Corps des ArchitectesConseils du Ministre de lEquipement Sminaire

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Corps des Architectes-Conseils du Ministère de l’Equipement Séminaire de Montpellier 8 octobre 2004 Mais

Corps des Architectes-Conseils du Ministère de l’Equipement Séminaire de Montpellier 8 octobre 2004 Mais dans quel état t’es-tu mis ? Serge Renaudie Architecte-Urbaniste

 • « Le rôle de l’Etat dans la décentralisation » , voici le

• « Le rôle de l’Etat dans la décentralisation » , voici le beau thème que l’on m’a proposé d’introduire devant vous. J’avoue qu’il m’a immédiatement enthousiasmé. • Mais puisqu’il faut l’ouvrir profitons en, comme nous l’avons tenté les séminaires précédents, pour nous poser quelquestions simplettes et faire gaffe à ce que disent les mots. En premier lieu, qu’est-ce que l’Etat ? Et quelle est sa fonction ? • La question de l’Etat est une vieille question. Que l’on prône l’urgence de freiner la nature sauvage de l’Homme ou de la libérer, que l’on rêve avec Platon que les « purs et authentiques philosophes arrivent au pouvoir ou que les chefs des cités se mettent à philosopher réellement. » ( « par une grâce divine » rajoutait-il en se réveillant), de Platon justement à Foucault en passant par Hobbes, Kant, Hegel, Proudhon, Bakounine et Marx, que l’on soit pour ou contre, qu’on l’aime ou le craigne, l’Etat a pour fonction essentielle de cadrer l’individu, celui que vous êtes et que je suis. Pourquoi ? Parce quand je suis seul face à moi-même ou face à cette « insociable sociabilité » de Kant, je me perds, j’erre et quand j’erre, l’Etat gère. • Et comment l’Etat gère ? L’Etat range, classe, regroupe, ordonne les individus qui dérangent. Sans l’Etat, affirmait Hobbes, l’homme erre (traduction personnelle). • Ce sera donc mon premier et unique postulat et vous y attendiez : L’Etat gère en rangeant. • Ranger n’est pas étranger à l’architecture. On sait de sources sures que le roi soleil, celui qui s’écria, le 13 avril 1655 devant le Parlement et en habit de chasse : « L’Etat c’est moi » fut un obsédé pathologique du rangement. Il n’est qu’à regarder le palais de Versailles pour en être convaincu ou les colonnades d’un certain Perrault, inutiles mais bien rangées dans une architecture de rayonnages que l’Etat royal, ou républicain également mais sur un site plus fluvial, affectionne tout particulièrement. • Pas de rangement sans ordres, c’est un vieux mot d’ordre romain. En écho : « pas d’architecture sans ordres » s’exclame Vitruve, ingénieur au services des Eaux de la commune de Rome. C’est ainsi que l'ordonnancement construira tout autant l’Etat que l’architecture qui le loge. • Le rôle donc de l’Etat consiste à ranger et de mettre de l’ordre dans nos affaires. • L’Etat gère donc un nombre considérable d’affaires. . . les nôtres sont classées par un petit a, les siennes, classées par un grand A, mais de celles-ci, il s’arrange.

 • Ranger est tâche ardue, qui nécessite de la permanence dans le sens

• Ranger est tâche ardue, qui nécessite de la permanence dans le sens de l’organisation. On commence à poser des choses bien en ordre sur des étagères juste achetées chez Starka, des choses stables ou rendues telles, bien évidemment. Mais si on n’y prend garde, il y a toujours quelqu’un pour venir vous poser un truc qui n’avait rien à voir avec votre classement, puis quelqu’un d’autre arrive et s’en mêle… et ça s’entasse, ça s’entasse. • Entassement n’est pas rangement, au contraire. Où est le centre du tas ? Nulle part et partout, l’entassement devient très vite un vrai chaos, et le chaos n’a pas de centre. Un truc sans centre n’est pas maîtrisable et est donc réputé ingérable. L’Etat, lui, ne veut pas perdre son centre sous un entassement ingérable ; l’Etat se méfie d’une concentration trop grande d’éléments en son centre car, comme dirait le philosophe Thierry de Wyngaert, toute centralisation a des à-côtés et ces à-côtés-là concentrent le centre. Pour libérer son centre trop concentré, l’Etat en crée d’autres détachés mais subordonnés. On dit alors qu’il dé-concentre. • • Les services déconcentrés gèrent les missions étatiques sur le terrain, au plus prêt des collectivités territoriales : Régions, Départements, Communes. Nous savons d’expérience, architectes-conseils de l’Etat, déconcentrés départementalement, combien l’harmonie règne entre ces deux déconcentrations du pouvoir politique et administratif de l’Etat. Car l’Etat républicain a, au moins, deux mamelles : la gestion politique du pays et sa gestion administrative et c’est là que cela se complique. Cela se complique d’autant que le politique monte vers le centre quand du côté de l’administratif, cela descend – une opinion remonte, une directive descend, c’est la seconde loi de la thermocratie. Et quand cela se croise, ça fait des embrouillaminis. Et l’embrouillamini n’est pas l’ordre ! Comment ranger l’embrouillamini ? • A force de se côtoyer, et de se superposer parfois, de se confronter souvent, il est venu à certains l’idée que ce serait productif de transférer certaines compétences, et ressources afférentes, de l’administration de l’Etat aux collectivités territoriales élues, elles, pour comme il est dit : « une plus grande légitimité des pouvoirs de proximité » . C’est la dé-centralisation. • Quand j’ai lu, pour la première fois, « pouvoirs de proximité » je suis parti sur tout autre chose…. Alors évidemment quand on m’a expliqué ce que le terme cachait, j’ai été déçu, forcément ! C’était vachement moins érotique je ne l’entrevoyais ! • Ne nous déconcentrons pas et prenons enfin un exemple concret : un jury, à travers un schéma abstrait tiré de situations totalement réelles.

