14me anne 124me CafPhilo agathois prpar avec Chantal

14ème année / 124ème Café-Philo agathois préparé avec Chantal Bernhart et Alexandre Corréard 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : Deux acceptions du mot ”Secte” 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question 5. En guise de conclusion Choix des 9 thèmes de la saison 2018 -2019

Étymologie et définitions § Étymologie : Secte vient du latin secta, de sequi, suivre, manière de vivre, école. Le mot secte est apparu vers § 1300. Sectateur en 1495. Sectaire en 1561. Sectarisme à la fin du XIX e. Définitions : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : ü Ensemble de personnes professant une même doctrine (philosophique, religieuse, etc. ) : La secte d'Épicure. ü Groupement religieux, clos sur lui-même et créé en opposition à des idées et à des pratiques religieuses dominantes. ü Clan constitué par des personnes ayant la même idéologie : Ce petit groupe constituait une secte à l'intérieur du parti. Synonymes : chapelle, clan, coterie, parti. Dictionnaire de Philosophie Christian Godin (extrait) : ü Au sens premier : ensemble des adeptes d’une philosophie (la secte d’Epicure) ou d’une religion (la secte mahométane). Un sectaire était l’adepte d’une religion ou d’une philosophie. ü Au sens institutionnel, donné par Hobbes (1588 -1679) : religion minoritaire. Une secte presque toujours se détache d’une religion par hérésie ou schisme. Elle constitue une religion et s’institue en Eglise lorsqu’elle devient dominante (le bouddhisme du brahmanisme, le christianisme du judaïsme par ex. ) ü Au sens politique moderne : ensemble de croyants unis par des dogmes rigides de nature fréquemment apocalyptique, aveuglément soumis à un chef (gourou) et presque totalement fermé au monde extérieur et dont le fanatisme peut déboucher sur le suicide ou l’assassinat.

Citations choisies § Par Chantal : « Ces jeunes qui flottent sont des proies parfaites pour les sectes et les mouvements extrémistes. Quand on ne sait pas qui on est, on est ravi qu’une dictature vous prenne en charge et, dès l’instant où l’on se soumet à un maître, à un texte unique, on devient fanatique. » de Boris Cyrulnik (Neuro-psychiatre français né en 1937) § Par Alexandre : « La démocratie s’accommode du communautarisme, des phénomènes sectaires. La République non. » de Henri Gainau (haut fonctionnaire et homme politique français, membre du parti Les Républicains, né en 1957) § Par Jean-Paul : « Secte, religion ; foi, superstition, juste un problème de définition. » d’Antonio Navalhas.

Notions / Concepts / Prises de vues Deux acceptions du mot ‟Secte” 1. L'acception doctrinale : § Historiquement, le mot secte a été employé par les historiens, les théologiens, les sociologues en référence à un contenu doctrinal souvent religieux et parfois philosophique. § On appelait alors "secte" un groupe de personnes qui avaient décidé librement de suivre un maître à penser, de vivre selon l'idéal et les normes du maître et de professer son message. § Ou encore, on appelait "secte" une dissidence religieuse qui se séparait du groupe majoritaire, ce qui n’empêchait pas qu’ultérieurement la dissidence puisse devenir à son tour majoritaire. Au plan doctrinal, secte et religion ne seraient-elles pas du même ordre ? 2. L'acception comportementale : § Avec l'avènement des "nouvelles sectes", le mot "secte" n’a-t-il pas pris désormais une connotation péjorative et a fini par ne désigner que les sectes dangereuses, destructrices ? § Si, autrefois, on employait le mot "secte" pour désigner des groupes religieux ou philosophiques sur un plan doctrinal; § Aujourd'hui ne l'emploie-t-on pas pour dénoncer les comportements sectaires de groupes totalitaires qui, sur un plan comportemental se caractérisent par des techniques perverses d'endoctrinement, de destruction et d’escroquerie à des degrés divers ? Seules techniques comportementales ne font-elles pas la différence entre secte et religion ? Où commence une secte et où finit une religion ? La secte n’est-elle que la religion des autres dont-on se méfie ? Une religion est-elle seulement une secte qui a réussi ?

QUESTIONS 1. Comment distinguer secte et religion ? 2. Pourquoi les sectes sont-elles nocives ? 3. Pourquoi adhère-t-on à une secte ?

1. Comment distinguer secte et religion ? Animation Chantal Bernhart Croire plutôt que connaître, n’est-il pas ce qui tend à confondre secte et religion ? La différence des comportements n’est-elle pas ce qui distingue secte et religion ?

