Xavier Mresse Andre Eugne Prcloux Xavier Jane Delquigny

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Xavier Méresse Andrée Eugène Précloux Xavier Jane Delquigny Serge Jacques Jacqueline

Xavier Méresse Andrée Eugène Précloux Xavier Jane Delquigny Serge Jacques Jacqueline

Andrée Hugonnet Vve Précloux Xavier Précloux Chantal Serge Vf Henri Hugonnet Claudine Lopès Jean-Marie

Andrée Hugonnet Vve Précloux Xavier Précloux Chantal Serge Vf Henri Hugonnet Claudine Lopès Jean-Marie René Hugonnet Micheline Lhostes

Xavier et Claudine Précloux Chantal Bruguière Edouard Patrick Cazalaa Marie-Alix Serge Guillaume Colette Plesse

Xavier et Claudine Précloux Chantal Bruguière Edouard Patrick Cazalaa Marie-Alix Serge Guillaume Colette Plesse Rodolphe Jean-Marie Cathy Charlotte Xavier

Des origines des familles Méresse et Précloux Nous remontons le temps – fin du

Des origines des familles Méresse et Précloux Nous remontons le temps – fin du 19ème siècle - pour se retrouver à « La Belle Epoque… » la bien nommée, puisque c’est ainsi que l’appelèrent nos grands-parents, en précisant, toutefois, que cette « Belle Epoque » était belle pour ceux qui avaient une certaine aisance matérielle… car n’oublions pas ce que Zola écrivait sur les conditions sociales et matérielles du petit peuple des grandes villes… Quel regret de ne pas avoir commencé plus tôt cette saga car les images des « ancêtres » se sont bien estompées…J’espère ne pas trahir trop leur mémoire en essayant de les dépeindre tel qu’ils m’apparaissent maintenant, tels des flashs qui, espérons-le, ne seront pas trop déformés. En naissant à Courbevoie, je me suis retrouvé dans une famille aisée, issue des petits villages limitrophes aux faubourgs de Paris, appelés communément « le peuple des barrières » . C’était la petite ceinture de Paris. Ce « petit peuple » comme l’appelaient, souvent avec mépris, les bourgeois parisiens. Ces gens de petits métiers partaient tôt le matin , soit se louer à la journée, soit vendre leur savoir-faire comme vitriers, ramoneurs, couvreurs-zingueurs et autres sur les chantiers, sans oublier, bien sûr, les palefreniers, charretiers, etc… Cette population des barrières était bruyante mais généreuse, bagarreuse mais honnête, frondeuse mais respectueuse, en un mot, je dirai qu’elle était très parisienne… N’oublions pas que ces gens, alliés à ceux des faubourgs St Antoine , St Denis et St Martin, ont fait plus d’une révolution parisienne, si bien racontée par nos grands auteurs. La famille qui m’entoura le plus, en raison du décès de mon père lors de mes deux ans, fut ma famille maternelle « Méresse » La famille « Précloux » que je connus très peu. Vint ensuite ma famille adoptive « Hugonnet » Les racines des Méresse seraient originaires du Nord. L’acte administratif le plus ancien date de 1670… (source Internet)

cette e, Je n’ai aucun souvenir valable de mes arrières-grands-parents maternels. Il est certain

