Philosophie et smiotique de la traduction Confrence VIII

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Philosophie et sémiotique de la traduction Conférence VIII L'orientation sémiotique des recherches.

Philosophie et sémiotique de la traduction Conférence VIII L'orientation sémiotique des recherches.

Questions à discuter: 1. Pour une linguistique du texte à base de sémiotisme et

Questions à discuter: 1. Pour une linguistique du texte à base de sémiotisme et sémiotème. (Larose 1989) 2. Tentatives d'incursions de linguistes dans le domaine de la sémiotique. (Hatim & Mason 1990) 3. Démarches triadiques en marge de la sémiotique. (Seleskovitch & Lederer 1994) 4. Le cheminement théorique d'un professionnel. (Bleton 1991)

Sources: Robert Larose, Théories contemporaines de la traduction, 1989 Marianne Lederer, La traduction aujourd’hui,

Sources: Robert Larose, Théories contemporaines de la traduction, 1989 Marianne Lederer, La traduction aujourd’hui, Le modèle interprétatif, 1994, Paris, Hachette Claude Bleton, Compte-rendu du séminaire de traduction de la Complutense, de mai 1991, document daté du mercredi 5 juin 1991 Basil Hatim et Ian Mason: Discourse and the Translator, 1990.

1. Pour une linguistique du texte à base de sémiotisme et sémiotème. (Larose 1989)

1. Pour une linguistique du texte à base de sémiotisme et sémiotème. (Larose 1989) Cette évolution transparaît également avec clarté à travers l’étude des Théories contemporaines de la traduction, qui constitue le "premier essai critique" dans ce domaine, et dans lequel le linguiste canadien Robert Larose analyse les éléments “ constitutifs des discours sur la traduction au cours des vingt-cinq dernières années, en particulier ceux de Vinay et Darbelnet, Mounin, Nida, Catford, Steiner, Delisle, Ladmiral et Newmark. ”

suite L’ouvrage de Larose “ s’inscrit en linguistique du texte, champ privilégié de la

suite L’ouvrage de Larose “ s’inscrit en linguistique du texte, champ privilégié de la traductologie. ” Cette précision permet de situer sa démarche dans le contexte dominant depuis la seconde moitié du XX-ème siècle. C’est donc dans une optique fondamentalement linguistique, qu’il considère comme l’une des principales sources d’étude de la traduction, que Larose débute ses travaux. Mais aussitôt, il s’oriente vers d’autres disciplines: mettant tout d’abord l’accent sur ses préoccupations sémantiques, il passe rapidement outre les bornes de la science de langage pour s’investir dans la science des signes

suite “ la traductologie ne se limite pas à la frontière des textes, ni

suite “ la traductologie ne se limite pas à la frontière des textes, ni à leur "dire". Elle porte sur le sémantisme et le sémiotisme des textes parolisés. Comme la forme et le contenu sont indissociables, la traduction doit simuler une pratique d'écriture où s'entrelacent sens et signe. ”

suite Les théories linguistiques imprègnent manifestement l'ensemble des questions de traduction, et l'approche de

suite Les théories linguistiques imprègnent manifestement l'ensemble des questions de traduction, et l'approche de Larose ne fait pas exception à la règle. Mais c'est vers d'autres horizons que s'orientent les perspectives d'aujourd'hui, et notamment vers la science des signes, laquelle se présente d'ailleurs sous un jour que vient souvent troubler une attitude d'esprit traditionnellement dualiste.

suite Il semblerait plutôt que ce soit précisément en se fondant sur les mêmes

suite Il semblerait plutôt que ce soit précisément en se fondant sur les mêmes principes philosophiques de la dualité que les chercheurs s’investissent dans la sémiotique. Dans le cas présent, Larose forge le néologisme ‘sémiotisme’ qu’il associe à ‘sémantisme’, et ces deux termes rappelent irrésistiblement l’opposition rhétorique des connotations sémiotiques et sémantiques de Ladmiral, que nous avons évoquées précédemment. Il semble ainsi créer, une dichotomie de plus.

suite Larose précise que “ par sémantisme, Benvéniste entend le système des signifiances notionnelles

suite Larose précise que “ par sémantisme, Benvéniste entend le système des signifiances notionnelles et, par sémiotisme, la matérialité des instruments de communication présents dans une langue. ” Ce faisant, il adopte une nouvelle dyade, fondée sur l’opposition classique du signifiant au signifié, et la sémiotique à laquelle il réfère dévoile ainsi son obédience saussurienne, ou plutôt greimassienne puisque c’est Greimas qui est responsable de la sémiotique dualiste.

