Introduction lconomie Formation Attac Bruxelles 1 prsente par
Introduction à l’économie Formation Attac Bruxelles 1 présentée par Henri Houben 22 février 2007
Introduction à l’économie L’économie a la particularité d’être une science sociale avec la volonté d’être naturelle (ou science exacte). D’où obligation de mettre en relation théorie et faits dans une perspective critique. Choix de décomposer en quatre parties.
Introduction à l’économie 1. Qu’est-ce que l’économie ? 2. Les concepts élémentaires 3. Les principaux courants 4. L’équilibre de marché 5. Conclusions
Introduction à l’économie 1. Qu’est-ce que l’économie ? 2. Les concepts élémentaires 3. Les principaux courants 4. L’équilibre de marché 5. Conclusions
Qu’est-ce que l’économie? L’économie difficile ? Le raisonnement d’un économiste est souvent l’inverse du bon sens. Et il en est fier !
Qu’est-ce que l’économie? Paul Samuelson, prix Nobel d’économie en 1970 : « depuis notre enfance, chacun de nous possède quelques connaissances économiques. Une telle initiation spontanée est à la fois utile et trompeuse : utile, parce que beaucoup de notions peuvent être tenues pour acquises ; trompeuse, parce que l’homme est naturellement enclin à accepter, sans esprit critique, comme vraies des opinions superficiellement plausibles » . (Paul Samuelson, L’économique, tome 1, éditions Armand Collin, Paris, 1964, p. 22)
Qu’est-ce que l’économie? Paul Krugman : « Comme tout économiste d’un certain niveau, je suis capable d’écrire de façon à n’être compris par personne » . (Paul Krugman, Pourquoi les crises reviennent toujours, éditions du Seuil, Paris, 2000, p. 12)
Qu’est-ce que l’économie? L’économie, qu’est-ce c’est? Quel est son objet?
Qu’est-ce que l’économie? Lord Robbins (1932) : « L’économie est la science qui étudie le comportement humain comme une relation entre des fins et des moyens limités qui ont des utilisations alternatives » . (Lord Robbins, An Essay on the Nature and Significance of Economic Science, The Mac. Millan Press Limited, Londres, 1984, p. 16)
Qu’est-ce que l’économie? La fonction de l’économie, selon la conception traditionnelle Ressources rares Choix Besoins illimités
Qu’est-ce que l’économie? La définition de l’économie oriente le débat sur sa fonction: - des besoins illimités? le sont-ils? version absolue, non historique; - des moyens rares? le sont-ils? - des choix alternatifs? des choix pour qui? au service de qui?
Qu’est-ce que l’économie? On peut avoir une autre interprétation de l’économie: - science humaine et non une science technique (une science des choix « rationnels » ); - science sociale, donc celle des rapports entre des hommes et des groupes et non celle d’une relation entre des besoins et des moyens rares; - science historique, celle du développement, et non une science statique d’une vérité absolue; - et avoir une perspective critique (Marx).
Introduction à l’économie 1. Qu’est-ce que l’économie ? 2. Les concepts élémentaires 3. Les principaux courants 4. L’équilibre de marché 5. Conclusions
Les concepts élémentaires 1. Flux et stock 2. Circuit économique 3. Le marché (microéconomie) 4. Economie « réelle » et sphère financière 5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires 1. Flux et stock 2. Circuit économique 3. Le marché (microéconomie) 4. Economie « réelle » et sphère financière 5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires Distinction entre stock et flux: Un stock est un inventaire de la situation économique à un moment donné. Un flux est composé de toutes les rentrées et sorties d’argent entre deux périodes données (deux périodes de stock), par exemple un an. Le PIB est un flux. Le revenu national est un flux. L’analyse économique repose sur des flux, rarement sur des stocks
Les concepts élémentaires En principe, un stock à un moment donné est composé de: + capital du début (un stock) + solde des flux accumulés durant la période - amortissements éventuels = stock final
Les concepts élémentaires Stock initial: 1. 000 euros Flux durant l’année: +500 euros - 80 euros +400 euros -620 euros Amortissements: 100 euros Stock final: 1. 100 euros
Les concepts élémentaires 1. Flux et stock 2. Circuit économique 3. Le marché (microéconomie) 4. Economie « réelle » et sphère financière 5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires Vente Achat Marché des facteurs Revenus Population (ménages) Circuit monétaire Dépenses Consommation Achat Salaires Dividendes Intérêts Entreprises Chiffre d’affaires Marché des marchandises Production Vente Circuit des biens et des services
Les concepts élémentaires Les ménages désignent toute la population dans sa fonction économique. Ils possèdent les « facteurs de production » : principalement, travail et capital. Un facteur de production est un « input » qui est acheté par l’entreprise.
