thique dans les soins et services sociaux 21

Éthique dans les soins et services sociaux 21 mars 2018 Murielle Pépin Éthicienne

Objectifs de la conférence 1) COMPRENDRE ET DISTINGUER DANS LES ACTES ACCOMPLIS PAR LES SOIGNANTS CE QUI EST DU DOMAINE PROFESSIONNEL ET CE QUI EST DU DOMAINE ÉTHIQUE. 2) CONSTATER LA VALEUR AJOUTÉE DE L’ÉTHIQUE DANS LES SOINS 3) DÉMARCHE D’ANALYSE DES DILEMMES ÉTHIQUES ET COMMENT LES RÉSOUDRE. 2

Éthique dans les soins et services sociaux A) Pourquoi l’éthique dans les soins et les services sociaux? 3

Évolution – vision - santé • Conception archaïque – maladie – punition des dieux • Période d’Hippocrate: la médecine c’est aider la nature de l’être humain • 17 e au 20 e siècle: maîtriser et vaincre la maladie, soulager et prolonger la vie par les médicaments et la chirurgie, renforcir la prévention par de saines habitudes de vie • 21 e siècle: développement des droits des malades, l’expression de la volonté du patient, le malade est partenaire dans les soins 4

Que signifie être partenaire dans les soins? • Partenariat désigne le fait d’être associé avec quelqu’un en vue de la réalisation d’un projet et implique une volonté partagée de collaborer. • Partenariat avec le patient implique la reconnaissance de son autonomie dans l’offre de services qui lui est faite. • Partenariat avec le patient implique un dialogue et une prise de décision en toute connaissance de cause. • C’est reconnu aujourd’hui, la qualité de la relation patient/professionnel de la santé a un effet statistiquement significatif sur la santé. (Kelly, 2014) 5

Pourquoi parle-t-on d’éthique dans les soins et les services sociaux? • Le langage éthique commença en 1990 • Pluralisme de la société qui apporte des conceptions différentes de ce qui est important dans la vie (valeurs différentes face à la vie, la mort, la qualité de vie, le pouvoir de l’État) • Évolution du droit individuel vs le pouvoir médical Plutôt que la soumission au pouvoir médical, reconnaissance des droits individuels par la Charte canadienne et québécoise des droits et libertés ainsi que le Code civil du Québec 6

Pourquoi parle-t-on d’éthique dans les soins et les services sociaux? • Les nouvelles technologies qui peuvent maintenir la vie artificiellement sans espoir de guérison et souvent dans un état d’incapacité importante Par ex. : doit-on cesser ou poursuivre les traitements s’ils sont devenus inutiles? Que faire si la famille demande de poursuivre les traitements? 7

Pourquoi parle-t-on d’éthique dans les soins et les services sociaux? • Les ressources sont coûteuses et limitées. Ex. : transplantation d’organes. Qui servir en priorité? • La personne de plus de 50 ans qui a un rôle social important dans la société? • Le jeune adulte qui a une plus longue perspective de vie? Sur quels critères? • Selon l’ordre chronologique d’attente sur la liste • Selon l’urgence de la situation? • Selon l’espérance de vie? 8

L’éthique dans les soins et les services sociaux B) Domaine professionnel et l’éthique dans les soins et services sociaux 9

Éthique mot à la mode • • Éthique à toutes les sauces dans la publicité… Fonds de placements éthiques… Portez des vêtements éthiques… Soins éthiques pour chats et chiens… • Qu’est-ce que l’on veut dire en utilisant le mot « éthique » ? 10

DOMAINE PROFESSIONNEL ET ÉTHIQUE • L’éthique, est-ce la même chose que: • La morale des soignants? • La déontologie pour les professionnels? • Les droits des usagers? 11

Quelques définitions • Morale: conception de l’action humaine soumise au devoir et dont le but est le bien (avec ou sans religion) • Ce sont des règles généralement admises, qui guident les personnes vers l’agir du bien en évitant le mal et qui régissent les conduites individuelles et collectives. Ex: l’entraide au Québec • Déontologie: l’ensemble des principes, règles, devoirs et responsabilités qui gèrent et guident les pratiques professionnelles ou l’exercice de la profession (médecin, infirmière, travailleur social, etc. ) • Droit: règles de conduite dans une société (Code civil du Québec) ou un groupe d’employés définissant les manières d’agir (ex: code d’éthique d’un établissement de soin) 12

Morale et éthique, la différence • Morale et éthique se rapportent toutes deux à la sphère des valeurs • L’éthique se situe dans une sorte de zone grise entre différents « bien » , en enlevant tout caractère d’absolu • Cependant, l’éthique questionne les valeurs dans différentes situations dans le but d’agir conformément à ces valeurs, ex: en fin de vie, face à l’acharnement thérapeutique 13

