Philosophie et smiotique de la traduction Confrence I

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Philosophie et sémiotique de la traduction Conférence I La traduction: incursion historique dès origines

Philosophie et sémiotique de la traduction Conférence I La traduction: incursion historique dès origines à la Rennaissance.

Questions à discuter: 1. Brève incursion historique de la pensée traductologique. Des origines à

Questions à discuter: 1. Brève incursion historique de la pensée traductologique. Des origines à la Grèce du troisième siècle avant Jésus. Christ. 2. La genèse des fondements duels de la traductologie. L'apparition de la dyade `mot - sens' parmi d'autres couples d‘antinomies. De la chute de l'Empire romain au début du Moyen Age. 3. La prépondérance de la traduction des mots sur la traduction du sens. De la fin du Moyen Age à la Renaissance. La confirmation de la primauté du sens sur les mots.

Sources: l Ballard M. De Cicéron à Benjamin, Presses universitaires de Lille, 1994. l

Sources: l Ballard M. De Cicéron à Benjamin, Presses universitaires de Lille, 1994. l Ballard M. La traduction : de l’anglais au français. Paris, Nathan, 1987. l Ballard M. La traduction : de la théorie à la didactique. Presses universitaires de Lille, 1984 l Ballard M. La traduction, Presses universitaires de Lille, 1984.

suite l Van Hoff H. , Petite histoire de la traduction en Occident. Louvain,

suite l Van Hoff H. , Petite histoire de la traduction en Occident. Louvain, Cabay, 1986. et altri.

Introduction l Le cursus vise à mettre en valeur une approche complexe vis-à-vis des

Introduction l Le cursus vise à mettre en valeur une approche complexe vis-à-vis des problèmes de la traduction, en usant d’une approche interdsciplinaire, surtout celle qui implique la genèse historique, le tissage philosophique, les fondements linguistiques pour débouché vers une interprétation sémiotique du phénomène de la traduction.

suite l Le contenu du cursus ne prétend pas à être la seule vérité

suite l Le contenu du cursus ne prétend pas à être la seule vérité scientifique dans cette perspective, c’est le résultat d’une synthèse doctrinologique complexe. l Les postulats théoriques proposés prennent le parti de la dialectique du signe de la langue en tant que voie incontournable du développement de ce système (la langue).

suite La dialectique du développement de la traduction entre les langues (à lire –

suite La dialectique du développement de la traduction entre les langues (à lire – textes, messages) est ascendante, incontournable, progressive. l La transcendance interlinguale se réalise sous forme d’une tridimensionnalité (établie pour le moment par les sémioticiens), mais cela n’exclut pas d’autres interprétations de la nature du signe et du macrosigne linguistique. l

1. Brève incursion historique de la pensée traductologique. Des origines à la Grèce du

1. Brève incursion historique de la pensée traductologique. Des origines à la Grèce du troisième siècle avant Jésus-Christ. l C'est du troisième millénaire avant Jésus-Christ que l'on date généralement le plus ancien témoignage de la fonction d'interprète, à savoir les inscriptions gravées sur les parois tombales des princes d'Eléphantine, en Haute Egypte. On est en droit de supposer qu’il s’agit là des tout premiers indices significatifs de l’activité qui consiste à passer d’une langue dans une autre. En revanche, on ne possède pas de traces de réflexion théorique sur la traduction à cette époque. l Dès -2700, néanmoins, des scribes spécialisés constituaient et examinaient des listes de signes. Symbolisant ce même type de démarche, des glossaires bilingues ont été retrouvés dans la ville d’Ebla, en Syrie sous forme de tablettes en pierre. Et même, comme l’indique Mounin, “ un lexique quadrilingue ”, prédécesseurs des dictionnaires d’aujourd’hui.

