Chapitre 12 Les transformations de la structure sociale

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Chapitre 12 Les transformations de la structure sociale depuis le 19 ième siècle ESH

Chapitre 12 Les transformations de la structure sociale depuis le 19 ième siècle ESH ECE 1 Camille Vernet 2017 -2018 Nicolas Danglade

1. La dynamique des classes populaires depuis le 19ème siècle 1. 1 La classe

1. La dynamique des classes populaires depuis le 19ème siècle 1. 1 La classe ouvrière : un poids déterminant au sein des classes populaires jusqu’aux années 1970 1. 2 L’effacement progressif de la classe ouvrière : des années 1970 à aujourd’hui 1. 3 Une recomposition des classes populaires

1. 1 La classe ouvrière : un poids déterminant au sein des classes populaires

1. 1 La classe ouvrière : un poids déterminant au sein des classes populaires jusqu’aux années 1970 1. 1. 1 Une classe ouvrière difficilement identifiable en France durant les trois premiers quarts du 19ème siècle Les ouvriers dans la société française (1986) Gérard Noiriel Ouvriers de l’industrie urbaine artisanale : Ils sont qualifiés, possèdent leurs moyens de production Échappent à la misère sociale du 19 ième siècle Ouvriers paysans : Travail à domicile avec leurs propres outils (putting out system) Durant périodes de moindre activité agricole Ouvriers exerçant dans les fabriques industrielles : Non qualifiés Travaillent dans les grandes firmes industrielles mécanisées = misère sociale

 • La Question sociale du 19 ième concerne les ouvriers de l’industrie urbaine

• La Question sociale du 19 ième concerne les ouvriers de l’industrie urbaine « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie » Louis-René Villermé, 1840

 • Les spécificités de la classe ouvrière en France jusque de la seconde

• Les spécificités de la classe ouvrière en France jusque de la seconde moitié du 19 ième siècle - Une industrialisation tardive - Un poids croissant mais minoritaire dans la population active - Des situations de travail manufacturé très différentes • Conséquence : cette hétérogénéité et le poids encore dominant du monde agricole expliquent la faiblesse de la mobilisation politique ouvrière

Document : population active rurale et population agricoles depuis le début du 19 ième

Document : population active rurale et population agricoles depuis le début du 19 ième siècle Source : Claude Thélot et Olivier Marchand « Deux siècles de travail en France » , Etudes Insee, 1991

Document population active non agricole

Document population active non agricole

Document : évolution des secteurs de la population active en %

Document : évolution des secteurs de la population active en %

Document : évolution de la population active par grandes catégories professionnelles en %

Document : évolution de la population active par grandes catégories professionnelles en %

 • Les ouvriers durant la première moitié du 19 ième siècle : -

• Les ouvriers durant la première moitié du 19 ième siècle : - Un groupe qui n’est pas majoritaire au sein de la population active - Un groupe hétérogène - Un groupe peu mobilisé (car diversité des intérêts) - Conséquence : ce groupe ne forme pas une classe sociale - Un définition de la notion de classe sociale ?

Une classe sociale (Karl Marx) Un groupe constitué d’individus partageant une même situation même

Une classe sociale (Karl Marx) Un groupe constitué d’individus partageant une même situation même culture (même façon « objective » de penser, pratiques …) Un groupe mobilisé pour défendre ses intérêts La conscience de classe pousse à l’action collective

Une classe sociale (K. Marx) Un groupe constitué d’individus partageant une même situation «

Une classe sociale (K. Marx) Un groupe constitué d’individus partageant une même situation « objective » Un groupe mobilisé pour Un groupe constitué défendre ses intérêts d’individus partageant une La conscience de classe même culture (même façon pousse à l’action collective de penser, pratiques …) Une « classe en soi » Une « classe pour soi »

 • Comment les ouvriers sont-ils devenus la classe ouvrière ? • Comment la

• Comment les ouvriers sont-ils devenus la classe ouvrière ? • Comment la classe ouvrière est-elle devenue le symbole des classes populaires (au point où classes populaires = classe ouvrière) ?

1. 1. 2 L’émergence de la classe ouvrière : 1880 -1930 • Fin du

1. 1. 2 L’émergence de la classe ouvrière : 1880 -1930 • Fin du 19 ième siècle, concentration économique des entreprises = apparition des grandes firmes « fordistes » qui supplante les petites productions artisanales • Les ouvriers non agricoles représentent 30% de la population active en 1931, contre moins de 20% en 1881 • La condition ouvrière s’homogénéise = autour de la figure de l’ouvrier d’usine urbain • Conséquence : unification du monde ouvrier = émergence d’une « conscience » ouvrière autour de problèmes communs

 • L’essor du mouvement ouvrier s’appuie sur l’évolution des institutions et sur l’action

• L’essor du mouvement ouvrier s’appuie sur l’évolution des institutions et sur l’action collective : - Droit du travail : légalisation de la grève en 1864, la reconnaissance des syndicats en 1884 (création de la CGT en 1885), la création des bourses du travail - Droit social : création des mutuelles ouvrières dès le milieu du 19 ième siècle ; la loi sur les accidents du travail est votée en 1898 - Action politique : création de la SFIO en 1905 (qui donnera plus tard naissance au parti socialiste et au parti communiste français lors du congrès de Tours 1921) - Média : L’Humanité est créée en 1904 par Jean Jaurès et Le Cri du peuple en 1871 par Jules Vallès.

Fin 19 ième siècle : concentration technique des entreprises Grandes firmes « fordistes »

Fin 19 ième siècle : concentration technique des entreprises Grandes firmes « fordistes » et séparation conception/exécution L’ouvrier d’usine remplace les autres formes de travail ouvrier Uniformisation de la condition ouvrière autour de la figure de l’ouvrier d’usine urbain (situation objective = travail salarié d’exécution) Développement d’une conscience de classe Evolution des institutions : Droit du travail et droit social - 1864 droit de grève - 1884 droit syndical - Création des mutuelles ouvrières Action collective : - Syndicats ouvriers - Partis politiques Presse : L’Humanité 1904 Le cri du peuple 1871

1. 1. 3 L’apogée de la classe ouvrière : 1930 -1970 • Numériquement :

