La sorcellerie Witchcraft Regard sceptique sur les procs

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La sorcellerie (Witchcraft) : Regard sceptique sur les procès de sorcières Jérémy Royaux Observatoire

La sorcellerie (Witchcraft) : Regard sceptique sur les procès de sorcières Jérémy Royaux Observatoire Zététique

Plan de la conférence • Quelques définitions (sorcery, witch, magic, . . . )

Plan de la conférence • Quelques définitions (sorcery, witch, magic, . . . ) • Éléments d'histoire de la sorcellerie avant le 12ème siècle • La sorcellerie entre le 12ème siècle et la début du 18ème siècle • • Portrait de la sorcière de cette époque • Archives du parlement de Paris concernant les condamnations pour sorcellerie • Les procès des sorcières de Salem • Et la Belgique dans tout ça ? La sorcellerie contemporaine (20ème et 21ème siècle)

Définitions � Magie : « une pratique fondée sur la croyance en l'existence d'êtres

Définitions � Magie : « une pratique fondée sur la croyance en l'existence d'êtres ou de pouvoirs surnaturels et de lois naturelles occultes permettant d'agir sur le monde matériel par le biais de rituels spécifiques » (wikipédia) � Les frontières sont floues mais on peut, comme certains historiens, établir plusieurs définitions de la sorcellerie en fonction des époques (>Fin du Moyen Age > Début 18ème > 1950 à nos jours) � Sorcellerie : « La sorcellerie désigne souvent la pratique d'une certaine forme de magie, dans laquelle le sorcier ou la sorcière travaille avec les énergies globales, que ce soit celles des plantes, des cycles lunaires, des saisons ou même des entités » (wikipédia) � En anglais : distinction entre « Sorcery » et « Witchcraft » � « Witch » vient, entre autre, du verbe « wiccian » en ancien anglais (Jeter un sort)

Evolution du concept de « sorcellerie » 4)Sorcellerie satanique : invocation des esprits qui

Evolution du concept de « sorcellerie » 4)Sorcellerie satanique : invocation des esprits qui sont les servants de Satan 1)Sorcellerie Mécanique (appel aux forces de la nature) 3)Sorcellerie spirite : invocation des esprits qui sont tous maléfiques 2)Sorcellerie spirite : invocation des esprits et des Dieux (qui sont neutres) Évolution par étape du concept de « sorcellerie »

Evolution du concept de « sorcellerie » � Début du moyen âge et avant

Evolution du concept de « sorcellerie » � Début du moyen âge et avant : le sorcier est un professionnel comme un autre, avec ses rituels magiques « basiques » et ses remèdes à base de plante. � Des traces très anciennes ( Code d'Hammurabi en 1970 BC à Babylonne : condamnation à mort) � Code d'Ur-Nammu en 2100 BC à Ur : épreuve par l'eau froide en cas de suspicion) � Probablement un concept aussi vieux que l'humanité � Le sorcier était également un praticien de la magie parmi d'autres : � Il y a aussi d'autres termes pour d'autres pratiques: Kabale, voodoo , occultisme, « witch doctor » , « Wizard » , . . .

Evolution du concept de « sorcellerie » Code d’Hammurabi (1970 BC) à Babylone (actuelle

Evolution du concept de « sorcellerie » Code d’Hammurabi (1970 BC) à Babylone (actuelle Irak)

Evolution du concept de « sorcellerie » � Les sociétés non européens ont eu

Evolution du concept de « sorcellerie » � Les sociétés non européens ont eu peu d’influence sur la vision européenne de la sorcellerie mise à part le Proche Orient (Syrie, Irak, Egypte, …). Les sumériens et les babyloniens disposaient d’une démonologie élaborée et pensait le monde rempli d’esprits, souvent hostiles mais parfois aussi protecteurs et bienveillants � Exemple de Lilitu était un des esprits sumérien les plus terrible (elle deviendra Lamia du coté grec et Lilith chez les hébreux). Lilitu est un démon lié au vent à la tempête. C’est une femme qui se transforme en monstre et qui enlève et tue les enfants. Elle est accompagnée de familiers (lion et hiboux) et séduit les hommes pendant la nuit pour boire leur sang. On se protège d’elle grâce à des amulettes, des rituels et surtout une divinité à vénérer (ceux qui ne vénèrent aucun Dieu sont en danger)

Evolution du concept de « sorcellerie » Lilitu, terre cuite 2000 ans BC.

