Thorie des systmes dinformation 4 SOCLE SEMANTIQUE ULB
Théorie des systèmes d’information 4 SOCLE SEMANTIQUE ULB 20 décembre 2003 1
Couches du système d’information 2
Approche linguistique du SI • Le SI est un langage, un système de signes qui est à la fois : – θέσις : support de la circulation des idées au sein de l’organisation (de même que l'image du signal sonore est le support de la conversation entre des personnes), – φύσις : « cadre conceptuel a priori » qui, fondant le discernement des agents, leur permet de percevoir les événements du monde réel et d’agir sur lui. • Ce langage se forme à l’articulation : – de la physique de l’entreprise (fonction de production, marché, crédit) • Principes d’urbanisme, modélisation – de sa sociologie (comportement des acteurs) • Importance de l’organisation interne et des réseaux d’influence – Quelles sont les priorités de l’entreprise ? • Modestie ou timidité ? 3
Urbanisation du SI 4
Application, composant, processus • Application – Structure de données + algorithmes de calcul • Composant – Ensemble de classes organisées autour d’une classe maître et décrivant un être du monde réel – Analogue à « dossier » – Passer de l’application au composant = faire passer la priorité des algorithmes aux données • Processus – Succession des tâches qui concourent à la production de valeur – Les applications ne contiennent pas d’information sur les processus – Les SI modernes automatisent le parcours des dossiers entre les divers agents qui doivent les traiter 5
De l’urbanisation à la modélisation • Une même démarche, une portée différente – Chronologie, granularité • La modélisation – Langage UML (Unified Modeling Language, 1997) • Domaines, processus, activités, composants, données • Diagrammes d’activité, de classe, de séquence • Un problème : la communication – Un pivot : le référentiel 6
Le référentiel • Donnée = couple logique formé par une définition et une mesure • Type de la mesure : booléen, entier, réel, qualitatif, ordinal etc. • La donnée devient une information lorsqu’elle est communiquée à un être humain capable de l’interpréter • Les définitions sont contenues dans le référentiel – – « Populations » Identifiants Nomenclatures Identification du propriétaire de chaque donnée • L’administration des données est garante de la qualité du référentiel 7
Règles concernant les identifiants • Définir correctement la population dont il s’agit d’identifier les individus – Ne pas confondre le client avec le service qui lui est rendu • Construire un identifiant pérenne – Il doit rester attaché à l’individu pendant tout son cycle de vie • Ne pas confondre le rôle de l’identifiant avec celui des attributs – L’identifiant ne doit être porteur d’aucune information – Préférer un nombre tiré au hasard, après avoir vérifié qu’il n’a pas déjà été utilisé • S’interdire de réutiliser un identifiant à la fin du cycle de vie 8
Les nomenclatures (1) • Nomenclature = classification, typologie, systématique etc. • Les nomenclatures d’activités – Classement selon la matière première, le produit, la technique – Classement selon le critère d’association (1942) • La nomenclature des classes sociales – Les « Classifications Parodi » de 1945 et la catégorie des « cadres » – Les « Catégories socio-professionnelles » , un pivot pour la statistique et l’administration 9
Les nomenclatures (2) • Classification des phénomènes naturels – Classification des animaux à l’âge classique – La « cladistique » , fondée sur la génétique, et ses innovations – Électricité, magnétisme, lumière • Classifications dans le système d’information – Référentiel des clients, produits, partenaires etc. – Rubriques comptables • Découpage géographique • Segmentation de la clientèle (dimension scientifique du marketing) 10
Règles concernant les nomenclatures • Règle formelle – Une suite de partitions emboîtées, sans omission ni double emploi • Règle fonctionnelle – Regrouper les individus selon les actions que l’entreprise entend conduire envers eux • Règle pratique – Documenter clairement la nomenclature • Règles techniques – Clarté du code utilisé pour identifier les classes – Procédures de vérification dans les systèmes de saisie et les interfaces • Vérification syntaxique (message d’erreur) et sémantique (message d’anomalie) – Disponibilité des tables de passage (transcodage) 11