suite Cependant, Larose n’est pas de ceux qui se plaisent à diviser les concepts

suite Cependant, Larose n’est pas de ceux qui se plaisent à diviser les concepts en deux pôles contradictoires. Au contraire, selon lui: “ Il serait erroné de vouloir ramener la paire traduction littérale/traduction libre à une polarisation, plutôt qu'à une complémentarité. La question, en effet, n'est pas tant de savoir s'il faut traduire littéralement ou librement, mais celle de traduire exactement. ” L’auteur précise que "tout au long de l'histoire, la manière de traduire a été dictée en fonction de deux pôles conflictuels: le premier opposant la traduction littérale, donc fidèle, à la traduction libre, ou aux "belles infidèles", et le second, la primauté du fond à celle de la forme. "

suite En remplaçant les assertions exclusives “ il faut traduire littéralement ” et “

suite En remplaçant les assertions exclusives “ il faut traduire littéralement ” et “ il faut traduire librement ”, par “ il faut traduire exactement ”, il ne fait visiblement que repousser le problème. Car ‘traduire exactement’ signifie-t-il traduire de façon littérale ou libre?

suite Larose ne se satisfait pas de dichotomies, et il évolue vers une sémiotique.

suite Larose ne se satisfait pas de dichotomies, et il évolue vers une sémiotique. Poursuivant son introduction, l’auteur établit qu’il est “ erroné de postuler a priori la priorité du fond sur la forme ”, et en vue de dépasser ce type d’approche binaire, il propose le concept de traduction téléologique: “ L'exactitude d'une traduction se mesure à l'adéquation entre l'intention communicative et le produit de la traduction. C'est ce que nous avons nommé la traduction téléologique. Aucun idéal de traduction n'existe hors d'un rapport de finalité. ”

suite C’est donc la finalité de la traduction qui en conditionne la nature. En

suite C’est donc la finalité de la traduction qui en conditionne la nature. En prenant ainsi du recul par rapport à la traduction pour en saisir toute la portée, l’auteur adopte une perspective pragmatique: dans chaque cas, il faut établir un équilibre entre l’intention originale et le texte traduit. De ses commentaires, nous mentionnerons ceux qui concernent le concept d’unité de traduction, dont il reconnaît l’importance dans un premier temps, avant de se montrer plus critique. Les quatre types d'unités que distinguent Vinay et Darbelnet ne lui semblent pas irréprochables, et c’est finalement le concept même qu’il remet en cause en proposant de lui substituer la notion d'unité sémiotique, ou "sémiotème"

suite Ce ne sont donc pas des unités linguistiques que l’on traduit, mais des

suite Ce ne sont donc pas des unités linguistiques que l’on traduit, mais des messages, c’est-à-dire des unités sémantiques: en soulignant cet aspect, l’auteur veut dénoncer la prépondérance du signifiant, qui devrait céder la place au signifié: de la sorte, on s’acheminerait vers des unités sémiotiques. En faisant du ‘sémiotème’ l’unité signifiée ou l’unité du sens, c’est du côté de la sémantique l’on s’oriente, mais certainement pas de la sémiotique. Il résume ses propositions dans le tableau récapitulatif qui présente son modèle intégratif de la traduction.

suite La démarche qui a présidé à l’élaboration du schéma, lequel pourrait d’ailleurs, servir

suite La démarche qui a présidé à l’élaboration du schéma, lequel pourrait d’ailleurs, servir de base à une traductométrie, permet à l’auteur de mettre l’accent sur trois aspects fondamentaux: le caractère asymétrique du concept d’équivalence, le caractère approximatif de la traduction, et le fait que “ le rapport gain-perte en traduction est textuellement et culturellement déterminé. ”

2. Tentatives d'incursions de linguistes dans le domaine de la sémiotique. (Hatim & Mason

2. Tentatives d'incursions de linguistes dans le domaine de la sémiotique. (Hatim & Mason 1990) La volonté d’investir la sémiotique en quête d’un fondement théorique qui puisse assumer la complexité vivante du phénomène traductologique, resurgit dans le livre publié en 1990 par Basil Hatim et Ian Mason: Discourse and the Translator.

