Nourrir les Hommes Une mise au point Les

Nourrir les Hommes Une mise au point

Les problématiques, la démarche, le plan

Le choix de l’étude de cas Exclure a priori les espaces productivistes à faible croissance démographique des pays riches (ex : la Bretagne, les Grandes Plaines) Exclure l’étude d’un territoire trop restreint , d’un seul système alimentaire, d’une exploitation L’ENSEMBLE INDE - CHINE = un cas d’influence mondial lié au poids démographique L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE = un cas inquiétant pour l’équilibre du monde du fait de la concentration des problèmes alimentaires LE BRÉSIL (OU MERCOSUR) = un cas important pour le monde car on y trouve les principales réserves de terres arables

Les renouvellements épistémologiques De nombreux ouvrages sortis depuis 10 ans

Les objets centraux du thème sont devenus les « systèmes alimentaires » A partir de quelles techniques ? produire A partir de quelles ressources ? En quelle quantité ? Dans le cadre de quelles structures d'exploitation agricole ? A quelles échelles ? la façon dont les hommes s’organisent pour consommer Avec quelles exigences qualitatives ? La principale question posée est celle de la question de la « durabilité » de ces systèmes En respectant quelles traditions ? distribuer Avec quelle équité territoriale et sociale ? Grâce à quels réseaux ?

Des stades différents, mis en place à des époques différentes, qui coexistent et fonctionnent à différentes échelles au sein du système agricole global Essentiellement dans les pays pauvres Population rurale très majoritaire (+ 90 %) Autoconsommation locale Transformation de produits agricoles Commercialisation d’une partie pour les marchés urbains Echanges limités, essentiellement locaux Rôle central des IAA dans le pilotage des filières agroalimentaires Approvisionnements nationaux, mondiaux Nouvelles formes de consommation Nouvelle organisation des espaces agricoles Contrôle des filières agroalimentaires par les firmes de distribution Dans les pays riches et localement dans certaines pays émergents Système agroalimentaire très consommateur en énergie Fortes tensions entre les segments des filières

I. Peut-on nourrir tout le monde aujourd’hui et demain ?

1. Le défi alimentaire est un enjeu vital de gestion des ressources terrestres AU DÉBUT DU XXIe SIÈCLE, FRAGILE ÉQUILIBRE ENTRE PRODUCTION ALIMENTAIRE ET POPULATION 2800 cal/hab/jour pour une ration suffisante de 2700 (réévaluation de la FAO) Est-on en mesure de produire suffisamment de nourriture pour 9 Milliards de personnes ? EN INDE-CHINE, LA PRIORITE EST DONNEE A LA SECURITE ET A L’INDEPENDANCE ALIMENTAIRE Choix de la Révolution Verte dans les années 60 pour des raisons géopolitiques Mais « Soif de terres » = 2/3 des agriculteurs de la planète mais 18% des terres + diminution des superficies de terres arables par actif agricole (désormais Inde = 0, 6 ha /Chine = 0, 25) AU BRÉSIL, FORTE INTÉGRATION DE LA PRODUCTION A LA MONDIALISATION AU PRIX DE TENSIONS SOCIALES ET D’IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT L’agriculture = levier de l’émergence et « future ferme planétaire » ? Mais il existe une sous-alimentation irréductible (25 millions) et une dégradation de la forêt EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, LE DÉFI ALIMENTAIRE EST LOIN D’ÊTRE RELEVÉ Maintien d’une sous et malnutrition de masse (+ de 40 % du total mondial) Situation inquiétante pour l’avenir, avec accroissement encore rapide de la population (génère = aides d’urgence, dépendance, tensions géopolitiques, famines …)

2. Le ralentissement de la croissance de la population ne résout pas le risque alimentaire • Première cause : impossibilité pratique et économique de transférer les ressources alimentaires des espaces excédentaires vers les espaces déficitaires

• 2ème cause : Le risque alimentaire est de plus en plus lié au développement (avec la transition alimentaire) Le Monde, 19 février 2010.

3. La « sécurité alimentaire » est une notion relative et dépend des échelles considérées « SECURITE ALIMENTAIRE » « FOOD SECURITY » « FOOD SAFETY » = suffisance et qualité des aliments = sécurité sanitaire des aliments Souveraineté alimentaire Capacité d’un Etat à couvrir ses besoins alimentaires essentiels Capacité d’un Etat de contrôler la qualité des denrées alimentaires, en fonction de normes

A L’ECHELLE DES SYSTEMES ALIMENTAIRES VIVRIERS TRADITIONNELS ET PEU INTENSIFS La sécurité alimentaire se pose d’un point de vue quantitatif ( « FOOD SECURITY » ) LA FAIBLESSE DE LA PRODUCTION EST RESPONSABLE D’UN CERCLE VICIEUX Faiblesse de la production Faiblesse des revenus Faiblesse des rendements Faiblesse des investissements FACTEURS AGGRAVANTS Pression Démographique Désertification Érosion Raréfaction de l’eau

