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Les outils d’enquête Florence PELLETIER et Hervé OLEON Cadres de santé formateurs IFSI Bichat - Claude Bernard 01. 08

Les instruments de recueil de données Techniques empruntées aux sciences sociales Techniques d’études des individus ou de documents : grille techniques de lecture ou d’analyse « vivantes » : d’un document après Questionnaire recherche Entretien documentaire Observation directe

QUELLE ENQUÊTE ? Objectif (hypothèses) : QUANTITATIVE Centrée sur le problème Echantillon large Informations plus limitées, peu nuancées Réponses courtes, schématiques Analyse statistique Regroupement des réponses par fréquence moyenne…etc QUALITATIVE Centrée sur la personne Echantillon limité Informations nombreuses, nuancées Réponses riches, complexes, approfondies Analyse du contenu Regroupement des réponses par proportions (3 pers. Sur 10, par ex. ) QUESTIONNAIRE ENTRETIEN OBSERVATION (rarement isolée)

Le questionnaire, DEFINITIONS • Séquence logique et organisée de questions soumises aux individus interrogés dans le cadre d'une enquête. • « En fait, questionner un individu, c’est cher à obtenir des renseignements sur ce qu’il sait, sur ce qu’il a fait ou compte faire, sur ce qu’il pense ou ressent, c'est-àdire croit, espère, admire, redoute ou blâme, et avec quelle intensité et enfin quelle explication il donne lui-même à son comportement » M. Grawitz, 1996.

Les différents types de questions : LES QUESTIONS OUVERTES Définition et caractéristiqu es Permet d’exprimer sa réponse Avantages Difficultés et limites Obtenir une réponse riche et variée Difficile à formuler Réponses parfois vagues Long à dépouiller et à analyser

Exemple :

Les différents types de questions : LES QUESTIONS FERMEES Définition Avantages Difficultés et limites • Réponses • Perte prévues à d’informations Questions pour l’avance (car réponses lesquelles le • Dépouillement définies à choix des l’avance) simplifié réponses est fixé • Information • Possibilité de à l’avance obtenue limitée filtrer les ü dichotomiques et superficielle enquêtés ü 1 seul choix (catégorie ou échelle de Likert, échelle d’Osgood) ü choix multiple (un seul choix parmi plusieurs

Quelques exemples : Question dichotomique : Avez-vous déjà réalisé ce soins ? Oui Non (cochez la case correspondante) Echelle de Likert : La formation vous a-t-elle paru : • Très satisfaisante (1) • Satisfaisante (2) • Peu satisfaisante (3) • Pas du tout satisfaisante (4) Cochez la zone correspondante sur la ligne ci-dessous : 1 2 3 4

Echelle d’Osgood : D’après l’affiche de ce film, diriez-vous que l’histoire qu’il raconte vous semble : Passionnante Ennuyeuse Question à choix multiple : Diriez-vous de cet exercice qu’il est : Facile Assez facile Difficile Très difficile (Cochez une seule réponse parmi les propositions)

Les différents types de questions : LES QUESTIONS PREFORMEES Définition et caractéristiquestions en « éventail » , proposant une palette de réponses possibles, rédigées à l’avance (items < à 6 en règle générale) Caractéristiques des items Avantages Difficultés et limites Peuvent suggérer une réponse non Items aident à la spontanée chez mémoire de l’enquêté Difficiles à rédiger Registre varié de propositions Nécessitent un pré test / compréhension Facilitent le traitement des réponses (réponses Ne prévoient pas standardisées) toutes les réponses possibles exhaustifs exclusifs homogènes üChoixobjectifs unique üChoixpertinents multiple (cocher plusieurs items, ou classer les items)

L’ORGANISATION du questionnaire (1) La longueur du questionnaire dépend : • du thème • du temps de disponibilité de l’enquêté (ne doit pas excéder 30 min pour y répondre) La place des questions d’identification : • au début ou à la fin du questionnaire, pas de règle précise • si réponses au questionnaire en direct face à face avec l’enquêteur, les questions d’identification sont placées à la fin lorsque le contact est établit

L’ORGANISATION du questionnaire (2) L’ordre des questions : • Cohérence, enchaînement logique sans rupture brusque • Questions filtres : permettent de filtrer la population en fonction des réponses • Questions de vérification : permettent d’évaluer la cohérence des réponses • Questions de détente : espace de repos pour l’enquêté (si les questions sont difficiles), évitent les non réponses aux questions suivantes, mais aussi « tampon » pour éviter l’effet de « halo » entre 2 questions. • L’effet de « halo » : intervient lorsque la personne est influencée par la question précédente La rédaction des questions : • Eviter les mots savants, techniques • Rédiger des phrases simples, courtes • Formuler une seule idée par question

LES AVANTAGES du questionnaire • Echantillon large • Analyse quantitative • Facilité de traitement des réponses • Respect de l’anonymat • L’enquêté répond à son rythme

