Les Semaines de la Personne La premire Personne

Les Semaines de la Personne La première Personne du Singulier & Mes personnages Parole donnée N° 143, mercredi 13 mars 2013 - Espace culture et paix

Première Partie Discussion par Tables

Définition de la personne Dictionnaire académie française (résumé) I. PERSONNE. du latin persona, « masque d’acteur » , puis « rôle, caractère » . 1. Être humain, homme ou femme. 2. Individu en tant qu’être physique singulier. 3. Être singulier universel, conscient de lui-même, doué de raison et de volonté. Synonymes de personne : Ame, Ego, être, humain, individu, je, moi, particulier, personnage, quelqu'un, sujet. Pourquoi y a-t-il en nous plusieurs « personnages » parfois contradictoires, qui peuvent masquer notre personnalité profonde ? Pouvons-nous espérer exprimer ce que nous sommes vraiment et parler à la première personne du singulier ?

Problématique : nous sommes parfois plusieurs « personnages » contradictoires, qui masquent notre personnalité profonde ; pouvons-nous néanmoins exprimer ce que nous sommes vraiment et parler à la première personne du singulier ? « Le personnage e st l’homme que les a utres s’imaginent que n ous sommes. » And ré Maurois. « La plupart des hommes vivent en dehors de leur propre nature, esclaves d’un personnage et d’un rôle. dans la comédie sociale Il sont comme absents de leur propre existence. » Gustave Thibon ous sommes, n e u q u id iv d in l’ s a p Le personnage n’est x autres que u a er d a su er p s n lo u vo mais celui que nous autres veulent s le e u q i lu ce re co en nous sommes – ou sonne, le er p a L. es m m so s ou n nous persuader que dre. Elle se or e tr u a n ’u d re eu em moi authentique, d te quel or p m ’i n e d s fu re le l, définit comme le recu es Gusdorf rg o e G. ge a n n so er p « Devant autrui, en maintes occasions, nous devons produire une certaine im age de nousmêmes, conforme à ce qu’on at tend de nous ; nous sentons « en représ entation » me regardent, je ne dois po int déce : ils voir. C’est par l’adoption d’un personnage type que nous assumons notre rôle social. Rôl e plus imposé que choisi. » J. Maisonnn euve

Table 1 : le personnage qui me colle à la peau Nous tombons tous dans le piège d e jouer, parfois malgré nous, un ou des personnages. Chacun dira pour quels personnage il a le plus de risque de passer. l’intello le cynique le râleur bisounours mère Teresa Père noël le clown le naïf le charmeur le boss La princesse la star le pigeon le beauf le flic Mère supérieure le rêveur le manipulateur la victime Comment corriger ces personnage sans forcément le renier et mieux exprimer votre vraie personne ?

Table 1 Jeremy P : je peux passer pour l’intello (c’est aussi les lunettes qui font cela ); dans le cadre scolaire, j’en jouais, mais cela peut mettre à l’écart. Et puis, je ne pense pas qu’aux études. On me voit aussi souvent en Bisounours, car je ne manifeste jamais d’énervement (cela peut avantager, mais donner une image de mou et de mièvre) Franz-Pol : j’ai pu passer pour intello, solitaire, « premier de la classe » . J’ai été ami avec un étudiant qui m’a vu comme un « manipulateur » , cela m’a blessé. Au collège, j’ai pu avoir une image de « rebelle » Jeremy C: mon personnage est celui d’un baba cool, rêveur, qui ne se prend pas la tête. Dans un cadre professionnel, j’arrive à casser cette image ou plutôt à donner une image différente Julia : c’est pareil, j’ai pu passer pour l’intello (à cause des lunettes), et une personne uniquement sérieuse. Je le suis, mais j’ai aussi d’autres aspects. Alain : longtemps, j’étais dans des personnages de victime, de pigeon, de naïf, de rebelle et aussi de franc-tireur. Ces images de mois se sont atténuées maintenant. Question de maturité et puis lectures m’ont appris des choses.

Table 2: je ne suis pas celui que vous cr Vous avez été placé dans une situation où une ou plusieurs personnes ont eu une image fausse de vous. Vous aviez beau faire, vous sentiez prisonnier de cette fausse image et incapable d’exprimer votre vraie personnalité. Qu’avez-vous appris de cette expérience ?

