Le poison tait dans la soupe Le poison

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Le poison était dans la soupe

Le poison était dans la soupe

Le poison était dans la soupe • Pour une histoire des empoisonneuses • Pascale

Le poison était dans la soupe • Pour une histoire des empoisonneuses • Pascale Bugat, conservateur en chef, directrice des Archives départementales de la Creuse

Figures d’empoisonneuses : mythes et réalités. Vêtue de noir, ridée, le nez crochu, la

Figures d’empoisonneuses : mythes et réalités. Vêtue de noir, ridée, le nez crochu, la sorcière tend à Blanche-Neige la pomme empoisonnée. L’acte se passe le plus souvent dans la cuisine ou le coin repas, c’est l’homicide de la mère nourricière. L’empoisonneuse est une espèce rare, 1 à 4 % de la criminalité.

Les sources exploitables • Le compte général de l’Administration de la justice criminelle en

Les sources exploitables • Le compte général de l’Administration de la justice criminelle en France (Tableaux de l’Insee, récapitulatifs 1946). • Le répertoire général des affaires pénales : assises et correctionnel du département de la Creuse. • Les dossiers de procédure.

Les statistiques de la criminalité en France répartition criminalité France 7000 6000 5000 4000

Les statistiques de la criminalité en France répartition criminalité France 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 homicide volontaire coups et blessures infanticides/avortement viols et attentats à la pudeur crimes contre les propriétés 87 18 86 18 85 18 84 18 83 18 82 18 81 18 80 18 79 18 78 18 77 18 76 18 75 18 74 18 73 18 72 18 71 18 70 18 69 18 68 18 67 18 66 18 65 18 5 -1 86 0 -1 61 18 56 85 18 -1 51 18 86 5 0 85 5 -1 46 -1 84 18 41 18 18 36 -1 84 0 0

Les statistiques de la criminalité en Creuse répartition des crimes - Creuse 50 45

Les statistiques de la criminalité en Creuse répartition des crimes - Creuse 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 viol/attentat à la pudeur coups et blessures homicide volontaire infanticide crimes contre les propriétés 87 18 86 18 85 18 84 18 83 18 82 18 81 18 80 18 79 18 78 18 77 18 76 18 75 18 74 18 73 18 72 18 71 18 70 18 69 18 68 18 67 18 66 18 5 -1 86 0 61 18 -1 86 5 56 18 -1 85 0 51 18 -1 85 5 46 84 18 -1 41 18 18 37 -1 84 0 0

La violence

La violence

Viols et infanticides

Viols et infanticides

empoisonnement total condamnés 87 18 86 18 85 18 84 18 83 18 82

empoisonnement total condamnés 87 18 86 18 85 18 84 18 83 18 82 18 81 18 80 18 79 18 78 18 77 18 76 18 75 18 74 18 73 18 72 18 71 18 70 18 69 18 68 18 67 18 66 18 5 86 0 86 -1 61 18 5 0 85 85 -1 56 18 -1 51 18 5 84 -1 46 18 0 84 -1 41 18 -1 37 18 Les empoisonnements 120 100 80 60 40 20 0

Les poisons • L’arsenic : Il est uniquement délivré par les pharmaciens avec inscription

Les poisons • L’arsenic : Il est uniquement délivré par les pharmaciens avec inscription au registre. • La strychnine ou noix vomique : Elle est utilisée également pour lutter contre les rongeurs, notamment en agriculture. • La mouche cantharide : Il semble qu’il s’agisse du produit le plus facilement accessible.

La mouche cantharide La cantharide officinale se remarque par ses élytres luisants, le plus

La mouche cantharide La cantharide officinale se remarque par ses élytres luisants, le plus souvent vert vif aux reflets mordorés ou cuivrés. On la trouve sur le frêne, le lilas commun, le troène, le seringa ou le sureau. Au XIXe siècle, la récolte des cantharides officinales était assez répandue. Elle est encore employée aujourd'hui en pharmacopée comme emplâtre vésicant pour soigner de nombreuses affections.

Répartition de l’espèce en Limousin (source : base de données de la SEL).

Répartition de l’espèce en Limousin (source : base de données de la SEL).

La poudre de Cantharide Depuis l'Antiquité, une poudre faite avec l'insecte est reconnue comme

La poudre de Cantharide Depuis l'Antiquité, une poudre faite avec l'insecte est reconnue comme étant un stimulateur de l'érection. Cette réputation est surfaite mais surtout dangereuse. L'absorption de poudre de cantharide provoque une inflammation des voies urinaires. L'érection, pathologique, en est une conséquence parmi d'autres : émissions d'urines sanglantes, vomissements, douleurs abdominales. La surdose peut être mortelle.

Les affaires d’empoisonnement dans la Creuse • 7 dossiers de 1825 à 1885. •

Les affaires d’empoisonnement dans la Creuse • 7 dossiers de 1825 à 1885. • 1 seul cas concerne un homme et cette affaire s’achève en « sans suite » très rapidement après enquête, dossier Jean Maume, 27 août 1869. • Affaire Rosalie Richard, 31 juillet 1825 : il s’agit là d’une tentative d’empoisonnement sur le mari et son ouvrier. Aucun ne décède. L’accusée, tout juste mariée, plaide l’ignorance et n’est pas condamnée par le jury. Nous reviendrons sur le détail ensuite. • Affaire Antoinette Marie Apey, 25 septembre 1825 : une domestique empoisonne sa maîtresse. Elle est condamnée à la peine de mort et exécutée.

