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Université Moulay Ismail 2020 – Ecole Normale Supérieure - Meknès 2021 Master spécialisé :

Université Moulay Ismail 2020 – Ecole Normale Supérieure - Meknès 2021 Master spécialisé : Didactique du Français et Métiers de l’Education et de la Formation Elément de module : Théories linguistiques 1 (S 1) Cours d’introduction : Un peu d’histoire Intervenant : Professeur Driss MESKINE

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) v Chez Platon et chez

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) v Chez Platon et chez Aristote, les références à la grammaire sont éparses : les thèmes (les catégories grammaticales et les types de phrase) ne sont pas traités systématiquement.

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) v Platon : le premier

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) v Platon : le premier à prendre en considération ce sujet au sérieux, car dans ses dialogues (Le Cratyle), nous rencontrons une division fondamentale de la phrase (lôgos) en composant nominal et composant verbal (ônoma et rhêma), qui resta pour toute la linguistique descriptive ultérieure la distinction de base, soustendant l’analyse syntaxique et la classification des mots.

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) Aristote conserva cette distinction mais

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) Aristote conserva cette distinction mais ajouta aux composants syntaxiques une troisième classe (le sŷndesmoi ou sundesmos) : les mots qui devaient, par la suite, s’appeler « articles » , « pronoms » et « conjonctions » . Cette analyse tripartite de la phrase (lôgos) visait probablement à différencier les composants de l’énoncé déclaratif (opophantikos lôgos) qu’Aristote, en tant que logicien, jugeait fondamental.

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) Il inclut les adjectifs parmi

Un peu d’histoire : Les Grecs (Platon et Aristote) Il inclut les adjectifs parmi les rhêma, puisqu’ils servaient fréquemment de prédicats. C’est pour cette raison que la traduction de ônoma et rhêma respectivement par « nom » et « verbe » peut être trompeuse pour cette étape du développement de la théorie grammaticale grecque.

Un peu d’histoire : Les Grecs (Les Stoïciens) Parmi les écoles philosophiques qui grandirent

Un peu d’histoire : Les Grecs (Les Stoïciens) Parmi les écoles philosophiques qui grandirent à Athènes, après Aristote : l’école stoïcienne est la plus importante dans l’histoire de la linguistique. L’école stoïcienne fut fondée par Zénon de Kition (de Citium en latin) à l’époque dite hellénistique. Elle se caractérise par la divergence du grec parlé, la koinè, d’avec la langue des auteurs classiques athéniens qui, avec celle d’Homère, constituait la norme littéraire de tous les Grecs instruits.

Un peu d’histoire : Les Grecs (Les Stoïciens) Contributions des Stoïciens : v Ils

Un peu d’histoire : Les Grecs (Les Stoïciens) Contributions des Stoïciens : v Ils formalisèrent la dichotomie entre « forme » et « sens » , distinguant dans la langue le « signifiant » et le « signifié ou la chose signifiée » , termes qui renvoient directement à ceux de Saussure. v Conduits par leur attitude philosophique à accorder une grande attention au langage, les Stoïciens ont écrit des livres entièrement consacrés à la syntaxe. v Ils développèrent le système aristotélicien en augmentant le nombre des classes de mots.

Un peu d’histoire : Les grecs : (Les Alexandrins) Peu à peu va se

Un peu d’histoire : Les grecs : (Les Alexandrins) Peu à peu va se dégager, avec les grammairiens d’Alexandrie une réflexion plus proprement grammaticale. A la différence des Stoïciens, les Alexandrins s’intéressèrent essentiellement au langage comme partie des études littéraires. Ainsi Denys De Thrace écrit-il la première description grammaticale systématique de la culture occidentale (gréco-latine), La Téchné grammatiké. Il emploie deux unités de description fondamentales : la phrase (lôgos), limite supérieure de la description grammaticale et le mot,

Un peu d’histoire : Les Grecs : Les Alexandrins Denys De Thrace distingue huit

Un peu d’histoire : Les Grecs : Les Alexandrins Denys De Thrace distingue huit (08) classes de mots : l’article, le nom, le pronom, le verbe, le participe, l’adverbe, la préposition et la conjonction (distinction encore valide aujourd’hui). Du point de vue de la linguistique moderne, la principale lacune de Denys De Thrace réside dans l’absence de considérations sur la syntaxe, bien que le terme « syntaxis » soit souvent employé et que certaines définitions de la Téchné Grammatiké présupposent une analyse syntaxique plus ou moins poussée.