Table 2 Kenji : Lors d’une année sabbatique avec un groupe, un canadien avait une mauvaise image de moi, me prenant un peu pour un pitre. Nous nous sommes mutuellement énervés. Nous avons décidé de jouer cartes sur table. Nous avions tous deux une image fausse l’un de l’autre et il a été salutaire d’en parler clairement. On juge parfois sur une intuition qui est fausse. Régis : je passe souvent pour le « saint » qui ne s’énerve jamais. cela peut être paralysant, car j’ai aussi une part d’ombre. Mais on a peur de décevoir, de ne pas se montrer à son avantage, de perdre la relation avec les gens s’ils me rejettent en voyant qui je suis. Or je pense qu’il ne faut pas cher à être « gentil » mais on doit simplement être vrai. Je suis aussi passé pour être trop bavard à la rentrée 2012, en m’étant trop sociable au goût de certains. Naomi. Je me suis souvent posé des questions sur qui j’étais. Je suis l’objet de remarques très contradictoires ne correspondant pas à ce que je pense être vraiment. En Lettonie, l’été dernier, on avait un projet de nettoyage près d’un lac, et initialement on devait y passer la nuit à la Belle Etoile, or on a changé, pour retourner à la maison, ce qui allait prendre plusieurs heures. Je me suis énervée de ce changement, par pitié pour ceux qui allaient marcher. Or j’ai été vue comme la « méchante » et la rabat-joie. J’aurais mieux fait d’accepter le point de vue des autres et d’être plus souple. Croyant aider, j’ai donné une image défavorable. Mais c’est comme cela qu’on apprend. Pascal : je suis réservé à première vue. Certains me jugent alors timide, mystérieux, arrogant. Finalement, je me révèle très différent de la première impression que je laisse. Il y a beaucoup d’idées fausses sur chacun de nous. Il faut Se sentir comme à la maison. Être accepté tel qu’on est.

Table 3 - résolutions Comment, dans nos relations avec les autres, ne pas porter de masques et les inviter à être euxmêmes et ne pas porter de masque ? Comment « démasquer » la vraie personne derrière le personnage ? Comment amener de façon bienveillante nos proches, nos amis à s’exprimer vraiment à la première personne du singulier ? Le seul courage est de parler à la première personne. Arthur Adamov Le « démasquant »

Table 3 Être naturel : ne pas juger de quelque manière que ce soit Se placer dans une position neutre, mais s’impliquer, rien de mieux pour faire tomber les masques. Ne pas faire le professeur, être vrai, enthousiaste Décompresser. Les jeunes sont décontractés, « cool » , ne pas se prendre au sérieux. Se débarrasser de la susceptibilité, du « quant à soi » . Maîtriser ses émotions négatives, car elles amènent chacun à avancer masqué Il faut parfois porter un bon masque, mimer certaines choses, prêcher le faux pour savoir le vrai. gens, c’est « amusant » , « divertissant » , atmosphère d’amour permet de démasquer autrui. Parfois, quand on parle de politique, on ne parle pas de soi-même, c’est impersonnel.

Deuxième partie Exposé de Laurent Ladouce, Directeur de « Culture et Paix »

Moi et mes personnages Pourquoi avons-nous du mal à vivre à la première personne du singulier ? Qu’est -ce qui nous incite à tenir un langage et avoir des façons qui ne sont pas vraiment les nôtres ? Nos « personnages » sont-ils des leurres, des masques, des projections ? traduisent-ils une influence, une imitation ? A quoi servent ces personnages, qui sont-ils par rapport à ma vraie personnalité ? Ces questions et plusieurs autres (voir la diapositive suivante) seront au centre du

Pourquoi jouons-nous un « personnage » ? À quoi servent nos personnages ? Que sont nos personnages ? Qui est ma vraie personne ? Comment agissent nos personnages ? Quand jouons-nous un « personnage » ? Où se construit la personne humaine ?

Mes personnages: Qui? Quoi ? Comment ? Mes Personnages (pluriels) Première personne du singulier Je authentique, naturel (sans fard) Libre, innocent, uni Ma vocation première, originelle, le vrai cours de ma vie, ma responsabilité première Artifices, substituts, créations, inventions fictives masquant/dévoilant provisoirement aux yeux d’autrui, certains aspects « dérangeants » de ma vraie personnalité Fragments grossissants ou réducteurs, aspects éclatés du moi Échappatoires, divertissements Ce que je crois être faute de savoir qui je suis, qui je peux être vraiment

Dépersonnalisation On/Nous Pancarte Langue de bois Fonctions des masques : attirer l’attention, éviter l’attention, détourner l’attention, renvoyer l’attention Imitations Stéréotypes Conformisme Caméléon Défense Agression protection Caricature Réduction loupe moi Leurre Masque camouflage Vilain Loser Mal-aimé

