Le Romantisme lide le style Le romantisme couvre

Le Romantisme: l’idée, le style • Le romantisme couvre la même période, de 1750 à 1850, et proclame un retour à la nature, contre les artifices du baroque et du rococo. • La nature est sauvage, démesurée, changeante, sublime et terrifiante, l’homme y est petit, voué à l’échec, mais son expérience personnelle acquiert la dimension d’un mythe • Les artistes romantiques redécouvrent les styles oubliés ou négligés, nous parlons DES renaissances plutôt que DE LA Renaissance de la seule antiquité gréco-romaine du classicisme. Le style des œuvres est hétéroclite, selon «affinité élective » de l’artiste, et inclue le retour à l’antiquité classique (c’est le néoclassicisme) ainsi qu’au vocabulaire baroque apte à transmettre le tumulte, la terreur, la sensualité: nous parlons de Romantisme néobaroque… • C’est en fait une réaction générale contre l’ordre social et les valeurs établies, un intense besoin de ressentir des émotions nouvelles, la recherche de l’émotion en soi.

• LE STYLE des œuvres des artistes romantiques est hétéroclite, selon « affinité élective » de l’artiste, autre concept romantique… • Les artistes romantiques redécouvrent ainsi les styles oubliés ou négligés, nous parlons DES renaissances plutôt que de LA Renaissance de la seule antiquité gréco-romaine du classicisme: Le Style hétéroclite:

C’est en comparant ces deux Odalisques, celle du romantique Delacroix avec celle, néoclassique, d’Ingres, que nous avons constaté que si les manières de peindre sont différentes, le sujet, exotique, est le même. Il reflètent cet enchantement en soi romantique de l’époque, pour les pays lointains, les cultures différentes… Delacroix, Odalisque sur un Ingres, La grande Odalisque, 1814 divan, 1827 -28

Néo-classicisme et le Romantisme… • Suivant cette idée du choix du style selon affinité personnelle, le néo-classicisme est aujourd’hui considéré comme un aspect du romantisme et non plus comme un mouvement opposé: nous l’avons étudié à part car il représente le style dominant jusqu’au début du XIXème siècle ;

Mais le romantisme, compagnons des luttes nationales, dans lesquelles il trouve ces drames contemporains qui donnent à la destinée de l’homme une dimension mythique… DELACROIX, Le Massacre de Scio, 1822 -24

Comme ici dans la représentation de la révolution de juillet 1830… Delacroix, Liberté guidant le peuple, 1830

S’égare dans la recherche de l’émotion plus forte, puisant de plus en plus dans l’exotisme, s’éloignant progressivement des preoccupations de son temps. Nous parlons d’escapisme… Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827

Delacroix, Chevaux arabes, 1860

Chasse au lion, 1861

Delacroix, Liberté guidant le peuple, 1830

Delacroix: Le Massacre de Scio, 1822 -24, Liberté guidant le peuple, 1830 Delacroix, Chevaux arabes, 1860, Chasse au lion, 1861

C’est cette fuite des préoccupations de son temps et de sa société qui discrédite le romantisme et emmène sa fin, faisant place à un autre grand mouvement de la fin du XIXème siècle, dont nous allons parler aujourd’hui. Il s’agit du Réalisme: Gustave Courbet, Un enterrement à Ornans, 1849 -50

Alors que le néoclassicisme , l’autre grand style de l’époque (qui n’est, on vient de le voir, en fait qu’une variante du romantisme…), le style de la novelle classe privilégiée, la bourgeoise, devient le mur contre lequel vont se heurter les générations de jeunes peintres: ce qui fut un style révolutionnaire va par la suite se figer en un dogme… David, La Mort de Marat, 1793 INGRES, Portrait de Louis Bertin, 1832

Le Réalisme Gustave COURBET (1819 -1877)

Le Réalisme: réaction à l’escapisme romantique • Si le romantisme et le classicisme apparaissent en réaction contre le caractère artificiel du baroque et du rococo, le réalisme apparait au moment où le romantisme, compagnon des révolutions bourgeoises du XVIIIème et XIXème siècle, toujours à la recherche de l’émotion plus forte, s’égare dans l’exotisme, et s’éloigne des préoccupations de son temps. Le réalisme apparait comme réaction contre l’escapisme romantique.

Le réalisme sera souvent associé au socialisme et aux luttes des exploités du capitalisme en général. Le nom fut donné au mouvement par Gustave COURBET (1819 -1877), peintre français, qui forgea le terme et en fit son programme. Prudhon: « La propriété, c’est le vol » Courbet, Pierre-Joseph Prudhon et ses enfants en 1853, 1865 -67

Gustave COURBET (1819 -1877) Né à Ornans dans une famille de paysans aisés, Courbet commence comme peintre romantique néobaroque vers 1840. Autoportrait (homme désespéré), 1843 -45 Autoportrait (homme blessé), 1844 -45

Le programme réaliste • En 1846, le poète Charles Baudelaire réclame « un peintre qui exprimât l’héroïsme de la vie moderne » , et Courbet, son ami, en fait son crédo artistique, seul à l’époque. • « L’exagération romantique de la sensibilité et de l’imagination ne sont qu’un échappatoire devant les réalités de l’époque, l’artiste moderne doit se baser sur son expérience personnelle » , affirme Courbet.

