Ecole de Chicago Hakan YCEL Deniz Gnce DEMRHSAR

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Ecole de Chicago Hakan YÜCEL Deniz Günce DEMİRHİSAR 1

Ecole de Chicago Hakan YÜCEL Deniz Günce DEMİRHİSAR 1

L’évolution de la Population de Chicago Population de la Ville de Chicago[53] Année Population

L’évolution de la Population de Chicago Population de la Ville de Chicago[53] Année Population Rang national 1840 4 470 92 1850 29 963 24 1860 112 172 9 1870 298 977 5 1880 503 185 4 1890 1 099 850 2 1900 1 698 575 2 1910 2 185 283 2 1920 2 701 705 2 1930 3 376 438 2 1940 3 396 808 2 1950 3 620 962 2 1960 3 550 404 2 1970 3 366 957 2 1980 3 005 072 2 1990 2 783 726 3 2000 2 896 016 3 2008 2 853 114 3 2

W. L. Thomas (1863 -1947), Florian Znaniecki (1881 -1956) George Herbert Mead (1863 -1931)

W. L. Thomas (1863 -1947), Florian Znaniecki (1881 -1956) George Herbert Mead (1863 -1931) • L’Ecole de Chicago trouve son origine dans un ouvrage en cinq volumes, publiés de 19181920, Le Paysan Polonais en Europe et en Amérique. Les bases d’une sociologie de la ville et ses communautés. • William Isaac Thomas (1863 -1947), Florian Znaniecki (1881 -1956), Robert E. Park (18641944), Luis Wirth (1897 -1952) George Herbert Mead (1863 -1931) • Thomas a obtenu des crédits d’une fondation privée pour entreprendre son enquete sur ler sort des immigrés polonais. Robert Ezra PARK (1864 -1944) Louis WIRTH (1897 -1952) 3

Chicago • • Chicago est le prototype de la jeune métropole américaine. 1870 300.

Chicago • • Chicago est le prototype de la jeune métropole américaine. 1870 300. 000 1890 1. 000 1910 2. 000 1930 3. 400. 000 Un cité qui rayonne par son modernisme: gratte ciel, grands magasins, quartiers d’affaires, musées, hopitaux, université… Mais la ville attire aussi des vagues d’immigrés `æ la recherche d’un emploi; lieu où se 4 concentrent des poches de misère, où règnent la criminalité, alcool, prostitution.

Chicago ville pluriethnique • Chicago est une ville pluriethnique. Pour les sociologues de l’université

Chicago ville pluriethnique • Chicago est une ville pluriethnique. Pour les sociologues de l’université locale elle constitue un véritable laboratoire social. Groupe Chicago Illinois États-Unis Blancs 42 % 73, 5 % 77, 2 % Noirs 36, 8 % 15, 1 % 12, 9 % Asiatiques 4, 3 % 3, 4 % 4, 2 % Amérindiens 0, 4 % 0, 3 % 1, 5 % Autres 16, 5 % 8 % 4, 2 % Répartition de la population par groupe ethnique en 2000 5

Ecole de Chicago • • Crée en 1892, le département de la sociologie de

Ecole de Chicago • • Crée en 1892, le département de la sociologie de Chicago était le 1 er de son espèce aux Etats-Unis. Entre 1910 et 1935, les sociologues de l’Université de Chicago vont à travers l’étude de la ville, de l’immigration et de la déviance, forger un des courants les plus influents de la sociologie américaine. C’est la première école qui étudie les relations interethniques et la délinquance dans les grandes villes aux Etats-Unis. Chicago est un laboratoire sociale accueillant nombreux immigrant de l’étranger ainsi que du sud des Etats-Unis. • 6