cette e, Je n’ai aucun souvenir valable de mes arrières-grands-parents maternels. Il est certain que sur photos aurai-je pu rafraîchir ma mémoire ? Ce dont je me souviens vaguement, était la maison de famille à Aix-en-Provence, pour y avoir passé quelques vacances. Je devais avoir 3 -4 ans et je n’y vois que des femmes dont une grand-tante, peut-être la tante Aimée que nous retrouverons par la suite. Donc, commençons par le patriarche de la famille Méresse qui, à lui seul, pourrait faire l’objet d’un roman… à d’actions d’hommes beaucoup Comme – s’est fait tout seul… Un vrai « self made man » de nos jours. L’école ? Il apprit les rudiments de la lecture et de l’écriture vers les 9 -10 ans… D’après la grand-mère Méresse, il avait le don de la mécanique et, bien évidemment, fit tout son apprentissage dans cette branche qui suscitait bien des vocations en cette fin du 19ème siècle. Ce grand-père, volontaire en diable, ne pouvait se contenter de rester ouvrier toute sa vie. Tout en se passionnant pour la mécanique devint, un temps, chauffeur de taxis !… Ce qui ne l’empêcha pas de se marier avec une jolie couturière qui, elle aussi, avait du tempérament à revendre… Celle-ci prit en main l’éducation professionnelle de son jeune taximan de mari en lui faisant, par exemple, réciter par cœur , le soir, les noms des rues de Paris… Le grand-père, quand il était en verve, nous racontait cet épisode de sa vie. L’hiver, emmitouflé dans une imposante houppelande car l’avant du taxi était découvert, la casquette avec oreillettes et les lunettes d’aviateur… Ses bagarres avec les cochers de fiacres qui voyaient d’un mauvais œil cette nouvelle concurrence; coups de fouet contre coups de manivelle… klaxonne pour effrayer les chevaux, crottin de cheval sur la banquette arrière du taxi où s’asseyaient les dames…, le tout dans un Paris bruissant d’une foule affairée. Cet homme qui n’avait qu’une idée en tête, sortir de sa condition, continuait à se parfaire en mécanique qui lui permit de rencontrer le marquis De Dion – début des années 1900 – de chez « De Dion Bouton » célèbre constructeur de voitures à cette époque. Celui-ci, remarquant bien vite les qualités de ce mécanicien, l’engagea pour la mise au point de moteurs. Rappelons que ceux-ci, ainsi que les voitures qu’ils équipaient, étaient pratiquement fabriqués à la main.

Il fit tant et si bien, qu’on l’envoya aux U. S. A quelques six

Il fit tant et si bien, qu’on l’envoya aux U. S. A quelques six mois pour se parfaire chez « Packard » . Lui, le mécano des faubourgs, se retrouver avec Madame, en 2ème classe sur un transatlantique. Lui l’ancien chauffeur de taxi, jouer dans la cour des grands… J’imagine que, depuis ce jour, il dut se jurer de ne jamais revenir en arrière et tint parole car la suite m’étonnera toujours. Outre cette relation privilégiée avec le marquis De Dion, il connut fort bien les frères Renault avec lesquels il participa à la célèbre course Paris-Madrid, durant laquelle on déplora la mort accidentelle de l’un des frères Renault. Il fallait l’entendre raconter cette course qui se déroula sur une route pratiquement en terre battue, la poussière, les pannes et, comme le relatait si bien un chroniqueur de cette époque, « ils étaient vêtus de peaux de bêtes… casqués de cuir et d’énormes lunettes d’aviateur… » Je suppose que, déjà à cette époque, il devait avoir une bonne situation comme metteur au point, doublé d’une femme très active dans la couture. La guerre de 14 -18 arriva et, bien évidemment, se retrouva comme chauffeur-mécanicien. Tout fier, à juste titre, de raconter la bataille de la Marne, à laquelle il participa activement et sans relâche au ravitaillement du front. Des jours et des nuits, en colonnes serrées, les camions s’embourbaient facilement étant chaussés de roues pleines… Triste période que cette génération ne pensait plus revoir… A cette époque, il n’était déjà plus chauffeur de taxi mais nous raconta qu’ils côtoya ces fameux « Taxis de la Marne » convoyant les nouvelles troupes qui participèrent à la « Bataille de la Marne » mais, pour la petite histoire, l’armée paya les courses des taxis… Père Méresse ! Ce nom régenta toute une famille, très connu partout où il exerça ses talents. Homme volontaire, têtu, madré au possible, devenant méfiant quand il ne comprenait pas très bien où son interlocuteur voulait en venir, craint et respecté à la fois.