1. Comment distinguer secte et religion ? 1. Croire plutôt que connaître, n’est-il pas ce qui tend à confondre secte et religion ? § Croyance vient du latin credentia, substantif de credere, croire, avoir confiance. § Toute croyance (comme toute opinion en plus radicale et déterminante) n’est-elle pas l’adhésion à une idée tenue pour vraie sans pouvoir en apporter la preuve par la raison et/ou l’expérimentation ? § Toute croyance n’est-elle pas une conviction de l’ordre du dogme procédant d’une vérité révélée ? § Connaissance vient du latin cognitio, action d’apprendre pour connaître § Toute connaissance n’a-t-elle pas pour but de rendre présent à l’entendement ou à l’esprit un objet (externe ou interne) en essayant d’en posséder une représentation la plus adéquate possible ? § Quoique toutes les connaissances ne soient pas strictement rationnelles, le doute et la raison ne sont-ils pas incontournables pour assurer la cohérence des sensations, des observations et des expériences ? N’est-ce pas la confiance aveugle en une vérité révélée de l’ordre de la foi qui tend à confondre secte et religion ? 2. La différence des comportements n’est-elle pas ce qui distingue secte et religion ? § Si au plan doctrinal il n’y a pas de différence fondamentale entre secte et religion, n’est-ce pas au plan comportemental que l’on peut les distinguer ? § Les critères suivants retenus par le père Trouslard ne permettent-ils pas d’analyser les différences : ü Le triple conditionnement des adeptes par la technique du bourrage de crâne, de la soumission, de l'adhésion personnelle au « maître » ou au « gourou » , ü La triple destruction d'eux-mêmes, de leur famille, de la société, ü La triple escroquerie : intellectuelle, morale et financière ? Les procédés d’endoctrinement qui visent à assujettir l’adepte quitte à le détruire, afin que le « maître » puisse en tirer un profit personnel, ne constitue-t-il pas le critère fondamental qui permet de distinguer secte et religion ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est-ce pas seulement le comportement -lorsqu’il est sectaire, radicalisé, intolérant et totalitaire- qui permet de distinguer secte et religion et non l’ancienneté ni le nombre élevé de croyants ou d’adeptes ?

2. Pourquoi les sectes sont-elles nocives ? Animation Alexandre Corréard Toutes les croyances sont-elles nocives ? Comment identifier une secte particulièrement nocive voire dangereuse ?

2. Pourquoi les sectes sont-elles nocives ? 1. Toutes les croyances sont-elles nocives ? § Le mot croyance vient du latin credentia, substantif de credere, croire, avoir confiance. § Du même ordre que la croyance mais en plus engagée et déterminée, la foi n’est-elle pas, comme dit Kant, une croyance qui n’est suffisante que subjectivement ? § Mais en quoi la croyance ou la foi seraient-elles nocives voire dangereuses individuellement ou socialement? § N’est-ce pas, parce qu’en confondant valeurs et vérités, les croyances poussent à l’intolérance voire à la haine de ceux qui ne partagent pas les mêmes valeurs et vérités ? Comment les croyances, dès lors qu’elles prétendent détenir la vérité, ne seraient-elles pas nocives individuellement et collectivement, si les valeurs qu’elles défendent ne sont pas celles de l’amour du prochain ? 2. Comment identifier une secte particulièrement nocive voire dangereuse ? § N’est-ce pas sur le terrain du comportement plutôt que de la doctrine qu’il faut se placer pour mesurer la nocivité des sectes et pouvoir faire la différence entre foi saine et foi sectaire ? § Les critères suivants retenus par les associations antisectes, les commissions parlementaires et les missions du gouvernement (en France) ne permettent-ils pas d’identifier les croyances sectaires : ü Structure pyramidale et mode de gestion totalitaire; l’adepte est alors soumis à l’autorité intangible d’un gourou ou d’une organisation héritière de son message; ü Enseignement radicalement dogmatique -qui prétend détenir le monopole de la vérité et offrir la seule voie possible du salut- allié à une obligation de prosélytisme à tout prix; ü Césures de toutes sortes. Le monde et les relations extérieures sont discrédités voire diabolisés; ü Altération de l’identité de l’adepte par séduction, culpabilisation, menaces, mobilisation, promesses de développement et de salut élitiste. ü Crainte du rejet par le développement du sentiment de dépendance au groupe face au monde extérieur Aliénation, soumission de la personnalité et du libre arbitre, comment une secte ne serait-elle pas nocive ? En assujettissant l’adepte à une vérité révélée, la secte n’en fait-elle pas un bras armé prêt à tout, ce qui ne peut être que nocif voire très dangereux tant individuellement que socialement ?