Morale et éthique, la différence • L’éthique est une démarche de réflexion et non une réponse automatique, en faisant l’analyse des pour et des contre dans une décision à prendre • L’éthique fait appel à la créativité et à la responsabilité, au-delà des exigences de la morale et de la déontologie • L’éthique se traduit dans l’action en recherchant la voie raisonnable d’agir dans les circonstances. 14

Morale, déontologie et éthique • La morale, la déontologie et l’éthique sont donc toutes les trois nécessaires dans la conduite d’une vie ou d’une profession. • La morale et la déontologie nous indique les règles et les conduites à suivre afin d’assurer la protection du public dans les pratiques de soins • L’éthique nous incite à recher la meilleure fin à atteindre selon les circonstances 15

Code d’éthique de l’établissement • Code des bonnes conduites attendues du personnel, des membres du conseil d’administration et des bénévoles envers les usagers des services et les membres du personnel • Il s’appuie sur les droits des usagers et les valeurs privilégiés de l’établissement en regard des services à la clientèle et envers le personnel • Il précise ce que l’établissement attend des usagers pour bien les servir (respect, la non violence, participation dans les soins et services) • Un manquement au code d’éthique peut faire l’objet d’une plainte au Commissaire aux plaintes • Document administratif mais à portée légale 16

Code de déontologie • Ordres professionnels sont régies par le Code des professions (Loi) • Code de conduite dicté par sa profession (médecin, infirmière, travailleur social, etc. ) • L’objectif est la protection du public • Il a une valeur légale et contraignante pour ses membres • Le membre qui contrevient à son code déontologie est passible de sanctions (amende, suspension, …) 17

L’utilité du code de déontologie et du code d’éthique 1) Assurer le respect des droits des usagers 2) La mobilisation du personnel autour de certaines valeurs morales (faire le bien) 3) Le sentiment d’appartenance à une profession et à un établissement 4) L’harmonisation des règles, normes et pratiques dans une profession 5) Une sécurité de base dans les interventions 18

L’éthique dans les soins et services sociaux C) L’ÉTHIQUE ET LE DROIT 19

L’éthique et le droit • Est-ce la même chose? • Quelle est la différence? • Pourquoi parle-t-on de droit et d’éthique dans une même situation complexe? • Est-ce que le droit prime sur l’éthique ou vice-versa? • Qu’est-ce que vous en pensez? 20

Agir de manière légale c’est quoi? • Agir de manière légale consiste à appliquer les règles de conduite approuvées par la société, l’ordre professionnel ou le code d’éthique de l’établissement de santé • Les comportements des soignants sont soumis à une autorité (Code civil du Québec, Ordre professionnel, Direction de l’établissement) • On s’assure du respect des droits de chacun • C’est la voie minimale d’agir des soignants 21

Agir de manière éthique, c’est comment? • C’est agir en faisant le bien, pour le bien d’une personne, d’un groupe ou de la société (Ex. : le confort d’une personne souffrante) • Agir de manière éthique peut être guidé par des principes moraux de ce qui est bien ou mal, par une sensibilité intuitive de ce qui est bien ou par une réflexion qui guide l’action raisonnable dans une situation ou il n’y a pas de bonne réponse (ex: personne en fin de vie, l’enfant qui naît très prématuré, etc. • Agir de manière éthique soumet le droit à des valeurs humaines pour le bien-être des personnes 22

L’éthique dans les soins et services sociaux D) LA VALEUR AJOUTÉE DE L’ÉTHIQUE: APPROCHES THÉORIQUES ET PRATIQUES 23

L’Éthique, c’est quoi? • Discipline philosophique et pratique qui propose comment agir avec la conscience d’une action responsable envers une personne ou la société • Différentes approches philosophiques: • L’utilitarisme: la meilleure action est celle qui engendre le plus grand bien pour le plus grand nombre de personnes (Ex. santé publique) • L’éthique de la discussion: modèle d’analyse des dilemmes éthiques (comité d’éthique) • L’approche par principes: principes universels qui soutiennent l’agir dans les soins 24

Principes éthiques 1) Humanité et dignité - Devant une personne vulnérable, l’éthique permet de reconnaître l’humanité et la dignité de la personne humaine. (Ex: la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer) - La qualité d’être humain et la dignité de toute personne sont inaliénables quelque soit l’état de la personne, sa situation et son histoire. 25

Principes éthiques 2) Respect de l’autonomie de la personne • Être écoutée • D’exprimer des choix • De prendre des décisions appuyées sur des valeurs et croyances personnelles • D’être informée pour prendre des décisions éclairées • Donner un consentement libre et éclairé à un soin • Aussi, la personne peut prendre une décision risquée ou peu raisonnable aux yeux des soignants 26

Consentement libre et éclairé • Fournir toute l’information disponible avant la prise de décision • Dans un langage accessible à l’usager • En laissant le temps requis pour prendre une décision libre, sans pression, … • Assurer le soutien à la prise de décision autonome • Ex: une personne âgée en perte d’autonomie, qui doit prendre une décision face à l’hébergement 27

