LES INDICES DE LA SUBJECTIVITE LES MODALITES DENONCIATION
LES INDICES DE LA SUBJECTIVITE: LES MODALITES D’ENONCIATION
LES MODALITES L’étude des modalités accompagne aussi bien le domaine de la syntaxe, que celui de l’énonciation elles concernent particulièrement les marques de l’activité du sujet – locuteur, dont elles analysent l’attitude par rapport à l’énoncé. La grammaire distingue, traditionnellement, entre les modalités d’énoncé et les modalités d’énonciation (ou les types de phrase).
LES MODALITES les modalités d’énoncé indiquent l’attitude du locuteur vis-à-vis du contenu de l’énoncé (le locuteur doit évaluer et apprécier la vérité, la possibilité, la nécessité, imprime des marques d’affectivité, etc. ). les modalités d’énonciation marquent la relation du sujet avec son allocutaire, et sont revendiquées par la syntaxe et l’énonciation à la fois; s’occupent des contenus : interrogatifs, assertifs, injonctifs, négatifs etc.
LES MODALITES Sémantiquement, un énonce peut se décomposer en deux : ce qui est dit (dictum) la façon de le dire (modus - la modalité proprement – dite (la perspective du sujet parlant sur ce contenu ) cf. Charles Bally, Linguistique générale et linguistique française, 1932
Les archétypes modaux Les systèmes modaux classiques se rangent selon qu’elles déterminent la valeur de vérité d’une proposition. Il y a les modalités aléthiques épistémiques déontiques
TYPOLOGIE Les modalités se rangent autour de deux grands critères : un critère d’ordre formel, qui met en vedette les termes spécifiques, les mots et les symboles plus saillants ; un critère d’ordre pragmatique, (déceler la signification intime de la modalité, quelle que soit la forme qu’elle revêt).
TYPOLOGIE Le critère formel Modalité explicite / modalité implicite Il est probablement mon étudiant. Il sera l’étudiant de la Faculté des Lettres. Il est si intelligent ! Tu as fini les examens ?
TYPOLOGIE Le critère formel Le noyau dur est constitué par les par des moyens linguistiques spécifiques, détectables dans l’énoncé: les modalités propositionnelles auxiliaires de mode
Le noyau dur Les modalités propositionnelles Il est certain que cette entreprise obtiendra du profit. Il est possible que cette entreprise obtienne du profit. / Il est possible pour cette entreprise d’obtenir un profit. Il est obligatoire que cette entreprise obtienne du profit.
Le noyau dur Les expressions modales il est certain / possible / obligatoire que / de sont considérées extérieures à la proposition qu’elles modalisent et se regroupent autour du schéma : Il (unipersonnel) + est + Adjectif + que p (proposition) ou de (Infinitif)
Le noyau dur Les auxiliaires de mode : pouvoir, devoir, falloir, savoir, vouloir les adverbes de mode: nécessairement, obligatoirement, probablement, facultativement polysémiques, à même d’exprimer plusieurs nuances : POUVOIR Il se fit silence, et l’élève put réciter sa poésie (il a eu la capacité physique, intellectuelle ou morale) Vous pouvez manger (vous avez la permission) Vous pouvez l’affronter (ou non) (éventualité)
Le noyau dur Devoir peut exprimer soit l’obligation (interne ou externe) soit la probabilité. Je dois aller jusqu’au bout (les circonstances, les autres me l’imposent ; je suis, en quelque sorte, forcé de le faire) Je dois avoir le cours que tu me demandes (il est probable que j’ai le cours) Falloir, suivi de que + phrase (p) revêt plusieurs nuances : Il faut que je lise (valeur modale d’obligation) Il faut lire ( falloir suivi d’un infinitif exprime la nécessité)
Le noyau dur Savoir Je sais qu’il est mon fils (Je suis certain) - une valeur de certitude Il sait écouter (Il en a la capacité) - « avoir la capacité » Vouloir Je veux que tu dises la vérité (Je t’ordonne de dire la vérité) - une valeur d’obligation Je voudrais savoir la vérité (Je le désire) - un simple désir du sujet
LE CRITÈRE PRAGMATIQUE trois types de théories pragmatiques: 1. Hermann Parret dans l’étude Prolégomènes à la théorie de l’énonciation. De Husserl à la pragmatique (1987) - les modalités dans le contexte actionnel 2. Catherine Kerbrat – Orecchioni (dans L’énonciation. De la subjectivité dans le langage, 1986) 3. Patrick Charaudeau (dans Grammaire du sens et de l’expression, 1992).
