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Titre: Les néologismes dans les textes fabriqués dans les manuels scolaires de la 2ème et 3ème année moyenne. DAHLIZ Thinhinane et SABRI Malika DLCA/UMMTO
Plan Introduction Problématique Présentation du corpus Types de textes recensés dans les textes fabriqués Définition du texte fabriqué Définition de la néologie Les néologismes dans les textes fabriqués dans les manuels scolaires de la 2ème et la 3ème A. M Place de l’emprunt dans les textes fabriqués Néologismes pris des autres variétés de tamazight (emprunt interne) L’usage de la néologie explique une tentative de la standardisation/normalisation du lexique Conclusion
PROBLEMATIQUE Notre travail consiste à recenser les néologismes contenus dans les textes fabriqués dans les manuels scolaires de 2ème génération du cycle moyen des deux niveaux : 2ème et 3ème A. M, les analyser, et vérifier leur source. Il est question aussi d’expliquer l’impact des néologismes sur la langue utilisée et le sens véhiculé par ces supports (textes).
INTRODUCTION Les manuels scolaires de la langue amazighe ont été confectionnés par le MEN et l’équipe du groupe spécialisé des disciplines (GSD) en 2003. Ces supports pédagogiques ont connu quelques changements en particulier au niveau des textes. C’est le cas des manuels du deuxième palier.
CORPUS Cette étude abordera la question de la néologie dans les textes fabriqués dans les manuels de 2ème génération du moyen (2ème et 3ème année). Les textes des manuels scolaires sont diversifiés. Ils consistent dans : le narratif, le descriptif, l'argumentatif et l'explicatif. Ils sont structurés en fonction de l'approche textuelle.
Types de textes recensés dans les textes fabriqués Le parcours des manuels scolaires du cycle moyen nous a permis de mettre en exergue différents types de textes fabriqués dans le manuel de la 2ème année moyenne (A. M) sont : le narratif et le descriptif. Ceux de la 3ème A. M sont de types explicatif et argumentatif. Autrement dit, nous avons une typologie de textes répartie sur deux années.
Titre Type de texte Niveau Auteur At Weɛban Descriptif 2ème A. M Hacene HELOUANE Tudert n Belɛid Narratif 2ème A. M Amar MEZDAD Tilelli Descriptif 2ème A. M Ali LOUNIS Timerqemt Explicatif 3ème A. M Imeskaren Abareɣ Explicatif 3ème A. M Yahia BELLIL Allal n teywalt Explicatif 3ème A. M Anonyme Amtiweg n umaḍal Explicatif 3ème A. M Ramdane ACHOUR Abulkan Explicatif 3ème A. M Ramdane ACHOUR Znezla Explicatif 3ème A. M Ramdane ACHOUR Ammus n waman Argumentatif 3ème A. M Yahia BELLIL Tsukkes-d i umerreḥ Argumentatif 3ème A. M Yahia BELLIL
Il apparait que les textes en question, dans leur majorité, sont l’œuvre des concepteurs des manuels, voire le groupe du GSD. Parmi eux figurent un universitaire qui est un enseignant au département de langue et culture amazighes de Tizi-Ouzou et des inspecteurs de la langue tamazight. D’autres sont proposés par soit un enseignant au département de langue et littérature française, soit un extrait d’un écrivain connu (Amar Mezdad), soit d’un auteur anonyme.
Qu’est ce qu’un texte fabriqué ? Les textes fabriqués sont des supports dont le contenu évoque des sujets qui sont nouveaux pour le domaine amazigh. C’est le cas des thèmes d’ordre scientifique comme le volcan, le système solaire, la pollution, etc. L’objectif est de permettre à l’apprenant de toucher à tous les domaines à travers cette langue.
Définition de la néologie Le néologisme est un terme nouveau ; il est le fruit de la création lexicale qui a comme objectif de nommer de nouvelles notions et par conséquent de permettre au lexique de croitre. Etant donné que les sociétés évoluent, la langue en tant que moyen de communication devrait traduire la réalité extra linguistique. D’où la présence des textes fabriqués dans les manuels scolaires de la langue tamazight.
Les néologismes dans les textes fabriqués dans le manuel scolaire de la 2ème A. M Dans un souci de clarté, nous avons choisi de présenter les différents types de néologismes selon les textes dans les tableaux suivants. Néologisme Le sens Equivalent en kabyle Source 1. Ad sgunfun Ils vont se reposer Ad steɛfun 1. Tagnit Un moment Taswiɛt « Dictionnaire des racines berbères communes » / M. A. Haddadou «Asegzawal n teqbaylit s teqbaylit » /Kamal Bouamara 1. Aselsu Vêtement Acettiḍ «Lexique du berbère moderne» H. A. Mansouri 1. Tagrest Hiver Cetwa Amawal n tmaziɣt tatrart/ M. Mammeri 1. Ugar D’avantage, plus que Kter Amawal n tmaziɣt tatrart/ M. Mammeri
Nous avons recensé 6 néologismes qui ont tous un équivalent dans la langue de l’usage. Il s’agit à titre d’exemple « sgunfu » à la place de « steɛfu » et « Tagnit » au lieu de « Taswiɛt » . Autrement dit, le remplacement des lexèmes empruntés par des néologismes.