1. 1. 3 L’apogée de la classe ouvrière : 1930 -1970 • Numériquement : 8 millions d’ouvriers en 1975, qui représentent alors 36 % des actifs. • Mobilisation et action collective : centralité de la question ouvrière - En mai 1936, le Front populaire gagne les élections législatives - accords Matignon : droit syndical au sein de l’entreprise ; conventions collectives; semaine de 40 heures ; 15 jours de congés payés - généralisation de la Sécurité sociale en 1945 - Création du SMIG en 1950 - Le PCF et la CGT, représentants du monde ouvrier dans l’arène publique = multiplication des « conflits du travail » = représentation d’un groupe unifié et porteur de transformations sociales

 • Le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière : - Elle se structure

• Le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière : - Elle se structure autour d’un « groupe central » dont les figures de proue sont les métallos, les mineurs, les cheminots - le fer de lance des luttes sociales et politiques (Résistance, grandes grèves de 1947/48, de 1953/54) = le groupe se constitue dans le conflit

Apogée de la classe ouvrière Poids numérique La CGT et le PCF portent la

Apogée de la classe ouvrière Poids numérique La CGT et le PCF portent la mobilisation collective L’amélioration de la condition ouvrière s’obtient par le conflit Les figures de proue : métallos, mineurs, cheminots

En résumé • A partir des années 1930, convergence de trois phénomènes : -

En résumé • A partir des années 1930, convergence de trois phénomènes : - une période de prépondérance numérique - un moment de l’histoire française marquée par la place centrale de la question ouvrière sur la scène sociale et politique - une époque de valorisation « conflictuelle » de l’ouvrier et de sa « classe » .

 • L’évolution de la place des ouvriers dans le monde politique : l’ouvriérisme

• L’évolution de la place des ouvriers dans le monde politique : l’ouvriérisme - A la fin du 19 ième siècle, les ouvriers sont illégitimes en politique : les élus (parlementaires ou municipaux) sont, avant tout, des notables et des membres des professions libérales - La scission de la SFIO (organisation socialiste) en 1921, qui donne naissance au Parti communiste français marque une volonté de valoriser les qualités ouvrières (l’ouvriérisme). - En 1937, 50% des membres du comité central sont ouvriers, et seulement 10% sont cadres ou professions intellectuelles.

 • Le Parti communiste en tant que force militante et électorale : -

• Le Parti communiste en tant que force militante et électorale : - La seconde guerre mondiale et la Résistance renforcent considérablement l’organisation communiste - Le PCF réalise une combinaison : travail de terrain inscrit dans la vie quotidienne + formes d’encadrement de la vie locale + liens étroits avec le monde syndical - L’action à l’usine se prolonge dans l’espace local = le communisme municipal (les banlieues rouges) - PCF : l’effectif revendiqué atteint 800 000 personnes en 1946, chute à 300 000 en 1960 puis remonte à 500 000 en 1978. Le PCF est ainsi le premier parti en termes de militants. Près de la moitié des ouvriers qui votent accordent leurs suffrages au PCF

 • Le syndicalisme ouvrier : - La CGT est la principale organisation syndicale

• Le syndicalisme ouvrier : - La CGT est la principale organisation syndicale après-guerre avec plus de 5 millions de membres entre 1945 et 1948 puis environ 2 millions en 1957 - d’autres organisations se réclament également des intérêts de la classe ouvrière : c’est notamment le cas des courants catholiques (Jeunesse ouvrière chrétienne, Action catholique ouvrière, CFTC) et des mouvements d’extrême gauche (trotskistes, maoistes …).

 • PCF + syndicalisme = la socialisation politique en milieu ouvrier Une enquête

• PCF + syndicalisme = la socialisation politique en milieu ouvrier Une enquête de 1978 citée dans Guy Michelat et Michel Simon « Les ouvriers et la politique. Permanence, ruptures, réalignements » (2004) • Comme le dit une vendeuse salariée de 18 ans, quand on vit comme on vit et comment on a vu vivre ses parents, on sait de quel « bord » on est. Si on veut une vie meilleure pour soi et pour les autres, le choix politique est simple. Si on est ouvrier, on se situe à gauche. • Plusieurs enquêtés relatent la façon dont cette expérience de la vie les a amenés à une « prise de conscience » inséparablement sociale et politique : « J’avais un patron qui lisait Le Figaro en ce temps-là. J’avais été lui demander une augmentation, il m’a dit : « si ça te plait pas, tu peux t’en aller » . C’est là que j’ai eu l’occasion de rentrer aux chemins de fer, je suis parti … Voyez, le patron, tout de suite, c’était le patron, pourtant c’était un petit patron, alors je me demande ce que ça doit être les gros patrons »

 • Cet antagonisme de classe est résumé par la formule de Richard Hoggart

• Cet antagonisme de classe est résumé par la formule de Richard Hoggart (sociologie britannique): « Eux et Nous »

 • Le vote de classe durant les années 1950 -1970 + Gauche Salariés

• Le vote de classe durant les années 1950 -1970 + Gauche Salariés Position hiérarchique dans l’entreprise subalterne + droite Non-salariés Position hiérarchique dans l’entreprise dominante

 « Peut-on parler des classes populaires ? » (2011) Olivier Schwartz La classe

« Peut-on parler des classes populaires ? » (2011) Olivier Schwartz La classe ouvrière : fin du 19 ième siècle aux années 1970 Une position professionnelle socialement dominée Une culture de classe Une mobilisation et des actions collectives pour défendre ses intérêts (conflits du travail) Hégémonie de la classe ouvrière au sein des classes populaires La classe ouvrière représente les groupes sociaux occupant une place économiquement et socialement dominée : en bas de l’échelle de qualification, position d’exécution, faible mobilité sociale ascendante La culture ouvrière représente la culture des groupes sociaux possédant une culture dominée (moins légitime que celle des classes dominantes)

1. 2 L’effacement progressif de la classe ouvrière : des années 1970 à aujourd’hui

1. 2 L’effacement progressif de la classe ouvrière : des années 1970 à aujourd’hui 1. 2. 1 Les indicateurs d’une classe moins mobilisée a) Baisse du nombre de journée de grèves : 6 millions en 1963; 150 millions en 1968; entre 250 000 et 500 000 depuis le milieu des années 1990 b) Baisse de la syndicalisation : 30% de syndiqués en 1945, 8% depuis le début des années 1990. Des écarts : 15% dans le public, 5% dans le privé