MODALITE ET SUBJECTIVITE Mis devant la situation de verbaliser un objet référentiel, réel ou imaginaire, par le choix de certaines unités de langue, le locuteur peut choisir entre un discours « objectif » (où les traces de l’énonciation sont cachées) et un discours « subjectif » , où la présence du locuteur est explicite (Je crois qu’elle est jolie) ou implicite (Elle est jolie)
MODALITE ET SUBJECTIVITE Il y a deux grands aspects de la subjectivité : l’aspect affectif (qui concerne les sentiments du locuteur) l’aspect évaluatif (basé sur le jugement du locuteur, qu’il soit de nature axiologique (en termes de bon / mauvais) soit de nature épistémique (modalisé selon le vrai, le faux ou l’incertain)
Les substantifs axiologiques ou comment juger les autres. les termes péjoratifs – dévalorisants / mélioratifs (laudatifs, valorisants), comme il résulte de l’opposition c’est un imbécile / c’est un génie les termes péjoratifs suffixés en -ard : chauffard / chauffeur, vantard, fuyard -asse : vinasse, blondasse, bêtasse. les oppositions au niveau du signifié : tacot / voiture / bagnole
Les substantifs axiologiques - impliqués dans le mécanisme de l’injure - impliquent une agression verbale à laquelle le locuteur est obligé de réagir (réaction verbale ou fuite) - ils sont implicitement énonciatifs: celui qualifie un autre se permet de se croire hors de la cause, sans se dévoiler comme source du jugement - la visée est de persuader son interlocuteur que c’est sa propre nature qui est stigmatisée par l’insulte et non pas la position du locuteur par rapport à lui.
Les substantifs axiologiques « Maître Jacques. – On vous a pris de l’argent ? Harpagon. – Oui, coquin ! et je m’en vais te prendre si tu ne me le rends. Le commissaire. – Mon Dieu, ne le maltraitez point. » [1] Molière, L’avare, Paris, Nouveaux classiques Larousse, 1963, p. 98.
Les substantifs axiologiques « Il y a, dans l’insulte, en dépit de son caractère explicite, un élément qui est camouflé et qu’on pourrait formuler ainsi `c’est moi qui le dis` » . [1] C. Kerbrat – Orecchioni, L’énonciation de la subjectivité dans le langage, 1980, p. 82, en citant Flahault, La parole intermédiaire, Seuil, Paris, 1978.
Les adjectifs subjectifs Grand ou petit, beau ou laid n’ont de signification en dehors de la perception du locuteur Classification adjectifs « objectifs » (célibataire/marié) adjectifs subjectifs – 2 types: Affectifs (poignant, drôle, pathétique) ou Évaluatifs non axiologiques : grand, loin, chaud, nombreux, ou axiologiques : bon, beau, bien.
Les adjectifs subjectifs « Harpagon. – Et cette cassette, comme est-elle fait ? Je verrai bien si c’est la mienne. (…) Maître Jacques. – C’est une grande cassette. Harpagon. – Celle qu’on m’a volé est petite. Maître Jacques. - Eh oui ! elle est petite, si on le veut prendre par là ; mais je l’appelle grande pour ce qu’elle contient. Le commissaire. – Et de quelle couleur est-elle ? Maître Jacques. – De quelle couleur ? Le commissaire. – Oui. Maître Jacques. – Elle est de couleur… là, d’une certaine couleur… Ne sauriez-vous m’aider à dire ? Harpagon. – Euh ! Maître Jacques. – N’est-elle pas rouge ? Harpagon. – Non, grise. Maître Jacques. – Eh ! Oui, gris-rouge ; c’est ce que je voulais dire. »
Les adjectifs subjectifs Même les adjectifs de couleur, considérés habituellement comme « objectifs » , sont redevables à l’intention énonciative du locuteur. On y saisit le caractère subjectif de l’opposition grand / petit.