suite Il apparaît clairement combien l’activité traduisante est intrinsèquement liée aux phénomènes d’autres natures,

suite Il apparaît clairement combien l’activité traduisante est intrinsèquement liée aux phénomènes d’autres natures, et notamment à ceux d’ordre économique, qui impulsent l’essentiel des mouvements historiques de quelque importance. l Dans la Grèce antique, c’est le caractère hégémonique de la civilisation hellénique qui, dans une large mesure, justifie le mépris bien connu des Grecs pour les langues et traditions étrangères, lequel s'est inéluctablement accompagné d'une absence notoire de traduction. l

suite l Le traductologue trouvera néanmoins dans la civilisation grecque deux éléments qui ne

suite l Le traductologue trouvera néanmoins dans la civilisation grecque deux éléments qui ne peuvent le laisser indifférent: la pratique de l'oracle et un début de réflexion sur le langage. l L’importance des oracles, qui se manifestaient sous la forme de signes très divers que l' "Hermeneus" interprétait, n’est certes pas négligeable. Et cet usage des signes dans lequel le sens est à construire, recouvre implicitement une sémiotique potentielle, et révèle une conscience aiguë de l'ambiguïté du langage et de la communication en général.

suite l Par ailleurs, Platon (428/427 -347/346 av. J. C. ) s'interroge sur l'origine

suite l Par ailleurs, Platon (428/427 -347/346 av. J. C. ) s'interroge sur l'origine et la nature du langage; puis Aristote (384 -322) étudie les éléments du discours et ébauche l'analyse de la phrase en sujet et prédicat. Ce qui nous amène naturellement à constater dès maintenant l’interférence manifeste des préoccupations du traductologue et de celles du sémioticien puisque, logiquement s'intéresser à la traduction revient à s'intéresser à la traduction des signes par d'autres signes, ce qui implique nécessairement de s'intéresser au(x) signe(s).

suite En ce qui concerne, chez les Hellènes, la traduction à proprement parler, on

suite En ce qui concerne, chez les Hellènes, la traduction à proprement parler, on retiendra que l'on traduit essentiellement vers le Grec, ce peuple dominant ayant réussi à imposer sa langue dans une partie du bassin méditerranéen. l L'histoire de la pierre de Rosette en offre une illustration convaincante. Cette stèle, qui appartient à l'Egypte ptolémaïque, porte en effet l'une des plus célèbres traductions de l'antiquité, réalisée en 196 av. J. C. (sous le règne de Ptolémée V) et découverte en septembre 1799. l

suite La légende babylonienne donne la mesure de l'importance accordée au langage et à

suite La légende babylonienne donne la mesure de l'importance accordée au langage et à la traduction dans le domaine religieux. Et d'une façon plus générale, les textes sacrés se font l'écho de réalités sociales propres à l'homme, parmi lesquelles langues, et les transitions entre les langues occupent une place privilégiée. D’ailleurs, il n'est guère de peuplade si reculée qui soit totalement isolée, qui puisse se passer d'un recours à la traduction. l Nida s'est attaché à souligner l'importance des écrits bibliques qui se sont avérés plus propices à l'activité traduisante que les textes administratifs et littéraires. l

suite On croit d'ailleurs savoir que dans l'histoire de l'Occident les traductions grecques se

suite On croit d'ailleurs savoir que dans l'histoire de l'Occident les traductions grecques se développent dès le troisième siècle avant Jésus-Christ, les autres livres de l'Ancien Testament ayant été traduits à partir des deuxième et premier siècles avant J. C. l Jusqu'au milieu du troisième siècle, le grec demeure la langue unique du christianisme; le latin apparaît comme langue secondaire au II siècle, et la Vetus Latina, la première version latine, fut établie à partir d'un texte en grec. l On traduit la Bible pour répandre la parole de Dieu, et dans le domaine du sacré, l'acte de traduction prend suffisamment de poids pour qu'on le considère carrément comme une révélation ou un blasphème. l

suite l Derrière cette alternative, on devine l'imminence de la problématique de l'objection préjudicielle:

suite l Derrière cette alternative, on devine l'imminence de la problématique de l'objection préjudicielle: une traduction de la Bible est une révélation si l'on conçoit qu'il est possible de traduire, mais elle devient blasphématoire si l'on considère que traduire est impossible. l Cette problématique duelle de la possibilité ou de l'impossibilité de l'opération traduisante scandera l'histoire de la traduction en dimensions duelles jusqu'à l'époque contemporaine.