Texte : « Tudert n Belɛid » de Amar Mezdad Néologisme Le sens Equivalent en kabyle Source 1. Amaru Ecrivain Win yettarun Amawal n tmaziɣt tatrart /M. Mammeri 1. Aɣerbaz Ecole Llakul Amawal n tmaziɣt tatrart /M. Mammeri 1. Tatrart Nouveauté Tajdiḍt Amawal n tmaziɣt tatrart/M. Mammeri 1. Akayad Examen / Amawal n tmaziɣt tatrart /M. Mammeri
Nous avons recensé 6 néologismes dont quatre ont un équivalent dans la langue de l’usage, pendant que les deux autres représentent de nouvelles réalités. C’est le cas de « Akayad » (examen) et de « Aselkin » pour dire (certificat)
Texte : « Tilelli » de Ali Lounis Néologisme Le sens Azal Environ Equivalent en kabyle Leǧwayeh, lqis Snat n tmerwin d semmus Vingt -cinq Xemsa u ɛecrin Aknar Mannequin / Iselsa Vêtements Icettiḍen Ufraren Excellents Zaden, lhan aṭas Tafulki La beauté Ccbaḥa Ureɣ L’or Ddheb Aneglus Ange Lmelk Tadfi Délice, plaisir / Tessezray Elle passe Tesɛedday Tiliẓri Télévision Tilibiziu Asedwel Education Ttrebga
Nous avons recensé 13 néologismes dont 12 ont un équivalent dans la langue de l’usage, . C’est le cas de « Iselsa à la place de « icettiḍen» (les habits) et « Tafulki » à la place de « ccbaḥa » (la beauté » . Le seul lexème nouveau est celui de « Aknar” qui a le sens de « « mannequin » . A travers ces exemples, nous pouvons comprendre la démarche de l’auteur qui consiste à remplacer les emprunts par des mots nouveaux.
A travers ces tableaux, il apparait que les néologismes utilisée dans ces textes tels que : maca (=mais), acku (= parce que), ira (=il veut), asgunfu (=repos), semrasen (=emploient), iselsa (=vêtements), … remplacent des lexèmes attestés en kabyle, voire dans l’usage en dépit de leur origine: maca (= maεna), acku (=axaîer), ira (=yebγa), asgunfu (=asteεfu), semrasen (=sexdamen), iselsa (=icettiḍen). D’autres néologismes sont employés car le terme n’existe pas dans la langue, dans ce cas précis, la néologie devient incontournable : exemples : aknar (=mannequin), Akayad » (examen) et « Aselkin » pour dire (certificat).
Les néologismes dans les textes fabriqués dans le manuel de la 3ème A. M Texte : « Timerqemt » de : Imeskaren Néologisme Le sens Equivalent en kabyle Aglam Description Awṣaf Tukza (akez) Reconnaitre, identifier Aɛqal Initen Couleurs Llun Imɣan Plantes Lɛecba, leḥcic Asun Arrondissement Tamdewwert Aras Brun Axemri Nezzeh Beaucoup, très Xilla, aṭas
Nous avons recensé 16 néologismes dont 13 ont un équivalent dans la langue de l’usage. C’est le cas de «Tukza” à la place de «Aɛqal » (reconnaitre) et « Aras » à la place de « axemri» (brun » .
Texte : « Abareɣ » de Yaḥya Bellil Néologisme Le sens Equivalent en kabyle Iznan Les messages/ Lettres Tibratin Semrasen Ils emploient, utilisent Sexdamen Umlan Isallen Selɣuyen Renseignements/ informations Ils communiquent Tuget La majorité Amur ameqqran Tijummiwin Territoires, surfaces Imeḍqan Tarkeft Clique, caravane Taqeḍɛit Acku Parce que Axaṭar Ttemsawalen, ttemyehḍaren
Nous avons recensé 9 néologismes dont 7 ont des équivalents dans la langue de l’usage. C’est le cas de «Iznan » à la place de «Tibratin » (lettres) et « Semrasen » à la place de « Sexdamen» (Ils emploient, utilisent » . le néologisme « Agama” (La nature) n’a pas d’équivalent en kabyle.
