La Mmoire des Oublis Collge Marcel Pagnol Srignan
La Mémoire des Oubliés Collège Marcel Pagnol Sérignan (34) Année scolaire 2010 -2011
Journée du souvenir de la déportation le 24 avril 2011 à Sérignan
n Ce diaporama est un résumé rapide de notre démarche. Le dossier « papier » que nous vous avons adressé contient l’intégralité des documents : archives, articles de presse, textes des élèves…
Année scolaire 2009 -2010 A l’origine de notre projet Une classe de troisième alternance (élèves en très grande difficulté) travaille sur le projet suivant : - écrire un texte parlant de la déportation mais surtout du regard porté par les ados actuels sur l'évocation de cette mémoire - travailler avec une comédienne afin de mettre en espace et mettre en voix ce texte et le présenter à un public à La Cigalière (salle de spectacle de Sérignan). Le spectacle écrit, produit, montré s'appelle « De toi à moi » n
À la fin de l'année scolaire, les élèves posent autour d'eux la question : « Est-ce que ça s'est passé ici, à Sérignan? » . La réponse quasi unanime des adultes interrogés est : « Je ne sais pas. » ou « Non, il n'y a jamais eu de Juifs pendant la guerre à Sérignan. »
Année scolaire 2010 -2011 Du coup, pendant les vacances scolaires et à la rentrée suivante, des professeurs et une autre classe de 3ème posent des questions lancent des appels, cherchent, recherchent. . . Ils font appel à une association locale « Histoire de Sérignan » . Ils se plongent, avec l'autorisation de la municipalité, dans les Archives municipales. Ils interrogent les Archives départementales de l'Hérault et des Pyrénées Orientales. Ils vont même jusqu'à écrire aux Archives de la Police des Étrangers en Belgique. Et ils trouvent, ils découvrent. . . les traces des Juifs étrangers oubliés. . .
Appel lancé dans la revue municipale durant l’été 2010 …
Ainsi que dans la presse régionale
Ils étaient donc plusieurs. Ils étaient Juifs et étrangers. Ils étaient des hommes, des femmes, des enfants. . . D'ailleurs, à Sérignan, certains anciens, peu à peu, se souviennent acceptent de parler acceptent de nous aider. Ainsi, la photo de la petite Thérèse est retrouvée. . . Son visage, à jamais disparu, de nouveau, apparaît. . .
Les élèves de 3 C ont envie que cette mémoire retrouvée serve, ne soit pas oubliée. . . Qu'elle continue, non pas à morfondre, à désespérer, à accabler. . . Mais à questionner, à éduquer, à faire d'eux des Hommes, des êtres de cœur et non de peur. n
Dans la commune, près du collège, une nouvelle salle polyvalente est construite. n Les élèves s'organisent pour faire entendre leur requête : donner à cette salle un nom en lien avec ces histoires oubliées, avec ses vies assassinées. . . n
Extrait du site internet de la ville de Sérignan Suite de la lettre sur la diapositive suivante
Ici, ils avaient cru échapper à la barbarie et au racisme. Mais, ici, ils ont été arrêtés lors de la rafle du 26 août 1942 (rafle effectuée en zone encore «libre» ) et ils ont été déportés. Ils ne sont jamais revenus. Sérignan, cette ville, notre ville, a été leur dernière adresse connue avant l’extermination, avant l’anéantissement. Pour nous, cette mémoire est importante. Par fanatisme, cette famille a été balayée de la terre. Il ne reste désormais rien d’eux, aucune trace, pas même une tombe. On leur a refusé aussi cela. Alors, nous, à notre façon, on voudrait dire NON, dire que l’on n’a pas le droit de faire ça à des enfants, à des êtres quel qu’ils soient. Chaque vie est précieuse, elle compte. Nous souhaitons donc vous demander s’il est possible de donner un nom à cette salle inaugurée aujourd’hui, un nom en lien avec cette famille. Nous espérons tellement que notre demande soit acceptée, étudiée. Nous vous remercions par avance et nous vous adressons nos respectueuses salutations. Tous les élèves de la classe de 3 e C. P. S. (détail pour nous, poignant) : Salomon était un tout petit garçon, juif, étranger et handicapé : trois «tares» absolues aux yeux des nazis, trois raisons pour lesquelles on lui a refusé le droit de vivre. Ses parents lui avaient choisi un très beau prénom. Salomon, ça veut dire « l’homme de la Shalom » , « l’homme de la paix » . Il a fini à Auschwitz dans une chambre à gaz et dans un four crématoire. Un enfant, un enfant qui, dans son nom, porte le mot «Paix» , ne devrait pas finir comme cela. Nous ne voulons pas oublier qu’un jour tout cela a été possible. Nous ne voulons pas oublier ce petit bonhomme. S’il vous plaît, aidez-nous dans ce « combat » qui est le nôtre. . .
Dans l'attente d'une réponse concernant le nom donné à la nouvelle salle polyvalente, les élèves continuent à s'engager, à se mobiliser. Ils écrivent, mettent en voix, mettent en espace un texte évoquant le sort de Thérèse Pinkas, texte présenté, offert lors de la cérémonie du souvenir de la Déportation. Photographies prises lors de la participation des élèves à la Journée du souvenir de la déportation le 24 avril 2011
Les adolescents ont convaincu les adultes. La salle portera un nom choisi par eux. Les débats ont lieu, les idées et les propositions fusent. Le nom est trouvé : Salle « Les Oubliés » . D'autres élèves du collège, des élèves de SEGPA ( enseignement général et professionnel adapté) embarquent dans l'aventure. Ils choisissent de réaliser eux-mêmes les plaques qui seront apposées.
Ce jour-là, les adolescents font entendre à nouveau un texte sur le thème du choix entre oubli et refus de l'oubli. Ce jour-là, les noms des Juifs étrangers passés par Sérignan ou bien raflés ici résonnent en ce lieu, en cette commune, ces noms oubliés, disparus depuis presque 70 ans. Le travail a duré deux ans. Il a fait passer des jeunes, des adultes, une commune de la petite phrase « Il n'y a jamais eu de Juifs ici pendant la guerre. » à la redécouverte d'une mémoire partagée, ni morbide ni amère, mais exaltante et qui fait renouer avec le sens de l'humain, avec la valeur de la vie, avec la responsabilité envers le prochain, « l'autre » , le Juif, l'Étranger, l'Indésirable. . .
D'autres histoires ont été découvertes, à peine entrevues. . . Les recherches se poursuivent. Les rencontres se font, les voix se mêlent. . . Le collège les enseignants les adolescents continuent à s'investir, à ne pas lâcher prise. . . Ces traces du passé font partie de leur présent et contribuent à donner la force, l'envie, la foi de ne pas abdiquer, de résister à l'oubli, à l'aveuglement, à l'endoctrinement, au naufrage de la volonté, au renoncement à l'exigence humaine. . . De nouveaux projets, d'autres actions sont en préparation. . .
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