Enjeux du dveloppement durable I Complexit de lapproche
Enjeux du développement durable I - … Complexité de « l’approche » du DD - Le DD « touche » plusieurs domaines donc nécessité de l’interdisciplinarité ► sciences humaines : géographie, économie, histoire, anthropologie, sociologie, philosophie ► sciences exactes : biologie (écologie…), géologie (pédologie, climatologie, biogéomorphologie …), chimie, physique (thermodynamique…) - De nombreux sujets abordés → vision globale de la complexité Notions: environnement, humain, économie, écologie, finitude, croissance et décroissance Objectifs: analyse de certains aspects du DD, poser des questions, cher ce qui se cache derrière certaines notions, questionner les mots Jean-Marie Borel, de Saussure, septembre 2010
« Schéma classique du développement durable » environnement (écologie) vivable viable social (humain) économie équitable
Réflexions et questions sur les relations entre les trois « pôles » du DD environnement (écologie) 1 social (humain) économie
1. L’humain et son environnement L’environnement, même naturel, est de moins en moins naturel et de plus en plus transformé par l’homme. Comment les êtres humains voient, définissent, vivent leur environnement? L’environnement est-il seulement un cadre de vie?
1. L’humain et son environnement
1. L’humain et son environnement Dubaï aujourd’hui – film « Home » , Y. A. Bertrand
1. L’humain et son environnement n Un des « changements globaux » = changement climatique. n « tous les milieux naturels » … L’atmosphère est un milieu naturel et par le biais de l’augmentation de l’effet de serre, l’humain affecte aussi les régions polaires quasi inhabitées.
1. L’humain et son environnement Pôle Nord – film « Home » , Y. A. Bertrand
1. L’humain et son environnement
1. L’humain et son environnement L’être humain s’exclue-t-il ou s’est-il exclu de son environnement et de la biosphère en général? Qu’est-ce que la biosphère? Seulement l’écosphère? Ou l’écosphère + la vie, dont une forme de vie particulière qui est l’être humain. Questions liées à la « culture » : nature au service de l’humain maîtrise de la nature vs culture L’être humain « civilisé » , moderne, aurait-il développé une culture « d’auto exclusion » de son environnement, au départ naturel, afin de le remplacer par un environnement « anthropisé » (devenu anthropique), artificiel, créant des déséquilibres divers et le rendant finalement… inhumain?
1. L’humain et son environnement
Réflexions et questions sur les relations entre les trois « pôles » du DD environnement (écologie) 2 social (humain) économie
2. L’environnement et l’économie n Des économistes ont essayé de faire rentrer l’environnement dans l’économie. Problèmes: il est très difficile sinon impossible d’évaluer monétairement les éléments naturels notamment parce qu’ils ne sont pas produits. n Une équipe de chercheurs a évalué le prix des services annuels rendus par la nature entre 16’ 000 et 54’ 000 milliards de dollars (voir revue Nature, mai 1997). Est-ce que cette « mesure » a un sens? A quand la mesure du prix de la vie?
2. L’environnement et l’économie n L’économie classique se base sur un espace créé, qui lui est propre mais aussi un temps qui lui est propre: une sorte de monde infini et éternel, un monde fictif. n Exemple des avantages comparatifs / transport nécessaire et énergie utilisée? Vision en terme de coûts économiques seulement? n Précision: ces critiques de l’économie classique proviennent d’économistes.
2. L’environnement et l’économie Grand changement au XIXème siècle: ce qu’il faudrait appeler la révolution thermo-industrielle. C’est le début de la perturbation du cycle du carbone par l’humain. Cela va faire de l’humain un agent géologique (âge de l’Anthropocène) L’histoire montre une corrélation entre la soumission de la biosphère à l’humain et la soumission de l’humain à l’économie… qui correspond aussi souvent, sous des formes différentes, à la soumission de l’humain par l’humain.
2. L’environnement et l’économie Mine à ciel ouvert, Amérique du Sud – film Powaqqatsi
2. L’environnement et l’économie Une autre démarche est de faire rentrer l’économie dans l’environnement: l’économie est alors subordonnée à l’environnement. Limites des matières premières, de la quantité de certaines eaux et de la qualité d’autres, limites de l’espace sur Terre, de la capacité à absorber les déchets… bref un monde fini.
2. L’environnement et l’économie n Finitude, ex. Hubert Reeves, Chronique du ciel et de la vie, chapitre La Terre n’est pas infinie: « Notre planète, la Terre, n’est pas infinie. Nous le savons depuis longtemps: le physicien grec Ératosthène en a mesuré la circonférence quatre siècles avant J-C. Mais la prise de conscience de cette limitation est très récente; elle date de moins d’un demi-siècle*. Et sa portée réelle est loin d’avoir pénétré tous les esprits. » n * photo de la planète Terre depuis l’espace (voir film d’Al Gore)
2. L’environnement et l’économie Une croissance régulière est par définition exponentielle donc croissance économique + finitude de la planète = problèmes écologiques - La décroissance dans une société de croissance risque d’être catastrophique d’où l’idée de société de décroissance
2. L’environnement et l’économie La métaphore de la maison: dans écologie et économie, il y a eco* qui signifie maison. Si notre environnement est une maison, l’économie est la gestion du budget par ses habitants. * voir aussi oecoumène
2. L’environnement et l’économie n La maison elle-même est habitée par 2 personnes et 8 autres personnes dorment à même le sol dans une cabane de jardin bricolée cachée derrière le bâtiment solide. n Questions de choix : - installer télévision et salle de bain dans chaque chambre ? - s’occuper des robinets d’eau qui fuient, du chauffage qui s’emballe et des fenêtres qui isolent très mal ? - faire en sorte que les 8 autres personnes soient mieux logées ? n Bref, où sont les priorités? On touche alors la question des inégalités – spatiales et générationnelles - que l’on retrouve dans la question des relations entre humains et économie.