Mettre en place une administration des données • Identifier la personne chargée de l’ADD, lui donner les moyens et pouvoirs nécessaires • Recenser les populations concernées par les processus de l’entreprise • Répertorier les identifiants, les évaluer, les améliorer • Répertorier les nomenclatures, les évaluer, les améliorer 12
Règles concernant le partage des références • Asservir les tables de codage à une « table de référence » – Consultation au coup par coup ou réplication des modifications sans délai • Actions à entreprendre – Identifier les tables de codage, vérifier la qualité de leur relation à la table de référence 13
Un cas particulier : les annuaires • Référentiel des agents et de l’organisation (parfois aussi des matériels) – Pour les agents : Identifiant, état civil, photographie, adresses, mots de passe, affectation, statut, fonction • Point délicat : la tenue à jour • Annuaire et « profil » de l’agent : un pivot pour le SI • Identification, authentification, habilitation 14
Comment construire un référentiel • Risque : s’égarer dans le détail d’une partie du référentiel – Il n’existe pas de règle logique pour déterminer le niveau de détail pertinent • Se donner un budget et un délai limités – Pratiquer une démarche « top down » : tout couvrir, en faisant progresser le détail – Compléter ensuite selon les demandes utilisateurs 15
Obstacle à la modélisation • Obstacles institutionnels – Préservation de l’organisation existante – Sociologie de l’entreprise (réseaux etc. ) • Obstacle intellectuel – Refus de l’abstraction du modèle – Goût de la complication 16
Complexité et réalité • La complexité, propriété essentielle de la réalité – Aucun objet concret ne peut être représenté par un modèle fini • Tout objet concret (i. e. individuel) assure de facto la synthèse d’un nombre indéfini de déterminations abstraites • Aucune pensée ne peut donc rendre compte de l’ensemble des propriétés du monde, ensemble des objets concrets – Chaque objet est « vu » spontanément à travers des «grilles » conceptuelles a priori (nomenclatures) – L’élaboration de ces grilles est un processus lent, un investissement 17
Grilles et langages • Une grille est « pertinente » si elle est adéquate aux besoins de l’action • Une mesure est « exacte » si elle alimente un raisonnement exact – « Exactitude » et « précision » • Le cadre conceptuel est construit – S’il est pertinent, les faits d’observation sont authentiques • Exemple : l’automobiliste devant un feu rouge – L’observation n’est jamais exhaustive, mais elle peut être exacte • La réalité est en pratique pensable pour l’action • Vivre dans le monde et y graver nos valeurs 18
Simplicité de la pensée • Il est impossible de démontrer toutes les propriétés vraies à partir d’un nombre fini d’axiomes (Gödel) – Le monde de la pensée potentielle est complexe – Cependant toute pensée explicite est simple • La pensée pure, monde des modèles – Modèle = grille conceptuelle + hypothèses causales – Monde des jeux, des programmes informatiques, des machines, des organisations – Les mathématiques, gymnastique de l’esprit • Le réalisme potentiel de la pensée est garanti par le principe de non contradiction • Le viol de la logique est contre nature – Jamais une théorie contradictoire ne pourra modéliser un phénomène naturel 19
La rencontre expérimentale • Il faut un modèle pour pouvoir anticiper les conséquences de l’action • L’action nous confronte à l’expérience du monde – L’expérience apporte des faits d’observation, mais ne prouve pas la vérité des hypothèses causales du modèle • Une théorie doit être réfutable par l’expérience (Popper) – Une théorie irréfutable a l’air solide, pourtant elle ne vaut rien – L’expérience contraint à renoncer à certaines hypothèses • La démarche expérimentale s’étend à la vie entière – Elle caractérise l’age adulte de la pensée • L’expérience de l’expérience relativise les modèles – Disponibilité au monde en vue de l’efficacité (Tao chinois) – « Coup d’œil » du stratège 20
