Prairies permanentes De nouveaux atouts pour demain Journes

Prairies permanentes : De nouveaux atouts pour demain Journées AFPF (3 - 4 avril 2012 – Paris) La prairie permanente : définitions et cadre règlementaire Sylvain PLANTUREUX 1, Pascal CARRERE 2, Eric POTTIER 3 1: UDL-INRA Nancy-Colmar 2: INRA Clermont-Ferrand 3: IDELE Paris

La prairie permanente … quelques définitions du web v Conformément à la réglementation communautaire, à partir de 2005, une prairie permanente est une surface consacrée à la production d'herbe et autres plantes fourragères herbacées qui est en place depuis 5 ans ou davantage. […] Elles peuvent être retournées si elles sont réimplantées la même année – MAP v terres hors rotation, consacrées à la production d’herbages (ensemencés ou naturels) sur une base permanente (tout au moins sur une période de cinq ans ou plus) - CRA Normandie v Prairie non ensemencée par l'homme dont la flore variée se reproduit d'elle-même. - CNRTL(CNRS)

La prairie permanente. . En Europe “land used to grow grasses or other herbaceous forage naturally (self seeded) or through cultivation (sown) and that has not been included in the crop rotation of the holding for five years of longer” (Commission Regulation (EC) No 796/2004). semi-natural ? species-rich ? low-intensity ? high-nature-value ? Pays Définition Allemagne Avant 2004: 10 ans ou + / Depuis 2005: 6 ans ou + Danemark 6 ans ou + Norvège 10 ans ou + , espèces semées disparues Suisse 7 ans ou + Pologne Avant 2004: 12 à 16 ans ou + / Depuis 2005: 6 ans ou + Grèce Prairie naturelle + forêts ouvertes + parcours avec fourrés Reheul et al. , 2007

La prairie permanente (PP) • Un concept qui a évolué dans le temps et selon les pays • Un terme très courant mais des conceptions diverses définitions et des perceptions • Des définitions liées: – – à la durée de la prairie à la nature et à l’origine de la végétation aux interventions agricoles (semis et autres) au point de vue des différents acteurs éleveur, agronome, écologue, administration

Pour l’éleveur … • PP = surface en herbe sans ligneux de longue durée et de productivité moyenne (2 -8 TMS. /ha/an) Distinction PP productive/non productive >> seuil 1500 UF • PP = production fourragère entre prairie temporaire et surface pastorale (alpages, estives, parcours, …) • L’introduction d’espèces semées ne remet pas en cause le statut de PP • PP très intensifiée à flore très simplifiée est une PP

Pour l’éleveur … • PP comprend parcs, prés, fauches • Principaux critères retenus pour définir la PP – La durée de la prairie – La végétation au moins en partie « naturelle » – L’absence de ligneux

Pour l’écologue … • « Prairie permanente » n’est pas un terme de l’écologue • Prairie: communauté végétale composée de plantes spontanées et dominée par des espèces herbacées, et dans lesquelles espèces ligneuses sont absentes (Milner et Hugues, 1968) • PP = Ecosystème piloté par les cycles biogéochimiques et les interactions milieu-êtres vivants et entre les êtres vivants entre eux

Pour l’écologue … • PP récente (<10 -15 ans) : des propriétés écologiques très différentes des surfaces en prairie depuis des décennies : diversité et richesse floristique plus faibles, nature et abondance des espèces, composition fonctionnelle • La notion de productivité qui inspire le classement administratif entre des prairies permanentes productives et non productives ne correspond pas à la productivité primaire • Seules prairies de très haute altitude ou du littoral peuvent être qualifiées de prairies naturelles

Pour l’écologue … • Principaux critères retenus pour définir la PP – – La durée de la prairie La végétation exclusivement spontanée L’absence de retournement ou de ressemis Une intensification modérée et une flore complexe

Pour l’agronome … • « Les PP naturelles ou créées sont composées d’un grand nombre d’espèces […] Leur rendement a été estimé à 1500 UF en moyenne […] Cet état de choses tient le plus souvent à la médiocrité et à la faible valeur fourragère de la flore des PP » . Mahou, La prairie moderne, années 60 • Une vision désormais plus positive dans une approche fourragère, environnementale et économique • Une volonté de simplifier la complexité des PP pour comprendre le rôle des pratiques, du milieu, et pour évaluer leurs propriétés: - l’émergence des typologies de prairies et d’espèces - la comparaison PP – associations – mélanges

Pour l’agronome … • PP comprend parcs, prés, fauches, mais aussi parcours, estives, alpages, pelouses • Principaux critères retenus pour définir la PP – La durée de la prairie – Une végétation plurispécifique herbacée – La végétation au moins en partie « naturelle »

Pour l’administration … • En référence au règlement européen, la durée (>5 ans) de la prairie comme critère de définition d’une PP • La plupart des PP en STH 501 - STH avec couvert d'arbres de 5 à 10 % et couvert de ligneux < 20% 50 – Surfaces toujours en herbe 5011 – Alpages et estives avec arbres ou buissons 5012 – Prés salés avec arbres ou buissons 5013 – Autres superficies en herbe avec arbres ou buissons 5021 – Alpages et estives sans arbres ni buissons 502 – STH sans arbre ni buisson (ligneux < 5%) 5022 – Prés salés sans arbre ni buisson 5023 – Prairies permanentes productives 5024 – Prairies permanentes peu productives 5025 – Autres superficies en herbe sans arbre ni buisson

Pour l’administration … • Un seuil de productivité à 1500 UF qui discrimine principalement surfaces pastorales et autres PP • Principaux critères retenus pour définir la PP – La durée de la prairie – moins de 5% de ligneux (PP sensu stricto) – Végétation herbacée ou arbustive (STH) en tenant compte règlementation locale

Conclusions (1/3) • Des définitions et des contours du concept de PP assez différents selon les catégories d’acteurs • Points de discussion pour la définition d’une PP – – – La caractère plurispécifique et spontané de la végétation La durée de la prairie Le statut et l’importance des ligneux Les seuils de productivité Le niveau d’intervention (semis, intensification)

Conclusions (2/3) • Une nécessaire clarification pour éviter – La confusion entre définitions et réalité de terrain – Le risque d’associer à certaines PP des bénéfices environnementaux ou fourragers injustifiés – Un « brouillage » des messages techniques sur les méthodes de gestion des PP selon le type de PP, une grande variabilité de: • • • la production, la valeur alimentaire, leurs dynamiques la qualité des produits animaux issus des PP la biodiversité (flore/faune), la séquestration du C

Conclusions (3/3) • Une proposition de définition … à discuter Prairie composée d’une végétation herbacée (ligneux <5%) diversifiée (au mini n espèces) et spontanée (espèces resemées <5%) n’ayant pas été retournée depuis au moins 10 ans