CLASSICISME Mercredi 10 Juin 2020 Sommaire Introduction Dfinition

CLASSICISME Mercredi 10 Juin 2020

Sommaire Introduction Définition du classicisme Contexte historique Les principes du classicisme La peinture Architecture La sculpture classique Conclusion

Introduction Le classicisme est un mouvement culturel qui se développe au départ en France, avant de gagner l’Europe, entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle. Il se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans l’ « honnête homme » et qui développent une esthétique fondée sur une recherche de la perfection, l’équilibre et l’ordre. Le classicisme concerne la littérature du XVIIe siècle, en particulier le théâtre mais aussi d'autres arts comme la musique, la peinture ou l'architecture. Par la rigueur de ses valeurs, il s’impose comme une remise en ordre, qui s’articule avec la reprise en main du pays par le pouvoir absolutiste de Louis XIV.

Le courant classique s’oppose au courant baroque qui a commencé un peu plus tôt. Il s’agit de fuir les « excès » du Baroque. Alors que le baroque prend naissance à Rome et s'épanouit essentiellement dans le domaine architectural, le classicisme est un mouvement principalement français.

Définitio n Le terme latin « classicus » signifie qui est de premier rang, qui appartient à la classe supérieure des citoyens. L’adjectif « classique » commence à être utilisé à la Renaissance ; il désigne alors, par opposition à l’art gothique, une esthétique qui s’inspire du modèle antique grécoromain (V et IV°s av. J-C). Le classicisme prend sa source en Italie avec Annibal Carrache qui revient aux sources de l’art antique et invente une nouvelle conception idéalisée de la beauté qu’il applique notamment au genre du paysage.

Le classicisme est le caractère de ce qui est classique: celui qui est conforme aux règles, aux principes et aux normes les plus reconnus. Ainsi, le classicisme est une esthétique à la recherche d’un idéal de perfection, à travers le respect des proportions, de l’équilibre et de l’ordre. La monarchie française s’appuie sur ce mouvement culturel afin de se représenter au sommet de sa puissance aux yeux de toute l’Europe.

Contexte historique Entre le 17 eme et le 18 eme siècle (1660 -1715) Louis XIV, le roi soleil a imposé la monarchie absolue au royaume et réussit à unifier la France. Le XVII ° siècle appelé le "siècle de Louis XIV" par Voltaire était une période de création littéraire et artistique. Deux forces dominantes au XVIe siècle déclinent : l’aristocratie et la religion protestante. Richelieu triomphe des protestants réfugiés à La Rochelle en 1628, et Louis XIV révoque l’ édit de Nantes en 1685. De plus, Richelieu met en place une monarchie absolue, où le pouvoir central cherche à tout contrôler. L’Académie française est ainsi créée en 1634. L’absolutisme met en place une vaste propagande culturelle pour glorifier la monarchie. -Le contexte religieux : Le XVIIe siècle est empreint d’une profonde spiritualité catholique (Saint-Vincent-de-Paul, le cardinal de Bérulle, Pascal, Bossuet).

Si la suprématie de la France se fait sur le plan politique, elle se fait aussi au niveau artistique. C’est pour cela qu’est créée en 1648 l’Académie royale de peinture et de sculpture. Cette institution a pour but d’imposer le « grand goût » . Louis XIV cherche à contrôler l’ensemble de la vie sociale, menant une politique de normalisation et de centralisation destinée à renforcer son pouvoir aux dépens de toute forme de contestation. Le Roi-Soleil me t à son service tout g en re de spe ctacle s , pour impressionner la fou le des sp ectateur s. Théâtre, ballets et o pé ras i llustr ent ce d ésir de grandeur et de maje sté.

Des artistes pensionnés qui mettent leur art au service de la propagande royale. • Molière • Racine • La Fontaine Molière par Mignard Jean Racine par François de Troy Jean de La Fontaine par Hyacinthe Rigaud Compositeurs : Lully ou Charpentier • • Architecte : Mansart • Jardinier : Le Nôtre • Peintre : Le Brun, etc. Lully

Les principes du classicisme : L'idéal classique, qui l'emporte en France dans la seconde moitié du Grand Siècle, s'appuie avant tout sur le culte de l'Antiquité, modèle inégalé. L'art classique cherche le « beau idéal » , dans les proportions, l'ordre et la symétrie. Il se propose de surpasser une nature encore imparfaite. L'architecture est plus sobre et plus claire. Les façades sont rectilignes, les volumes directement inspirés des constructions antiques. Sculptures et peintures privilégient les thèmes mythologiques, souvent au service du roi, plutôt que les sujets religieux.

Le gout de l’ordre : c’est le règne de la raison qui permet d’éviter les illusions afin d’atteindre la vérité. Agir raisonnablement, c’est agir en fuyant les excès de la passion. Recherche de l’universalité de la Nature humaine : nourris de chefs-d’œuvre antiques, les classiques prônent l’imitation et recherchent l’ordre et l’équilibre.

Les thèmes : Les scènes et personnages issus de la mythologie grecque Les scènes et les personnages bibliques Les scènes historiques et allégoriques qui glorifient notamment le roi Louis XIV Les portraits d’aristocrates Les paysages, construits selon les règles de la perspective (scènes pastorales ou thème mythologique. . ) présentent la nature comme une force immuable par opposition aux hommes dont le destin est éphémère.