LES LIMITES ET DIFFICULTÉS du questionnaire • Taux de réponses limité : inférieur à 50% • Difficulté de rédaction des questions • Absence d’interaction enquêteur - enquêté (/ non verbal)

L’entretien, DÉFINITIONS • Tête à tête entre 2 personnes au cours duquel l’une transmet oralement à l’autre des informations • Entretien de recherche : procédé d’investigation scientifique ayant pour objet de recueillir oralement des informations sur un thème de recherche déterminé. Suppose l’élaboration préalable d’un « guide d’entretien » qui précise l’ensemble des points abordés • L’entretien de recherche peut être précédé d’un ou plusieurs entretiens exploratoires, dans la phase de pré-enquête, pour aider le chercheur à cerner la problématique à étudier et à se distancier de ses idées préconçues. Les entretiens exploratoires peuvent être réalisés auprès d’experts, de témoins ou de la population directement concernée (patients, IDE, AS…)

LES TYPES d’entretiens 1ère proposition de classification : Degré de liberté et niveau de profondeur : Pôle maximal : Entretien informel Pôle minimal : Entretien cadré Questions rares, formulation non rigoureuse, dialogue Questions préétablies et à réponses courtes Grande liberté réciproque Peu de liberté pour l’enquêté Durée non limitée Durée limitée Répétition possible des entretiens Entretien unique Entretien centré sur la personne Entretien centré sur le problème Types intermédiaires

LES TYPES d’entretiens 2ème proposition de classification : Entretien peu structuré LIBRE SEMI DIRIGÉ Entretien très structuré

Entretien LIBRE Entretien SEMI-DIRIGE Entretien DIRIGE Discours continu Discours dont l’ordre peut être plus ou moins bien déterminé Discours suivant l’ordre des questions posées Aucune question préparée à l’avance Quelques points de repères pour l’enquêteur Questions posées à l’avance et posées dans un ordre bien précis Information de très complète mais pas forcément pertinente Information de bonne qualité, orientée vers le but poursuivi Durée de recueil non prévisible Recueil dans un laps de temps raisonnable Information très limitée Recueil rapide

Dans le cadre de l’initiation à la recherche, le type d’entretien préconisé est l’entretien SEMI DIRIGE

LE GUIDE D’ENTRETIEN, principes élémentaires • Limiter le nombre de questions (pas plus d’ 1 h d’entretien) • Rédiger des questions intelligibles : vocabulaire, forme grammaticale, contenu une seule idée par question • Alterner questions fermées (OUI/NON), à réponses préformées (type QCM) et questions ouvertes (Quel est, comment définiriez-vous, parlez-moi de…) • Eviter d’orienter la réponse (questions interro-négatives, utilisation de mots chargés émotionnellement, question directe sur des points délicats, question mettant le sujet dans une position difficile à vivre personnellement ou socialement inacceptable) • Enchaîner les questions logiquement, naturellement (ordre chronologique, géographique, complexité…) • Prévoir des relances dans le cadre des question ouvertes • Penser à inclure des questions d’identification, en début ou fin d’entretien pour pouvoir catégoriser la population étudiée

LES CONDITIONS MATÉRIELLES de l’entretien • Endroit calme, agréable, confidentiel (éviter d’être dérangé ou écouté par une tierce personne) • Prévoir le temps nécessaire = prendre rendez-vous et indiquer la durée approximative de l’entretien • Tenir compte, en cas d’imprévu perturbant le déroulement de l’entretien, du non-verbal qui peut apporter des informations supplémentaires (posture, gestes, mimiques, regard…)

LES INFORMATIONS à donner avant l’entretien • Expliquer les objectifs de la recherche • Préciser le cadre de la recherche (école, université, organisme…) • Indiquer les critères de choix de la personne (modalités d’échantillonnage) • Définir ce que l’on attend de l’enquêté, par exemple un avis sur telle question, en précisant qu’il n’y pas de réponses préconçues • Garantir l’anonymat des réponses • Répondre aux éventuelles questions de l’enquêté

LES MODES DE RECUEIL des données • Prise de note : moins informelle que l’enregistrement, mais toujours plus ou moins sélective, peut retentir sur la qualité d’écoute, nécessité de maîtriser la prise de note (l’interlocuteur ne répète pas) • Enregistrement : nécessite une autorisation préalable, plus fidèle que la prise de note mais peut néanmoins occasionner une gêne voire un blocage chez certaines personnes. Demande un temps important de retranscription (3 h/1 h) • Association des deux

LES AVANTAGES de l’entretien semi dirigé • Enquête qualitative, centrée sur la personne • Abondance et richesse du matériel recueilli • Connaissance en profondeur des réactions de l’interviewé par rapport à un nombre limité de thèmes • Outil privilégié de variables complexes (valeurs, représentations, ressenti…) • Observation du verbal et du non verbal • Interaction enquêteur/enquêté • Attitude facilitante de l’enquêteur (reformulation des questions, relation d’écoute, etc…) • Bon degré de liberté de réponse de l’interviewé • Etude de population • Facilité relative de rédaction d’un guide d’entretien (plus simple qu’un questionnaire)