suite Les auteurs expriment leur désir de contribuer à réduire le fossé qui sépare

suite Les auteurs expriment leur désir de contribuer à réduire le fossé qui sépare depuis trop longtemps la théorie et la pratique, et ils estiment que les récentes contributions inspirées de diverses disciplines permettent désormais d’envisager la traduction —“ this important area of applied linguistics research ” de façon globale et plus réaliste. Ils définissent le texte comme une transaction communicative, et leur démarche se fonde sur “ the notion of translation as communicative discourse ”

suite Bien qu’ils reconnaissent les mérites des travaux de Nida sur l’équivalence formelle et

suite Bien qu’ils reconnaissent les mérites des travaux de Nida sur l’équivalence formelle et dynamique, ils préfèrent à ces concepts celui plus pragmatique d’équivalence d’effet intentionnel [equivalence of intended effect], et ils suggèrent dans la foulée qu’il pourrait être utile de réfléchir aux problèmes de traduction en termes d’adéquation plutôt que d’équivalence. Dans la même veine, ils soulignent l’émergence et la prépondérance de critères pragmatiques comme le type du discours de départ et l’effet sur le lecteur d’arrivée, puis reprennent la critique d’Henri Meschonnic qui reproche à Nida de séparer trop nettement le style du sens, et adhèrent à la métaphore de Steiner selon laquelle: 'The translator invades, extracts, and brings home. '

suite Ils élaborent par ailleurs un modèle de la communication qui met en évidence

suite Ils élaborent par ailleurs un modèle de la communication qui met en évidence trois variables: “ it involves the reader in a reconstruction of context through an analysis of what has taken place (field), who has participated (tenor), and what medium has been selected for relaying the message (mode). ” C’est sur ce modèle tripartite qu’ils se fondent pour distinguer trois dimensions contextuelles, en réaction à l’analyse de la “ register theory ”.

suite Ces trois dimensions sont - communicative, pragmatique et sémiotique, elles sont étudiées en

suite Ces trois dimensions sont - communicative, pragmatique et sémiotique, elles sont étudiées en détail, et les auteurs démontrent leur interdépendance. Bien que d’une part nous ayons affaire à une tripartition, et que d’autre part apparaisse le terme ‘sémiotique’, on ne retrouve pas, dans l’emploi qui en est fait, la logique triadique de la science des signes.

suite Mais, il convient de le souligner, les auteurs ne prétendent pas non plus

suite Mais, il convient de le souligner, les auteurs ne prétendent pas non plus explicitement appliquer la sémiotique à l’étude du contexte. Il semblerait plutôt qu’il s’agisse de proposer de nouvelles perspectives linguistiques qui ouvrent le domaine de la science du langage sur les réalités des transactions communicatives, des actions pragmatiques, et des interactions sémiotiques.

suite Les auteurs assimilent purement et simplement la sémiotique à la sémiologie en en

suite Les auteurs assimilent purement et simplement la sémiotique à la sémiologie en en faisant deux synonymes. Les efforts des auteurs pour introduire la sémiotique en traductologie sont des plus louables, et on peut dire que d’une façon générale, ils s’orientent dans la bonne direction; mais le chemin est sinueux. En essayant de réconcilier des théories trop différentes, ils élaborent avec éclectisme leurs propres conceptions, qui sont singulièrement marquées par un caractère hétéroclite et disparate, presque discordant.

3. Démarches triadiques en marge de la sémiotique. (Seleskovitch & Lederer 1994) Cette tendance,

3. Démarches triadiques en marge de la sémiotique. (Seleskovitch & Lederer 1994) Cette tendance, qui consiste à aborder les questions de traduction dans une perspective triadique - en faisant le lien entre des concepts qui jusque là s’excluaient, en saisissant le dynamisme des objets étudiés, en étant quasiment imprégné de la logique évolutive des trois catégories-, s’affirme de façon croissante dans de multiples ouvrages. Et c’est encore fondamentalement cette même orientation qui, nous en sommes convaincue, détermine la qualité et l’originalité tout à fait remarquables de la théorie interprétative de L’E. S. I. T. , que nous devons notamment à Danica Seleskovitch et Marianne Lederer, et qui compte aussi aujourd’hui de nombreux autres adeptes et promoteurs.