Evolution du concept de « sorcellerie » Lilitu, terre cuite 2000 ans BC.

Evolution du concept de « sorcellerie » � Au niveau égyptien, c’était moins effrayant

Evolution du concept de « sorcellerie » � Au niveau égyptien, c’était moins effrayant : les Dieux et les Esprits faisaient tous partie, avec les humains, du Cosmos. Ils n’étaient pas maléfiques même si on pouvait faire appel à leur pouvoir pour faire le mal comme le bien � Deux autres influences très importantes en Europe: l’antiquité greco romaine 8ème siècle BC au 6ème siècle AD et les Hébreux � Les grecs ont inventé un système de magie sophistiqué. Il contenait deux branches majeures : � Une branche liée à la magie « divine » (Theourgia). Une « haute » magie bienveillante liée à la théologie � Une autre branche plus « populaire » (Mageia). Une magie plus simpliste, mécanique (potions, amulettes), qui n’était pas associée aux Dieux. Cette magie était mal vue et associée également aux « charlatans » proposant des pratiques sans effet pour arnaquer les citoyens � Cette magie était réprimée par l’état. Les romains ont intensifié cette répression et ont rendu illégales toutes les magies qui ne faisait pas partie des rites publiques autorisés. Ces lois ont été une des fondation des persécutions qui sont apparues plus tard au Moyen Age

Evolution du concept de « sorcellerie » � Les grecs pensaient que les sorciers

Evolution du concept de « sorcellerie » � Les grecs pensaient que les sorciers consultait souvent un daimon (Qui était à la base un Dieu mineur mais devient petit à petit un être surnaturel inférieur). Le daimon n’est pas maléfique à la base. Socrate racontait d’ailleurs qu’il recevait de bons conseils de la part de son daimon. � Progressivement, et on va y revenir après : la vision change. Différents courants de pensée vont diviser le monde spirituel en deux camps : les Dieux d’un coté, les démons de l’autre. Les Dieux deviennent « parfaits » et toutes leurs caractéristiques négatives se trouvent transférées chez les démons qui seront donc maléfiques � Le sorcier devient donc maléfique par association vu qu’il consulte les démons

Evolution du concept de « sorcellerie »

Evolution du concept de « sorcellerie »

Evolution du concept de « sorcellerie » � Les fêtes consacrées à Dyonysos ont

Evolution du concept de « sorcellerie » � Les fêtes consacrées à Dyonysos ont également un rôle à jouer : Pour les grecs, il est le Fils de Zeus, issu de son union avec une femme humaine. C’est un Dieu ambigu. Il est le Dieu de la fête, de la fertilité, du vin mais aussi celui de la folie et de la démesure. Dans une des versions de son histoire (la version « orphique » ) Dyonysos est tué par des ennemis de Zeus, les Titans, dépecé puis mangé. Zeus récupère néanmoins son cœur et le mange afin de faire renaitre Dyonysos. Son culte était public mais aussi privé via des réunions secrètes et occultes. � Les rites dyonysiens ont lieu la nuit, souvent dans une cave connectée à la fertilité et au monde des esprits. Des femmes s’y réunissent, dirigées par un prêtre masculin. Les participants portent des symboles phalliques et vénèrent un personnage à tête de chèvre qui représente Dyonysos. Il est souvent représenté avec des cornes. Le rituel se termine par une consommation d’alcool ou de drogue et les participants dansent jusque tard dans la nuit, pratiquent l’orgie sexuelle et des sacrifices d’animaux. Dyonysos est accompagné par les satyres, des demi dieux mi homme mi bête et par les ménades qui sont des femmes « ensorcelées » par le charme surnaturel de Dyonysos qui leur amène extase mais aussi folie. Les ménades peuvent devenir meurtrières et tuer ceux qu’elles rencontrent sur un coup de folie. Le rituel Dyonysien est très similaire au Sabbat des sorcières qu’on retrouvera plus tard dans l’histoire

Evolution du concept de « sorcellerie » Poterie : Dyonysos avec les satyres et

Evolution du concept de « sorcellerie » Poterie : Dyonysos avec les satyres et les ménades

