I La prose dides une srie de constats

I/ La prose d’idées : une série de constats II/ L’écriture de soi : Rousseau III/ Histoire, religion, philosophie (Voltaire, cf. CM VII) : Montesquieu, De l’Esprit des lois, Rousseau : Discours, Du Contrat social IV/ Lettres et les sciences : Buffon IV/ L’Encyclopédie

I/ La prose d’idées : une série de constats : 1/ Dans la production de Voltaire, de Rousseau, de Diderot (pour ne citer que les plus grands) on ne peut pas opérer un partage entre ce qui relèverait du « littéraire » et ce qui ne le serait pas. Le rapprochement entre les sciences et les Belles Lettres. 2/ La prose d’idées comprend les formes qui relèvent du genre démonstratif. La prose d’art se caractérise par : un discours à la finalité pédagogique ou philosophique ; une rhétorique de type argumentatif (convaincre) plutôt que littéraire (émouvoir) ; l’absence de la fiction. Voltaire emploie le terme « la littérature d’idées » .

3/ L’idée d’embellir les sciences par la littérature : la littérature comme un portique commode pour faire entrer le public dans le monde de la philosophie, des « sciences abstraites du raisonnement » . 4/ Les formes pratiqués : essai (par ex. Rousseau, Essai sur l’origine des langues, 1761 ; Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron, 1778/1782) ; maxime (forme issue de la littérature mondaine, par ex. Vauvenargues, Nicolas Chamfort) ; pensées ( par ex. Diderot, Pensées philosophiques 1746, Joseph Joubert : pensées, essais, carnets) ; discours (par ex. les discours de Rousseau) ; formes dialogiques : dialogues, entretiens (par ex. La Hontan, Dialogues curieux avec un sauvage de bon sens qui a voyagé 1703, Voltaire, Entretiens d’un Sauvage et d’un Bachelier, 1761, Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville, 1772 ) ; lettre d’idées (par ex. Voltaire, Les Lettres philosophiques, 1734, Diderot, Lettre sur les sourds et les muets, 1751).

II/ L’écriture de soi Le journal intime incarne ce type de l’écriture : Joseph Joubert, Sade, Benjamin Constant rédigent les journaux intimes au tournant des XVIII / XIXe s.

Jean Jacques Rousseau, Les Confessions, rédigées entre 1765 et 1770, publication posthume en 1782 (livres I à VI) et en 1789 (livres VII à XII) Confession publique et journal intime : « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme ce sera moi. » L’ouvrage est à la fois un témoignage, un plaidoyer et une œuvre d’art. Persuadé d’être persécuté, Rousseau veut montrer la culpabilité de la société et son innocence. Il veut frapper l’imagination et la sensibilité des lecteurs. Rêveries du promeneur solitaire (1782)

Montesquieu : Les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains (1734), De l’Esprit des lois (1748) : Source du succès : la clarté des opinions, leur utilité et leur modernité. Par ex. l’idéal de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire est devenu un dogme des démocraties libérales opposées à la dictature. La modé ra tionde la puis sance de juger = se défendre contre les abus du pouvoir.

Chaque système politique a son principe : la république – l’intérêt général ; la monarchie – le pouvoir d’un seul qui est limité par les lois fondamentales, de corps intermédiaires comme la noblesse ou les parlements et qui est fondé sur l’honneur et le souci de distinction ; le despotisme - le pouvoir d’un seul sans limite et repose sur la crainte. Montesquieu décrit les conséquences de ces trois principes dans l’éducation, la justice etc.

Au XVIIIe le discours a souvent une valeur polémique. Il témoigne de l’engagement de l’auteur et il se caractérise par une argumentation suivie et par l’enchainement des démonstrations.

Jean Jacques Rousseau Le Discours sur les sciences et les arts (1750) : couronné par l’Académie de Dijon rend l’auteur célèbre. Le Discours sur les sciences et les arts a une thèse provocatrice : la corruption des mœurs est due aux effets du luxe et des arts. Le Discours sur l’origine de l’inégalité (1755) développe avec plus d’audace les idées du premier discours. Les Discours sont des „bombes” posées dans la réflexion philosophique de l’âge classique parce qu’ils mettent en cause l’optimisme philosophique des Lumières elles mêmes, leur croyance dans la civilisation et le bonheur que celle ci est censée apporter et parce qu’ils donnent à la philosophie morale une orientation et une finalité nettement politique. Les discours montrent la dénaturation de l’homme par la société.

Du Contrat social (1762) ): Rousseau tente de déterminer les bases d’une société politique où l’homme jouit de ses droits, garanti contre l’oppression. IV livres : I/ le pacte social « chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie invisible du tout » ; II/ la souveraineté tout gouvernement légitime est républicain ; III/ le gouvernement (définition de l’état idéal) ; IV/ le fonctionnement – Rome exemple des rouages politiques. La religion civile « bienfaisante, pourvoyante, tolérante » = la base du fonctionnement social.

IV/ Lettres et les sciences Au XVIIIe le philosophe est à la fois écrivain, penseur, homme engagé conduit par le désir d’être utile et agissant par l’amour de la société. La littérature devient une arme de combat des idées. Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707 -1788) : savant et philosophe, jardinier et homme d’affaires, mathématicien, biologiste… exemple de ces esprits universels que le XVIIIe s produisait et admirait.

Buffon: Histoire naturelle (1749 1789), 36 volumes, illustrés, comprenant par ex. Histoires naturelle de l’homme ; Histoires naturelle des animaux, Histoires naturelle des oiseaux, ou Histoires naturelle des minéraux… L’intérêt scientifique de ces livres est aujourd’hui diminué mais leur valeur philosophique et littéraire demeure intacte. Ses écrits sont des hymnes à la science, à la civilisation, à l’homme. Discours sur le style (1753). Le style = « l’ordre et le mouvement qu’on met dans les pensées » ; « le style c’est l’homme même» .

Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique (1695 -1697) ouvre la voie aux Encyclopédistes qui veulent « rassembler les connaissances éparses à la surface de la terre » et rendre les hommes « plus instruits et plus heureux » .

L’Encyclopédie 28 volumes (17 volumes de texte + 11 volumes de planches), 72 000 articles, 140 auteurs, 27 ans de travail sept premiers volumes : 1751 -1757, dix volumes suivants : 1766, les planches éditées de 1762 à 1772

Diderot : coordinateur, auteur d’un grand nombre d’articles sur les matières littéraires et artistiques D’Alembert : se charge de la partie scientifique (mathématiques et physique), il rédige la présentation et nombreux articles de fond. Les plus fidèles collaborateurs : Jaucourt, d’Holbach les spécialistes, par ex. Quesnay, Turgo, en économie ; Venel en chimie, Daubenton en sciences naturelles ; Mably, Raynal en théories politiques ; abbés Mallet, Morlet, De Prades en religion….

L’Encyclopédie ouvre l’ère des sciences humaines, combat les préjugés, dépasse le stade de l’érudition pure, mais explique l’évolution et le progrès des connaissances.