Le Jeu des Trois Figures Encourager lempathie de

Le Jeu des Trois Figures Encourager l’empathie, de la maternelle au collège

Le Jeu des Trois Figures (J 3 F) est un dispositif imaginé et proposé par Serge Tisseron Psychiatre, docteur en psychologie chercheur associé HDR à l’Université PARIS VII Co rédacteur de l’Avis de l’Académie des Sciences « L’enfant et les écrans » (2013, Ed. Le Pommier)

PLAN • Que signifie « J 3 F » ? • Pourquoi le J 3 F? • Le cahier des charges (2005) • Déroulement d’une séance de J 3 F • A quoi sert le J 3 F ? • L’empathie? Comment le J 3 F la modifie-t-il? • Le Programme des 3 Figures (P 3 F)

Que signifie J 3 F ?

Les « 3 figures » sont les trois personnages présents dans la plupart des séries télévisées, des films et des jeux d’enfants • L’agresseur • La victime • Le tiers Soit simple témoin Soit sauveteur Soit redresseur de torts

Historique du J 3 F

En 2007, 2 points de départ 1. Lutter contre la violence, notamment en milieu scolaire (rapport Inserm 2005) 2. Lutter contre l’influence négative de la surconsommation d’écran chez le jeune enfant

1. Lutter contre la violence en milieu scolaire 1. Rien ne prouve que les enfants soient plus violents qu’hier, mais ils sont moins bien tolérés 2. Ces enfants se manifestent dès l’école primaire, mais on les identifie souvent dès la maternelle. 3. Les causes sont multiples : sociales, familiales, psychologiques… et les solutions aussi 4. Nos objectifs : renforcer la capacité d’empathie (ou la greffer chez ceux qui en sont démunis) 5. La question des victimes est aussi importante que celle des agresseurs (micro violences)

2. Lutter contre l’influence négative de la surconsommation d’écran chez le jeune enfant Après 4 ans Avant 4 ans Le problème est celui du Le problème est celui de contenu des images la violence des images violentes qui est pris qui agit en produisant comme modèle une perte des repères. L’enfant insécurisé Théorie de renforce ses l’apprentissage social identifications précoces de l’agression Théorie du déséquilibre

La télévision s’oppose à la construction du jeu chez l’enfant et gèle les premières identifications 1. Le jeu spontané invite l’enfant à s’imaginer dans tous les rôles • Quand un enfant joue seul avec ses jouets (petites voitures, playmobiles, poupées…) il utilise ses deux mains. • Il est alternativement celui qui frappe et celui qui est frappé, celui qui poursuit et celui qui est poursuivi, etc. • Plus tard, en jouant avec ses camarades, il est invité à faire de même « On change » • Conséquence: Le jeu spontané familiarise avec l’idée de jouer tous les rôles. 2. Les images invitent l’enfant à s’imaginer toujours dans le même rôle • • • Ce que voit l’enfant est la plupart du temps incompréhensible pour lui il y réagit en s’identifiant au personnage qui lui semble lui ressembler (il est toujours celui qui frappe ou bien celui qui est frappé, toujours celui qui poursuit ou bien celui qui est poursuivi, toujours celui qui gagne ou bien celui qui perd). Conséquence: Les médias figent les premières identifications réalisées sous l’influence du milieu familial: la capacité d’empathie est réduite, avec le risque de favoriser des conduites enkystées d’agression ou de victimisation

Le cahier des charges du J 3 F

Satisfaire à 5 conditions 1. Réduire le recours à la violence 2. Ne stigmatiser aucun enfant (critique faite au rapport de l’INSERM de 2007 sur la violence), 3. Être simple et peu coûteux à développer 4. Avoir une efficacité démontrée 5. Correspondre aux objectifs de l’éducation nationale: développé d’abord en maternelles où il correspond à 5 des 6 objectifs fixés par l’E. N.

