HISTOIRE DES ARTS LAFFICHE ROUGE PROPAGANDE ART MEMOIRE

HISTOIRE DES ARTS : L’AFFICHE ROUGE PROPAGANDE, ART, MEMOIRE

I. Contexte. Les FTP- MOI (Francs- Tireurs et Partisans- Main d’Oeuvre Immigrée) ont été créés au printemps 1942 à Paris. Ce sont des résistants communistes, et pour beaucoup étrangers. Ils harcèlent l’occupant nazi et le régime de Vichy en multipliant les attentats dans Paris. En Février 1943, l’arménien Missak Manouchian prend la tête de la brigade des FTP- MOI de la région parisienne. Il est arrêté le 16 Novembre 1943 avec les membres de son groupe (appelé le groupe Manouchian) par la police française et remis aux autorités allemandes. Du 15 au 18 Février 1944, après des mois de torture, les 23 membres du groupe Manouchian sont jugés et condamnés à mort par un tribunal militaire allemand. Les 22 hommes sont fusillés le 21 Février 1944 au Mont- Valérien (colline à l’ouest de Paris) et Olga Bancic, la seule femme, est décapitée à Stuttgart. Les jours suivants leur exécution, 15 000 exemplaires de « l’Affiche rouge » sont placardés dans Paris et en France. L’affichage est accompagné d’un tract présentant ces libérateurs comme des criminels.

« MANOUCHIAN ARMENIEN CHEF DE BANDE 56 ATTENTATS 150 MORTS 600 BLESSES » Affiche placardée en février 1944

Légendes figurant sous les médaillons : GRZYWACZ, juif polonais, 2 attentats ELEK, juif hongrois, 8 déraillements WAJSBROT, juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements WITCHITZ, juif polonais, 15 attentats FINGERCWAJG, juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements BOCZOW, juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats FONTANOT, communiste italien, 12 attentats ALFONSO, Espagnol rouge, 7 attentats RAYMAN, juif polonais, 13 attentats MANOUCHIAN. Arménien, chef de la bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés.

II- Présentation générale. Nature de l’oeuvre : Affiche de propagande Commanditaire : L’occupant allemand (Le service de la propagande allemande en France) Destinataire : La population parisienne et française. Date de publication : Février 1944. Dimensions : Hauteur : 123 cm – Largeur : 82. 5 cm Technique : Offset ( « décalquage » ) ; technique d'impression « à plat » . Lieu de Conservation : 3 exemplaires, conservés au Musée de l'Armée (Paris) et à la Bibliothèque Nationale de France (Paris).

III. Description de l'image 1. De quoi est constituée cette affiche ? Comment les divers éléments qui la composent sont-ils disposés ? Quels sont les trois renseignements que l'on donne sur chaque personne ? L’affiche est un montage de photos et de textes évocateurs. Elle est organisée en trois parties : - Barrant le haut et le bas de l’affiche, la question et la réponse « Des libérateurs? La libération par l'armée du crime ! » - A l’intérieur d’un triangle rouge, figurent les photos, les noms, les origines et les actions menées par dix résistants du groupe Manouchian. La pointe du triangle est occupée par la présentation de Manouchian, le « chef de bande » . - Six photos (attentats, armes ou destructions) représentent enfin la menace que constitueraient ces résistants, à travers certains des attentats qui leur sont reprochés.

2. Quelles sont les couleurs dominantes de l’Affiche ? Le rouge (qui évoque le sang, mais aussi le communisme, cible de la propagande des Allemands et de Vichy) et le noir (qui évoque la mort) donnent une connotation morbide à cette affiche. 3. Quel est l’effet recherché par la disposition des différents éléments de l’image ? Les photos de 10 membres du groupe Manouchian sont disposées en triangle, pointe en bas. Elles forment une flèche qui suggère que ce qui est dans la partie supérieure de l’affiche a pour conséquence ce qui se trouve dans la partie inférieure : 6 clichés d’actes « terroristes » (déraillements de train, corps criblé de balles, saisie d’armes…)

4. Quelle impression donnent les photographies des résistants ? Ces photos, en médaillons, sont les portraits des « terroristes » qui ont des mines défaites, sinistres, cheveux en bataille de certains, de nature à effrayer, mais en réalité ils sont marqués par l’épuisement et les tortures. 5. Quel est le but des légendes qui les accompagnent ? Les légendes portraits mentionnent : -le nom (pas de prénom pour refuser l’aspect affectif) ; la nationalité (ce sont des étrangers), - 7 d’entre eux sont juifs, pour 2 d’entre eux on mentionne que ce sont des communistes (Espagnol « rouge » , communiste italien). - On fait la liste des faits dont ils sont coupables (attentats, déraillements). -Un sort particulier est réservé à Manouchian « chef de bande » (comme un vulgaire criminel) qui est le seul pour lequel on donne le nombre de morts et de blessés (150 morts, 600 blessés).

6. Que cherchent à faire ressentir au spectateur les photographies en bas de l’affiche ? Les photographies montrent un corps criblé de balles, le cadavre d’un homme assassiné, des déraillements de trains, une collection d’armes et d’explosifs. Elles ont pour but d’illustrer les actes de terrorisme des résistants condamnés. Elles doivent faire peur aux Français, pour qu’ils cautionnent l’exécution des résistants. 7. D’après le texte, les membres du réseau Manouchian sont-ils présentés comme des libérateurs ? Des criminels ? Justifiez. Le texte présente ces résistants comme des criminels. La phrase en bas de l’affiche est une réponse ironique à la question posée en haut : eux, des libérateurs ? non, des criminels !

8 - D’après-toi, quel est le message réel de cette affiche ? Dans quel but a-t-elle été réalisée ? Cette affiche de propagande cherche à associer les résistants à des terroristes, des assassins, qui prétendent se battre pour la France mais sont en fait ses ennemis. Ils œuvrent pour le désordre et la mort, face à l’ordre établi par l’armée allemande. Il s’agit d’essayer de discréditer la Résistance. Pour persuader les Français, on met bien en évidence que ce sont des étrangers, des juifs pour la plupart, des communistes : 3 raisons de soupçonner qu’ils sont dangereux, selon la propagande allemande. On veut les opposer aux « vrais » Français ! Il s'agit de manipuler l'opinion publique en jouant sur la peur, et surtout de dissuader d’autres hommes et femmes d’entrer dans la Résistance, qui fait subir d’énormes pertes aux Allemands et désorganise l’occupation du territoire