Source : D. Andolfatto & D. Labbé « Sociologie des syndicats » La découverte

Source : D. Andolfatto & D. Labbé « Sociologie des syndicats » La découverte p. 29 (2007)

c) L’effondrement de la représentation politique du groupe des ouvriers : - Michel Verret

c) L’effondrement de la représentation politique du groupe des ouvriers : - Michel Verret évoque une « classe fantôme » ; Les classes populaires sont devenues un « monde défait » - Hausse de l’abstention : corrélée avec la précarité de l’emploi, le chômage, les inégalités de diplôme, le revenu et le patrimoine, la part des familles monoparentales, qui touchent davantage les ouvriers et les employés que dans d’autres groupes sociaux (accentuation depuis les années 1980) - Fin du « vote de classe »

 • La fin du « vote de classe » ? Source : Guy

• La fin du « vote de classe » ? Source : Guy Michelat et Michel Simon « Les ouvriers et la politique. Permanence, ruptures, réalignements » (2004) - Ce sont les ouvriers qui s’abstiennent le plus (ce qui n’était pas le cas dans les années 1970) - Durant les années 1980, parmi les électeurs ouvriers et/ou enfants d’ouvriers, les votes à gauche sont toujours majoritaires mais le PCF décline au profit du PS - Durant les années 1990 est caractérisée par une baisse des votes à gauche dans leur ensemble et hausse du vote à l’extrême droite

 • Vote extrême droite, pourquoi ? Guy Michelat et Michel Simon « Les

• Vote extrême droite, pourquoi ? Guy Michelat et Michel Simon « Les ouvriers et la politique. Permanence, ruptures, réalignements » (2004) - la crainte du chômage, celle d’être agressé, l’inquiétude pour les acquis sociaux, le sentiment de « mal vie » majorent les chances de voter pour l’extrême droite. - quand s’établit dans les esprits une relation causale entre, d’une part, ces facteurs de frustration et d’anxiété, et d’autre part, la présence des immigrés, il y a vote significatif ou fréquent pour l’extrême droite. - Sinon, il n’y a pratiquement pas de vote frontiste chez les ouvriers.

Vote ouvrier présidentiel 2017

Vote ouvrier présidentiel 2017

Vote au 1 er tour de la présidentielle 2017 selon le sentiment sur l’avenir

Vote au 1 er tour de la présidentielle 2017 selon le sentiment sur l’avenir de sa profession

Vote au 1 er tour de la présidentielle 2017 selon le niveau d’aisance financière

Vote au 1 er tour de la présidentielle 2017 selon le niveau d’aisance financière

 • le vote frontiste est d’autant plus fréquent qu’on appartient davantage à la

• le vote frontiste est d’autant plus fréquent qu’on appartient davantage à la classe ouvrière. On retrouve là des caractéristiques qui en font un phénomène original, en rupture avec tout ce qu’on connaît de l’histoire politique française, au moins depuis la fin du 19 ième siècle. • = La fin du vote de classe

Un nouveau vote FN ? • L’ENQUE TE E LECTORALE FRANC AISE : COMPRENDRE

Un nouveau vote FN ? • L’ENQUE TE E LECTORALE FRANC AISE : COMPRENDRE 2017 • Sciences Po; CEVIPOF Pascal Perrineau (décembre 2015) • Vote « traditionnel » FN : immigration comme source des difficultés éco et sociale • Vote sur enjeu : les attentats terroristes qui attire de nouveaux électeurs

 • Un électorat traditionnel : - À dominante masculine - 25 -65 ans

• Un électorat traditionnel : - À dominante masculine - 25 -65 ans - Couches populaires et indépendants - Peu diplômés - En bas de l’échelle des revenus

 • Un nouvel électoral porté par un « vote sur enjeu » :

• Un nouvel électoral porté par un « vote sur enjeu » : immigration/sécurité au cœur de l’agenda politique (attentats) • Classes moyennes salariées du privé • Classes moyennes salariées du public • Agriculteurs exploitants • Au-delà du vote sur enjeu : un phénomène plus structurant = professions en déclin ?

En résumé : fin de l’âge d’or de la classe ouvrière • Baisse du

En résumé : fin de l’âge d’or de la classe ouvrière • Baisse du nombre d’ouvriers • Baisse du nombre de conflits du travail • Déclin du vote de classe

Évolution population active (INSEE)

Évolution population active (INSEE)

 • Pourtant, il y a toujours 6, 3 millions d’ouvriers qui représentent 27%

• Pourtant, il y a toujours 6, 3 millions d’ouvriers qui représentent 27% de la population active (+ les retraités anciens ouvriers) • Plus qu’une disparition de la classe ouvrière, il faut parler d’un « effacement » = elle est de moins en moins visible = de moins en moins une « classe pour soi » • Les formes de mobilisation et d’actions collectives qui la caractérisaient ont quasiment disparu : pourquoi ?

1. 2. 2 Expliquer l’ « effacement » de la classe ouvrière a) Les

1. 2. 2 Expliquer l’ « effacement » de la classe ouvrière a) Les transformations du monde professionnel - Recul des effectifs ouvriers : automatisation, tertiarisation et concurrence internationale - Disparition des figures centrales du mouvement ouvrier : les métallurgistes, les sidérurgistes ou les mineurs - Hausse du recours à la sous-traitance différencie fortement les positions statutaires des ouvriers (stables/ précaires) - Essor des métiers ouvriers non industriels (transport, logistique, artisanat) sont en plein essor - Recomposition du monde ouvrier : recruter des ouvriers d’un nouveau type qui sont bien plus diplômés que les ouvriers traditionnels

Niveau de diplôme de la population active (INSEE)

Niveau de diplôme de la population active (INSEE)

b) L’explosion scolaire : - Généralisation de l’entrée des fils d’ouvriers dans le secondaire

b) L’explosion scolaire : - Généralisation de l’entrée des fils d’ouvriers dans le secondaire et hausse de la fluidité sociale c) L’évolution du niveau du vie : l’ouvrier d’abondance (Golthorpe) - Hausse du pouvoir d’achat - déprolétarisation d’une partie notable du monde ouvrier : la pauvreté recule, la condition ouvrière n’est plus synonyme de précarité générale d) La disparition du travail de mobilisation : - processus de « désaffiliation politique » e) Des nouveaux mouvements sociaux qui font concurrence aux conflits du travail : la question des inégalités se déplace - Problématiques de diversité, d’égalité hommes-femmes, d’enjeux écologiques, d’identités régionales, etc. La lutte contre les discriminations devient une priorité, celle contre les inégalités l’est moins. Mouvements des « sans » . «Ethnicisation des rapports sociaux »

Effacement de la classe ouvrière ? Baisse de la conscience ouvrière ? Transformation du

Effacement de la classe ouvrière ? Baisse de la conscience ouvrière ? Transformation du monde ouvrier = + d’hétérogénéité Hausse du niveau de vie et de l’accès au diplôme Concurrence de nouveaux mouvements sociaux Effondrement du travail de socialisation effectué par le PCF ou la CGT

 • Si la classe ouvrière est numériquement plus faible, et surtout moins mobilisée,

• Si la classe ouvrière est numériquement plus faible, et surtout moins mobilisée, qu’en est-il des classes populaires ?