Les concepts élémentaires Pour produire, il faut combiner des éléments. Ces éléments sont achetés par les propriétaires. Ces éléments sont au nombre de trois: 1. des matières consommables (des biens de production non durables) 2. des machines, des outils, des bâtiments… (des biens de production durables) 3. de la main-d’œuvre. Ce sont les facteurs de production.
Les concepts élémentaires Les ménages possèdent le travail. Qu’est-ce que cela veut dire? Les ménages fournissent une unité de capital. Mais qu’est-ce qu’une unité? Un robot? Une machine? Une somme d’argent? Et n’y a-t-il pas une distinction entre ceux qui détiennent beaucoup de capital et qui en vivent et les autres?
Les concepts élémentaires
Les concepts élémentaires Les ménages achètent des biens qui sont fournis par une entreprise. L’entreprise est une société, c’est-à-dire un groupe de personnes qui se mettent ensemble pour produire les marchandises. L’entreprise achète les facteurs de production aux ménages.
Les concepts élémentaires L’entreprise est une boîte noire. On ne sait pas ce qui s’y passe. On met des inputs: terre, travail et capital. Et il en sort un produit fini. C’est ainsi que l’économie traditionnelle interprète. Ainsi, l’économie traditionnelle n’est pas celle de la production, mais celle du marché.
Les concepts élémentaires Inputs Marché ? Entreprise Marché Output
Les concepts élémentaires Philippe Lorino: « Il y a, depuis des décennies, un partage des rôles (. . . ) entre le microéconomiste et le théoricien du management (. . . ).
Les concepts élémentaires (. . . ) L’économiste ne s’intéresse pas à ce qui se passe dans l’entreprise, mais exclusivement ce qui se passe autour d’elle: son domaine de prédilection, c’est le marché. Le fonctionnement interne de l’organisation productive est l’affaire du management » (Philippe Lorino, L ’économiste et le manager, éd. La Découverte, Paris, 1989, p. 8 -9).
Les concepts élémentaires D’où l’économie est « perchée sur une pyramide gigantesque de formulations abstraites et de mathématisation raffinée » . De l’autre, l’art du management est « entiché d’un empirisme frustre » . « L’économie se désintéresse de l’observation et le management jette ses outils théoriques aux orties » (Philippe Lorino, L ’économiste et le manager, éd. La Découverte, Paris, 1989, p. 9).
Les concepts élémentaires 1. Flux et stock 2. Circuit économique 3. Le marché (microéconomie) 4. Economie « réelle » et sphère financière 5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires Marché Monnaie Acheteur Vendeur Marchandise: -bien -service
Les concepts élémentaires Un marché est donc un lieu où des acheteurs et des vendeurs s’échangent des produits (marchandises). L’ensemble des vendeurs constituent l’offre. L’ensemble des acheteurs forment la demande. La monnaie permet l’échange des marchandises par le biais d’un étalon de mesure, extérieur aux produits échangés.
Les concepts élémentaires La demande d’une marchandise • Plus le prix diminue, plus la quantité • demandée augmente. Par rapport à un graphique où sur l’axe des ordonnées (axe des y) on indique les prix et où sur l’axe des abscisses (axe des x) on note les quantités, la demande forme une courbe descendante.
Les concepts élémentaires p La demande d’une marchandise p 1 p 2 D q 1 q 2 q
Les concepts élémentaires L’offre d’une marchandise • Plus le prix augmente, plus la quantité • offerte augmente. Par rapport à un graphique où sur l’axe des ordonnées (axe des y) on indique les prix et où sur l’axe des abscisses (axe des x) on note les quantités, l’offre forme une courbe ascendante.