Chicago et Ecole de Chicago • • • L’évolution de Chicago s’explique par l’afflux

Chicago et Ecole de Chicago • • • L’évolution de Chicago s’explique par l’afflux massif de migrants ruraux et d’immigration étrangers. Cette nouvelle population se divise en quartiers raciaux; mais rapidement des problèmes sociaux aparaissent: conlits raciaux, ghettos, misère, prostitution et délinquance juvénile. En 1886 et 1919, la ville victime d’émeutes violentes qui traduisent un malaise social. Les sociologues décident d’intervenir pour régler ces problèmes. Pour y parvenir ils cherchent à se placer au coeur de la vie des populations déracinées, afin de mieux comprendre leur rapport à la société. Au début ils avaient une vision d’une société dominée par le darwinisme social ou le libéralisme compensée par la conviction de pouvoir contribuer activement à l’amélioration du bien-etre social (réformisme). Leur recherche évolue aussi vers ce qui se nomme l’intéractionnisme symbolique, soutenant que la sociologie s’intéresse à la conception que l’individu se fait du monde social. Ils priviligient l’observation directe et le point de vue de l’acteur. L’Ecole de Chicago s’évolue d’une approche holiste vers une vision plus individualiste. 7

Ecole de Chicago • «Une approche empirique qui se propose d’étudier la société dans

Ecole de Chicago • «Une approche empirique qui se propose d’étudier la société dans son ensemble » . • Des techniques particulières de recherche sur le terrain, « sociologie qualitative » . • Les méthodes ethnographiques • l’utilisation des documents personnels. • De la sociologie en bibliothèque à a recherche sur le terrain • Appliquant un des principes de l’ineractionnisme, prendre le point de vue subjectif des individus pour atteindre une objectivité plus scientifique. (des lettres ; histoires de vie) • Sources documentaires, lettres, histoire de vie, … • Le travail de terrain est également à base de la recherche empirique caractéristique de l’Ecole de Chicago… 8

Méthodes Observation participante: elle consiste pour un enqueteur à s’impliquer dans le groupe qu’il

Méthodes Observation participante: elle consiste pour un enqueteur à s’impliquer dans le groupe qu’il étudie pour comprendre sa vie de “l’intérieur”. Interactionnisme et l’ethnométhodologie Emprunte à l’ethnologie son goût pour le terrain et les petites communautés. Faire des monographies. Anthropologie et monographie. Lutter contre le recueil des donnés à l’aide des questionnaires soumis à l’exploitation statistique. Critique de la caractère illusoires de la standardisation des questionnaires et l’arbitraire des catégories retenues comme variables. L’incertitude entre comportements en situations 9 réponses recueillis en situation d’enquete.

Interaction et théorie • • • Le fonctionnement des interactions quotidiennes observables contient tous

Interaction et théorie • • • Le fonctionnement des interactions quotidiennes observables contient tous les éléments de la théorie sociale. Il suffit de savoir observer sans vouloir cher à découvrir un sens caché. Le sens de l’action sociale est produit au cours de l’action elle-même. Il faut insister l’observation attentive des processus sociaux qui se réalisent à travers les interactions directes des acteurs. Ecartons les théories et observons les significations qui s’engendrent au cours des interactions singulières et qui mobilisent les savoirs véhiculés par les acteurs eux-mêmes durant les échanges. L’interaction comme signification vécue La notion d’interaction pour exprimer l’unité minimale des échanges sociaux et désigner une situation sociale où chacun agit et se comporte en fonction de l’autre. Weber avait déjà mis l’accent dans ses essais de sociologie compréhensive, sur la définition de l’activité sociale comme comportement significatif orienté vers l’autre. Analyser une interaction revient à se réferer chaque fois dans des situations particulières dans lesquelles s’effectue l’interprétation d’où vient l’importance des monographies et le souci d’analyser les processus en train de se dérouler. Pour les interactionnistes beaucoup de situations sont floues et laissent une certaine marge de manœuvre ou d’improvisation. Il n’y a pas de faits en soi, extérieurs aux individus. Le sens est soumis dans les interactions. 10

