Josphine Baker loiseau des les la perle noire
Joséphine Baker « l’oiseau des îles » « la perle noire » « la Vénus d’Ebène » « la Panthère » à z e u e Cliq ue vu q cha Son vrai nom : Freda Josephine Mc. Donald Née en 1975 1906 Décédée en Saint-Louis, dans le Missouri Etats Unis Paris France Photographie d’Henri Manuel
Joséphine Baker (1906 -1975) Introduction « Plus que ses talents de chanteuse et de danseuse, danseuse ce sont, sans aucun doute, sa vitalité, vitalité son courage, courage sa générosité et sa personnalité hors du commun qui ont fait de cette femme une artiste au destin sans équivalent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle joue un rôle important dans la Résistance à l’occupant Elle utilise ensuite sa grande popularité dans la lutte contre le racisme et pour l’émancipation des Noirs, Noirs en particulier en soutenant le Mouvement des droits civiques de Martin Luther King Puis elle devient une « maman » aimante et dévouée pour les 12 enfants adoptés qui constitueront sa « tribu Arc-en-Ciel » . Devenue le symbole d’une certaine libération féminine, féminine sa vie peut être perçue comme une revanche, à la fois individuelle et collective sur la misère et le racisme. En outre, elle propose « une certaine idée de la femme » : courageuse, généreuse, aimante, engagée, décidée…. . » Texte de Joëlle Montmartin-Stringat, conférencière à St—Etienne 2
Joséphine Baker est née le 3 juin 1906, à Saint-Louis, dans le Missouri, aux Etats Unis, d’une mère noire afro-américaine et d’un père blanc, musicien itinérant de rue, d’origine espagnole qui abandonne tout de suite la mère et l’enfant. Elle est donc métisse. Elle se marie à 13 ans avec Willie Wells et le jeune couple demeure sous le même toit que la famille Martin. Ce mariage désastreux se termine en 1920. Le rythme lui colle à la peau. Elle apprend à danser dans la rue. Elle a les jambes en caoutchouc. Elle cesse d’être employée de maison. Elle rejoint un trio d’artistes de rue : le Jones Family Band puis suit une autre troupe itinérante : les Dixie Steppers En arrivant à Philadelphie, elle rencontre Willie Baker qu’elle épouse. Elle a 16 ans. Elle est engagée comme danseuse au Standard Theater Elle reçoit 10 dollars par semaine. Elle se prénomme Freda-Josephine mais on la surnomme « Tumpie » . Tumpie Elle porte le nom de sa mère Mc. Donald Sa mère se marie avec un ouvrier, Arthur Martin qui travaille épisodiquement. Ils auront trois enfants. Freda-Josephine est donc l’aînée. Elle alterne l’école et des petits travaux domestiques pour des gens aisés qui la maltraitent parfois. En 1917, Freda-Josephine assiste à une importante émeute raciale à St-Louis : 39 noirs sont tués et plusieurs milliers d’autres noirs sont laissés sans abri. L’adolescente n’oubliera jamais ce dramatique évènement. Tumpie Elle part à New-York en espérant être recrutée au Music-Hall de Broadway et rejoint la troupe de la comédie musicale Shuffe Along où tous les danseurs et comédiens sont noirs. Elle se sépare de son 2 e mari dont elle garde le nom. 3
1923 Joséphine Baker entre à 17 ans dans la troupe Chocolate Dandies, Dandies puis au Plantation Club où elle est remarquée par Caroline Dudley qui lui propose un salaire conséquent : 250 dollars par semaine si elle accepte de partir pour la France, son mari finançant le spectacle « La Revue Nègre » à Paris, au Théâtre des Champs Elysées Joséphine Baker est alors âgée de 19 ans. 1925 Paris La Revue Nègre au Théâtre des Champs-Elysées 1925 - La troupe de la « Revue Nègre » partant pour Paris 34
1925 La perle noire La Vénus d’Ebène 5
1925 Le théâtre des Champs. Elysées est dans une mauvaise passe. André Daven cherche un spectacle « choc » . Son ami, le peintre cubiste Fernand Léger lui conseille alors de présenter une revue menée exclusivement par des artistes noirs et au même moment, Caroline Dudley cherche un lieu, à Paris, pour sa troupe. Comme reine du spectacle (ou meneuse de revue), elle choisit Joséphine A. Daven demande au peintre -dessinateur Paul Colin les décors et affiches. Celui-ci est étonné par la vitalité de la jeune fille. Pour la 1ère affiche, il utilise le dessin , qu’il modifie un peu, du peintre américain Miguel Covarrubias. 6