Les concepts élémentaires p L’offre d’une marchandise O p 2 p 1 q 2 q
Les concepts élémentaires La demande et l’offre se rencontrent en un point. Celui-ci correspond à la quantité qui sera vendue et au prix auquel celle-ci sera vendue. C’est l’optimum, la satisfaction maximale entre vendeurs et acheteurs.
Les concepts élémentaires 1. Flux et stock 2. Circuit économique 3. Le marché (microéconomie) 4. Economie « réelle » et sphère financière 5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires Capital Monnaie Economie « réelle » Dividendes Intérêts Capital Sphère financière: - Banques - Bourse - autres marchés
Les concepts élémentaires La sphère financière sert, en premier lieu, à approvisionner l’économie « réelle » . Mais elle a tendance à s’autonomiser. Le cours boursier suit les estimations des dividendes futurs (les profits de l’économie réelle). Mais la spéculation amène à des hausses sans relation.
Les concepts élémentaires Keynes (1935): « … la technique du placement peut être comparée à ces concours organisés par les journaux où les participants ont à choisir les six plus jolis visages parmi une centaine de photographies, le prix étant attribué à celui dont les préférences s’approchent le plus de la sélection moyenne opérée par l’ensemble des concurrents. Chaque concurrent doit donc choisir non les visages qu’il juge lui-même les plus jolis, mais ceux qu’il estime les plus propres à obtenir le suffrage des autres, lesquels examinent tous le problème sous le même angle…
Les concepts élémentaires … Il ne s’agit pas pour chacun de choisir les visages qui (…) sont réellement les plus jolis ni même ceux que l’opinion moyenne considérera réellement comme tels. Au troisième degré (…), on emploie ses facultés à découvrir l’idée que l’opinion moyenne se fera à l’avance de son propre jugement. » (John Maynard Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, éditions Payot, Paris, 1979, p. 168)
Les concepts élémentaires 1. Flux et stock 2. Circuit économique 3. Le marché (microéconomie) 4. Economie « réelle » et sphère financière 5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires La macroéconomie est l’analyse économique au niveau national. Elle porte essentiellement sur le PIB: produit intérieur brut. Il estime la richesse marchande créée en un an. C’est un flux. La croissance du PIB est synonyme de développement économique.
Les concepts élémentaires Le produit intérieur brut est la « production » de biens et services. C’est la somme des valeurs ajoutées crées dans les entreprises et les organisations. La valeur ajoutée est la différence entre les ventes et le coût des composants nécessaires à la production. Elle est composée de deux grandes parties: les « coûts salariaux » et ce qui revient au capital (profit, intérêts, amortissements).
Les concepts élémentaires Le PIB calcule la valeur marchande créée Pas marchand? Pas dans le PIB! Le PIB privilégie l’aspect financier Calcul d’un PIB réel. Le PIB privilégie l’aspect équilibre Production = Revenus = Consommation
Les concepts élémentaires Somme des valeurs ajoutées Total des revenus: - salaires - revenus propriété PIB optique production PIB optique revenus Total des consommations: - consommation privée - investissements - dépenses Etat PIB optique consommation PRODUCTION = REVENUS = CONSOMMATION
Les concepts élémentaires Les relations avec l’étranger sont surtout analysés à partir de la balance des paiements. C’est ce qui sort et qui entre comme monnaie dans un pays.
Les concepts élémentaires La balance des paiements est divisée en trois parties : 1. les opérations courantes ; 2. les opérations de capital ; 3. le changement des réserves. La balance des paiements est toujours équilibrée : ce qui sort doit être compensé d’une manière ou d’une autre par ce qui rentre.
Les concepts élémentaires Balance courante +Exportations -Importations = Balance commerciale +Services reçus -Services payés +Revenus reçus -Revenus payés +/- Transferts = Balance courante Ce sont des opérations de flux « purs »
Les concepts élémentaires Les opérations en capital sont des différences de stocks, car le capital est un stock. Un investissement à l’étranger est une sortie d’argent. Une dette est une entrée d’argent. Mais les années suivantes, il faut payer les intérêts, donc cela détériore les revenus payés et la balance courante.