Ville • Chicago 4. 500 en 1840 2 millions en 1900 • La moitié

Ville • Chicago 4. 500 en 1840 2 millions en 1900 • La moitié de la population est d’origine étrangère , Allemagne, Irlande, Pologne, Russie, Italie. En 1914 les Noirs du Sud. • Il s’agit la cohabition des populations très différents. • Le groupe d’appartenance primaire et secondaire s’exprime dans la ville. • La ville est plutôt un état d’esprit, un ensemble de coutumes et de traditions, d’attitudes et de sentiments organisés. • Autrement dit la ville n’est pas simplement un mécanisme matériel et une construction artificielle. Elle est impliquée dans le processus vitaux des gens qui la composent : c’est un produit de la nature humaine. • La ville est à l’homme civilisé ce que la maison est au paysan. L’habitat naturel de l’homme civilisé. 11

Ecologie urbaine • Pour Robert Park (1864 -1944), autre figure emblématique de l'école, s'instaure

Ecologie urbaine • Pour Robert Park (1864 -1944), autre figure emblématique de l'école, s'instaure au cœur de la ville un équilibre entre les processus de désorganisation sociale et ceux, toujours précaires, de réorganisation. Ce qu'il nomme « écologie urbaine » sont les effets réciproques entre l'environnement urbain et les individus qui l'animent (E. Burgess, R. Mc. Kenzie, R. Park, The City, 1925). • Comme dans le milieu naturel, l’individu s’adapte à la ville qu’il modifie à son tour. Cette communauté humaine se caractérise par des équilibres et des déséquilibres entre groupes en concurrence. Les sociologues tentent d’expliquer ainsi la perpétuelle recomposition à laquelle est soumise la ville de Chicago. • Selon Roderick D. Mac Kenzie (1925) l’écologie humaine se définit comme l’étude des relations spatiales et temporelles des êtres humains en tant qu’affectées par des facteurs de sélection, de distribution et d’adaptation liées à l’environnement. Elle exclut des facteurs héréditaires et biologiques mais intègre la possibilité d’innovation et de mobilité propre à l’homme confronté à son milieu. 12

Un regard positif sur l’immigration Thomas et Znaniecki repensent l’immigration à travers la théorie

Un regard positif sur l’immigration Thomas et Znaniecki repensent l’immigration à travers la théorie de l’organisation et de la désorganisation. • Ils rejetaient le réductionnisme biologique en montrant que le comportement des immigrants n’était pas lié un problème de race, mais directement lié aux problèmes sociaux intervenus dans leur vie quotidienne. • « le variable réelle est l’individu pas la race » . 13

Les minorités raciales et ethniques • Pour eux le problème des noirs n’était pas

Les minorités raciales et ethniques • Pour eux le problème des noirs n’était pas différent de celui des migrants: il s’agissait à chaque fois de groupes marqués par une différence et promis à l’acculturation, puis à l’assimilation à la société américaine. • Après les émeutes raciales de 1919, une enquete sur les relations inter-raciales et la condition des noirs à Chicago. L’enquete met en évidence le problème spécifique du racisme en ce qui concerne les noirs… • 14

 L’homme marginal • Directement en rapport avec les migrations, l’objet d’étude devient celui

L’homme marginal • Directement en rapport avec les migrations, l’objet d’étude devient celui de “l’homme en marge” (migrants de deuxième génération ou métisse). • En raison de sa double appartenance religieuse, linguistique, ou culturelle, le migrant se trouve rejeté. • Un homme entre deux. Deux sociétés deux cultures. Il veut rester et partir. • Un double conscience, il est celui qui, contraint de devenir comme les autres, n’y parvient que rarement et encore davantage celui qui y étant parvenu ne peut que vivre son refus personnel au milieu d’un profond sentiment de confusion identitaire. 15