suite Le livre le plus récent qu’elles aient publié nous rappellera l’essentiel de cette

suite Le livre le plus récent qu’elles aient publié nous rappellera l’essentiel de cette brillante approche: dans La traduction aujourd’hui, Lederer donne en effet une vue générale et structurée du modèle interprétatif. Postulant au départ que “ tout est interprétation ”, qu’ “ on ne peut pas traduire sans ‘interpréter’ ”, et que le dénominateur commun à toutes ces traductions est la recherche du sens et sa réexpression, l’auteur résume les principales caractéristiques des conceptions de l’E. S. I. T. :

suite “ La théorie interprétative (. . . ) a établi que le processus

suite “ La théorie interprétative (. . . ) a établi que le processus [de la traduction] consistait à comprendre le texte original, à déverbaliser sa forme linguistique et à exprimer dans une autre langue les idées comprises et les sentiments ressentis. ”

suite On voit que nous avons affaire ici à une articulation en trois temps

suite On voit que nous avons affaire ici à une articulation en trois temps dont l’originalité réside visiblement dans la seconde étape de déverbalisation, qui est fondamentale. Au coeur de la théorie interprétative, elle incarne une conception dynamique de l’activité traduisante qui remet en cause les traditionnelles approches dualistes. La traduction ne se réduit pas à un phénomène double, contrairement à ce que laissent penser maintes présentations.

suite En réalité, “ l’opération de traduction n’est pas la même selon que l’on

suite En réalité, “ l’opération de traduction n’est pas la même selon que l’on traduit des mots, des phrases ou des textes ”, et Lederer est par conséquent amenée à distinguer la traduction interprétative de la traduction linguistique: “ J’englobe sous l’appellation traduction linguistique la traduction de mots et la traduction de phrases hors contexte et je dénomme traduction interprétative, ou traduction tout court, la traduction des textes. ”

suite C’est donc pour prendre le contre-pied du courant dominant de la linguistique, pour

suite C’est donc pour prendre le contre-pied du courant dominant de la linguistique, pour proposer des réponses aux questions qu’elle ne semble pas à même de résoudre, pour élaborer des concepts visant à rendre compte des réalités vivantes de l’activité traduisante, que la théorie interprétative met en forme ses propres outils théoriques. Les précisions terminologiques constituent bien entendu un aspect crucial de cette démarche épistémologique.

sute De façon déterminante, l’accent porte sur le sens, et comme en écho à

sute De façon déterminante, l’accent porte sur le sens, et comme en écho à ce choix, les notions de verbalisation et de vouloir dire occupent une position centrale. Peut-être pour souligner que cette caractéristique est fondatrice, et qu’elle prend sa pleine mesure dès l’origine, l’auteur cite un texte plus ancien de sa collègue Danica Seleskovitch, qui situe la notion de sens:

suite “ Le sens est un vouloir dire extérieur à la langue, antérieur à

suite “ Le sens est un vouloir dire extérieur à la langue, antérieur à l’expression chez le sujet parlant, postérieur à la réception du discours chez le sujet percevant [. . . ] L’émission de ce sens nécessite l’association d’une idée non verbale à l’indication sémiotique (parole ou geste, peu importe en soi le support qui se manifeste de façon perceptible!) ”

suite Ainsi, il apparaît que c’est du côté d’une réflexion sémantique s’oriente la théorie

suite Ainsi, il apparaît que c’est du côté d’une réflexion sémantique s’oriente la théorie de l’E. S. I. T. , considérant que “ la traduction doit être traitée sur un plan autre que linguistique. ” A cette spécificité de la démarche interprétative semble s’ajouter ici implicitement une sorte d’opposition entre sémantique et sémiotique, qui ferait de ce dernier le domaine de la parole ou du geste, ou plutôt le domaine des indications non verbales qui s’associent aux idées non verbales pour permettre l’émission du sens.

suite Le transfert du sens repose ainsi sur la transcendance du vouloir dire, et

suite Le transfert du sens repose ainsi sur la transcendance du vouloir dire, et puisque c’est à ce niveau qu’a lieu l’essentiel du traduire, il convient de l’examiner avec attention: “ Le sens d’une phrase c’est ce qu’un auteur veut délibérément exprimer, ce n’est pas la raison pour laquelle il parle, les causes ou les conséquences de ce qu’il dit. Le sens ne se confond pas avec des mobiles ou des intentions. Le traducteur qui se ferait exégète, l’interprète qui se ferait herméneute transgresseraient les limites de leurs fonctions. ”

suite Le traducteur doit donc se concentrer sur ce que l’auteur exprime délibérément, et

