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L’éveil des renardeaux

L’observation des jeunes renardeaux à la tanière est toujours un spectacle fascinant. Dans ces paysages remplis d’ombres et de lumières, les rares instants à les épier au cœur de la forêt procurent des moments de bonheur inoubliables.

C’est presque toujours vers la fin du mois de mai que l’on voit pointer les petits museaux noirs hors de la tanière. Ceux-ci sont alors déjà âgés de quatre semaines et ils ont hâte de goûter aux plaisirs de la vie.

Les scènes de vie de ces petites boules de poils sont intenses et les renardeaux débordent d’énergie. Au fil des jours, ils grandissent très vite, prennent de l’assurance et la hiérarchie s’installe tranquillement au sein de la portée.

Les jeunes renards plus ou moins roux ou d’un gris enfumé selon l’âge montrent déjà avec amusements leur instinct de prédateurs ; on les voit se mordiller les oreilles, lutter ensemble, rouler pêle-mêle puis se relever brusquement et bondir l’un sur l’autre.

Les premiers jours, les déclics de l’appareil photo les font déguerpir à toute vitesse au fond de la tanière, mais très vite, ils ressortent doucement en inspectant les environs pour finalement s’habituer un peu à ce bruit insolite.

Celui-ci observe le monde d’un œil encore un peu vague mais très vite, son regard se fera plus vif, son oreille plus attentive. Il respire déjà l’intelligence, la malice et la ruse: il a ce regard moqueur et ce sourire ironique qui lui donne déjà cette fausse impression de bonne conscience.

Les petites boules laineuses sont là, à quelques mètres, ignorant presque totalement la présence du photographe. Imaginez cette petite boule de poil encore toute tremblante qui pèse à peine plus de 250 grammes et qui découvre le monde avec un oeil encore vague.

Le petit renardeau à la queue courte est pointue vient folâtrer un peu au soleil, il est tellement attendrissant qu’il donne envie de le prendre dans ses bras et de le serrer très fort contre soi !. .

Leur mère les laisse souvent seuls car elle doit régulièrement chasser pour les nourrir. La famille est nombreuse et les petits sont constamment affamés, mais il faut être extrêmement prudent et très attentif de ne pas déranger la nichée.

Il faut prendre des précautions, garder ses distances, se cacher parfaitement et ne jamais s’aventurer trop près des gueules. Si par hasard, la mère vous surprend à proximité de sa cachette, elle n’hésitera pas à déménager ses petits dans la nuit même, dans un lieu plus sûr.

Les renardeaux ont grandi, si ce n’est pas en sagesse, c’est en tout cas en impertinence et ils vont d’un trou à l’autre de la tanière. Petit à petit, ils étendent leur rayon d’action et ils partent déjà un peu à l’aventure.

Ils sont turbulents et pleins de vivacité, ils apprennent rapidement à apprécier la situation et on peut les voir exercer par des disputes, des comportements essentiels à leur survie.

Mais le moindre bruit, l’envol d’un oiseau provoque bien des émotions. On peut les voir brusquement bondir sur des proies imaginaires ou s’avancer à pas de loups comme pour simuler l’attaque d’une future victime.

Toute cette agitation prend souvent des proportions incroyables et la crainte a tôt fait de l’emporter sur le goût du jeu.

A l’insouciance des premiers jours, on découvre maintenant l’instinct de prédateur et de la lutte pour s’imposer dans ce monde hostile.

La vie de la famille arrive tranquillement à son terme et bientôt chacun partira au hasard des chemins et chera à occuper un nouveau territoire.

De vivre à leur insu au milieu de cette petite famille, je regrette seulement de ne pas avoir pu communiquer avec eux et de leur rendre un peu de tout l’amour et de toute la tendresse qu’ils m’ont offert si généreusement.

Quand je visionne à nouveau ces images, je me sens envahi de tellement d’émotion et de bonheur que pour tous les sacrifices et tous les efforts que j’ai du consentir, il ne reste que du plaisir et des bons souvenirs.

Encore quelques jours et ils partiront à l’aventure; la fin de la vie de famille est proche. Pour moi, il est temps de leur laisser vivre leur propre vie mais lorsque je passerai près de cette tanière, je ne pourrai m’empêcher d’imaginer ce que sont devenus “ mes ” petits renardeaux ! …

Quelle belle aventure j'ai vécu auprès de ces renardeaux si attachants, plus tard lorsque je me promènerai dans ces lieux sauvages et que j'apercevrai un renard, il me fera sûrement penser à l’un de ces petits que j'ai tant aimé !. . .