2. La genèse des fondements duels de la traductologie. L'apparition de la dyade `mot

2. La genèse des fondements duels de la traductologie. L'apparition de la dyade `mot - sens' parmi d'autres couples d'oppositions. De la chute de l'Empire romain au début du Moyen Age. l Rome, à l’inverse d’Athènes, se fait le théâtre d'importantes activités de traduction, et dans l'ensemble, on y conçoit alors ce phénomène comme un enrichissement de la langue, et par conséquent de la culture, ce qui se répercute naturellement au niveau lexical. l De fait, contrairement aux Grecs, chez qui le seul mot pour traduire -hermeneuein- signifiait aussi expliquer, les Romains possèdent quantité de vocables pour désigner la traduction: verto, converto, transverto, imitare, reddere, translatare. ”

suite l Etant donné l'influence de la civilisation hellénique, on traduit beaucoup de documents

suite l Etant donné l'influence de la civilisation hellénique, on traduit beaucoup de documents grecs en latin, mais cet exercice n'est pas envisagé de manière stricte; le rapport entre le texte de départ et celui d'arrivée peut varier, l'essentiel étant d'enrichir la langue et la culture d'arrivée.

suite L’épopée grecque attribuée au poète Homère (seconde moitié du VIIIe siècle avant J.

suite L’épopée grecque attribuée au poète Homère (seconde moitié du VIIIe siècle avant J. C. ) inspira le premier traducteur européen dont le nom est connu , à savoir un esclave grec affranchi , du nom de Livius Andronicus (284 -205), qui vers 240 avant Jésus-Christ traduisit l'Odyssée en vers latins. Cette démarche est la première d’une longue série. l Effectivement, à partir de cette période on voit de nombreux auteurs latins se servir des originaux grecs tout autant comme base de travail pour une traduction plus ou moins libre que comme source d'inspiration pour des (re)créations plus ou moins personnelles. l

suite l Il s'agit là essentiellement d'un travail d'imitation dont le but est de

suite l Il s'agit là essentiellement d'un travail d'imitation dont le but est de reproduire un modèle supérieur. Les lecteurs romains auxquels étaient destinées ces traductions étaient en majorité à même de lire l'original, et c'est donc sur la comparaison entre le texte (et la langue) de départ et ceux d'arrivée, c'est-à-dire sur la recréation en tant qu'exercice littéraire, que l'accent se trouve posé. l Dans la Rome antique, la traduction se définit plus comme le produit d'une littérature savante que comme le moyen de faire connaître un texte à ceux qui en ignorent la langue.

suite l On exalte davantage la créativité que libère la traduction en tant qu'art

suite l On exalte davantage la créativité que libère la traduction en tant qu'art oratoire; on ne s'accorde pas à l'envisager avec une quelconque rigueur scientifique, ou comme un exercice asservissant de soumission à un code barbare. Intéressé par les questions de rhétorique, c'est en orateur que l’avocat et écrivain latin Marcus Tullius Cicéro (106 -43) aborde des aspects de fond de la traduction, notamment dans De optimo genere oratorum, texte destiné à servir de préface aux traductions des orateurs et politiciens grecs Démosthène (384 -322) et Eschine (v. 390 -315).

suitze l Dans son traité Du meilleur genre d’orateurs, composé sans doute vers l’an

suitze l Dans son traité Du meilleur genre d’orateurs, composé sans doute vers l’an 46, Cicéron donne déjà le ton des recherches qui devaient être poursuivies par la suite dans ce qu'on appelle aujourd'hui le domaine de la traductologie. On pourrait affirmer que ce texte constitue l'un des premier écrits théoriques sur la traduction, c'est en tous cas le plus ancien connu, bien que Cicéron n'a pas écrit un traité de traduction, mais un traité d'éloquence. l On pourrait souligner la continuité des activités de traduction du grec vers le latin (et dans une moindre mesure du latin vers le grec) sous la plume d'auteurs comme Naevius, Ennius et Catulus.