Déroulement d’une séance de J 3 F en Maternelles

Moment 1. « Bonjour, nous allons jouer comme au théâtre. Et rappelez vous: au théâtre, on fait semblant, on ne se fait jamais mal, les garçons peuvent jouer les rôles de filles et les filles peuvent jouer les rôles de garçons » Moment 2. « Pour cela, nous allons construire ensemble une petite histoire. Et pour la construire, nous allons partir des images que vous avez vues, à la télévision, au cinéma, ou ailleurs. Est ce qu’il y a des images dont vous avez envie de parler? Vous avez bien sûr le droit de parler de toutes les images que vous avez vues » (La référence aux images permet d’éviter toute référence à des situations personnelles ou familiales) Moment 3. La mise au point de l’histoire comporte impérativement -la désignation des actions à accomplir ( « traverse une route, etc » ) -la désignation des paroles à prononcer ( « Au secours » , etc) Moment 4. les enfants nomment les émotions des différents protagonistes et essayent d’en nommer les raisons Moment 5. Le jeu: « Tous les enfants volontaires pour jouer devront obligatoirement jouer tous les rôles » Moment 6. L’animateur et les élèves applaudissent après chaque séquence. L’enseignant ne fait aucun commentaire. Il ne faut jamais inviter - et encore moins forcer - un enfant à jouer. A LA FIN: Les élèves peuvent aussi faire une ronde ou chanter une chanson pour indiquer la sortie du jeu.

Déroulement d’une séance de J 3 F en élémentaire, collèges et lycées

Moment 1. Identique Moment 2. Identique Moment 3. Identique Moment 4. Identification des émotions éprouvées par chacun des personnages Et des raisons pour lesquelles sont éprouvées • « Qu’est ce que … pourrait éprouver » • « Pour quelle raison l’éprouverait-il ? » • Est-ce que à sa place, vous pensez que vous éprouveriez la même émotion ? » Moment 5. identique Moment 6. Identique Moment 7. Retour sur les émotions éprouvées Questions à ceux qui ont joué: « Est-ce que vous avez ressenti les mêmes émotions que celles que vous pensiez éprouver au début ? »

A quoi sert le J 3 F?

1. Le Jeu des Trois Figures remplit 5 objectifs sur 6 des préconisations de l’EN pour les maternelles (guide à l’usage des parents de 2008) • • • s’approprier le langage apprendre à vivre ensemble agir et s’exprimer avec son corps solliciter l’imagination constituer l’écrit en référence

2. Il remplit 4 objectifs nouveaux sans stigmatiser aucun jeune 1. Réintroduit le sens du jeu et du « comme si » (transforme les gestes d’agression en activités ludiques) 2. Constitue une forme de pré-éducation aux images en invitant les enfants à prendre du recul par rapport à ce qu’ils éprouvent face à elle Et indirectement une prééducation au virtuel 3. Lutte contre la violence en renforçant la capacité d’empathie 4. S’oppose aux stéréotypes de genre

3. Sa mise en place est simple et peu coûteuse • Nécessite trois journées de formation pouvant réunir à chaque fois une vingtaine de personnes • Les psychologues scolaires, maîtres E et maîtres G peuvent constituer, sur leur temps de travail, de puissants relais pour former et suivre les enseignants

4. L’expérimentation (2007 -2008) 1. Résultats qualitatifs (observations des enseignants) • Plus de jeux organisés spontanément par les enfants en récréation (jeu de la marchande) • Evolution rapide et surprenante de certains enfants 2. Résultats quantitatifs Il n’existe pas de différence entre les écoles étudiées et les catégories sociales des enfants. Trois différences significatives apparaissent entre septembre 2007 et juin 2008 entre les enfants qui ont bénéficié du Jeu et ceux qui n’en ont pas bénéficié • • • Le jeu de rôle favorise le changement de posture identificatoire Le jeu de rôle favorise tout particulièrement l’évolution des enfants identifiés aux « d’agresseurs » ou aux « victimes » Le jeu de rôle favorise la posture d’évitement de l’affrontement et le recours à un adulte médiateur

Comment le J 3 F contribue-t-il à augmenter l’empathie? Qu’est ce que l’empathie? Ou plutôt LES empathies