1925 L’orchestre de Jazz est celui de Claude Hopkins qui a engagé Sidney Bechet En septembre 1925, il fait une chaleur torride et les danseurs, au son des musiciens, répètent la nuit sur le toit du théâtre. Les voisins entendent puis se penchent à leurs fenêtres pour voir le spectacle. Joséphine est en short déchiré et en débardeur. Mais le 2 octobre 1925, Joséphine arrive au bras de Paul Colin, son amant, habillée d’une magnifique robe du couturier Paul Poiret 7
1925 La Revue Nègre "C'est alors qu'entre en scène, très vite, un personnage étrange, qui marche les genoux pliés, vêtu d'un caleçon en guenilles, et qui tient du kangourou boxeur, du sem-sem gum et du coureur cycliste. . . Elle louche, elle gonfle ses joues, se désarticule, fait le grand écart et, finalement, part à quatre pattes, avec les jambes raides et le derrière plus haut que la tête, comme une girafe en bas âge. " Régnier Chroniqueur de Candide oct 1925 La Revue Nègre fait salle La comble au Théâtre Revue Nègredes Champs Elysées. On peut voir dans le public : Fernand Léger, Robert Desnos, Picabia, " C'est. Cendras…. elle, de son trémoussement forcé, de ses dislocations Blaise téméraires, de ses mouvements lancés qu'émane le jet rythmique. L’égérie de ladicter troupe Joséphine Baker. au Elle danse quasiment nue Elle semble auest drummer envoûté, saxophoniste sur la scène au rythme dans unnaît décor ardemment tendu vers des elle. tambours [. . . ] La musique de de la savanes. danse, et On se gausse et de leur manière de gérercynique les colonies quelle danse des ! Lesblancs déhanchements de la bateleuse et bon françaises aient un tout la autre que les enfant, le bien rictusqu’ils qui fait grimacer largecomportement bouche, font place blancs Américains. subitement à des visions dont tout bonhomie est absente. [. . . ] Joséphine nouveaux pas. Ellelagrimace, Certaines danse poses le decharleston, Miss Baker, deles reins incurvés, croupe louche et gonfle les joues puis fait le grand écart. Ses jambes saillante, les bras entrelacés et élevés en un simulacre phallique, semblent désarticulées. Elle personnifie un monde bizarre. évoquent tous les prestiges de la haute stature nègre. Le sens plastiqueaussi d'uneunrace de sculpteurs et les qui fureurs de l'Eros Apparait vendeur de cacahuètes se dirige versafricain elle : nous étreignent. Ce n'est plus la dancing-girl cocasse, c'est la Vénus c’est Sidney Bechet avec sa clarinette. noire Baudelaire. " Le clouqui du hanta spectacle est la danse sauvage de Joséphine et. Article de Joed'André Alex. Levinson dans Comoedia, 12 octobre 1925. 8
1925 La Droite ultra nationaliste se déchaine La Revue Nègre La critique de De Flers est révélatrice d’un racisme de la Droite en France : la guerre entre les races se prépare et si les Blancs ne « colonisent » pas - autrement dit ne dominent pas les Noirs - ces derniers, coloniseront les blancs. « La Revue Nègre est un lamentable exhibitionnisme transatlantique qui semble nous faire remonter au singe en moins de temps que nous n’avons mis à en descendre » Article de Robert de Flers dans le Figaro, 16 novembre 1925 9
1925 Joséphine influence aussi la mode. Les femmes parisiennes commencent à porter des robes simples, style Paul Poiret et prennent des consommations à la terrasse des bars de Montparnasse. Joséphine est synonyme de « liberté » . Elle s’affiche aux bras des hommes. Elle conserve toujours sa coupe de cheveux noirs gominés. Elle incarne la « garçonne » du célèbre romain de Victor Margueritte. Les artistes vont également s’afficher aux bras de jolies Vénus noires. Dans ses mémoires, Joséphine n’hésite pas à écrire : « Depuis que la Revue Nègre est arrivée au Gai Paris, je dirais qu’il fait de plus en plus noir à Paris. D’ici peu, il fera tellement noir qu’on craquera une allumette puis on en craquera une autre pour voir si la première est allumée ou non » . 10
1925 - 1926 La perle noire plus belle que jamais ! Joséphine Baker, la Vénus Noire, habillée par Paul Poiret 11