D’une culture primaire - au sens non péjoratif du terme – mais un sens

D’une culture primaire - au sens non péjoratif du terme – mais un sens inné, un instinct qui ne le trompèrent pratiquement jamais. Pour traiter avec le « Père Méresse » il fallait savoir le prendre. Deux femmes ont pu, parfois, le dominer : sa femme – de caractère – et leur dernière fille Jacqueline qu’ils ont eu vers la cinquantaine. Pour son père, c’était devenu son rayon de soleil qui lui coûta bien cher en caprices… Dès la guerre terminée, notre mécanicien, devenu un spécialiste reconnu sur la place, eut une idée de génie pour l’époque : racheter, pour pratiquement rien, des surplus de l’armée et savez-vous quoi ? Toujours dans la mécanique, il racheta Dieu sait combien de camions… Et voilà le père Méresse créant une entreprise de transports et, bien sûr, un garage à Courbevoie, - où je suis né - haut lieu de l’automobile d’entre les deux guerres… Ce garage, très important, portait en fronton « Aux mille voitures » Pari risqué car il faut savoir qu’à cette époque le transport des marchandises – mis à part le rail – était pratiquement hippomobile et que les routes étaient encore faites pour le cheval et non pour le roulant… Parallèlement, la grand-mère Méresse, même tempérament, créa un atelier de lingerie, couture, broderie, enfin tout ce qui pouvait intéresser les dames bourgeoises. Grand atelier dans lequel elle régnait telle une reine sur un essaim d’abeilles… En ce temps là, on ne levait guère la tête de son ouvrage… Pour mémoire, j’arrive mal à situer la période de création de cet atelier. Est-ce avant ou après la guerre ? Je pencherai plutôt avant car, durant la mobilisation de son époux, il fallait bien faire bouillir la marmite… Donc, la fortune commençait à poindre le bout de son nez et n’allait plus abandonner ce couple qui, opiniâtreté et ténacité aidant, devenait un symbole de réussite « d’entre-les-deux-guerres » Ma mère, l’aînée, naquit en 1906. Son enfance fut simple et sans grande joie. Je suppose qu’elle quitta, très tôt, l’école pour aider sa mère à l’atelier de couture ou bien s’occuper de son petit

Arriva la joie et le drame dans cette ascension sociale par l’arrivée d’un gendre,

Arriva la joie et le drame dans cette ascension sociale par l’arrivée d’un gendre, Eugène Précloux, mon père, jeune mécanicien qui, d’emblée, séduisit le grand-père Méresse par ses qualités professionnelles – dixit le grand-père – et réussit à s’imposer dans cette famille où l’on ne se liait pas facilement. . Son travail et savoir-faire fit tant que le grand-père lui confia rapidement la responsabilité du garage. Une telle confiance étonna tout le monde… La confiance chez mon grand-père était un plat qui devait mijoter longtemps… Par mes oncles, ma mère ne m’en ayant jamais pratiquement parlé, mon père plaisait à la clientèle par son affabilité et, surtout, par ses connaissances mécaniques. Affabilité et amabilité ne plaisaient guère à ma mère quand une jeune et jolie femme arrivait au volant de sa « torpédo » pour une révision et demandait à voir Monsieur Eugène… Combien de fois la grand-mère me raconta cette confiance en mon père par une anecdote qui résume tout : les dimanches aux beaux jours, étaient consacrés à la sortie familiale à la campagne ou en bords de Seine, c’est-à-dire à quelques lieues, Courbevoie étant, à cette époque, déjà à la campagne… Mais comment y allait-elle ? En limousine dernier modèle car il fallait bien montrer sa réussite… C’était un rite et toute la famille se retrouvait au restaurant ou auberge. Mon père commandait et réglait l’addition sur une « cagnotte » que la grand-mère lui confiait, sans pour autant qu’elle vérifiait quoique ce soit, ni l’addition, ni ce qui restait… Au dire de ses proches que j’ai connu, cette confiance accordée sera unique et même leurs enfants n’ont eu droit à cette faveur. Essayons de parler de la famille Précloux dont le grand-père se prénommait Henri. Les ayant quitté très tôt de par le drame que je raconte plus loin, je n’ai souvenir que de brides lâchées ici et là par mes grands-parents maternels et ma mère. Donc, Henri Précloux était constructeur de voiturettes, et voisin du grand-père Méresse. Il fabriquait ses propres moteurs sous la marque « H. P » paraît-il très connue à cette époque.