Principes éthiques 3) La bienfaisance • Agir dans le meilleur intérêt de la personne • Dispenser les soins et services selon les besoins de la personne • L’aide à la personne ayant des incapacités • Secourir une personne en danger • Assurer l’accès aux ressources disponibles 28

Principes éthiques • 4) La non-malfaisance • Ne pas causer du tort par les interventions • Les bénéfices doivent être plus grands que les risques ou les inconforts (ex: médicaments expérimentaux) • Peut survenir dans les mesures de maintien de la vie vs qualité de vie (acharnement thérapeutique) • L’analyse des risques pouvant causer du tort dans les interventions 29

Principes éthiques 5) Justice et équité • Tout être humain est égal en soi • Le traitement approprié et égal pour chacun dans les mêmes circonstances (justice) • Donner à chacun la même intensité de soins selon les besoins (équité) Ex; les soins à domicile ne sont pas identiques pour chaque personne qui les requiert. Ils sont offerts suite à une évaluation des besoins, notamment la perte d’autonomie 30

Principes éthiques 6) La solidarité - La responsabilité collective d’aide mutuelle - La responsabilité de porter assistance aux personnes les plus vulnérables 7) La sollicitude - La capacité de comprendre et de vouloir soulager la souffrance d’autrui. - Le souci de l’autre fait appel à la parole, au dialogue et à la confiance réciproque. • Ex: la souffrance d’un proche face à la maladie d’Alzheimer 31

L’Éthique dans les pratiques professionnelles • L’éthique, c’est une réflexion sur comment agir lorsque la réponse professionnelle ou clinique est insuffisante • Ex. : Refus de traitement d’une personne qui n’est pas en fin de vie • L’éthique s’appuie sur des valeurs fondamentales, en ce qui concerne la vie, la mort, la santé, la qualité de vie, le respect de la volonté de la personne, etc. 32

L’éthique dans les soins de santé • Dans les situations de soins imprévues ou complexes ou dans les situations où la réponse professionnelle est insuffisante, • Au-delà, des lois, des codes de déontologie, des politiques de l’établissement (respect des droits) • C’est un jugement, une décision, suite à une réflexion sur la meilleure façon d’agir (pour le bien d’une personne) dans les circonstances tout en respectant les droits 33

L’éthique dans les soins et services sociaux E) DILEMME ÉTHIQUE 34

Dilemme éthique, c’est quoi? • Situation complexe où il est difficile de déterminer ce qu’il convient de faire • Un dilemme éthique se pose lorsque deux ou plusieurs valeurs importantes entrent en conflit (ex: respect de la volonté et la sécurité d’une personne) • Les valeurs en conflit visent différents bienfaits (autonomie et protection) • Il n’y a pas de réponse toute prête. Chaque cas nécessite une réflexion, une discussion et une délibération entre plusieurs solutions alternatives 35

Exemple d’un dilemme éthique • Le médecin de Madame Lacharité diagnostique un cancer terminal chez sa patiente qu’il connaît depuis longtemps. Compte tenu de son état dépressif, il estime qu’elle ne supporterait pas de se savoir atteinte de cette maladie. Peut-être qu’elle pourrait attenter à ses jours… • Dilemme: doit-il lui dire la vérité ou lui cacher sa condition? • Qu’est-ce que vous en pensez? 36

Dilemme éthique • Qu’est-ce qui s’oppose dans cette situation? • Son devoir d’informer sa patiente de son état entre en conflit avec celui de ne pas détruire ce qu’il lui reste d’espoir dans la vie. • DEVOIR DU MÉDECIN: NE PAS MENTIR ET INFORMER SA PATIENTE DE SA CONDITION DE SANTÉ • PRINCIPES ÉTHIQUES: • 1) QUEL EST LE MEILLEUR INTÉRÊT DE SA PATIENTE? (BIENFAISANCE) • 2) COMMENT NE PAS LUI CAUSER DU TORT? (NONMALFAISANCE) 37

Comment résoudre un dilemme éthique • 1) Discussion du problème et ses implications • 2) Quelles sont les lois et les normes de pratique qui s’appliquent? • 3) Réflexion sur les valeurs en cause (protection, la sécurité, l’autonomie, le meilleur intérêt, etc. ) • 4) Quelle valeur a prépondérance sur les autres? • 5) Quelles sont les solutions possibles? • 6) Justification du choix de la solution Décision qui contient une part d’incertitude 38

Solutions éthiques • Valeur prépondérante: Bienfaisance Lui dire la vérité pour qu’elle comprenne ce qui lui arrive tout en se préoccupant de sa condition psychologique, c. a. d. ne pas augmenter sa dépression - Utiliser sa relation de confiance avec sa patiente pour manifester sa compréhension et son soutien dans les circonstances - L’encourager à profiter des traitements qui peuvent lui aider - Offrir et référer sa patiente à des organismes de soutien dans la communauté … 39

• Merci beaucoup! 40