Day Crations rflexives 2014 Il faut en parler

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Day Créations réflexives 2014

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Il faut en parler Les femmes martyres

Il faut en parler Les femmes martyres

Asia Bibi

Asia Bibi

De nationalité pakistanaise et de confession chrétienne, Asia Bibi est une paysanne illettrée originaire

De nationalité pakistanaise et de confession chrétienne, Asia Bibi est une paysanne illettrée originaire d’Ittan Wali, un minuscule village du Pendjab situé dans le centre du Pakistan. La vie de cette mère de cinq enfants, alors âgée de 38 ans, a basculé le 14 juin 2009. Voici son histoire, telle qu’elle l’a relatée à l’écrivaine française Anne-Isabelle Tollet dans le livre intitulé «Asia Bibi, blasphème» .

Le 14 juin 2009, alors qu’elle cueillait des baies dans un champ avec trois

Le 14 juin 2009, alors qu’elle cueillait des baies dans un champ avec trois femmes musulmanes de son village, elle est allée se servir de l’eau dans un puits avec la gamelle utilisée par ces femmes. Une voisine, avec qui elle avait eu un différend auparavant, l’a alors accusée d’avoir souillé leur eau en tant que chrétienne. En aurait résulté une discussion sur Mahomet et Jésus et une exhortation à se convertir à l’islam pour se racheter, ce qu’Asia Bibi a catégoriquement refusé. Sans tarder, l’imam du village l’a accusée, devant 300 personnes, d’avoir mal parlé de Mahomet, autrement dit de blasphème. Puis il a fait venir la police. «Ces femmes sont devenues hystériques […] Après l’altercation, j’ai été poursuivie par une foule déchainée, j’ai été battue par plusieurs villageois qui m’ont traînée jusqu’au poste de police. C’est là que, sous la pression de la foule et du mollah du village, les policiers m’ont jetée en prison, m’accusant injustement d’avoir blasphémé. » Asia Bibi, photographiée avec 2 de ses enfants

Le 8 novembre 2010, un an et quatre mois après son arrestation, Asia Bibi

Le 8 novembre 2010, un an et quatre mois après son arrestation, Asia Bibi a été reconnue coupable de blasphème pour avoir insulté le prophète Mahomet et condamnée à la pendaison à l’issue d’un procès de dix minutes. Elle a été jugée par un tribunal local, devant le mollah plaignant et tous les villageois musulmans. «La pression sur le juge était telle qu’on ne peut même pas lui en vouloir de l’avoir condamnée. S’il ne l’avait pas fait, il aurait été tué le lendemain» , a raconté l’avocat d’Asia Bibi décrit ainsi cette journée terrifiante du 8 novembre 2010 : «Le juge lève sa main puissante et fait claquer le marteau à travers le tribunal. Avant même que l’écho du maillet n’ait fait le tour de la salle, la foule acclame le verdict qui me conduit tout droit à la mort. Je me mets à pleurer. Je suis seule contre tous […] Je pleure seule, en mettant ma tête dans mes mains. Je n’arrive plus à supporter la vue de ces gens haineux, applaudissant la mise à mort d’une pauvre ouvrière agricole. »

Qari Mohammad Salim, l’imam barbu du village d’Ittan Wali, a affirmé avoir «pleuré de

Qari Mohammad Salim, l’imam barbu du village d’Ittan Wali, a affirmé avoir «pleuré de joie» en apprenant la condamnation à mort de la catholique Asia Bibi.

 «À travers moi, c’est toute ma famille qui a été condamnée» . Najma

«À travers moi, c’est toute ma famille qui a été condamnée» . Najma Younis, la jeune sœur d’Asia Bibi, a continué d’habiter dans le petit village d’Ittan Wali. Elle n’a pas d’autre place où aller et si elle quittait sa maison les villageois s’empresseraient de la brûler. Sa vie a chaviré. «J’ai tout perdu, ma grande sœur, mon honneur, ma fierté. Mon fils est mort au début du mois [de mai 2011]. Aucun prêtre n’est venu, ils ont trop peur. J’ai enterré mon fils seule. »

Aujourd’hui, c’est toute la famille d’Asia Bibi dont la sécurité est en péril. Son

Aujourd’hui, c’est toute la famille d’Asia Bibi dont la sécurité est en péril. Son mari Ashiq Masih et leurs enfants doivent se cacher dans un lieu secret à Lahore. Ils ne sortent presque jamais. Lorsqu’Ashiq Masih se rend à la prison pour visiter son épouse (il peut la voir au-travers d’une grille 30 minutes deux fois par mois), il court des risques réels pour sa vie. Quant à sa sœur Najma Younis, elle ajoute que dans ses prêches l’imam Mohammad Salim continue d’attaquer la famille d’Asia Bibi, les traitant tous de «chiens qui méritent de mourir» .

Jusqu’en 2013, Asia Bibi croupissait dans une minuscule cellule de 8 pieds sur 10

Jusqu’en 2013, Asia Bibi croupissait dans une minuscule cellule de 8 pieds sur 10 pieds de la prison Sheikhupura. Ses conditions de détention étaient terribles : trou faisant office de sanitaire, cellule jamais nettoyée car on refusait de lui donner les produits nécessaires, pas de lit mais une natte déposée par terre, aucune aération, en été il y faisait une chaleur étouffante et sa cellule était infestée de moustiques, en hiver il y faisait froid et humide et quand il pleuvait l’eau tombait à l’intérieur. Elle était en confinement car d’autres détenues auraient fort bien pu l’assassiner. En effet, Yousaf Qureshi, le vieux mollah de Peshawar, a lancé une fatwa contre elle qui est toujours en vigueur : il a promis un demi million de roupies (6 000 $) à quiconque l’assassinerait. «Elle a humilié le Prophète, elle doit mourir» , a-t-il réitéré. Asia n’a été transférée dans la prison pour femmes de Multan qu’en 2013. Mollahs réclamant l’exécution d’Asia Bibi

Le cas d’Asia Bibi est aujourd’hui mondialement connu et il enflamme le Pakistan depuis

Le cas d’Asia Bibi est aujourd’hui mondialement connu et il enflamme le Pakistan depuis sa condamnation à mort. Se porter à sa défense s’avère extrêmement dangereux car les religieux musulmans qui sont très puissants au Pakistan exigent sa tête. Ils ont pratiqué avec tellement de succès un lobbying contre un mouvement visant à réformer les lois sur le blasphème que ce mouvement a été abandonné. D’ailleurs, deux politiciens pakistanais très connus, qui avaient osé la soutenir, l’ont payé de leur vie : Le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, que l’on voit ici en compagnie d’Asia Bibi (obligée de se voiler même si elle n’est pas musulmane) a été assassiné par son garde du corps le 4 janvier 2011.

Le cas d’Asia Bibi est aujourd’hui mondialement connu et il enflamme le Pakistan depuis

Le cas d’Asia Bibi est aujourd’hui mondialement connu et il enflamme le Pakistan depuis sa condamnation à mort. Se porter à sa défense s’avère extrêmement dangereux car les religieux musulmans qui sont très puissants au Pakistan exigent sa tête. Ils ont pratiqué avec tellement de succès un lobbying contre un mouvement visant à réformer les lois sur le blasphème que ce mouvement a été abandonné. D’ailleurs, deux politiciens pakistanais très connus, qui avaient osé la soutenir, l’ont payé de leur vie : Le ministre pakistanais des Minorités, le chrétien Shabaz Bhatti, qui s'était lui aussi élevé contre la condamnation à mort d'Asia Bibi et contre la loi interdisant le blasphème, a été assassiné le 2 mars 2011. Il a reçu 36 balles et est mort sur le coup.

Les hommes d’Ittan Wali demeurent intraitables depuis 2009. Munawar Hussain, un voisin de sa

Les hommes d’Ittan Wali demeurent intraitables depuis 2009. Munawar Hussain, un voisin de sa sœur Najma, a déclaré : «Asia a blasphémé. Elle mérite la mort. Si elle est libérée et revient ici, nous allons la tuer. Tout le Pakistan pense comme nous. » Mais comme on le voit sur cette photo, tous les Pakistanais n’ont pas le même avis.

