LIMPACT DE LA NUMRATION ORALE EN BAMANANKAN SUR
L’IMPACT DE LA NUMÉRATION ORALE EN BAMANANKAN SUR L’ADDITION À L’INSTITUT D’ÉDUCATION POPULAIRE (IEP) DE KATI
INTRODUCTION De l’indépendance à nos jours, tous les régimes au Mali ont manifesté leur soutien et leur adhésion à la politique de l’utilisation de nos langues nationales dans le système éducatif. Cela fut réalisé à travers deux innovations majeures qui se sont succédées.
INTRODUCTION (SUITE) LA PÉDAGOGIE CONVERGENTE (PC) Elle touchait en 1997 six (06) langues nationales (Bamanankan, Fulfuldé, Songhoy, Tamacheq, Dogon, Soninké) et concernait 153 écoles, 205 classes et 22 400 élèves. Au total 692 maîtres, 126 conseillers pédagogiques et 12 Inspecteurs avaient été formés.
INTRODUCTION (SUITE) LE CURRICULUM La mise en œuvre du curriculum a commencé en 1999 pour fléchir en 2012 avec les perturbations politiques et sécuritaires qui ont touché tous les domaines de développement du pays. Son élaboration a été effectuée en trois phases : la mise à essai, l’extension et la généralisation. De 2005 à 2012, il a été appliqué dans 2550 écoles parmi lesquelles 2050 utilisant la PC et 500 écoles classiques. Seuls les programmes du niveau 1 (1 e et 2 e années) étaient en application Le niveau 2 (3 e et 4 e années) est actuellement validé, les 3 (5 e et 6) et 4 (7 e, 8 e et 9 e) sont en cours de validation.
INTRODUCTION (SUITE ET FIN) Notre étude qui fut expérimentale a eu lieu en 2010. Après 2012 le curriculum a peiné pour être réalisé dans les régions bambara phones Ségou, Koulikoro et Bamako. Ces écoles sont restées théoriquement dans ce statut et font tout sauf le curriculum. Les réalités que nous évoquerons, furent des difficultés empêchant la mise en œuvre de sa généralisation.
. PROBLÉMATIQUE Les règles de construction des nombres et leur addition en bamanankan ne sont pas dégagées dans le système d’enseignement classique. Celles du Français sont systématiquement transposées en bamanankan dans les apprentissages les symboles (chiffres) étant les mêmes. Or la langue a ses spécificités auxquelles nous devons tenir compte. Pourquoi ne pas concevoir les enseignements par rapport à la langue dans laquelle on les pratique pour arriver aux notions que l’on veut enseigner aux apprenants ? Les apprenants éprouvent d’énormes difficultés à comprendre les nombres et à effectuer des opérations
CADRE THÉORIQUE Des auteurs ont situés les problèmes de l’enseignement bilingues en des niveaux plu ou moins différents. � Samba Traoré de l’IPN (2000) dénonce la formation des maîtres surtout les liens trop faibles entre la formation initiale et la pratique en classe. � Mamadou Lamine Haïdara (1998), trouve que le facteur décisif semble être le degré d’information concernant son utilité. Il en conclut qu’il faut intensifier les campagnes de sensibilisation � Soumana KANÉ de la DNAFLA (1999) les rejoint en ces termes en disant que parmi les problèmes de l’école généralementionnés, se trouve le manque de matériel didactique et de manuels en bamanankan. � Quand à Mamadou Lamine KANOUTÉ (1997), à la lumière des manuels, de la formation des maîtres et de la pratique dans les classes, il se penche en particulier sur la transition du bamanankan au français, qui a lieu en 4 e année. Il montre qu’en 5 e année, cette transition pose encore de graves problèmes. � Amadou Tamba DOUMBIA (1999), compare la didactique de la langue bamanankan à celle de la langue française et il dénonce les pratiques enseignantes relatives au bamanakan.
CADRE THÉORIQUE (SUITE) � � � Quand à Ingse Skattum (2000) de l'Université d'Oslo, a analysé les résultats de cet enseignement bilingue. A travers des tests passés en 5 e année SKATTUM systématise et quantifie les fautes faites en bamanankan écrit. En identifiant ainsi les points les plus difficiles pour les élèves, l’auteur trouve que cela offre aux maîtres un premier instrument pour dispenser un enseignement plus systématique et donc plus efficace de la langue maternelle. Gérard DUMESTRE, professeur de bamanankan à l’INALCO et chercheur au CNRS, France, fait le diagnostic de l’école « souffrante » , demande, de la part des autorités, plus de lucidité et revient aussi sur le problème des langues nationales. Hamers et Blanc, en faisant le point de la situation de la bilingualité et du bilinguisme, supposent que l'éducation bilingue a des effets bénéfiques si les deux langues sont suffisamment valorisées. Les études de Radahindwa réalisée dans la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), celles de DIARRA, de Calvet et de l'IPN réalisées au Mali, ont abouti au constat suivant : les enfants apprenant dans leur langue maternelle performent mieux dans les disciplines « scientifiques » que leurs homologues des classes en français.
PRÉALABLE CONCEPTUEL � � � � La pédagogie convergente : Elle peut être définie comme méthode éducative formelle consistant à introduire rationnellement les langues nationales dès les premières années de la scolarisation des apprenants à coté de la langue officielle. Elles sont utilisées comme médium. L’enseignement dans les deux langues se fait de la manière suivante : - 1ère année : 100% langue nationale ; - 2ème année : 75% langue nationale et 25% français ; - 3ème-4 années : 50% langue nationale, 50% français ; - 5ème-6ème années : 25% langue nationale, 75% français. L’enseignement dans la langue nationale est une option politique qui n’est pas sans fondement et sans expériences pédagogiques. La PC est le socle du curriculum.
