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Day Créations réflexives 2016
Le Bangladesh est l’un des rares pays de confession musulmane où la prostitution est légale. Située à une centaine de kilomètres de la capitale, la ville de Tangail abrite le plus ancien bordel du pays. Mis en place il y a 200 ans par l’administration coloniale britannique et ayant survécu jusqu’à nos jours, le bordel Kandapara est le second en importance avec près de 800 prostituées. En juillet 2014, sous la pression de religieux, de politiciens et de militants, il a été fermé et ses 773 occupantes ont été jetées à la rue. Parmi celles-ci, plusieurs y étaient nées, y avaient passé toute leur existence et n’avaient aucun autre endroit où aller vivre. Des gens et des ONG supportant ces prostituées et l’existence de leur bordel ont soutenu que le travail du sexe devait être considéré comme un travail et que les femmes qui y vivaient ne souhaitaient pas faire autre chose. Ces femmes ont manifesté pour revendiquer leur droit au travail et, avec l’appui de l’Association des femmes avocates du Bangladesh, obtenu gain de cause devant le tribunal. En décembre 2014, sitôt l’éviction des prostituées déclarée illégale, celles-ci regagnèrent immédiatement leur quartier. Il faut préciser que ce que nous appelons le bordel Kandapara est en réalité un grand complexe de plusieurs dizaines de grandes habitations «style hangars en tôle» , avec ruelles, stands de nourriture, magasins de thé, vendeurs de rue, le tout entouré d’un mur. Par ailleurs, les règles et les structures d’autorité à l’intérieur de cette enclave diffèrent complètement des règles existant ailleurs dans la société : les jeunes filles d’âge mineur sont très vulnérables et soumises à l’autorité d’une «madame» jusqu’au moment où, libérées de leurs dettes après plusieurs années, elles gagnent plus de liberté et acquièrent le statut de travailleuses du sexe autonomes. La photographe allemande Sandra Hoyn a rapporté de sa récente visite à Kandapara de troublantes photos, publiées par le Washington Post , qui nous font plonger dans les abysses de l’exploitation et de la misère humaine. En 2012, le photographe bangladais Andrew Biraj, de l’agence Reuters, avait lui aussi publié des images saisissantes de ce bordel sur le site Buzz. Fedd News. Autant de photographies qui parlent d’elles-mêmes sans qu’il soit nécessaire d’ajouter beaucoup de commentaires. R. Day
Photo : Sandra Hoyn
Ces femmes de Kandapara, des plus jeunes aux plus âgées, attendent des clients. Photo : Sandra Hoyn
Bien des jeunes filles arrivent au bordel Kandapara à un très jeune âge (entre 12 et 14 ans). Elles proviennent de familles pauvres et ont souvent été l’objet de trafic. Endettées et sous la coupe d’une «madame» , elles ne disposent ni de droits ni de liberté. Elles ne sont pas autorisées à quitter l’enceinte du bordel et ne peuvent administrer leur argent. Ce n’est que lorsqu’elles ont payé entièrement leurs dettes qu’elles acquièrent le statut de «travailleuses du sexe autonomes» . Cela peut prendre entre un et cinq ans. Ce statut leur permet alors de refuser un client, de garder leur argent et même de quitter le bordel. Mais comme ces femmes sont déjà stigmatisées socialement, elles n’ont souvent d’autre choix que de continuer d’exercer leur métier afin de faire vivre leur famille. Photo : Sandra Hoyn
Photo : Sandra Hoyn Mim, prenant une douche dans le bordel Kandapara.
Photo : Sandra Hoyn Pakhi et Mim
Les pleurs de Dipa. Les prostituées peuvent avoir des relations sexuelles avec une vingtaine d’hommes par jour. Pour des revenus de 12 $. Photo : Sandra Hoyn
Papia reçoit deux clients en même temps. Photo : Sandra Hoyn
Photo : Sandra Hoyn Clients rassemblés à l’intérieur de l’enceinte du bordel Kandapara.
Malgré les apparences de la photo, Priya taquine un ami. Photo : Sandra Hoyn
Photo : Sandra Hoyn Ce client voudrait bien embrasser Priya.
Dans le bordel Kandapara, il y a des naissances. Sur ce lit, les jumeaux (ou jumelles) d’une travailleuse du sexe. Photo : Sandra Hoyn
Photo : Andrew Biraj Lucy, 19 ans, cajole Riyad, son bébé de 3 mois qui est né lui aussi à Kandapara.
Asma avec un jeune client. Asma est née au bordel Kandapara et y a passé toute sa vie. Photo : Sandra Hoyn
Kajol Photo : Sandra Hoyn
Photo : Sandra Hoyn Kajol en compagnie d’un client.
Photo : Sandra Hoyn Sur ce lit : Kajol avec Mehedi, son bébé de six mois, et un client.
Hashi n’a que 17 ans. On la voit ici en 2012, dans sa petite chambre de Kandapara, embrassant son «Babu» , autrement dit son «monsieur» , son «protecteur» . Les jeunes prostituées sans expérience ont souvent un «amant» , un «mari» , qui vit à l’extérieur du bordel, mais y revient périodiquement pour du sexe et prendre un peu d’argent. En retour, elles bénéficient de sa protection dans ce milieu très dur où l’homme est roi et maître. Au moment de sa rencontre avec le photographe Andrew Biraj, Hashi pouvait avoir des relations sexuelles avec 15 à 20 clients par jour et gagner entre 9, 75 $ - 12 $. Photo : Andrew Biraj
Photo : Andrew Biraj Hashi et son «Babu» . On remarque celui-ci ne semble pas beaucoup plus âgé qu’elle.
Hashi montre des comprimés d’oradexon. Les prostituées utilisent cette drogue que les fermiers donnent à leur vaches afin de prendre du poids, de paraître en bonne santé et d’être plus attirantes pour la clientèle. Elles remplacent la pauvreté de leur alimentation par ce type de stéroïdes. Photo : Andrew Biraj
Une fois le prix convenu, Hashi amène un client dans sa chambre pendant que Maya attend qu’un autre se présente. Photo : Andrew Biraj
Hashi en compagne d’un autre client. Photo : Andrew Biraj
Lorsque, âgées parfois d’une dizaine d’années seulement, ces jeunes filles (mais ne devrait-on pas dire «ces enfants» ? ) arrivent à Kandapara, on dit d’elles qu’elles sont des «bonded girls» . Il y a plusieurs manières de traduire cette expression en français (filles sous contrôle, filles asservies, filles en servitude, filles attachées). Mais peu importe la traduction retenue, la réalité est que ce sont des esclaves sexuelles. Photo : Andrew Biraj
Photographies ▪ Sandra Hoyn / The Washington Post ▪ Andrew Bijaj / Reuters Documentation ▪ «Heartbreaking photos show what it’s like living in a walled city brothel» , The Washington Post , le 13 juin 2016. ▪ Ludovica Iaccino, «Bangladesh’s oldest brothel demolished and 770 prostitues flee after threats» , International Business Times , le 14 juillet 2014. ▪ Gavon Laessig, « 30 Tragic, beautiful photos of teenage prostitutes in Bangladesh» , Buzz. Fedd News , le 19 mars 2012. Musique Claude Debussy, «La plus que lente» CD «French Music For Harps & Strings» Conception R. Day Septembre 2016 Mes diaporamas sont hébergés sur le site : http: //www. imagileonation. com
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