Si Asia Bibi n’a pas encore été exécutée, c’est probablement en raison de la

Si Asia Bibi n’a pas encore été exécutée, c’est probablement en raison de la notoriété de son histoire tant sur la scène internationale que pakistanaise. Les médias ont suivi son histoire depuis le début et l’ont diffusée abondamment sur le Web. Un livre racontant l’injustice dont elle fait l’objet a été publié en plusieurs langues. Le pape Benoît XVI avait pris sa défense après sa condamnation. Et au moment de la sortie en France du livre de Mme Tollet, son époux et sa fille Sidra ont reçu le soutien de l’Église et du gouvernement français. Si la notoriété de «l’affaire Bibi» et la vigilance de la communauté internationale ont jusqu’ici permis à cette Pakistanaise chrétienne d’une quarantaine d’années de rester en vie, ce n’est pas le cas de la plupart des autres personnes reconnues coupables de blasphème. Voici, à titre d’exemple, ce que relatait la journaliste Michèle Ouimet en juin 2011 : «Asia Bibi n’est pas la seule à avoir enfreint la loi sur le blasphème. Depuis trois ans, 800 cas de blasphème ont été signalés, dont plusieurs sont farfelus. Comme la voisine de cellule d’Asia Bibi, Zarmina. Elle était en moto avec son mari lorsqu’ils ont eu un accident. “L’engin a terminé sa course folle sur un monument dédié au prophète Mahomet, raconte Asia Bibi. Zarmina et son mari ont été tous les deux accusés de blasphème, puis jetés en prison. ” Une nuit, Asia a entendu Zarmina hurler. Le lendemain, elle était morte. A-t-elle été assassinée par ses codétenues? Asia l’ignore. »

Le procès en appel d’Asia Bibi visant à obtenir sa libération est sans cesse

Le procès en appel d’Asia Bibi visant à obtenir sa libération est sans cesse renvoyé. Seulement en 2014, il a été remis au moins cinq fois. Le dernier renvoi date du 27 mai dernier, où le cas a disparu de manière inexplicable du rôle où il avait été inscrit. Son procès a de nouveau été fixé en septembre 2014, à moins que le tribunal ne le reporte de nouveau sans aucune explication. La défense estime avoir assez de temps pour réclamer son transfert dans la prison de Lahore, capitale de la province du Pendjab où vit sa famille. Les quatorze heures de route qui séparent Lahore de Multan sont en effet longues et le voyage en car est surtout extrêmement cher. La prison de Multan, où Asia Bibi serait incarcérée depuis 2013 Selon Paul Bhatti, le frère du ministre assassiné, le gouvernement souhaiterait en finir avec cette affaire embarrassante et libérer Asia Bibi. Mais il n’ose pas le faire par crainte des pressions énormes des puissants extrémistes. L’ancien ministre des Droits de la personne, Syed Gillani, ajoute : «Les mollahs et les terroristes ont pris l’État en otage. Ils sont très puissants, ce sont eux qui dirigent le pays. »

Mukhtar Mai

Mukhtar Mai

Mukhtar Mai est une autre Pakistanaise de 30 ans, sans instruction, dont le drame

Mukhtar Mai est une autre Pakistanaise de 30 ans, sans instruction, dont le drame est mondialement connu, du moins pour les personnes qui suivent l’actualité et lisent les journaux. Voici un rappel de son histoire. Il s’agit d’une histoire de vengeance et d’honneur qui s’est déroulée le 22 juin 2002 dans le petit village reculé de Meerwala, perdu au milieu du Pakistan. Un clan puissant – les Mastoi – exerçait un contrôle absolu dans cette région. Ils ont allégué sans aucune preuve que le frère de Mukhtai Mai, Abdul Shakoor alors âgé de 12 ans seulement, avait eu une liaison avec une fille de leur tribu. En guise de représailles, trois hommes l’ont amené dans un champ de canne à sucre, l’ont battu puis sodomisé à tour de rôle. Mais pour Faiz Mastoi, le chef de la tribu, cela ne suffisait pas. Invoquant l’honneur et la loi du Talion, l’assemblée du village dominée par le clan Mastoi a ordonné que Mukhtar Mai soit elle aussi violée. Quatre hommes l’ont alors amené dans un local sous la menace d’un fusil et l’ont violée l’un après l’autre pendant que le clan attendait à l’extérieur.

Mukhtar Mai raconte : «Abdul Khaliq m’a prise par le bras, il était avec

Mukhtar Mai raconte : «Abdul Khaliq m’a prise par le bras, il était avec trois membres de la tribu Mastoi. Mon père et mon oncle ont essayé de les arrêter, mais des hommes les retenaient. J’entendais leurs cris, j’étais complètement paniquée. Je ne savais pas ce qui allait m’arriver, je ne comprenais pas ce que ces hommes me voulaient. J’étais terrifiée, je pleurais et je les suppliais : “Laissez-moi, s’il-vous-plaît, laissez -moi. ” Ils m’ont poussée dans une pièce et ils ont verrouillé la porte. Ils m’ont bousculée et traînée sur le sol, je pleurais très fort. Ils m’ont violée. Je me suis débattue, mais que peut faire une femme contre quatre hommes? Je ne sais pas combien de temps tout cela a duré. Après le viol, ils m’ont relâchée. J’étais à moitié nue, ma chemise était déchirée. Ils m’ont jeté mon voile sur la tête en se moquant de moi. » Ensuite, elle a été forcée de paraître sans vêtement devant sa famille et l’assemblée, un déshonneur tel que ses agresseurs s’attendaient à ce qu’elle se suicide, conformément aux coutumes. La rumeur courait dans le village que si jamais elle osait dénoncer la tribu Mastoi, elle serait tuée. Mukhtar Mai a fait fi des menaces. Elle s’est rendue au poste de police et a dénoncé ses agresseurs. Elle ne se doutait pas alors que sa bataille durerait neuf ans, qu’il lui faudrait durant toutes ces années raconter encore et encore les circonstances terribles du viol collectif dont elle avait été victime, que sa cause finirait jusqu’en Cour suprême, qu’elle deviendrait célèbre dans tout le Pakistan et que son drame ferait le tour du monde.

Les quatre hommes reconnus coupables du viol collectif de Mukhtar Mai, lors du premier

Les quatre hommes reconnus coupables du viol collectif de Mukhtar Mai, lors du premier procès Lors du premier procès, en 2002, le tribunal a donné raison sur toute la ligne à la victime. Un des violeurs – Abdul Khaliq – a même été condamné à mort.

Sur cette photo qui date de 2011, le chef de clan Faiz Mastoi a

Sur cette photo qui date de 2011, le chef de clan Faiz Mastoi a 44 ans, deux femmes et six enfants (dont trois filles de 16, 14 et 8 ans). Il a purgé une peine de huit ans et dix mois de prison pour avoir commandé le viol collectif; jusqu’à aujourd’hui, il nie toute agression contre Mukhtar Mai et son jeune frère et allègue qu’il s’agit d’un coup monté. Il prétend même que la victime avait passé la nuit avec Abdul Khaliq, qu’elle était «consentante» , que cela «équivalait à un mariage» , et que le problème résultait seulement du fait que ce mariage n’avait pas été enregistré… Il continue de décrire Mukhtar Mai comme une menteuse qui a couvert sa famille de déshonneur et traîné sa réputation dans la boue.

Avec la fortune dont disposait le clan Mastoi, l’affaire n’allait pas en rester là.

Avec la fortune dont disposait le clan Mastoi, l’affaire n’allait pas en rester là. La cause s’est ainsi retrouvée en Cour d’appel puis en Cour suprême. Devant ces deux cours, le jugement de première instance a été cassé. Tous les accusés ont donc été libérés en 2011, à l’exception d’Abdul Khaliq qui a néanmoins vu sa condamnation à mort commuée en emprisonnement à vie. Les accusés ainsi libérés sont tous revenus dans le petit village de Meerwala et vivent à quelques kilomètres de leur victime. Abdul Khaliq, dont la peine de mort a été commuée en emprisonnement à vie

La décision de la Cour suprême pakistanaise n’a pas été unanime, toutefois. Un des

La décision de la Cour suprême pakistanaise n’a pas été unanime, toutefois. Un des trois juges a cru la version de la victime et exprimé une forte dissidence : «Cette femme illettrée qui vient d’un milieu modeste a démontré un courage extraordinaire en osant affronter une tribu puissante […] La police, corrompue, a fait preuve de négligence pendant l’enquête […] Le père de Mukhtar Mai n’a pas eu le courage de témoigner, ni de porter plainte à la police. C’est un homme timide, brisé par le viol de sa fille. La victime a subi un grave préjudice. Non seulement a-t-elle été violée, mais elle a aussi été obligée de paraître sans vêtements devant sa famille et l’assemblée […] Elle a dû répéter plusieurs fois son témoignage en cour et répondre aux question harcelantes des avocats. Une victime de viol revit le traumatisme chaque fois qu’elle doit se remémorer le fil des événements. »

Depuis le retour de ses agresseurs dans son village, la maison de Mukhtar Mai

Depuis le retour de ses agresseurs dans son village, la maison de Mukhtar Mai doit être surveillée par des gardes armés.