Les évaluatifs axiologiques supposent, eux aussi, une comparaison avec une norme interne ce qui est « beau » , l’est par rapport à d’autres objets de la même nature) et rapportée au sujet – énonciateur et à son système d’évaluation, éthique ou esthétique. « Mon chat est beau »
Commentaire - le locuteur opère une comparaison implicite (plus beau que les autres) - il se rapporte à une certaine norme d’évaluation (les chats en général) La norme comparative s’établit dans un univers de discours particulier, où les connaissances sont partagées par le locuteur et l’ínterlocuteur. Le locuteur apporte aussi un jugement de valeur, exprime une prise de position, positive ou négative.
Les verbes subjectifs Les verbes de sentiment aimer, apprécier, souhaiter, espérer, désirer, vouloir, détester, déprécier, craindre, redouter, appréhender à la fois axiologiques et affectifs, ils expriment une disposition, favorable ou dé favorable, de l’agent du procès vis-à-vis de son objet Les verbes locutoires supposent un comportement verbal (se plaindre de, déplorer – Y est jugé mauvais par X, louer, blâmer – Y est bien aux yeux de X).
Les verbes subjectifs Les verbes dévalorisants expriment un doute sur la valeur du procès qu’ils dénotent : glapir, vociférer, ricaner (basés sur un comportement verbal ou paraverbal), puer, commettre, récidiver, sévir, s’en ressentir, échouer, dégénérer, régresser. Les verbes d’opinion : servent au locuteur d’informer le destinataire des opinions d’un tiers : estimer, trouver, penser, croire, savoir, être persuadé / convaincu que, s’imaginer que + p (Phrase) on doit tenir compte des contenus présupposés par ces verbes: souhaiter que suppose la nature positive du fait, alors que prétendre que présuppose un contenu négatif
Les adverbes subjectifs Expriment: un jugement de vérité : peut-être, vraisemblablement, sans doute, certainement, à coup sûr : - un jugement de réalité : réellement, vraiment, effectivement, en fait (en position de complément de phrase) ; La restriction ou l’appréciation : à peine, presque, guère, seulement, déjà, encore ; - un commentaire du locuteur son énoncé : à mon avis, en toute franchise, à vrai dire
D’autres contenus modaux les interjections (exprimant, d’une façon directe, un état d’esprit du locuteur) ; les temps du verbe, qui partagent l’attitude du locuteur ; la ponctuation trahissant les différentes attitudes du locuteur-scripteur
Modalité, interaction et mise en discours La classification établie par Patrick Charaudeau, dans Grammaire du sens et de l’expression l’auteur prend en compte le comportement particulier du locuteur, qui est la source de plusieurs actes locutifs : les actes allocutifs, les actes délocutifs et les actes élocutifs.
Les actes allocutifs l’interlocuteur est impliqué par le locuteur dans l’acte d’énonciation en lui imposant quelque chose. Marques les pronoms personnels – tu, vous – des phrases impératives, l’interrogation) : Je vous demande / ordonne / de partir / Viens ici ! / Qu’as-tu dis ?
