Par ses couleurs chatoyantes ses parfums envotants ses

Par ses couleurs chatoyantes, ses parfums envoûtants, ses variétés élégantes, la pivoine n’a vraiment rien à envier à la rose. En prime, elle n’a pas d’épines. Mais elle continue de garder à l’ombre le secret de ses splendeurs. C’est une fleur mal aimée. Pourquoi? Difficile de l’expliquer. Elle mériterait de figurer aux premiers rangs des plus belles fleurs, avec les roses et les orchidées.

La pivoine ne jouit pas de la considération due à son rang. En Chine, pourtant, son pays d’origine, elle est une fleur sacrée depuis longtemps, et une reine vénérée comme telle depuis près de deux mille ans. En Occident, la pivoine ne connaît généralement que ses jolies fleurs doubles, blanches, rose pâle ou rouges, qui éclosent en même temps que les premières communions.

Tandis qu’en Occident la pivoine était encore totalement ignorée, en Chine l'empereur Yang-Ti (605 -618) la plaçait sous protection impériale. Elle était vénérée comme fleur nationale, et certaines variétés étaient vendues 100 onces d'or (environ 3 kg), un prix qui ferait rêver les pépiniéristes actuels! Des gravures impériales anciennes associent la pivoine aux plus grands bienfaits accordés aux hommes par les dieux.

Quand les pivoines chinoises ont fait leur apparition au Japon, en l’an 730, les fleurs étaient doubles, charnues, échevelées. Les Japonais les ont modifiées par des travaux d’hybridation. Grâce à de multiples croisements, ils ont obtenu des fleurs plus simples, épurées, dans la tradition zen. Et ils en ont décoré avec abondance les porcelaines et poteries. Jusqu'au 18 e siècle, à peu près tout ce qui concerne la pivoine est venu de Chine ou du Japon.

Pourtant, en Europe, Homère avait déjà accordé ses lettres de noblesse à la pivoine. La légende raconte que Hercule, ayant blessé Pluton, le médecin de l'Olympe, qui s’appelait Paeon, guérit la blessure avec un baume miraculeux confectionné avec les racines d'une plante venue du fond de l'Asie. Cette fleur héroïque fut baptisée pæonia, du nom du médecin, et qui est devenu le nom botanique de cette plante, en français «pivoine» .

Cette vertu médicinale de la pivoine est consignée dans les écrits de Théophraste. Le sage Dioscoride la recommande pour soigner les convulsions et autres maladies musculaires. Pline l'Aîné en pense le plus grand bien pour soigner les spasmes musculaires et la goutte.

Mais sa beauté n'émeut guère ces messieurs. Au Moyen Age, monastères et couvents cultivaient la pivoine commune rouge, pour soigner diverses maladies, d’où la naissance de l’expression «rouge comme une pivoine» . Aujourd'hui encore, en Chine, d'importantes cultures de pivoines sont destinées à la production de médicaments, fabriqués à partir de l'écorce des racines.

Au début du 18 e siècle, la Compagnie des Indes, parmi d'autres trésors, introduit la pivoine de Chine en Europe. Quelques années plus tard, l'empereur de Chine, ayant offert de magnifiques spécimens de pivoines à l'impératrice Joséphine, celleci en fit la gloire du parc de la Malmaison. Mais il fallut attendre 1840 pour que les horticulteurs européens la multiplient et l’offrent aux jardiniers.

Pourquoi, malgré sa diversité de formes simple ou charnue - et ses nuances délicates - du jaune clair à l'abricot, du rose au rouge sombre - la pivoine est-elle moins connue que la rose? Probablement parce qu'elle est longue et difficile à cultiver. Il faut environ vingt ans entre le semis et la commercialisation d’une nouvelle variété de pivoine. En revanche, une fois en place, un plant de pivoines peut vivre durant 25 ans, et même davantage. La fleur résiste au gel et ne craint ni les insectes, ni les maladies.

Nous devons tout aux Chinois pour avoir donné au monde de si belles variétés de pivoines, et ceci depuis fort longtemps. En fait, les Chinois cultivent la pivoine arbustive et herbacée depuis le 7 e siècle. Dans ce pays elle est vénérée comme le symbole de l'amour et de la beauté féminine. C'est la fleur de la richesse et des honneurs. Le grand timonier et père de la révolution chinoise, Mao Tse Toung, lorsqu’il voulait récompenser un village de ses efforts révolutionnaires, y faisait planter des pivoines. . .

Sonate dite Elvira Madigan - W. A. Mozart Création Florian Bernard Tous droits réservés - 2006 jfxb@videotron. ca

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