L’empathie a plusieurs dimensions 1. Le partage émotionnel (empathie émotionnelle): 1 an (emotional sharing de Jean Decety): être capable de comprendre les émotions d’autrui ( « Il est triste » ) 2. Empathie cognitive (empathic concern de J. D. ): 4, 5 ans Comprendre que l’autre a une idée du monde différente ( « je comprends qu’il pense autre chose que moi » ). 3. Le changement de perspective émotionnelle (affective perspective-taking de J. D. ): ( « A sa place, je serais triste comme lui » ) 9 -10 ans Cette dimension implique la réciprocité. Dimension morale accepter que l’autre se mette à ma place, en réalité ou en pensée. Trois facettes : s’estimer, aimer et être aimé, avoir les mêmes droits 4. L’ intersubjectivité: Accepter que l’autre m’informe sur moi de choses que j’ignore

Empathie intersubjective J’accepte que l’autre m’informe sur ce que je suis et me révèle ou intersubjectivité à moi-même j’accepte que l’autre Empathie réciproque s’estime aime et soit aimé ait les mêmes J’accepte que l’autre comme moi droits que moi Se mette à ma place (narcissisme) (relation d’objet) (appartenance au groupe Capacité de changer de perspective émotionnelle 7 à 10 ans Empathie directe Comprendre que l’autre a une expérience différente du monde - à partir de 4 ans et ½ Partage émotionnel Aussitôt que l’enfant fait la différence entre lui et l’autre Elle consiste à comprendre les émotions d’autrui

Comment le J 3 F modifie-t-il la capacité d’empathie ?

1. Augmente l’auto empathie en incitant à ne plus se laisser maltraiter sans protester la victime dénonce plus facilement une agression auprès d’un tiers quand elle l’a d’abord dénoncée auprès de son agresseur. 2. Augmente l’empathie directe émotionnelle Grâce à la possibilité d’utiliser des représentations de visages sur lesquels les enfants repèrent les mimiques. Les enfants sont invités à nommer les émotions éprouvées par les différents protagonistes (joie, colère, peur, tristesse ainsi que celle, plus morale, de culpabilité)

3. Augmente l’empathie cognitive Permet de mieux comprendre les états mentaux de l’autre: chaque action est accompagnée de mots qui font sens. Les enfants sont invités à nommer la cause des émotions éprouvées 4. Favorise le changement de perspective émotionnelle et l’empathie réciproque Dès la maternelle, chaque enfant expérimente tous les points de vue Après 7 ans: les enfants sont invités à nommer les émotions qu’ils ont eux-mêmes éprouvées

Le programme des Trois Figures P 3 F

Définition du P 3 F: tout ce qui accompagne le Jeu des Trois Figures pour le rendre utile 1. 3 axes en Maternelles *Les réponses du personnel enseignant et non enseignant aux nouvelles attentes des élèves *La reconnaissance des mimiques (livre Aujourd’hui, je suis…) *La compréhension des états intérieurs ( « Que ressent un enfant triste? » ) 2. Développer le J 3 F au-delà des maternelles: collèges, CLIS, ULIS, Hopitaux de jour, enseignants en formation

Pour en savoir plus www. sergetisseron. com, Avec les dernières infos sur le J 3 F www. apprivoiserlesecrans. com Avec un forum interactif sur le J 3 F Publications • Un manuel pratique : Tisseron S. (2011) Le Jeu des Trois Figures en classes maternelles, Paris: Fabert (téléchargeable sur http: //www. yapaka. be) • Un ouvrage sur l’empathie: Tisseron S. (2010) L’Empathie, au cœur du jeu social, Paris: Albin Michel • Un article : Tisseron S. (2010) Prévention de la violence par le « Jeu des trois figures » , Devenir, Volume 22, Numéro 1, 2010, pp. 73 -93. • Trois liens : * Serge Tisseron – Vidéo – durée 6 : 15 http: //www. yapaka. be/professionnels/video/faire-des-jeux-de-role-des-lecolematernelle * La prévention de la violence a l'école maternelle, documentaire de Philippe Meirieu -26 min http: //www. capcanal. com/capcanal/sections/fr/videos/cap_infos_primaire/mater nelle/violence_maternelle * Les résultats complets de la recherche sur http: //www. yapaka. be