La fabuleuse histoire du Facteur Cheval et de
La fabuleuse histoire du Facteur Cheval et de son Palais Idéal Hauterives. Drôme 26
Si on vous disait qu’il existait un palais aux airs de temple bouddhiste caché en plein cœur de la Drôme, le croiriez-vous ? Cette histoire aux allures de conte de fée est pourtant bel et bien réelle. C’est celle du Facteur Cheval, un grand rêveur qui bâtit son propre palace au siècle dernier : le Palais Idéal. Un endroit surnaturel et enchanteur à visiter en famille et peutêtre le sujet de votre prochaine carte postale ? Fizzer retrace pour vous les grandes lignes de cette histoire fantasmagorique.
Son époque, le XIXe siècle est une époque de grande misère, où la famine et la maladie font des ravages.
Que faire en marchant perpétuellement dans le même décor, à moins que l'on ne songe. Pour distraire mes pensées, je construisais en rêve, un palais féerique…
Ferdinand Cheval est né à Charmes, un petit village proche d’Hauterives en 1836. Il appartenait à une famille paysanne assez pauvre et se mis très tôt à travailler avec son père. Sa fréquentation de l’école fut donc très limitée. Devenu apprenti boulanger, il s’exila quelques années loin de sa famille pour trouver du travail, avant de revenir dans son village, où il deviendra facteur rural.
1879 -1912 : 10 000 Journées, 93 000 Heures, 33 ans d’épreuves C’est de l’Art, c’est du rêve, c’est de l’énergie C’est par une fontaine, "La source de la Vie" que le Facteur Cheval commence son œuvre. Construite en deux ans avec coquillages, escargots, huîtres et différentes pierres assemblées avec du mortier de chaux…
Mon pied avait accroché une pierre qui faillit me faire tomber: j'ai voulu savoir ce que c'était. C'était une pierre d'achoppement de forme si bizarre que je l'ai mise dans ma poche pour l'admirer à mon aise.
Au cœur d’un jardin luxuriant, il imagine un palais inhabitable, peuplé d’un incroyable bestiaire - pieuvre, biche, caïman, éléphant, pélican, ours, oiseaux… Mais aussi des géants, des fées, des personnages mythologiques ou encore des cascades, des architectures de tous les continents. Une œuvre architecturale aussi inclassable qu’universelle.
Le Lendemain, je suis repassé au même endroit ; j'en ai encore retrouvé de plus belles. Je me suis dit: puisque la nature veut faire la sculpture, je ferai la maçonnerie et l'architecture.
1867 A 31 ans, Joseph Ferdinand Cheval prête serment pour remplir les fonctions de facteur aux Postes. Il est muté au bureau de Romans, puis à Bourg de Péage.
Avril 1879. Ferdinand Cheval, facteur rural âgé alors de 43 ans, butte sur une pierre si bizarre lors de sa tournée qu’elle réveille un rêve. Véritable autodidacte, il va consacrer 33 ans de sa vie à bâtir seul, un palais de rêve dans son potager, inspiré par la nature, les cartes postales et les premiers magazines illustrés qu’il distribue. Parcourant chaque jour une trentaine de kilomètres pour ses tournées en pleine campagne, il va ramasser des pierres, aidé de sa fidèle brouette. En solitaire, incompris, il inscrit sur son monument "travail d’un seul homme". Son palais de rêve est achevé en 1912.
D’un projet fou à une œuvre classée Monument Historique En parallèle, le Facteur a refait sa vie et rencontré l’amour en la personne de Philomène. Ils ont une fille, Alice, à qui il va dédier son palais. Au début, les gens du village le prennent pour un illuminé. En même temps, imaginez-vous à la fin du 19ème siècle, en pleine campagne, un voisin qui commence à accumuler des pierres dans son jardin en disant qu’il va bâtir un palais… Pourtant, ce projet fou va bel et bien prendre vie, jusqu’à devenir une œuvre mondialement reconnue.
En 1878 il rencontre Claire. Philomène-Richaud, qu’il épouse en second mariage. Elle est un peu plus âgée que lui. Le 11 octobre 1879 nait sa fille Alice-Marie Philomène. En 1894 Alice décède à l’âge de 15 ans. Un drame pour Joseph Ferdinand Cheval qui inscrira sur le tombeau de famille : « Alice amèrement regrettée »
Un caillou qui va changer tout un destin L’époque dans laquelle grandit le Facteur Cheval est à la fois marquée par les découvertes sur l’inconscient et les rêves, ou encore la colonisation de terres lointaines en Afrique et en Asie. Ces terres, même si le Facteur n’y a pas accès, il les voit illustrées dans les revues et les cartes postales qu’il distribue lors de ses tournées. Et c’est ainsi que petit à petit il va se construire un imaginaire débordant.