Un peu d’histoire : Les Grecs (Les Alexandrins) La syntaxe fut traitée exhaustivement par

Un peu d’histoire : Les Grecs (Les Alexandrins) La syntaxe fut traitée exhaustivement par Apollonius Dyscole, auteur alexandrin du II° siècle avant J. C. Apports d’ Apollonius Dyscole : v Il reprend les 08 classes contenues dans la Téchné, mais en redéfinissant certaines d’entre elles : Il définit, par exemple, le pronom non seulement comme le substitut d’un nom, comme l’avait fait Denys De Thrace, mais en outre comme le représentant de la substance dénuée de qualités. Mais chez les Alexandrins, l’intérêt pour la langue est luimême souvent subordonné à un intérêt philologique : rendre lisibles textes littéraires prestigieux, les œuvres d’Homère surtout.

Deux grands débats Les Grecs : Deux grands débats informels de philosophie du langage

Deux grands débats Les Grecs : Deux grands débats informels de philosophie du langage qui traduisent deux controverses liées, dans le cadre desquelles problèmes concernant la langue grecque étaient traités :

Deux grands débats 1 - Le premier concerne les hypothèses émises à propos de

Deux grands débats 1 - Le premier concerne les hypothèses émises à propos de l’origine du langage et plus précisément à propos du rôle de la nature en tant qu’opposée de la convention : Ø Certains (en s’appuyant sur les onomatopées) défendent l’hypothèse suivant laquelle il existe une relation naturelle entre les mots et la réalité qu’ils représentent ; Ø D’autres (Aristote) pensent, au contraire, que le rapport entre les signes et ce qu’ils désignent est conventionnel, immotivé. Pour Aristote, les onomatopées n’invalidant pas cette thèse puisqu’elles

Deux grands débats 2 - Le second débat oppose : Ø Les « analogistes

Deux grands débats 2 - Le second débat oppose : Ø Les « analogistes » (Aristote) : qui pensent que la structure de la langue est régulière et peut donc faire l’objet d’une science ; ØAux anomalistes (Stoïciens) : qui n’y voient qu’une agglomération d’usages arbitraires.

Un peu d’histoire : Les Latins La linguistique romaine résulte, pour une grande part,

Un peu d’histoire : Les Latins La linguistique romaine résulte, pour une grande part, de l’application de la pensée, des controverses et des catégories grecques à la langue latine. La ressemblance relative des structures fondamentales deux langues ainsi que l’unité de civilisation facilitèrent ce transfert métalinguistique. Parmi les grammairiens romains, Varron est sans doute le plus original. Son œuvre De Lingua latina (comprenant 25 livres (dont 6 seulement nous

Un peu d’histoire : Les Latins Cependant, la meilleure façon d’apprécier les travaux des

Un peu d’histoire : Les Latins Cependant, la meilleure façon d’apprécier les travaux des grammairiens latins est d’examiner l’œuvre de leur plus éminent représentant, Priscien de Césarée (Grammairien latin du VI° siècle, enseignant de la grammaire à Constantinople et dont l’œuvre comprend 18 livres, soit un millier de pages).

Un peu d’histoire : Les Latins Priscien et les autres grammairiens latins considèrent l’interjection

Un peu d’histoire : Les Latins Priscien et les autres grammairiens latins considèrent l’interjection comme une classe de mot à part entière, au lieu de la traiter comme une sous-classe des adverbes (Denys De Thrace et Apollonius Dyscole). Priscien emploie les mêmes termes que Denys De Thrace pour définir le mot (dictio) et la phrase (ôratio), comme respectivement l’unité minimale de la structure phrastique et l’expression d’une pensée complète.

Conclusion (Les Grecs et les Latins) En résumé : dans la Grèce ancienne, la

Conclusion (Les Grecs et les Latins) En résumé : dans la Grèce ancienne, la philosophie, dans son sens le plus large, avait été le berceau de « la linguistique » et des premières spéculations sur le langage. Mais depuis la mise en valeur de l’Ecole d’Alexandrie, représentée dans La Techné de Denys De Thrace dont le point de vue reste prépondérant chez Apollonius Dyscole et ses successeurs grecs et latins, l’étude de la littérature classique, de la langue et du style des poètes et prosateurs réputés avait constitué l’objectif avoué et le contexte de toute recherche sur le langage.

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale Le fait qui domine cette époque est

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale Le fait qui domine cette époque est la prépondérance absolue du latin sur la vie culturelle. La grammaire est un des fondements de l’éducation médiévale. Celle-ci repose sur les sept arts libéraux : la grammaire, la dialectique (la logique), la rhétorique, la musique, l’arithmétique, la géométrie et l’astronomie). En tant que telle, la grammaire constitue à la fois un art libéral en soi et une exigence de lire et écrire correctement le latin. Toutes ces études sont subordonnées à la théologie.