suite En explicitant sa démarche, Cicéron cherche à justifier ce sur quoi le traducteur

suite En explicitant sa démarche, Cicéron cherche à justifier ce sur quoi le traducteur se fonde et ouvre ainsi une réflexion d'ordre épistémologique sur l'activité traduisante. Le réel besoin d'un fondement scientifique pour la traductologie ouvre d'ores et déjà l'inéluctable débat qu'on anime encore en invoquant ce texte désormais classique pour conforter la validité de la traduction du sens sur celle des mots. l On pourrait se montrer d’ailleurs critique à cet égard, contestant l’utilisation abusive qui a été faite de ce paragraphe où Cicéron traite de traduction, car on s’en est servi pour justifier une façon de traduire, dite libre, alors que lui-même souligne qu’il a pratiqué un type d’imitation et non pas un travail de traducteur. l

suite Ainsi, il semble établi que dès les premières réflexions sur la traduction, la

suite Ainsi, il semble établi que dès les premières réflexions sur la traduction, la dichotomie qui oppose le sens au mot occupe une place importante. Elle apparaît comme le fruit de la philosophie dualiste dans laquelle s’inscrit de plain-pied. l L’approche dyadique qui caractérise les écrits les plus anciens que l’on puisse recenser semble toujours être d’actualité. Nous verrons qu’effectivement cette même logique informe l’essentiel des recherches relatives à la traduction au cours des siècles et jusqu’à aujourd’hui. l

suite l En conséquence, Cicéron représente un certain idéal de liberté dont le traducteur

suite l En conséquence, Cicéron représente un certain idéal de liberté dont le traducteur doit disposer afin de ne pas calquer systématiquement les termes de la langue source. l L'emprunt et la paraphrase seront perçus différemment au cours du temps, et ils semblent naturels à Cicéron qui, étant confronté à un mot difficile à traduire, n'envisage qu'une alternative: l'utiliser directement dans la langue d'arrivée ou l'expliquer. A nouveau, cette conception semble empreinte de dualité, et elle s'intègre à une vision plus globale de la traduction qui, elle aussi, en porte vraisemblablement la trace.

suite Cette perspective, qui semble déjà bien ancrée dans les habitudes philosophiques et logiques

suite Cette perspective, qui semble déjà bien ancrée dans les habitudes philosophiques et logiques de l’époque, sera amplement développée par la suite et atteindra un tel degré de généralité qu'on peut considérer que c'est bien elle qui informe l'essentiel de l'évolution des idées et des points de vue théoriques en matière de traduction. l En effet, on retrouvera souvent au fil des siècles mêmes oppositions thématiques reproduites d'un auteur à l'autre: de tous temps, partisans de la traduction libre et littérale réitèrent des arguments similaires pour et contre chacun de ces deux pôles. l

suite l Il faut noter l'émergence d'un certain nombre de couples d’oppositions (antinomies) comme

suite l Il faut noter l'émergence d'un certain nombre de couples d’oppositions (antinomies) comme traduction-révélation vs. traductionblasphème, créativité artistique vs. asservissement barbare, mot à mot vs. sens pour sens, liberté vs. littéralité, possibilité vs. impossibilité, etc. Tous ces thèmes systématiquement dichotomiques ont été évoqués et réapparaîtront avec plus ou moins de vigueur au fil des siècles; ils se poliront sous diverses plumes, à commencer par celle de Jérôme.

suite l La lettre écrite vers 395 par Eusebius Hieronymus (347 -420) -celui qui

suite l La lettre écrite vers 395 par Eusebius Hieronymus (347 -420) -celui qui deviendra Saint Jérôme- en réponse aux critiques adressées à l'une des ses traductions, et qu'il a intitulée "De optimo genere interpretandi" ("la meilleure méthode de traduction") peut être considéré[e] comme la porte monumentale par laquelle on accède à l'œuvre de traducteur de Jérôme.

suite l On peut y voir l'illustration d'un mode de conceptualisation dyadique où l'on

suite l On peut y voir l'illustration d'un mode de conceptualisation dyadique où l'on envisage systématiquement des couples de termes qui s'excluent l'un l'autre. Ainsi, l'idée s'oppose au mot, et il n'y a pas d'autre possibilité que d'opter pour l'un des deux aspects aux dépens de l'autre. Jérôme choisit de soutenir la fidélité au sens, et cet acte manifeste son adhésion aux perspectives duelles qui marquent d’emblée les premières approches traductologiques.

suite l Nonobstant, on pourrait aussi voir dans sa position relativement aux textes sacrés,

suite l Nonobstant, on pourrait aussi voir dans sa position relativement aux textes sacrés, le signe d'une prise de conscience de la dialectique qui unit ces deux pôles: dans la mesure où il suggère qu'en général il convient de réserver le mot à mot au domaine religieux, et des formes plus libres aux autres textes, il peut se dégager de ce court extrait l'idée que le type de traduction est à déterminer en fonction de la nature de l'original. Les deux options - traduire le sens vs. traduire les mots- ne seraient plus alors envisagées radicalement comme des contraires incompatibles.