1925 - 1926 Joséphine Baker a deux « amours » : l’artiste Paul Colin et l’écrivain Georges Simenon. Paul Colin Le Revue Nègre se poursuit au Théâtre de l’Etoile. Joséphine exécute une parodie de la danse du cygne mais noir…. dans une petite salle. Serge Lifar (chorégraphe des ballets de Serge Diaghilev) Diaghilev lui a appris à danser sur les pointes et la considère excellente danseuse. En Italie avec Serge Lifar 12
1926 26 avril Plumes pour la Perle Noire Titre du spectacle : « La Folie du jour » Après plus d’une centaine de représentations en France et à l’étranger, Joséphine casse son contrat et signe un contrat avec le théâtre des Folies-Bergère où elle sera la vedette principale dans « La Folie du Jour » . Elle porte des plumes roses ou bien une ceinture de bananes L’affiche réalisée dans cette tenue par Paul Colin fait sensation. 1926 – La Revue Nègre aux Folies Bergère 13
1926 14
1926 -1927 Des bananes pour l’oiseau des Iles C’est à ce moment là qu’elle croise le regard d’un homme séduisant, élégant, qui porte un monocle. A la fin du spectacle, il l’invite pour un tango et se présente : Giuseppe Abatino, Abatino aristocrate italien. Elle en tombe éperdument amoureuse et le surnomme Pepito Il a 17 ans de plus qu’elle. Il lui propose de devenir son impresario. Elle a deviné qu’il n’est pas plus aristocrate qu’elle mais elle s’en moque. A la vieille de noël 1926, elle annonce à ses amis qu’elle les recevra désormais, après le spectacle, dans son cabaret, 40 rue Fontaine à Paris à l’enseigne de « chez Joséphine » . 15
1927 Au même moment, Mistinguett se produit au Moulin-Rouge et chante « Paris, c’est une blonde » Elles sont alors deux concurrentes qui se voient, qui s’invitent mais qui sont néanmoins rivales. Giuseppe Abatino reste auprès d’elle pendant 10 ans, s’occupant de tout. Mais le climat entre eux est devenu conflictuel car ni l’un, ni l’autre n’est fidèle, mais seul son pygmalion le lui reproche et non inversement. Il la quittera en 1936 et mourra peu de temps après d’un cancer du foie. Mistinguett, Joséphine et Giuseppe Abatino 16
1927 Cette ceinture de bananes, imaginée par Paul Colin, est réalisée en peluche. Lorsque Joséphine se met à danser, les bananes s’agitent et évoquent des phallus pleins de naturel et de gaieté. Lorsqu’elle arrive sur scène avec sa ceinture d’herbe, elle danse alors un charleston endiablé. 17
Le monde du cinéma – encore muet – s’intéresse à elle. Mais elle n’est pas certaine que son image sera belle à l’écran et à titre d’essai, on tourne le spectacle des Folies-Bergère « la Revue des Revues » . Et elle en est pleinement satisfaite. Elle se trouve belle. 1927 Elle joue alors le rôle principal de « la Sirène des Tropiques » (elle danse souvent dans un décor antillais). 1927– La Revue des Revues 1927 – Joséphine Baker en costume burlesque En mars 1927, elle se produit toujours aux Folies-Bergère dans la Revue intitulée « un vent de Folie » où elle danse le charleston. Et déjà, elle dicte ses mémoires dans un livre illustré par Paul Colin. Elle n’a que 21 ans ! 18
1927 -1928 Sa découverte du racisme en Europe Joséphine part ensuite avec la troupe des Folies-Bergère en Europe de l’Est. Vienne : elle découvre avec stupeur qu’elle a été précédée d’une réputation terrifiante. Des tracts circulent dans toute la ville et la présente comme le symbole de la luxure, du sexe. L’Eglise la surnomme « le démon noir » . Et même le tocsin sonne dans plusieurs paroisses. Elle maintient son show mais se présente avec un fourreau noir et chante une série de blues. Le public applaudit. A Munich, Munich elle retrouve un racisme analogue : sur ordre du gouvernement, la police interdit son spectacle. La Troupe part ensuite à Buenos Aires Là aussi, les spectateurs se déchaînent dans la salle avant même de l’avoir écoutée en lui lançant des pétards Elle continue néanmoins la tournée, rentre en Europe. Ovation à Madrid, Amsterdam, Oslo, Stockholm, Copenhague. Par contre, à Prague, Prague on lui lance sur scène des pattes de lapin Elle sait à présent qu’elle sera dans l’avenir une militante contre le racisme. 19
1928 Au bal Tabarin, Joséphine Baker enregistre la chanson « J’ai deux amours » 20