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale A cette époque, Priscien et Donat font

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale A cette époque, Priscien et Donat font autorité ; on retouche à peine leurs théories et leur systématisation. Les objectifs de la grammaire étaient exclusivement pédagogiques : Le Doctrinal, de caractère purement pratique, resta, dans certaines écoles, un manuel officiel et populaire durant tout le Moyen Age, et même longtemps après.

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale Dans l’histoire de la linguistique, c’est la

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale Dans l’histoire de la linguistique, c’est la deuxième moitié du Moyen Age (à partir de 1100 environ) qui est la plus significative. C’est l’époque de la philosophie scolastique (Une théorie de la signification qui concilie l’apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne) dans laquelle les études sur la langue tenaient une place importante.

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale Cette époque fut marquée aussi par la

Un peu d’histoire : La grammaire médiévale Cette époque fut marquée aussi par la grammaire spéculative : elle est appelée ainsi parce que la langue y est considérée comme le miroir (speculum en latin) de la réalité. Les différents philosophes dits modistes s’intéressent aux modes de signification, aux principes universels selon lesquels le signe linguistique est lié au mode et à l’esprit de l’homme.

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste Quelques repères historiques très importants

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste Quelques repères historiques très importants : -Découverte du nouveau monde en 1492 par Christoph Colomb qui a entraîné le déclenchement de l’expansion de la civilisation de l’Europe à travers le monde.

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste - En 1453, Constantinople, capitale

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste - En 1453, Constantinople, capitale de l’Empire de l’Orient, tombe finalement aux mains des Turcs. Cela a conduit à la disparition du dernier lien direct avec l’Empire Romain Classique et nombre de savants grecs sont obligés d’émigrer à l’Ouest, en Italie notamment. - A la Renaissance, on peut dire que la pensée se forme par l’étude de la littérature classique (grecque et latine), conçue comme base d’une éducation humaniste.

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste En matière de réflexion sur

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste En matière de réflexion sur le langage, la Renaissance est le lieu d’un double mouvement, en apparence contradictoire, puisqu’on remet à l’honneur le grec et le latin classiques de Cicéron et Virgile et qu’en même temps on commence à s’intéresser aux langues vernaculaires propres à chaque pays.

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste On assiste alors à divers

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste On assiste alors à divers faits marquants : 1 - Promotion d’une variété de langues régionales au rang de langues officielles. Par exemple, depuis la fin du XV° siècle, en Espagne, c’est le castillan qui prend le dessus et Charles Quint rompt avec la tradition latine, universaliste, en s’adressant au Pape en « Espagnol » .

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste 2 - Elévation du statut

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste 2 - Elévation du statut des langues vernaculaires après la traduction de la bible dans ces langues. 3 - L’invention de l’imprimerie assure la diffusion des connaissances sur une échelle beaucoup plus vaste et favorise le développement d’un mouvement philologique de restitution des textes antiques.

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste 4 - Le français devient

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste 4 - Le français devient la langue de l’administration et les premières grammaires du français commencent à paraître (ex. Maigret, Traité de la grammaire française en 1550).

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste 5 - Les savants occidentaux

Un peu d’histoire : La Renaissance ou grammaire humaniste 5 - Les savants occidentaux entrent en contact pour la première fois avec une langue non-européenne : l’hébreu et une tradition d’analyse grammaticale qui n’est pas directement dérivée de la tradition gréco-latine. La grammaire hébraïque s’était développée sous l’influence de l’œuvre grammaticale des Arabes. Cela était dû à la fois aux ressemblances structurales de ces deux langues sémitiques et à la puissance politique des Arabes, après l’expansion islamique au Proche-Orient, en Afrique et en Espagne. N’oublions pas que la recherche grammaticale a atteint son point culminant à la fin du XII° siècle avec la Grammaire de Sibawayh.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Aux XVI°, XVII° et XVIII° siècles, le

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Aux XVI°, XVII° et XVIII° siècles, le monde philosophique se préoccupe de la querelle entre empiristes et rationalistes, et les thèses soutenues par chaque école se répercutent dans le traitement des problèmes ayant trait au langage.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique L’empirisme est né de la lutte contre

Un peu d’histoire : La Grammaire classique L’empirisme est né de la lutte contre les idées admises de la scolastique médiévale. Les œuvres de Copernic, Galilée et Kepler sont des exemples illustres de la montée d’une perspective scientifique moderne, prête à contester l’autorité au nom du fait observé et à remodeler la théorie pour qu’elle incorpore des données découvertes par l’observation, considérée comme étant l’origine de toute connaissance.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique La position rationaliste est exposée par René

