Rechercheaction participative et les mthodes artistiques avec les

Recherche-action participative et les méthodes artistiques avec les jeunes femmes Dans le cadre des midi-conférences sur les méthodologies de recherche relatives aux droits de l’enfant du LRIDE Catherine Flynn, Ph. D. – Stagiaire postdoctorale, École de service social cflyn 2@uottawa. ca Le 8 décembre 2015

Plan de la présentation � Mise en contexte � La e-RAP : Fondements � Présentation de la démarche de recherche � Analyse du processus de RAP

Mise en contexte � Participation à plusieurs projets de recherche réalisés auprès de femmes et d’enfants victimes de violence � Intérêt pour les processus sociaux qui soutiennent ces violences (ex : colonialisme) � Considérant la complexité et les différents rapports de pouvoir impliqués dans la (re)production de la violence, intérêt pour le paradigme féministe de l’intersectionnalité � Intersection entre le subjectif, le micro et le macro � Intersection entre les différentes identités sociales / rapports sociaux � Intersection des différents savoirs (militants, académiques, pratiques et expérientiels) Bilge, 2015; Flynn et al. , 2014; Hancock, 2007

La recherche-action participative axée sur les arts et les médias (e-RAP) � � Buts : � Mobiliser les jeunes à recourir aux arts et aux médias pour documenter les enjeux proximaux et structuraux les concernant. � Développer avec eux des stratégies de changement social. Basée sur les principes suivants : � La technologie fait partie de la vie des jeunes. � Elle facilite la mobilisation et l’expression des émotions. � La recherche-action propulse les jeunes dans un rôles d’agent de changement social. � � Ils sont experts de leur propre expérience et peuvent produire des connaissances les concernant. Permet une prise de parole des jeunes marginalisés et leur offre le sentiment de faire une différence. Flicker et al. , 2008

La recherche-action participative axée sur les arts et les médias (e-RAP) � Déroulement: � Formation d’un groupe (généralement de petite taille). � Identification des enjeux avec les jeunes. � Allers et retours entre réflexion et action � Évaluation (résultats et processus) � Mobilisation des connaissances � Au-delà des stratégies généralement utilisée dans le milieu universitaire Flicker et al. , 2008

Recherche-action et scientificité Critères Validité sociale Validité démocratique Définitions La recherche doit mener à la résolution d’un problème éprouvé par les participants ou, qu’elle doive minimalement générer des connaissances pratiques permettant d’améliorer leur bien-être. La recherche doit mettre à profit la participation et l’engagement profond des différents acteurs concernés par la problématique d’intérêt. Validité de processus La recherche doit favoriser la réflexion des participants sur les enjeux ou leur problématique d’intérêt, tout en accompagnant ceux-ci dans le développement de cette capacité réflexive. Validité catalytique La recherche-action doit permettre un changement social au sein même du groupe de participants, mais également s’étendre au-delà. Validité dialogique Un dialogue critique doit avoir lieu entre les acteurs impliqués, concernant la réflexion réalisée et l’action proposée.

Le projet Dauphine : laisser la parole aux jeunes femmes de la rue et agir ensemble pour lutter contre la violence structurelle par l’entremise de la recherche-action participative

Problématique � Considérant que : � Les jeunes femmes de la rue sont plus souvent appréhendées sous l’angle du risque ou de la dangerosité. � De plus en plus de recherches participatives montrent l’engagement des jeunes de la rue. � Plusieurs études recommandent de s’intéresser aux facteurs structuraux associés à l’expérience de la rue. � Peu d’étude empiriques en service social sur la violence structurelle. � Jeunes de la rue de Québec = population peu étudiée

Questions de recherche � De quelles façons les participantes font-elles l’expérience de la violence structurelle ? � Quelles stratégies ont-elles déployé pour y faire face ? � Dans le cadre de ce projet de RAP, quelles actions peuvent être expérimentées afin de lutter contre la violence structurelle?

La violence structurelle � Concept repris par d’autres auteurs (James et al. , 2003; Scheper-Hugues et Bourgois, 2004, Ho, 2007) � Processus à la racine des inégalités sociales et de l’oppression vécue par différents groupes sociaux. Domination symbolique � Violence Institutionnelle Violence quotidienne Produit de la souffrance et une difficulté à combler ses besoins fondamentaux