Les embarras de la complication • Certaines personnes ne savent pas penser – Le débutant est naturellement maladroit – Rareté du « coup d’œil » – Formation intellectuelle malencontreuse : sacralisation de la « pensée » , enflure de la théorie, mystère de la science – Les plus intelligents sont souvent inaptes à l’action • L’écart entre la pensée et le monde fait souffrir – Expérience courante : le fonctionnement du corps est énigmatique ; il est impossible de décrire un visage avec des mots ; on ne connaît pas l’être aimé • Ceux qui croient que la pensée doit décrire le monde ressentent la pensée simple comme une usurpation – La phrase qui tue : « Ce n’est pas si simple ! » 21
La complication singe la complexité • Le refus de la simplicité de la pensée fait préférer le modèle compliqué – Incompréhensible, souvent faux, mais prestigieux – En saturant l’attention, la complication procure une sensation (fallacieuse) du réalisme • Recette du modèle compliqué – Emprunter à la réalité un grand nombre de déterminations, emmêler leur écheveau – Entrelacer concepts, procédés techniques, hypothèses, traitements statistiques, hypothèses annexes, variantes, etc. – Interdire la séparation des causalités 22
Le cas des systèmes d’information • 80 % des fonctionnalités inutilisées • Refus de l’abstraction, de la sélectivité des concepts et fonctionnalités – « Je dois répondre à la demande des utilisateurs » , deuxième phrase qui tue – La demande n’est pas le besoin – Traiter les cas particuliers rares – Refuser la modularité : « tout se tient avec tout » – Refuser l’emboîtage des partitions dans les nomenclatures • Entropie du SI • Statistiques et tableaux de bord – Tenue des référentiels (classes, identifiants, attributs) – Tenue à jour des tables de codage – Dialectes locaux – Faiblesse endémique des données de gestion – Effets de la comptabilité (principe de prudence, classements antiéconomiques) 23
« Ce n’est pas si simple ! » • « Est-ce la bonne simplification ? » • La simplicité de la pensée, outil pour l’action – Tout garder en mémoire, c’est ne rien comprendre – Tout percevoir, c’est ne rien pouvoir faire • La parade : mettre la sobriété à la mode – Ridiculiser les personnes qui disent « ce n’est pas si simple » , ou « il faut répondre à la demande des utilisateurs » – Promouvoir aussi la pertinence et la cohérence 24
Voies pour sortir d’embarras • Modèle en couches • Croiser les grilles • Imprévisibilité et probabilité • Limites de la logique • Écoute • La « tache aveugle » de l’intellect, prison de l’intelligence – Distinguer les logiques qui s’articulent dans l’objet considéré (ordinateur, télécoms etc. ) ; portée générale du modèle en couches – Croiser les découpages utilisés, évaluer leur corrélation – Savoir vivre dans l’incertitude, renoncer au modèle déterministe, utiliser le raisonnement probabiliste – Condition nécessaire mais non suffisante : le formalisme ne garantit pas la pertinence de la pensée – Étape essentielle de la démarche expérimentale – Exigence non seulement éthique, mais méthodologique – Après l’écoute, la synthèse, moment délicat ; puis la validation – Clé de la recherche féconde : savoir interpréter ses propres agacements, répugnances et contrariétés 25
Lectures recommandées • • Épistémologie – – – Ferdinand de Saussure, Cours de Linguistique générale, Payot 1916 Michel Volle, Le métier de statisticien, Economica 1984 Karl Popper, Objective Knowledge, Oxford University Press 1979 Langages – Harold Abelson et Gerald Jay Sussman, Structure and Interpretation of Computer Programs, MIT Press 1996 – Martin Fowler, UML Distilled, Addison-Wesley 2000 • Histoire – – • Bernard Guibert, Jean Laganier, Michel Volle : " Essai sur les nomenclatures industrielles " in Economie et Statistique, no 20, février 1971 Alain Desrosières, " Eléments pour l'histoire des nomenclatures socioprofessionnelles " in Pour une histoire de la statistique, I. N. S. E. E. , 1976 Philosophie – François Jullien. La propension des choses, Seuil 1992 26
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