DIVERSIT ET DUCATION AU QUBEC ET AU CANADA

DIVERSITÉ ET ÉDUCATION AU QUÉBEC ET AU CANADA: DEUX OU PLUSIEURS MODÈLES ? Marie Mc Andrew Chaire de recherche du Canada sur l’Éducation et les relations ethniques Faculté des sciences de l’éducation Université de Montréal Colloque La prise en compte de la diversité à l’école: Jusqu’où ? Comment ? dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier Montréal, 6 octobre 2008

PLAN DE LA PRÉSENTATION v La problématique v Les encadrements et caractéristiques partagés par les dix provinces canadiennes v Quelques différences significatives entre le Québec et le « ROC » v Cohérence et contradictions entre les encadrements et les dynamiques de diverses natures : l’exemple québécois 2

LA PROBLÉMATIQUE v Le rapport à la diversité à l’école: une dynamique complexe résultant d’interactions multiples entre: Au niveau macro: Ø Les idéologies officielles de reconnaissance du pluralisme dans la société Ø Les encadrements juridiques en matière d’éducation et de droits des minorités Ø Les dynamiques sociales, linguistiques et politiques Ø Les conceptions de l’éducation et du rôle de l’école 3

Au niveau intermédiaire: Ø Le poids démographique des minorités au niveau local Ø L’héritage du passé et ses incidences sur l’offre de scolarisation Ø Les politiques et programmes provinciaux ou locaux d’éducation multiculturelle/interculturelle/antiraciste Au niveau terrain: Ø La composition ethnolinguistique des établissements Ø Le « leadership » de la direction Ø Les cultures enseignantes: ≠ primaire/secondaire ≠ âge et expérience 4

v Il est donc nécessaire de dépasser la perception stéréotypée voulant que le Québec et le « ROC » aient deux modèles opposés de prise en compte de la diversité pour mieux cerner les spécificités respectives 5

LES ENCADREMENTS ET CARACTÉRISTIQUES PARTAGÉS PAR LES DIX PROVINCES CANADIENNES v Sur le plan juridique Ø Constitution § Juridiction exclusive des provinces en matière d’éducation § Droit des minorités linguistiques « officielles » § Caractère multiculturel du Canada Ø Jurisprudence § L’accommodement raisonnable et la conception de la liberté religieuse § La « contrainte excessive » et les limites légitimes à l’exercice des droits et libertés 6

v Sur le plan politique et démographique Ø Un discours (et une opinion publique) globalement favorables à l’immigration et à la diversité Ø Une (des) politique(s) active(s) d’immigration non discriminatoire(s), sélective(s) et visant l’établissement permanent des immigrants Ø Un poids démographique important des minorités d’origine immigrante mais inégalement réparti sur le territoire (Toronto, Montréal, Vancouver , Calgary) Ø Des autorités scolaires élues (imputabilité, voire politisation des enjeux éducatifs) 7

v Sur le plan éducatif Ø Une conception de l’apprentissage centrée sur l’enfant (individualisation, constructivisme, etc. ) Ø Un fort accent (surtout au primaire) sur la fonction de socialisation (re : fonction d’instruction) Ø Une conception de l’école comme ouverte sur son milieu (rôle des parents, partenariat avec la communauté, etc. ) Ø Un engagement tiède en faveur du multilinguisme 8

Ø Une(des) culture(s) enseignante(s) généralement plus « conservatrice(s) » (ou prudentes) que les idéologies officielles § Un rapport « instrumental » avec la prise en compte de la diversité § Le multiculturalisme, l’interculturalisme et l’antiracisme: des activités add-on lorsque le temps le permet § Une valorisation des caractéristiques « traditionnelles » du bon élève (une fille blanche, ou plus récemment asiatique, de classe moyenne) 9

QUELQUES DIFFÉRENCES SIGNIFICATIVES ENTRE LE QUÉBEC ET LE « ROC » v Sur le plan social et politique Ø Un rapport plus récent avec l’immigration et la diversité (du moins pour la majorité francophone) Ø Le plus haut taux de concentration métropolitaine de l’immigration hiatus plus fort avec les régions homogènes Ø Une dynamique sociolinguistique plus complexe qui suscite des inquiétudes Ø Un rapport spécifique à la religion et à son expression dans l’espace public (re : histoire et influence du modèle français) Ø Une importante présence musulmane dans l’immigration des dix dernières années 10

v Sur le plan des idéologies, des pratiques et de l’offre éducative Ø Un interculturalisme (et des politiques d’éducation interculturelles) qui partagent nombre d’éléments avec le multiculturalisme canadien mais s’en distinguent par: § L’accent sur les valeurs civiques communes comme limites à la diversité § L’importance du partage, de l’échange et de la transformation réciproque § Une insistance sur les enjeux linguistiques et culturels plutôt que sur les inégalités 11

Ø Un système scolaire marqué par des clivages sociaux et ethniques (plus que dans les autres principales provinces d’accueil des nouveaux arrivants) : § Un double réseau scolaire qui a longtemps été quadruple § Un financement très élevé de l’école privée, y compris ethnospécifique § Un taux de ségrégation scolaire important entre francophones et allophones 12

Cohérence et contradictions entre les encadrements et les dynamiques de diverses natures: l’exemple québécois v Un ensemble d’éléments qui induisent globalement une ouverture au pluralisme à travers un modèle de prise en compte raisonnée de la diversité Ø Les encadrements juridiques canadiens Ø Les politiques et idéologies québécoises en matière d’immigration et de pluralisme, dans la société et à l’école Ø Le poids politique et démographique des minorités Ø La conception de l’apprentissage et du rôle de l’école 13

v Des différences et des tensions qui font coexister des modèles d’équilibre, variés mais compatibles, entre diversité et valeurs communes Ø Le clivage Montréal /régions Ø La composition ethnolinguistique des établissements Ø L’importance de la préoccupation linguistique vs l’enjeu culturel vs les questions d’inégalité Ø La coexistence de politiques et pratiques d’éducation plus ou moins multiculturelles, interculturelles, civiques ou antiracistes Ø La conciliation, par les enseignants, de leurs idéologies et des exigences de la pratique du métier 14

v Des contradictions qui favorisent la mise en place de pratiques relevant de modèles opposés (ségrégationnisme, assimilationnisme, républicanisme) Ø La multiplicité des espaces scolaires et la concentration ethnique (tant majoritaire que minoritaire) Ø La pression à la conformité générée par la culture scolaire et la dynamique de relations entre pairs Ø La dissociation de l’éducation interculturelle et de l’éducation multilingue Ø La popularité d’un modèle strict de laïcité chez nombre d’intervenants Ø Une instrumentalisation politique (récente) des enjeux liés à l’immigration et à l’identité 15