Le maire est président du jury, il ne se déplace jamais sans…

Le maire est président du jury, il ne se déplace jamais sans…

… quelques conseillers municipaux…

… quelques conseillers municipaux…

… qui ne se déplacent eux-mêmes jamais sans quelques membres de leurs services municipaux.

… qui ne se déplacent eux-mêmes jamais sans quelques membres de leurs services municipaux.

Le maire est aussi président de la Communauté d’Agglomération

Le maire est aussi président de la Communauté d’Agglomération

Et d’autres conseillers sont présents…

Et d’autres conseillers sont présents…

… avec leurs services.

… avec leurs services.

Un vice-président du Conseil Général est présent…

Un vice-président du Conseil Général est présent…

… avec d’autres conseillers.

… avec d’autres conseillers.

Le maire est encore vice-président du Conseil Régional…

Le maire est encore vice-président du Conseil Régional…

et il est venu avec d’autres conseillers de la Région.

et il est venu avec d’autres conseillers de la Région.

Le maire est président du C. H. U…

Le maire est président du C. H. U…

… d’autres membres du Conseil d’Administration sont présents.

… d’autres membres du Conseil d’Administration sont présents.

Observons également que certains membres du jury sont membres du Conseil d’Administration de la

Observons également que certains membres du jury sont membres du Conseil d’Administration de la CAF.

Le président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie est présent…

Le président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie est présent…

… avec d’autres membres du Conseil d’Administration.

… avec d’autres membres du Conseil d’Administration.

Certains jurés siègent également dans des commissions paritaires.

Certains jurés siègent également dans des commissions paritaires.

N’oublions pas les membres diverses associations….

N’oublions pas les membres diverses associations….

… ni les multiples commissions d’ouverture des plis.

… ni les multiples commissions d’ouverture des plis.

Un certain déséquilibre apparaît…

Un certain déséquilibre apparaît…

… suivi d’un malaise certain.

… suivi d’un malaise certain.

… suivi d’un malaise certain.

… suivi d’un malaise certain.

… suivi d’un malaise certain.

… suivi d’un malaise certain.

 • C’est ainsi que le D. D. E. ou son représentant et l’architecte-conseil

• C’est ainsi que le D. D. E. ou son représentant et l’architecte-conseil se sentent très seuls. C’est peut-être dans ces moments également qu’une affection toute particulière les réunit. • C’est ainsi encore que dans chaque jury, risque de se poser brutalement l’enjeu de notre rôle : mais qu’est-ce que nous faisons là ? ! • Force est de constater que nous sommes passés de l’embrouillamini à l’embrouillamaxi avec à la clef un aggravement grave de l’état de solitude de l’Etat. • Sous les discours lissés se trament les jeux de pouvoirs et les connivences multiples qu’entretiennent le sang, l’argent ou même le cul, mais de ça je n’en parlerai pas maintenant…parce que toute structure se réduit à un moment aux hommes qui la construisent et bien heureusement. • Si « pouvoirs de proximité » fait un peu frivole son envers « proximité des pouvoirs » fait carrément peur. Quoiqu’il en soi, érotique ou contraignante, c’est dans cette question d’une certaine proximité qu’il nous va falloir œuvrer et porter un conseil qui sera toujours plus écouté. Et là je ne plaisante même pas car rien ne dit qu’un bon conseil ne peut pas pousser sur un tel terreau, car à force de se « proximiser » ainsi et de se tenir aussi chaudement solidaires dans une promiscuité étouffante, on a besoin parfois d’avoir d’autres points de vue. • Quoiqu’il en soit, relations de pouvoir pour relations de pouvoir leur décentralisation n’est-elle pas qu’une question de dé-rangement en quelque sorte, une affaire d’agencement où se croisent des pratiques, des compétences et des institutions et où personne ne domine vraiment, du moins pas longtemps. • Le monde est impermanence, le pouvoir est inconstant…. • C’est fou ce qu’une simple étagère peut nous apprendre !