Les Casseurs de pierre (1849) est la première peinture traduisant le programme réaliste. Cette peinture nous présente pour la première fois DANS UN GRAND FORMAT des gens anonymes au travail. De ces deux travailleurs, l’un est visiblement trop jeune pour le dur travail qu’il fait, et l’autre trop vieux: c’est une critique… Courbet, Les Casseurs de pierre, 1849

Un enterrement à Ornans choque: son très grand format était alors réservé aux scènes historiques, mythologiques ou religieuses. Cette REMISE EN QUESTION DES HIÉRARCHIES DES GENRES fait assimiler l’art de Courbet à l’art « socialiste » . Les réactions sont violentes: « Est-il possible de peindre des gens si affreux ? » «Le Laid en grandeur nature!» . Courbet, Un Enterrement à Ornans, 1849, 315 x 668 cm

Son autre tableau refusé à l’Exposition universelle de 1855, Courbet monte une exposition personnelle qu’il nomme le « Pavillon du Réalisme » . La critique de l’époque qualifie l’œuvre de «vulgaire» . Courbet, Intérieur de mon atelier: une allégorie réelle résumant sept ans de la vie d’un artiste, 1854 -1855, 352 x 587 cm

La réponse de Courbet: «Je ne peux pas peindre un ange, car je n’en ai jamais vu » . • À ces critiques, Courbet répond: « Je tiens que la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes (. . . ); un objet abstrait, non visible, non existant n'est pas du domaine de la peinture» . • «Je ne peux pas peindre un ange, car je n’en ai jamais vu » .

Son autre tableau, La rencontre, pourtant critique des rapports de classes de l’époque (et vantant la liberté de l’artiste…) est par contre accepté à cette même exposition… La Rencontre (Bonjour, Monsieur Courbet), 1854

Notez toutefois que si le sujet des toiles de Courbet est nouveau (la vie actuelle, le monde du travail, l’exploitation de la classe ouvrière), la technique de Courbet reste traditionnelle. Gustave Courbet, Les cribleuses de blé, 1854

Courbet peint aussi les paysages. . .

Et aussi, bien entendu, les femmes… Gustave Courbet, Les demoiselles au bord de la Seine, 1856

Mais quand il fantasme… Gustave Courbet, Femme aux bas blancs, vers 1861

…il le fait de manière réaliste. Gustave Courbet, L'Origine du monde, 1866

fantasmes néoclassiques, romantiques, réalistes… Ingres, La grande odalisque, 1814 Delacroix, Odalisque, 1827 -28 Gustave Courbet, L'Origine du monde, 1866

Ces messieurs, leurs affaires, leurs fantasmes…

Tanja Ostojić, After Courbet, 2004 Parodie: “Courbet and the origin of EU” Tanja Ostojic, « Looking for a husband with an EU

Dégager l’essentiel: Le Réalisme • C’est l’exotisme, l’escapisme, la fuite du temps et des problèmes de leur société aussi bien du romantisme que du néo-classicisme, jadis révolutionnaires, qui fait place à un autre grand mouvement de la fin du XIXème siècle: le Réalisme. • Son plus grand représentant est Gustave COURBET (1819 -1877). • Le réalisme, choque car Courbet utilise le grand format des toiles, à l’époque réservé aux scènes historiques, mythologiques ou religieuses, pour représenter des scènes de la vie actuelle, ordinaire, du monde du travail, remettant en question la hiérarchie des genres (scènes historiques, religieuses, mythologiques ayant le plus de valeur, les natures mortes et les scènes de genre en ayant le moins), ce qui implique une remise en question des hiérarchies sociales. • Le réalisme sera ainsi associé au socialisme et aux luttes des exploités du capitalisme en général. • Mais si Courbet introduit le nouveau traitement des sujets (la grande taille des toiles montrant la vie de tous les jours et le monde du travail), sa technique reste traditionnelle.

Mini test: Au quel mouvement artistique du XIXème siècle cette toile est -elle associée? Expliquez pourquoi cette toile a-t-elle choqué? Aux quelles idées sociales ce mouvement est-il associé? Courbet, Un Enterrement à Ornans, 1849, 315 x 668 cm

L’École de Barbizon (1825 -1875)

L’influence du peintre anglais John Constable (1776 -1837) • En 1824, le salon de Paris exposa des œuvres du peintre anglais John Constable: des scènes rurales, des paysages. • Selon les critères artistiques du début du XIXème siècle, l’observation sensible de la nature pour elle-même était considérée comme inférieure à l’expérience intellectuelle, et le paysage restait en France un genre mineur; • Les scènes rurales de John Constable eurent une influence décisive sur un groupe d’artistes plus jeunes, lesquels se réunirent et optèrent de suivre délibérément ces préceptes, afin de rendre la nature elle-même sujet de leurs peintures. . . Ces jeunes peintres s’installent dans le village de Barbizon, près de Fontainbleau. Nous faisons référence à eux sous le nom d’École de Barbizon (1825 -1875).

John Constable (1776 -1837)

John Constable, Le champ de blé, 1816

L’École de Barbizon • En réaction à l'industrialisation naissante et à la pollution urbaine, ce groupe de jeunes peintres s‘installe dans le village de Barbizon, près de Fontainbleau, où ils produisent des toiles souvent rurales, en s'inspirèrent de la peinture paysagiste hollandaise du XVIIe siècle et du paysage anglais contemporain. • Parmi eux, Millet étendit sa vision des paysages aux personnages, peignant la paysannerie et les travaux des champs. Des Glaneuses (1857) en est un parfait exemple, montrant trois paysannes occupées à glaner après la récolte, sans mise en scène dramatique, juste une évocation de la vie simple de ces femmes.

École de Barbizon, Millet, Les glaneuses, 1857

Le réalisme et l’impressionisme • Le programme social de Courbet, la conscience de leur époque, combinés avec la sortie en plein-air de l’École de Barbizon vont, dans la seconde moitié du XIXème siècle, ouvrir la voie à l’avènement d’un autre grand mouvement en arts: c’est l’impressionnisme.