemps. Avec leur femme et leurs enfants, S’en vont travailler aux champs. De l’orgueil, il y en a pas. Ah! mais parlez-moi donc d’ça! Quand l’hiver est arrivé, Y’ont qu’que chose pour manger. Gardez vos enfants chez vous Pour faire des habitants comme vous. C’est mieux que d’courir les rues Et de passer leur temps aux p’tites vues. Tout en cultivant leurs champs, Ils développent leurs talents. C’est avec ces gens-là, Qu’a prospéré not’Canada. (Enregistrée le 3 février 1931) Pour écouter la chanson jusqu’à la fin, ne pas cliquer.

 «Parce qu’elle est fière de ce qu’elle est, parce qu’elle n’a pas craint

«Parce qu’elle est fière de ce qu’elle est, parce qu’elle n’a pas craint de s’afficher sans artifice, parce qu’elle dit tout haut ce que son peuple pense tout bas, parce qu’elle est aussi une mère de famille bien ordinaire, Madame Édouard Bolduc devient l’idole de t 0 us les démunis, de toutes les victimes de la crise, de tous ceux qui triment dur dans les usines pour des salaires de famine, de toutes celles qui élèvent une "trâlée" d’enfants dans des conditions misérables. » Madame Édouard Bolduc en 1930.

Madame Bolduc et ses enfants (Réal, Denise, Fernande et Lucienne) en vacances en Ontario

Madame Bolduc et ses enfants (Réal, Denise, Fernande et Lucienne) en vacances en Ontario en 1930.

Madame Bolduc avec ses filles Lucienne et Fernande en vacances en Ontario (1930).

Madame Bolduc avec ses filles Lucienne et Fernande en vacances en Ontario (1930).

Édouard Bolduc et son épouse Mary avec leur Dodge 1931.

Édouard Bolduc et son épouse Mary avec leur Dodge 1931.

Et la vie de couple? On en sait peu de choses. À cette époque,

Et la vie de couple? On en sait peu de choses. À cette époque, c’était le mari qui était le chef de famille et qui ramenait l’argent à la maison. Or, voilà que c’est Madame Bolduc qui devient «le» pourvoyeur du ménage. En l’espace de deux ans, elle est passée de «femme au foyer» à artiste célèbre. Mais selon la mentalité du temps, Édouard ne peut devenir «homme d’intérieur» . Madame Bolduc assumera donc les deux rôles. «Mary n’a jamais voulu porter les pantalons d’Édouard. Elle fait très bien la distinction entre gagner de l’argent et assumer le rôle qu’elle attribue à l’homme; Édouard a plus de difficultés, ce qui cause une bonne partie de leurs problèmes. » Mais on n’en sait guère plus.

Arthimise marie le bedeau Ah! c’est la belle Arthimise qui voulait se marier Une

Arthimise marie le bedeau Ah! c’est la belle Arthimise qui voulait se marier Une fois rendue à l’église, elle trouvait plus son cavalier. On fit venir le bedeau pour prendre la place du marié Et lui qui est pas nigaud a consenti sans s’faire prier. Après la cérémonie, Arthimise qui a bon cœur Dit : «Ben, je vous remercie de m’avoir sauvée du malheur. » «Y a pas de quoi, dit l’bedeau, j’suis à votre disposition Je reviendrai tantôt et j’finirai la tractation. » Mais ce fut une vraie surprise de voir arriver soudain Le cavalier d’Arthimise qui s’était trompé de ch’min. Arthimise en le voyant lui dit : «Je vous voirai betôt Excuse-moi un instant faut qu’jaille dire bonsoir au bedeau. » (Enregistrée le 29 janvier 1930) Pour écouter la chanson jusqu’à la fin, ne pas

Simone De Varennes et Madame Bolduc, déguisée en capitaine (1931) Raoul Léry et Madame

Simone De Varennes et Madame Bolduc, déguisée en capitaine (1931) Raoul Léry et Madame Bolduc (1932)

Madame Bolduc et ses filles Denise et Fernande (1932)

Madame Bolduc et ses filles Denise et Fernande (1932)

Vers la fin des années trente, la grande heure de gloire de Madame Édouard

Vers la fin des années trente, la grande heure de gloire de Madame Édouard Bolduc commence à s’estomper. Comme le souligne son biographe David Lonergan, ses chansons se répétaient, sa musique et ses arrangements musicaux n’avaient pas évolué au fil des ans. Or, toute la musique populaire allait connaître une transformation profonde dans les années précédant la Deuxième Guerre mondiale. Une nouvelle chanson prenait forme avec Maurice Chevalier, Tino Rossi, Édith Piaf, Charles Trenet. Le jazz américain devenait mondial. Et des Canadiens français comme Jean Lalonde, Fernand Robidoux, Robert L’Herbier et Lucille Dumont se mettaient à adapter les chansons américaines ou à reprendre les succès français. Dans le milieu populaire, le folklore cédait peu à peu sa place au western. Bref, les compositions de Madame Bolduc perdaient de leur actualité. Les acheteurs de ses disques se faisaient plus rares. Mais dans les milieux ruraux, elle demeurait néanmoins très populaire et elle continuait de faire salle comble lors de ses tournées et de ses spectacles. «Elle ne chantera plus qu’occasionnellement à Montréal alors qu’elle continuera à connaître le succès dans le milieu rural et en Nouvelle. Angleterre; un milieu rural qui se vide de sa jeunesse tandis que la jeunesse de la Nouvelle-Angleterre s’américanise rapidement : les spectateurs de Mary vieillissent avec elle…»

