La pense conomique au XXe sicle ECO 4062

La pensée économique au XXe siècle ECO 4062 Lecture 5 Une révolution marginaliste?

Lignes directrices � Y-a-t-il eu une véritable révolution marginaliste? Si oui, en quoi les positions «marginalistes» diffèrent-elles de celles de leurs prédécesseurs classiques? � Quelle est la différence entre les notions d'équilibre des marginalistes et l'état stationnaire des économistes classiques? � Qu'est-ce qui oppose, et qu'est-ce qui réunit les différentes positions défendues par les marginalistes? � Quels sont les legs respectifs des auteurs marginalistes à la discipline? 2

Thorstein Veblen � Sciences évolutives vs non évolutives › L’économie demeure pré-moderne › Les faits et relations causales servent toujours à légitimer la convergence du système vers un état présupposé de normalité (science non-évolutive téléologique) � Continuité entre les premières doctrines basées sur les lois naturelles, les classiques et la croyance dans un état stationnaire et les néoclassiques et leur analyse normative en termes d’équilibre � Propose une métaphore biologique (anthropologique) plutôt que mécanique › Avec le développement de l’industrie, les croyances animistes s’étiolent, déterminisme matérialiste 3

Thorstein Veblen � L’École historique allemande n’est pas animiste, mais leurs travaux sont athéoriques, les Autrichiens sont venus près, mais n’ont pu rompre avec la conception hédoniste de l’homme � Critique homo-oeconomicus › Passif, ses réactions ne servent qu’à rétablir la préséance de l’état d’équilibre présupposé › Hédonisme (utilitarisme) incompatible avec science moderne, évacue l’aspect téléologique de l’action � L’omniprésence de l’analyse en termes d’équilibre et la normativité de ce dernier est un résidu d’animisme (c’est une science à l’image de l’homme) 4

Thorstein Veblen � Une économie moderne doit reposer sur un homme économique dont l’action est téléologique, issue de sa génétique et de son environnement institutionnel (Proposition d’une anthropologie économique) � Étude des institutions, compris comme des habitudes de pensée, fera de l’économie une science moderne � Les institutions économiques › Concernent la manière dont les hommes utilisent les ressources à leur fin › Cohabitent avec les institutions non économiques 5

William Jaffé � Révision de l’histoire de la pensée économique : au-delà de la question de l’existence d’une révolution marginaliste, il est illégitime de regrouper Walras, Jevons et Menger › Fait reconnu par les HPÉs, hésitant dans l’utilisation de cette généralisation � Le terme marginalistes est associé à l’idée que l’Um était la contribution majeure des trois ce qui n’est pas le cas � Appréhension de la science en tant qu’amalgame d’outils heuristiques ou en tant que cadre structurant des connaissances et des faits (programme de recherche) 6

William Jaffé : sur Walras � Le programme de recherche de Walras concerne le fonctionnement d’une économie concurrentielle et sa contribution est l’équilibre général � Walras introduit la rareté dans son système seulement en 1872 › La rareté était la solution pour la résolution de l’équilibre général d’un marché concurrentiel, pas l’intuition sur laquelle ce dernier a été développé (révision de l’hypothèse de Schumpeter) › Aucune influence ne l’amène à trouver la solution au problème de la valeur et de l’utilité soulevé par son père, c’est Piccard qui lui fournit tardivement cette aide � Son intérêt est le marché, pas l’action économique de l’homme (dans le cadre de l’étude de l’éco. pol. pure. ) 7

William Jaffé : sur Jevons � Le programme de recherche de Jevons concerne le développement du calcul hédoniste et sa contribution est une théorie subjective de la valeur basée sur l’Um � Jevons ne prescient pas l’équilibre général (Jevons lui-même déclare qu’il ne cherche pas à proposer une vision d’ensemble de l’économie) � Jaffé est plutôt critique de la contribution de Jevons › Sa théorie de l’Um n’est pas plus riche que celle de Walras et n’arrive à faire reposer formellement la demande sur l’Um › Sa détermination de la 2 e loi de Gossen ne repose pas sur une analyse du fonctionnement du marché › Il ne propose pas de vision convaincante d’une économie concurrentielle 8

William Jaffé : sur Menger � Son programme recherche s’intéresse aux forces économiques sous-jacentes à l’action de l’homme (en amont de ces comportements, pas en aval à travers l’explication des prix) � Sa présentation de l’Um est plus riche que celle de Jevons qui repose sur une métaphore mécanique et que celle Walras qui n’y portait pas autant d’intérêt � Sur le plan méthodologique Menger se distingue : › Refuse une théorie déterministe du prix, l’idée de l’équivalence dans l’échange et plus généralement la notion d’équilibre › Rejet des mathématiques par principe, cherche une causalité génétique s’inscrivant dans le temps, pas logique et statique › Homme économique doué d’une information imparfaite évoluant dans l’incertitude › S’intéresse davantage aux marchés monopolistiques que concurrentiels 9

William Jaffé : fin � Des «marginalistes» › Walras est le père de l’économie moderne › Menger est le sous-estimé des trois, et pourtant supérieur à Jevons, et il est le générateur du programme autrichien › Et Jevons? Pauvre Jevons. 10