Evolution du concept de « sorcellerie » � Avec ces croyances, on a donc

Evolution du concept de « sorcellerie » � Avec ces croyances, on a donc déjà les fondations de ce qui sera plus tard la vision chrétienne de la sorcellerie � Les hébreux ont également influencé cette vision de manière indirecte : quand la bible a été traduite en grec et en latin au 4ème siècle AC par Jérome de Stridon qui passe 15 ans à faire ce travail difficile. Certains passages seront traduits avec un sens différent de l’original. Le terme kashaph (sorcier) qui était générique, sans lien avec le diabolisme, devient maleficus (Malfaisant). Terme qui sera plus tard associé au diabolisme. D’autres passages sont également modifiés pour montrer les utilisateurs de magie de manière plus négative et démoniaque. � Beaucoup plus tardivement : la fameuse King James Bible sera également écrite avec des termes différents. James 1 er (1611) était féru de démonologie et très effrayé par les « sorcières » , il fit traduire tous les termes génériques par « Witch » au lieu de « sorcier » ou « magicien » . L’ancien terme kashaph, devenu maleficus devient « witch » dans cette traduction

Evolution du concept de « sorcellerie » � L’autre influence importante venant des hébreux

Evolution du concept de « sorcellerie » � L’autre influence importante venant des hébreux est le concept de « Diable » . La plupart des religions étaient « monistes » = un seul être divin bon et mauvais à la fois. Progressivement, une série de sectes religieuses (depuis 600 BC avec Zarathoustra) postulaient l’existence d’un « camp » maléfique, opposé au « camp » divin. � Le « mazdaisme » de Zarathoustra a influencé les grecs et les hébreux qui ont à leur tour influencé le catholicisme. � Les hébreux ont appelé « Satan » cet opposant à Dieu (qui permet d’expliquer toute la misère sur Terre, non pas voulue par Dieu qui est bienveillant mais par Satan qui le combat). Cela donne aussi un sens à l’existence du « Messie » qui vient nous sauver de Satan � La conception de la sorcellerie est intimement lié à ces changements théologiques. Dans le Nouveau Testament, le diable tient une place importante et est le pendant négatif de Jésus (qui vient nous sauver de lui). Satan est tellement puissant que tous ceux qui sont en lien avec lui seront corrompus. Par conséquent, toute magie qui n’est pas celle de Jésus est liée à Satan (et donc hérétique). Jésus ne peut avoir de concurrence, il est le seul à pouvoir faire des miracles d’origine non satanique. La Bible mentionne d’ailleurs d’autres praticiens de magie qui ont renoncés à leur pratique pour suivre Jésus. � La transition était accomplie : la sorcellerie était l’outil des armées de Satan dans leur combat contre Jésus et les catholiques. Cette transition prend plusieurs siècles (entre 7 ème et 12ème siècle)

Evolution du concept de « sorcellerie » � De nombreux théologiens ont contribués à

Evolution du concept de « sorcellerie » � De nombreux théologiens ont contribués à ces changements � On peut citer l’exemple de Saint Augustin (354 – 430 AC). Il a été l’un des théologiens chrétien les plus importants et a décrété que les autres religions ainsi que la sorcellerie et d’autres pratiques païennes étaient toutes l’œuvre du Diable dans le but d’attirer l’humanité loin de la vérité chrétienne. Les esprits sont en fait des démons et les dieux « paiens » grecs comme Jupiter ou Diane étaient également des démons. Wotan, Freya et les autres dieux (celtes, teutons, …) étaient eux aussi mis dans le même sac. � Toute forme de divin et de magie non chrétienne est donc devenue une part du grand complot de Satan pour dominer le monde. La population n’a pas toujours suivi ces visions théologiques mais elles étaient répandues chez les théologiens. Le terme « paien » est devenu courant pour caractériser ces pratiques. Il n’y a pas pour autant consensus car beaucoup de théologiens pensent que ces magies ne sont que des illusions et des fantasmes � Cela étant dit, la sorcellerie ne devient un crime poursuivi assidument que bien plus tard. Il y avait peu de procès et d’exécutions avant le 12ème siècle même si on commence à adapter les lois au 9ème siècle.