Les actes allocutifs Types L’interpellation est illustrée par des moyens explicites : l’identification de l’autre (Hé !, toi !, Pst !, dites donc) ; l’identification générique et de parenté (Monsieur, Madame, Bonjour, Salut, Papa, Maman) ; identification avec nom propre (Marie, Jean, Dupont) ou du rapport social (Monsieur le directeur, Excellence), identifications appréciatives positives (mes amis, mon brave), ou négatives (injures de type salaud, imbécile)
Les actes allocutifs L’Injonction Le locuteur impose à son interlocuteur une action, tout en se dirigeant en autorité absolue). L’interlocuteur, supposé en avoir une certaine compétence, doit s’y soumettre, en risquant, autrement, une sanction. Explicitement, l’injonction se réalise par la forme impérative (Donnez-moi le carafe !), verbes ou périphrases à la première personne (Je vous ordonne de vous taire), des mots à intonation injonctive (Dehors !; Silence !). Implicitement, l’injonction peut être masquée sous une interrogation (Vous taisez-vous ? ) ou sous une autre modalité : exigence (Je veux que tu te taises) ; demande (Je te demande de te taire) ; désir (J’aimerais que tu te taises)
Les actes allocutifs L’autorisation suppose une action réalisée par un interlocuteur qui veut et peut l’exécuter et auquel on donne le droit de l’accomplir. Au niveau de l’explicite, on y rencontre des verbes ou des périphrases verbales : autoriser, donner la permission, accorder le droit, permettre de : Je vous autorise de lire cette lettre. Implicitement, elle s’emploie souvent par la forme impérative, accompagnée souvent par un geste (Asseyez – vous – le locuteur offre un siège à son interlocuteur) ; le verbe pouvoir dans certains emplois (Maintenant, vous pouvez vous asseoir).
Les actes allocutifs L’avertissement recouvre une action réalisée par le locuteur qui suppose que l’interlocuteur ignore (ou veut ignorer) une situation qui l’intéresse. L’interlocuteur se trouve doté d’une information qui lui permet d’assumer les risques Comme moyens explicites, on emploie des verbes de modalité : avertir, prévenir, informer, promettre (Je te préviens, la tempête est proche). Implicitement, il se réalise par tout énoncé qui représente une menace potentielle pour l’interlocuteur : La tempête est proche.
Les actes allocutifs Le jugement suppose de la part du locuteur, en tant qu’autorité du discours, ou déclaration d’approbation ou réprobation, en qualifiant l’interlocuteur. Il y a, comme moyens explicites, des verbes ou de périphrases verbales (féliciter, applaudir, approuver, bravo !, félicitations / accuser, reprocher, condamner, blâmer). Implicitement, les énoncés peuvent décrire une action de l’interlocuteur, positivement ou négativement appréciée : Vous êtes merveilleuse ! / Ton opinion est contestable.
Les actes allocutifs La suggestion Le locuteur apprécie que son interlocuteur se trouve dans une situation défavorable, et lui propose une solution afin d’améliorer sa situation. Explicitement, elle se réalise par des verbes tels : conseiller, suggérer, recommander, déconseiller ; des locutions ou expressions qui explicitent la position du locuteur (Moi, à ta place… / Si j’étais vous…) ; les verbes devoir ou falloir au conditionnel (Tu devrais t’abstenir de faire des commentaires ; il aurait fallu…)
Les actes allocutifs La proposition Le locuteur offre à l’interlocuteur son appui dans l’accomplissement d’une action à son profit. L’interlocuteur sera donc le bénéficiaire, mais il pourra accepter ou refuser cette offre. Explicitement, la proposition se réalise par des modalités ou périphrases verbales : proposer, offrir. Implicitement, elle peut apparaître sous une forme interrogative, pour demander l’acceptation de l’autre (Pourrais-je vous aider ? )
Les actes allocutifs L’interrogation (ou « la demande de dire » ). Le locuteur, ayant une information à acquérir, demande à l’interlocuteur de dire ce qu’il sait, tout en se donnant le droit de questionner son partenaire, censé avoir la compétence d’y répondre
Les modalités élocutives Ce type de modalité est centré sur l’activité du locuteur, en rapport à ce qu’il dit. L’interlocuteur n’y intervient pas. Le constat. Le locuteur observe l’existence d’un fait et reconnaît qu’il n’y est pas impliqué. Il prend acte de l’existence de ce fait, sans le juger. C’est un procédé de désengagement. Elle s’exprime, explicitement, par des verbes de modalité (constater, observer, voir, remarquer que) ou implicitement, par tout énoncé à la forme affirmative, sans verbe de modalité : (Je constate qu’) il est en train de finir son travail :
Les modalités élocutives Le savoir / l’ignorance Le locuteur dit qu’il a la connaissance ou non d’une information, généralement présupposée. Moyens explicites : savoir, ignorer, y compris à la forme négative (J’ignore s’il partira). Moyens implicites : par l’intermède de l’interrogation, et par toute forme affirmative, qui laisse sous-entendre que le locuteur sait.