L’aspect mis en avant Selon les Principes de l’Unification, le cœur est le noyau du moi. Parler à la « première personne du singulier » , c’est exprimer son cœur. Cœur : élan irrépressible de cher la joie en aimant un objet Vivre avec le cœur est la clé pour accomplir nos buts dans la vie et remplir l’essentiel de nos responsabilités. Si le cœur se développe mal, on mettra inévitablement en avant d’autres aspects qui prennent trop de place: on jouera la carte de l’intellect (justification par le savoir), de l’émotion (prendre les gens par les sentiments), de la volonté (se justifier par ses actes)

Justification par le savoir, le connaissance Grands discours, péroraison Intellect Cœur Moi profond émotion Prendre les gens par les sentiments, la flatterie, leur faire du charme volonté Justification par les actes, se rendre important en faisant « toujours plus »

Personnages et Projections Le personnage est mis en avant soit comme satellite et passerelle pour s’intégrer à un groupe (s’inclure) soit comme repoussoir pour s’exclure d’un milieu ou exclure autrui de son territoire Projections : au sens de se projeter et/ou d’une projection cinématographique. Nous appelons ici projection un personnage qu’on s’invente (plus ou moins consciemment) et qu’on projette en public, sur la scène sociale. Projecting Myself Onto Others, de George Horner

Pourquoi l’être humain se « projette-til ? » Un être libre, créatif (projet de construire son moi) L’être humain est projet, réalisation de soi par soi On se donne un rôle qu’on identifie à son destin. L’être humain : un « acteur » en quête d’auteur, de scénario et d’une scène où il sera reconnu. La personne : mon vrai rôle définitif. Mes personnages : des rôles secondaires, provisoires, de substitution, ou des contreemplois, des rôles ratés, par défaut.

libre-arbitre créateur et plasticité de l’être humain « Le Père Suprême (…) prit donc l’homme (…) et, l’ayant mis au milieu du monde, il lui dit « nous t’avons fait (…) tel un statuaire qui reçoit la charge et l’honneur de sculpter ta propre personne, tu te donnes toi-même la forme que tu auras préférée. » Pic de la Mirandole « Etre homme, c'est tendre à être Dieu: ou, si l'on préfère, l'homme est fondamentalement désir d'être Dieu. » Jean-Paul Sartre

Création et Projection Sujet (cœur) joie Amour Le cœur = élan irrépressible de cher la joie en aimant un objet L’objet comme projection de soi Projeter son image L’artiste dans sa Création Objet Reflet les parents dans leurs enfants. La Création comme projection Dieu projeté dans Sa création (image divine) Dieu projeté en l’être humain (caractère divin)

Sung Sang caractère divin (acteur) Être humain Esprit/ corps Animaux Instinct/ corps Etamine/Pistil Plantes Vie / Corps +/- Molécules Nature Directive Inhérente/ matière +/- Atomes Nature Directive Inhérente/ matière +/- Particules Nature Directive Inhérente/ matière Homme/ Femme Mâle/ Femelle Image Divine (agents) Hyung Sang

Image Divine et Caractère Divin Image Universelle Image originell e image divine (présente partout) Sung sang Hyung sang Yang - Yin image individuelle attributs Caractère Divin (incarné en l’être humain) Cœur Logos Créativité Dieu dit : « faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance »

Projection du C aractère Divin Caractère Divin (incarné en l’être humain) Moi Absolu Personne Divine Cœur Logos Créativité Toi Absolu Personne Humaine Dieu projette en l’être humain son image divine et Son caractère Divin, afin que l’être humain incarne Dieu de façon visible Être Humain : second Dieu, Alter Ego de Dieu

Je me projette en Dieu Se projette en moi Dieu projette Son caractère divin en moi. Le Créateur veut faire de moi le « co-créateur » et second Dieu « Je » suis l’objet de l’attente divine, plus encore que d’une attente affective, sociale, culturelle Je tiens de Dieu et souhaite Lui ressembler, parler Sa langue, incarner ce qu’Il attend de moi Je souhaite exister sur la scène spirituelle, et pas seulement sur la scène humaine (ethnique, culturelle, sociale, psychologique) Mon projet fondamental : devenir quelqu’un en qui l’image divine et le caractère divin sont incarnés librement et volontairement d’une façon unique et personnelle : être le bien-aimé de Dieu. L'homme est fondamentalement désir d'être Dieu

Le Projet de Dieu pour l’homme Dieu (Sujet) Modèle : refléter l’image divine et le caractère divin Idéal de la création = accomplir les trois grands buts élever des êtres libres qui élever veulent jouer le rôle pour lequel ils ont été créés Ressemblance Homme (objet)