Evolution du concept de « sorcellerie »

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Evolution du concept de « sorcellerie » � Plusieurs groupes religieux ont été associés

Evolution du concept de « sorcellerie » � Plusieurs groupes religieux ont été associés à l’hérésie puis à la sorcellerie. Ce fut le cas des « Cathares » mais aussi des gnostiques, des Manichéens. Ces religions n’avaient en fait aucun lien avec la sorcellerie mais ils avaient une autre foi qui remettait en question les dogmes catholiques, ils ont donc été accusés des pires maux de l’époque afin d’être persécutés plus facilement � Une série de démonologues connus répandent ces peurs au 15ème siècle grâce à une découverte technologique majeure : l’invention de la presse par Guttenberg qui a révolutionné l’imprimerie en Europe. Cette invention a permis la diffusion massive de livres traitant de sorcellerie.

Evolution du concept de « sorcellerie » � Parmi ces livres, le fameux «

Evolution du concept de « sorcellerie » � Parmi ces livres, le fameux « Malleus Maleficarum » ou « Marteau des Sorcières » , publié en 1486, aura un impact majeur dans la vague de persécution et de procès qui vont suivre. Le livre est écrit par deux inquisiteurs catholiques et c’est un véritable manuel de référence divisé en 3 parties : � La 1ère partie statue sur la nature de la sorcellerie. On peut y lire l’aboutissement de tout l’historique présenté avant. Le manuel établit la réalité de la sorcellerie, le fait qu’elle repose sur un pacte avec le diable. Il nie l’existence de certains phénomènes comme le fait de se transformer en animal mais affirme que les sorcières peuvent faire mourir les récoltes, causer la maladie, influencer les éléments ou encore voler. Elles ont également d’autres pouvoirs comme celui de prédire l’avenir, de parler plusieurs langues ou de déplacer des objets par la pensée. � Les sorcières (witches) y sont décrites comme étant majoritairement des femmes. Le livre est également très sexiste et insiste beaucoup sur le fait que ce sont des êtres faibles, manipulables ainsi que des tentatrices depuis le péché originel. L’homme y est présenté comme celui qui doit « résister » et faire face grâce à sa morale religieuse � La 2ème partie est destinée aux chasseurs de sorcières et aux hommes de loi. Elle explique comment traquer les sorcières, comment les interroger, les détenir et les tuer. Les auteurs s’embarassent peu de la qualité des preuves. Tout ceux qui essayent de défendre les sorcières sont en gros alliés à Satan… Ils établissent également le fait que les bons croyants catholiques seront protégés.

Evolution du concept de « sorcellerie » � Le manuel détaille les signes distinctifs

Evolution du concept de « sorcellerie » � Le manuel détaille les signes distinctifs qui permettent de repérer les sorcières. � Par exemple, la « marque du diable » qui sera souvent avancée comme preuve lors des procès : une tâche de naissance, un grain de beauté étrange, en gros ça pouvait être n’importe quoi. � Il y a aussi l’idée que la sorcière est insensible à la douleur au niveau de certains zones du corps. On lui piquait donc le corps avec des aiguilles pour trouver cette zone. � L’ordalie par eau froide, par exemple, consistait à mettre la sorcière, pieds et mains liés, dans une grande quantité d'eau, si elle coulait, elle n'était pas une sorcière mais si son corps flottait, elle en était une. � Il fallait également obtenir le nom des complices, la sorcière œuvrant rarement seule. On torturait donc parfois les femmes jusqu’à ce qu’elles donnent des noms

Evolution du concept de « sorcellerie »

Evolution du concept de « sorcellerie »

Evolution du concept de « sorcellerie » � C'est cette forme de sorcellerie qui

Evolution du concept de « sorcellerie » � C'est cette forme de sorcellerie qui va être visée par les chasses aux sorcières qui devient réellement active à partir du 15ème siècle même si le 1 er procès pour sorcellerie pendant le Moyen Age a lieu au début du 11ème siècle) � 110 000 accusées et torturées, pas loin de la moitié seront exécutées entre 1450 et 1750) et qui va nous intéresser pour la suite. � Faisons un petit récapitulatif du portrait de la sorcière qui se dessine progressivement

La sorcière hérétique (supposée) � Caractéristique de la sorcière (witch) entre le 12ème siècle