LES LIMITES de l’entretien semi dirigé • Echantillon limité (dans le cadre du TEFE : 4 -5 entretiens) donc résultats plus qualitatifs que quantitatifs, représentativité discutable • Difficulté de la technique d’entretien : nécessité d’une bonne maîtrise de la communication • Biais possibles : lieu inadapté, temps court, circonstances imprévisibles, inférences de l’enquêté (expression verbale et non verbale, intérêt pour le thème, déformation des souvenir, image qu’il souhaite renvoyer) ou de l’enquêteur (aspect physique, personnalité, attitude, manière de mener l’entretien, degré d’implication…) • Coût élevé en temps (entretien + retranscription) • Difficulté de sélectionner et de formaliser les données

L’observation, DEFINITIONS • Ici, observation dite directe (indirecte : réalisée au cours d’un entretien par exemple avec le comportement non verbal de l’interviewé) • Réalisée par le chercheur lui-même • Observation visuelle de comportements, d’évènements, d’environnements, d’écrits, … • Observer n’est pas regarder, c’est une vision organisée • « Observer est un processus incluant l’attention volontaire et l’intelligence, orienté par un objectif terminal ou organisateur et dirigé sur un objet pour en recueillir les informations » J. M. De Ketele et X. Rogiers (1996) Acte d’attention grâce aux organes des sens Acte intelligent par la sélection d’un petit nombre d’informations pertinentes Observation organisée et orientée par un objectif Observation dirigée vers l’objet qui est source d’informations

LES DIFFÉRENTS TYPES d’observation Observation systématique Observation non systématique • Le chercheur n’est pas impliqué, il observe de l’extérieur • Observation structurée, le chercheur recueille des données fiables pour vérifier une hypothèse de recherche. • Le chercheur s’immerge dans l’environnement qu’il va étudier. • Observation non structurée, le chercheur accumule les informations qui vont générer une orientation, une idée de recherche • Fournit des données spécifiques (détails, immédiateté, un « tout » • Caractère orienté, répétable • Fournit des données • Difficulté d’obtenir des pertinentes données fiables • Contrôle des phénomènes pertinents imprévus Ces 2 types d’observation sont complémentaires : • Palie non les limites de üdans la phase exploratoire, on utilise l’observation systématique üdans la phase de contrôle d’une hypothèse de recherche, on utilise l’observation systématique

LA GRILLE d’observation • Etablit de façon précise la liste des points à examiner, en relation directe avec les objectifs fixés par le chercheur lors de l’élaboration du projet de recherche. • L’élaboration des catégories (regroupement de valeurs ayant un sens identique par rapport à un problème étudié) structurant la grille doit être rigoureuse et préétablie. Les catégories doivent être : Homogènes : les données seront définies par rapport à un même critère (caractère ou propriété d’un objet permettant de porter sur lui un jugement de valeur) Exclusives : une même donnée dans une seule catégorie à la fois Objectives : les catégories ont une définition précise Pertinentes : correspondent aux objectifs de la recherche.

ASPECTS PRATIQUES de l’observation Avant l‘observation : • Informer les responsables (DSSI, cadres, …) du thème de la recherche • ± Informer les personnes observées (Cf. effet Hawthorne) • Maîtriser la grille d’observation pour être efficace et rapide Pendant l’observation : • Noter les conditions de l’observation (date, heure, lieu, durée, intervenants extérieurs, évènements divers, … • Etre attentif (ne pas se laisser distraire) • Noter au fur et à mesure en étant le plus objectif possible Après l’observation : • Relire les grilles, les compléter si besoin, les corriger éventuellement • Mettre en ordre les données recueillies

LES AVANTAGES de l’observation • Saisie ponctuelle, sur le vif • Les comportements sont authentiques. Exemple : il y a une différence entre l’observation d’un lavage des mains et la question à une IDE pour savoir comment elle effectue un lavage des mains.

DIFFICULTÉS ET LIMITES de l’observation Liées à la technique d’observation : • L’observation est limitée dans le temps et l’espace, • L’observation est limitée à ce qui est « montrable » Liées à l’observateur : • Sa personnalité (selon Muccielli): descripteur (minutieux, tendance à observer les détails) – évaluateur (tendance à juger) – érudit (fournit des informations complémentaires / connaissances) – imaginatif (donne libre cours à son imagination), • Son cadre de référence théorique (l’observateur a tendance à orienter son observation pour conforter son hypothèse de recherche) • Ses attentes (effet « Pygmalion » ) Liées à l’observé : • Peut manifester des réactions de défense par crainte d’un jugement (évitements, stress, …) • Effet « Hawthorne » : l’observé va modifier son comportement en fonction des attentes de l’observateur

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