Projet humain et responsabilité Autonomie du Principe Force vitale Libre-arbitre et responsabilité Acteur de sa vie Projet Toutes les choses Être humain Ressemblance symbolique Image directe

Dieu Homme Image Divine Individualité 3 e projet Créativité Yang-Yin 2 e projet Logos Sung Sang - Hyung Sang 1 er projet Coeur Caractèr e Divin

Projet Parfaire Le projet spirituel Le projet affectif être aimer Le projet créatif faire l’individualité Éducation du cœur et de la conscience Les relations Éducation du logos et des relations La maîtrise Éducation de la maîtrise « Savoir » Savoir être Savoir vivre Savoir faire Image projetée homme de caractère (unité Esprit/corps) Citoyen Unité yang-yin Créateur Originalité (style) sage parent maître Types d’éducation Rôle de la Personne

Le projet spirituel de la personne : être Dieu Sung Sang Hyung Sang Amour Vérité Beauté Bonté Esprit (sujet) Cœur Corps (objet) Logement Habits nourriture Homme parfait Croissance spirituelle Croissance physique

Les personnages du mal-être Savoir-être : l’esprit et le corps s’unissent en se centrant sur le cœur, pour mener une vie d’amour vrai. Ce savoir-être guide la personne vers la sagesse. La « mauvaise foi » sartrienne correspond assez bien à un échec du savoir-être. Je deviens alors un personnage « factice » . Exemples de personnages factices : le « rêveur » , l’utopiste, le fanatique, l’idéologue, le don quichotte ou à l’inverse le jouisseur ou le libertin, tous symptômes d’un malaise existentiel de la personne. La personne doit s’assumer comme liberté incarnée, unité de l’esprit et du corps, l’amour étant psychosensible * Mauvaise foi sartrienne, selon Jacqueline Morne : « la une synthèse tentative impossible pour échapper à la responsabilité de soi. Tentative pour exister sur le mode de la chose, pour se poser (Kierkegaard ) comme déterminé, et donc se poser en victime des circonstances, pouvoir dire « je n'avais pas le choix » , « je ne pouvais pas faire autrement » , « c'était plus fort que moi » , et en fin de

Le projet affectif de la personne : aimer Yang originel Yin originel Femme Homme Enfants F Société Nation Monde v Atteindre l’harmonie entre le yang et le yin, vivre selon le logos (la norme). v La famille : école d’amour vrai, aide le moi à trouver sa place et à diriger ses sentiments vers les objets appropriés. v Le cœur humain est structuré par les 4 grandes sphères du cœur (amour filial, fraternel, conjugal, parental)

mère Amour vrai Mari soeur Frère En grandissant dans un cadre d’amour vrai, épouse Fils la personne trouve sa place et joue son rôle premier, naturel.

Nos personnages mal-aimants et malaimés L’amour faux amène à de tragiques contre-emplois et à jouer de faux personnages tout au long de notre projet affectif et familial La perturbation des repères affectifs et des règles de savoirvivre fragilise et enferme dans un personnage en échec affectif : je ne sais pas aimer, je ne sais pas être aimé.

Le projet créatif de la personne : faire Je Dieu objet moi oeuvr e me projette dans mon œuvre Celle-ci exprime l’originalité et la créativité du moi La création authentique est inspirée, cocréatrice, tournée vers les valeurs

Depuis les Romantiques, Dirigeant être artiste signifie être égotiste, torturé de manière imbu de luiconstante et durable. Un même siècle déjà que s’est construit le mythe de l’artiste maudit, et par conséquent de génie, « je n’arriverai à rien faire de bien par la voie normale » obligatoirement en proie artiste torturé, destructeur, nihiliste, maudit (travail, éducation de la créativité) Je ne peux rien faire, être tenté par la paresse, l’assistanat, l’activité parallèle, la « malfaisance » aux tourments les plus noirs, banalisant l’idée selon laquelle la création n’existe pas sans d’atroces souffrances. . * Patron mégalo, corrompu Trader fou Sportif dopé *www. lifeproof. fr/mon_weblog/2010/10/basquiat-au-del%C 3%A 0 -du-mythe-by-christelle. html Mes personnage s mal-faisants

Esquisse d’une théorie unificationniste de nos « personnages » Personnalité originelle d’amour vrai Amour Vrai : savoir quoi donner, à qui, quand et comment Maturité Sagesse spirituelle Responsabilité Equilibre et plénitude (esprit – corps, hommefemme) Axe, Centre Unité du moi, cohérence Maîtrise de soi réciprocité Personnage et masque D’amour faux Amour faux -Séduire (mal aimer, aimer mal) -Haïr Immaturité, fausse maturité Discours, idéologie, propagande irresponsabilité, transfert Déséquilibres vie désaxée, éclatée Division, faille , fractures Jouet, pantin Dominé par des pulsions, influences Isolement, solitude