La Ville • Un des ouvrages les plus importants de l’Ecole de Chicago “The

La Ville • Un des ouvrages les plus importants de l’Ecole de Chicago “The City” est signé en 1925 par Burgers, Mc Kenzie et Park. Chicago, qualifiée de “laboratoire social” y est étudiée sous l’angle de la répartition dans l’espace des communautés et des classes sociales. • Impersonnalité et superficialité des contacts; la montée de l’individualisme mène à une différenciation sociale accrue, et à la porte des contacts primaires. • La distance sociale permet de rendre compte de la nature des interactions des individus dans une ville moderne. Dans une société individualiste comme la société américaine souligne Park chaque individu doit théoriquement etre traité en fonction de ses mérites comme individu. • La pluralité des mondes constituant la ville contraint les individus à jouer différentes représentations pour divers publics. L’origine première du mot « personne » et « masque » . Dans les rôles nous connaissons nous-mêmes 16

La Ville La ville est une construction purement artificielle. Doté d’une organisation morale et

La Ville La ville est une construction purement artificielle. Doté d’une organisation morale et matérielle et leurs interactions font qu’elles s’adaptent et se modifient l’une l’autre. • Chaque quartier de la ville acquiert quelque chose du caractère et des qualités de ses habitants. Les sentiments particuliers de sa population se transforme en voisinage. • « Aires morales » et groupes sociaux urbains… Dès 1925 Robert Ezra Park essaye de comprendre le développement des communautés ethniques ou sociales dans la ville. Il cherche « à considérer la ville non comme un phénomène géographique mais comme une sorte d’organisme social » . les rapports de classe, les politiques urbaines municipales, les mécanismes d’agrégation et désagrégation des communautés. • Etudier la ville sous deux angles : l’ordre écologique et l’ordre moral. Il étudie el premier en recourant à la dimension spatiale. Le second est l’étude des interactions locales, qui expliquent le développement de comportements hors normes dans certaines aires morales. • Ségrégation et agrégation : division sociale de l’espace urbain fait l’originalité. Les concepts d’invasion permettent d’identifier les mécanismes de ségrégation et d’agrégation (d’alliance) spatiale. • La ségrégation résulte de l’action de séparer, d’écarter de mettre à part. La ségrégation est une forme de distance sociale qui se traduit par une séparation dans l’espace. 17

La Ville • • • Le contexte urbain d’une sociologie urbaine Le voisinage :

La Ville • • • Le contexte urbain d’une sociologie urbaine Le voisinage : la proximité et es contacts de voisinage sont la base des formes les plus simples d’association. Une concentration de population noire est entrain de devenir une communauté étroite et organisée. Les colonies et les aires de ségrégation : l’isolement des colonies d’immigrants et des colonies raciales dans les ghettos tend à préserver l’intimité et la solidarité des groupes locaux et des groupes de voisinage. Le sentiment d’appartenance au voisinage fusionne avec les intérêts de classe et raciales. • 18

Sociologie urbaine • • Les distances spatiales et affectives se renforcent mutuellement. Classe, race.

Sociologie urbaine • • Les distances spatiales et affectives se renforcent mutuellement. Classe, race. Le proverbe qui fait de la ville le milieu naturel de l’homme libre ne demeure vrai que dans la mesure où l’individu trouve dans le hasard, dans la diversité des intérêts et dans l’immense coopération inconsciente qu’offre la vie urbaine l’occasion de choisir sa propre profession et de développer ses talents particuliers. La ville offre un marché aux talents particuliers des individus et la compétition entre personnes… La mobilité et l’isolement. La mobilité d’une population est un facteur déterminant de son développement intellectuel. Les conditions matérielles de la ville ont rendu d’autant plus indispensables réajustements aux conditions nouvelles. Le marché, les bourses… Dans les grandes villes, les relations humaines ont toutes les chances d’être impersonnelles et rationnelles, régies par l’intérêt et l’argent, un laboratoire de recherche sur le comportement collectif. La ville est à la fois le lieu massif de l’expérience des hommes de la modernité et le centre d’impulsion de la vie éco, culturelle et politique. Contraint de faire quotidiennement l’expérience de la pluralité des régions morales, le citadin développe une vision relativiste et un sens de tolérance des différences. 19