A L'ÉCHELLE DES SYSTEMES ALIMENTAIRES INTENSIFS La sécurité alimentaire s’est posée en termes quantitatifs autrefois mais elle se pose en termes qualitatifs avec le temps ( « FOOD SAFETY » ) NECESSITE D'ACCROÎTRE LA PRODUCTION POUR SATISFAIRE LES BESOINS ALIMENTAIRES ET GARANTIR L'INDEPENDANCE GEOSTRATEGIQUE HIER CHOIX DU PRODUCTIVISME AGRICOLE Dans les pays à forte croissance démographique AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE Problèmes aigus d'environnement AUJOURD’HUI Dans les pays riches SURABONDANCE Evolution de la demande sociale vers une exigence qualitative plus grande

2. Comment peut-on mieux assurer la sécurité alimentaire des populations ? La question qui se pose est celle des stratégies possibles, en s’appuyant sur le bilan des expériences passées et en explorant des pistes nouvelles

a. Continuer à accroître le ratio disponibilité alimentaire / population ? Soit en réduisant la population ? Soit en augmentant la production ? Analyse malthusienne Analyse progressiste Politiques antinatalistes Recherches sur l’intensification des rendements Réduction des besoins Nouvelles Révolution verte ? OGM ?

b. Améliorer l’accès à l’alimentation ? Politiques sociales Politiques des prix Salaires, pouvoir d’achat, subventions à la consommation Fixation de prix plafonds Cibler les populations vulnérables Importer à bas prix Redistribution entre régions excédentaires et déficitaires Taxer les exportations Imposer aux producteurs des très bas prix

c. changer la structure des exploitations ? Rapprochement production / consommation Diversification économique Compétitivité ou Insertion dans les marchés Continuer la Concentration des terres Investissements Productivité Maintenir ou revenir à des petites exploitations Préservation d’un monde rural vivant Entretien des paysages

d. Augmenter les surfaces agricoles cultivées ? SAU Fronts pionniers Accaparement de terres à l’étranger

e. Développer d’autres aliments ?

f. Mieux Lutter contre les famines ? L’irresponsabilité de certains régimes politiques Politiques d’ajustement structurel organisés par les organisations internationales Les conflits qui désorganisent les systèmes alimentaires Mauvaise gestion des aléas naturels qui retrouvent de l’acuité Prise de conscience que gérer la faim dépend l’identification des responsabilités Les sanctions économiques pour raisons diplomatiques Faim des responsabilités multiples L’irresponsabilité des ONG, qui ne sont jamais comptables de leur échec Sentiment d’irresponsabilité générale …

3. Est-il possible de relever durablement le défi alimentaire ? Une troisième révolution agricole est-elle possible ? « L’agriculture durable n’existe pas. En fait, on trouve des agricultures qui mettent plus ou moins en œuvre certaines composantes de la durabilité » (Charvet)

Il semble difficile de répondre à toutes les composantes du développement dans la durée

PAR EXEMPLE, L’AGRICULTURE PRODUCTIVISTE, NE RÉPOND QU’À LA COMPOSANTE ÉCONOMIQUE DU DÉVELOPPEMENT Sols, hors-sols, Forte consommation en énergie, en eau, en capitaux Ration calorique à haut niveau énergétique et protéique Intensification par intrants, mécanisation, irrigation, recherche agronomique Productivisme agricole Le système alimentaire productiviste Consommation de masse Produits standardisés, aseptisés, industrialisés Grandes exploitations spécialisées Alimentation occidentale de type mondialisée Marchés mondiaux agrobusiness Privilégie les grands centres urbains, désertification Grande distribution, rôle fondamental des transports

LES MODÈLES ACTUELS ALTERNATIFS AU SYSTÈME PRODUCTIVISTE SONT PEU SATISFAISANTS

QU’EST-CE QU’UNE AGRICULTURE À HAUTE VALEUR ENVIRONNEMENTALE ? Déclinaison «française » du concept « D’INTENSIFICATION ÉCOLOGIQUE » ANNÉES 1990, NAISSANCE DU CONCEPT « D’ECOLOGICAL INTENSIFICATION » « continuer à augmenter les rendements tout en présentant un bilan environnental plus satisfaisant » AUJOURD’HUI, DÉPASSEMENT ET ÉLARGISSEMENT DU CONCEPT Vers des systèmes alimentaires durables ?

Autrement Plus En quantité suffisante, sans excès, carences nutritionnelles Produire Autre chose Plus Localement Vers des systèmes alimentaires durables ? consommer distribuer Produits sains, peu transformés, garantis par des normes Alimentation simple, basée sur les fondamentaux et les ressources locales Equitablement entre les membres de la société Avec moins d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs

Conclusion Un sujet très lié aux deux autres thématiques du thème Quelle place faire à la production d’agro-carburants par rapport à celles de denrées alimentaires ? Quelles sont les conséquences de l’augmentation du prix des hydrocarbures sur le coût des engrais et des carburants indispensables à l’agriculture motomécanisée ? Face au changement climatique comment réduire les émissions de GES et de CO² de l’agriculture ? Face à la raréfaction des ressources en eau, de quelles marges de manœuvre dispose l’agriculture sachant que 40 % de la production agricole mondiale proviennent de surfaces irriguées ?

Qu’est-ce qu’un Système alimentaire ? A partir de quelles techniques ? produire A partir de quelles ressources ? En quelle quantité ? A quelles échelles ? la façon dont les hommes s’organisent pour consommer Avec quelles exigences qualitatives ? Dans le cadre de quelles structures d'exploitation agricole ? En respectant quelles traditions ? distribuer Avec quelle équité territoriale et sociale ? Grâce à quels réseaux ?