Lconomie exprimentale des annes 1980 aujourdhui Formation SES

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L’économie expérimentale des années 1980 à aujourd’hui Formation SES – Académie de La Réunion

L’économie expérimentale des années 1980 à aujourd’hui Formation SES – Académie de La Réunion – mai 2018 Jérôme Villion

Les biens collectifs (purs et impurs) Non rivalité Rivalité Non exclusion Exclusion Biens collectifs

Les biens collectifs (purs et impurs) Non rivalité Rivalité Non exclusion Exclusion Biens collectifs purs (défense nationale, phare…) Biens de club (programmes TV cryptés…) Biens communs (bancs de poissons…) Biens privés (les pommes et les oranges…!) Problème du passager clandestin Rationnement sousoptimal

Les homo sapiens contribuent-ils aux biens publics ? (1/3) (Source : d’après Villeval M.

Les homo sapiens contribuent-ils aux biens publics ? (1/3) (Source : d’après Villeval M. -C. (2010), « Quand le marché ne suffit plus : biens publics et coopération conditionnelle » in Villion J. (2010) (dir. ), Dossier sur l’économie expérimentale, Idées, n° 161, septembre 2010. Description du jeu du bien public - Dotation : 20 unités monétaires par joueur - Groupes de 4 joueurs (avec anonymat) - Décision à prendre à chaque période pour chaque joueur : répartir sa dotation entre - un compte personnel - une contribution au financement du bien public Le gain de chaque joueur Compte personnel + ( Contribution totale au bien public (4 joueurs) x Nombre de joueurs dans le groupe (4) 1, 6 ) Exemples typiques de gains 1) Tous les joueurs contribuent pour 100% de leur dotation Þ gain pour chaque joueur = (80 x 1, 6)/4 = 32 2) Aucun des joueurs ne contribue Þ gain pour chaque joueur = 20 3) Un joueur ne contribue pas (free rider) alors que les 3 autres contribuent pour 100% de leur dotation Þ gain pour le free rider = 20 + (60 x 1, 6)/4 = 44 Þ gain pour chacun des autres = (60 x 1, 6)/4 = 24

Les homo sapiens contribuent-ils aux biens publics ? (2/3) (Source : d’après Villeval M.

Les homo sapiens contribuent-ils aux biens publics ? (2/3) (Source : d’après Villeval M. -C. (2010), « Quand le marché ne suffit plus : biens publics et coopération conditionnelle » in Villion J. (2010) (dir. ), Dossier sur l’économie expérimentale, Idées, n° 161, septembre 2010. Principaux résultats observés dans les expériences (faits stylisés) 1) Contribution moyenne à la 1 e période = 50% de la dotation. 2) Décroissance de la contribution au fil des périodes, mais la contribution reste non nulle. 3) Variance des contributions entre individus ainsi qu’entre groupes. Interprétations possibles Evolution des contributions (en %) au bien public pour chaque groupe (de 4 individus) au cours du temps. La courbe en gras représente la moyenne des contributions des groupes. Données expérimentales collectées par l’auteur au GATE. 1) Apprentissage (des homo oeconomicus) (-) 2) Individus stratèges imitant les individus coopératifs pour les inciter à continuer à contribuer (-) 3) Coopération conditionnelle : l’individu n’est pas intrinsèquement égoïste ou altruiste mais agit en fonction de sa perception des intentions des autres (+)

Les homo sapiens contribuent-ils aux biens publics ? (3/3) : les sanctions (Source :

Les homo sapiens contribuent-ils aux biens publics ? (3/3) : les sanctions (Source : Fehr E. and S. Gächter (2000). Cooperation and Punishment in Public Goods Experiments. American Economic Review, 90 (4): 980 -994. )

Une tragédie des communs ? Présentation simplifiée du dilemme des communs Pêcheur 2 Pêcheur

Une tragédie des communs ? Présentation simplifiée du dilemme des communs Pêcheur 2 Pêcheur 1 Pêche raisonnée Pêche intensive (2 , 2) (0 , 3) (3 , 0) (1 , 1)

Confiance et réciprocité : le jeu de l’ultimatum Description du jeu de l’ultimatum -

