Sance 1 Le rapport texteimage mise en regard

Séance 1 Le rapport texte/image: mise en regard d’un poème et d’une peinture L’insert de l’image dans l’explication de texte Préparation à l’entretien dans une perspective didactique: travailler la poésie en cours de français Corpus : Paul Verlaine, « Dans les bois » , in Poèmes saturniens, section « Caprices » , (1866) // Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1809, 110 x 171 cm, Berlin

Paul Verlaine, Dans les Bois • D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. • Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords Epouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. • Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde, D’où tombe un noir silence avec une ombre encore Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d’une horreur triviale et profonde. • Surtout les soirs d’été : la rougeur du couchant Le fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte D’incendie et de sang ; et l’angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. • Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. • La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant Où l’on songe aux récits des aïeules naïves… Sous un fourré, là-bas, des sources vives Font un bruit d’assassins postés se concertant. « Dans les bois » , in Poèmes saturniens, section « Caprices » , (1866)

Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1809, 110 x 171 cm, Berlin.

A partir des éléments principaux d’une lecture littéraire de ce poème, explicitez quand et comment la peinture de C. D. Friedrich peut servir d’appoint à l’étude du poème.

Paul Verlaine, Dans les Bois • D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. • Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords Epouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. • Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde, D’où tombe un noir silence avec une ombre encore Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d’une horreur triviale et profonde. • Surtout les soirs d’été : la rougeur du couchant Le fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte D’incendie et de sang ; et l’angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. • Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. • La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant Où l’on songe aux récits des aïeules naïves… Sous un fourré, là-bas, des sources vives Font un bruit d’assassins postés se concertant. « Dans les bois » , in Poèmes saturniens, section « Caprices » , (1866)

Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1809, 110 x 171 cm, Berlin.

Eléments d’analyse de la peinture: Voir analyse de cette peinture sur le site Mucri (musée critique de la Sorbonne): article de Mathilde Labbé « Le crépuscule était son élément » Faire confiance à son regard … et à nos capacités d’analyses formes/significations Le peintre: Caspar David Friedrisch (1774 -1840) biographèmes romantiques (notamment la perte de quasi tous ses proches lorsqu’il est enfant; la maladie mentale; le succès et l’abandon); toile devenue l’archétype institutionnalisée et scolaire du romantisme: Le voyageur contemplant une mer de nuages Les motifs picturaux romantiques: l’abbaye en ruine = sacré + perte (noter que la thématisation des ruines naît déjà au siècle des Lumières mais les romantiques lui confèrent cette dimension sacrée, mystique). La forêt ou quelques arbres = significations symboliques attachées aux arbres; effets plastiques de verticalité ; effets conjugués à l’horizontalité de la ligne séparant le ciel de la terre: perception de croix, emblème chrétien par excellence. Le registre romantique: ambiance crépusculaire créée par le clair-obscur; inversion ciel/terre; le guidage spirituel du spectateur. Esthétique romantique: le sublime du paysage; l’herméneutique intérieure; la spiritualisation du matériel; les effets de contraste, d’antithèse; la petitesse de l’humain face à la nature; la palette sombre ou lumineuse; le cadrage ouvert.

Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuages 1818, 94, 4 X 74, 8 cm, Hambourg.

Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes, 1809, 110 x 171 cm, Berlin.

Monastère sous la neige 1817 -9/1945 Caspar David Friedrich Œuvre reconstituée 121 X 170 cm

Le Mariage de la vierge, Raphaël, 1504

Retour au poème de Verlaine : Quels rapprochements possibles voyez-vous avec la peinture de Caspar David Friedrich, L’Abbaye dans une forêt de chênes?

D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. • Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords Epouvantable et vague affole sans relâche, Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche Qui craindrait une embûche ou qui verrait des morts. • Ces grands rameaux jamais apaisés, comme l’onde, D’où tombe un noir silence avec une ombre encore Plus noire, tout ce morne et sinistre décor Me remplit d’une horreur triviale et profonde. • Surtout les soirs d’été : la rougeur du couchant Le fond dans le gris bleu des brumes qu’elle teinte D’incendie et de sang ; et l’angélus qui tinte Au lointain semble un cri plaintif se rapprochant. • Le vent se lève chaud et lourd, un frisson passe Et repasse, toujours plus fort, dans l’épaisseur Toujours plus sombre des hauts chênes, obsesseur, Et s’éparpille, ainsi qu’un miasme, dans l’espace. • La nuit vient. Le hibou s’envole. C’est l’instant Où l’on songe aux récits des aïeules naïves… Sous un fourré, là-bas, des sources vives Font un bruit d’assassins postés se concertant. « Dans les bois » , in Poèmes saturniens, section « Caprices » , (1866)

A quelles étapes de l’explication de texte le document iconographique peut-il être introduit?

Questions spécifiques sur l’enseignement de la poésie qui peuvent être données lors de l’entretien du capes 1. 2. 3. 4. 5. A quel (s) niveau (x) de classe et dans quel objet d’étude l’étude de la poésie est prescrite ou conseillée? Enseignerez-vous la poésie comme les autres genres littéraires ? Selon vous, quelles représentations les élèves ont-ils de la poésie ? La lecture d’un recueil de poèmes requiert-elle un accompagnement particulier ? Pour quelles compétences de français travailleriez-vous la poésie ou prendriez-vous comme supports des poèmes ? 6. Donneriez-vous à lire en lecture cursive un recueil de poèmes ? 7. La poésie permet-elle d’étudier la langue ? Est-ce le cas dans les objets d’étude consacrés à la poésie en 2 nde et 1° ? 8. Comment travailleriez-vous l’écriture à partir de poèmes ? 9. Peut-on croiser étude de la poésie et argumentation ? 10. De quels autres arts pourriez-vous rapprocher la poésie ?

Dans le cadre de l’objet d’étude de 1° sur la poésie du XIX° au XXI° s, comment ce poème et cette peinture pourraient-ils être travaillés ? Au collège?

Odilon Redon, L’Araignée qui pleure, (1881) – fusain. Collection privée, dimensions : 49, 5 cm x 37, 5 cm).

Odilon Redon, L’Araignée qui rit, (ou L’Araignée, elle sourit, les yeux levés), 1881 – fusain. Musée du Louvre (dimensions : 49, 5 cm x 39 cm).