1. 3 Une recomposition des classes populaires 1. 3. 1 Un groupe peu homogène

1. 3 Une recomposition des classes populaires 1. 3. 1 Un groupe peu homogène : les classes populaires vs la classe populaire Classe populaire = ouvriers + employés Mais : - Hétérogénéité du groupe des ouvriers - Hétérogénéité du groupe des employés

 • Les ouvriers : un groupe hétérogène - L’ethnographie des relations de travail

• Les ouvriers : un groupe hétérogène - L’ethnographie des relations de travail révèle que le clivage « stables/précaires » ou « embauchés/extérieurs » joue un rôle structurant dans les relations internes au salariat subalternes. Un clivage de la sous-traitance : le développement de l’intérim comme de la sous-traitance dans l’industrie ont ajouté au clivage de la qualification, un clivage lié au statut d’emploi, les ouvriers non qualifiés étant bien plus exposés au chômage, à l’intérim et la sous-traitance que les ouvriers qualifiés. - Un clivage des qualifications : la création du bac professionnel au milieu des années 1980 (…) a contribué à recomposer la structure du groupe ouvrier. Le niveau de diplôme requis pour les emplois les plus qualifiés dans l’industrie s’est élevé. Ainsi les postes d’ouvriers qualifiés reviennent-ils de plus en plus aux détenteurs d’un bac professionnel au détriment de ceux qui n’ont qu’un CAP ou un BEP.

 • Les employés: un groupe hétérogène - Les employés de service, de commerce

• Les employés: un groupe hétérogène - Les employés de service, de commerce et les aides à domicile occupent des positions plus précaires que les autres - On retrouve le clivage des qualifications et du contrat de travail

1. 3. 2 Un groupe encore numériquement dominant • Ouvriers et employés demeurent majoritaires

1. 3. 2 Un groupe encore numériquement dominant • Ouvriers et employés demeurent majoritaires dans la population active : ils représentent près de 15 millions de personnes, au sein d’une population active qui en compte 28 millions • Le poids des ouvriers et employés dans la population est encore plus net si l’on prend en compte les retraités (les « anciens actifs » )

1. 3. 3 Un groupe qui occupe toujours des positions subalternes • Ouvriers et

1. 3. 3 Un groupe qui occupe toujours des positions subalternes • Ouvriers et employés occupent des emplois subalternes qui les placent dans une position dominée dans la hiérarchie du travail: - les plus exposés au chômage - les plus exposés aux contrats précaires - les plus exposés à la pénibilité physique et à la pénibilité mentale - un travail qui reste sous contrôle (plus de la clientèle que de la hiérarchie) - des possibilités de promotion interne rares

Source : Michel Gollac, Serge Volkoff, Loup Wolff, Les conditions de travail, Repères, La

Source : Michel Gollac, Serge Volkoff, Loup Wolff, Les conditions de travail, Repères, La Découverte, 2014

 • Employés et ouvriers occupent une position inférieure dans l’échelle des ressources économiques

• Employés et ouvriers occupent une position inférieure dans l’échelle des ressources économiques - inégalités de revenus - inégalités de patrimoine : en 2010, les 10 % des ménages les mieux dotés concentrent 48 % du patrimoine, les 50 % les moins dotés, parmi lesquels on retrouvent massivement les employés, et les ouvriers, seulement 7 %.

 • En résumé, les classes populaires, un groupe hétérogène mais des points communs

• En résumé, les classes populaires, un groupe hétérogène mais des points communs à l’ensemble des membres du groupe = situations objectives - Occuper des positions subalternes dans l’organisation - Partager une précarité et une pénibilité au travail plus élevée que les autres PCS - Partager un niveau de revenu et de patrimoine plus faible

 • Les classes populaires partagent aussi des pratiques communes = donc une même

• Les classes populaires partagent aussi des pratiques communes = donc une même culture

 • Des pratiques de consommation qui ont des conséquences sur la santé :

• Des pratiques de consommation qui ont des conséquences sur la santé : - En 2000, les fumeurs quotidiens représentent en moyenne 33% des hommes de plus de 15 ans (contre 45% en 1980). 45% des ouvriers sont fumeurs, ainsi que 37% des employés mais 31% des cadres. Cette différenciation vaut également pour la consommation d’alcool. (…) - En ce qui concerne l’obésité, qui favorise les maladies et décès précoces, les écarts entre PCS se creusent depuis les années 1980. Ainsi en 2003, on rencontre 13% de personnes obèses parmi les ouvriers, 11% parmi les employés, 8% parmi les professions intermédiaires et 6% parmi les cadres.

 • Les employés et les ouvriers se caractérisent par un éloignement par rapport

• Les employés et les ouvriers se caractérisent par un éloignement par rapport au capital culturel : - Inégalités d’accès au diplôme - Éloignement des pratiques culturelles « légitimes »

 • Mobilité sociale et choix du conjoint : - Plus d’un fils d’ouvrier

• Mobilité sociale et choix du conjoint : - Plus d’un fils d’ouvrier sur deux devient soit ouvrier, soit employé = même si la fluidité sociale augmente la reproduction sociale reste élevée - Les ¾ de hommes ouvriers sont mariés avec une femme « ouvrières » ou « employés » = homogamie sociale

 • - Des inégalités cumulatives Revenus / patrimoine Santé / espérance de vie

• - Des inégalités cumulatives Revenus / patrimoine Santé / espérance de vie Accès aux diplômes Logement

 • Conclusion : les classes populaires - un groupe hétérogène (les classes populaires

• Conclusion : les classes populaires - un groupe hétérogène (les classes populaires plutôt que la classe populaire) - Mais derrière cette hétérogénéité, des situations objectives qui distinguent les membres des classes populaires des autres groupes sociaux - Ces caractéristiques = une position inférieure/subalterne dans plusieurs domaines (hiérarchie entreprise, revenus, patrimoine, diplôme, …)

 • Les classes populaires forment-elles une classe sociale ? - Des caractéristiques «

• Les classes populaires forment-elles une classe sociale ? - Des caractéristiques « objectives » d’appartenance - Mais un degré de mobilisation faible = la mobilisation de la classe ouvrière n’a pas été remplacée par une nouvelle mobilisation représentant « les classes populaires » - Pourquoi faible mobilisation : pour des raisons proches de celles qui touchent la classe ouvrière Conclusion = cette absence de mobilisation : les classes populaires (comme la classe ouvrière) forme une « classe en soi » mais pas une « classe pour soi » = un brouillage des classes (Olivier Schwartz)

 • Conséquence : depuis années 1980 une société avec des inégalités toujours importantes,

• Conséquence : depuis années 1980 une société avec des inégalités toujours importantes, qui dans certains domaines se creusent = les revenus par exemple • Pourtant, pas de mobilisation • Observer l’évolution du couple (inégalités/mobilisation classes populaires)

 • « Si les classes sociales sont mortes, où est passé le corps?

