Day Crations rflexives 2014 Limmolation par le feu

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Day Créations réflexives 2014

Day Créations réflexives 2014

L’immolation par le feu, en signe de protestation politique, est un symbole puissant. Durant

L’immolation par le feu, en signe de protestation politique, est un symbole puissant. Durant la guerre du Viêt-Nam, dans les années 1960 -1970, de nombreux moines bouddhistes se sont immolés par le feu. Les Tibétains y ont souvent recours pour dénoncer l’occupation chinoise de leur pays; en avril 2012, les médias mentionnaient qu’une quinzaine de Tibétains avaient déjà posé un tel geste au cours des quatre premiers mois de l’année. En 2003, l’organisme Médecins sans frontière a recensé dans le monde 2 300 personnes qui s’étaient immolées par le feu entre 1983 -2003. Si les autoimmolations politiques sont rares, elles n’en sont pas moins percutantes pour ceux et celles qui en sont témoins. Et comme nous l’avons vu récemment dans les pays arabes, un seul indigné qui s’immole pour dénoncer et combattre l’injustice peut enclencher un mouvement généralisé de révolte dont l’issue peut cependant s’avérer incertaine. «L’immolation par le feu se distingue des autres méthodes de suicide par sa violence: les victimes souffrent atrocement et meurent souvent d’asphyxie plutôt que de brûlures proprement dites. Quand elles survivent, les séquelles sont énormes. Certains pensent qu’il y a une volonté de disparaître – non seulement de mourir, mais d’effacer toute trace de sa propre existence. » (Dr Foued Makhlouf, médecin-légiste à l’Université Saint-Quentin, près de Paris). R. Day

Protester par le feu

Protester par le feu

Le 28 avril 2006, le Croate Dragan Preben (35 ans) s’est immolé par le

Le 28 avril 2006, le Croate Dragan Preben (35 ans) s’est immolé par le feu.

Le 28 avril 2006, le Croate Dragan Preben (35 ans) s’est immolé par le

Le 28 avril 2006, le Croate Dragan Preben (35 ans) s’est immolé par le feu.

En mars 2012, ce Tibétain s’est immolé par le feu à New Delhi (Inde)

En mars 2012, ce Tibétain s’est immolé par le feu à New Delhi (Inde) lors d’une manifestation contre la visite du président chinois Hu Jintao.

Bowatte Indaratane, un moine bouddhiste du Sri Lanka, s’est immolé par le feu pour

Bowatte Indaratane, un moine bouddhiste du Sri Lanka, s’est immolé par le feu pour protester contre le massacre du bétail dans son pays.

Dans l’histoire récente, ce jeune vendeur de fruits tunisien de 26 ans – Mohamed

Dans l’histoire récente, ce jeune vendeur de fruits tunisien de 26 ans – Mohamed Bouazizi – est sans doute le cas le plus mondialement connu d’immolation par le feu. Harcelé par la police du régime Ben Ali parce qu’il ne détenait pas de permis pour tenir son commerce ambulant, il s’est immolé par le feu dans la petite ville de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010; il est mort le 4 janvier 2011. Son geste de désespoir face à la répression, la corruption, la pauvreté et le chômage a précipité des dizaines de milliers de Tunisiens dans les rues du pays et marqué le début de la «Révolution de jasmin» qui a rapidement fait contagion dans plusieurs pays arabes.

Le fait que le président tunisien Ben Ali se soit rendu au chevet de

Le fait que le président tunisien Ben Ali se soit rendu au chevet de Mohamed Bouazizi, à grand renfort de publicité, n’a pu empêcher la chute de son régime dictatorial et l’exil de sa famille et de sa belle-famille qui avaient mis la main sur toutes les richesses du pays. Mohamed Bouazizi, pour sa part, a été nommé «personnalité de l’année» par le magazine Time et a reçu à titre posthume le «Prix Sakharov» comme figure de proue du «Printemps arabe» .

La «Révolution de jasmin» ne semble pas avoir produit les résultats attendus par les

La «Révolution de jasmin» ne semble pas avoir produit les résultats attendus par les Tunisiens, particulièrement la jeunesse. Dans ce pays de 10, 8 millions d’habitants, dont 40% ont moins de 25 ans, le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans se situe à 30%. La Tunisie continue d’être témoin de ce que plusieurs qualifient de «vrai massacre» , de «véritable épidémie» , alors que de plus en plus de jeunes Tunisiens s’immolent par le feu. Depuis la chute de Ben Ali, en janvier 2011, le Centre des grands brûlés Ben Arous de Tunis a reçu 171 patients qui ont tenté de se suicider par le feu; la moitié d’entre eux ont survécu. Mais selon le Dr Amenallah Messadi, le chef du service de l’hôpital, le phénomène des immolations s’accélère. Le cas récent du jeune Adel Khazri, 26 ans, témoigne d’une situation politique et économique qui a peu changé depuis trois ans: les conditions de vie se sont dégradées, l’économie stagne, les touristes se font rares, les prix explosent et le parti islamiste Ennahda (proche des Frères musulmans) qui domine depuis octobre 2011 l’Assemblée constituante n’a pas su répondre aux attentes de la population. Originaire du petit village de Jendouba et issu d’une famille très pauvre, Adel Khazri a connu des expériences assez comparables à celles de Mohamed Bouazizi.