Il conçut une voiture de pompiers dont des articles de journaux élogieux que nous

Il conçut une voiture de pompiers dont des articles de journaux élogieux que nous avons retrouvés en font foi. Que dire du grand-père Précloux ? Ce que je puis raconter ne seront que des souvenirs glanés par ci par là et dont la justesse ne sera pas évidente. C’était, paraît-il, un homme ayant beaucoup d’entregent, habile en affaires aux dires de la grand-mère Méresse qui semblait ne pas l’apprécier beaucoup… Il dilapida sa fortune dans des plaisirs inavouables pour cette époque : le jeu et les femmes… il menait grand train… Comme André Citroën plus tard… Veuf vers le tard avec trois garçons qui, déjà, étaient dans la vie active, il se remaria avec une jeune femme avec laquelle il eut une fille. Ce qui me permit d’avoir une tante, que j’aperçus de temps en temps, du même âge que moi… Par contre, les oncles – frères de mon père – furent de parfaits inconnus pour moi… Voilà pour le temps de la joie. Quelle époque cet entre-deux-guerres où se côtoyaient l’extrême richesse – voitures par exemple – et grande misère d’une main-d’œuvre non qualifiée qui remplissait les ateliers à la chaîne, innovation du constructeur américain Ford que Renault et Citroën appliquèrent à leur tour… Cette nouvelle industrie tua les petits constructeurs tels que les Etablissements « H. P » et bien d’autres… Arriva le temps du drame en 1933. Pour mes grands-parents, le choc arriva lorsque leur gendre fut hospitalisé pour une appendicite aiguë. Une clinique de renom fut choisie, l ’opération réussie. Mais le destin veillait sous la forme d’une infirmière de garde – spécialement engagée par ma grand-mère – qui, profitant du calme de la nuit, s’en alla rejoindre son petit ami… laissant mon père seul… se réveilla et tenu par une grande soif, se désaltéra à la carafe d’eau à portée de main… Il fut emporté par une péritonite foudroyante… la médecine de cette époque ne pu rien faire. Ce fut un drame pour cette famille. Un gendre estimé, un mari aimé, un père disparaissait brutalement.

Je me doute ce qu’a pu ressentir ma mère qui ne m’en parla jamais,

Je me doute ce qu’a pu ressentir ma mère qui ne m’en parla jamais, elle venait d’avoir 27 ans… Par contre, dès mon adolescence, mes grands-parents, surtout ma grand-mère, me racontèrent leur immense chagrin. D’ailleurs, tous mes souvenirs viennent d’eux – comme quoi les grands parents sont bien souvent la mémoire vivante d’une famille…- D’eux-mêmes, lors de son inhumation à Courbevoie, ils prirent une concession à perpétuité pour mon père seul, la famille Précloux n’ayant pas cru bon de s’y associé… Cette tombe que je n’ai connue que vers mes 15 ans était entretenue par ma seule grand-mère. Ici, je rends hommage à l’un de mes oncles Jacques Méresse qui, voici quelques années, rapatria tous les corps de la famille Méresse, y compris mon père, dans un caveau familiale au cimetière de Flexanville là où il résidait. Ma mère repartit vivre avec moi chez ses parents. Elle garda un vif ressentiment envers les Précloux qui ne se préoccupèrent guère de notre devenir. Le lien avec cette famille se brisa définitivement. Pour s’occuper, ma mère ouvrit une petite librairie à Courbevoie… Quelle catastrophe pour les grands-parents Méresse ! Outre cette affection et même, pourrait -on dire, cet amour filial qu’ils avaient pour leur gendre, c’était tout l’avenir de la société – transports et garage – qui était en jeu. Le grand-père Méresse ne s’en remit pas et, pour ses deux fils encore jeunes, il aurait pu attendre avant de prendre la décision de vendre son affaire, celle de sa femme et de se retirer, la cinquantaine venue, dans une aisance suffisante. De ce drame, mes grands-parents en conservèrent un souvenir ineffable et le grand-père se referma un peu plus et cela n’arrangea pas son caractère… Nous sommes donc dans les années 1934 -35. Le grand-père se doit de gérer cette petite fortune… Quels placements ? Les revenus boursiers après le krach des année 29 -31 étaient très aléatoires… La pierre ? L’immobilier n’attirait plus les investisseurs de par les faibles revenus… et notre homme n’aimait que le concret…

Quel placement d’avenir ? Eh bien tout bonnement dans le cinéma en plein essor.