suite l Bien qu'ils ne s'expriment pas dans le cadre d'une théorie de la

suite l Bien qu'ils ne s'expriment pas dans le cadre d'une théorie de la traduction, Horace, Cicéron, Jérôme, et d'une façon générale les premiers penseurs qui s’intéressent à la traduction, ont contribué à engager une réflexion fondée sur des présupposés dyadiques. En soutenant qu'il faut traduire non verbum de verbo, sed sensum exprimere de sensu, c'est-à-dire non pas mot à mot mais sens pour sens, les auteurs anciens semblent valider une analyse de la situation traductionnelle selon laquelle si l'on veut traduire, on a le choix entre traduire le mot ou traduire le sens, chaque option s’opposant

suite l Cette conception repose sur des fondements philosophiques qui semblent structurer l'ensemble de

suite l Cette conception repose sur des fondements philosophiques qui semblent structurer l'ensemble de la réflexion traductologique, laquelle s'organise d'ailleurs autour de la problématique centrale de la fidélité que l'on tranche la plupart du temps en faveur de l'idée (du sens ou de l'esprit), aux dépens du mot (de la lettre, ou de la forme): La célèbre expression “ non verbum de verbo, sed sensum exprimere de sensu ” est très souvent citée sans que le nom de son auteur soit précisé. Il semble, comme le confirme notamment le Nouveau dictionnaire des oeuvres (Laffont - Bompiani, 2ème éd. actualisée 1994, p. 695), qu’elle doive être attribuée à Jérôme.

suite l L'opposition incontournable du mot au sens, de la lettre à l'idée, de

suite l L'opposition incontournable du mot au sens, de la lettre à l'idée, de la forme à l'esprit, et la troublante question de la possibilité ou de l'impossibilité de la traduction (qui se pose avec acuité dans les domaines sacrés de la Bible et du Coran notamment) se présentent comme les premières manifestations résultant d'un effort de théorisation – qui n'apparaît d'ailleurs comme tel qu'à posteriori – fondée, pour ainsi dire, sur une philosophie du chiffre deux.

suite A ce titre, l'empirisme dyadique constitue vraisemblablement la caractéristique la plus marquante. Elle

suite A ce titre, l'empirisme dyadique constitue vraisemblablement la caractéristique la plus marquante. Elle peut sans doute être tenue pour l’application, dans le domaine de la traduction, de la philosophie dominante à l’époque. Les couples de contraires auxquels elle donne lieu de façon pour ainsi dire systématique (et notamment la traduction du sens opposée à celle du mot) se présentent comme le fruit de conceptualisations que seule la logique duelle semble pouvoir justifier. l A ces oppositions quasiment artisanales s’ajoute l’importante notion d’érudition. En effet, la traduction se présente à l’origine comme un moyen de passer outre les barrières linguistiques et culturelles qui séparent les peuples. l

suite l Dyadicité et érudition apparaissent comme les caractéristiques déterminantes de l’opération traduisante à

suite l Dyadicité et érudition apparaissent comme les caractéristiques déterminantes de l’opération traduisante à ses débuts: le rôle central de cette activité socio-économique s’affirmera donc en fonction de ces paramètres. Les bases théoriques et pratiques de la traduction sont désormais jetées: de Livius Andronicus à Jérôme, on s'est généralement accordé à soutenir la traduction des idées contre celle des mots, dans une optique implicitement mais manifestement dyadique.

suite l L’empire ne résista pas aux Vandales: il s'effondre en 476, et nous

suite l L’empire ne résista pas aux Vandales: il s'effondre en 476, et nous ne possédons plus que des fragments de l'œuvre du "dernier des romains", Boèce (480? -524), "poète de la décadence". On sait néanmoins que, suivant en cela la position de Philon le Juif et des traducteurs de la Bible en général, ce philosophe latin considère qu'il faut s'en tenir au mot à mot pour ne pas corrompre la vérité. l Le Moyen Age, dans son ensemble, est marqué par ce type d'attitude, et ceci de façon nette jusqu'au début de la Renaissance.