Réactions à la décision de la Cour suprême du Pakistan : «La police n’a

Réactions à la décision de la Cour suprême du Pakistan : «La police n’a pas fait son travail, elle n’a pas recueilli de preuves ni exigé de test d’ADN. Le police ne se range jamais du côté de la victime. Mukhtar Mai est une pauvre femme, et les Mastoi sont toutpuissants. Les témoins ont refusé de parler parce qu’ils avaient peur. C’est honteux. » (Syed Gillani, ancien ministre des Droits de la personne) «Les violeurs sont rarement punis, car ils donnent des pots-de-vin pour échapper à la justice. Les policiers sont phallocrates et insensibles, ils ne savent pas comment se comporter avec une victime. Les hommes ne se gênent pas pour violer les femmes, ils n’ont pas peur des représailles. Notre système judiciaire est tellement faible! À peine 1% des victimes de viol portent plainte. Les femmes se taisent, de crainte de déshonorer leur famille. » (Farzana Bari, professeure à l’Université d’Islamabad et spécialiste des questions féminines) «Mukhtar Mai a eu le courage de se battre pendant de nombreuses années. Ce verdict montre que vous pouvez commettre un crime, même devant 100 personnes, et vous en tirer. Chaque jour, quelque chose comme cela se passe au Pakistan. Les Jirgas [tribunaux de village] seront encouragés par ce verdict. » (Fouzia Saeed, militante du droit des femmes, s’exprimant devant la Cour suprême, à Islamabad) «Elle est connue dans le monde entier, car la presse internationale s’est emparée de son histoire. Elle est devenue une icône, un exemple de courage pour les Pakistanaises. » (Naeem Mirza, responsable de la Fondation Aurat – une ONG qui défend les droits des femmes)

Réactions à la décision de la Cour suprême du Pakistan : «Le problème immédiat

Réactions à la décision de la Cour suprême du Pakistan : «Le problème immédiat qui caractérise l’histoire de Mukhtar Mai est la coexistence sauvage dans un même pays de législations hétérogènes : une justice officielle, une seconde codifiée par la religion musulmane, et une troisième qui peut être dite tribale tout en étant tenue pour illégale. L’horrible paradoxe des crimes d’honneur qu’on solutionne de la sorte est qu’ils constituent une atteinte grave à ce qui est censé être l’honneur d’un mari et d’une famille : la femme. Les lois hudûd, qui caractérisent les relations sexuelles sans consentement ou hors mariage, forment la caution morale et juridique de cette barbarie destinée le plus souvent à perpétuer une domination clanique. Plus grave et symptomatique, cette pratique de règlement de conflits braque le projecteur sur la condition de la femme dans certains pays : elle y est vouée à l’ignorance par l’illettrisme (pas d’école), à l’obéissance et aux corvées, rien ne devant lui permettre de savoir ce qui se passe dans le monde. Cataloguée être humain de dernière zone, elle subit violences et abus, et finit par se voir réduite aux statuts de propriété et d’objet des hommes […] La jirga, au Pakistan ou ailleurs, confond le marchandage de la dignité avec la décision de justice, celle-ci devant alors céder le pas au goût de la vengeance et de la punition arbitraire. » (Fédération internationale des Ligues droits de l’homme – FIDH)

Mukhtar Mai ne s’est pas simplement battue pour obtenir justice. Elle a profité de

Mukhtar Mai ne s’est pas simplement battue pour obtenir justice. Elle a profité de sa notoriété pour recueillir de l’argent afin de construire près de sa maison de Meerwala une école et un refuge pour les femmes. Cette école accueille 700 enfants, dont 14 du clan Mastoi… En 2009, Mukhtar Mai a épousé un de ses gardes du corps. Elle a appris à lire, mais ne sait pas comment écrire. Son frère Shakoor s’est marié et a fondé une famille.

Mukhtar Mai prenant la parole lors de la Conférence de Genève sur les droits

Mukhtar Mai prenant la parole lors de la Conférence de Genève sur les droits de la personne et la démocratie.

Begum Shnez

Begum Shnez

Cette fois-ci, le drame ne se déroule pas dans le lointain Pakistan, mais près

Cette fois-ci, le drame ne se déroule pas dans le lointain Pakistan, mais près de Modène dans le nord de l’Italie. Il concerne une famille d’immigrants pakistanais. En octobre 2010, la mère - Begum Schnez – a été tuée à coups de brique par son mari Ahmad Khan Butt, un ouvrier de la construction. Au même moment, sa fille Nosheen Butt était agressée avec un bâton par son jeune frère Uamir Butt. Elle a souffert d’une fracture du crâne et a eu un bras cassé.

Lors du procès, on a appris que le père avait «arrangé un mariage» pour

Lors du procès, on a appris que le père avait «arrangé un mariage» pour sa fille mais que la mère s’y opposait car elle ne voulait pas que celle-ci vive une situation malheureuse semblable à la sienne, imprégnée de violence conjugale. Elle avait par ailleurs entamée des procédures de divorce. Cette alliance mère-fille constituait un déshonneur pour Ahmad Khan Butt, qui en outre n’approuvait pas que sa fille Nosheen vive «à l’occidental» . Selon les procureurs, le poids des traditions et la préservation de l’honneur justifiaient ces actes dans l’esprit des deux hommes. Le père a été condamné à l’emprisonnement à vie pour meurtre et le fils s’est vu imposer une peine d’incarcération de 20 ans pour complicité de meurtre et agression.

Sakineh Mohammadi Ashtiani

Sakineh Mohammadi Ashtiani

Sans une forte mobilisation internationale, l’Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani aurait probablement été mise à

Sans une forte mobilisation internationale, l’Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani aurait probablement été mise à mort par lapidation – la peine imposée en Iran pour les crimes d’adultère.

Sakineh Mohammadi Ashtiani et son fils Sajjad Qaderzadeh gée d’une quarantaine d’années et mère

Sakineh Mohammadi Ashtiani et son fils Sajjad Qaderzadeh gée d’une quarantaine d’années et mère de deux enfants, Sakineh Mohammadi Ashtiani avait été condamnée en mai 2006 pour avoir eu «une relation illégale» avec deux hommes après la mort de son mari. Pour ce «crime» , elle a reçu 99 coups de fouet sous les yeux de l’un de ses fils. Mais en septembre 2009, lors du procès d’un homme accusé d’avoir tué son mari, elle a été accusée cette fois-ci d’avoir eu de telles relations alors que son mari vivait toujours. Le tribunal soutenait qu’elle avait fait des aveux, mais elle a toujours affirmé avoir fait ces aveux sous la contrainte. En Iran la lapidation punit «l’adultère commis en étant marié» .

Ses enfants ont mené une campagne internationale pour obtenir sa libération. Un peu partout

Ses enfants ont mené une campagne internationale pour obtenir sa libération. Un peu partout dans le monde, des médias et des personnalités politiques et religieuses de renom ont pris fait et cause pour cette femme. Face à ces pressions et à l’émotion suscitée par une telle condamnation qualifiée de «punition moyenâgeuse» , les autorités politiques iraniennes ont d’abord suspendu l’application de la sentence puis l’ont commuée en dix ans d’emprisonnement. En mars 2014, finalement, le secrétaire général du Haut conseil iranien pour les droits de l’homme a annoncé que Mme Ashtiani avait été libérée pour bonne conduite après neuf années d’incarcération. Un porte-parole des Services judiciaires iraniens a déclaré que cette décision représentait «la clémence de la religion musulmane envers les femmes. »

Suddiqa et Khayyam Les amants lapidés

Suddiqa et Khayyam Les amants lapidés

C’est une histoire d’amour qui finit mal, qui se termine en août 2010 dans

C’est une histoire d’amour qui finit mal, qui se termine en août 2010 dans le cimetière du village de Mullah Quli, dans le nord de l’Afghanistan. Lui – Khayyam – avait 26 ans, était marié, père de deux enfants et chauffait des taxis. Il appartenait au clan pachtoun. Selon la coutume, rien ne l’empêchait de prendre une seconde épouse. Elle – Suddiqa – avait 22 ans, était promise à un boucher de 30 ans qui avait quand même déjà eu le droit de «consommer le mariage» . Elle était turkmène. Une de ses amies l’a décrite comme ambitieuse, coquette, rêvant d’une vie moderne, aimant la musique. Mais comme bien des femmes afghanes, elle avait seulement appris à lire le Coran, n’avait jamais vu la moindre image du monde extérieur et passait la majorité de son temps cloîtrée chez elle à tisser des couvertures. Ils s’étaient rencontrés par hasard par l’entremise du frère de Suddiqa et étaient tombés en amour. Suddiqa s’est donc retrouvée amoureuse d’un autre homme, enceinte et non mariée. Seule porte de sortie pour ces Roméo et Juliette afghans : fuir. Ils se sont rendus jusqu’à la frontière du Pakistan. Se croyant en sécurité, ils ont contacté leurs familles qui les ont convaincus de revenir, que tout allait s’arranger. On leur a dit qu’il ne leur serait fait aucun mal, qu’on allait les marier, que le fiancé officiel de Suddiqa serait dédommagé. Grave erreur dans cette région où ce sont les talibans qui font régner l’ordre et appliquer la charia! Sitôt de retour dans leur village, ils ont été arrêtés. Mais il semblerait qu’il y ait eu des discussions entre Khayyam et les talibans afin de trouver une «issue honorable» (c’est-à-dire une issue financière) à cette histoire. Mais des islamistes et même des membres de la famille de la jeune femme ne voyaient pas les choses de la même façon…

En même temps que des discussions avaient cours dans la mosquée du village, un

En même temps que des discussions avaient cours dans la mosquée du village, un procès bidon se tenait ailleurs, à l’issue duquel il fut décidé de lapider les deux amants. Rapidement, des centaines de villageois se sont rassemblés dans le cimetière pour entendre un chef religieux taliban prononcer la peine de mort. Drapée dans une burqa bleue, Suddiqa fut d’abord amenée sans ménagement et placée dans un trou fraîchement creusé qui deviendrait sa sépulture. Ainsi vêtue, elle allait mourir sans visage. C’est aux cris d’ «Allah Akbar!» (Dieu est grand!) qu’elle a été exécutée. Bien des participants souriaient. Des témoins ont affirmé que le propre père de Suddiqa ainsi que son frère avaient eux aussi lancé des pierres. Toujours vivante, un taliban l’a achevée d’une décharge d’AK-47.

