Cliquez chaque vue Lnigmatique Tsuguhara Fujita Il y

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L’énigmatique Tsuguhara Fujita Il y a 50 ans, disparaissait Tsuguhara Fujita, peintre atypique Japonais des Années Folles devenu par choix Français et Catholique, concepteur de la Chapelle Notre-Dame de la Paix de Reims (Marne). Déjà son prénom est révélateur : Tsugu = héritier, haru = Paix, Fujita = champ de glycines Arrivant en France en 1913, à la veille du conflit mondial, il étonne tout le boulevard Montparnasse artistique car il est différent de tous : excentrique, extravagant, surprenant dans sa façon de penser, intuitif, perfectionniste, doux, extrêmement courtois et délicat. Artiste aux multiples dons : peintre (gouache, aquarelle, peinture à l’huile), dessinateur, graveur, céramiste, styliste, illustrateur, photographe. Pour ses « huiles sur toile » , il invente une technique très particulière pour obtenir un blanc transparent couleur de lait (mélange de talc, huile de lin, blanc de plomb) devenant nacré en séchant ou bien avec un rendu « sale » pour faire ressortir son sujet, ses chats et ses femmes car, aristocrate au comportement humble et discret, il les attirait. « Les chats, comme les femmes, sont coquets et fort préoccupés de leurs personnes. Ils passent de longs quarts d’heure à se lisser, se soigner, se lustrer et se rendre aimables à voir » dira Léonard Foujita. Il ira jusqu’au bout de ses rêves jusqu’à se convertir au christianisme et réalisant des fresques religieuses dans la petite chapelle implantée sur un terrain appartenant à la Société champenoise Mumm (terrain appartenant auparavant à Victor Cliquot), à Reims, édifice religieux qui sera construit en fonction de ses dessins. 2

Personnalité double Comme beaucoup d’aristocrate, il a une personnalité « double » : passionné par la peinture et mondain à la fois. Il passe des heures à travailler, ne s’occupant de personne (sauf de ses modèles, le temps de la pose) mais devenant mondain, le soir, en assistant à de nombreuses fêtes quelque peu débridées de son époque et aimant séduire les femmes. Double aussi en ce qui concerne sa peinture, entre l’art minutieux japonais et l’art occidental symbolique, en s’inspirant des peintres de la Renaissance Italienne. Il est donc un peintre à part. tout « Seule la force de l’art pouvait dépasser les frontières et les barrières raciales pour pénétrer dans le coeur de l’homme. » « Mon cœur a grandi au Japon mais ma peinture a grandi en France. » Son ambition est de devenir le premier peintre de Paris : « On me prédisait que je serai le premier peintre du Japon mais c’était le premier peintre de Paris que je rêvais d’être. Il me fallait aller aux sources. » « Peindre à l’européenne avec des pinceaux japonais et utiliser les couleurs à l’eau sur la peinture à l’huile n’est pas interdit. J’ai réussi techniquement à le faire … » Mais son cœur est vite pris. Puisque sa fiancée japonaise ne veut pas venir en France, il épouse l’un des modèles de Modigliani, Fernande Barrey, peintre également, qui est certaine de son talent et qui l’aidera à se faire connaître des galeristes. Puis il s’éprend d’un autre modèle Lucie Badoud, jeune fille Belge de 20 ans à la peau très blanche qu’il surnomme Youki (neige rose, en japonais). Il divorce pour l’épouser mais celle-ci va s’éprendre du poète Robert Desnos. Il la quitte et part avec son nouveau jeune modèle, Madeleine Lequeux pour l’Amérique. Mais celle-ci meurt trop tôt, d’une overdose. Foujita se console néanmoins dans les bras d’une jeune japonaise, Kimiyo, qui deviendra sa dernière et dévouée épouse. 3

Les femmes de. Foujita Fernande Barrey par Jean Angélou entre 1914 -1917 Madeleine par Foujita en 1931 Kimiyo par Foujita en 1938 Youki par Foujita en 1923 Jeunesse débridée de Montparnasse 1928 (composition du lion – détail) « Si je devais définir la femme en un mot ce serait » mystère «. L’espèce » femme » est comme celle des plantes, elle est très compliquée. » 4