Les concepts élémentaires Les changements de réserves soldent les opérations. S’il y a davantage d’argent qui sort, les réserves diminuent. S’il y a davantage d’argent qui entre, les réserves augmentent. S’il y a trop d’argent qui sort et que les réserves s’épuisent, le pays fait appel au Fonds monétaire international (FMI).
Les concepts élémentaires +/- Balance courante +/- Balance en capital = Changements dans les réserves
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Les principaux courants Les classiques (et fondateurs) Adam Smith – David Ricardo 1776 - 1817 Walras-Marshall-Jevons Fin XIXème siècle Marx: 1867 Keynes: 1935 Schumpeter Marxistes Néo-keynésiens Hayek: 1943 Néoclassiques Ultraconservateurs
Les principaux courants Les classiques (Smith et Ricardo): - La valeur créée provient uniquement du travail. - Il y a trois classes sociales (propriétaires fonciers, capitalistes industriels et salariés) qui reçoivent trois revenus (rentes, profits et salaires). - Leur libéralisme sert à favoriser les capitalistes contre les propriétaires fonciers. - Les propriétaires fonciers sont des parasitaires et un frein au développement économique.
Les principaux courants Marx: - La valeur créée provient uniquement du travail. - De ce fait, les capitalistes sont aussi des parasitaires: ils vivent du travail ouvrier. - Il y a une lutte de classes, moteur de l’histoire. - L’autre moteur est le développement des forces productives nécessaire pour maîtriser mieux les forces de la nature. - De la contradiction des deux naissent les révolutions.
Les principaux courants Les néoclassiques (Walras, Marshall, Jevons): - Il n’y a pas de déterminant de la valeur et des prix. - Le raisonnement s’effectue à la marge (d’où le nom aussi de marginalistes). - Au centre, il y a le marché et la concurrence pure et parfaite. - Elle est vraie a priori.
Les principaux courants Keynes: - Le marché ne résout pas tout; il y a des imperfections. - L’inconnue est l’investissement: il accentue les effets; il y a surinvestissement quand tout va bien, sous-investissement quand tout va mal. - Le chômage provient de sous-investissements. - L’Etat doit mener une politique contracyclique, en jouant sur le taux d’intérêt ou par travaux publics. La macroéconomie développée sur base de Keynes.
Les principaux courants Schumpeter: - L’analyse doit être dynamique. - Le capitalisme suit des cycles courts et longs. - Le redémarrage de l’économie vient par le biais des entrepreneurs (qu’il faut favoriser). - La crise est un mécanisme de destruction créatrice fondée sur l’innovation. - Mais cette puissance créatrice s’épuise avec le temps (au profit de la bureaucratie et donc du socialisme).
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L’équilibre de marché Le marché est défini selon une situation de concurrence pure et parfaite. Cette situation s’oppose à celle du monopole (un seul vendeur) ou du monopsone (un seul acheteur). Elle s’oppose aussi à une situation d’oligopole (plusieurs grandes entreprises pour un marché).
L’équilibre de marché Dans la concurrence pure et parfaite, il y a quatre grandes hypothèses: 1. il y a atomicité des acheteurs et des vendeurs; aucun n’a la capacité de changer les prix; 2. les biens sont homogènes; pas de différenciation de produits; 3. l’information est parfaite; tous les acteurs connaissent les prix et leur évolution; 4. il y a mobilité des acheteurs et des vendeurs; ils peuvent changer de marché à tout moment.
L’équilibre de marché de la concurrence pure et parfaite p O p’ e* p* D q’ q* q’’ q
L’équilibre de marché L’équilibre de concurrence pure et parfaite est le point de satisfaction maximale possible. A ce niveau, il n’est pas possible de changer de position sans rendre insatisfait une partie des acheteurs ou des vendeurs. Les vendeurs sont satisfaits, car ils produisent exactement ce qu’ils désirent pour ce prix. Et les acheteurs sont satisfaits, car ils acquièrent exactement ce qu’ils désirent pour ce prix. C’est l’optimum !