Ce fut ensuite le tour de Khayyam. Vêtu de blanc et mains attachées dans

Ce fut ensuite le tour de Khayyam. Vêtu de blanc et mains attachées dans le dos, on lui a bandé les yeux avant de le jeter au sol. Le lancer des projectiles a repris jusqu’à ce que son corps entouré de poussière ne donne plus signe de vie. Aujourd’hui, les sépultures de Suddiqa et de Khayyam sont abandonnées dans le petit cimetière de Mullah Quli. La famille de la jeune femme a déménagé dans la ville de Mazar-e. Sharif, tellement elle était honteuse. Non pas honteuse de la barbarie dont leur fille a été victime, mais honteuse de son comportement de son vivant. Honteuse également, la famille de Khayyam a aussi quitté le village.

Les images de cette exécution ont fait le tour du monde. Si elles n’avaient

Les images de cette exécution ont fait le tour du monde. Si elles n’avaient pas été filmées sur un téléphone cellulaire par un des protagonistes de cet événement barbare, on penserait qu’elles appartiennent à une époque lointaine. Personne ne semble avoir été jugé pour la lapidation du jeune couple. La plupart des «bourreaux» sont disparus dans la nature. L’un d’eux, un commandant taliban, a d’ailleurs perdu la vie lors d’une opération menée par les Américains. Sur les ondes de la BBC, un porte-parole des talibans (Zabiullah Mujahid) a déclaré : «Quiconque connaît l’islam sait que la lapidation fait partie de la loi coranique. Il s’en trouvera pour croire que c’est inhumain, mais en le disant ils insultent le prophète. »

Sushmita Banerjee

Sushmita Banerjee

Sushmita Banerjee (aussi connue sous les noms de Sushmita Bandhopadhyay et Sayeda Kamala (en

Sushmita Banerjee (aussi connue sous les noms de Sushmita Bandhopadhyay et Sayeda Kamala (en Afghanistan) est née à Calcuta (Inde). En 1988, elle épouse un homme d’affaire afghan (Jambaz Khan) en secret, car elle craint que ses parents s’opposent à cette union inter-religieuse. C’est effectivement ce qui se produit; lorsqu’ils l’exhortent de divorcer, elle part pour l’Afghanistan avec son époux. Ce n’est qu’en arrivant dans son nouveau pays qu’elle découvre que son mari avait déjà une première épouse. Elle décide malgré tout de continuer à faire vie commune avec lui, sa première épouse et les enfants issus de cette union. Vivent aussi sous le même toit trois beaux-frères et leurs épouses. Elle se convertit à l’islam. Détenant un diplôme d’infirmière spécialisée en gynécologie, elle ouvre chez elle un dispensaire afin de venir en aide aux femmes de son village.

À partir du moment où les talibans prennent le contrôle de l’Afghanistan, Sushmita Banerjee

À partir du moment où les talibans prennent le contrôle de l’Afghanistan, Sushmita Banerjee est témoin des exactions commises par ces fondamentalistes envers les femmes: interdiction de parler aux hommes s’ils ne sont pas membres de la famille et de sortir des maisons, fermeture des écoles, collèges et hôpitaux. Les talibans ayant découvert l’existence de son dispensaire, en mai 1995 ils la battent férocement. Elle essaie alors de quitter l’Afghanistan, mais sans succès. Une fatwa ayant été émise contre elle (la date de sa mise à mort avait même été prévue pour le 12 août 1995) parce qu’elle refusait de porter la burqa, le chef du village parvient à la sauver. Dans sa fuite vers Kaboul, trois talibans sont tués avec un AK-47. De retour en Inde où elle demeure jusqu’en 2013, elle publie plusieurs livres dont le premier raconte son histoire. En 2000, elle publie «Sauvée des talibans» , ouvrage qui sera adapté au cinéma en 2003. Sushmita Banerjee (à gauche) lors du tournage du film «Sauvée des talibans»

En 2013, Sushmita Banerjee retourne en Afghanistan. Elle continue d’y œuvrer dans le domaine

En 2013, Sushmita Banerjee retourne en Afghanistan. Elle continue d’y œuvrer dans le domaine de la santé comme aide-soignante. Elle touche aussi au cinéma en filmant la vie des Afghans de son milieu. Dans la nuit du 4 septembre 2013, des hommes forcent la porte de sa résidence. Après avoir ligoté son mari, ils l’enlèvent. Son corps, criblé de 20 balles, a été retrouvé le lendemain matin à proximité d’une madrasa (école coranique). Plusieurs hypothèses ont été émises sur les raisons de son assassinat: ses livres où elle dénonçait le régime taliban et les atrocités commises, son travail social et humanitaire, son origine indienne, son refus de porter la burqa, la fatwa émise contre elle 18 ans plus tôt et qui demeurait en vigueur. Initialement, les talibans ont nié être impliqués dans cet assassinat. Par la suite, une milice se faisant appeler «The Suicide Group of the Islamic Movement of Afghanistan» a revendiqué son exécution. Son leader, Mullah Najibullah, a déclaré qu’on la soupçonnait d’être une espionne indienne. Mais plusieurs personnes de son entourage persistent à penser qu’elle a été liquidée parce qu’elle ne suivait pas scrupuleusement les traditions locales et plus particulièrement qu’elle refusait de porter la burqa à l’extérieur de sa maison.

Kamikazes pour racheter leur honneur

Kamikazes pour racheter leur honneur

En décembre 2010, la police irakienne révélait que les islamistes d’Al-Qaïda déshonoraient des jeunes

En décembre 2010, la police irakienne révélait que les islamistes d’Al-Qaïda déshonoraient des jeunes filles pour en faire ensuite des kamikazes perpétrant des attentats-suicide. Dans la seule province de Diyala, les forces de l’ordre avaient comptabilisé en deux ans près de 70 femmes kamikazes ayant fait plusieurs centaines de victimes, souvent à proximité de mosquées. La société irakienne ne pardonnant pas aux jeunes femmes la «perte de leur vertu» , le déshonneur devient pour les islamistes une arme pour obliger leurs victimes à se racheter. L’une d’elles, âgée de 19 ans et interceptée avant de poser son geste, a indiqué qu’après avoir été violée, son agresseur lui avait expliqué qu’elle n’avait d’autre choix maintenant que de mourir pour Allah. Il lui a alors remis la ceinture d’explosifs et l’a conduite sur le lieu où elle devait la faire fonctionner.

Nilo et Fazilat Les dancing girls

Nilo et Fazilat Les dancing girls

Les sœurs Fazilat et Nilo habitent dans la ville pachtoune de Mingora, située dans

Les sœurs Fazilat et Nilo habitent dans la ville pachtoune de Mingora, située dans la vallée pakistanaise du Swat. Lorsqu’ils régnaient sur cette région, les talibans terrorisaient la population: écoles incendiées, flagellations, exécutions, assassinats… Dans cette ville, les femmes se voilent de la tête aux pieds et les hommes tuent pour l’honneur. On appelle les femmes qui se prostituent à Mingora des «dancing girls» . Fazilat et Nilo font partie de la quarantaine ou cinquantaine de femmes qui exercent le plus vieux (et dans leur cas le plus dangereux) métier du monde. Elles ont d’abord commencé à danser vers l’âge de 14 -15 ans. L’année suivante, elles se prostituaient. Leur père était malade, la mère devait nourrir les neuf enfants, elles n’avaient pas vraiment le choix. Parfois, c’est la mère qui trouve les clients et les amène à la maison. Mais le plus souvent, c’est leur frère Arshad (23 ans, marié, père de deux enfants, sans emploi) qui agit comme entremetteur. Fazilat et Nilo versent tout leur «salaire» à leur mère qui le distribue aux membres de la famille. Les garçons reçoivent beaucoup plus que les filles, disent-elles… Une bonne soirée peut rapporter 110 $.