suite Le traducteur doit donc se concentrer sur ce que l’auteur exprime délibérément, et cette précision soulève bien des problèmes de terminologie, d’épistémologie et de déontologie: la tâche du traducteur doit être distinguée de celle de l’exégète, elle ne doit pas être une herméneutique. La saisie du sens à proprement parler peut être facilitée par la mise en évidence d’unités de sens qui résultent des points de capiton dont parlait Lacan:

suite “ les mots se succèdent et, à intervalles irréguliers, se produit une sorte

suite “ les mots se succèdent et, à intervalles irréguliers, se produit une sorte de ‘déclic’ de compréhension. J. Lacan a parlé de point de capiton pour désigner l’instant où les connaissances supposées chez l’interlocuteur par celui qui parle se mobilisent chez ce dernier et constituent une unité mentale distincte, une idée. (. . . ) J’ai appelé unité de sens le résultat du point de capiton, la fusion en un tout du sémantisme des mots et des compléments cognitifs. ”

suite On retrouve là encore la tendance actuelle à substituer une logique triadique à

suite On retrouve là encore la tendance actuelle à substituer une logique triadique à des théorisations dualistes. Comme fusion du sémantisme des mots et des compléments cognitifs, comme jonction d’un savoir linguistique et d’un “savoir extra-linguistique déverbalisé”, l’unité de sens incarne une philosophie de la continuité qui vise à réconcilier les contraires, à souligner leur complémentarité.

suite En vue d’assumer ce rôle, elle peut s’adapter à toutes les situations textuelles,

suite En vue d’assumer ce rôle, elle peut s’adapter à toutes les situations textuelles, et se voit donc définie comme “ le plus petit élément qui permette l’établissement d’équivalences en traduction ”. Ce concept permet ainsi de dépasser le niveau quasiment statique de l’opposition du signifiant au signifié, qui fait office d’unité de traduction dans la Stylistique de Vinay et Darbelnet par exemple.

suite En ce qui concerne les controverses dualistes dans leur ensemble, la théorie interprétative

suite En ce qui concerne les controverses dualistes dans leur ensemble, la théorie interprétative préconise toujours la même attitude critique, qui consiste à récuser la validité des diverses dichotomies, et à montrer quels que soient les deux éléments en présence, il est généralement plus réaliste de les appréhender comme les complémentaires d’une dialectique, que comme des modalités exclusives. Lederer souligne notamment le caractère erroné du duel où fidélité et liberté s’affrontent à mort:

suite “ Le traducteur doit-il être libre ou fidèle? L’alternative ainsi posée est fausse

suite “ Le traducteur doit-il être libre ou fidèle? L’alternative ainsi posée est fausse car chacun de ces termes, ‘fidélité’, ‘liberté’, ambitionne de s’appliquer à l’ensemble d’un texte, alors que toute traduction comporte une alternance entre des correspondances (fidélité à la lettre) et des équivalences (liberté à l’égard de la lettre). ”

suite Marianne Lederer soulève la question de la scientificité de la traductologie, de la

suite Marianne Lederer soulève la question de la scientificité de la traductologie, de la linguistique, et des sciences humaines en général. Mais elle n’entre pas dans les détails du débat qui oppose ceux qui les tiennent pour scientifiques à ceux qui les croient artistiques, et s’attache à avancer qu’en voulant se prendre pour une science exacte, la linguistique a pour ainsi dire tué le langage en lui ôtant toute vie. Plutôt que de le réduire à une forme statique en prétendant l’étudier scientifiquement, plutôt que d’aborder les sciences humaines comme des sciences exactes, il conviendrait de leur donner les moyens d’appréhender le langage et la langue comme des phénomènes réels et vivants.

suite L’importance de la place accordée à la terminologie est en outre renforcée par

suite L’importance de la place accordée à la terminologie est en outre renforcée par le glossaire établi à la fin de l’ouvrage, dans lequel sont répertoriés les termes clés de la théorie interprétative de la traduction. On y retrouve ces définitions que la rigueur d’une certaine déontologie impose, et sur lesquelles se construit toute l’enquête traductologique. En particulier, poursuit Lederer, “ la différence que je fais entre ‘langue’, ‘parole’ et ‘texte’ (ou discours) est capitale. ”