Un peu d’histoire : La Grammaire classique La position rationaliste est exposée par René Descartes. Les rationalistes cherchent la certitude de la connaissance non pas dans les impressions des sens (par l’observation comme chez les empiristes), mais dans les vérités irréfutables de la raison humaine.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Un aspect célèbre de cette controverse entre

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Un aspect célèbre de cette controverse entre empiristes et rationalistes concerne le problème des « idées innées » : Les tenants de l’empirisme (Locke, Berkeley et Hume) nient l’existence de toute idée implantée dans l’esprit, antérieurement à l’expérience. A l’opposé, les rationalistes cartésiens considèrent que certaines idées innées constituent la base de toute certitude dans notre connaissance.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Les deux écoles de pensée s’accordent tout

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Les deux écoles de pensée s’accordent tout de même pour placer leur confiance dans les mathématiques et la science newtonienne, plutôt que dans l’aristotélisme scolastique, comme fondement du raisonnement philosophique.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Le mouvement rationaliste influence la production des

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Le mouvement rationaliste influence la production des grammaires philosophiques, spécialement celles associées aux écoles françaises de Port-Royal. Ces fondations religieuses et éducatives ont été créées en 1637, et dissoutes en 1661 par suite de querelles politiques et religieuses.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Les grammairiens de Port-Royal prétendent que la

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Les grammairiens de Port-Royal prétendent que la raison humaine est plus forte que l’autorité et ils choisissent Descartes plutôt qu’Aristote comme base de leur enseignement. L’universalisme envisagé par Port-Royal (les grammairiens de Port-Royal écrivent des grammaires universelles) se fonde sur la raison.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique L’ouvrage qui marque cette époque est Grammaire

Un peu d’histoire : La Grammaire classique L’ouvrage qui marque cette époque est Grammaire générale et raisonnée, dite grammaire de Port-Royal (1660) dont les auteurs sont Antoine Arnauld et Claude Lancelot. L’étude des formes y est subordonnée à une théorie des relations logiques qui fondent la langue. Le langage est une représentation de la pensée par des signes (les mots ne servent qu’à représenter les idées), et en analysant une langue ou plusieurs, on remonte de l’usage aux principes rationnels universels auxquels doit obéir toute langue si elle veut exister, c’est-à-dire

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Le XVII° siècle va être marqué par

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Le XVII° siècle va être marqué par un événement important, celui de la fondation de l’académie française par le cardinal De Richelieu en 1635 afin d’exercer une surveillance continue sur les normes littéraires et linguistiques de la langue.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique C’est donc à partir du XVII° siècle

Un peu d’histoire : La Grammaire classique C’est donc à partir du XVII° siècle que commence à se codifier progressivement la notion de « bel ou de bon usage » , en particulier avec le renforcement du centralisme monarchique et le développement concomitant d’une vie de cour.

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Vaugelas a publié en 1647 des remarques

Un peu d’histoire : La Grammaire classique Vaugelas a publié en 1647 des remarques sur la langue française érigeant en norme de bon langage l’usage de la cour et de quelques cercles privilégiés. Un tel point de vue (qui est un peu l’antithèse de la tendance rationaliste (Port-Royal)) amène à accorder davantage d’importance à des points de détail, aux caprices de l’usage qu’aux grandes régularités de la langue. Ce bon usage va progressivement se couper de l’usage effectif, prenant pour référence les textes de quelques écrivains sélectionnés pour leur « classicisme » .

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Au début

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Au début du XIX siècle, se produit une mutation dans la réflexion grammaticale. Au XIX° siècle, le langage devient un organisme soumis à l’histoire. Le fait capital est constitué par la restitution de l’indo-européen, restitution corrélative d’une méthodologie : le comparatisme.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Pour esquisser

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Pour esquisser le développement systématique de la linguistique historique et comparative, dans ses aspects théoriques les plus significatifs au cours du XIX° siècle, il faut dire d’emblée que l’introduction de l’étude du sanskrit en Europe aura une influence profonde et durable sur plusieurs branches de la linguistique européenne.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique En 1786,

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique En 1786, l’Anglais W. Jones émet les hypothèses suivantes : 1 - le sanskrit (vieille langue sacrée de l’Inde) présente des ressemblances frappantes avec le latin, le grec, le celtique, le persan, etc. ; 2 - toutes ces langues se seraient alors développées à partir d’une origine commune. C’est ainsi que de multiples recherches furent réalisées dans ce sens, en particulier les travaux de Franz BOPP et de Rasmus RASK qui allaient fonder la méthode comparatiste.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Le linguiste