Elles ont raconté leur vie à la journaliste québécoise Michèle Ouimet: hommes sans douceur

Elles ont raconté leur vie à la journaliste québécoise Michèle Ouimet: hommes sans douceur ni respect, clients ivres qui les frappent ou les tirent par les cheveux, qui prennent du Viagra et s’acharnent sur elles pendant une éternité. Lorsqu’elles sortent en ville, voilées et non maquillées, on ne les insulte pas mais on les montre du doigt. Très croyantes, elles prient dans l’espoir de racheter leurs péchés, mais sans se faire d’illusions : «Jamais nous n’irons au paradis» , conclut tristement Fazilat. Dans ce pays ultraconservateur régi par le Coran et la charia, les Pakistanais seraient paradoxalement les plus grands consommateurs de pornographie au monde, selon le gérant d’un cinéma de Peshawar – ville qui grouille de militants islamistes; pour lui, l’islam, le voile, la femme sacrée qu’aucun homme ne doit voir, l’honneur pachtoune, ce sont des questions personnelles. Une cinquantaine de cafés Internet offrent d’ailleurs des isoloirs où les hommes peuvent naviguer sur des sites pornos en toute sécurité et plusieurs cinémas présentent des films érotiques et pornographiques en cachette – un secret très mal gardé…

Les filles maudites de l’Inde

Les filles maudites de l’Inde

Dans une série de trois reportages troublants, la journaliste Isabelle Hachey et le photographe

Dans une série de trois reportages troublants, la journaliste Isabelle Hachey et le photographe Martin Leblanc (La Presse, 25, 27 et 29 mai 2013) ont jeté un peu plus d’éclairage sur la guerre qu’on livre aux fillettes et à leurs mères dans certains pays du monde, notamment en Chine et en Inde. Sans ces deux géants asiatiques, la planète serait majoritairement féminine. Mais à eux seuls, ces pays éliminent plus de fillettes et de fœtus féminins que le nombre de filles qui naissent chaque année aux États-Unis. Selon l’ONU, il manque à l’appel 200 millions de femmes dans le monde. Des femmes qui seraient vivantes si elles avaient eu droit au même traitement que les hommes. Que leur est-il arrivé? Elles ont été victimes d’avortement sélectif, d’infanticide, d’abandon ou de négligence. Parmi les pays du G 20, l’Inde figure au pire classement pour les femmes. Ainsi, entre 1980 -2010, douze millions de fœtus féminins auraient été supprimés en Inde uniquement en raison de leur sexe. En outre, 2, 2 millions de femmes «disparaissent» chaque année dans ce pays. Des femmes (on avance le chiffre de 100 000) sont même mortes brûlées par leur mari qui souhaitait obtenir une seconde dote en se mariant de nouveau. Voici quelques-unes de ces histoires sordides.

Nous sommes au Pendjab, un État du nord de l’Inde. Ici, des familles sont

Nous sommes au Pendjab, un État du nord de l’Inde. Ici, des familles sont prêtes à tout pour avoir un garçon; parfois même à sacrifier leurs filles. Victimes d’une préférence ancestrale pour les garçons, des fillettes sont abandonnées, négligées ou tuées à la naissance. D’autres sont privées de soins médicaux alors que leurs frères sont couvés, soignés, bien nourris. Karamjit Kaur et Chand Singh avaient déjà trois filles quand Karamjit est tombée enceinte. Ils n’avaient pas les 200 $ nécessaires pour se payer une échographie qui leur aurait fait connaître le sexe du futur bébé. L’accouchement d’une quatrième fille fut reçu comme une catastrophe: un fardeau plus lourd, une autre fille à élever avant qu’elle ne quitte la maison pour servir son mari et ses beaux-parents, une dot de plus à payer, une perte sèche. Le père ne pouvait le supporter. Alors… «Après l’accouchement, il est rentré de l’hôpital à moto. Derrière lui, sa femme tenait leur nouveau-né dans ses bras. Juste avant d’entrer au village, il s’est arrêté sur le pont qui enjambe la rivière. Il a dit à sa femme : “Jette le bébé à la rivière, sinon c’est moi qui m’y jetterai. ” Karamjit s’est dit qu’elle ne pourrait jamais survivre sans lui. Pas avec trois filles à nourrir. Elle est rentrée à la maison les mains vides. »

Quand Parvinder Kaur (à droite sur la photo) est tombée enceinte, son beau-père lui

Quand Parvinder Kaur (à droite sur la photo) est tombée enceinte, son beau-père lui a dit que si elle lui donnait un garçon il organiserait une grande fête. Il n’y a pas eu de fête, mais des coups… Rejetée par sa belle-famille, elle a dû retourner vivre chez ses parents, dans un village du Pendjab, son bébé de 12 jours dans les bras. «Ici, on ne veut pas de filles. C’est un fardeau» , se désole-t-elle. La petite Muskaan a aujourd’hui 8 ans. D’ailleurs une citation hindoue ne dit-elle pas qu’ «élever une fille, c’est arroser le jardin des voisins» ? Certains parents frustrés de ne pas avoir eu un fils baptisent leurs filles de prénoms dégradants : Mafi (Désolée), Dhapu (Assez / De trop)…

Urmila Devi (à gauche), sa petite fille Kushi et sa belle-mère Angoori (à droite).

Urmila Devi (à gauche), sa petite fille Kushi et sa belle-mère Angoori (à droite). Urmila avait déjà une petite fille. Quand elle est tombée enceinte une seconde fois, sa belle-mère l’a obligée à subir une échographie. Quand elle a appris que sa bru portait des jumelles, elle lui a ordonné de se faire avorter. «Les garçons sont indispensables. Ils sont attendus. Les filles ne font que naître. Dieu ne fait que les jeter sur notre chemin, mais tout le monde veut des garçons» , conclut Angoori.

Satnam Kaur et sa fille Laxmi, âgée de 2 ans. La mère a été

Satnam Kaur et sa fille Laxmi, âgée de 2 ans. La mère a été battue par sa belle-famille qui voulait la forcer à subir un avortement.

Malala Yousafzai

Malala Yousafzai

Malala Yousafzai est originaire de la vallée du Swat, au Pakistan. Lorsque les talibans

Malala Yousafzai est originaire de la vallée du Swat, au Pakistan. Lorsque les talibans se sont emparés de la région, en 2007, ils ont commencé par interdire la musique, la danse et le visionnement de DVD. Puis l’année suivante ils ont ordonné aux filles de cesser d’aller à l’école. Et pour montrer qu’ils ne plaisantaient pas, ils incendièrent des centaines d’écoles. Dès 2009, Malala a répliqué en publiant sous un pseudonyme un blogue en langue ourdou ( «Journal d’une écolière pakistanaise» ) sur le site Web de la BBC. Elle a aussi pris la parole à la télévision locale et plaidé pour la résistance du réseau scolaire. À l’époque, elle n’avait que 11 ans. Il faut dire que le père de Malala, Ziauddhin Yousafzai, est un homme instruit qui croit en l’importance de l’éducation, et ce tant pour les filles que pour les garçons. Dans sa ville de Mingora, il a d’ailleurs fondé sa propre école qui accueille les enfants deux sexes. En 2013, pas moins de 1 000 jeunes Pakistanaises et Pakistanais fréquentaient son établissement. Ziauddhin Yousafzai, le père de Malala

Il est depuis longtemps avéré que les islamistes, quel que soit le nom qu’ils

Il est depuis longtemps avéré que les islamistes, quel que soit le nom qu’ils se donnent et quelle que soit la faction à laquelle ils appartiennent, sont guidés par la férocité et l’absence de la moindre moralité. Pourtant, dans la vallée du Swat qui avait été témoin et victime de tant d’exactions de leur part, personne n’avait osé croire que les talibans pourraient aller aussi loin que de cibler un enfant en particulier et de s’en prendre à lui. Jusqu’au 9 octobre 2012… «Ils ne s’en étaient jamais pris à un enfant. Ils avaient déjà flagellé des filles d’âge adulte mais n’avaient jamais tué des enfants. Alors on croyait que les terroristes possédaient certaines valeurs, qu’ils étaient guidés par un quelconque code de conduite. » (Ziauddhin Youfsazai)

Le 9 octobre 2012, Malala, alors âgée de 15 ans, revenait de l’école en

Le 9 octobre 2012, Malala, alors âgée de 15 ans, revenait de l’école en autobus avec ses compagnes. Des hommes ont arrêté le véhicule et demandé qui était Malala. Selon les informations de l’époque, ce serait Atta Ullah Khan, armé d’un Colt. 45, qui lui a tiré une balle dans la tête; deux de ses compagnes ont aussi été blessées dans cet attentat, mais moins gravement. Or, ce jeune agresseur âgé de 20 ans était instruit : il étudiait la chimie au niveau de la maîtrise. Que Malala ait survécu à ses blessures tient du miracle. L’inspirateur de cette attaque était Maulana Fazlullah, un mollah (mot qui signifie «érudit» …). Ce mollah est devenu le chef des talibans pakistanais le 7 novembre 2013. Il a fallu deux ans pour que l’armée pakistanaise mette la main sur les participants à cette agression. Selon l’armée, dix hommes ont pris part à l’attaque sous l’égide de Zafar Iqbal, un commerçant local. Le groupe possédait une liste de 22 cibles hostiles aux talibans à éliminer.