nous remarquons, qu’en dépit de l’existence des lexèmes en langue kabyle, la langue maternelle de la plupart des apprenants ainsi que celle des concepteurs, ces derniers ont remplacé un lexème existant par un néologisme. Nous considérons ces remplacements comme une déviation de l’objectif même de la néologie, ceci d’une part et une « destruction » de la langue première d’une autre surtout si ces substitutions domineront les pratiques langagières et l’usage
Extrait Texte : « Abulkan » de Ramdane ACHOUR P 85 Abulkan yebḍa ɣef kraḍ n yimuren : tasraft n ubaliɣ, tanibba, d usenfu. Tumant n yibulkanen am znezla, d analkam n wayen iḍerrun ddaw tmurt. Amaḍal mnennint daxel-is tissiwin, ta nnig ta. Gar tissiwin-a d idil ay yellan ddaw tɣerraft n wudem n umaḍal……… s ufella ttifrirent tḥedrin timẓikwiyin. Abaliɣ n yidil yegza irekkem acku tifesniwin n teẓɣelt mačči d izli ay ulint deg-s……
Néologisme Le sens Equivalent en kabyle 1. Abulkan Volcan Ahdum 1. Imirid 1. Abaliɣ Magma 1. Tanibba Cheminée 1. Asenfu Cratère/Ouverture de akoufi 1. Tumant Phénomène 1. Analkam Conséquence 1. Taɣerraft Croute terrestre 1. Tifesniwin Degrés 1. Timzikwiyin Tectonique 1. Tililac Bulles Ticufiḍin 1. Irexṣiwen Crevasses Iceqqiqen 1. Astaɣ L’explosion Aṭeḍeq 1. Tasitit Pression 1. Tamert Heure Aqemmuc n ukufi Tiqcert n tmurt Saɛa
Etant donné notre expérience dans l’enseignement dans le deuxième palier, nous avons remarqué ce qui suit : -Difficulté de perception des néologismes par les apprenants. -Utilisation abusif des néologismes dans ces textes explique en partie les difficultés de compréhension de leur signification. Les néologismes sont difficiles à retenir comme : timẓikwiyin (=tectoniques), irexṣiwen (=crevasses), timsuknin (=usines), tilẓitin (=innondations). - Présence de plusieurs appellations pour désigner le même référent : Abaliɣ/ amagmu (=magma) ; asenfu/asgunfu (=repos).
-Difficulté de trouver la racine de certains termes. Ce qui ne permet pas aux enseignants d’expliquer leur origine aux apprenants : timsuknin (=usines), tilẓitin (=innondations), arured (=vitesse), … -Eviter l’usage de néologismes ayant plusieurs sens afin que les apprenants les apprennent facilement : asenfu (=repos/ Cratère) ; tagnit (=situation/ circonstance/ un moment) ; asun (=Daira/ arrondissement)
Place de l’emprunt dans les textes fabriqués Après l’analyse de notre corpus, nous avons remarqué une rare apparition des emprunts dans les types : descriptif, argumentatif et explicatif, ils sont remplacés par des néologismes, comme le montrent les exemples suivants : Lbir anu (le puit) Ajdid atrar (nouveau) Ddheb ureɣ (l’or) Lmelk agens (ange) Awṣaf aglam (description) Leḥcic imɣi (l’herbe)
Par contre nous avons remarqué un usage fréquent dans le type narratif, notamment dans le texte « Tudert n Belɛid » (la vie de Bélaid) nous citons les exemples suivants : Tiktabin : livres Tseḥfeḍ : Faire apprendre Tlata : trois Setta : six Dduminu : domino Lɛesker : les militaires Sserǧan : le sergent
Néologismes pris des autres variétés de tamazight (emprunt interne) Pour combler le manque d’unités lexicales, comme toute langue, le kabyle a emprunté à d’autres variétés du berbère. En voici quelques-uns Le néologisme Sens Dialecte d’emprunt Astaɣ Explosion Chleuh Tamiḍi Cent Touareg, parler de l’Ahaggar anu Puits Touareg, parler de l’Ahaggar Ureɣ Or touareg, parler de l’Ahaggar Asedwel Education touareg, parler de l’Ahaggar Initen Couleurs touareg, parler de l’Ahaggar Awtem/Tawtemt Mâle/ Femelle Chaoui
L’usage de la néologie explique une tentative de la standardisation/normalisation du lexique En parcourant les contenus des manuels du moyen, nous remarquons que le groupe du GSD a intégré la variation ; celle-ci est-elle orientée principalement vers la restriction des emprunts ou bien vers une proposition d’une langue standard ?
Si nous partons du principe d’enseigner la langue maternelle(kabyle) aux apprenants, nous ne sommes pas obligés dans un premier temps d’aborder cette question. Si maintenant nous voulons proposer un modèle standard ; à ce niveau, la question est complexe car il n’incombe pas à un groupe, seul, d’aborder cette opération. Au contraire, la question de l’aménagement linguistique est un processus qui nécessite l’effort de tous.
Conclusion Pour conclure, nous soulignons que la création néologique est un travail de longue haleine qui doit se réaliser par une équipe pluridisciplinaire. De même, l’unification terminologique et lexicale devrait se faire en donnant les moyens nécessaires. Introduire des mots nouveaux d’une façon graduelle tout en limitant le nombre ; car l’apprenant n’est pas encore prêt à assimiler autant de néologismes.
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