Hannah Arendt La Crise de lducation extrait de

Hannah Arendt La Crise de l’éducation extrait de La Crise de la culture

Plan • • • Introduction : l’auteur et son œuvre Première partie Deuxième partie Troisième partie Quatrième partie Conclusion

Introduction 1. L’œuvre La Crise de l’éducation est un des essais de Hannah Arendt, extrait de son ouvrage La Crise de la culture. Paru dans sa version originale, Between Past and Future en 1961 aux États-unis, l’ouvrage de Hannah Arendt s’appuie sur les conceptions de l’autorité et de la liberté qui lui permettent d’étudier les différentes questions d’actualité, dont la crise de l’éducation. Dans l’essai intitulé La Crise de l’éducation, Hannah Arendt étudie les causes et significations de la « crise périodique de l’éducation» dès les années 1950 aux États-unis. Cette crise révèle alors une crise plus générale, qu’est celle du monde moderne qui souffre de la disparition de la tradition et de l’autorité. Par conséquent, « lorsque le respect du passé relevait de l’évidence, l’éducation et la transmission allaient de soi, mais à présent que les figures de l’autorité ont été dénoncées, que le fil de la tradition est rompu, qu’advient-il de l’éducation ? »

2. L’auteur Hannah Arendt • Hannah Arendt est née en 1906, près de Hanovre en Allemagne de parents juifs. Issue d’une famille fortunée, elle bénéficie d’une bonne éducation. • Avec la montée du nazisme, elle est contrainte de quitter l’Allemagne pour la France, puis les États-unis. Elle épousa Günther Anders en 1929 puis Heinrich Blücher en 1940. • Influencée par Jaspers, Husserl et brillante élève de Martin Heidegger avec qui elle eut des relations tout au long de sa vie, son œuvre sera profondément marquée par la philosophie de celui-ci mais dans le domaine de la philosophie politique • Les thèmes abordés sont essentiellement l’étude des régimes totalitaires, de l’activité politique et de la modernité. • Ses œuvres principales sont : Les Origines du totalitarisme (1951), Condition de l’homme moderne (1958) et La crise de la culture (1961). • Elle est décédée à New York en 1975.

1ère PARTIE : nature de la crise Politique et éducation Les États-unis et la crise de l’éducation

A. Politique et éducation L’État est régi par la politique, et depuis le XVIIIème siècle, « l’éducation devint un moyen politique et la politique elle-même une forme d’éducation » . D’où la question que pose Hannah Arendt, peut-on faire jouer un rôle politique à l’éducation ?

D’après Hannah Arendt, l’éducation qui est au service de la politique s’apparente à de l’endoctrinement. « En Europe ce sont surtout les mouvements révolutionnaires à tendance tyrannique qui croient que pour mettre en place de nouvelles conditions il faut commencer par les enfants, et ce sont ces mêmes mouvements qui, lorsqu’ils accédaient au pouvoir, arrachaient les enfants à leur famille et se bornaient à les endoctriner. » Seul l’adulte intervient en politique car, il a une « supériorité absolue » sur l’enfant. Or, l’adulte ne peut pas être éduquer… « L’éducation ne peut jouer aucun rôle en politique, car en politique c’est toujours à ceux qui sont déjà éduqués que l’on a affaire. Quiconque se propose d’éduquer les adultes se propose en fait de jouer les tuteurs et de les détourner de toute activité politique. »

B. Les États-unis et l’éducation Contrairement à l’Europe (l’Ancien monde) qui n’a pas su abolir pauvreté et oppression, Les Etats-unis se revendiquent comme étant un nouveau monde qui tire sa force d’un « extraordinaire enthousiasme pour tout ce qui est nouveau » . Ainsi, en tant que terre d’immigration, l’État est alors chargé de l’éducation des immigrés afin que leur réussite personnelle puisse bénéficier à tous pour pouvoir édifier et faire perdurer ce nouveau monde. Mais cette grande attention accordée à ces nouveaux venus se fait au détriment des « nouveaux venus par la naissance » , à savoir les enfants. C’est pourquoi, Hannah Arendt s’interroge sur la nature de la crise éducative aux États-unis.