Malala Yousafzai a d’abord été traitée en urgence à l’hôpital militaire de Rawalpindi et,

Malala Yousafzai a d’abord été traitée en urgence à l’hôpital militaire de Rawalpindi et, lorsque son état l’a permis, elle a été transportée en Angleterre où elle a été traitée pendant plusieurs mois à l’hôpital Queen Elizabeth de Birmingham.

Malala Yousafzai a d’abord été traitée en urgence à l’hôpital militaire de Rawalpindi et,

Malala Yousafzai a d’abord été traitée en urgence à l’hôpital militaire de Rawalpindi et, lorsque son état l’a permis, elle a été transportée en Angleterre où elle a été traitée pendant plusieurs mois à l’hôpital Queen Elizabeth de Birmingham.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue.

Ce drame a tout de suite fait de Malala Yousafzai une personne mondialement connue. «En survivant à l’attentat et à plusieurs opérations, en se relevant plus forte et plus convaincue que jamais, elle est devenue une icône et le symbole de la lutte contre l’obscurantisme des talibans. » (Nathalie Petrovski)

Malala à sa sortie de l’hôpital, après plusieurs mois de traitement et de réadaptation

Malala à sa sortie de l’hôpital, après plusieurs mois de traitement et de réadaptation

Malala à sa sortie de l’hôpital, après plusieurs mois de traitement et de réadaptation

Malala à sa sortie de l’hôpital, après plusieurs mois de traitement et de réadaptation

Malala à sa sortie de l’hôpital, après plusieurs mois de traitement et de réadaptation

Malala à sa sortie de l’hôpital, après plusieurs mois de traitement et de réadaptation

 «J’étais une fille dans un pays où on tire au fusil pour fêter

«J’étais une fille dans un pays où on tire au fusil pour fêter la naissance d’un fils et où les filles sont cachées derrière un rideau, leur rôle se résumant à préparer la nourriture et à produire des enfants. Pour la plupart des Pachtounes, c’est un jour sinistre que celui où naît une fille. » «L’école n’est pas la seule chose dont furent privées mes tantes. Le matin, si on donnait du lait ou de la crème à mon père, elles avaient du thé sans lait. S’il y avait des œufs, c’était seulement pour les garçons. Quand on tuait un poulet pour le dîner, les filles avaient le cou et les ailes, tandis que le délicat blanc de poulet était savouré par les hommes. »

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour la paix de la Fondation Kid. Rights ▪ Le premier prix national de la jeunesse pour la paix décerné par le gouvernement du Pakistan ▪ Le prix Amnesty International 2013 Ambassadeur de conscience ▪ Le prix Sakharov 2013 pour la liberté de l’esprit du Parlement européen ▪ Le prix Simone de Beauvoir 2013 pour la liberté des femmes ▪ Le prix humanitaire Peter J. Gomes 2013 décerné par l’Université Harvard ▪ Malala Yousafzai a aussi pris la parole à l’ONU

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour la paix de la Fondation Kid. Rights ▪ Le premier prix national de la jeunesse pour la paix décerné par le gouvernement du Pakistan ▪ Le prix Amnesty International 2013 Ambassadeur de conscience ▪ Le prix Sakharov 2013 pour la liberté de l’esprit du Parlement européen ▪ Le prix Simone de Beauvoir 2013 pour la liberté des femmes ▪ Le prix humanitaire Peter J. Gomes 2013 décerné par l’Université Harvard ▪ Malala Yousafzai a aussi pris la parole à l’ONU

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour la paix de la Fondation Kid. Rights ▪ Le premier prix national de la jeunesse pour la paix décerné par le gouvernement du Pakistan ▪ Le prix Amnesty International 2013 Ambassadeur de conscience ▪ Le prix Sakharov 2013 pour la liberté de l’esprit du Parlement européen ▪ Le prix Simone de Beauvoir 2013 pour la liberté des femmes ▪ Le prix humanitaire Peter J. Gomes 2013 décerné par l’Université Harvard ▪ Malala Yousafzai a aussi pris la parole à l’ONU

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour

Les nombreux honneurs rendus à Malala Yousafzai ▪ Le prix international des enfants pour la paix de la Fondation Kid. Rights ▪ Le premier prix national de la jeunesse pour la paix décerné par le gouvernement du Pakistan ▪ Le prix Amnesty International 2013 Ambassadeur de conscience ▪ Le prix Sakharov 2013 pour la liberté de l’esprit du Parlement européen ▪ Le prix Simone de Beauvoir 2013 pour la liberté des femmes ▪ Le prix humanitaire Peter J. Gomes 2013 décerné par l’Université Harvard ▪ Malala Yousafzai a aussi pris la parole à l’ONU

 «Dans plusieurs pays, les enfants sont victimes de trafic et de travail forcé.

«Dans plusieurs pays, les enfants sont victimes de trafic et de travail forcé. Les femmes sont victimes de violence sexuelle, de mariages forcés et d’esclavage. Tout cela est inacceptable pour des êtres humains. Négligées, marginalisées, infériorisées, elles sont privées de leurs droits fondamentaux, de leur liberté et de justice. Quelle est la solution? Je crois que la seule solution réside dans l’éducation, l’éducation. » «Un enfant, un enseignant, un crayon et un livre peuvent changer le monde. » (Malala Yousafzai)

En 2013, le nom de Malala Yousafzai figurait parmi les récipiendaires possibles du Prix

En 2013, le nom de Malala Yousafzai figurait parmi les récipiendaires possibles du Prix Nobel de la paix. C’était la toute première fois dans l’histoire qu’une aussi jeune personne était en nomination pour un tel prix. Finalement, le Comité Nobel a décerné ce prix prestigieux à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) – une «décision politique» qui a suscité la controverse. L’ancien ministre des Affaires étrangères du Canada, Lloyd Axworthy, a déclaré : «Je crois qu’il s’agit d’une très belle occasion ratée. Attribuer le prix à Malala aurait eu un impact majeur dans le monde, particulièrement auprès des jeunes. Ça aurait braqué les projecteurs sur les crimes contre les femmes et sur le besoin d’éduquer les filles – des questions qui font pratiquement partie de notre conscience morale en tant que société. »

 «Nul n’est prophète dans son pays» , a-t-on souvent l’habitude de dire. C’est

«Nul n’est prophète dans son pays» , a-t-on souvent l’habitude de dire. C’est le cas de Malala Yousafzai dans son propre pays, et même dans sa propre ville où on l’a accusée d’être «une agente de l’Occident» , la «porte -parole de l’Amérique et de l’Angleterre» . On a refusé de renommer des écoles portant son nom. On a avancé qu’elle n’avait même pas été blessée dans cet attentat. On a condamné le fait qu’elle ait pris la parole aux Nations unies. Lorsqu’elle a publié son autobiographie «Je suis Malala» , le lancement a été annulé sous la pression des autorités locales. Une fédération d’écoles privées pakistanaises a même interdit à ses membres d’acheter l’ouvrage en raison de son «contenu hostile au Pakistan et à l’islam» . Le 7 octobre 2013, les talibans pakistanais ont annoncé leur intention d’attaquer à nouveau Malala Yousafzai. «Nous n’avons rien contre elle personnellement, a déclaré un certain Shahidullah Shahid, mais nous en avons contre son idéologie. Quiconque critique l’islam et préconise une idéologie laïque est contre nous. Alors, nous la viserons encore et encore. Nous allons la viser et l’attaquer dès que nous en aurons l’occasion. »

 «Les talibans ont peur du pouvoir des femmes, du pouvoir de l’éducation. »

«Les talibans ont peur du pouvoir des femmes, du pouvoir de l’éducation. » (Malala Yousafzai)

Farzana Parveen

Farzana Parveen

Farzana Parveen avait 25 ans. Elle était enceinte de trois mois. Elle avait déclenché

Farzana Parveen avait 25 ans. Elle était enceinte de trois mois. Elle avait déclenché la colère de sa famille en se mariant contre son avis à Mohammad Iqbal, l’homme qu’elle aimait. En mai 2014, elle s’est rendue au tribunal de Lahore (Pakistan) afin de témoigner contre ses proches qui avaient accusé son mari de l’avoir kidnappée. À sa sortie du tribunal, devant des policiers impassibles, elle a été battue à mort à coups de briques par une trentaine de personnes, parmi lesquelles plusieurs membres de sa propre famille. Des accusations ont été portées contre cinq hommes, dont le père de la victime, ses deux frères et un cousin. Ils prétendaient avoir défendu «l’honneur» de leur famille. Mohammad Iqbal, qu’on voit ici devant la dépouille de son épouse. Lui-même avait reconnu antérieurement avoir étranglé sa première femme afin de pouvoir épouser Farzana. Il avait échappé à la prison grâce à ses propres fils qui avaient convaincu le reste de la famille de lui pardonner ce crime au nom des «lois du sang» . Ces lois permettent de pardonner à un assassin, ce qui rend difficile la poursuite en justice de ces «affaires d’honneur» , car très souvent le coupable est un proche.