3. La prépondérance de la traduction des mots sur la traduction du sens. De

3. La prépondérance de la traduction des mots sur la traduction du sens. De la fin du Moyen Age à la Renaissance. La confirmation de la primauté du sens sur les mots. l Quand l’empire romain disparaît en 395, il cède la place au déferlement de l'Islam sur le monde méditerranéen. Les érudits arabes s'empressent alors de traduire le précieux patrimoine qu'ils héritent de l'Antiquité. Outre le fait que cette immense activité traduisante eut une influence prépondérante sur le développement de la science arabe, il faut souligner l'importance significative de cet ensemble de traductions dans l'évolution historique des savoirs en Europe.

suite l Le domaine particulièrement sensible des textes religieux offre toujours en abondance des

suite l Le domaine particulièrement sensible des textes religieux offre toujours en abondance des arguments qui remettent à l’honneur la dyade traductionrévélation/traduction-blasphème. D’une façon plus générale, la traduction d'ouvrages philosophiques et scientifiques, développée surtout à l'époque abbasside, évolue en trois temps: de 753 à 813, de 813 à 833, et de 919 à la fin du Xe siècle. Hunayn Ibn Ishaq (809 - ) fut l'un des principaux traducteurs formé à cette sorte d'école de traduction apparue sous l'impulsion du rôle primordial joué par les bibliothèques publiques ou privées, et notamment la célèbre Bayt al-Hikma ou Maison de la Sagesse à Bagdad.

suite l La politique d'échanges culturels, que manifestement les califes pratiquaient de façon régulière,

suite l La politique d'échanges culturels, que manifestement les califes pratiquaient de façon régulière, favorisa la spécialisation des membres de l'école de traduction de Bagdad.

suite l Reprise en 1085 par les Espagnols, la ville de Tolède se fait

suite l Reprise en 1085 par les Espagnols, la ville de Tolède se fait le théâtre d'événements historiques en assumant un rôle de lieu charnière entre monde musulman et monde chrétien, notamment grâce à la célèbre école de traducteurs. Ayant succédé à Cordoue comme principal centre culturel islamique, elle devient alors notamment la scène d'un Collège de Traducteurs fondé dès 1135 par l'archevêque Raymond de Tolède (1125 -1151). Cette véritable école, patronnée par l'Eglise, regroupera pendant plus d'un siècle et demi d'illustres traducteurs comme par exemple Dominicus Gundisalvi, Johannes Hispanus ou Pierre le Vénérable. Ou encore Adelard de Bath qui met en latin une version arabe des Principes d'Euclide, et Robert de Retine qui, en 1141 -1143 traduit le Coran pour la première fois.

suite l Il convient d’indiquer également que la liberté alors inhérente au rapport à

suite l Il convient d’indiquer également que la liberté alors inhérente au rapport à l'original tient aussi pour beaucoup au fait que ce n'est que vers l'an 1200 que des copies des originaux grecs commencèrent à arriver à Tolède. Aussi Gérard de Crémone a-t-il traduit du grec par l'intermédiaire d'une version arabe, et ce n'est qu'au treizième siècle qu'Aristote est traduit directement du grec en latin notamment par le dominicain flamand Willem Van Mœrbeke (12201286).

suite l Dès 1363, le futur Charles V favorise la traduction d'œuvres anciennes en

suite l Dès 1363, le futur Charles V favorise la traduction d'œuvres anciennes en attachant à son service des savants aussi réputés que Jean Golein, Raoul de Presles, Nicolas Oresme, ou Simon de Hesdin; et les principes du prince pour son programme de traduction sont reproduits dans la plupart des préfaces. Celle d'Oresme, en donnant le ton de l'époque, permet d'envisager le contexte global dans lequel on appréhende alors le phénomène de traduction. Parmi les diverses langues en présence, le latin occupe indéniablement une place prépondérante.