Grille d’analyse Dimensions Domination symbolique Violence institutionnelle Violence quotidienne Intersubjective Définitions et opérationnalisations Système de croyances qui maintient les hiérarchies en place (Bourdieu, 1980). Extraits où les participantes décrivent la façon avec laquelles ont été perçues par les différents acteurs qu’elles ont côtoyés, et les préjugés dont les jeunes femmes de la rue font l’objet. Violence perpétrée par l’État et par les différentes institutions comme les établissements de santé et de services sociaux (Foucault, 1975 ; Lagraula-Fabre, 2005). Extraits où les participantes discutent des expériences de violence produites et reproduites par l’État, par le biais des programmes, des lois et des politiques et au sein des différentes institutions comme les établissements de santé et de services sociaux, les organismes communautaires, ainsi que par le marché de l’emploi, du logement et le système bancaire. Expérience individuelle de pratiques et de violence au niveau des interactions interpersonnelles (Sheper-Hugues, 1994). Extraits où les participantes racontent différentes violences dont elles ont fait l’expérience sous une base régulière dans leur vie personnelle et pouvant être mises en lien avec leur expérience de la domination symbolique et de la violence institutionnelle. Façon dont les acteurs adoptent le discours dominant, l’ignorent ou y résistent (Staunaes, 2003). Extraits où les participantes définissent leur appartenance à certains groupes, la réfutent, reproduisent des préjugés envers d’autres et discutent de leur représentation de la violence

Méthodologie � Du printemps 2013 à l’été 2014 � Profondeur > représentativité � � 2 premières rencontres = récit de vie de chacune des participantes 9 participantes ont signé le formulaire � 7 ont participé à l’étude � 2 ont quitté après 3 mois (alors que le projet devait initialement durer de 4 à 6 mois) � 1 est revenue à la fin � Recrutement à la maison Dauphine = Confiance vs confidentialité � Pas tout à fait une e-RAP car les arts et les médias n’ont pas servi à la collecte des données � Deux enjeux : � Accès au logement � Étiquetage

Exclusion et contrôle : Deux processus de violence structurelle � Comportent une dimension symbolique, institutionnelle et quotidienne interdépendantes � Ont créé des conditions de vie précaires : � Précarité résidentielle � Précarité alimentaire � Absence de soins adéquats � Insécurité

Validité sociale

Actions expérimentées par le groupe « J’autorise les chiens dans mon immeuble à logements, j’aide un jeune à s’épanouir hors de la rue » � À l’été 2013 : Pétition afin d’invalider les clauses de baux résidentiels qui interdisent les animaux � Les participantes ont décidé de s’y associer en faisant un projet photos : � Distribution de 400 photos � Rencontre de 10 administrateurs � 60 partages sur les médias sociaux

Actions expérimentées par le groupe « Vivre, cessez de survivre » � Dénoncer l’étiquetage et les violences quotidiennes qui en découlent � Cible les jeunes femmes et les hommes de 14 à 25 ans. � Posters affichés et distribués dans des lieux stratégiques. � Coordonnées de la Maison Dauphine et du SQUAT Basse-Ville pour demander de l’aide � Une travailleuse de rue est affiliée au projet pour prendre les appels et accompagner les jeunes femmes au CAVAC/CALACS

Validité démocratique

Participation des jeunes femmes � Recrutement. � Organisation des rencontres. � Transcriptions. � Analyses préliminaires. � Planification et réalisation des actions. � Processus de distribution des tâches. � Préparation des communications. � Prise de contact avec des acteurs au-delà du projet. � Participation à la mobilisation des connaissances

Validité de processus

Intersubjectivité et recherche-action participative Intérêt pour le travail en non-mixité Refus de la délinquance BS – Refus et reproduction Critique des catégories d’orientation sexuelle Jeunes de la rue (vrai vs faux) Prostitution = violence envers soi-même Vision fragmentée de différentes formes de violence et d’expression du pouvoir Compréhension du système hétéronormatif BS – Intégration Jeunes de la rue (réflexion individuelle) Réflexion sur le féminisme Prostitution = stratégie dans un système patriarcal Jeunes de la rue (réflexion collective) Représentation collective de la violence Compréhension d’enjeux liés au genre

Validité catalytique

Mobilisation des connaissances � Activités dans la communauté et auprès des propriétaires. � Présentation dans le cadre d’un séminaire de maîtrise à l’Université Laval. � Rayonnement des productions artistiques dans le cadre de deux expositions. � Présentation dans le cadre du vernissage « Les beautés du féminisme » . � Conférence au colloque de l’ACFAS en mai 2014. � Présentation à différents acteurs du milieu communautaire du quartier Limoilou.

Validité dialogique

Mobilisation des acteurs � Un dialogue a été engagé avec d’autres jeunes de la rue. � Les citoyens du quartier ont également été sensibilisés sur certains points. � Les ressources communautaires concernés ont également été mobilisés. � Les futurs travailleurs sociaux, chercheurs et praticiens ont également été informés. � Un groupe important reste à joindre : Les policiers � Mais soulève d’importants enjeux éthiques.

Conclusion � La pertinence de cette méthodologie pour documenter la violence structurelle � Enjeux éthiques � Incidence sur les pratiques � Les suites…

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