AVEC MARIJO Au pied des MONTS du VCAUCLUSE

AVEC MARIJO

Au pied des MONTS du VCAUCLUSE -2 -

Toujours par journée pluvieuse, sous l’indispensable parapluie, c’est un rapide survol de quelques localités, au pied des Monts du Vaucluse, non loin de l’Isle-sur-la-Sorgue ayant fait l’objet du diaporama précédent.

FONTAINE-de. VAUCLUSE

Nous commençons par Fontaine-de. Vaucluse, ayant eu le privilège de donner son identité au département créé en 1793. C’est un site exceptionnel « Vallis clausa » , Vallée close, au fond de laquelle surgit, mystérieusement, la Sorgue, laquelle a donné elle-même son nom au village (attesté dès le Xe siècle dans les textes officiels).

Sur la place centrale du village, une colonne a été érigée, en 1804, pour célébrer le 500 e anniversaire de la naissance de Pétrarque. À partir de 1339, Fontaine-de. Vaucluse fut son séjour privilégié. C’est là que l’éternel amoureux de Laure vint régulièrement écouter « la voix enrouée des eaux » . Le poète explique ce fut son séjour de prédilection : « La très illustre source de la Sorgue, fameuse par elle-même depuis longtemps, est devenue plus célèbre encore par mon long séjour et par mes chants. » ( Pétrarque, Senil, X, 2. )

Dès l’antiquité, la fréquentation du site fut très importante. De récentes découvertes archéologiques attestent un culte majeur des eaux. Des plongeurs ont remonté 1 600 pièces de monnaies antiques du Ier siècle av. J. -C. au début du Ve siècle. La fin du XIXe siècle vit se dérouler la première tentative de plongée dans le conduit noyé de la Sorgue, (en forme d’entonnoir vertical de 308 m de profondeur) et plus d’un siècle d’audacieuses explorations permirent de mieux comprendre le mystère de son fonctionnement.

Le chemin conduisant au gouffre est bordé, au départ du village, de restaurants et commerces divers. Il faut remonter une centaine de m le long de la Sorgue pour atteindre sa source.

Au bout d’une profonde gorge verdoyante, au pied d’une formidable falaise sculptée par l’érosion, jaillit cette plus belle rivière du département…

Le village est dominé par une gigantesque falaise de 230 à 240 m où la fontaine a creusé sa résurgence. Sur cette falaise apparaissent les vestiges du château des évêques de Cavaillon. Cette forteresse daterait de 1030. Les évêques en héritèrent du comte de Toulouse, en 1171.

Sur le chemin conduisant à la source, plusieurs plaques rappellent des hôtes illustres. Dans le village, la maison de Pétrarque a été convertie en musée. 0 n peut aussi signaler le passage dans ce village de Giovanni Boccacio, François-René de Chateaubriand, Frédéric Mistral et René Char.

Sur une plaque apposée à l’entrée du gouffre de Fontaine de Vaucluse, on peut lire deux strophes de Mirèio, le poème épique de Frédéric Mistral. Ces strophes célèbrent le figuier qui pousse contre le rocher et ne s’abreuve qu’une fois par an lorsque le gouffre regorge des pluies arrosant le plateau des Monts du Vaucluse. Le temps avait effacé, en partie, ce texte magnifique. Il a été décidé de refaire cette plaque pour que la belle langue provençale puisse être de nouveau lue par les milliers de touristes visitant le site. Elle fut inaugurée de 26 juin 2010.

Avec un écoulement total moyen de 630 millions de m 3 par an, cette source est la première d’Europe et l’une des plus importantes au niveau mondial, par son volume d’eau écoulé. Elle résulte de l’émergence d’un immense réseau souterrain.

En toutes saisons, les sources secondaires alimentent la Sorgue et forment un très beau plan d’eau ombragé de platanes séculaires.

Hélas, impossible d’aller plus loin et de découvrir le gouffre. Le chemin en est interdit, peutêtre à cause des conditions météorologiques… De toutes façons, il n’est pas aménagé et, à travers les rochers, peut être dangereux.