La déviance • En 1923, une enquête sur les “hobos” (sans-abri). Elle montre comment

La déviance • En 1923, une enquête sur les “hobos” (sans-abri). Elle montre comment ces gens forment une micro-société avec sa culture, ses spécificités, ses lois non écrites, et ses lieux. • Nels Anderson, Olivier Schwartz, Hobo, sociologie du sans-abri. Suivi de l’Empirisme irréductible, traduit en français en 2011. • Les hobos sont des célibataires, des travailleurs journaliers, des précaires. 20

Crime et délinquance • La criminalité est à Chicago à l’image de l’histoire de

Crime et délinquance • La criminalité est à Chicago à l’image de l’histoire de la ville: irlandaise au début du 20 e siècle, elle devient polonaise et italienne à l’époque de la prohibition. • Après la guerre des gangs de 1924, Frederic Trasher réalise une étude sur les “gangs de quartier” qui décrit les bandes de jeunes comme une forme de réorganisation sociale. • La délinquance a 2 dimensions : le gang reflète la désorganisation de l’ensemble de la ville, en même temps qu’un souci d’indépendance, de réorganisation sociale • a) l’étude des gangs de Chicago les gangs de Chicago en 1927 représenteraient 25. 000 jeunes. Les gangs occupent « la ceinture pauvreté » où la population change sans cesse ; où tout est désorganisé. Le gang est alors la réponse à la désorganisation sociale. • b) l’étude du crime organisé : lien entre le crime et l’organisation sociale de la ville? Le bon citoyen et le gangster sont les produits de l’environnement urbain. 21

Délinquance juvénile • La délinquance doit être rapportée à son contexte dans l’histoire de

Délinquance juvénile • La délinquance doit être rapportée à son contexte dans l’histoire de vie de l’individu. S’il est élevé dans un quartier à risque, si la famille est brisée, il risque de s’engager dans une carrière de délinquant. Les institutions de redressement ont échoué (% 70). • Délinquance juvénile et tissu urbain : « écologie de délinquance et du crime » . zones d’habitats très différenciées, la criminalité associée à la structure physique de la ville. « la situation domine » . • Le statut économique • La mobilité de la population et hétérogénéité de sa composition • La pauvreté • L’inefficacité des structures communautaires ou de l’action publique 22

Vision optimiste de l’immigration • ROBERT EZRA PARK (1864 – 1944) « La Ville.

Vision optimiste de l’immigration • ROBERT EZRA PARK (1864 – 1944) « La Ville. Propositions de recherche sur le comportement humain en milieu urbain » Article publié en 1915 La ville est le « laboratoire social » par excellence L’ordre spatial révèle l’ordre social • Le cycle des relations ethniques chez Park: le processus de désorganisationréorganisation jalonne les interactions entre les groupes sociaux autochtones et migrants. Il distingue 4 étapes; 1. la rivalité : c’est la forme d’interaction la plus élémentaire. L’absence de contact social. 2. le conflit : « d’une façon générale on peut dire que la rivalité détermine la position d’un individu dans la communauté ; le conflit lui assigne une place dans la société » . 3. l’adaptation : « une conversion » il y a coexistence entre des groupes qui demeurent des rivaux potentiels mais qui acceptent leurs différences. 4. l’assimilation : les différences entre les groupes se sont estompées et leurs valeurs respectives mélangées. L’assimilation est un phénomène de groupe. 23

Les méthodes de recherche • L’Ecole de Chicago initie l’utilisation des méthodes ethnographiques en

Les méthodes de recherche • L’Ecole de Chicago initie l’utilisation des méthodes ethnographiques en sociologie. • En sociologie, les données empiriques sont de nature qualitative et/ou quantitative. • « Travail de terrain » (field work) : l’ensemble des activités du chercheur qui visent à récolter des données empiriques. • Observation et entretien • Qu’est-ce qu’on observe ? • Comment est-ce qu’on observe ? Les actions et les interactions • L’interaction : relation interpersonnelle directe entre deux individus au moins. “L’interactionnisme symbolique” (expression de Herbert Blumer) 24