L’équilibre de marché L’équilibre de concurrence pure et parfaite est l’optimum économique. D’où il faut supprimer tout ce qui peut le contrarier: création de monopoles (mais surtout public), intervention de l’Etat. . . Les économistes inventent donc un régime alternatif au marché qu’ils appellent le planisme.
L’équilibre de marché Le planisme alloue les ressources non en fonction de la concurrence, mais de décisions d’une autorité publique. Cela ne peut qu’échouer, puisque cela ne respecte pas les règles du marché.
L’équilibre de marché Exemple du service public p O e* p* Perte d’efficacité pp D qo q* qd q
L’équilibre de marché Exemple du marché du travail w O chômage wp e* w* D qd q* qo q
L’équilibre de marché D’où une vision libérale du monde: * Il faut laisser faire le marché. * Le marché assure la meilleure allocation des ressources et des revenus. * Pas d’intervention de l’Etat. * L’Etat sert de régulateur en dernière extrémité. * Il faut éliminer les monopoles: d’abord syndical, ensuite le pouvoir public. * Il faut ajuster les salaires.
L’équilibre de marché Jean-Baptiste Say (1803): L’intervention publique « est un mal (. . . ) parce qu’elle est coûteuse, soit pour le contribuable, quand l’intervention du gouvernement est gratuite, c’est-à-dire quand elle a lieu aux frais du trésor public ; soit pour le consommateur, quand on prélève les frais en une taxe sur la marchandise. (. . . ) Si l’intervention du gouvernement est un mal, un bon gouvernement la rendra aussi rare qu’il sera possible » . (Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, éd. Calmann-Lévy, Paris, 1972, p. 195 -196)
L’équilibre de marché Friedrich von Hayek (1943) : Le libéralisme économique « considère la concurrence comme supérieure non seulement parce qu’elle est dans la plupart des circonstances la méthode la plus efficace qu’on connaisse, mais plus encore parce qu’elle est la seule méthode qui permette d’ajuster nos activités les unes aux autres sans intervention arbitraire ou coercitive de l’autorité » . (Friedrich von Hayek, La route de la servitude, éditions PUF, Paris, 1985, p. 33)
L’équilibre de marché Friedrich von Hayek (1943) : « Ce que nous voulons souligner, ce n’est pas que la dictature supprime inévitablement la liberté, mais plutôt que le planisme mène à la dictature parce que la dictature est l’instrument le plus efficace de coercition et de réalisation forcée d’un idéal, et qu’à ce titre elle est indispensable à une société planifiée » . (Friedrich von Hayek, La route de la servitude, éditions PUF, Paris, 1985, p. 57)
L’équilibre de marché 1. Le marché est la forme supérieure de régime économique. 2. Le planisme est, de loin, inférieur. 3. Pour pouvoir s’imposer, le planisme a besoin de la coercition. 4. Le marché, c’est la liberté. Le planisme ou l’intervention de l’Etat sur le marché, c’est la dictature. 5. Le rôle économique de l’Etat ne peut qu’être: encadrer le marché pour qu’il fonctionne.
L’équilibre de marché Quatre critiques: 1. les faits ne montrent pas la supériorité du marché; 2. la satisfaction du marché à l’équilibre suppose qu’on peut sortir du marché; 3. la théorie du marché est construite a priori; elle n’a pas de validité; 4. la réalité est-elle celle du marché « libre » ?
L’équilibre de marché 1. les faits ne montrent pas la supériorité du marché Croissance annuelle moyenne par pays 1950 -1998 (en %) Source: Calculé à partir d ’Angus Maddison, L'économie mondiale. Une perspective millénaire, OCDE, 2001.
L’équilibre de marché 1. les faits ne montrent pas la supériorité du marché Des pays différents ont des taux de croissance qui ne montrent pas que le libéralisme est supérieur. Ainsi, la Chine de 1950 à 1973 a un taux supérieur à celui des Etats-Unis. De 1973 à 1998, les pays asiatiques qui se développent à l’abri d’un Etat protecteur ont des taux plus élevés que le reste du monde.