La peinture Ce courant a aussi une fonction politique. La peinture classique sert à montrer la puissance de la monarchie absolue sous Louis XIII et surtout Louis XIV. Elle valorise ces souverains et la force de leur royaume sans prendre en compte la réalité. Un moment, l’Etat n’a plus d’argent mais le roi est représenté dans un décor luxueux. Sans parler de propagande, on peut dire que la peinture classique est un art du paraitre. La peinture classique incarne un idéal de beauté à travers des sujets nobles (personnages bibliques, figures héroïques, mythologie grecque. . . ). Elle symbolise le triomphe de la raison sur le désordre des passions.

Les règles et techniques en peinture : La composition du tableau est claire et ordonnée : la scène se déroule entièrement à l’intérieur du cadre (contrairement au baroque où les personnages et motifs sont hors cadre) L’art des proportions et de la perspective : l’espace du tableau est structuré en plans successifs; les diagonales et les spirales caractéristiques des œuvres baroques sont évitées. Le tableau est construit selon une harmonie mathématique : la symétrie et le respect des proportions sont primordiaux. Le respect de la bienséance : l’artiste peut représenter des scènes de violence, de cruauté, mais il doit bannir la vulgarité de l’horreur. Il s’agit d’éviter toute fascination pour le morbide et d’inviter le spectateur à éprouver de la pitié pour les victimes. Les poses : les personnages adoptent des attitudes sobres; la grandeur des personnages est représentée par des poses stables, statiques qui inspirent la respectabilité.

Le Jugement de Salomon, Poussin – Musée du Louvre

Le classicisme se préoccupe plus de la recherche du vrai que de susciter l'émotion. Les contours sont soignés, les détails sont précis. La composition vise à l'harmonie, elle est souvent symétrique et simple. Les lignes droites verticales et horizontales donnent une impression de stabilité et d'équilibre. Les couleurs sont vives et claires (les zones d'ombres sont réduites), la lumière est douce et uniforme. Les personnages, qui dans beaucoup de tableaux n'occupent qu'une petite place, ont des mouvements peu amples, les gestes sont comme figés, les visages sont calmes, le tout indique la noblesse des sentiments. Les peintres classiques les plus représentatifs sont Nicolas Poussin et Charles Le Brun le décorateur du château de Versailles.

L’entrée d’Alexandre à Babylone, Le Brun, 1665

La Sainte famille avec Saint Jean et Sainte Elisabeth dans un paysage, Poussin, 1650 .

Architecture L’architecture classique française est issue de l’admiration et de l’inspiration de l’Antiquité. Elle est inventée pour magnifier la gloire de Louis XIV puis rayonne dans l’Europe du Nord, parallèlement au baroque, plus négligé dans cette partie du monde. Les bâtiments classiques se distinguent par la recherche de la symétrie et de la rigueur géométrique. Les lignes sont droites et les surfaces sont sobres. Le but étant que les détails répondent à l’ensemble. Elle représente un idéal d’ordre et de raison par opposition aux constructions baroques qui se caractérisent par la présence de surcharges ornementales, tout en courbes et contre-

L’esthétique de cette architecture se rapproche des canons grecs et romains reconnus comme des références idéales. Elle puise aussi ses origines des éléments de la Renaissance. Elle est connue par ses colonnes, pilastres, grandes fenêtres rectangulaires, niches abritant des statues. En architecture le fleuron de l'art classique est sans conteste le château de Versailles édifié sur ordre de Louis XIV, à partir de 1661. L'architecte Le Vau commence les travaux mais c'est Jules Hardouin-Mansart qui achève le gros œuvre, vers 1702. La décoration est confiée à Le Brun qui dirige une armée de peintres, de sculpteurs, d'ébénistes, etc.

Les architectes classiques sont des admirateurs de l'Antiquité gréco-romaine. Ils y empruntent une grande partie de leurs éléments de décoration : le fronton, les colonnes à chapiteaux ioniques ou corinthiens, les pilastres et le dôme.

Versailles

Photographie de la colonnade du Louvre, érigé de 1667 à 1672.

Photographie aérienne du Palais et des jardins de Versailles, Google earth

La sculpture classique Elle privilégie les attitudes simples et élégantes. Cependant, la sculpture française continue à hésiter entre la mesure du style classique et le mouvement, l’emphase du baroque. Girardon (1628 -1715) a réalisé une grande partie des sculptures du Palais de Versailles et de ses jardins. Le Brun le charge d’exprimer dans son œuvre les théories classiques; il réalise alors en 1666 l'œuvre la plus classique de toute la sculpture française du XVIIe s : le groupe d'Apollon servi par les nymphes destiné à la grotte de Thétis.

Louis XIV à cheval, Girardon, 1692 Statue de Louis XIV, 1689.

Conclusion L'influence de l'art classique en Europe reste plus réduite que celle du baroque. À Londres, par exemple, l'architecte Wren, chargé de construire la cathédrale Saint-Paul, adopte le style classique. Au siècle suivant, cependant, le classicisme connaîtra une nouvelle vogue : de nombreux souverains commanderont à leurs architectes et artistes des résidences inspirées de Versailles (mouvement du néoclassicisme).

Comparaison entre baroque et classicisme Baroque Classicisme Instabilité, déséquilibre, irrégularité Stabilité, équilibre, symétrie, régularité Lignes courbes, spirales, tourbillons Lignes droites, verticalité, horizontalité Mouvement, changement, dynamisme, Fixité, harmonie, unité, ordre désordre Foisonnement, profusion, démesure, mélanges Sobriété, simplicité, mesure, limites Imagination, rêve, illusion Vraisemblable Cœur, sentiments Raison, intellect Fantaisie Respect des règles

En architecture : classique et baroque La colonnade de la façade du Louvre – Paris La place Saint Pierre du Vatican - Rome