1930 Pépito (surnom de son impresario et amant) passe un contrat avec le Casino de Paris où Mistinguett a fini son tour de chant. Le directeur accepte à condition que Joséphine chante en français, langue qu’elle parle bien à présent. Vincent Scotto et son parolier Géo Koger vont créer « J’ai deux amours » qu’elle interprète merveilleusement bien. Ce 26 septembre, dans la salle , on reconnait : Francis Carco, Marcel Pagnol, Le Corbusier…. Tout le monde applaudit et Pépito lui dit : « ce n’est plus « Paris qui remue ; c’est toi qui remues Paris ! » . 21
1931 Henri Varna, Directeur du Casino de Paris, lui achète un léopard pour sa revue, qu’elle baptise « Chiquita » et tous les deux deviennent inséparables. La bête souligne alors l’élégance sauvage de Joséphine. 22
Joséphine Barker fait toutes ses rencontres artistiques à Montparnasse ou à Montmartre. L’égérie des Peintres Le Jockey Club à Montparnasse est alors fréquenté par des Américains. Puis d’autres boites de nuit se créent dont la Jungle. le Bal Nègre de la rue Blomet est réservé exclusivement aux spectateurs noirs antillais, africains et afro-américains. Après son spectacle, Joséphine s’y rend toujours accompagnée de Pepito et de ses admirateurs. Les peintres Jules Pascin, Pascin comme Paul Colin, Colin sont les premiers à s’intéresser aux variations du jazz et à ceux qui les interprètent. Ensuite, les littéraires mettent en scène dans leurs romans des musiciens et danseurs noirs comme Paul Morand, Morand Philippe Soupault ou René Crevel Mais ce dernier s’inquiète : « pour les Blancs, les Noirs sont seulement des moyens, des occasions de divertissement au même titre que les esclaves des riches Romains pendant l’Empire » . Joséphine le ressent mais ils sont si nombreux à l’aimer et paraissent si sincères ! A la Coupole et à la Rotonde, Joséphine envoute Foujita, Foujita Van Dongen, Dongen Picasso, Picasso Henri Laurens, Laurens Horst, Horst Man Ray, Ray Alexandre Calder……. Calder Joséphine par Kees Van Dongen Pablo Picasso – qui la peinte l’a surnommée « Néfertiti » . Il lui trouve un port de reine. Joséphine par Emile Compard 23
La Perle Noire de Jean-Gabriel Domergue (1889 -1969) Ce tableau fut longtemps exposé au Grand Palais à Paris. 24
Joséphine par Niki de St-Phalle Joséphine par Franz Hagenauer Même après sa mort, Joséphine Baker continue à inspirer les artistes. Joséphine par Marie Coflka 25
L’oiseau des îles et la Publicité 1930 De la brillantine au cigare, des tricots de marque au camembert, toute publicité rapporte et peu importe le sujet ! Pepito s’occupe de tout mais prend largement, au passage, son butin. Là aussi, elle s’en moque puisqu’elle vit avec lui. Tout est bon pour se faire connaître à travers les journaux. 26 Elle dépense sans compter mais souvent, c’est pour la bonne cause : elle fait des dons aux hôpitaux, aux écoles et à ceux qui ont faim. Joséphine a un cœur d’or
1933 Joséphine est habillée par les couturiers du quartier des Champs Elysées. 27
1933 L’élégante Joséphine 28
Le cinéma Pépito décide qu’il est temps pour elle de revenir au cinéma qui n’est plus muet depuis 4 ans et signe un contrat avec Marc Allégret (futur mari de Simone Signoret). Jean Gabin et Joséphine Baker sont à la tête des affiches et des magazines. 1933 29
Le cinéma 1934 L’année suivante, elle reprend le chemin des plateaux pour une aventure exotico-féerique imaginée par Pepito, intitulée « Princesse Tam-Tam » Elle joue un peu son rôle : une cendrillon moderne qui rencontre un noble interprété par Albert Préjean, Préjean aussi célèbre que Jean Gabin. Elle y danse la « conga » chère aux esclaves qui, sur le rythme endiablé, essaient, le soir, d’oublier leurs souffrances. 30
L’Opérette d’Offenbach 15 décembre 1934 Elle enchaîne avec une opérette de Jacques Offenbach au théâtre Marigny : la Créole Pour cela, Yvonne Printemps lui donne des cours particuliers pour le chant et Sacha Guitry des conseils pour son maintien sur la scène. C’est un succès et le Petit Journal conclut : « elle a tant de cordes à son arc qu’elle pourrait en faire une harpe ! » . 31