Application des valeurs américaines au système éducatif et ses conséquences Valeurs américaines Application au système éducatif Nouveauté Application des théories modernes de l’éducation au système éducatif américain. « Il a fallu attendre notre siècle pour que l’illusion provenant du pathos de la nouveauté produise ses conséquences les plus graves. Tout d’abord, elle a permis à cet assemblage de théories modernes de l’éducation, qui viennent du centre de l’Europe et consistent en un étonnant salmigondis de choses sensées et d’absurdité, de révolutionner de fond en comble tout le système d’éducation, sous la bannière du progrès de l’éducation » Égalité S’applique dans le domaine du droit à l’éducation, qui est un des droits civiques inaliénables. Cf. schéma page suivante. Démocratie Refus de la méritocratie qui s’apparente à une oligarchie ou une aristocratie, ce qui est contraire au principe de démocratie. « En Angleterre, la rigueur de cette sélection n’a pas été acceptée sans susciter des protestations; en Amérique, cela eût été tout simplement impossible. »

Droit à l’éducation = Droit civique inaliénable (notion d’égalité) Crise de l’éducation Égal accès à l’enseignement secondaire pour tous Répercussion sur la qualité du travail et baisse du niveau Manque de structures d’enseignement secondaire L’égalité, un des facteurs de la crise Enseignement supérieur avec des programmes surchargés contraint d’assurer la formation de l’enseignement secondaire

Nouveauté Perte de l’autorité du professeur Égalité Démocratie Baisse de la qualité du travail Baisse du niveau scolaire « Ainsi, en Amérique ce qui rend la crise d’éducation si aiguë, c’est le caractère politique de ce pays, qui, de lui-même, se bat pour égaliser ou pour effacer, autant que possible, la différence entre jeunes et vieux, doués et non doués, c’est-à-dire finalement entre enfants et adultes et en particulier entre professeurs et élèves. Il est évident que ce nivellement ne peut se faire qu’au dépens de l’autorité du professeur et au détriment des élèves les plus doués. »

2ème PARTIE : les facteurs explicatifs « Le monde de l’enfant » La psychopédagogie L’éducation par le faire

A. « Le monde de l’enfant »

• L’enfant est soumis à l’autorité de son groupe de pair et non à celle de l’adulte. « Il existe un monde de l’enfant et une société formée entre les enfants qui sont autonomes » . • Il ne peut se révolter contre le groupe entier car il n’a aucune chance de succès et n’a pas d’autre monde à rejoindre sachant que le monde des adultes lui est fermé. « Affranchi de l’autorité des adultes, l’enfant n’a donc pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et bien plus tyrannique : la tyrannie de la majorité. »

Banni du monde des adultes Rejoint le « monde de l’enfant » Livré à la tyrannie du groupe de pairs Livré à lui-même -- Ne peut se révolter -- Ne peut pas en discuter -- Ne peut pas en échapper car le monde des adultes lui est fermé Conformisme + Délinquance juvénile

B. La psychopédagogie

• La formation des professeurs est désormais centrée sur la méthode à employer pour enseigner (la forme) et non plus sur le savoir qu’ils doivent transmettre (le fond). « Sous l’influence de la psychologie moderne et des doctrines pragmatiques, la pédagogie est devenue une science de l’enseignement en général, au point de s’affranchir complètement de la matière à enseigner. » • L’autorité du professeur était fondée car elle reposait sur ses compétences dans la discipline qu’il enseignait. Désormais, du fait du peu de connaissance qu’il a de sa propre discipline, son autorité n’est plus légitime… D’où la crise de l’autorité et la crise de la culture. « Puisque le professeur n’a pas besoin de connaître sa propre discipline, il arrive fréquemment qu’il en sait à peine plus que ses élèves. En conséquence, […] on tarit la source la plus légitime de l’autorité du professeur, qui, quoi qu’on en pense, est encore celui qui en sait le plus et qui est le plus compétent. Ainsi, la professeur non autoritaire qui, comptant sur l’autorité que lui confère sa compétence, voudrait s’abstenir de toute méthode de coercition, ne peut plus exister. »

C. L’éducation par le faire

Nouvelle mentalité : Pragmatisme Comprendre d’après les expériences personnelles Substitution du faire à l’apprendre Application au système éducatif : Professeurs doivent transmettre un savoir-faire* et non leur savoir. *c’est-à-dire « montrer comment ce savoir s’acquiert » Transformation des collèges d’enseignement général en instituts professionnels.