Les modalités élocutives L’opinion Le locuteur explicite la place qu’un événement présupposé occupe dans son univers de croyance. Le locuteur garde ce fait à distance, et exprime une attitude de croyance. deux nuances à discuter : la conviction (implique qu’il y a doute sur la vérité du procès) : J’ai la conviction intime qu’il n’aurai pas dû parler ; la supposition (implique qu’il n’y a pas de certitude totale sur la vérité du procès) – s’imaginer que, croire / ne pas croire que, avoir l’idée que, se douter que, penser / ne pas penser, avoir le pressentiment / l’idée que… Implicitement, on pourrait rencontrer des énoncés émis sur un ton affirmatif ou dubitatif, accompagnés, éventuellement, de certaines intonations ou certains gestes.
Les modalités élocutives L’appréciation Le locuteur évalue (dit son sentiment) à propos d’un fait présupposé ; le jugement (subjectif) peut être aussi bien favorable que défavorable. L’appréciation peut être éthique / esthétique (je trouve beau / laid ; je trouve bien / mal) ; hédonique (Je trouve heureux / malheureux que) ou pragmatique (je trouve utile / inutile que). Explicitement, on trouve des verbes ou périphrases verbales suivis du subjonctif : être content / satisfait de, se réjouir, apprécier, être heureux, préférer, craindre, trouver formidable / admirable / passionnant / décevant, triste / catastrophique. des mots à la forma exclamative, qui témoignent l’implication du locuteur : Quelle (mal)chance !, tant mieux / pis, horrible, Diable, Hélas. Implicitement, une appréciation peut transparaître dans tout énoncé positif ou négatif, selon la situation d’énonciation.
Les modalités élocutives L’obligation Le locuteur doit accomplir une action, en raison des contraintes d’ordre moral ou utilitaire qu’il se donne à lui-même (obligation interne) soit sous la pression d’une Autorité (obligation externe). Au niveau explicite, on y trouve des verbes et périphrases verbales suivies de l’infinitif : devoir, être obligé de, se devoir de, être dans l’obligation, falloir (Il me faut écrire ces lignes).
Les modalités élocutives La possibilité Le locuteur se trouve devant une action dont la réalisation dépend de lui seul et pour l’accomplissement de laquelle il affirme avoir une aptitude, une capacité. Cette capacité est, implicitement, mise en doute. Comme moyens d’expression explicite, il y a des verbes et des périphrases verbales suivies de l’infinitif : pouvoir, être dans le pouvoir de, être capable, avoir d’aptitudes pour : Je ferai tout ce que je pourrai pour le rejoindre (possibilité interne) ; Je peux ouvrir la fenêtre (possibilité externe).
Les modalités élocutives Le vouloir Le locuteur se trouve dans une situation de manque qu’il veut combler. L’action à réaliser est bénéfique, mais sa réalisation ne dépend pas de lui. Explicitement, on emploie plusieurs verbes de modalité ou périphrases verbales : désirer, rêver, aspirer, vouloir que. Le souhait est suggéré dans : Dieu veuille que, s’il pouvait comprendre que, pourvu que, souhaiter, aimer que. Le souhait est un désir très intense, dont la réalisation est impossible ou surnaturelle
Les modalités élocutives L’exigence (un vouloir intense du locuteur qui appelle l’interlocuteur à la soumission) c’est une autre variante du désir, et est exprimée par : exiger que, vouloir / tenir à ce que, aimer bien que La promesse. Le locuteur s’engage à accomplir un acte. La réalisation de cet acte, dont il est le responsable, est mise en doute. La promesse ne comporte que des marques explicites, qui se rangent autour de : promettre / faire la promesse, jurer, s’engager à. L’accomplissement d’une promesse se fait à l’aide d’un verbe, qui la déclare ouvertement. Il faut faire la distinction entre l’engagement (qui tient de l’obligation) et la promesse, qui est explicite et performative
Les modalités élocutives L’acceptation et le refus. Devant une demande d’accomplir un certain acte ( « demande de faire » ), le locuteur répond favorablement ou défavorablement. Explicitement, elle peut être exprimée par oui / non ou par : accepter de / que, consentir à, refuser de, se refuser à, s’opposer à : Je m’oppose à ce que tu écrives la résignation. Implicitement, on peut avoir des indices gestuels marquant ces deux attitudes, ou des énoncés qui présupposent un acte antérieur de « demande de faire » : Tu peux aller au concert.