Le cauchemar à Broadway 1936 Pepito l’entraîne à New. York où il vient de signer un contrat aux Ziegfeld Follies. Mais le metteur en Foll scène ne veut pas la voir avec sa ceinture de bananes et impose des défenses de bêtes sauvages. Le show de Joséphine ne plait pas aux spectateurs Américains et les critiques sont accablantes et même injurieuses : « ce n’est qu’une négresse aux dents de lapin » Humiliée, Joséphine en porte la responsabilité à Pepito qui part immédiatement à Paris. Ils ne se verront plus. 32
Le 21 septembre 1936 : Nouvelle revue Charles Trenet chante en duo avec Johnny Hess puis cède la scène à Joséphine. Elle est transformée en Reine des Neiges. Le public applaudit. Gaby Morlay, Denise Grey, Jean-Pierre Aumont, Aumont Sacha Guitry, Guitry Colette…. Colette sont là. 1936 Charles Trenet la félicite et lui déclare : « vous avez gagné, Joséphine, bravo, vous êtes plus merveilleuse que jamais. Mistinguett va en être jalouse. Vous êtes désormais sa bête noire ! » Colette écrit : « elle enjambe, comme une margelle, les étoffes qui la quittent et d’un seul pas assuré, elle entre dans la nudité et la gravité » . 33
le 30 novembre 1937 Pendant deux ans, sans son pygmalion, Joséphine fait face, seule, à ses « Revues » . Mais elle en est fatiguée et a surtout le désir de se marier avec un français riche et respectable et devenir enfin mère. Au bois de Boulogne, elle rencontre Jean Lion, Lion un beau garçon de 27 ans. Elle en a 31. Il a amassé une belle fortune dans le commerce du sucre raffiné. Il est amoureux et il l’épouse le 30 novembre 1937 à la Mairie de Crèvecoeur-le-Grand. Elle devient – par ce mariage – Française et juive Joséphine fait une fausse couche et elle en est très déprimée. Mais leur vie respective est tellement différente qu’ils finissent par divorcer le 1 er février 1939. En mars 1939, elle part en tournée au Brésil et revient en septembre 1939 à Paris. 34
Septembre 1939 La guerre est déclarée au moment où Joséphine doit reprendre sa tournée aux Folies -Bergère. Maurice Chevalier, Chevalier de retour des Etats-Unis et star Hollywoodienne, doit s’y produire. Joséphine décide seulement de chanter devant des soldats français en uniforme du 2 e bureau « j’ai deux amours » et « la petite tonkinoise » . Maurice Chevalier est surpris de la popularité de Joséphine Baker. Elle renouvelle au Casino de Paris. L’enthousiasme des soldats lui donne le désir d’aider les citoyens d’une nation qui est désormais la sienne. La guerre Jacque Abtey (1906 -1998) Elle reçoit la visite d’un certain M. Fox (Jacques Abtey). Abtey Il est officier du service de renseignement et du contreespionnage français. 35
1940 Elle va être « une honorable correspondante » (espionne) tout en étant la maîtresse à ce moment là de Jean Menier, Menier héritier d’une célèbre marque de chocolat à croquer. Jacques Abtey va lui donner des consignes : elle doit noter sur des partitions et à l’encre sympathique les renseignements qu’elle essaiera d’avoir sur les allemands et leurs stratégies. Puis elle part pour l’Afrique. Elle continue à se produire mais cette fois à Alger, à Casablanca, à Tanger…. Elle effectue plusieurs voyages entre Marseille, l’Algérie, l’Espagne, le Maroc, l’Egypte, le Portugal, transmettant inlassablement et sans peur des messages et plans de la plus haute importance. Elle est hospitalisée pendant 19 mois pour une grave maladie mais elle continue néanmoins sa mission d’honorable correspondante. Sa chambre d’hôpital sert de lieu d’échange des informations. A peine rétablie, elle reprend ses voyages, parcourant tout le Proche Orient (la Lybie, le Liban, l’Egypte, Jérusalem…) pour soutenir le moral des troupes et continuer ses transferts de documents. 36
De 1940 à 1944 Joséphine se mobile pour la Croix-Rouge. Elle verse à cette association humanitaire les cachets de ses spectacles et parfois, elle donne son temps pour la distribution de vivres. Mi-juillet 1940, contactée à nouveau par J. Abtey, elle souhaite rejoindre le Gl De Gaulle à Londres mais le projet de départ est annulé. Dès octobre 1940, elle s’engage dans les force féminines de l’armée de l’air de la France Libre. 37