suite Elle définit la langue comme “ la somme des éléments verbaux régis par

suite Elle définit la langue comme “ la somme des éléments verbaux régis par des règles d’association et de changements morphologiques et sémantiques dont se sert une communauté, ” la parole étant la “ mise en oeuvre d’une langue ”. Dans cette mouvance, “ le texte original peut être défini comme le produit d’une interaction entre le traducteur et la matérialité d’une chaîne graphique ou sonore. ” Il est intéressant de noter qu’à l’article Langue, l’auteur écrit: “ La ‘langue’ a fait l’objet d’un si grand nombre de définitions qu’il n’est pas nécessaire d’en ajouter une de plus. En traductologie, le niveau langue est celui de la traduction qui ne s’intéresse qu’aux mots, motivations, phrases, compte non tenu de compléments cognitifs. ”

suite On voit que ces définitions laissent transparaître une volonté de situer l’analyse à

suite On voit que ces définitions laissent transparaître une volonté de situer l’analyse à un niveau, non plus statique, mais dynamique, sur des bases plus constructives qui remettent en question les fondements linguistiques de la traductologie. Ainsi, la perspective épistémologique de la théorie interprétative se construit sur une terminologie élaborée, et cette dialectique imprègne effectivement chacun des termes qu’elle met en jeu.

suite Le texte à traduire “ dépasse le cadre de la langue et de

suite Le texte à traduire “ dépasse le cadre de la langue et de la parole, objets statiques de savoir; il est objet dynamique de compréhension. ”

suite La démarche spécifique dont cet extrait se fait l’écho semble visiblement motivée par

suite La démarche spécifique dont cet extrait se fait l’écho semble visiblement motivée par l’urgence qu’il y a à dénoncer la dualité, et à lui substituer une philosophie triadique comme fondement logique pour l’étude, homogène, et pragmatiste de la traduction. Considérer le texte comme un objet dynamique de pensée peut, en effet, être tenu pour une tentative de remplacement des formes post-structuralistes de la linguistique, par des modèles analytiques plus adaptés aux phénomènes vivants à observer. Cette tendance dialectique, qui fait la force de la théorie interprétative, s’apparente vraisemblablement à la dimension troisième qui fonde la logique peircienne.

suite Il apparaît que le modèle interprétatif vient s’ajouter à un nombre non négligeable

suite Il apparaît que le modèle interprétatif vient s’ajouter à un nombre non négligeable de contributions qui revendiquent autre chose qu’un statut linguistique pour la traductologie, cette autre chose prenant en l’occurrence des allures foncièrement sémiotiques, même si dans le cas présent, l’auteur ne recourt pas explicitement à ce terme.

suite C’est “ dans un monde qui se rétrécit chaque jour ”, “ où

suite C’est “ dans un monde qui se rétrécit chaque jour ”, “ où les civilisations se rapprochent en s’uniformisant ”, et où “ la traduction joue un rôle méconnu ” que Marianne Lederer parachève La traduction aujourd’hui, en indiquant que la rigueur épistémologique requiert une union dialectique de la théorie et de la pratique, dont la teneur conditionne le rôle de gardiens, de protecteurs et de propagateurs des cultures du monde qui incombe aux traducteurs.

suite Les conclusions sur lesquelles débouche la théorie de l’E. S. I. T. entraîneraient

suite Les conclusions sur lesquelles débouche la théorie de l’E. S. I. T. entraîneraient vraisemblablement une adhésion unanime de la communauté peircienne. On pourrait se hasarder à avancer que la théorie interprétative participe de la sémiotique peircienne sans le savoir.

4. Le cheminement théorique d'un professionnel. (Bleton 1991) Dans Le Compte-rendu du séminaire de

4. Le cheminement théorique d'un professionnel. (Bleton 1991) Dans Le Compte-rendu du séminaire de traduction de la Complutense, de mai 1991 l’hispaniste Claude Bleton dégage nettement, à partir de sa pratique, quatre “ lignes de force permettant de nourrir une réflexion sur le travail de traducteur ”. La première est “ une certaine connivence entre le texte et son futur traducteur ”, une complicité préalable indispensable qui peut aller jusqu’à la passion. “ On ne peut traduire un texte qu’on aime pas ” rappelle l’auteur, avant de souligner qu’il est “ fondamental de montrer que l’approche d’un texte se fait en profondeur ”