L’entrée du fameux gouffre

A l’image de l’Isle-sur-la-Sorgue, Fontaine-de-Vaucluse a connu le développement des moulins. Ils servaient à la fabrication du papier. Ils ont été croissants jusqu’au XVIIIe siècle. On comptait alors 11 moulins à papier faisant travailler 500 personnes dans le Vaucluse. Sur ces 11 installations, 4 étaient établies à Fontaine-de-Vaucluse. En 1973, un groupement culturel et artisanal fut créé. Il avait pour objectif de rénover et sauvegarder la dernière fabrique papetière de la Sorgue, témoin de cette industrie florissante durant des siècles. Ce groupement créa la société Vallis Clausa et il implanta un Centre Culturel Artisanal. Il ne s'agissait pas seulement de faire revivre le souvenir du passé papetier, mais de promouvoir un artisanat de haute qualité fondé sur la fabrication du papier à la main. Installé sur le chemin du gouffre, on peut y voir le cheminement de l'eau dans la roue du moulin et les différentes étapes de la fabrication du papier. La galerie faisant suite permet à divers artisans d’offrir leur fabrication.

LA ROQUE-sur. PERNES : LES BORIES

Sans aller jusqu’au village de La Roque-sur-Pernes, nous allons découvrir de spectaculaires bories, spectaculaires par leur taille… Le terme borie, dans la langue touristique relative à la Provence, désigne une cabane en pierre sèche ayant servi de grange, d'écurie ou d'habitation saisonnière à un agriculteur du XIXe siècle dans une parcelle foraine (sur une autre commune) ou trop éloignée de sa ferme. Pour ces constructions, intervient la technique de l’encorbellement : des pierres plates, soit brutes, soit parfois retaillées, sont posées à plat l'une sur l'autre et légèrement inclinées vers l'extérieur de la construction, chacune s'avançant un peu vers l'intérieur par rapport à la précédente. Cette technique, supprimant la nécessité d'un cintre en bois, était à la portée des paysans auto-constructeurs s'ils disposaient des dizaines de tonnes de pierres nécessaires à ce type d'ouvrage, de préférence à proximité.

De grande dimension, cette borie comprenait trois pièces.

Ce qu’il reste de l’intérieur !

SAUMANEde. VAUCLUSE

Non loin de Fontaine-de-Vaucluse et de l’Isle-sur-la-Sorgue, Saumane-de-Vaucluse est un village perché au-dessus de la vallée de la Sorgue. D’abord sous la juridiction des comtes de Toulouse, il fit ensuite partie de l’enclave papale jusqu’à la Révolution. Nous n’avons fait qu’y passer rapidement mais nous y avons découvert de belles maisons en pierre, typiques de la région et un joli lavoir.

Il reste quelques vestiges de remparts ainsi que le donjon de l'antique castrum « salmana » , datant du XIIe siècle. Le château, lui, est propriété privée et ne se visite pas.

L’église romane apparaît, ici, masquée par une autre construction. Malheureusement fermée, elle date du XIIe siècle.

SAINT-GENS

De modeste famille, Gens naquit, en 1104, dans une petite ville du Comtat Venaissin. Très pieux dès son enfance, il réagissait vigoureusement devant le manque de foi et les pratiques païennes de ses compatriotes trempant le buste de l‘archange Raphaël dans les eaux du cours d'eau pour obtenir la pluie… Ces gens de Monteux se moquèrent de lui et le poursuivirent à coups de pierres. La nuit venue, il prit sa besace, les deux vaches que son père lui avait données, quelques outils et il partit vers Saint-Didier et le Beaucet. Pendant trois ans, pas la moindre goutte de pluie ne devait tomber sur le village qu’il avait quitté. Ayant découvert non loin du Beaucet, au fond de la vallée, les ruines d'un ancien monastère, il s'y installa. Il consacra sa vie à prier. Il labourait dans la journée le petit terrain qu'il s'était choisi et l'ensemençait. Les habitants de Monteux le recherchèrent avec sa mère pour les aider à retrouver la pluie. Il leur conseilla une procession et la pluie tomba. Depuis cette date, les Montiliens retournent, chaque année, en pèlerinage à l'ermitage du Beaucet, le 16 mai ou le dimanche suivant.

Plusieurs sanctuaires dédiés à saint Gens se sont succédés au fil des siècles. Le premier fut une petite chapelle érigée en 1131, 4 ans après sa mort. La dernière reconstruction date de 1877. La confrérie de Saint-Gens, gérant le sanctuaire et le pèlerinage, publia ses statuts en 1677. Elle fut, à cette date, érigée canoniquement par l‘évêque de Carpentras.