De 1940 à 1944 Joséphine au Maroc A la Libération, elle poursuit se activités pour la Croix-Rouge. Et elle va chanter dans le camp même de Buchenwald pour les survivants. Son engagement durant la guerre lui vaut 4 décorations. 38
En octobre 1944, elle revient à Paris. Le Général de Lattre de Tassigny lui demande de se mettre pour quelque temps encore au service de la France et de chanter toujours pour les soldats, moyennant un cachet dérisoire. Elle accepte volontiers. Jo Bouillon, Bouillon chef d’orchestre, lui est présenté. Souvent, elle se produit dans les casernes, au froid, accompagnée des 40 musiciens de l’orchestre. 1944 – 1945 - 1947 Le 28 mars 1945, 1945 elle participe à un gala organisé par les Forces Françaises Libre au Théâtre des Champs-Elysées et le Général De Gaulle est présent dans la salle. Il vient la féliciter. 3 juin 1947 mariage avec Jo Bouillon dit à l’un de ses amis : « cette femme me fait penser à la fois à un torrent, à un incendie et à un rossignol » Pendant deux ans, il la suit dans ses tournées et devient son impresario. Son enthousiasme, son émerveillement quasi enfantin font sourire Jo qui petit à petit s’éprend d’elle. Une romance d’amour Le mariage est prévu au château des Milandes le 3 juin 1947. 39
1948 40
1948 1949 En janvier 1948, elle est à la Havane et elle prend officiellement position contre le racisme De retour en France, elle anime en octobre 1948 le « Club 48 » , avenue Montaigne, à Paris, non loin du Théâtre de l’Elysées. 41
Le château des Mirandes – de style Renaissance – est baptisé le château des Milandes lorsque Joséphine Baker le découvre en 1937 lors de son voyage de noces avec son 3 e mari (Jean Lion). La bâtisse est en mauvais état et sans confort. 10 ans plus tard, juste avant son 4 e mariage avec Jo Bouillon, Bouillon elle l’achète et fait installer l’eau courante, l’électricité et le chauffage central. Le château des Milandes Ne pouvant pas avoir d’enfants, enfants elle veut en adopter de races et de religions différentes. Dans ce nouveau projet, aussi, sa générosité ne connait pas de limites. Allant à l’encontre de l’avis de Jo Bouillon – son époux – elle adopte 12 enfants de 1954 à 1957 qu’elle installe au château des Milandes 1947 Elle y développe également un complexe touristique avant-gardiste baptisé « village du monde » , monde étant certaine qu’on viendra lui rendre visite puisqu’elle est mondialement connue. 42
1954 Les 12 enfants de 1959 La tribu « Arc-en-Ciel » de Joséphine et Jo Bouillon Joséphine au château des Milandes Joséphine embauche du personnel : cuisinières, femmes de ménage, jardiniers, nourrices et précepteurs. Elle souhaite rester aux Milandes mais Jo et son orchestre ne rapportent pas assez d’argent pour faire face aux dépenses. Les enfants adoptés sont de races et de religions différentes : Akio et Terruya (Japon), Jari (Finlande), Luis (Colombie), Jean. Claude, Moïse et Noël (France), Brian et Marianne (Algérie), Koffi (Côte d’Ivoire), Mara (Venezuela) et Stellina (Maroc). « Pour éviter des attirances charnelles plus tard, maman et papa avaient décidé de se cantonner à un sexe, raconte Brian. Pour Marianne puis Stella, elle a transgressé la règle » . « Je suis le seul artiste note Brian, les autres sont hôtelier, 43 inspecteur des impôts, assureur, secrétaire médicale…. »
1956 à 1960 Joséphine et sa tribu « Arc-en-Ciel » Les dettes s’accumulent. Joséphine reprend ses tournées dans le monde et à Paris. Jo quitte sa femme pour s’installer à Paris. Ils décident de divorcer à la majorité du plus jeune enfant. La « tribu » reste au château aux bons soins du personnel. Et malgré ses deux revues à l’Olympia « Paris mes amours » , Joséphine n’arrive plus à payer son personnel et les entrepreneurs qui restaurent le château. Pour l’aider, elle fait venir des Etats-Unis : sa mère, son frère Richard, sa sœur Margaret et son mari. Mais là encore, il faut les nourrir et les payer ! 44
1959 45
1961 La légion d’honneur pour Joséphine Au château des Milandes avec ses enfants Le 19 août 1961, le général Vallin remet la Croix de la Légion d’Honneur à Joséphine Baker dans le parc du château des Milandes, en présence de tous ses enfants. Cette reconnaissance s’ajoutait à la Croix de guerre, guerre à la Croix de la libération et à la médaille de la résistance en hommage à sa conduite héroïque pendant la seconde guerre mondiale. Au château des Milandes 46