• « Si les classes sociales sont mortes, où est passé le corps? » Louis Chauvel

 • Les concepts « classe en soi » / « classe pour soi

• Les concepts « classe en soi » / « classe pour soi » toujours utiles pour s’interroger sur la présence de classes sociales ? • Sommes nous dans une société sans classes ?

2. La dynamique des classes moyennes depuis le 19ème siècle 2. 1 L’évolution de

2. La dynamique des classes moyennes depuis le 19ème siècle 2. 1 L’évolution de la composition des classes moyennes du 19ème siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale • Durant la première partie du 19ème siècle, l’expression « classe moyenne » est synonyme de bourgeoisie : individus qui, disposant de la propriété, veulent exercer leurs talents et s’enrichir par leurs activités et participent à l’activité politique • Dans le dernier tiers du siècle, le pluriel apparaît : tous ceux qui cherchent à échapper au peuple, constitué des ouvriers et des paysans, sans pour autant être certains d’accéder à un statut bourgeois incontestable: - Du côté des indépendants, on retrouve les professions libérales comme les médecins ou les professions juridiques, auxquels s’adjoignent les petits commerçants ainsi que les artisans - Des nouvelles catégories salariées : fonctionnaires; les employés (hausse de la taille des entreprises; grands magasins; banques et assurances )

 • À propos des indépendants Éric Maurin, « ils incarnent un certain idéal

• À propos des indépendants Éric Maurin, « ils incarnent un certain idéal français, épris d’autonomie farouchement individualiste, rétif à l’intervention régulatrice de l’État, mais néanmoins demandeur de protection publique contre l’hégémonie du grand capital et la toute-puissance des “gros”. Ils figurent une philosophie sociale selon laquelle le progrès ne s’obtient pas par la lutte collective contre les classes dominantes, mais au contraire par le travail, le mérite et la promotion individuelle » (Les Nouvelles Classes moyennes, 2012)

 • Durant le 20 ième siècle = prépondérance des nouvelles classes moyennes salariées

• Durant le 20 ième siècle = prépondérance des nouvelles classes moyennes salariées qui supplantent les classes moyennes traditionnelles ; • Le développement des situations professionnelle correspondantes aux « classes moyennes » se développe après 1945 : apparition des cadres et des professions intermédiaires = up-grading de la structure sociale

2. 2 L’émergence d’une civilisation des classes moyennes Une définition extensive des classes moyennes

2. 2 L’émergence d’une civilisation des classes moyennes Une définition extensive des classes moyennes Louis Chauvel Les classes moyennes à la dérive (2006)

 • Louis Chauvel « Les classes moyennes à la dérive » (2006) •

• Louis Chauvel « Les classes moyennes à la dérive » (2006) • « un exemple de structure sociale objectivement friable, mais capable de susciter une prise de conscience et un sentiment d’adhésion puissant, même au sein de populations qui ne devraient en aucune façon s’y assimiler raisonnablement » • En 2005, 75% des français ont le sentiment d’appartenir aux classes moyennes • Pourquoi cette attractivité des classes moyennes ?

 • Les transformations économiques et sociales de l’après guerre font émerger une «

• Les transformations économiques et sociales de l’après guerre font émerger une « civilisation des classes moyennes » : Jean Fourastié dans Le grand Espoir du 20 ième siècle (1949) avait tracé les critères d’une expansion économique porteuse de progrès sociaux : - l’expansion salariale, en particulier aux échelons intermédiaires - la stabilisation des statuts d’emploi - la maîtrise des grands risques sociaux de la vie et de la mort, et la sécurité sociale pour soi et ses proches - l’expansion des diplômes sans inflation des titres et la mobilité ascendante qu’elle permet - la hausse du niveau de consommation et de la capacité à épargner - la certitude d’offrir des études et un emploi meilleurs à la génération suivante

 • Louis Chauvel « Ce qui est essentiel dans la génération 68, ce

• Louis Chauvel « Ce qui est essentiel dans la génération 68, ce n’est pas le mois des barricades, mais le fait que la société française ouvrit l’armoire à confiture aux jeunes bacheliers ou licenciés qui allaient connaître en masse des carrières qui auraient été inimaginables à ceux nés dix ans plus tôt, dans l’enseignement, la recherche publique ou privée, les services sociaux ou de santé, le journalisme, l’édition et bien d’autres secteurs »

 « le faible degré de frustration, qu’elle observait, résultait avant tout du fait

« le faible degré de frustration, qu’elle observait, résultait avant tout du fait que, pour la première (et la dernière) fois dans l’histoire, les aspirations des nouvelles classes moyennes allaient être dépassées par les possibilités sociales de réalisation qui s’ouvraient à elles. »

 « Ce modèle permit de croire au mythe d’une démocratie française égalitaire et

« Ce modèle permit de croire au mythe d’une démocratie française égalitaire et unie où, se défiant des divisions communautaires, au-delà des différences religieuses ou philosophiques, d’origine ethnique ou sociale, et bien évidemment au-delà des différences et des inégalités de genre, chacun avait sa place. »

Les classes moyennes après guerre = un groupe social en expansion, valorisé, optimiste, favorisé

Les classes moyennes après guerre = un groupe social en expansion, valorisé, optimiste, favorisé par la croissance économique Louis Chauvel, La Spirale du déclassement (2016) L’entrée dans une société d’abondance Progrès économique : - Hausse des salaires et des niveaux de vie - Développement de la protection sociale - Consolidation statut de l’emploi - Période de croissance et de chômage faible La culture des classes moyennes = valorisée socialement Libéralisme culturel et individualisme « positif » Progrès social : - Hausse de l’accès au diplôme - Hausse du niveau de qualification et des opportunités d’ascensions professionnelles Action collective Partis politiques : UDF, PS Syndicats : CFDT, CGC Média L’Express (J. J. Servan. Schreiber)