Confiance et réciprocité : le jeu de l’ultimatum Description du jeu de l’ultimatum - 2 joueurs, 2 étapes - Etape 1 : le joueur 1 reçoit une dotation k, conserve x et propose k - x au joueur 2 ( « à prendre ou à laisser » ) - Etape 2 : le Joueur 2 accepte ou refuse la proposition Joueur 1 k–x Joueur 2 Accepte (x, k–x) Refuse (0, 0) Principaux résultats observés dans les expériences (faits stylisés) 1) 2) 3) 4) Proposition moyenne = 40% de la dotation Proposition modale = 50% Très faible proportion de joueurs proposant 0 Refus des propositions (généralement) < 20%

Les théories du salaire d’efficience : Shapiro et Stiglitz (1984) versus Akerlof (1982) (Source

Les théories du salaire d’efficience : Shapiro et Stiglitz (1984) versus Akerlof (1982) (Source : Akerlof G. A. et Shiller R. J. (2009). Les esprits animaux. Comment les forces psychologiques mènent la finance et l'économie) « Il existe deux versions du salaire d’efficience. La théorie du chômage de Carl Shapiro et Joseph Stiglitz repose sur la constatation que les entreprises n’ont qu’un contrôle limité sur la productivité de leurs ouvriers. Les ouvriers ont donc le choix : travailler ou fainéanter. (…) Quand il n’y a pas de chômage, un ouvrier n’a pas lieu de craindre le renvoi pour paresse. Il lui suffit de traverser la rue pour retrouver un emploi semblable à celui qu’il vient de perdre. C’est pourquoi les employeurs estiment devoir verser un supplément pour dissuader leur personnel de fainéanter (…). Si toutes les entreprises paient ce supplément de salaire, comme c’est la cas dans une situation d’équilibre, cela génère du chômage. (…) [C]ertains économistes (…) font remarquer que si les ouvriers ne s’intéressaient réellement qu’à l’argent et à la quantité d’efforts à fournir, les employeurs pourraient avoir recours à des stratégies plus profitables pour eux-mêmes et qui ne se soldent pas par un excédent de salaire nuisible à l’équilibre du marché du travail. Edward Lazear (…) a montré que les droits d’ancienneté sont également un bon moyen de lutter contre la fainéantise. Si vous êtes surpris à ne rien faire et contraint de cher un nouvel emploi, vous perdez tous les privilèges acquis pour avoir passé plusieurs années dans la même entreprise. (…) Cela nous amène à exposer la théorie qui nous paraît la plus à même d’expliquer pourquoi les entreprises payent des salaires tels qu’ils finissent par générer du chômage (…). Certes les employés attachent de l’importance à leur salaire, certes il y a des moments où ils n’ont pas très envie de travailler, mais il nous semble que la relation qu’ils entretiennent avec leur employeur est beaucoup plus subtile et oscille entre l’amour et la haine. Ils aimeraient bien que celui-ci les paye un peu plus et qu’il apprécie davantage les services rendus, mais ils ont également un sens du devoir et du travail bien fait. Ce sens du devoir sera plus ou moins affirmé selon qu’ils se sentiront traités équitablement ou non (…) Les employeurs ont donc raison de verser un salaire juste à leurs employés, même s’il y a de fortes chances pour que ce salaire soit suffisamment élevé pour générer du chômage. Plus les opportunités extérieures sont intéressantes, ou plus le taux de chômage est faible, et plus le salaire jugé équitable par les employés sera élevé. Références : Akerlof G. A. (1982) "Labor Contracts as Partial Gift Exchange, " Quarterly Journal of Economics, 97, p 543 -69 Shapiro, C. and Stiglitz, J. (1984) Equilibrium Unemployment as a Worker Discipline Device. American Economic Review, 74, 433 -444

Salaire d’efficience et Jeu de la réciprocité Des résultats expérimentaux conformes au modèle d’