suite Bleton établit en second lieu qu’ “ une traduction ne peut se passer

suite Bleton établit en second lieu qu’ “ une traduction ne peut se passer d’être pédagogique. ” Parce qu’ “ elle doit aider le lecteur à saisir d’un seul regard une histoire et en même temps la réalité dans laquelle a été conçue et écrite ”. A la recherche de cet équilibre, une traduction —et c’est le troisième point qu’il soulève— “ doit sans cesse viser à la plus parfaite cohérence ”, en s’efforçant de se constituer “ en tout parfaitement autonome, dans les limites étroites offertes par la difficile transposition d’une culture dans une autre. »

suite Dans cette optique, “ la qualité d’une traduction, toujours difficile à évaluer, dépend

suite Dans cette optique, “ la qualité d’une traduction, toujours difficile à évaluer, dépend essentiellement du choix du registre et de la façon dont le traducteur maîtrise celui-ci. ” Enfin, la quatrième ligne de force qui se distingue est la complicité qui lie intimement les deux éléments du “ couple auteur/lecteur ”, et Bleton reconnaît qu’il aurait “ peut-être dû aborder ce point en préambule ”, pour mettre en relief le fait que “ la lecture est un pacte de confiance ” entre le lecteur “ et son auteur ”. La traduction fait irruption dans cette intimité

suite Plus précisément, Bleton considère que le but de la traduction est de donner

suite Plus précisément, Bleton considère que le but de la traduction est de donner l’illusion de recréer ce fameux couple, ou plutôt, il précise que c’est ainsi que le conçoivent ceux qui ne remarquent pas l’importance du traducteur dans la vie du langage. L’illusion est nécessairement illusoire; en revanche, définir la traduction comme la recréation du rapport de confiance entre le lecteur et son auteur témoigne d’une démarche en profondeur qui se démarque des courants linguistiques dominants. Recréer le même rapport en franchissant des frontières culturelles, ce même qu’on recrée dans un autre, est envisagé comme l’objectif que le traducteur se doit d’atteindre.

suite La traduction est un tout, et Bleton semble insister sur ce point, comme

suite La traduction est un tout, et Bleton semble insister sur ce point, comme si implicitement il récusait lui-aussi les dichotomies linguistiques en leur substituant des perspectives plus englobantes. Cette touche finale, et sa définition de la traduction, laissent penser que l’auteur se détourne sensiblement de la mouvance traditionnelle, pour orienter ses réflexions dans le sens dynamique d’une logique dialectique à rapprocher de la philosophie du signe triadique.

suite En effet, les trois lignes de forces qu’il distingue — car la quatrième

suite En effet, les trois lignes de forces qu’il distingue — car la quatrième est en fait un préambule à la première—, à savoir (1) la connivence texte/traducteur (qu’introduit la complicité auteur/lecteur), (2) le caractère pédagogique, et (3) la visée cohérente, peuvent raisonnablement être tenues pour la priméité, la secondéité, et la tiercéité du travail de traducteur, ou tout au moins pour les échos d’une démarche qui s’inspirerait d’une logique triadique semblable à la sémiotique peircienne.

suite Nous retiendrons donc de ces quelques pages écrites par un traducteur de métier,

suite Nous retiendrons donc de ces quelques pages écrites par un traducteur de métier, la concision, la clarté et la perspicacité avec lesquelles Claude Bleton met en évidence la dynamique dialectique qui anime l’activité traduisante, et dont les linguistes ont tant de mal à rendre compte, souvent gênés à leur insu par les dichotomies que leurs outils conceptuels prédisposent.

suite En revanche, le professionnel sur le terrain à une vision plus réaliste de

suite En revanche, le professionnel sur le terrain à une vision plus réaliste de son objet, qu’il se décide cependant trop rarement à étudier pour avoir déjà bien en main ne serait ce qu’une terminologie adéquate. Mais dans un registre assez littéraire pour un compte rendu, et avec une certaine éloquence, Bleton a su mettre en lumière l’essentiel du phénomène traductologique, et ses perspectives semblent contribuer à établir définitivement l’orientation de plus en plus marquée des recherches en traduction vers autre chose que la dualité linguistique.

Devoir: Dissertation: Dressez 3 schémas graphiques différents qui représentent les postulats théoriques de Larose,

Devoir: Dissertation: Dressez 3 schémas graphiques différents qui représentent les postulats théoriques de Larose, Selescovitch&Lederer et Bleton. Conditions: volume – une page A 4, caractères 14 Times New Roman, espace 1, 5. Envoi par Internet à l’adresse agutu@ulim. md. Joindre au portfolio de l’examen.