Quel placement d’avenir ? Eh bien tout bonnement dans le cinéma en plein essor. Encore une idée de génie ! Le mot n’est pas trop fort… Lui, toujours resté le mécano, le manuel par excellence, investit la presque totalité de son pécule dans deux vieilles salles de cinéma et d’une maison bourgeoise à Poissy, près de St Germain en Laye. Le tout payé rubis sur l’ongle en bons lingots d’or, eh oui en lingots car cette petite fortune n’était surtout pas confiée en monnaie de singe à une banque… Il faut comprendre que, de sa vie, le grand-père n’avait pratiquement jamais émit de chèques… seules quelques lettres de change représentant les sommes disponibles pour des achats importants. Cet homme qui avait bâtit sa fortune dans la mécanique, qui avait monté et fait prospérer une grande entreprise, ne s’était jamais intéressé à la comptabilité ni à la gestion… Par contre, sa comptabilité à lui était toute simple, à son image : grandes rentrées et petite sorties et on fait le solde… De l’aveu de la grand-mère, jamais les banques qui le courtisaient ne réussirent à lui faire prendre le moindre emprunt. Il lui arrivait, parfois, de prêter de l’argent sur de très courtes périodes, sans en parler à la grand-mère car elle aurait été scandalisée par les intérêts qu’il pratiquait et les garanties qu’il demandait… Cela ne l’empêchait pas de traiter les banques de voleuses et j’en passe… Donc, les voilà installés à Poissy, la tribu au complet : ma mère avec moi, ses deux frères Serge 17 ans, Jacques 12 ans et la benjamine Lily (Jacqueline) 8 ans. J’arrivai à mes 4 ans et étais loin d’être malheureux car, choyé par tout ce monde, je devenais un petit roi… Ma mère toujours aussi réservée, j’avais pour moi une grand-mère attentionnée et une petite tante que, pendant longtemps, j’ai considéré comme une grande sœur. Après les travaux de rénovation, le grand-père rouvre les salles de cinéma. D’après la grandmère, les débuts furent très prometteurs car le cinéma « parlant » était la grande innovation. Donc, Poissy retrouvait ses deux salles, le « Rex » d’une capacité de 800 places – important pour l’époque – et le « Gloria » de 500 places pour une ville de 13. 000 habitants sans compter les petites communes aux alentours.

Une nouvelle vie commençait. Les rôles étant bien partagés. Le grand-père assurait la surveillance,

Une nouvelle vie commençait. Les rôles étant bien partagés. Le grand-père assurait la surveillance, notamment aux contrôles des entrées et à l’entretien, la grand-mère s’occupait de toute la partie administrative et tenait la caisse avec ma mère, chacune le soir dans une salle, sans oublier une tante – tante Aimée – qui faisait l’ouvreuse au Rex. Très important ce rôle de caissière et de contrôle tenus par la famille car l’argent ne risquait pas de s’échapper… Deux petites anecdotes savoureuses que je peux raconter en toute bonne foi car, dès l’âge de raison, j’ai eu bien souvent l’occasion d’assister aux petites astuces de la gestion familiale. A cette époque, les habitués de tel ou tel jour retenaient ou avaient leurs places attitrées. Le grand-père se tenait au contrôle et, suivant les personnes qu’ils connaissaient, au lieu de poinçonner les billets, les prenaient discrètement en indiquant à l’ouvreuse – la tante – les numéros de place. Avant de remettre le lendemain à la caisse ces billets en circulation, il prenait bien soin de les repasser auparavant… Il n’y a pas de petits profits… La grand-mère, son « petit plus » étaient les confiseries vendues à l’entracte par les ouvreuses. Elle achetait les bonbons et autres sucreries par boites de 20 kgs. Qui, croyez-vous, les mettaient dans les sachets de cellophane ? Eh bien, toute la famille, enfants compris… Il a fallut apprendre à nouer parfaitement ces sachets avec des rubans multicolores… D’après ma grand-mère, ces confiseries étaient d’un excellent rapport… Pour l’avouer, ça devait être bien « juteux … » Une bonne fée veillait sur ma mère. Vint l’année 1936 avec ses convulsions politiques. Un jeune industriel de Poissy, veuf également, remarque la belle caissière qui lui remettait si gentiment son ticket de cinéma. Eros décocha sa flèche… Ma mère commença à collectionner les bouquets de fleurs qui lui arrivaient, le soir, à la caisse… La maison Méresse devenait une exposition florale…