Salaire d’efficience et Jeu de la réciprocité Des résultats expérimentaux conformes au modèle d’ « échange de dons » d’Akerlof (1982) "Labor Contracts as Partial Gift Exchange, " Quarterly Journal of Economics, 97, p 543 -69 Etape 1 : L’employeur fixe un salaire 0 € < w < 10€ Etape 2 : Le salarié choisit un niveau d’effort 0 < e < 10 Gains (en €) Employeur Salarié GE = 3 xe - w GS = w – 0. 25 xe Prédiction théorique w = 0 e = 0 GE = GS = 0 Valeurs observées w = 5 e = 3 GE = 4 et GS = 4. 25 Source : Eber et Willinger (2005), L’Economie expérimentale Source : Fehr et al. (1993), « Does fairness prevent market clearing? An experimental investigation »

Conclusion : « un comportement humain complexe et dépendant du contexte » Source :

Conclusion : « un comportement humain complexe et dépendant du contexte » Source : Villion J. (2005), « L’Economie Expérimentale » , Ecoflash n° 199, Juin 2005. 1) « La recherche de l’intérêt égoïste domine dans les contextes qui poussent l’individu à s’imaginer dans un jeu contre la nature. Les individus peuvent ici s’écarter de la rationalité substantive, se comporter comme des homo œconomicus ou manifester une attirance pour la spéculation. 2) L’être social l’emporte dans des contextes rendant plus explicites le rapport à l’autre. Le jeu devient alors un jeu contre ou avec les autres. L’altruisme, l’équité ou la réciprocité ainsi que la confiance, voire l’effacement de l’individu face au groupe, guident alors majoritairement le comportement. »

Les procédures de vote : un domaine privilégié pour les expériences de terrain (Source

Les procédures de vote : un domaine privilégié pour les expériences de terrain (Source : Lepelley D. et Samoui H. (2012), « Choix collectif et procédures de vote » , Ecoflash, n° 268, mai 2012) Le vote par approbation et le vote par note ont été testés sur le terrain à l’occasion des élections présidentielles françaises (voir aussi Voteaupluriel. org et votedevaleur. org pour l’élection présidentielle 2012). Une première expérimentation sur le vote par approbation a été organisée le 21 avril 2002 par M. Balinski, R. Laraki, J. -F. Laslier et K. Van der Straten. Elle s’est déroulée, sur la base du volontariat, dans six bureaux de vote de la région parisienne et de la région Centre. Les auteurs montrent que les résultats du vote par approbation, extrapolés à l’échelle nationale, diffèrent de ceux du vote majoritaire à deux tours : J. Chirac conserve la première place, mais L. Jospin devance J. -M. Le Pen et arrive en seconde position [8]. Une expérience similaire, concernant à la fois le vote par approbation et le vote par note à trois niveaux, a été menée le 22 avril 2007 sous la direction d’A. Baujard et H. Igersheim [2] dans six bureaux de vote de Normandie et d’Alsace. Le tableau suivant compare les classements obtenus dans ces six bureaux en fonction du mode de scrutin. En corrigeant ces données des biais de participation et en les extrapolant au niveau national, Baujard et Igersheim montrent que le vainqueur de l’élection présidentielle selon les deux nouveaux modes de scrutin aurait été F. Bayrou, devant S. Royal et N. Sarkozy, O. Besancenot arrivant en quatrième position ! Classement Vote officiel (premier tour) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 N. Sarkozy S. Royal F. Bayrou J. -M. Le Pen O. Besancenot D. Voynet P. de Villiers A. Laguiller J. Bové G. Schivardi F. Nihous M. -G. Buffet Vote par approbation F. Bayrou N. Sarkozy S. Royal O. Besancenot D. Voynet J. -M. Le Pen J. Bové A. Laguiller P. de Villiers M. -G. Buffet F. Nihous G. Schivardi Vote par note (à trois niveaux) F. Bayrou N. Sarkozy S. Royal O. Besancenot D. Voynet A. Laguiller J. Bové J. -M. Le Pen M. -G. Buffet P. de Villiers F. Nihous G. Schivardi

Expérimentations par assignation aléatoire et expériences naturelles : un monde à part - expérimentations

Expérimentations par assignation aléatoire et expériences naturelles : un monde à part - expérimentations par assignation aléatoire (randomized control trial experiments) - un groupe qui reçoit le traitement / un groupe de contrôle (sans traitement) - expériences naturelles (méthode « quasi expérimentale » ) - exploitation de variations exogènes de l’environnement - économie expérimentale ou techniques économétriques permettant de révéler des causalités ?