Le Palais Idéal du Facteur Cheval est achevé en 1912 ; celui-ci l’aura construit entièrement seul, en autodidacte. Se dresse alors dans son potager une œuvre monumentale de 12 mètres de haut et 26 mètres de long. Le Palais Idéal est inclassable ; son architecture est particulièrement hétéroclite. Sur ses façades de pierres et de coquillages foisonnent sculptures d’animaux en tout genre, références mythologiques et inspirations architecturales du monde entier.
Heureux l’homme libre, brave et travailleur
Petit à petit, le Palais devient un objet de curiosité et attire de plus en plus de visiteurs jusqu’à véritablement atteindre la notoriété et le statut d’œuvre d’art en 1969. C’est à cette date qu’il est classé Monument Historique par André Malraux. La réussite du Facteur Cheval est d’autant plus grande qu’il est issu d’un milieu où l’art ne fait pas du tout partie du quotidien. Il est donc autodidacte dans tous les sens du terme. Cela lui vaudra d’être reconnu comme le précurseur mondial de l’art brut. En 2017, le Palais recensait 175 000 visiteurs venus du monde entier. Une prouesse dont le Facteur serait sûrement très fier aujourd’hui.
1896 Joseph Ferdinand Cheval est mis à la retraite à l’âge de 60 ans. Aidé d’un maçon, il construit « la villa Alicius » où il s’installe avec son épouse. 1905 Premier article paru dans la presse nationale, dans la revue « La Vie Illustrée » . 1907 Ferdinand Cheval prend à son service une bonne, Julia Micoud chargée notamment de faire visiter le Palais idéal aux visiteurs.
Dieu, dont les desseins sont impénétrables, se sert de ses humbles créatures pour les accomplir.
Quelle reconnaissance pour le facteur drômois qui n'a semble t-il jamais revendiqué un quelconque statut d'artiste mais le droit de sortir de sa condition au travers d'un élan créatif. En témoigne ses mots écrits en mars 1905 : « Fils de paysan je veux vivre et mourir pour prouver que dans ma catégorie il y a aussi des hommes de génie et d'énergie. Vingt-neuf ans je suis resté facteur rural. Le travail fait ma gloire et l'honneur mon seul bonheur ; à présent voici mon étrange histoire. Où le songe est devenu, quarante ans après, une réalité. »
Il est de ces œuvres d’art si improbables et fragiles dont on s’émeut non seulement qu’un esprit les ait mises au monde, mais plus encore, qu’elles aient échappé aux vicissitudes du temps, jusqu’à nous parvenir. C’est le cas du palais idéal du Facteur Cheval, surgi des « terres froides » de la Drôme des Ses voisins pensent d’abord qu’il veut commercialiser collines à la toute fin du XIXe siècle. ces cailloux pour arrondir son maigre salaire de facteur. Mais lorsqu’ils constatent que Cheval commence à assembler ces pierres là où devraient pousser des poireaux, c’est la consternation. Puis viennent les railleries.
Sur cette terre, comme l’ombre nous passons. Sortis de la poussière, nous y retournons.
Si c’est aujourd’hui l’exotisme qui frappe le spectateur dans le foisonnement des motifs, il ne faut pas oublier qu’ils se mêlent à bien d’autres formes et sources. Les références au christianisme et à la spiritualité locale, par exemple, sont très présentes : Ferdinand Cheval dédie l’une des grottes à saint Amédée, un patron local. La façade nord dissimule une fascinante crèche de coquillages, issue de la tradition franciscaine. Partout dans la profusion des formes se cachent des personnages issus de la Bible … Quant aux figures de Vercingétorix et de Jules César, elles témoignent de la pénétration du « roman national » , progressivement élaboré par les élites, jusqu’au cœur des campagnes.
Ferdinand Cheval sur son échafaudage. Collection Mémoire de la Drôme.
Après avoir terminé mon Palais de rêve à l'âge de 77 ans et 33 ans de travail opiniâtre, je me suis trouvé encore assez courageux pour aller faire mon tombeau au cimetière de la paroisse. Là encore, j'ai travaillé huit années d'un dur labeur, j'ai eu le bonheur d'avoir la santé pour achever à l'âge de 86 ans le "Tombeau du Silence et du Repos sans fin"
Ce diaporama vous est offert par : Jean-Jacques Goldman Au bout de mes rêves Fait le 15 juillet 2020 Mondoune. guy@gmail. com
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