Day Crations rflexives 2017 LArmnie est une rgion

Day Créations réflexives 2017

L'Arménie est une région située dans une zone à forte activité sismique. Le 7 décembre 1988, Gyumri – la seconde ville d’Arménie – a été frappée par un fort séisme qui a causé la mort de 20 000 à 30 000 personnes (la plupart ensevelies sous les décombres de bâtiments non conçus pour résister à un tel séisme), blessé plus de 15 000 personnes, détruit 60% des infrastructures et jeté à la rue 530 000 sinistrés. À l’époque de cette tragédie, l’Arménie était l’une des quinze républiques de l’Union soviétique. Le démantèlement de l’URSS, survenu seulement deux ans après ce séisme, a considérablement entravé la reconstruction de Gyumri et des autres lieux touchés par ce tremblement de terre. En 2012, des ruines jonchaient encore le centre-ville et l'on estimait que 4 000 familles n’avaient toujours pas trouvé un toit digne de ce nom. Les hommes étant partis cher du travail en Russie, la ville avait surtout gardé des femmes seules, des enfants et des personnes âgées. Malgré la mise à disposition de nouveaux logements, il y aurait encore aujourd’hui des familles sur les listes d'attente. Alors qu’elle circulait dans les environs de Gyumri, en 2015, la photographe Yulia Grigoryants a pris un mauvais virage et s’est retrouvé à proximité de deux édifices en ruine et apparemment abandonnés. Puis elle a aperçu du linge qui séchait au deuxième étage. Progressivement, elle a noué contact avec les quelques résidants de ces deux bâtiments et gagné leur confiance. En mars 2016, elle est revenue sur les lieux et a passé neuf jours avec les quatre familles du lieu – des familles dont la vie est faite de drames, de misère et de désespoir, dont l’avenir semble cadenassé. R. Day

Au temps de l’URSS, ces deux immeubles-dortoirs de la ville arménienne de Gyumri hébergeaient chacun soixante familles. Aujourd’hui, il n’en reste quatre sur les lieux. Voici un peu à quoi ressemble leur vie, tel que capté par la photographe Yulia Grigoryants.

À quoi pense Suzanna, 9 ans, dans cet abri fabriqué avec les pièces rouillées d’une vieille voiture? Lorsque la photographe a capté cette scène, cela faisait dix jours que le père de la jeune fille s’était suicidé. En raison de ses dettes, a-t-on dit.

Levon, 7 ans, le petit frère de Suzanna, nous fait entrer dans son sombre milieu de vie : le complexe Gortsaranayin 2 A.

gée de 30 ans et mère de cinq enfants, Lusine habite un appartement d’une seule chambre. Elle se retrouve sans ressource depuis que son mari s’est suicidé.

Levon (7 ans), Karine (11 ans) et Suzanna (9 ans), les enfants de Lusine, se retrouvent dans leur appartement après les classes.

Suzanna prend soin de sa petite sœur Nare, encore un bébé.

Levon regarde la photo de son père, qui s’est enlevé la vie dix jours plus tôt. «Je prends la veste de mon père et je peux sentir son odeur» , dit-il.

Sose, 35 ans, avec ses deux enfants et sa mère. Celle-ci vient la visiter presque chaque jour depuis que le mari de Sose a abandonné la famille.

Sose raconte que son mari et sa belle-mère l’ont battue lorsqu’ils ont appris qu’elle était enceinte pour une seconde fois. Ils voulaient qu’elle se fasse avorter, ce qu’elle a refusé. Elle a donné naissance à une fille. Au moment de cette photo, son mari l’avait quittée depuis peu.

Alex, 10 ans, le fils de Sose, dans leur logis.

Knyaz, 38 ans, prépare le repas pour sa fille Astghik, âgée de 10 ans. D’ascendance assyrienne, Knyaz signifie «Prince» en langue russe.

Voici donc les trônes du «Prince» et de son épouse dans l’appartement qu’ils occupent dans cet immeuble délabré.

Les adultes ont choisi le «terrain de jeux» des enfants, qui sépare les deux immeubles, pour se rencontrer et socialiser.

Une fois l’hiver passé, Karine, 57 ans, rassemble tiges et branches sèches entre les deux immeubles et les brûle.

Ce «musée» de l’enfance pourrait bien disparaître prochainement en raison de l’état de l’immeuble. En effet, au cours dernières années, les gens habitant aux étages supérieurs ont dû déménager parce que les plafonds et les planchers avaient commencé à s’effondrer.

Documentation Chloe Coleman, «How one photographer’s wrong turn led her to a forgotten world» , The Washington Post, 16 mai 2016 Photographies Yulia Grigoryants Musique Ludovico Einaudi, «Waterways» CD «In A Time Lapse» (2013) Conception R. Day Janvier 2017 Mes diaporamas sont hébergés sur le site : http: //www. imagileonation. com

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