Le parcours difficile de Tsuguhara Fujita et son illumination mystique Lorsque Youki le quitte pour vivre avec le poète Robert Desnos, il part vers l’Amérique Latine en compagnie de son nouveau modèle, Madeleine Lequeux. Puis en 1936, d’Amérique Latine, il se rend au Japon. Mais Madeleine meurt tragiquement. Il retourne alors à Paris accompagné de sa nouvelle et jeune femme, Kimiyo. Il est loin de se douter que les Autorités Françaises, à la veille de la seconde guerre mondiale, vont expulser tous les ressortissants étrangers dont les pays se sont engagés au côté de l’Allemagne. Foujita repart au Japon où il est contraint de peindre des scènes de guerre, ce qui le bouleverse. « Les cadavres, j’ai voulu les peindre comme ceux dans un camp de concentration nazi : c’est ça la guerre. Dans ma peinture ne figure aucun général. Les soldats ont été tellement malheureux que je les ai peints. Uniquement les soldats … » Il espère néanmoins revenir à Paris. Mais il lui faut attendre 3 ans pour obtenir un visa et s’envoler d’abord pour New York en 1949 puis Paris en 1950. Il s’installe de nouveau à Montparnasse avec sa femme. Kimiyo, sans fortune, mais confiant en lui. Il renoue avec son entourage et ses galeristes parisiens. En 1954, en se rendant à la basilique Saint-Rémi à Reims, il a une illumination mystique en allumant un cierge. Tout comme le roi des Francs, Clovis, il veut se convertir au catholicisme et être baptisé à Reims. Sans doute, très convaincant, il entraîne sa femme sur le chemin de la conversion. René Lalou, Président des Caves de champagne Mumm accepte d’être son parrain. La toute jeune femme, Béatrice Tattinger, accepte d’être la marraine d’un homme déjà âgé. Cette cérémonie à la Cathédrale de Reims, largement médiatisée, restera dans les annales. Foujita adopte alors le prénom de Léonard. Certains disent que c’est en l’honneur de Léonard de Vinci, peintre qu’il admire, d’autres susurrent qu’il veut honorer la mémoire de Léonard Kimura, l’un des martyrs du Japon. En 1955, il obtient enfin la nationalité française, ainsi que sa femme Kimiyo. 5

Le baptême de Tsuguharu Foujita Photo internet Tsuguharu Foujita choisit son prénom de baptême : Léonard 6

Construction de la Chapelle Notre-Dame de la Paix dans la propriété de Victor Clicquot En souvenir et reconnaissance de sa conversion, Léonard Foujita accepte la proposition du Président de la Maison Mumm, René Lalou, de faire édifier à Reims une chapelle dont Foujita serait le maître-d’œuvre et décorateur. La Maison Mumm dispose d’une maison de maître et d’un parc en face de ses locaux, propriété autrefois de Victor Clicquot (ancienne maison Champenoise). La moitié du terrain peut convenir à la réalisation d’une chapelle. Mais à qui va-t-on dédier cette chapelle ? Le Pape Jean 23 vient de rédiger et publier une encyclique en pleine guerre froide entre les Russes et les Américains. Cette encyclique est un véritable message de paix. D’un commun accord entre l’artiste et le Président de la Maison Mumm, la chapelle prendra le nom de : Notre-Dame de la Paix 7

Léonard Foujita conçoit lui-même les plans de cette chapelle, de style roman, ainsi que toute la décoration La chapelle Notre-Dame de la Paix, dite Chapelle Foujita L’architecte Maurice Clauzier accepte de coopérer avec Foujita. Les vitraux seront réalisés par Charles Marq, les ferronneries et sculptures par Maxime Chiquet et les Frères André. Léonard Foujita se réserve les fresques. Il est alors âgé de 80 ans. Il doit monter sur des échafaudages et agir vite dès que l’enduit JPS est frais. Léonard Foujita s’est exercé durant des mois dans sa maison de Villiers-le-Bâcle. 1886 -1968 Son atelier situé dans son grenier est devenu, en quelque sorte, sa première chapelle. 8

Le Calvaire En janvier 1966, dans une correspondance avec Maurice Clauzier, l’architecte de l’édifice, Foujita notait […] « J’ai réfléchi beaucoup, pour le calvaire, si on pose le personnage en forme d’enfant sur la croix (crucifiement) c’est trop cruel […] alors j’ai pensé de poser le Christ enfant Jésus en habiller — vivant, je suis si content de ma trouvaille ! » Cath Sculptures des frères André JPS Détail du calvaire dessiné par Foujita, se trouvant dans le jardin de la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix, rue de Mars à Reims. JPS 9

Les fresques de Léonard Foujita dans La chapelle Notre-Dame de la Paix Cath 10

Dieu et les 4 évangélistes Cath Pour réaliser ses fresques, Foujita doit être ultra rapide : les peintures minérales sont apposées sur un enduit humide. Dessins et couleurs sont immédiatement absorbés par le ciment spécial ; toute retouche est impossible. Il commence son 11 immense travail le 3 juin 1966 et le termine 3 mois plus tard, le 31 août 1966.