 «Adel nourrissait des tas de rêves. Il espérait se marier avec sa copine

«Adel nourrissait des tas de rêves. Il espérait se marier avec sa copine Sonia, diplômée en français qui gagne sa vie en faisant des ménages dans un quartier chic de Tunis. Il souhaitait surtout que son petit commerce de cigarettes lui rapporte assez d’argent pour que ses trois frères cadets n’aient pas à interrompre leurs études. Comme il avait dû le faire, lui, avant même de terminer le lycée, pour aider la famille à survivre. [Tout comme Bouazizi, il avait été empêché d’exercer son métier par les policiers qui lui avaient confisqué tout son stock de cigarettes]. Mais Adel Khazri ne réalisera aucun de ses rêves. Le 12 mars 2013, il a escaladé les escaliers qui mènent au théâtre municipal de Tunis, en plein cœur de la grande avenue Bourguiba. Il s’est aspergé d’essence et il a crié : “Voilà la jeunesse qui vend des cigarettes, voilà le chômage”. Puis il a mis le feu à ses vêtements. À son arrivée à l’hôpital des grands brûlés de Tunis, Adel était encore conscient. Quand les médecins lui ont demandé pourquoi il avait fait ce geste désespéré, il a répondu : “J’en ai marre”. Le lendemain, il est mort. » (Agnès Gruda)

Adel a été enterré au petit cimetière de Souk Jemaa, à quelques dizaines de

Adel a été enterré au petit cimetière de Souk Jemaa, à quelques dizaines de mètres de la maison familiale – une maison au bout d’une route de terre battue qui n’est pas raccordée à l’aqueduc et qui puise son eau dans une réseau parallèle qui tombe régulièrement en panne. Sa mère a raconté qu’il avait d’abord essayé d’obtenir un poste de gardien au lycée de Souk Jemaa, mais que son nom avait été rayé de la liste par la mairie – une affaire de favoritisme. Il était donc parti en ville où, chaque matin, il s’installait devant le palais de justice de Tunis pour y vendre des cigarettes en paquet ou à l’unité. Quand les affaires roulaient bien et que la police ne l’obligeait pas à démanteler son stand ou ne confisquait pas sa marchandise, il pouvait gagner jusqu’à 10$ par jour. Mais après avoir payé sa chambre, il lui restait à peine 100$ pour vivre et aider sa famille. Il s’était aussi heurté à un mur insurmontable en essayant d’obtenir sa carte de santé qui lui aurait donné accès à des soins médicaux gratuits. «On a voté Ennahda parce qu’ils étaient pour les pauvres et parce qu’ils étaient pour Dieu, a dit sa mère Latifa. Mais ils n’ont rien fait, ni pour les pauvres ni pour Dieu. » (Agnès Gruda)

Devant le palais de justice de Tunis, Issam Khazi, 30 ans, a repris le

Devant le palais de justice de Tunis, Issam Khazi, 30 ans, a repris le commerce de son jeune frère Adel. Il y vend des Marlboro et des Business Royal, des cigarettes de contrebande algérienne. Il est amer, car il ne voit aucune perspective d’améliorer son sort. Il ne voit pas le jour où il pourra se marier. Pour lui comme pour son frère, et pour de nombreux autres jeunes Tunisiens, la révolution n’a pas tenu ses

Sources documentaires • Mathieu Perreault, «Protester par le feu – Ces indignés qui s’immolent

Sources documentaires • Mathieu Perreault, «Protester par le feu – Ces indignés qui s’immolent pour combattre l’injustice» , Presse , 4 avril 2012. La • K. S. , avec Reuters, «Tunisie – Décédé après s’être immolé par le feu» , Parismatch. com , 13 mars 2013. • Agnès Gruda, «Immolations par le feu en Tunisie – Un vrai massacre» , La Presse, 27 avril 2013. Photographies • La Presse • Divers sites du Web Musique Secret Garden, «Searching For The Past» CD «Earthsongs» Conception R. Day Janvier 2014 Mes diaporamas sont hébergés sur le site : http: //www. imagileonation. com