3. Pourquoi adhère-t-on à une secte ? Comment passe-t-on de l’identité à l’identitaire ? Les sectes ne sont-elles pas un rempart contre la fragilité intérieure ?

3. Pourquoi adhère-t-on à une secte ? 1. Comment passe-t-on de l’identité à l’identitaire ? § Pour le philosophe Paul Ricœur (1913 -2015), l’identité de chaque individu, de chaque groupe, possède deux composantes, qui prennent tout leur sens à l’aide de deux questions : ü « Que suis-je ? » C’est la dimension objective de l’identité où l’on s’interroge sur les caractéristiques communes qui nous lient aux autres et nous permettent de vivre ensemble. C’est l’identité-mêmeté. ü « Qui suis-je ? » C’est la dimension subjective de l’identité où l’on se demande ce qui nous est propre et ce qui nous différencie des autres. C’est l’identité-ipséité (du latin ipse, soi-même) § De fait, si nous privilégions trop l’identité-ipséité par besoin de se singulariser, comment cela ne serait-il pas au détriment de l’identité-mêmeté qui nous ouvre à l’altérité ? Quand les dissemblances singulières prennent le pas sur les ressemblances collectives, comment l’identitaire, le repli sur soi, la survalorisation de sa spécificité, ne masqueraient-ils pas l’identité, la reconnaissance de nos semblables ? 2. Les sectes ne sont-elles pas un rempart contre la fragilité intérieure ? § Qu’ils soient qualifiés d'intégristes, de fondamentalistes, de fanatiques ou de dogmatiques, les groupements sectaires ne partagent-ils pas tous la même conviction : celle de détenir la vérité absolue, ce qui leur permet de condamner en bloc tous ceux qui pensent différemment ? § Selon T de Saussure (professeur d’université suisse), l’attirance des sectes pourrait s’expliquer comme suit: ü De même que l’enfant cherche à s'assurer l'amour de ses proches en se conformant à ce qu’ils attendent de lui, le fidèle cherche à s’assurer l’amour de Dieu en se conformant à ce qu'il croit être la vérité divine. ü Plus l'identité d'un individu est fragile et a du mal à se construire, plus il sera tenté de recourir à l'imitation de personnes influentes et à solliciter l’approbation de leaders qui lui montrent la voie à suivre. ü Pour des êtres sujets aux angoisses existentielles, les références dogmatiques sont recherchées comme une forteresse où s'abriter. En appartenant à un groupe convaincu de détenir la vérité, les personnes à l'identité fragile ne trouvent-elles pas un remède à leur sentiment d'infériorité en condamnant ceux qui pensent différemment en se sentant supérieurs ? Le besoin de certitude allié à la fragilité de la personnalité ne serait-il pas la cause de l’adhésion sectatrice et du repli identitaire sur soi qui prendrait le pas sur l’ouverture aux autres ?

Les dérives sectaires de certaines religions ne démontrent-elles pas que ce sont d’abord les comportements qui font la différence entre secte et religion ? Quelle religion digne de ce nom, pourrait se permettre de renier l’éthique d’amour, d’ouverture à l’altérité et de fraternité sans devenir une secte ? Que pouvons nous faire pour éviter que ne basculent dans la haine sectaire les esprits fragiles qui manquent d’amour si n’est de mieux les aimer ?

Choix des 9 thèmes de la saison 2018 -2019 (34) Créativité (17) (35) Féminisme (14) (31) Chance (11) (28) Existentialisme (11) (29) Idéologie (14) (20) Occultisme (13) (35) Libre-arbitre (11) (23) Sophisme (11) (31) Perfection (13) (27) Quantique (13) (26) Fraternité (10) (17) Sacré (10) (23) Doute (12) (33) Harmonie (14) Communautarisme (9) (14) Cupidité (9) (12) (34) Spiritualité (19) Ascétisme (12) (11) (16) Economie (9) (29) Vocation (9) (x) Résultats du vote final du 3 avril / Thèmes retenus (x) Résultats du vote primaire par internet (choix de 20 thèmes sur 100 par 32 votants) 3 avril 2018

Prochaines réunions MDS Agde de 18 h 30 à 20 h : • "Conviction" : mardi 15 mai (3 15 mai eme mardi du mois !) • "Ethique" + synthèse saison 2017 -2018 : mardi 12 juin MAM Béziers de 18 h 30 à 20 h : " Discipline et liberté sont-elles compatibles ? " mercredi 18 avril Informations et documents sont disponibles sur : http: //www. cafe-philo. eu/