D’après le portail officiel du musée de Reims, la Vierge (ou Notre-Dame de la Paix) bénit 2 groupes de femmes. La fresque montre un paradis perdu d’un ancien « Monparno » parisien qu’il a tant aimé. Cette Fresque rayonne de douceur, de sérénité et d’amour. 12

Détail des groupes de femmes Cath Foujita a été marqué aussi par les œuvres de Diégo Rivera, créateur du muralisme mexicain, qui a vécu à Paris entre 1909 et 1921. Il l'avait rencontré dans la capitale parisienne par l'intermédiaire de leur ami commun Modigliani. Cath JPS 13

Kimiyo adopte le prénom de Marie-Ange Claire Très beau portrait de Kimiyo dernière épouse de Foujita qui, de par son baptême, prend le prénom de Marie-Ange Claire. Elle figure parmi le groupe de femmes, à droite, bénies par Notre-Dame-de-la-Paix sur la fresque ornant l’abside. Léonard Foujita se représente, lui aussi, au pied de la croix, agenouillé parmi les hommes (voir vue 36). Cath 14

JPS Dans le transept, Notre Dame des Vendanges 15

Notre-Dame-des-Vendanges Cette fresque orne le mur droit de la chapelle latérale gauche. JPS Assise sur un tonneau, la Vierge présente à l’enfant Dieu la grappe de raisin champenoise ; en arrière-plan, on aperçoit la cathédrale et la basilique Saint. Rémi de Reims, deux lieux emblématiques liés à la conversion de l’artiste au catholicisme : « Voilà ma Madone des Vignes ! C’est un véritable hommage à Reims ! » explique Foujita à un journaliste dans cette lumineuse chapelle. Cath 16

L’annonciation Cath Sainte-Elisabeth Marie, mère de Jésus Cath 17

Cath La nativité 18

Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste JPS 19

La pêche miraculeuse Cath 20

Jésus réconfortant les malades Cath 21

Le lavement des pieds Cath 22

Jésus portant sa croix Cath 23

Les vitraux sont réalisés par Charles Marq * suivant les dessins de Foujita. Cath Dieu le père Adam et Eve protégés par un ange * Charles Marq a aussi réalisé les vitraux de Marc Chagall (Cathédrale de Reims) 24

Adam et Eve chassés du Paradis Cath L’apocalypse et l’arche de Noé Cath 25

Cath 26

Ces vitraux sont harmonieux et classiques avec une foule de détails inspirés d’une tradition japonaise raffinée. On reconnaît le chrysanthème, emblème de l’Empire du Soleil Levant, le chat, mascotte de Foujita. Fleurs, papillons, insectes minutieusement détaillés évoquent aussi l’art oriental. JPS 27

La Cène Cath 28

JPS C’est ici, au pied de l’hôtel, que reposent Léonard. Foujita depuis 2003 et sa dernière femme. Kimiyo depuis 2009 29

La résurrection L’église de Villiersle-Bâcle Cath 30

La crucifixion Cath 31

La Crucifixion, Crucifixion fresque qui orne le revers de la façade incluant la porte. Pour cette crucifixion, Foujita s’est inspiré de la Renaissance allemande qu’il apprécie particulièrement. Ici, le Christ, agonisant sur sa croix, s’impose dans toute la crudité de sa souffrance. Le geste théâtralisé de la Vierge, au pied de la croix, donne une force dramatique et expressive à cette scène. Cath 32

Cath 33

Cath 34

Détail de la crucifixion René Lalou 1877 -1973 Selon la tradition du Moyen-âge, Foujita représente le généreux mécène, le président de Mumm, René Lalou. Il se place à sa droite. Lui aussi offre son Art (ses fresques). Cath Léonard Foujita 1886 -1968 35

Les fonts baptismaux JPS 36

La descente de la croix JPS 37

Les sept péchés capitaux Les Sept péchés capitaux ornent le mur gauche de la chapelle latérale gauche. Ici, c’est une évocation cruelle et caricaturale des péchés, éloquents échos peints par Pieter Brueghel l’Ancien, célèbre peintre flamand du 16 e siècle. Ces grotesques grimaçants sont là pour nous rappeler la « fragilité de l’existence et la nécessité de la paix. » JPS 38