De la fin du Moyen Age à la Renaissance l Ainsi donc se dessine

De la fin du Moyen Age à la Renaissance l Ainsi donc se dessine en France dès la fin du Moyen Age une façon de traduire prédominante qui évite le mot à mot pour des raisons de clarté et d'élégance. On voit ce genre de traduction se perpétuer et se développer jusqu'aux débuts de la Renaissance, venant du désir de rendre accessible au plus grand nombre, et en particulier aux profanes, des textes écrits en latin (ou en grec) et qui étaient jusque là réservés aux seuls érudits.

suite l Van Hoof indique à ce propos que "c'est la renaissance, qui, éprouvant

suite l Van Hoof indique à ce propos que "c'est la renaissance, qui, éprouvant le besoin d'inventer des termes pour désigner des réalités nouvelles, façonne une notion entièrement neuve de la traduction. " Il signale également que "l'introduction du vocable traducere par les humanistes italiens, et en particulier par Bruni met fin à la multiplicité synonymique qui a régné jusque là. "

suite l Leonardo Bruni, dit Leonardo Aretino (1370 -1444), expose un certain nombre de

suite l Leonardo Bruni, dit Leonardo Aretino (1370 -1444), expose un certain nombre de principes dans son De interpretatione recta en 1420. Gérard de Crémone a déjà soulevé ce point au XIIe siècle, et il sera repris par Dolet au XVIe, mais l’humaniste italien est sans doute l'un des premiers théoriciens à avoir insisté sur la nécessité de bien connaître les deux langues sur lesquelles on travaille.

suite l Ce serait donc vraisemblablement plutôt l’écrivain que Bruni comparerait au peintre, le

suite l Ce serait donc vraisemblablement plutôt l’écrivain que Bruni comparerait au peintre, le traducteur apparaissant pour sa part sous les traits d’un réécrivain, c’est-à-dire quelqu’un qui réécrit un même texte avec d’autres matériaux. Dans une certaine mesure, il est libre de choisir parmi ces matériaux ceux qu’il juge les plus adéquats, mais contrairement à l’écrivain, il n’en fait pas ce qu’il veut: il se doit de respecter le texte de l’auteur. Ces nuances sont d’autant plus importantes qu’elles ne semblent pas figurer chez d’autres penseurs, et qu’elles sont le signe d’une approche subtile des questions de traduction. En effet, il ne s’agit pas ici d’opposer l’écrivain au traducteur, mais bien plutôt d’envisager leurs points communs et leurs différences, ce qui pourrait être l’annonce d’une démarche non plus dualiste, mais dialectique.

suite l Rome connaît l'un des premiers grands moments de traduction sous la papauté

suite l Rome connaît l'un des premiers grands moments de traduction sous la papauté de Nicolas V (1447 -1455). Dans l'ensemble, les préfaces montrent une même distance vis-à-vis du mot à mot, et l'on commence à s'intéresser au style, ou plus précisément aux retranchements et autres modifications que l'on s'autorise désormais.

suite Les limites de la traduction semblent encore bien vagues, et en général le

suite Les limites de la traduction semblent encore bien vagues, et en général le souci de littéralité cède devant l'impératif du style et de la lisibilité: on ajoute, on retranche et on modifie en vue d'obtenir un texte clair parfaitement accessible aux lecteurs de langues dites vulgaires. Charles VIII (1483 -1498) encourage de nombreuses traductions, ce qui n'est pas le cas de Louis XII (1498 -1515) dont le règne promeut cependant la traduction poétique. l En dépit de contributions originales comme celles de Léonardo Bruni, les méthodes de traduction les plus l courantes consistent de plus en plus à privilégier le sens aux dépens du style, et cette tendance se confirmera par la suite.

suite l Ainsi donc, dès la fin du XVe siècle, tant par la reprise

suite l Ainsi donc, dès la fin du XVe siècle, tant par la reprise de traductions antérieures que par la perpétuation de leur méthode, on s'achemine vers un style de traduction qui culminera avec Amyot et qui parfois même annonce les libertés que Perrot d'Ablancourt prendra avec le texte pour le rendre accessible. l Ce qui existe de théorisation à l'époque est généré essentiellement par la traduction de textes littéraires ou historiques. Les préfaces laissent paraître la perception d'un certain nombre de problèmes, mais on ne rencontre pas de formulation théorique globale.

Devoir: l Dissertation: Les différences et les similitudes entre l’évolution de la traduction chez

Devoir: l Dissertation: Les différences et les similitudes entre l’évolution de la traduction chez les grecs et les romains. l Conditions: volume – une page A 4, caractères 14 Times New Roman, espace 1, 5. Envoi par Internet à l’adresse agutu@ulim. md. Joindre au portfolio de l’examen.