La sorcière hérétique (supposée) � Caractéristique de la sorcière (witch) entre le 12ème siècle et le début du 18ème siècle (en Europe et dans les colonies américaines), époque des grands procès et des chasses aux sorcières : � Pacte volontaire avec le diable (la sorcellerie est une hérésie) � Fait partie d’un complot planétaire organisé par Satan contre les catholiques. Les agents de Satan sont « partout » . � Est accompagnée de « familiers » : crapaud, chat, etc… Qui aident la sorcière à lancer ses sorts rendre les gens malade, changer le climat, faire pourrir les récoltes � Participe au « sabbat » (réunion entre sorcières contrairement au sorcier d’Antan qui travaillait seul, de nuit dans un coin reculé). Le sabbat est une fête qui se moque des rituels catholiques. Elles y vénèrent le diable, pratiquent des orgies sexuelles et mangent des bébés. Le Sabbat est dirigé par un démon ou l’avatar de Satan lui-même et les sorcières (au féminin) ont des relations sexuelles avec cet avatar. � Métamorphe � Capable de voler (sur un ballet, un animal voir d’elle-même grâce à la métamorphose) � La sorcière (witch) est une femme dans les ¾ des cas. Souvent âgée, veuve ou célibataire et pauvre ou marginale. Elle est le parfait bouc émissaire pour les classes supérieures et pour les religieux dans une société qui tente d’imposer une religion et de bannir toutes les autres tout en maintenant en place l’autorité patriarcale très présente.

Witches’s Sabbath (Goya 1798)

Witches’s Sabbath (Goya 1798)

Osculum Infame (salut rituel à Satan)

Osculum Infame (salut rituel à Satan)

Salem � Pour illustrer ces chasses aux sorcières, je vais prendre un des exemples

Salem � Pour illustrer ces chasses aux sorcières, je vais prendre un des exemples plus connus : celui de Salem � Salem était un village ou il y avait beaucoup de conflits autours de questions financières, de possession de terrains ou des choix faits par l'église et vivant dans la peur des indiens. Salem a été fondée par des puritains qui étaient en conflit avec les protestants anglais et qui sont parti en Amérique pour fonder une communauté basée sur les croyances religieuses hyper conservatrices et inspirées du calvinisme (la musique était interdite à l'exception d'hymnes religieux, pareil pour les jouets, la danse, et les fêtes de Noel. Eviter la damnation éternelle par une vie de pieté était l'objectif religieux le plus important pour les puritains. � En 1692, deux enfants Betty Paris et Abigail Williams ont commencé à présenter des crises d'épilepsies, criaient et faisaient des sons bizarres, se contorsionnaient et rampaient en dessous des meubles. Le médecin local décréta alors que ces crises étaient trop graves pour être liées à l'épilepsie et qu'elles étaient sans doute liées à la sorcellerie. Les filles se plaignaient aussi de sentire des pics de douleurs sur leur corps alors que rien n'était observable. Certaines des plaignantes (qui étaient pour la plupart apparentés ou amies) ont commencé à désigner d'autres personnes, prétendant qu'elles étaient victimes de sorcelleries et que ces personnes étaient les auteurs. Ces désignations ont lancé une longue série de procès qui ont aboutits à de nombreuses exécutions qui ont vraiment démarrés une sorte d’hystérie collective à Salem.

Salem � plus de 140 accusations ont été lancées rien qu'en 1692. Ces accusations

Salem � plus de 140 accusations ont été lancées rien qu'en 1692. Ces accusations visaient souvent plusieurs membres d'une même famille, voir les défenseurs des accusés, ou encore des marginaux. La plupart étaient également des femmes. Les ¾ des procès concernent des femmes, jugées faibles et charnelles par les auteurs. Il y a eu plusieurs dizaines d'exécutions avant celle du premier homme exécuté (John Proctor). � Lors de la première partie de l'année, la plupart des accusés attendaient leur sort en prison. C'est seulement 6 mois plus tard , avec l'instauration officielle du premier gouverneur de la région, venu d'Angleterre, que les procès et exécution ont vraiment commencés. Le Gouvernement, assisté d'Increase Matter a crée un tribunal spécial pour juger les sorcières (ce dernier était une sommité intellectuelle de l’époque, recteur d’Harvard et théologien, auteur prolifique sur de nombreux sujets et aussi chasseur de sorcières pour couronner le tout). � Spécificité « locale » , l’évidence spectrale était considéré comme une des preuves majeures. Les sorcières ensorcelaient leurs victimes qui pouvaient voir en rêve ou vision du spectre d'une sorcière étant l’auteur du crime. La cour n’affectait pas d’avocat aux accusés et ces témoignages suffisaient en général à les faire condamner. Plusieurs dizaines de personnes ont été condamnées et exécutées en moins d’un an. � Ces condamnations faisaient malgré tout débat et l’état finit par dissoudre la cour spéciale et interdire les procès pour sorcellerie à la fin de l’année. Increase Matter reviendra sur certaines de ces positions, déclarant à l’époque qu’il valait libérer 9 sorcières coupables que de condamner une seule sorcière innocente.