La militante contre le racisme Elle voyait la discrimination raciale comme « une bête terrible qui paralyse l’âme et le corps » 1963 Joséphine Baker a subi le racisme tout au long de sa vie. En 1952, elle a participé à des conférences à Cuba et en Argentine où elle s’est engagée contre toute discrimination raciale mais en 1953, lors d’une nouvelle tournée à la Havane, elle est arrêtée par les services de renseignements militaires du Président Batista, Batista sans raison, et relâchée grâce à des diplomates français. A New-York, alors qu’elle est de nouveau en tournée et très applaudie, le personnel d’un grand restaurant refuse de la servir parce qu’elle est noire. Elle ne peut oublier ces épisodes. A Washington lors de la grande marche le 28 août 1963 Le 28 août 1963, une marche sur Washington est organisée par un groupe de défenseurs des droits civiques. Il est prévu 200 à 300 000 participants dont 80% d’Afro-Américains et 20% de blancs. Le pasteur Martin Luther King doit faire un discours et plusieurs artistes américains – dont Bob Dylan et Joan Baez - vont chanter. Joséphine Baker est l’une des invités importantes. Parée de ses décorations, elle prend la parole durant 20 mn. 47
1964 48
1968 En avril, elle est à l’Olympia Bruno Coquatrix fait la promotion d’un disque où elle chante et la vente doit servir à combler les dettes contractées pour l’entretien et la restauration du château des Milandes. Le 4 juillet 1968, 1968 Joséphine est victime d’une première attaque cérébrale dont elle se remet vite. 49
1961 De la joie à la colère et à l’abattement Durant l’été 1961, Joséphine est radieuse avec toute sa tribu « Arc-en. Ciel » au château des Milandes, même si elle a divorcé d’avec Jo Bouillon. Les dettes s’accumulent mais elle a foi en sa bonne étoile. 1969 Mars 1969 Cependant, le 11 mars 1969, 1969 après 6 ans de combat et 3 derniers jours de résistance farouche, Joséphine Barker est expulsée, manu-militari, de son château des Milandes. Elle a résisté tant qu’elle a pu. Brigitte Bardot a fait, pour elle, un appel aux dons, sans grand succès. Généreusement, elle-même lui remet la somme de 1 million de centimes (13 400€) Joséphine au château des Milandes en 1961 La femme du chef d’orchestre Pierre Spiers en est émue et lui trouve un appartement de deux pièces à Paris. Les 12 adolescents s’entassent dans cet logement exigu, le temps qu’ils soient admis provisoirement au Botel à Epernon Le Botel à Epernon Joséphine devant la porte de son château Ce petit château a été construit par Charles Garnier et est devenu la Mairie d’Epernon depuis 1980 50
L’arrivée à Monaco et Roquebrune 1969 La Princesse Grace Kelly, Kelly avertie, s’émeut de cette situation. Elle cherche une villa près de Monaco qu’elle trouve à Roquebrune Mais quelque travaux s’imposent. Et en attendant cette restauration, la famille se rend à Epernon au château des Tournelles (loué par l’Association « Le Botel » ). Elle y résidera 3 mois. En juillet 1969 la famille prend le train pour Roquebrune. La tribu « Arc-en-Ciel » accompagné de leur mère et de leur tante et oncle. La villa de Roquebrune prêtée par la Princesse Grace Kelly 51
Au cabaret de Jean-Claude Brialy 1969 C’est alors que Joséphine reçoit la visite de Jean-Claude Brialy qui vient d’acheter le cabaret la Goulue Il a su qu’elle venait d’être expulsée de son château avec toute sa tribu « Arc-en-Ciel » et sait fort bien qu’après ce scandale, les professionnels du spectacle vont la rejeter. Il a trouvé une modeste couturière pour lui faire ses costumes de scènes. La première soirée du cabaret – qu’il a rebaptisé provisoirement « chez Joséphine » - est prévue le 27 mars 1969 Mais hélas, ce n’est qu’un succès éphémère. Au cabaret « la Goulue » ou « chez Joséphine Fin avril 1969, André Levasseur se rend chez « Joséphine » . Il travaille pour la Société des Bains de Mer à Monaco et assure la direction du Gala de la Croix-Rouge présidé par la Princesse Grace de Monaco. Il lui propose d’être la meneuse de la revue. Il lui précise que Jean-Claude Brialy sera le maître de cérémonie. 52 Le cabaret « la Goulue » de Jean-Claude Brialy est provisoirement dénommé « chez Joséphine »