• Les théories modernes de l’éducation en mis en avant le fait de substituer le faire à l’apprendre, ou autrement dit le travail au jeu. « Dans ce processus on s’est surtout efforcé de supprimer autant que possible la distinction entre le travail et le jeu au profit de ce dernier. » • Le jeu étant naturel et spontané à l’enfant, la seule façon d’apprendre sans sortir de son habitude naturelle serait donc dans le cadre du jeu. « L’activité caractéristique de l’enfant est de jouer; apprendre, au vieux sens du terme, en forçant l’enfant à adopter une attitude de passivité, l’obligeait à abandonner sa propre initiative qui ne se manifeste que dans le jeu. » • Or, le travail est une préparation à l’entrée au monde des adultes. Donc, substituer le travail au jeu contribue à éloigner l’enfant du monde des adultes. « Il est parfaitement clair que cette méthode cherche délibérément à maintenir, autant que possible, l’enfant plus âgé au niveau infantile. Ce qui précisément devrait préparer l’enfant au monde des adultes, l’habitude acquise peu à peu de travailler au lieu de jouer est supprimée au profit de l’autonomie du monde de l’enfance. »

«En Amérique, la crise actuelle résulte et de la prise de conscience de l’aspect destructeur de ces trois idées de base et de l’effort désespéré qui est tenté pour réformer tout le système d’éducation, c’est-à-dire pour le transformer complètement. » D’où : Système d’éducation actuel Réformes envisagées Perte de l’autorité du professeur Restauration de l’autorité dans l’enseignement Jeux pendant les heures de classe Faire du travail scolaire sérieux pendant les heures de classe Accent mis sur les activités extrascolaires Accent mis sur les matières du programme Formation des professeurs qui consiste Formation des professeurs contrée sur à apprendre une méthode les matières qu’ils enseignent d’enseignement

3ème PARTIE : les leçons à tirer de la crise Le rôle de la famille La disparition de l’autorité Conservatisme et éducation

A. Le rôle de la famille

• L’enfant ne doit pas être rejeté dans un monde de l’enfant mais doit avoir une place qui lui est réservée, dans la famille. « Puisque l’enfant a besoin d’être protégé contre le monde, sa place traditionnelle est au sein de la famille. » • Un des moyens de protéger l’enfant est donc de dissocier la sphère privée de la sphère publique (exemple des enfants ayant des parents célèbres), et non de créer un monde de l’enfant. « La célébrité s’insinue entre les quatre murs, envahit le domaine privé, qui vient inonder toute la vie privée de ceux-ci, si bien que les enfants ne disposent plus de l’abri sûr où ils peuvent grandir. […] Il est clair que, en essayant d’instaurer un monde propre aux enfants, l’éducation moderne détruit les conditions nécessaires de leur développement et de leur croissance. »

B. La disparition de l’autorité L’autorité n’a pas disparue car elle a été rejetée par les enfants, mais parce qu’elle a été supprimée par les adultes.

LIEN …d sys evien tém t ati qu e Disparition de l’autorité dans la vie publique et politique e … e t c ff a … Méfiance Disparition de l’autorité dans les domaines privés de la famille et de l’école

C. Conservatisme et éducation

En politique… Dans l’éducation… Attitude conservatrice Accepte le monde tel qu’il est Ne lutte que pour préserver le statu quo Destruction du monde car celui-ci est livré au temps sans l’intervention d’êtres humains qui peuvent modifier le cours des choses et apporter du neuf. Éducation conservatrice Protéger la nouveauté qui existe dans chaque enfant Introduire l’enfant dans un monde déjà vieux Les enfants peuvent apporter d’un élément de nouveauté au monde qui préexiste à leur naissance.

4ème PARTIE: Le rapport au passé