Nadia

Nadia

Originaire d’un village du sud de l’Afghanistan, Nadia n’est jamais allée à l’école. Elle

Originaire d’un village du sud de l’Afghanistan, Nadia n’est jamais allée à l’école. Elle a grandi au milieu de ses 16 frères et sœurs, de sa mère, de son père très sévère et de la deuxième femme de celui-ci. Elle avait 14 ans lorsque son père l’a mariée à un taliban toxicomane de 35 ans qu’elle n’avait jamais vu. Le mollah les a même unis sans qu’ils se voient; elle n’a vu son mari que deux jours après le mariage. Un mariage qui n’a duré que cinq jours. Dès la première nuit, il l’a battue et violée. La deuxième nuit, il lui a coupé une oreille. Les jours suivants, il a continué à la torturer et à la charcuter (nez, oreille) en prenant soin de la bâillonner pour étouffer ses cris. La cinquième nuit, il l’a frappée avec une pierre et l’a laissée là, croyant qu’elle était morte. Elle est parvenue à sortir de la maison, a été recueillie par des voisins qui ont appelé la police. Pour elle, fuir était devenu une question de vie ou de mort. Elle a passé dix mois dans un hôpital de Kaboul. Elle a subi une dizaine d’opérations. Elle porte des séquelles permanentes de ses cinq jours de mariage. Elle a encore de la difficulté à respirer. Son père est venu la voir une seule fois pour lui faire des reproches et lui dire qu’elle avait bafoué l’honneur de sa famille en quittant son mari – un mari toujours introuvable. Aucun autre membre de sa famille n’est jamais venu la voir. Elle est sortie de l’hôpital depuis six ans. Depuis, elle vit dans un refuge pour femmes violentées. Si son mari la retrouvait, elle serait obligée de retourner vivre avec lui. Et si elle revenait dans son village, son père pourrait de nouveau la marier de force.

Moqtada

Moqtada

Moqtada avait 12 ans quand son père l’a mariée à un homme de 35

Moqtada avait 12 ans quand son père l’a mariée à un homme de 35 ans qui était déficient intellectuel, sourd et muet. Dans son village, les gens appelaient cet homme «le fou» . Elle avait peur de lui et en plus sa belle-mère la tyrannisait. Après deux ans de calvaire, elle est partie en plein hiver, poursuivie par les hommes de sa tribu partis à sa recherche. Elle a eu la chance de tomber sur des policiers compréhensifs qui étaient conscients qu’elle serait tuée par ces hommes qui voulaient venger leur honneur. Elle s’est retrouvée dans un refuge pour femmes violentées, à Kaboul. Elle y vit depuis neuf ans… Après une longue lutte, la Cour suprême lui a accordé son divorce. Mais sa tribu pachtoune a fait d’énormes pressions sur le gouvernement Karzaï pour qu’il bloque les procédures et lui remette Moqtada. Sa tribu la recherche toujours à seule fin de la tuer au nom de l’honneur. Moqtada est aujourd’hui l’une des plus anciennes de ce refuge. Mais elle n’est pas la seule. Elle partage sa chambre avec une jeune fille de 15 ans qui avait été mariée par son père dès l’âge de six ans. «Les hommes sont de plus en plus violents, commente Mary Akrami, la directrice du refuge où vivent Nadia et Moqtada. Avant, ils battaient et violaient leur femme. Aujourd’hui, certains les torturent et coupent des morceaux de leur corps, parfois devant leurs enfants. Difficile d’imaginer une telle violence. Les hommes savent qu’ils ne se feront probablement pas arrêter, alors ils vont de plus en plus loin. C’est très profond. » En Afghanistan, la plupart des cas de violence conjugale échappent à la justice officielle. Les Loya Jirga ou les chouras, qui regroupent les hommes d’un ou de plusieurs villages, tranchent les litiges en suivant les coutumes tribales. Dans certains cas, ils ont statué que les victimes de viol devaient marier leur agresseur. Dans d’autres, ils ont remis la victime aux hommes de la famille pour qu’ils la tuent afin de laver leur honneur.

Samia Shariff

Samia Shariff

Samia Shariff vient d’une riche famille algérienne. Elle a passé les sept premières années

Samia Shariff vient d’une riche famille algérienne. Elle a passé les sept premières années de sa vie en France avec sa famille. De retour en Algérie, elle vit dans un climat familial étouffant. Sa mère ne manque jamais de lui rappeler qu’avoir un fils est une bénédiction, une fille une malédiction. Elle lui précise aussi qu’une bonne musulmane ne connaît que trois endroits sacrés dans sa vie : la maison de ses parents, la résidence de son mari et sa tombe. Samia Shariff a été mariée de force à l’âge de 16 ans à un homme qui avait deux fois son âge. Elle a été mariée 14 ans. Quatorze année d’enfer durant lesquelles elle a été battue et violée à répétition sous le silence complice de ses propres parents. En 1997, elle s’enfuit en France avec ses jumeaux de trois ans et un bébé de quelques mois. Elle arrive à Montréal en septembre 2001. De haute lutte, elle a obtenu le statut de réfugiée puis la citoyenneté canadienne. Depuis son départ d’Algérie, sa mère ne lui a jamais reparlé.

Bahar Ebrahimi

Bahar Ebrahimi

Les faits rapportés ici ne sont pas produits à l’autre bout du monde, mais

Les faits rapportés ici ne sont pas produits à l’autre bout du monde, mais à Montréal, le 13 juin 2010. Ce matin-là, les policiers du Service de police de la ville de Montréal se sont présentés au domicile de Bahar Ebrahimi, une jeune fille de 19 ans qui avait appelé le 911 après avoir été poignardée à plusieurs reprises par sa mère (Johra Kaleki) avec un couteau de boucher. Elle a été blessée à la tête, au cou, aux épaules et aux mains. La famille Ebrahimi est originaire d’Afghanistan. Au moment de l’agression, elle était établie au Canada depuis 13 ans. La mère, de confession musulmane, s’est décrite comme une femme religieuse qui prie cinq fois par jour, ne boit pas, ne fume pas et veut inculquer ses valeurs à ses quatre filles. Ainsi, celles-ci ne peuvent pas sortir le soir, n’ont pas le droit de fréquenter des garçons et ne peuvent évidemment pas avoir de relations sexuelles avant le mariage. Pour Bahar, ce mode de vie l’étouffait. «Je suis ici, mais on dirait qu’ils ont amené un morceau de leur propre nationalité, leur propre pays avec eux, a-t-elle confié. Toutes les petites traditions de notre pays d’origine, on les pratique ici encore. » «Fuck cette maison, fuck cette religion, fuck cette culture!» a même crié un jour Bahar à sa mère lors d’une prise de bec.

Si, aux yeux de sa mère, Bahar avait été «une bonne fille» , cela

Si, aux yeux de sa mère, Bahar avait été «une bonne fille» , cela n’était plus le cas depuis l’adolescence. Elle fumait, se maquillait, parlait au téléphone avec des garçons, consommait de l’alcool. Le jour de l’agression, elle n’était pas venue coucher à la maison et était revenue à l’aube. Voici quelques commentaires formulées par la mère à la suite de son arrestation : ▪ «C’est ma fille, je peux faire ce que je veux. » ▪ «Laissez-moi finir le travail. » ▪ «Et là, je l’ai poignardée au cou. Je lui ai dit : “C’est pour ton bien, laisse-moi faire…” Je voulais la poignarder à mort. » ▪ «Elle ne pouvait pas se défendre, elle a essayé de se sauver. J’ai essayé de l’étrangler. » ▪ «Je sais que j’ai commis un crime. Si ma fille survit, elle va être une personne plus sage. Je prie pour qu’elle soit une meilleure personne. » ▪ «Les avocats m’ont dit de ne rien dire, mais je vais vous dire ce qui est arrivé. Je n’ai jamais menti à personne. Si je vais en prison, je veux y aller comme une personne fière, pas comme une poltronne. » Johra Kaleki est accusée de tentative de meurtre, voies de fait avec lésions et voies de fait armées sur sa fille.

Être femmes au Pakistan En 2008, la Fondation Aurat (une organisation vouée à la

Être femmes au Pakistan En 2008, la Fondation Aurat (une organisation vouée à la défense des droits des femmes au Pakistan) a recensé les cas de violence contre les femmes ayant fait l’objet d’une publicité dans les journaux du pays. Ces chiffres sont donc nettement en-deçà de la réalité, puisqu’ils ne tiennent pas compte des actes de violence qui sont demeurés cachés. ■ 475 crimes d’honneur ■ 599 suicides ■ 778 viols ■ 1 784 cas d’enlèvement ■ 1 746 cas de violence conjugale (notamment de l’acide jeté au visage, de la torture et des agressions sexuelles). Quant à la Fédération internationale des ligues droits de l’homme, elle estimait en 2008 qu’entre 1 200 – 1 800 femmes étaient victimes de crimes d’honneur chaque année au Pakistan.