Ce qui devait arriver, arriva… en 1937 ma mère prit pour époux Henri Hugonnet

Ce qui devait arriver, arriva… en 1937 ma mère prit pour époux Henri Hugonnet et, gentiment, celui-ci me prit également. Cet homme qui avait déjà un fils de 16 ans – René - ne fit jamais de différence entre nous deux. Je peux dire qu’il a été mon père et le grand-père de mes enfants. Je peux dire, également, que son fils se comporta comme un grand-frère pour moi, malgré une certaine réticence envers la nouvelle épouse de son père… Le guerre approchait. Mon oncle Serge fut rappelé en 1938 et, fait prisonnier, ne revint qu’en 1946… Ce fut un coup dur pour les grands-Parents comme beaucoup de familles à cette époque… Je garde un très bon souvenir de cet oncle qui, sa vie durant, ne fût pas gâté par la chance. Peu disposé pour les études, la mécanique l’intéressant quand même, il apprit comme on dit, sur le tas. C’était un garçon gentil mais taciturne. Il parlait peu mais était toujours prêt à rendre service. Sans le vouloir, disons la malchance ou la fatalité, il lui tomba dessus une situation dramatique qui lui gâcha sa vie durant. La déclaration de guerre de 39 le surprit en service et fut envoyé aussitôt au front. Au cours d’une permission en 40, il connut une jeune fille – Jacqueline -. Dès les premiers jours de l’attaque allemande de mai 40, il fut fait prisonnier… Outre cette pénible nouvelle qui tomba sur les grands-parents, une autre plus délicate, fut découverte : Serge, outre cette jeune fille, leur laissait une petite fille, Danielle. Jusqu’au retour du fils en 46, ils vécurent au domicile des grands-parents et furent entièrement à leur charge. Par contre, la belle-fille tenait une des caisses des cinémas. La guerre et l’occupation passèrent… Il faut reconnaître que pendant ces temps difficiles, les salles de spectacles ne désemplissaient pas… La grand-mère passait ses temps libres à confectionner des colis pour les prisonniers…Le grand-père acheta une bergerie dans l’Yonne pour permettre à mon oncle Jacques de s’y cacher pour échapper au travail obligatoire en Allemagne, ce qui permit à celui-ci d’entrer dans la Résistance pour finir, en 45, Lieutenant dans la division « Rhin et Danube » du Général De Lattre de Tassigny.

Vint l’après-guerre avec ses bouleversements… Les grands-parents purent installer leurs fils en leur permettant

Vint l’après-guerre avec ses bouleversements… Les grands-parents purent installer leurs fils en leur permettant d’acquérir chacun un garage, Serge à Rambouillet et Jacques à Mantes, tous deux concessionnaires Simca. Puis, le crépuscule tomba sur ce couple dont la vie avait été si bien remplie…. Les cinémas vendus, ils se retirèrent dans leur maison. Cette retraite, bien légitime, très mal acceptée par le grandpère, son moral en fût très affecté et son entourage souffrit de son caractère qui de bien trempé passa à celui d’acariâtre… Il ne pensait plus qu’à son pécule à préserver, comptant sous par sous toutes les dépenses même celles de la grand-mère… faisant les courses au marché mais s’arrangeant pour être là quand le commerçant pliait son étal afin d’obtenir un meilleur prix… et tout à l’avenant…Ce caractère devenu avaricieux l’amena à cacher de l’or dans sa cave – incroyable mais vrai – On ne trouva jamais la cachette et pourtant ce n’est pas faute d’avoir tout sonder – dixit sa fille Jacqueline…- Par contre, la grandmère, égale à elle-même, toujours là pour faire plaisir et donnant, en cachette, de l’argent aux petitsenfants… Cette femme qui, sous un air assez froid, cachait un cœur d’or. Toute mon adolescence fût comblée par sa tendresse… Voilà, cette saga terminée… Pourquoi cette narration ? La vie trépidante actuelle efface irrémédiablement les repères dont la vie a besoin. Connaître tant soit peu ses aïeux, , savoir se dire « d’où je viens » … Maintenant, c’est nous, Grany et moi, qui remplaçons cette génération. Pourrons-nous raconter notre vie ? Ce mois d’Octobre 2008

 « Paris-Madrid » , la célèbre course annuelle à laquelle participa le grand-père

« Paris-Madrid » , la célèbre course annuelle à laquelle participa le grand-père Méresse en 1904. A remarquer la poussière de la route, le protège-nuque du spectateur à gauche et le voile anti-poussière de la spectatrice à droite…