 • Fin des années 1970 / début 1980 - Les classes moyennes deviennent

• Fin des années 1970 / début 1980 - Les classes moyennes deviennent la classe sociale valorisée, celle qui incarne les aspirations de progrès, de réussite sociale (notamment pour enfants milieux populaire) - Elles remplace la classe ouvrière comme élément clé de la structure sociale - Un fort sentiment d’appartenance • Thèse de la moyennisation de la société française : Henri Mendras « La seconde révolution française : 1964 -1984»

 • La thèse de la moyennisation = une société sans « classes sociales

• La thèse de la moyennisation = une société sans « classes sociales » • Une société hiérarchisée/stratifiée mais où les frontières de classes ont disparu

2. 3 La dérive des classes moyennes • Louis Chauvel : - La Spirale

2. 3 La dérive des classes moyennes • Louis Chauvel : - La Spirale du déclassement (2016) - Les Classes moyennes à la dérive (2006)

À partir des années 1980, l’entrée dans une société de post-abondance Détérioration des conditions

À partir des années 1980, l’entrée dans une société de post-abondance Détérioration des conditions économiques : - Ralentissement du rythme de progression des salaires = arrêt du rattrapage du pouvoir d’achat des cadres : en 1975, il fallait 35 ans à un ouvrier pour rattraper le pouvoir d’achat d’un cadre, en 2013, 135 ans - détérioration du revenu relatif des catégories moyennes qui sont rattrapées par les ouvriers à travers les revalorisations régulières du Smic - Les jeunes font fasse à des conditions de logement problématiques. Depuis 1984, ils doivent travailler deux fois plus longtemps pour acheter ou louer la même surface dans le même quartier - Hausse généralisée du chômage - Des professions « sous tension » (S. Bosc) : enseignants, infirmiers, journalistes …

 • Les professions intermédiaires rattrapées par le bas • Les professions intermédiaires et

• Les professions intermédiaires rattrapées par le bas • Les professions intermédiaires et les ouvriers distancés par le haut

 • Détérioration des conditions « sociales » : - Hausse de la mobilité

• Détérioration des conditions « sociales » : - Hausse de la mobilité descendante = plus de « chutes » - Hausse des situations de déclassement intergénérationnelle (de 17% à 23%) - Perte des rendements des diplômes : à niveau de diplôme équivalent = position professionnelle inférieure - Un diplôme plus élevé que celui de ses parents peut s’accompagner d’une position sociale plus basse : Paradoxe d’Anderson - Shrinking middle class

Évolution des emplois et shrinking middle class : • Peu qualifiés : aides à

Évolution des emplois et shrinking middle class : • Peu qualifiés : aides à domicile, aides soignant, employés de commerce, vendeurs, coiffeurs, caissiers notamment ; • intermédiaires : ouvriers non qualifiés et qualifiés (opérateurs industriels, mais aussi emplois artisanaux), des emplois de services également (employés de bureau, comptables, chauffeurs notamment. ) • très qualifiés : ingénieurs, notamment informaticiens, emplois d’études et de recherche, médecins, dirigeants d’entreprise notamment.

Détérioration des conditions économiques et sociales pour les membres des classes moyennes Ralentissement des

Détérioration des conditions économiques et sociales pour les membres des classes moyennes Ralentissement des hausses de salaires et de niveau de vie Professions « sous Hausse de la mobilité descendante : tension » (S. Bosc) = déclassement intergénérationnel symbolique Difficultés d’accès au logement Hausse du chômage (surtout chez les OQ et Q) Shrinking middle class Baisse du rendement du bac : déclassement des diplômes Obtenir un diplôme plus élevé que ses parents (le Bac) ne garantit pas une ascension sociale = paradoxe d’Anderson

 • Conséquences : - ce déclassement « systémique » est source d’intenses frustrations

• Conséquences : - ce déclassement « systémique » est source d’intenses frustrations chez les classes moyennes, frustrations qui sont propres à engendrer des comportements anomiques. - Il produit également une peur du déclassement qui dissout peu à peu l’identité du groupe sur des perspectives de progrès individuel. - Pour Louis Chauvel, ces grandes évolutions actent la fin de la moyennisation et le retour vers une société polarisée.

Les travaux de Louis Chauvel La période 1950 – fin années 1970 La période

Les travaux de Louis Chauvel La période 1950 – fin années 1970 La période qui s’ouvre avec les années 1980 Une société d’abondance Progrès économiques et sociaux pour tous : niveau de vie, espérance de vie, diplôme, mobilité sociale Arrêt de la dynamique de progrès économiques et sociaux pour tous : Stagnation des niveaux de vie, creusement des inégalités, hausse chômage Les classes moyennes : figures emblématique de cette société du progrès pour tous Des OQ aux cadres supérieurs Les classes moyennes se coupent en deux : la position des OQ et ENQ se dégradent = shrinking middle class Rendement Bac en baisse Sentiment d’appartenance aux CM Diffusion des valeurs des classes moyennes (libéralisme culturel) Déclassement (plusieurs formes) Frustration, peur, colère, peur du déclassement

2. 4 Les classes moyennes, toujours centrale dans la société française : une critique

2. 4 Les classes moyennes, toujours centrale dans la société française : une critique de la thèse du déclassement 2. 4. 1 Définir autrement les frontières des classes moyennes Les Nouvelles Classes moyennes (2012), Eric Maurin et Dominique Goux retiennent trois classes : - les classes supérieures composées des cadres, des professions intellectuelles supérieures et des chefs d’entreprise qui représentent 20 % de la population active ; - les classes moyennes composées du petit patronat traditionnel (artisans et commerçants) et des professions intermédiaires (techniciens, professeurs des écoles, cadres B de la fonction publique, représentants de commerce, etc. ) qui représentent 30 % de la population; - les classes populaires composées des ouvriers et des employés, qui représentent 50 % de la population.

2. 4. 2 Une critique de la thèse de la dérive des classes moyennes

2. 4. 2 Une critique de la thèse de la dérive des classes moyennes Eric Maurin et Dominique Goux, Les nouvelles classes moyennes, collection La république des Idées, Seuil, 2012

 • La dynamique démographique des classes sociales : - Les couches intermédiaires salariées

• La dynamique démographique des classes sociales : - Les couches intermédiaires salariées et non salariées représentent aujourd’hui 30% de la population active contre le quart au début des années 1980 et 20% en 1960 = le cœur des classes moyennes a continué à croître - Aujourd’hui, la centralité du salariat intermédiaire est d’autant plus nette que le déclin de la classe ouvrière à un bout de l’échelle sociale s’accompagne d’une multiplication des emplois de cadres à l’autre extrémité (3 X plus de cadres aujourd’hui qu’il y a 40 ans).