D’autres visages de femmes bafouées Sahar Gul, une jeune Afghane de 15 ans, a

D’autres visages de femmes bafouées Sahar Gul, une jeune Afghane de 15 ans, a été séquestrée et battue pendant cinq mois par son mari et sa belle-famille parce qu’elle refusait de se prostituer.

D’autres visages de femmes bafouées Quelques-unes des 74 écolières afghanes empoisonnées parce qu’elles allaient

D’autres visages de femmes bafouées Quelques-unes des 74 écolières afghanes empoisonnées parce qu’elles allaient à l’école.

D’autres visages de femmes bafouées L’Afghane Gulnaz, victime de viol.

D’autres visages de femmes bafouées L’Afghane Gulnaz, victime de viol.

D’autres visages de femmes bafouées Fillettes aspergées d’acide

D’autres visages de femmes bafouées Fillettes aspergées d’acide

D’autres visages de femmes bafouées Originaire d’Afghanistan, Bibi Aisha était déjà une épouse battue

D’autres visages de femmes bafouées Originaire d’Afghanistan, Bibi Aisha était déjà une épouse battue à l’âge de 18 ans. Un jour, elle s’est réfugiée chez ses parents. Une nuit, les talibans se sont présentés chez eux et ont demandé qu’ils la leur remettent pour qu’elle soit jugée. La justice talibane a décrété qu’elle devait être mutilée en guise de punition. Pendant que son beau-frère l’immobilisait, son mari lui a coupé les oreilles et le nez. Secourue par des travailleurs humanitaires et des militaires américains, elle a ensuite été hébergée dans un refuge de Kaboul, puis transportée aux États-Unis pour y être soignée et opérée. En 2010, cette photo de Jodi Bieber a reçu le prestigieux «World Press Photo of the Year» .

D’autres visages de femmes bafouées Hasina et Rubina, aspergées d’acide au Bangladesh

D’autres visages de femmes bafouées Hasina et Rubina, aspergées d’acide au Bangladesh

D’autres visages de femmes bafouées Afghane fusillée le 8 juillet 2012 pour motif d’adultère

D’autres visages de femmes bafouées Afghane fusillée le 8 juillet 2012 pour motif d’adultère

Cette photo, datant de 2009, montre le visage courroucé d’hommes afghans protestant contre l’adoption

Cette photo, datant de 2009, montre le visage courroucé d’hommes afghans protestant contre l’adoption d’une loi qui s’attaquait au viol conjugal.

Dans ce pays toujours imprégné de fortes attitudes conservatrices, l’égalité entre les sexes demeure

Dans ce pays toujours imprégné de fortes attitudes conservatrices, l’égalité entre les sexes demeure un rêve lointain pour les femmes afghanes. Néanmoins, des progrès ont été réalisés. Des lois criminalisant les agressions contre les femmes ont été adoptées depuis 2009. Ainsi, en septembre 2014, ces sept Afghans ont été condamnés à mort pour l’enlèvement et le viol collectif de quatre femmes qui revenaient d’un mariage au mois d’août. Les agresseurs s’étaient déguisés en policiers. En apprenant le verdict, une foule qui s’était massée à l’extérieur du tribunal a applaudi et même réclamé que les exécutions aient lieu en public «afin que cela serve de leçon aux autres» . Mais à l’approche du retrait des forces de l’OTAN, plusieurs craignent que les gains réalisés par les femmes afghanes au cours de la dernière décennie soient effacés.

Documentation • Asia Bibi et Anne-Isabelle Tollet, Asia Bibi, blasphème, éditions Oh, juin 2011.

Documentation • Asia Bibi et Anne-Isabelle Tollet, Asia Bibi, blasphème, éditions Oh, juin 2011. • Marie Desmos, «Asia Bibi : le témoignage de la martyre pakistanaise» , Site Web de Paris Match, 14 juin 2011. • Michèle Ouimet, «Le blasphème qui tue» , La Presse, 30 mai 2011. • Michèle Ouimet, «Moi, Asia Bibi, “blasphématrice”» , La Presse, 25 juin 2011. • Mukhtar Mai, Déshonorée, éditions Oh, 2006. • Marie Desmos, «Mukhtar Mai : viol, déshonneur et injustice» , Site Web de Paris Match, 22 avril 2011. • Michèle Ouimet, «Mukhtar Mai : la bataille d’une survivante» , La Presse, 28 mai 2011. • «Tuer pour un mariage arrangé» , La Presse, 5 octobre 2010. • «Londres contre la lapidation d’une Iranienne» , Le Devoir, 9 juillet 2010. • Agence France-Presse, «Sakineh Mohammadi ne sera pas lapidée, indique Téhéran» , Le Devoir, 10 juillet 2010. • Yannick Veley, «Cette femme risque toujours la lapidation» , Site Web de Paris Match, 2 août 2010. • Agence France-Presse, «Condamnée pour adultère en Iran – Exécution imminente redoutée» , La Presse, 3 novembre 2010. • «Iran / adultère : Sakineh peut sortir de prison» , Flash Actu, 18 mars 2014. • «Sakineh libérée après huit ans de prison pour adultère? » , Elle, 19 mars 2014. • Louise Leduc, «Barbarie en direct – La vidéo d’une lapidation en Afghanistan soulève un tollé» , La Presse, 29 janvier 2011. • Gul Rahim Niazman, «Afghanistan : les amants lapidés» , Site Web de Paris Match, 26 février 2011. • «Afghanistan – Une écrivaine exécutée par les talibans» , La Presse, 6 septembre 2013. • Wikipédia, Sushmita Banerjee. • «Les islamistes en Irak déshonorent les jeunes filles pour en faire des kamikazes» , RIA Novosti, 23 décembre 2010. • Danièle Ouimet, «Les dancing girls de l’islam» , La Presse, 28 mai 2011. • Isabelle Hachey, «La guerre mondiale aux fillettes – Histoire d’un gynécide» , La Presse, 25, 27 et 29 mai 2013. • Tom Whitherow, «Malala Yousafzai proves need for girls education » , The Telegraph, 19 septembre 2013. • Steve Wilson, «Malala Yousafzai honoured as Harvard University’s humanitarian of the year» , The telegraph, 28 septembre 2013.

Documentation • David Blair, «Prisoners of their own ignorance» , The Telegraph, 6 octobre

Documentation • David Blair, «Prisoners of their own ignorance» , The Telegraph, 6 octobre 2013. • Mishal Husain, «Malala Yousafzai : One year after her attack, the remarkable life of the girl who dared to defy» , The Telegraph, 6 octobre 2013. • Bob Crilly, «Malala Yousafzai brings fear and loathing to her home town» , The Telegraph, 7 octobre 2013. • Bob Crilly, «Pakistan Taliban issues fresh threat to kill Malala Yousafzai» , The Telegraph, 7 octobre 2013. • Kamila Shamsie, «Malala Yousafzai : It’s hard to kill. May be that’s why his hand was shaking» , The Guardian, 7 octobre 2013. • «Pakistan – Les talibans menacent Malala» , La Presse, 8 octobre 2013. • Mario Roy, «Les vies de Malala» , La Presse, 9 octobre 2013. • Emmanuel Derville, «Pakistan : pourquoi Malala n’est plus prophète en son pays» , Le Point, 10 octobre 2013. • Philippe Mercure, «Un Nobel de la paix qui soulève la controverse – Les chasseurs d’armes chimiques préférées à Malala» , La Presse, 12 octobre 2013. • Nathalie Petrovski, «Merveilleuse Malala» , La Presse, 26 octobre 2013. • Agence France-Presse, «Pakistan – Le mollah Fazlullah à la tête des talibans» , La Presse, 8 novembre 2013. • Agence France-Presse, «Pakistan : un lancement du livre de Malala annulé sous pressions des autorités» , La Presse, 28 janvier 2014. • Gohar Abbas (AFP), «Les agresseurs de Malala arrêtés» , La Presse, 12 septembre 2014. • Agence France-Presse, «Pakistan: cinq hommes inculpés pour la lapidation d’une femme enceinte» , La Presse, 5 juillet 2014. • Michèle Ouimet, «Au nom de l’honneur – Crimes sans frontières» , La Presse +, 2 février 2014 • Les textes sur la tentative de meurtre de Johra Kaleki sur sa fille Bahar Ebrahimi et le procès toujours en cours proviennent du journal La Presse, éditions des 25, 26, 27 et 28 septembre 2012, ainsi que du 2 octobre 2012. • «Sept Afghans condamnés à mort pour un viol collectif» , Journal de Montréal, 7 septembre 2014.

Photographies • André Pichette (La Presse) • Martin Leblanc (La Presse) • Robert Skinner

Photographies • André Pichette (La Presse) • Martin Leblanc (La Presse) • Robert Skinner (La Presse) • Autres photographes des grandes agences de presse • Web Conception R. Day Septembre 2014 Mes diaporamas sont hébergés sur le site : http: //www. imagileonation. com