L’équilibre de marché 2. la satisfaction du marché et l’exclusion La supposition fondamentale est que celui qui n’est pas satisfait aux conditions de marché d’équilibre a la possibilité de sortir du marché. Donc de ne pas acheter ou vendre. Mais est-ce possible? A-t-on la possibilité de sortir du marché du « travail » ? Et celui qui n’a pas de revenu, comment peut-il entrer sur un seul des marchés?
L’équilibre de marché 3. la théorie du marché peu valide C’est une théorie abstraite, non historique. Les hypothèses sont surréalistes, jamais respectées. Il n’y a aucun moyen de vérification. Elle ne donne aucun résultat.
L’équilibre de marché Lionel Robbins (1932) : « Les propositions de la théorie économique, comme toute théorie scientifique, sont clairement des déductions tirées d’une série de postulats. (. . . ) Nous n’avons pas besoin d’expériences contrôlées pour établir leur validité : ils forment tellement la matière de notre expérience de tous les jours qu’ils doivent seulement être reconnus comme évidents » . (Lionel Robbins, An Essay on the Nature and Significance of Economic Science, The Mac. Millan Press, London, 1984, p. 78)
L’équilibre de marché Fritz Machlup (1954) : « les hypothèses fondamentales de la théorie économique ne sont pas sujets à une exigence de vérification empirique indépendante, mais plutôt à une exigence de compréhensibilité, dans le sens qu’un homme peut comprendre les actions de ses compagnons » . (Fritz Machlup, Methodology of Economics and Other Social Sciences. Economic Theory, Econometrics and Mathematical Economies, Academic Press, New York, 1978, p. 153)
L’équilibre de marché Fritz Machlup (1954) : « le système est une construction de notre esprit, alors que les changements supposés et déduits devraient correspondre à des phénomènes observés, à des données d’observation, si le système sert comme instrument d’explication ou de prévision. Dans les explications, le système analytique aide à choisir une “ cause ” adéquate pour un changement observé ; dans les prévisions, il aide à trouver un “ effet ” probable d’une modification observée » . (Fritz Machlup, op. cit. , p. 148)
L’équilibre de marché Cela signifie: 1 La théorie est une construction de l’esprit, non vérifiable. 2 Elle n’a de valeur qu’analytique. 3 Si la réalité observée diverge de la théorie, c’est qu’au moins une hypothèse n’est pas respectée. 4 Mais, en réalité, les hypothèses ne sont jamais respectées. 5 C’est une méthodologie douteuse.
L’équilibre de marché La théorie n’aboutit pas à des résultats concrets. Mark Blaug: « si par lois on entend des relations universelles vérifiées entre des événements ou des catégories d’événements, déduites de conditions initiales testées indépendamment, peu d’économistes modernes revendiqueraient que l’économie ait produit plus d’une ou deux lois » . (Mark Blaug, La méthodologie économique, éditions Economica, Paris, 1982, p. 136)
L’équilibre de marché 4. La réalité de l’économie de « marché » Le monde n’est-il pas dominé par quelques grandes firmes multinationales? Les 200 premières réalisent entre 20 et 30% du PIB mondial. Dix banques assurent l’essentiel des transactions financières. Le commerce international est pour un tiers intra-firme. Donc hors marché. Où est le marché de libre concurrence?
Introduction à l’économie 1. Qu’est-ce que l’économie ? 2. Les concepts élémentaires 3. Les principaux courants 4. L’équilibre de marché 5. Conclusions
Conclusions La théorie du marché (théorie libérale) est une construction idéologique. Elle a pour but de justifier le monde libéral, capitaliste d’aujourd’hui. Elle masque les conflits entre groupes d’hommes. Elle cache et justifie le transfert de richesses de la population vers une poignée de gens fortunés, détenteurs de capitaux. Elle est portée par des groupes liés au monde des affaires qui ont intérêt à cette vision du monde.
Conclusions Pour construire une autre théorie à partir de la réalité, il faudrait: - souligner l’inégalité des hommes; - montrer la différence entre ceux qui détiennent le capital et les autres; - analyser les rapports entre ces deux groupes; - examiner ces relations dans l’histoire - rendre accessible l’économie.
Fin Prochaine formation Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe Jeudi 22 mars 2007 A bientôt
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