 • Les caractéristiques des emplois des professions intermédiaires : - De tous les

• Les caractéristiques des emplois des professions intermédiaires : - De tous les segments du salariat, il représente celui dont les relations avec les employeurs sont en moyenne les plus durables, les plus difficiles à rompre, tant pour le salarié que pour l’employeur. Cette qualité particulière des relations d’emploi se manifeste de plusieurs façons, à commencer par des pertes d’emploi pour le chômage à peu près aussi rares que pour les cadres, en dépit d’un niveau de formation nettement inférieur - Le groupe des professions intermédiaires est également, de tous les segments du salariat, celui qui bénéfice le plus de périodes de formation financées par l’employeur - De tous les salariés, les membres des professions intermédiaires sont ceux qui, à un âge donné, déclarent le plus souvent désirer rester définitivement dans leur entreprise actuelle

Une critique du déclassement intergénérationnel

Une critique du déclassement intergénérationnel

 • Parmi les actifs occupés sortis de l’école depuis moins de 5 ans,

• Parmi les actifs occupés sortis de l’école depuis moins de 5 ans, 60% des enfants de PI sont PI ou cadres en 2008, contre 40% en 1983 • Depuis 2000, plus de 50% des enfants de PI font au moins aussi bien que leur père • Les membres des classes moyennes déclassés par rapport à leurs parents représentent une minorité dans le groupe

 • Maurin & Goux : « Nous avons retracé l’évolution, depuis les années

• Maurin & Goux : « Nous avons retracé l’évolution, depuis les années 1980, de la proportion de « déclassés par rapport aux parents » au sein de chaque classe d’âge et de chaque grand groupe social Les personnes issues des classes moyennes sont dites en ascension sociale si elles sont « cadre ou chef d’entreprise (de plus de 10 salariés) » . Les personnes issues des classes populaires sont dites en ascension sociale si elles sont cadre, artisan, commerçant, chef d’entreprise ou profession intermédiaire. Détruisant une idée reçue, ce calcul révèle d’abord que les personnes déclassées par rapport à leurs parents ne représentent qu’une minorité au sein des classes moyennes, elles sont beaucoup moins nombreuses que les personnes en situation d’ascension sociale »

Une critique du déclassement des diplômes • « Il est tout à fait abusif

Une critique du déclassement des diplômes • « Il est tout à fait abusif de parler du déclassement des enfants des classes populaires et moyennes » • Les statuts scolaires deviennent de plus en plus inégaux au fur et à mesure que l’enseignement se démocratise • La source du malaise ne réside pas dans la perte de statut subie par les diplômés, mais au contraire dans la valeur exorbitante que les diplômes ont fini par acquérir et dans l’énormité de ce qu’un échec scolaire fait perdre. • Ici encore, l’expérience universelle n’est pas le déclassement mais la peur du déclassement.

2. 4. 3 La peur du déclassement plutôt que le déclassement • En 2007,

2. 4. 3 La peur du déclassement plutôt que le déclassement • En 2007, l’Insee recensait 14 600 sans-abri ; si l’on retient le chiffre de 100 000 personnes, avancé par les associations d’aide aux SDF, on peut calculer que 0, 16% de la population vit dans la rue. • Or, d’après un sondage réalisé en 2008, 60% des français pensent qu’ils pourraient un jour devenir SDF

 • La réalité du déclassement : - Etre licencié, en France, c’est d’abord

• La réalité du déclassement : - Etre licencié, en France, c’est d’abord subir une période de chômage parmi les plus longues des pays développés ; c’est ensuite être condamné à ne retrouver que des formes précaires et dégradées d’emploi, sans rapport avec le statut initialement perdu ; et il va sans dire qu’une telle relégation est lourde de conséquences financières et psychologiques - Echouer à l’école n’a jamais été aussi disqualifiant. Il y a donc une réalité du déclassement, et celle-ci est terrible Conséquence : le coût potentiel du déclassement n’a jamais été aussi important. - Mais « L’expérience universellement partagée n’est pas celle du déclassement (qui ne survient qu’au prix d’une destruction de la société comme dans l’Allemagne des années 1920), mais celle de la peur du déclassement »

 • La peur du déclassement : - Contrairement aux familles des classes supérieures,

• La peur du déclassement : - Contrairement aux familles des classes supérieures, les classes moyennes ont peu de capital économique ou social à transmettre directement à leurs enfants. S’il survient, l’échec scolaire est pour elle sans appel : il n’y a pas de stratégie de substitution. - Comme le groupe des cadres se développe, les enfants des classes moyennes (salariés et indépendants) sont concurrencés par un nombre croissant d’enfants de cadres et de professions intellectuelles supérieures, si bien qu’il est mécaniquement plus difficile pour eux d’obtenir un bon classement scolaire. - Un nombre croissant d’enfants des classes moyennes entrent et réussissent dans l’enseignement supérieur, mais une proportion toujours aussi grande de ces nouveaux venus fait l’expérience de l’échec à l’entrée dans les filières d’élite. - De tous les groupes sociaux, les classes moyennes sont celles qui, finalement, se déclarent les plus inquiètes pour l’avenir de leurs enfants

Les travaux d’Eric Maurin et Dominique Goux La période qui s’ouvre avec les années

Les travaux d’Eric Maurin et Dominique Goux La période qui s’ouvre avec les années 1980 Les professions intermédiaires : - Un groupe en expansion démographique - Situé au-dessus des OQ et EQ qui sont fragilisés et au-dessous des cadres en pleine croissance - Critique de la thèse du déclassement des classes moyennes Le déclassement = une situation minoritaire chez les classes moyennes mais ses conséquences catastrophiques Peur du déclassement = stratégies des classes moyennes pour éviter le déclassement

Quelles sont les effets de la peur du déclassement ? La peur du déclassement

Quelles sont les effets de la peur du déclassement ? La peur du déclassement à l’origine d’un double séparatisme social : • Les familles mettent en œuvre des stratégies scolaires qui conduisent à la ségrégation scolaire (Agnès Van Zanten, Choisir son école. Stratégies familiales et médiations locales, 2009) ; • Les familles mettent en œuvre des stratégies résidentielles qui favorisent la ségrégation spatiale (Eric Maurin, Le ghetto français, 2004) Peur du déclassement et dualisme du marché du travail : un cercle vicieux Peur du déclassement Renforcement du dualisme du marché du travail Prégnance des idées antilibérales ; défense du statut et attirance pour les syndicats les plus protecteurs D’après Eric Maurin, La peur du déclassement, 2009