Salem �

Salem �

Salem � On libère à ce moment là quelques dizaines de sorcières qui croupissaient

Salem � On libère à ce moment là quelques dizaines de sorcières qui croupissaient en prison. La plupart condamnées sur base d’évidence spectrales ou pour d’autres preuves farfelues trouvées par les inquisiteurs locaux qui inventaient sans cesse de nouvelles méthodes pour « tester » les sorcières. � Ce qui est intéressant c’est de voir que les accusations ne se font pas par hasard. Certaines familles rivales se sont accusées les unes les autres, d’autres ont accusés les vieilles femmes marginales et les pauvres du village. Rien de surprenant vu qu’on les torturaient jusqu’à l’aveu concernant leurs complices (dont on était d’emblée convaincu de l’existence). On peut donc voir à quel point la sorcellerie a été instrumentalisée pour différentes causes : � Persécuter les femmes � Persécuter les pauvres et les marginaux � Persécuter les rivaux � Persécuter tous ceux qui n’étaient pas chrétiens � D’autres théories ont vu le jour comme l’intoxication à l’ergot de seigle (un champignon qui contaminaient les céréales et qui créait des convulsions, des spasmes et des hallucinations). Ce champignon expliquerait en partie les « possessions » vécues par certaines habitants de Salem. C’est une possibilité mais difficile à vérifier vu que ces chasses aux sorcières ont eu lieu partout en Europe.

Les procès en appel au Parlement de Paris � L’historien Alfred Soman a réalisé

Les procès en appel au Parlement de Paris � L’historien Alfred Soman a réalisé un travail de recherche extraordinaire au niveau des � � � � archives des procédures d’appel du Parlement de Paris (1565 – 1640 – 750 procès) Le parlement était une instance majeure de la justice française. Présidée par le roi, elle était à la pointe de la justice et a été une des premières à mettre fin aux poursuites pour sorcellerie sur le territoire français. Dès 1588, elle instaure une loi qui rend l’appel obligatoire pour toutes les condamnations pour sorcellerie et ce, au frais des communes. En 1601 elle rend illégale l’épreuve de l’eau suite à de nombreux procès jugés scandaleux En 1640, le parlement sanctionne de nombreux magistrats 1670 : fin des procès pour sorcellerie, les confessions sont considérées comme des hallucinations. Certains guérisseurs étaient également condamnés pour sorcellerie (car ça devait bien venir du diable ! ) Les mendiants, les veuves agées, la famille d’autres condamnés étaient souvent eux même condamnés

Les procès en appel au Parlement de Paris

Les procès en appel au Parlement de Paris

Les procès en appel au Parlement de Paris

Les procès en appel au Parlement de Paris

Les procès en appel au Parlement de Paris � Au 16ème siècle : le

Les procès en appel au Parlement de Paris � Au 16ème siècle : le parlement ne doute pas tellement de la réalité de la sorcellerie mais tente de s’opposer aux nombreux abus de procédures � Au 17ème siècle, la réalité de la sorcellerie ne convainc plus du tout le parlement (ou du moins, n’est plus jugée comme étant un phénomène existant pour la plupart des accusations) � La torture était nettement plus modérée ici qu’ailleurs. La loi imposait de ne laisser aucune mutilation. Elle n’était pas toujours respectée dans les campagnes. La simulation de noyade était fort pratiquée. La délation, par contre, était courante et servait de preuve si le nombre de délateurs était important � Le parlement retenait 3 preuves majeures : � Matérielles (pacte signé, livre de magie, poupées percées d’épingles, poisons, …) � Aveux fait librement, sans torture � Témoignage oculaire d’un acte de sorcellerie � La marque du diable avait peu de valeur Ces preuves étaient jugées nécessaires malgré les plaintes démonologistes qui trouvaient que c’était trop demander

Les procès en appel au Parlement de Paris � Même si on trouvait des

Les procès en appel au Parlement de Paris � Même si on trouvait des preuves de la pratique de la sorcellerie pour une minorité d’accusés, nombre d’entre eux n’avaient visiblement jamais pratiqué (et c’est clairement le cas pour la majorité des gens condamnés en Europe pour sorcellerie) � Les informations montrent clairement la difficulté pour les cours locales de gérer la violence et le manque de raison de la population qui exigeait des lynchages et des exécutions très facilement. La population, à l’époque, n’est pas très loin de la révolte (et il y n’y a pas de brigades anti émeutes : p ). Les représentants de l’état devait gérer un équilibre entre les exigences de la population (qui devait être écoutées au moins en partie) et la loi.