PRÉALABLE CONCEPTUEL (SUITE) Le curriculum : il définit comme l’ensemble des dispositifs (finalités, programmes, emploi de temps, matériels didactiques, méthode pédagogique, mode d’évaluation) qui dans le système scolaire et universitaire, permet d’assurer la formation des apprenants (loi n° 99046 du 28 décembre 1999 portant la loi d’orientation sur l’éducation).
PRÉALABLE CONCEPTUEL (SUITE) � � � Calcul : le calcul est une opération que l’on fait pour trouver le résultat de la combinaison de plusieurs nombres. Au niveau élémentaire, il y a l’addition, la soustraction, la multiplication et la division. Le calcul est aussi l’art de résoudre un problème arithmétique. Langue maternelle : est généralement la langue que l'enfant parle couramment et qui est la langue dominante de son milieu de vie. Lange nationale : langue reconnue comme telle par un texte législatif. Langue officielle : elle désigne la langue de l’administration, le plus souvent la langue des colonisateurs (le français au mali). Bamanankan : le bamanankan est l’une des langues de la grande famille linguistique mandingue. Elle est parlée par plus de 10 (dix) millions de personnes en Afrique et principalement au Mali.
HYPOTHÈSE DE RECHERCHE � La numération orale en bamanankan facilite l’apprentissage de l’addition au premier cycle de l’enseignement fondamental.
IV. MÉTHODOLOGIE Public cible : � le public cible est l’ensemble des élèves de la classe à double division (3ème et 4ème). Les apprenants de cette classe sont formés en bamanankan dans les deux classes antérieures (1ère et 2ème).
DÉMARCHE SUIVIE Nous avons adopté la démarche suivant: - Un test avant les cours - Deux séances sur la formation des nombres - Deux séances sur l’addition orale - Un test après les cours Ce test a été préparé selon des variables didactiques.
VARIABLES DIDACTIQUES Elles sont au nombre de trois : - le nombre de chiffres des termes ; - existence d’une retenue et - la disposition du calcul. Toutes les additions ont seulement deux termes et aucun terme ne dépasse deux chiffres dans le souci de respecter la capacité de mémorisation des enfants de la 3ème et de la 4ème.
RÉSULTATS Chaque variable est constituée de dix opérations
3ÈME ANNÉE TABLEAU 3 : NOMBRES D'ERREURS PAR ÉLÈVE ET PAR VARIABLES AUX DEUX TESTS EN 3 E ANNÉE Variables Élèves E 1 E 2 E 3 E 4 E 5 E 6 E 7 E 8 E 9 E 10 E 11 E 12 E 13 E 14 E 15 E 16 E 17 V 1 Test 1 2 2 3 2 2 2 3 3 3 5 5 7 7 7 9 Test 2 0 0 1 1 2 6 1 1 2 2 2 3 4 4 6 V 2 Test 1 1 2 2 2 3 3 3 5 6 7 7 7 9 Test 2 0 0 0 1 2 6 1 1 2 2 2 3 4 4 6 V 3 Test 1 2 2 2 2 2 1 4 5 5 7 8 7 9 Test 2 0 0 0 1 2 6 1 1 2 2 2 3 4 4 6
Seul un élève (E 6) sur 17 a baissé en note. Un aussi (E 7) est resté constant si non tous les autres ont prouvé un changement dans la compréhension.
EN 4ÈME ANNÉE TABLEAU 2 : NOMBRES D'ERREURS PAR ÉLÈVE ET PAR VARIABLES AUX DEUX TESTS EN 4 E ANNÉE Variables Élèves V 1 V 2 V 3 Test 1 Test 2 10 10 10 E 1 1 0 1 0 E 2 1 0 0 0 1 0 E 3 0 1 0 1 E 4 2 0 2 0 E 5 3 2 3 1 E 6 2 1 2 1 E 7 3 2 3 2 E 8 3 1 3 2 3 1 E 9 5 2 5 2 E 10 5 5 5 E 11 6 3 6 3 E 12 7 3 7 3 E 13 7 5 7 5 E 14 7 1 7 1 10
Ce bilan est positif. Aucun apprenant n’a eu 10/10 au test avant cours mais 3 ont 10 au test après cours, il n’y avait pas 9 aussi et trois l’ont 9. 5 n’avaient pas eu la moyenne 5/10 avant 1 seulement n’a pas la moyenne au test après cours
DIFFICULTÉS - La mise à la retraite des anciens; - Le manque de manuels, de matériels didactiques et de supports pédagogiques; - La non maitrise de la langue par les enseignants due à la faiblesse de la formation; - La mobilité des enseignants, sont entre autres les facteurs ayant freiné l’enseignent bilingue au Mali.
CONCLUSION Au terme de notre étude sur la numération orale en bamanankan et de son impact sur la performance des élèves en addition, les résultats de ont relevé l’importance de ce premier enseignement des mathématiques sur les compétences des élèves. Nos résultats ont montré que la numération en bamanankan joue un rôle indéniable dans l’augmentation du taux de réussite en calcul. Elle permet de faciliter l’acquisition des opérations au premier cycle. Les résultats obtenus, l’attitude dynamique des apprenants pendant cet apprentissage le témoignent. Le nombre d’enfants qui mettaient dans le rang des résultats absurdes ont beaucoup diminué. Par exemple les résultats comme 59+22 = 711 sont devenus rares dans le 2émetest par rapport au 1 er test.
CONCLUSION (SUITE ET FIN) � L’apprentissage de la numération orale valorise le milieu culturel de l’enfant en particulier sa langue . Par ailleurs nous constatons que la langue procure à l’apprenant le plein épanouissement et le pouvoir de s’exprimer. Ce qui n’est pas le cas des élèves de l’école classique.
- Slides: 23