L’aide au développement et les expérimentations par assignation aléatoire - le J-PAL (Abdul Latif

L’aide au développement et les expérimentations par assignation aléatoire - le J-PAL (Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab) - laboratoire d’action contre la pauvreté crée en 2003 (PAL) par Abhijit V. Banerjee, Esther Duflo et Sendhil Mullainathan au sein du MIT (Massachusetts Institute of Technology) - réseau de 131 chercheurs affiliés dans 40 université du monde entier (https: //www. povertyactionlab. org/fr ) - plus de 900 expérimentations lancées dans plus de 70 pays depuis 2003 - Exemple : Des bourses au mérite pour les filles, Kenya (Kremer M. , E. Miguel and R. Thornton (2009)) - 2 districts (Busia et Teso), 127 écoles, 64 sélectionnées de manière aléatoire - durée de l’expérience : 2 ans (2001 -2003) - bourses “au mérite” (6, 40+12, 80 dollars) : jeunes filles de CM 2 faisant partie des 15 % d’élèves ayant obtenu les meilleurs résultats aux examens - Résultats (Busia) : - amélioration des résultats aux examens (pour tous les élèves) - baisse de l’absentéisme scolaire - amélioration de l’assiduité des enseignants

Salaire minimum et emploi : l’expérience naturelle de Card et Krueger (1994) Evolutions observées

Salaire minimum et emploi : l’expérience naturelle de Card et Krueger (1994) Evolutions observées entre février 1992 et novembre 1992 New Jersey Pennsylvanie Avant Après Variation Volume de l’emploi 20. 4 21. 0 +0. 6 23. 3 21. 2 -2. 1 Salaire à l’embauche 4. 61 5. 08 +0. 47 4. 63 4. 62 -0. 01 (en équivalent temps plein) (en moyenne) Observations en contradiction avec les prédictions de la théorie standard Note : Le salaire minimum passe de 4. 25$ de l’heure à 5. 05$ dans le New Jersey en février 1992 ; il reste inchangé en Pennsylvanie. Source : Card D. and Krueger A. B. (1994). "Minimum Wages and Employment: A Case Study of the Fast-Food Industry in New Jersey and Pennsylvania". American Economic Review 84 (4): 772– 793. » Une réaction, illustrant l’émoi suscité par cette étude, celle James Buchanan : « No self-respecting economist would claim that increases in the minimum wage increase employment. Such a claim, if seriously advanced, becomes equivalent to a denial that there is even minimum scientific content in economics, and that, in consequence, economists can do nothing but write as advocates for ideological interests. » (cité par Gautié, J. (2018). D’un siècle à l’autre : salaire minimum, science économique et débat public aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni (1890 -2015). Revue économique, vol. 69, (1), 67 -109). Sur une comparaison France – Etats-Unis : voir Abowd J. , F. Kramarz, D. Margolis et T. Philippon (2001) : « The Tail of Two Countries : Minimum Wage and Employment in France and the United-States » , IZA Working Paper, n° 203.

Nudges : Un prix Nobel pour çà ?

Nudges : Un prix Nobel pour çà ?

L’économie expérimentale, l’orthodoxie et l’hétérodoxie - la remise en cause de l’homo œconomicus -

L’économie expérimentale, l’orthodoxie et l’hétérodoxie - la remise en cause de l’homo œconomicus - mais un homo sapiens qui reste fondamentalement un atome - « l’approche basée sur l’individu passe à côté des effets systémiques des actions individuelles ; et en conséquence de l’agir collectif et des politiques qui peuvent promouvoir celles pensées comme positives pour le progrès social et humain » (Servet J-M. (2017), « Chassez l’econ par la porte, il revient par la fenêtre ! » ) - un champ qui voit sa place augmenter dans les publications devient « mainstream » (De Vroey et Pensioroso (2018))