L’observation comme méthode • • • Comment on observe ? • Extrait : Howard

L’observation comme méthode • • • Comment on observe ? • Extrait : Howard S. Becker, Outsiders, Etudes de sociologie de la déviance 1963, p. 107 -108 Selon la modalité de participation > observation incognito/ à découvert Selon le niveau de participation > observation participante/non-participante Carnet de note Entretiens informels / formels « J’ai recueilli le matériel utilisé dans cette étude par observation participante, c’est-à-dire en partageant le travail et les loisirs des musiciens. Quand j’ai réalisé cette étude, en 1948 et 1949, j’étais musicien professionnel depuis quelques années et j’appartenais aux milieux musicaux de Chicago. J’ai travaillé au cours de cette période avec de nombreux orchestres de différents types, et j’ai pris des notes abondantes sur les événements qui se produisaient pendant que j’étais en compagnie d’autres musiciens. La plupart des personnes ne savaient pas que je faisais une étude sur les musiciens. Je n’ai réalisé que de rares entretiens en procédant de manière formelle, et je me suis plutôt attaché à écouter et à noter les conversations ordinaires entre musiciens. La plupart de mes observations ont été effectuées au cours du travail, et même sur l’estrade pendant que nous jouions » 25

L’observation comme méthode 2 • Le travail de terrain de longue durée • La

L’observation comme méthode 2 • Le travail de terrain de longue durée • La culture et l’univers symbolique des observés • Le vocabulaire (lexique indigène), les normes internes au groupe, les dispositions corporelles • La posture du chercheur : neutralité bienveillante 26

Howard Becker (1928 -) Outsiders, Etudes de sociologie de la déviance, 1963 traduit en

Howard Becker (1928 -) Outsiders, Etudes de sociologie de la déviance, 1963 traduit en français en 1985 Tous les groupes sociaux instituent des normes et s’efforcent de les faire appliquer. • Certaines actions sont prescrites – ce qui est bien • D’autres sont interdites – ce qui est mal • Lorsqu’un individu transgresse une norme, il peut être perçu comme étranger au groupe (outsider) • C’est le processus de l’étiquetage (labelling) 27

La critique de Becker • 1) Approche statistique : est déviant ce qui s’écarte

La critique de Becker • 1) Approche statistique : est déviant ce qui s’écarte de la moyenne • 2) Approche pathologique : est déviant ce qui révèle une maladie, un mal • La source de la déviance est située à l’intérieur de l’individu • La métaphore médicale par analogie avec l’organisme se base sur une distinction entre ce qui est fonctionnel et ce qui est dysfonctionnel pour la société ou pour le groupe. C’est une question politique. • 3) Approche relativiste : définit la déviance par le manque d’obéissance aux normes • Becker est proche du relativisme mais la trouve insuffisante pour examiner les ambiguïtés de l’étiquetage. 28

La définition de la déviance par Becker • Becker propose d’étudier plutôt la situation

La définition de la déviance par Becker • Becker propose d’étudier plutôt la situation et les interactions qui font qu’on juge un acte comme déviant. • « Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance. » • « La déviance est une propriété du comportement luimême, mais dans l’interaction entre la personne qui commet l’acte et celles qui réagissent à cet acte. » • Par conséquent, la déviance, c’est le résultat du processus de l’étiquetage. 29

Qui impose les normes? • Selon Becker, pour l’étude des comportements désignés comme déviants,

Qui impose les normes? • Selon Becker, pour l’étude des comportements désignés comme déviants, il ne suffit pas d’adopter le point de vue de ceux qui condamnent ces comportements. • Les normes sont imposées de force par les dominants. Jeunes/Personnes âgées ; Hommes / Femmes ; Blancs / Noirs ; Minorité autochtone / Minorités ethniques immigrées 30