Réflexions et questions sur les relations entre les trois « pôles » du DD environnement (écologie) 3 social (humain) économie
3. L’humain et l’économie Point de départ : « L’économie, ça m’intéresse » (manuel utilisé assez fréquemment dans les écoles du canton de Genève). Premier chapitre: les besoins, avec distinction entre besoins primaires (vitaux) « qui doivent absolument être satisfaits » et besoins secondaires « jugés indispensables par certains, superflus par d’autres » et en bas de première page : Les besoins de l’homme sont ILLIMITÉS Mais les biens qui servent à les satisfaire sont eux LIMITÉS
3. L’humain et l’économie Remarques: - Dans la table des matières de ce manuel d’économie, pas environnement, ni écologie, ni biosphère… - Il faut se questionner sur les besoins. Sont-ils vraiment illimités? Dans toutes les sociétés? Et sur les biens. Tous les biens doivent-ils être marchands? Sont-ils ou ont-ils toujours été limités? - Quid du marketing (environnement publicitaire agressif ) et les « besoins révélés » ? Exemple des « casseurs de pub » en France. A quoi sert la mode ?
3. L’humain et l’économie Certitude : - Il y a, de manière sous-jacente, compétition entre les humains pour l’appropriation des biens. Mais qui dit compétition dit inégalités (opposition avec le désir de développement équitable, situé à l’intersection de l’humain et de l’environnement…)
3. L’humain et l’économie Réfléchissons aux « besoins » en reprenant la définition du DD de 1987 donnée dans le rapport Brundtland: « Le développement soutenable [sustainable, qui a donné en français durable] est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
3. L’humain et l’économie n Si ces besoins du présent sont considérés dès le départ comme illimités, on est mal parti(s). n Si de plus, on ne doit pas compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs (illimités aussi? sait-on vraiment ce qu’ils seront…? ), ne serait-on pas coincé(s). n La suite de la définition complète, explique et nuance un peu, mais est-ce une définition très responsable, face aux générations futures notamment?
3. L’humain et l’économie En fait, il n’y a jamais eu autant de richesses dans le monde… et elles n’ont jamais été aussi mal partagées (voir rapports du PNUD, 500 personnes les plus riches par rapport aux 500 millions de personnes les plus pauvres, ex. de Bill Gates) La croissance mondiale n’a jamais été aussi forte que ces dernières années et il n’y a jamais eu autant de chômeurs dans le monde (étude de l’OIT, mars 2007) Bref, il n’y a jamais eu autant de pauvreté malgré des décennies de développement et beaucoup de discours sur la lutte contre la pauvreté (voir actualité, rencontre autour des OMD - 2000 à 2015 - à l’ONU New York)
En guise de conclusion… n Développement non durable: L’humain soumet la biosphère et il se soumet à l’économie… Environnement Humain Économie
« Schéma classique du développement durable » environnement (écologie) vivable viable social (humain) économie équitable
En guise de conclusion… n Développement encore plus durable? : L’économie est au service de l’humain qui fait partie de la biosphère et donc la protège. Économie Humain Environnement
De l’importance des mots n Certains disent que le DD est un oxymore ou oxymoron (exemple – qui va bien avec le DD : « Hâte-toi lentement » ). n Pour eux, c’est donc une fausse bonne idée (exemple feu Aga Khan). n C’est le développement qu’il faut redéfinir ou jeter. S’il s’agit d’un « bon développement » , alors il est durable et pas la peine de lui mettre l’adjectif durable. Sinon, que l’on ne parle plus de développement – auquel on s’accroche car il est de l’ordre du mythe, de la croyance – mais seulement de durabilité.
Les différences sont surtout sur les moyens d’y arriver, moins sur la finalité, mais les résultats en dépendent… Croyance au développement, au mythe du développement, En lien avec : Remise en question critique, ne parlons plus de développement puisque seuls les adjectifs dont on l’affuble importent Croyance au progrès, notamment technologique Il faut redéfinir le progrès (ex. association "Redefining progress") Faire durer le développement Développer la durabilité La croissance peut continuer… Croissance (exponentielle par nature) impossible dans un monde fini Économies d’énergie… grâce à la science/technologie Économies d’énergie avant tout (produire des négawatts) Pour que le DD se fasse, il faut de la croissance Croissance 0 (Club de Rome, 1969) ou société de décroissance DD comme image-label seulement Changement vers une société différente Le DD est possible, c’est une bonne expression Le DD est un oxymoron, c’est une expression trompeuse … …
En guise de conclusion… Ne serait-ce pas à nous tous de faire en sorte que le développement durable ne soit pas un concept éphémère? Faut-il voir le DD comme une douce utopie, une tromperie intellectuelle ou un pari sur l’avenir?
… de conclusion provisoire. . . Complexité, interdisciplinarité n Question de la décroissance n Question des inégalités (spatiales et générationnelles) n Et d’autres questions…? n ?
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