Les modalités élocutives L’accord / le désaccord. Le locuteur doit adhérer ou non à un propos d’un autre et contribue à la validation (positive ou négative) de ce propos. On rencontrera les marques suivants : oui / non, je suis d’accord / pas d’accord avec, etc. : On y trouve aussi d’autre marques explicites : certes, bien sûr, bien entendu, tout à fait, certainement pas, oui, mais… (annonçant une objection). Le geste ou la mimique expriment souvent cette modalité.
Les modalités élocutives La déclaration. Le locuteur sait quelque chose, et suppose que l’interlocuteur ignore ce savoir ou le mette en doute ; il affirme la vérité de ce qu’il sait Cette modalité a plusieurs variantes : l’aveu (pour un savoir tenu caché - avouer, confesser, reconnaître que), la révélation (le savoir était tenu caché par les autres) – révéler, dévoiler, je vais dire …), l’affirmation (affirmer, prétendre, soutenir), la confirmation (ajouter une déclaration – confirmer que, être témoin que, attester que, certifier / attester que). La proclamation a une valeur performative marquée, en instaurant le fait dans le moment de l’énonciation. Elle suppose, de la part du locuteur, une position institutionnelle et s’exprime par : déclarer, proclamer.
Les modalités délocutives elles sont déliées du locuteur et de l’interlocuteur les indices qui témoignent de la responsabilité du locuteur : constatation (il est admis / visible que) ; évidence (il est évident / certain incontestable que) ; probabilité (vraisemblablement, sans doute, il se peut, il est possible que, il y a peu de chances pour que) ; appréciation (il est satisfaisant / bien que, il est réjouissant de, il est admirable / appréciable / heureux / décevant / triste de, il est dommage / malheureux que) ; obligation (il faut que, il est obligatoire / nécessaire / indispensable, interdit de, il n’y a qu’à ) ; possibilité (de faire ; il est faisable) ; souhait et exigence (Il est souhaitable / exigé de) ; acceptation et refus (Il est / n’est pas acceptable de), aveu et confirmation (c’est avouable, il est vrai / certain / exact / juste que).
Les modalités délocutives Le « discours rapporté » se range dans la même catégorie, sous la modalité complexe il a dit que… La classification de l’auteur comprend quatre manières de rapporter un discours, compte tenu de la position des interlocuteurs, du degré de reproduction et de la distance entre les deux : par citation. Le discours est cité intégralement ou partiellement, avec ou sans guillemets ; traditionnellement, on le trouve sous le nom de « style direct » : Paul m’a dit : « ma femme m’a quitté » ; par intégration dans le discours de celui qui rapporte, ce qui entraîne une transformation (partielle) du discours d’origine : Il a dit que sa femme l’avait quitté (traditionnellement appelé « style indirect » ; Il l’a avoué finalement : sa femme l’avait quitté ; Le « style indirect libre est spécifique, surtout, au discours littéraire : Un matin, il m’emmena chez le proviseur et lui vanta mes mérites : je n’avais que le défaut d’être trop avancé pour mon âge (Sartre, Les Mots) ;
Les modalités délocutives la narrativisation (le discours narrativisé) a la propriété de s’intégrer totalement, jusqu’à la confusion complète, dans les paroles de celui qui l’énonce. Ma femme m’a trahi sera ainsi rapporté comme Il a avoué la trahison de sa femme ; L’évocation (le discours évoqué). Le discours d’origine se retrouve sous la forme des allusions dans un groupe de mots entre guillemets, tirets ou parenthèses : Tu sais, sa femme est « un monstre » (comme il le dit…).
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