Autre concept-clé : la carrière déviante • Comment expliquer les processus qui poussent les

Autre concept-clé : la carrière déviante • Comment expliquer les processus qui poussent les individus à transgresser les normes ? • La carrière déviante commence par un apprentissage et se poursuit par un engagement graduel dans un cercle de socialisation. • Processus de rationalisation et de justification • Qui est l’outsider? Qui est l’insider? • Le point de vue de l’intérieur du groupe déviant peut prévaloir sur les normes conventionnelles. 31

L’isolement et l’auto-ségrégation • Chapitre 5 de Outsiders “La culture d’un groupe déviant :

L’isolement et l’auto-ségrégation • Chapitre 5 de Outsiders “La culture d’un groupe déviant : les musiciens de danse” Les musiciens de jazz ont une culture (ou sousculture) déviante - Groupe stable sur une longue période - Une conception d’eux-mêmes et des autres membres de la société - Système de croyances sur ce qu’ils sont - Musiciens / Caves (l’auditoire, les autres) 32

Les entrepreneurs de morale -Ceux qui créent les normes (croisade morale pour la législation)

Les entrepreneurs de morale -Ceux qui créent les normes (croisade morale pour la législation) -Ceux qui font appliquer les normes (agents coercitifs de l’Etat) Toute étude empirique de la déviance doit prendre en compte “ceux qui transgressent les normes et ceux qui les font respecter”. • Le rôle du sociologue consiste à délimiter les contours de chaque monde, à étudier les rôles joués par différents acteurs et à comprendre la manière dont vivent leur coopération au sein de leur monde 33

L’interactionisme symbolique chez Erving Goffmann (1922 -1982) • Asiles, étude sur la condition sociale

L’interactionisme symbolique chez Erving Goffmann (1922 -1982) • Asiles, étude sur la condition sociale des malades mentaux, paru en 1961 • Méthode quasi-ethnographique • Observation directe de longue durée dans un hôpital psychiatrique à Washington. • Le sociologue s’installe à l’hôpital et observe les interactions entre les reclus (les soignés et les soignants) et les administrateurs • Interaction : « des relations syntaxiques qui unissent les actions des diverses personnes mutuellement en présence » 34

Description ethnographique de l’asile • Extrait : Introduction de Robert Castel à Asiles, pp.

Description ethnographique de l’asile • Extrait : Introduction de Robert Castel à Asiles, pp. 9 -10 « La texture d’Asiles est [. . . ] faite essentiellement de la description prosaïque de l’existence à l’hôpital telle que la vivent les malades : comment ils mangent, dorment et travaillent, intriguent pour humaniser leur environnement en se procurant de menus privilèges, comment se font et se défont les amitiés et les haines, se constituent les coteries et les clans dans la promiscuité des salles de séjour ou des équipes de travail, quels rapports, de la complicité précaire à l’antagonisme larvé, unissent et opposent les malades au personnel de l’hôpital. Bref, c’est la litanie obsédante de l’existence journalière des quartiers dans le temps figé de la détention, à peine rythmé par les quelques fêtes rituelles de l’institution, kermesses, bals, Noël des malades, soirées de charité, dérisoires comices dans ce que Flaubert appelle la litière du quotidien et dont on éprouve ici toute la monotone pesanteur » 35

Institution totale (totalitaire) Goffman analyse l’asile comme une institution totale (totalitaire) Les caractéristiques de

Institution totale (totalitaire) Goffman analyse l’asile comme une institution totale (totalitaire) Les caractéristiques de l’asile valent aussi pour la prison, le couvent, les casernes militaires ou le camp de concentration • Contrôle social total sur le mode de vie • La promiscuité entre les reclus • La prise en charge de tous les besoins de l’individu • L’isolement par rapport au monde extérieur dans un espace clos • L’observance obligée d’un règlement qui s’immisce dans l’intimité de l’individu • L’irréversibilité des rôles de membre du personnel et de pensionnaire • La référence constante à une idéologie consacrée comme seul critère d’appréciation de tous les aspects de la conduite « L’institution totalitaire est en effet à la fois un modèle réduit, une épure et une caricature de la société globale » (Robert Castel) 36