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Le linguiste allemand F. BOPP (1791 – 1867) est l’un des fondateurs de la grammaire comparée. Il publia en 1816 un mémoire sur Le Système des conjugaisons du sanskrit dans lequel il établit, grâce à une comparaison rigoureuse des flexions verbales, l’origine commune du sanskrit et des langues latine, grecque, persane et germanique, les faisant dériver d’une hypothétique langue-mère : l’indo-européen. Dans son œuvre maîtresse Grammaire comparée des langues indo-européennes, il étend son champ d’investigation à un plus grand nombre de langues indo-européennes en accordant toujours le primat à l’étude morphologique.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Le Danois

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Comparatisme et linguistique historique Le Danois Rasmus RASK (1787 -1832), dans son investigation sur l’origine du vieux norrois ou islandais (ancienne langue des peuples scandinaves), aurait établi, mais sans se servir du sanskrit, les affinités entre islandais, langues scandinaves, grec, latin, arménien, slave, langues germaniques. Avec ces deux auteurs et beaucoup d’autres, la notion vague et préscientifique de « ressemblance » entre langues fait place à une méthodologie de plus en plus rigoureuse et précise.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Deux noms

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Deux noms symbolisent ces grandes tendances du XIX° siècle : Wilhelm Von Humboldt (linguiste allemand : 1767 – 1835) et August Schleicher (linguiste allemand 1821 – 1868) : Von Humboldt considère la langue comme une forme dynamique qui façonne la pensée dans la mesure où on pense atteindre « l’âme profonde » des peuples et leur vision du monde. Ainsi, partant de langues aussi variées que le sanskrit, le chinois, le basque, le hongrois, le birman (le kawi), le japonais, les langues sémitiques, il cherche à dépasser le cadre de la grammaire comparée pour constituer une anthropologie générale.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Toutefois, la

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Toutefois, la contribution la plus célèbre de Von Humboldt à la théorie linguistique est peut-être sa typologie tripartite des langues : Ø Isolantes : Langues dont les « mots » sont ou tendent à être invariables et où on ne peut, par conséquent, pas distinguer le radical et les éléments grammaticaux ; Ø agglutinantes : Langues qui présentent la caractéristique structurale de l’accumulation après le radical d’affixes distincts pour exprimer les rapports grammaticaux (genre, nombre, personne, possession, cas…) ; Ø flexionnelles, langues dont les mots, en tant qu’unités grammaticales, sont pourvus, suivant la structure prédominante, de morphèmes exprimant certains rapports grammaticaux.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique A. Schleicher,

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique A. Schleicher, à l’inverse, considère la langue comme un organisme biologique en évolution constante, qui naît, se corrompt et meurt (voir la théorie de Darwin) en suivant des lois comparables à celles des êtres vivants. En 1865, il publia un ouvrage au titre significatif : La Théorie darwinienne et la science du langage. L’indo-européen est, dès lors, conçu comme une langue-mère dont dérivent des langues filles, puis des langues petites-filles, etc.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Ø La

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Ø La fin du XIX° siècle est marquée par les profondes transformations qu’a subies la phonétique qui tend à devenir une véritable science expérimentale : vers 1875, la formation à Leipzig d’un groupe de linguistes qui prennent le nom de « néo-grammairiens » (Karl Brugman, Hermann Ostoff, Hermann Paul…). Ils posent le caractère absolument nécessaire des lois phonétiques et défendent l’aspect essentiellement historique de la linguistique ( « la seule étude scientifique du langage est la méthode historique » ). Ø On assiste aussi, à cette période, à un florissant développement de la dialectologie.

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Michel Bréal,

Un peu d’histoire : Le XIX° siècle : Romantisme et modèle biologique Michel Bréal, considéré comme étant le créateur du terme « sémantique » (science des significations et des lois qui président à la transformation des sens), réagit contre l’intérêt exclusif porté à l’aspect phonétique de l’évolution des langues. Antoine Meillet est surtout connu pour ses études dans le domaine indo-européen et pour l’influence qu’a exercée sur lui la sociologie, alors naissante. Il insiste sur le caractère éminemment social de la langue.

Conclusion C’est grâce à une réflexion critique sur les acquis et les impasses de

Conclusion C’est grâce à une réflexion critique sur les acquis et les impasses de cette linguistique du XIX° siècle que F. de Saussure va tenter d’édifier une linguistique générale dont se réclament la plupart des courants structuralistes européens.