Les affaires d’empoisonnement dans la Creuse • Le dossier du 31 juillet 1837 concernant

Les affaires d’empoisonnement dans la Creuse • Le dossier du 31 juillet 1837 concernant l’empoisonnement à l’arsenic de François Simoneton (Chambon) par François Vacher et Elisabeth Labruyère, sa femme, n’a pas été conservé. Le registre nous indique tous deux ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité. • Affaire Martine Aymard et Jean Chefdeville, 4 mai 1861 : empoisonnement de Michelle Antignard (épouse de Jean Chefdeville). Les deux accusés, déclarés coupables par le jury, sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

Les affaires d’empoisonnement dans la Creuse • Affaire Marie Massicot, 6 avril 1870 :

Les affaires d’empoisonnement dans la Creuse • Affaire Marie Massicot, 6 avril 1870 : accusée d’avoir empoisonné son père, elle sera déclarée non coupable par le jury en dépit du réquisitoire à charge de l’avocat général. Nous verrons que les témoignages étaient peu probants. • Affaire Léonarde Morelon (épouse de Léonard Sauvanet) et Marie. Adèle Sauvanet (fille de Léonard Sauvanet), octobre 1885. Il s’agit là d’une tentative d’empoisonnement sur la personne du mari et du père. Les deux accusées sont déclarées coupables et condamnées à cinq ans de travaux forcés. • Les cas sont donc tous différents.

Enquêtes, expertises et poisons • A la lecture des dossiers de procédure, il est

Enquêtes, expertises et poisons • A la lecture des dossiers de procédure, il est intéressant de noter : • La qualité des enquêtes menées, en particulier le grand nombre de témoins entendus. • L’intervention d’une médecine scientifique : rapports des médecins, autopsies des victimes, prélèvements d’organes et analyses chimiques, expertises. • Les poisons : • Cantharide : Rosalie Richard, Antoinette Marie Apey • Arsenic : Jean Chefdeville et Martine Aymard, • Strychnine : Marie Massicot ? , Léonarde Morelon et Marie-Adèle Sauvanet

Le complot des deux amants • Les accusés • Les circonstances • La médecine

Le complot des deux amants • Les accusés • Les circonstances • La médecine scientifique • Les témoignages • L’arsenic dans la soupe

La domestique empoisonne sa maîtresse • Le mari est parti maçonner ; la femme

La domestique empoisonne sa maîtresse • Le mari est parti maçonner ; la femme est dépressive suite à la naissance du dernier ; une domestique est engagée pour s’occuper d’elle et comme nourrice. • Un décès peu attendu, un cadavre transporté rapidement. • Autopsie : découverte d’une grande quantité de fragments de mouches cantharides dans les intestins et l’estomac, mêlées à de l’orge. • La domestique semble être la maitresse (enceinte) du mari • Perquisition et indices.

La mort du père • Une assiette de pommes de terre contenant de la

La mort du père • Une assiette de pommes de terre contenant de la strychnine • La défense plaide qu’il s’est empoisonné lui-même. • Mais il aurait désigné sa fille. • Il n’y a aucune preuve de l’achat de la strychnine. • Aucune preuve de mauvais traitement antérieur. • Le personnage du père est peu sympathique. L’avocat général luimême le décrit comme un ouvrier peu laborieux aimant à boire et à dépenser son argent, vivant l’hiver aux dépens des siens. • Bref, les témoins ne cherchent pas à incriminer la jeune femme

Tentative avortée ou erreur ? • Rosalie Richard a environ 20 ans, taille d’un

Tentative avortée ou erreur ? • Rosalie Richard a environ 20 ans, taille d’un mètre trente-cinq, cheveux châtains, front plat, sourcils châtains, yeux bleus, nez effilé, bouche petite, menton rond et petit visage rond, teint coloré. • Elle vient juste de se marier avec Pierre Meillat (à Pâques) et l’histoire se situe à la Pentecôte. • Des bruits courent. La famille n’a pas porté plainte. le maire écrit au Procureur. Celui-ci se rend avec le médecin et un officier de santé chez la victime. Rapport du médecin. • La jeune femme avoue avoir mis des mouches cantharides dans la soupe « par jeu » .

Soupe à la strychnine ou la mort du chien • Vers 9 heures du

Soupe à la strychnine ou la mort du chien • Vers 9 heures du matin, il rentre pour prendre sa soupe. Il la goûte, ses soupçons s’éveillent. Il va voir ses voisins, on fait boire la soupe à un jeune chien qui meurt. • Le poison avait été acheté la veille par sa fille au pharmacien de Guéret. • La mère fait des aveux complets et réclame la responsabilité. • Motifs du crime : les deux époux se querellaient continuellement. • Elles sont toutes les deux condamnées pour tentative d’empoisonnement à cinq ans de travaux forcés.

Conclusion • Des crimes sont peu fréquents. • Ils sont souvent difficiles à prouver.

Conclusion • Des crimes sont peu fréquents. • Ils sont souvent difficiles à prouver. • Les enquêtes sont très approfondies, des autopsies sont réalisées. • Les peines sont lourdes : 5 ans travaux forcés pour tentative, travaux forcés à perpétuité et peine de mort pour les empoisonnements. • Crimes de femmes ou crimes du non-divorce, de l’obligation du vivre ensemble. • Strychnine ou cantharide, le poison était dans la soupe

Strychnine ou cantharide, le poison était dans la soupe !

Strychnine ou cantharide, le poison était dans la soupe !