« Renversement des Motifs » et Nature Déchue Aucun voleur ne vole parce qu’il est mal de voler. Il vole parce qu’il est bon d’être riche. Aucun jaloux ne tue parce qu’il est mal de tuer. Il tue parce qu’il est bon de se venger ou d’éliminer un rival. Bref, on ne fait le mal que pour un bien, ou qu’on croit comme tel. Cela donne la formule du salaud : non pas celui qui fait le mal pour le mal, comme serait le méchant, mais celui qui fait du mal à autrui pour son bien à soi. Les hommes ne sont pas méchants (faire le mal pour le mal serait diabolique, et les hommes ne sont pas des démons) ; mais ils sont mauvais ou médiocres. En quoi ? En ceci qu’ils mettent l’amour de soi plus haut que la loi morale. Au lieu de ne tendre au bonheur, comme c’est légitime, que pour autant ils le peuvent sans manquer à leur devoir, ils ne font leur devoir, au contraire, que pour autant que ce n’est pas incompatible avec leur propre bonheur. C’est ce que Kant appelle « le renversement des motifs » (André Comte Sponville) La Pensée de l’Unification appelle ce « renversement des motifs » la « nature déchue fondamentale de l’être humain

Les hommes sont mauvais parce qu’ils soumettent leur devoir à leur bonheur quand c’est l’inverse qu’il faudrait faire : ils soumettent l’amour du prochain à l’amour qu’ils ont pour eux-mêmes ; ils ne tiennent compte d’autrui que dans la mesure où leur propre confort n’est pas compromis. Le salaud, ce serait donc l’égoïste ? Point tout à fait ni seulement, car alors nous le serions tous. Tout salaud est égoïste (même si cet égoïsme se masque derrière le dévouement à une cause ou à un Dieu), mais tout égoïste n’est pas un salaud. Le salaud, c’est l’égoïste sans frein, sans scrupule, sans compassion. Entre l’égoïste et le salaud la différence n’est pas de nature mais de degré. L’égoïste, c’est celui qui ne fait pas, pour autrui, tout le bien qu’il devrait. Le salaud, c’est celui qui lui fait plus de mal qu’il ne pourrait. On est égoïste par défaut, et salaud par excès. Excès de quoi ? Excès d’égoïsme, de violence, d’agressivité, de cruauté parfois… L’égoïste manque d’amour (il ne sait aimer que soi). Le salaud déborde de haine. André Comte Sponville (suite)

Les caractéristiques fondamentales de la nature déchue et de nos « personnages » • Sentiment de moindre amour • séduire • Attirer l’attention • Jouer les malaimés, les incompris • Surenchère et exagération • Recruter d’autres « comédiens » • Insinuer, Transférer • Ne pas être à sa place • Vouloir un autre rôle Ne pas savoir aimer Quitter sa position Multiplier les problèmes Inverser les rôles • Contester le rôle des autres • Haïr • Se faire procureur

CLOWN (Henri Michaux) Un jour, bientôt peut-être, Un jour j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers Avec la sorte de courage qu'il faut pour être rien et rien que rien. Je lâcherai ce qui paraissait m'être indissolublement proche. Je le trancherai, je le renverserai, je le romprai, je le ferai dégringoler. D'un coup dégorgeant ma misérable pudeur, mes misérables combinaisons et enchaînements "de fil en aiguille" Vide de l'abcès d'être quelqu'un, je boirai à nouveau l'espace nourricier. A coups de ridicule, de déchéances (qu'est-ce que la déchéance? ), par éclatement. Par vide, par une totale dissipation-dérision-purgation, j'expulserai de moi la forme qu'on croyait si bien attachée, composée, coordonnée, assortie à mon entourage Et à mes semblables, si dignes mes semblables. Réduit à une humilité de catastrophe, à un nivellement parfait comme après une immense trouille. Ramené au-dessous de toute mesure à mon rang réel, au rang infime que je ne sais quelle idée-ambition m'avait fait déserter. Anéanti quant à la hauteur, quant à l'estime. Perdu en un endroit lointain (ou même pas), sans nom, sans identité. CLOWN, abattant dans la risée, dans l'esclaffement, dans le grotesque, le sens que toute lumière je m'étais fait de mon importance. Je plongerai. Sans bourse dans l'infini-esprit sous-jacent ouvert à tous, ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable rosée. A force d'être nul Et ras Et risible. . . Clown.