1969 Le gala de la Croix-Rouge Joséphine est reçue par Grace Kelly Joséphine et Jean-Claude Brialy 53
D’Août 1974 à Avril 1975 A Bobino, ce 8 avril 1975, le public applaudit. La Princesse Grace Kelly, Alain Delon, Sophia Loren, Jeanne Moreau …. occupent les premiers rangs. Le spectacle est un triomphe. En août 1974, André Levasseur, Levasseur toujours responsable du gala annuel de la Croix-Rouge monégasque pense de nouveau à Joséphine Baker, installée à Roquebrune depuis 5 ans. Il lui propose une revue de 70 mn avec une somptueuse et éphémère entrée en scène dans un costume transparent en chantant tout son répertoire de chansons. Au petit matin, Joséphine retrouve sa chambre à l’hôtel, s’endort le sourire aux lèvres. Elle ne se réveillera plus. Elle vient d’avoir une hémorragie cérébrale. Elle apparait alors dans une calèche tirée par 2 chevaux. La soirée est un enchantement. 1975 54 Le directeur de Bobino, Bruno Coquatrix, Coquatrix assiste à l’une des soirées et sollicite à peu près le même show pour son music-hall parisien à partir d’avril 1975. Elle a bientôt 69 ans !
Avril 1975 55
15 avril 1975 Véritables obsèques nationales 12 000 personnes assistent à l’enterre-ment qui a lieu à l’Eglise de la Madeleine : Jo Bouillon son ex-mari (séparé d’elle depuis 1957, il vit à Buenos Aires), deux de ses enfants et des personnalités du gouvernement dont le Gl Alain de Boissieu, Boissieu la Princesse Grace de Monaco, Monaco des artistes du monde du spectacle sont présents. Pierre Spiers, Spiers son ami et chef d’orchestre, joue « Sonny Boy » à la harpe puis « j’ai deux amours » aux grandes orgues au moment où le cercueil quitte l’église. avril 1975 de: Le cortège àpasse devant 15 avril 197515: Obsèques Joséphine l’Eglise de la. Bobino Madeleine à Paris Lors de ses obsèques, elle reçoit les honneurs militaires : son cercueil est recouvert d’un drapeau tricolore ; un ancien combattant porte sur un coussin les décorations militaires de la chanteuse. L’autel est encadré de drapeaux et des jeunes femmes de l’armée de l’air viennent s’incliner devant son cercueil. Qui va régler les frais d’obsèques ? La Principauté de Monaco paye depuis plusieurs années le loyer de la maison de Roquebrune. Bobino accepte de financer l’enterrement, le couple princier prenant en charge les frais de la concession et pierre tombale au cimetière de Monaco. 56
Hommage à Joséphine 4 décorations lui ont été remises • • La croix de guerre avec palme, La médaille de la résistance avec rosette (1946), La médaille commémorative des services volontaires de la France Libre, Libre La légion d’honneur au titre de chevalier remise le 18 août 1961 alors qu’elle avait été attribuée depuis 1957 car elle lui avait été refusée à 2 reprises, son engagement contre le racisme la faisant « passer pour communiste » Mémorial de Joséphine à Castelnaud-la-Chapelle En 2001, le château des Milandes est acheté par M. et Mme De Labarre qui restaurent le château pour l’ouvrir au public en souvenir de Joséphine Baker. La gestion de ce musée est confiée à leur fille Angélique de St-Exupéry Le château est visitable toute l’année et retrace la vie de Joséphine Baker. 57
Fin Ce diaporama est à usage non commercial Il ne doit pas être publié Il est adressé gratuitement par courrier électronique aux amis des amis Il ne doit pas être modifié Aucune de ses vues ne doit en être extraite Merci de respecter ces consignes La réalisatrice : Cath ou l’Oiseau de Feu Photos Musique Elles proviennent du net et peuvent être retirées à la demande de leurs auteurs. Sidney Bechet Swing of Paris Ses diaporamas sont hébergés sur les sites de Léo et Joéline http: //www. imagileonation. com/oiseau-de-feu. ws http : //www. chezjoeline. com Et sur le sien http: //www. chez-cath. fr/ Juillet 2020 Osez transmettre votre impression ! merci
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