On raconte aussi qu’un jour que Gens était plongé dans la prière, un loup se précipita sur l'une de ses deux vaches, la saigna à la gorge et la fit périr. Gens apprivoisa ce loup et le contraignit à labourer aux côtés de son autre vache. Ce serait son premier miracle…

Dans l’église, de nombreux ex-voto et bannières servant à la procession le jour du pèlerinage.

La chapelle du saint est perchée, simulant une colline…

Châsse de saint Gens

Le chœur, lui, est très sobre.

A l’extérieur, une autre chapelle a été édifiée, en 1680, sur les ruines de celle plus ancienne où le corps avait été déposé.

Avant de nous éloigner, coup d’œil sur l’abside romane de l’église.

VENASQUE

Le village de Venasque est, lui aussi, perché sur un éperon rocheux, à proximité des gorges de la Nesque. On a des preuves de l’occupation de la région dès le Paléolithique mais surtout au Néolithique. Le village abritait la tribu gauloise Memini dont il était une place forte. Son nom devint Vindasca au IVe siècle, puis Vennasca en 1044. En 1125, il était propriété des comtes de Toulouse mais en 1219, ceux-ci étant alliés des Albigeois, il fut cédé au pape après leur défaite, et il restera partie du Comtat Venaissin jusqu’en 1791.

En 1258, l'abbé de l’abbaye de Montmajour fit un don à l'évêque de Carpentras pour qu'il reconstruise l'église de Venasque. Donc il y avait un édifice antérieur que l’on pense avoir été construit au VIe siècle. L’église Notre-Dame fut remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ses proportions, aux arêtes nettes, donnent une apparence massive et imposante à l'édifice. Cette fontaine de la fin du XVIIIe siècle reprise au XIXe, était alimentée par une source amenée au village au XVIIe siècle. Elle est surmontée d’un vase Médicis.

Il existe deux portes pour l’église, la principale de style roman du XIIIe siècle, ci-contre, et la seconde, ci-dessous, du XVIIIe siècle, aux lignes d’influence baroque. Elle est surmontée d’une statuette de la Vierge installée dans une niche.

Le chœur et son autel de marbre.

La croix en argent, pesant 4 livres, fut commandée le 2 janvier 1498 pour être livrée le jour des Rameaux. Cette Assomption, elle, est une œuvre du XVIIIe siècle. Ci-dessous, ce tableau de la Crucifixion a été réalisé par des peintres de l’Ecole d’Avignon en 1498. Sa grande particularité est l’importance donnée à Marie-Madeleine à la demande de l’évêque, considérant qu’elle « était tout » pour les gens de ce pays !

On pense que le baptistère fut d’abord un temple païen, dédié à Diane, Vénus ou Mercure. Les gros blocs de ses assises en feraient foi. Il fut sans doute encore utilisé ou aménagé dans les premiers temps de l’occupation romaine car on peut voir, encore actuellement, plusieurs colonnes de cette époque, presque toutes de réemploi et certains chapiteaux. Dans cette cité gallo-romaine de Venasque, une communauté chrétienne a dû se constituer très tôt. On a trouvé les vestiges d’une petite église formant crypte sous le chœur de l’église actuelle, au même niveau que le baptistère. Elle doit dater de la fin du IVe siècle ou du début du Ve avant qu’elle ait été remplacée par une autre au VIe siècle lorsque saint Siffrein devint évêque de Venasque. Il n’est pas surprenant que l’évêque ait installé sa résidence sur le rocher de Venasque pour s’éloigner des menaces d’invasion de Carpentras.

Le baptistère apparaît imbriqué et comme servant de soubassement au presbytère datant, lui, du XIIIe siècle.

L’édifice est quadrilobé. Il a été remanié à partir du XIe siècle. La cuve de marbre provient d’un ancien pressoir à huile. On célèbre encore des baptêmes dans ce baptistère.