Adaptation et identité dans une institution totale Comment les individus gèrent-ils leur enfermement dans

Adaptation et identité dans une institution totale Comment les individus gèrent-ils leur enfermement dans l’asile? • Goffman observe la “sous-culture” des internés et remarque des stratégies pour échapper à la déshumanisation. • Les adaptations primaires : obéissance entière au règlement de l’institution • Les adaptations secondaires : « toute disposition permettant à l'individu de parvenir à des fins illicites et de tourner les prétentions de l'organisation relatives à ce qu'il devrait faire » C’est la vie clandestine de l’institution publique • La mortification de la personnalité : à l’identité personnelle se substitue une identité organisationnelle • « Conversion » : lorsque le malade accepte la définition du médecin et se comporte en patient idéal • « Colonisation » : lorsque le régime institutionnel engloutit l’individu. Le reclus sera incapable de s’adapter à la société extérieure 37

La vie sociale comme un théâtre • Le monde social est un théâtre et

La vie sociale comme un théâtre • Le monde social est un théâtre et l'interaction une représentation. « l'acteur doit agir de façon à donner, intentionnellement ou non, une expression de lui-même, et les autres à leur tour doivent en retirer une certaine impression » • Chaque individu doit jouer des rôles multiples au cours des interactions quotidiennes et au cours de la vie. Les interactions se déroulent comme des représentations théâtrales • La face, c’est l’impression qu’on veut donner pour être conforme au rôle joué. Garder la face; faire bonne figure ; ne pas perdre la face : la valeur sociale positive de l’individu • La façade, c’est le décor et l’apparence qui fournissent le contexte • Les lieux de l’interaction sont analysés par la distinction des régions antérieures (la scène) et des régions postérieures (les coulisses) Exemple : une salle de classe ou un dîner 38

Le monde est une cérémonie La mise en scène de la vie quotidienne, tome

Le monde est une cérémonie La mise en scène de la vie quotidienne, tome I. La présentation de soi, (1959) traduit en français en 1973 • Inspiré par Durkheim, Goffman définit les rites d’interaction comme des occasions d’affirmer l’ordre moral et social. • Dans toutes les rencontres face-à-face, les individus suivent des lignes de conduite implicites et tacites. • Ce sont les « règles cérémonielles » même si elles n’ont pas de dimension solennelle. • Les individus disposent d’un « répertoire symbolique » • Goffman analyse les interactions les plus ordinaires : Les règles de bienséance lors d’un dîner, entrer dans un magasin pour faire les courses, aller au cinéma, avoir un rendez-vous amoureux, traverser la chaussée… • “La fonction essentielle de l’activité rituelle est de permettre l’existence de rencontres autocontrôlées afin de garantir le maintien des sociétés” 39

Stigmate, normalité, identité Stigmate, les usages sociaux des handicaps (1963) traduit en français en

Stigmate, normalité, identité Stigmate, les usages sociaux des handicaps (1963) traduit en français en 1975 Stigmate signifie une marque laissée sur le corps. Le stigmate chez Goffman, c’est un attribut social dévalorisant – qu’il soit corporel ou non (handicapé, juif, homosexuel). Cet attribut constitue un écart par rapport aux attentes normatives des autres à propos de son identité. Chaque individu est plus au moins stigmatisé en fonctions de circonstances, mais certaines personnes le sont plus que les autres. • Le stigmate s’analyse donc en termes relationnels. Il renvoie autant à la catégorie à proprement parler qu’aux réactions sociales qu’elle suscite et aux efforts du stigmatisé pour y échapper. • Jeux possibles de négociations identitaires : « Lorsque la différence n’est ni immédiatement apparente, ni déjà connue, lorsqu’en deux mots, l’individu n’est pas discrédité, mais bien discréditable. » • 40