La tournée de 1936. De gauche à droite, à l’arrière : Madame Bolduc, Armand

La tournée de 1936. De gauche à droite, à l’arrière : Madame Bolduc, Armand Lacroix, Jean Grimaldi et André Carmel. À l’avant : Colette Ferrier et Manda Parent.

En 1937, lors d’une tournée qui devait l’amener en Gaspésie, l’automobile dans laquelle Madame

En 1937, lors d’une tournée qui devait l’amener en Gaspésie, l’automobile dans laquelle Madame Bolduc prenait place comme passagère est impliquée dans un grave accident à Rimouski. Elle subit une commotion cérébrale et une double fracture de la jambe droite; elle a le nez cassé et de fortes contusions. Hospitalisée à Rimouski, les médecins découvrent qu’elle a une tumeur. Les assureurs refusent de l’indemniser, prétextant que la responsabilité des conducteurs impliqués n’est pas clairement établie. Femme mariée, Madame Bolduc ne peut selon la loi intenter de poursuite judiciaire à moins de se faire reconnaître «marchande publique» , ce qu’elle fait. La cause traîne en longueur pendant des années. Finalement, la cour ne lui accordera que 250 $ pour perte de revenus professionnels. Paradoxalement, Édouard qui avait décidé à son tour d’intenter une poursuite judiciaire recevra un dédommagement de 1 240$.

Après son accident, Madame Bolduc ne parvient pas à récupérer. Elle souffre d’aphasie et

Après son accident, Madame Bolduc ne parvient pas à récupérer. Elle souffre d’aphasie et de perte de mémoire. Au procès, elle révèle avoir de plus en plus de difficulté à écrire. Puis le 14 janvier 1938, elle est opérée pour sa tumeur. Celle-ci s’avère maligne. Elle a un cancer. On l’opère une seconde fois pour tenter d’enlever la tumeur au complet, mais c’est peine perdue. Dès le mois de mars, elle commence à recevoir des traitements de radium à l’Institut du radium, ce qui ralentit la progression de la maladie. Elle tente de cacher sa souffrance à ses enfants et se cache dans la salle de bain pour prendre ses médicaments. Devinant qu’elle n’en a plus pour très longtemps, elle passe outre aux conseils de prudence et elle décide de repartir en tournée.

À l’été 1940, elle amorce une tournée de trois semaines en Abitibi. Ce sera

À l’été 1940, elle amorce une tournée de trois semaines en Abitibi. Ce sera sa dernière. Les comédiens qui l’accompagnent savent qu’elle est malade mais ignorent la nature exacte de son mal. Elle revient à Montréal très affaiblie. Le cancer s’est généralisé et les traitements ont perdu leur efficacité. Elle est hospitalisée le 19 décembre 1940. Elle ne ressortira pas. 1940 : la dernière tournée. Madame Bolduc, Simonne De Varennes et Juliette Pétrie.

 «Elle ne se plaint pas et remonte même le moral des autres patients.

«Elle ne se plaint pas et remonte même le moral des autres patients. Elle leur joue de la musique à bouche et chante tant qu’elle en a la capacité. À chaque jour, le cancer paralyse une nouvelle partie de son corps. Malgré tout, elle garde son sourire et console ses enfants qui la voient dépérir. Le 5 février 1941, elle écrit une dernière lettre à [sa fille] Denise. Elle n’arrive plus à contrôler ses mouvements et les six lignes du texte couvrent deux pages. Le 20 février 1941, Mary s’éteint sereinement, habitée par l’espérance que lui donne sa foi. Son corps est exposé au salon funéraire Provencher et le service funèbre a lieu le 24 à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus. Les journaux soulignent peu la mort de Madame Édouard Bolduc et seul Henri Letondal lui rend l’hommage qu’elle mérite. Un peu avant de mourir, elle avait exprimé le souhait d’être enterrée à Newport. Malgré le désir des enfants de respecter ce choix, Édouard la fait enterrer au cimetière de la Côte-des-Neiges. »

La dernière photo de Madame Bolduc (1940).

La dernière photo de Madame Bolduc (1940).