Et la Belgique dans tout ça ? � Il y a également eu des

Et la Belgique dans tout ça ? � Il y a également eu des procès et des exécutions en Belgique , notamment dans la région liégoise et namuroise (Vielsalm, Haccourt) � 4 procès ont eu lieu à Ermeton au 17ème siècle � Certaines fêtes locales commémorent encore ces procès qui sont notamment rejoués à Haccourt. � Vidéo archive

La sorcellerie contemporaine � Après le 17ème siècle, il y a peu de traces

La sorcellerie contemporaine � Après le 17ème siècle, il y a peu de traces importantes de la sorcellerie. Elle va commencer à renaitre à la fin du 19ème siècle. � Ce phénomène restera assez marginal jusqu’au à la deuxième moitié du 20 ème siècle � Cette sorcellerie est essentiellement une réinvention moderne. Il n’y a pas eu de transmission importante d’une sorcellerie organisée. C’est pourtant le nouveau « mythe fondateur » que vont inventer quelques auteurs comme Leland, Michelet et Murray. Ils réinventent la sorcellerie en enseignant qu’elle est une survivance de ce qui existait avant la chrétienté. Une religion qui vénérait la nature, la fertilité, la féminité et aussi la déesse Diane. Chaque auteur avait sa propre version du mythe avec des variations personnelles. Ces théories ont été populaires pendant un temps et ont inspiré la sorcellerie moderne même si elles ont été abandonnées par les historiens. � La réalité est que la sorcellerie a globalement disparu et elle a été réinventée il y a peu de temps. Elle est d’ailleurs aujourd’hui un mix entre différentes foi et religions.

La sorcellerie contemporaine � On y trouve des influences celtes, chrétiennes, occultes et aussi

La sorcellerie contemporaine � On y trouve des influences celtes, chrétiennes, occultes et aussi une idéologie féministe assez marquée. � La personne qui a eu le plus d’influence sur ce qui existe aujourd’hui, c’est Gerald Gardner. Il est souvent cité comme étant le père de la sorcellerie moderne. Il a beaucoup publié après la seconde guerre mondiale et a pratiqué de nombreuses religions. � Il a transformé la sorcellerie pour la redéfinir de la manière suivante : une religion paisible, vénérant la nature. Les sorcières se réunissent en coven, dirigés par une prêtresse (et pas un prêtre, pour une fois). Elles vérènent un Dieu de la nature et une déesse à plusieurs facettes (fertilité, réincarnation). Ils se rencontrent dans la nature pour danser nus afin d’obtenir le pouvoir de la nature et pratiquent la méditation. Ils reconnaissent les 8 anciens festivals païen européen � Les rituels et sortilèges proposés par Gardner sont nombreux mais peuvent être adaptés / réinventés par chacun, ce qui est devenu un des pilliers de la wicca contemporaine : on peut la personnaliser.

La sorcellerie contemporaine Fête rituelle avec G. Gardner…

La sorcellerie contemporaine Fête rituelle avec G. Gardner…

La sorcellerie contemporaine

La sorcellerie contemporaine

La sorcellerie contemporaine � Le mouvement continuera a être défini de manière différente par

La sorcellerie contemporaine � Le mouvement continuera a être défini de manière différente par de nombreux auteurs. Difficile de savoir lesquels seront les plus influents et les plus populaires dans le futur mais tout est possible vu l’absence d’autorité centrale et le peu de principes « obligatoires » de cette religion. � Il y a néanmoins quelques points communs relevés par les historiens : � 1) animisme / polythéisme / panthéisme � 2) féminisme � 3) rejet de l’idée chrétienne du péché � 4) principe de réciprocité : on a le retour de ce qu’on fait (en bien ou en mal) � 5) personnalisation de + en + populaire � Aujourd’hui encore, de nombreux Coven voient le jour. Ils définissent pour eux même leurs idées et pratiques religieuses… La wicca se mélange également avec de nombreuses autres croyances magiques contemporaines