« A cette époque, les catéchumènes, c’est-à-dire les adultes qui demandent le baptême et s’y préparent sont nombreux. Seul l’évêque, et plus tard son délégué, célèbrent le baptême une fois par an. Il faut donc un édifice assez grand pour de telles célébrations. Elles ont lieu le soir, les veilles de Pâques et de Pentecôte… … La cuve pouvait être recouverte de mosaïques et comportait huit côtés. Le nombre huit est symbolique de la Résurrection du Christ , le dimanche de Pâques. Il vient après les sept jours de la création. Considéré comme le huitième jour, ce dimanche de Pâques évoque le début de la nouvelle création Le baptisé qui descend dans la cuve est « plongé » (c’est le sens du mot baptisé) dans la mort du Christ pour ressusciter avec Lui à une vie nouvelle, lorsqu’il remonte de la piscine baptismale. Les quatre absides remaniées à partir du XIe siècle présentent les caractéristiques primitives du baptistère, lieu du salut spirituel de l’homme. Les six colonnes soutiennent cinq arcs, les cinq sens et ceci vers les quatre directions de la terre qui sont en même temps les bras de la Croix. » (Feuillet explicatif sur le baptistère)

Des trous sont visibles dans la voûte. Ils marquent l’emplacement de vases résonateurs, en poterie, de 80 cm de profondeur, technique romaine pour améliorer l’acoustique. L’autel en marbre Cipolin pourrait être antérieur au VIe siècle, hérité des tables antiques. Les autels étaient façonnés en creux jusqu’à cette période pour éviter que les offrandes , alors en nature, ne tombent. A droite, un fragment de sarcophage en marbre blanc, de l’école d’Arles, datant d’au plus tard 420. Il a été trouvé dans la crypte lors d’une fouille, en 1905.

L’évêque, saint Siffrein, tient dans ses mains la représentation du Saint-Mors. Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin aurait faire des recherches pour retrouver les clous de la passion. Elle en aurait obtenu trois et elle s’en serait servie pour faire forger un mors articulé pour le cheval de Constantin. Il fut conservé pieusement à l’oratoire impérial. Après le sac de 1204, on le retrouva à Carpentras. En 1226, il figure sur les armes des évêques, en 1260 sur les armoiries de la ville où il se trouve encore aujourd’hui. On pense qu’un croisé s’en empara et en fit don à l’évêque de Carpentras. A noter que ce saint n’a jamais pu en disposer puisqu’il a vécu au VIe siècle !

Ci-dessus, la cuve baptismale possède huit côtés, symbole de la Résurrection du Christ après les sept jours de la création. Les chapiteaux à cannelures et entrelacs pourraient dater de la période mérovingienne, du XIIe siècle.

Au Moyen ge, la Grand’Rue abritait des activités artisanales et commerçantes. Les rezde-chaussée de ces maisons présentent encore, souvent dissimulées maintenant par d’autres maçonneries, de larges arcades de pierre pour faciliter la communication avec l’extérieur. Ensuite ce furent des hôtels particuliers.

Au niveau de leur base, ces remparts sont des constructions romaines. Ils furent surélevés au XIIe siècle.

Vénasque a su conserver son aspect des temps passés… A noter qu’un arrêté municipal de 1967 interdit toute modification extérieure d’un édifice et exige que les ruines soient reconstruites telles qu’elles furent !

Dans ces petites rues, souvent de très jolies portes.

On cherche les volets bleus et on les découvre, en peinture, dans la cour ! Ci-dessus, l’hommage au compositeur américain tombé amoureux de ce village…

A l’emplacement de la mairie, se trouvait la première maison commune de Venasque. Une salle romane, aménagée au XIIIe siècle, abritant maintenant des expositions, servait aux réunions des consuls. Relié à cette salle, un moulin communal se trouvait à la place d’une actuelle impasse adjacente Depuis le XVIIIe siècle, un angle de l’ilot porte une horloge récente tandis que le troisième étage est constitué d’un pan de mur aveugle supportant un clocheton

Musique : Terra Incognita Photos sauf mention particulière, conception et réalisation : M. -J. Farizy-Chaussé Sources d’informations : divers sites du Web, panneaux sur place Décembre 2015 marijo 855@gmail. com D’autres diaporamas sur : http: //famille. morhain. net/lapagedemarijo/ http: //www. pps-images-photos. com/createurs/marijo. html http: //www. imagileonation. com/marie-jo. ws

Si vous désirez découvrir davantage la Provence, je vous conseille d’aller explorer : http: //sitesdeprovence. free. fr/index. html Vous y trouverez, outre les diaporamas, de nombreux films qui font mieux connaître notre magnifique région et son art de vivre.

E R AU R I O V