Soixante-dix ans après sa mort, survenue à l’âge de 46 ans, que retenir du

Soixante-dix ans après sa mort, survenue à l’âge de 46 ans, que retenir du passage de Madame Édouard Bolduc dans le firmament artistique québécois? ● D’abord une imposante discographie. Seulement entre 1929 et 1939, elle a enregistré 46 disques. Des disques d’abord gravés sur des 78 tours, puis qui ont été ensuite repris sur des 33 tours, des 45 tours, et maintenant sur des CD. ● Une survivance aux modes et aux chansons. Ses mélodies reviennent périodiquement sur le palmarès, interprétées par des artistes de la relève. ● Encore aujourd’hui, à l’approche des fêtes du Nouvel An par exemple, les radios refont jouer ses plus grands succès.

Soixante-dix ans après sa mort, survenue à l’âge de 46 ans, que retenir du

Soixante-dix ans après sa mort, survenue à l’âge de 46 ans, que retenir du passage de Madame Édouard Bolduc dans le firmament artistique québécois? ● Mais c’est peut-être la reconnaissance dont elle fait maintenant l’objet qui lui rend le plus justice. En effet, elle est aujourd’hui considérée comme la première auteurecompositeure-interprète de la chanson québécoise. Il a fallu attendre plusieurs décennies pour qu’une autre femme ait autant d’importance qu’elle dans la chanson québécoise. ● Féministe avant l’heure, on estime qu’elle a participé au cheminement des femmes du Québec. «Par les gestes qu’elle a posés, par les chansons qu’elle a écrites, elle a témoigné son propre de cheminement comme être humain général en comme et femme en particulier. » ● La Société canadienne des postes lui a même rendu hommage en émettant un timbre à son effigie. Et dans son village natal de Newport, un musée lui est consacré.

Soixante-dix ans après sa mort, survenue à l’âge de 46 ans, que retenir du

Soixante-dix ans après sa mort, survenue à l’âge de 46 ans, que retenir du passage de Madame Édouard Bolduc dans le firmament artistique québécois? ● Mais le plus grand hommage réside peut-être dans la façon dont tout le monde la désigne désormais. Plus personne aujourd’hui ne parle de «Madame Édouard Bolduc» , qui est pourtant le seul nom avec lequel elle a fait carrière. Maintenant, on dit «LA Bolduc» . En faisant ainsi précéder son nom de la particule «LA» , c’est un peu comme si on avait voulu conférer une aura de noblesse à cette grande dame de la chanson québécoise. Elle demeure l’une des seules artistes du Québec à avoir reçu un tel hommage. ● Il n’est sans doute pas inutile de signaler que le 1 er juillet 2011, à l’occasion de la Fête du Canada, le grand spectacle sur la colline parlementaire, à Ottawa, a débuté avec un hommage à La Bolduc pour souligner le 70 e anniversaire de son décès; on y a interprété quelques-uns de ses grands succès. Le tout devant des caméras du monde entier qui couvraient la visite au pays du prince William et de la duchesse de Cambridge. Pas mal comme consécration (n’est-ce pas? ) pour la petite Mary Ann Travers de Newport qui se décrivait comme une «Gaspésienne pure laine» et qui avait un jour déclaré à sa fille Fernande qu’elle n’aurait jamais honte d’être une «mangeuse de morue» (une expression peu flatteuse dont on a longtemps désigné les Gaspésiens).

En 1972, le pianiste et compositeur André Gagnon rappelle La Bolduc à notre mémoire

En 1972, le pianiste et compositeur André Gagnon rappelle La Bolduc à notre mémoire en enregistrant «Les turluteries» , des variations au piano inspirées de Bach et de onze chansons de La Bolduc. Ce sera une façon très originale de reproduire en version instrumentale, avec des arrangements baroques , des aspects insoupçonnés des mélodies de La Bolduc. C’est avec «Bourrée en sol majeur» d’André Gagnon que débutait ce diaporama. Il se terminera avec «Réjouissance» , où nous décelons facilement les airs de La Bolduc derrière une pièce aux allures de musique classique. Mary Rose Travers aurait sans doute été la première surprise si on lui avait dit un jour qu’on réussirait, à partir de ses mélodies toutes simples, à créer des œuvres classiques…

Documentation David Lonergan, «La Bolduc – La vie de Mary Travers (1894 -1941)» ,

Documentation David Lonergan, «La Bolduc – La vie de Mary Travers (1894 -1941)» , Bic, Isaac-Dion éditeur, 1992, 215 pages. Texte Tous les textes imprimés en italique dans ce diaporama proviennent de l’ouvrage précité. Photographies Collection Fernande M. -A. Bolduc, Musée de la Gaspésie. La plupart des photos figurant dans ce diaporama proviennent de l’ouvrage précité; plusieurs de ces photos se trouvent également sur le Web. Musique Chansons de la Bolduc. André Gagnon, «Les turluteries» . Conception R. Day Avril 2012

On peut voir un certain nombre de mes diaporamas sur : http: //www. imagileonation.

On peut voir un certain nombre de mes diaporamas sur : http: //www. imagileonation. com/