Phylactère en hommage aux donateurs « C’est la conclusion de ma vie, maintenant je suis tranquille » : propos de Léonard Foujita cités par Frédéric Mégret dans le Figaro littéraire du 15 septembre 1966. https: //www. ina. fr/video/CPF 08008721 Ci-dessus, vidéo - concernant le baptême de Foujita et de sa femme Kimiyo dans la Cathédrale de Reims, - Concernant les raisons de sa conversion au catholicisme. Il remet gracieusement à la Cathédrale de Reims une « Vierge à l’enfant » en signant « Léonard Foujita » Photos internet A la demande de son parrain René Lalou, Foujita peint une aquarelle – la rose – habillage de la bouteille du champagne rosé de la maison Mumm. René Lalou 1877 -1973 Cath Léonard Foujita 1886 -1968 39

Kimiyo Horiuchi (1910 -2009) et Tsuguharu Fujita (1886 -1968) Née au Japon, le 11 Septembre 1910, Kimiyo horiuchi rencontre tsuguharu Fujita en 1935 au Japon. Elle a 24 ans, l’artiste approche la cinquantaine. Ils se marient en 1938 à Tokyo selon le rite shintoïste. Le 6 avril 1939, ils quittent Yokohama, arrivent en France le 8 mai 1939 et s’installent à Montmartre. Mais le 23 mai 1940, ils sont contraints de quitter Paris, bientôt aux mains de l’armée allemande et embarquent à Marseille à destination du Japon. Ils vont y passer la 2ème guerre mondiale, contraints et forcés. En mai 1950, ils emménagent dans un appartement, 23 rue Campagne. Première, à Montparnasse. Le divorce de Foujita et Youki ayant été prononcé le 28 janvier 1954, Tsuguharu et Kimiyo se marient de nouveau le 5 octobre 1954 à la mairie du 14 e arrondissement de Paris. Puis le 28 février 1955, ils obtiennent la nationalité française et renoncent à leur nationalité japonaise. Enfin, quatre ans plus tard, en octobre 1959, ils sont baptisés en la cathédrale de Reims par Monseigneur Béjot. Le prénom chrétien de Tsuguharu est Léonard, et celui Kimiyo devient Marie-Ange-Claire. Photo internet Kimiyo et Tsuguharu Fujita à leur retour en France En 1960, ils achètent une petite maison rurale à Villiers-le-Bâcle, dans la vallée de la Chevreuse et s’y installent en 1961, après un an de travaux. C’est dans ce lieu que Foujita va concevoir, dans son grenier, sa dernière grande œuvre : la Chapelle Notre-Dame-de-la-Paix de Reims. 40

Photo internet Marie-Ange Claire (anciennement. Kimiyo) et Léonard (anciennement Tsuguharu) Foujita dans leur maison de Villiers-le-Bâcle « Elle considérait son mari comme un grand homme, note Anne Le Diberder. Elle avait une admiration et une grande tendresse pour lui. » « Lui sous les feux des projecteurs, elle dans l'ombre d'un génie hyperactif qui pouvait passer de dix à douze heures par jour dans son atelier. Ne parlant pas la langue française, la Japonaise se montrait plutôt solitaire. » Après la mort de son époux, Kimiyo s’est attachée à valoriser et protéger son œuvre : En 1991, elle fait don de la maison de Villiers-le-Bâcle au Conseil Départemental de l’Essonne pour en faire un musée. Cette maison est ouverte au public en 2000. Dans son testament (elle décède au Japon, à 99 ans, en 2009), et suivant les volontés de son mari défunt, elle lègue 3 tableaux au Musée des Beaux-Arts de Reims, les droits d’auteur et tous les droits dérivés à la Fondation des Apprentis d’Auteuil (OAA – Aide Sociale à l’Enfance). Foujita n’a jamais eu d’enfants. Il les a aimés et souvent représentés, notamment à la fin de sa vie traduisant, dans ses toiles, toute leur innocence. Sous l’égide de la Fondation des Apprentis d’Auteuil, la Fondation Foujita est créée en 2011. 41

Photos de Jean-Pierre S. JPS Et de la réalisatrice du diaporama Cath ou l’oiseau de Feu Ce diaporama est à usage non commercial Il ne doit pas être publié Il est adressé gratuitement par courrier électronique aux amis des amis Il ne doit pas être modifié Aucune de ses vues ne doit en être extraite Merci de respecter ces consignes La réalisatrice : Cath ou l’Oiseau de Feu n i F Musique de Jean-Christian Michel Cathédrale de Lumière Diaporama hébergé sur les sites : www. imagileonation. com/oiseau-de-feu. ws www. chez-cath. fr/ www. chezjoeline. com