Les travaux d’Eric Maurin et Dominique Goux La période qui s’ouvre avec les années

Les travaux d’Eric Maurin et Dominique Goux La période qui s’ouvre avec les années 1980 Les travaux de Louis Chauvel La période qui s’ouvre avec les années 1980 Arrêt de la dynamique de Les professions intermédiaires : - Un groupe en expansion démographique progrès économiques et sociaux pour tous : Stagnation des niveaux de vie, - Situé au-dessus des OQ et EQ qui sont creusement des inégalités, hausse chômage fragilisés et au-dessous des cadres en pleine croissance - Critique de la thèse du déclassement des Les classes moyennes se coupent en classes moyennes deux : la position des OQ et ENQ se dégradent = shrinking middle class Le déclassement = une situation Baisse rendement du bac minoritaire chez les classes moyennes mais ses conséquences Déclassement systémique font peur Stratégies des classes moyennes pour éviter le déclassement Frustration, peur, colère, peur du déclassement

3. La dynamique du monde agricole

3. La dynamique du monde agricole

4. Les classes supérieures 4. 1 Définir les contours des classes supérieures • Trois

4. Les classes supérieures 4. 1 Définir les contours des classes supérieures • Trois pôles entre lesquels elles s’étendent : - le pôle du pouvoir qui renvoie a la notion de classe ou de catégorie(s) dirigeante(s); - le pôle de la fortune que connote l’expression traditionnelle de « bourgeoisie possédante » - un pôle de l’entre-deux caractérisé par les interférences réciproques du patrimoine et du statut professionnel.

Peuvent être rangés dans les classes supérieures qui possèdent un pouvoir : • les

Peuvent être rangés dans les classes supérieures qui possèdent un pouvoir : • les cadres et les ingénieurs de haut rang, les directeurs de grands établissements ou les responsables de services dans les entreprises importantes ; • les personnels de direction de la fonction publique et d’instances relevant de l’Etat (magistrature, armée, santé, grands corps, etc. ) ; • les professeurs détenteurs formels ou informels du pouvoir académique ainsi que les membres influents du monde de la recherche ; • les équipes dirigeantes des appareils médiatiques, les détenteurs du pouvoir éditorial ;

Un % de salariés au sein des classes supérieures plus important : +10 pts

Un % de salariés au sein des classes supérieures plus important : +10 pts de pourcentage

4. 2 Le 20ème siècle : la fin d’une société de rentiers • Au

4. 2 Le 20ème siècle : la fin d’une société de rentiers • Au 19 ième siècle : classe supérieure se définissait comme « un monde social non assujetti au travail (surtout manuel), bien pourvu en patrimoine » • Thorstein Veblen «Théorie de la classe de loisirs » (1899) • 1914 : la part des 1 % des revenus les plus élevés est de 20 % du revenu total des ménages; mais la part des 1% des salaires les plus élevés n’est que de 6% de la masse salariale • 1945 : la part des 1% des revenus les plus élevés est inférieure à 10% du revenu total

 • La fin des rentiers s’explique par une concentration moins importante des patrimoines

• La fin des rentiers s’explique par une concentration moins importante des patrimoines : - destruction physiques de capital lors deux guerres mondiales - faillites d’entreprises durant la crise économique des années 1930 - inflation - fiscalité progressive • Passage d’une société de rentiers à une société de cadres au cours du 20ème siècle

4. 3 Le retour des inégalités « par le haut »

4. 3 Le retour des inégalités « par le haut »

Augmentation des revenus du centile supérieur aux Etats-Unis : le 1 % le mieux

Augmentation des revenus du centile supérieur aux Etats-Unis : le 1 % le mieux payé aurait capté à lui seul depuis le premier choc pétrolier, en augmentation de revenu, plus de la moitié de la hausse du PIB des Etats-Unis Il y a donc dans ce pays une très forte déformation du partage au sein de la masse salariale.

Fiscalité moins progressive sur le revenu et sur le patrimoine Expliquer l’augmentation des très

Fiscalité moins progressive sur le revenu et sur le patrimoine Expliquer l’augmentation des très hauts revenus du travail Gouvernance actionnariale et utilisation des stocks options Concentration et augmentation de la taille des entreprises = hausse salaires dirigeants (Gabaix et Landier, 2008) Expliquer la dynamique de hausse des hauts revenus Le rendement du capital est supérieur à la hausse des salaires (Piketty) Composition des conseils d’administrations (Kramarz et Thesmar, 2007) Sur-rémunération dans la finance (Célérier, 2010) Actif spécifique et salaire dans la finance (Godechot, 2008) Star economy Progrès technique biaisé

 • La hausse des inégalités par le haut = le retour des rentiers

• La hausse des inégalités par le haut = le retour des rentiers ? Pour Piketty - l’évolution de la part des bénéfices des entreprises distribuées aux actionnaires + Évolution de valeur du patrimoine immobilier (notamment en France) - le facteur essentiel d’un retour des rentiers reste l’évolution future de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les successions (supprimé aux Etats. Unis en 2002)

4. 4 Une étude sociologique de la grande bourgeoisie • Michel Pinçon et Monique

4. 4 Une étude sociologique de la grande bourgeoisie • Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie (2007) • Un cumul de capital : - Économique : un capital nécessaire mais pas suffisant - Social : réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées = travail de sociabilité intense (rôle central des femmes) + appartenance à un cercle - Culturel : titres scolaires + collectionneurs de tableaux, d’objets d’art et de meubles anciens - Symbolique : le prestige

 « La bourgeoisie est bien toujours là, fidèle à la position, dominante. Classe

« La bourgeoisie est bien toujours là, fidèle à la position, dominante. Classe en soi et classe pour soi, elle est la seule aujourd’hui à prendre ce caractère qui fait la classe réelle, à savoir d’être mobilisée » • Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, 2007

 • La société française, une société de classes ? - Des classes populaires

• La société française, une société de classes ? - Des classes populaires majoritaires mais effacées (brouillage de classes) - Les classes moyennes : débat entre « les classes moyennes à la dérive » et les classes moyennes qui se mobilisent pour éviter le déclassement - Les classes dominantes: des classes en soi et pour soi