Day Crations rflexives 2012 Dfilement manuel Bran Symondson
Day Créations réflexives 2012 Défilement manuel
Bran Symondson est considéré comme l’un des grands photojournalistes de notre époque. Mais curieusement, il avait reçu à l’origine une formation de chef cuisinier. C’est au cours de voyages en Afrique, où il fut charmé par la beauté du continent, que la photographie devint pour lui une passion. En assistant des photographes de renom dans les domaines de la mode et de la publicité, il acquiert la technique et les habiletés propres à cet art. Puis son côté aventurier l’amène à s’engager dans l’armée de réserve britannique. Et c’est ainsi qu’il se retrouve en Afghanistan. Une fois démobilisé, il retourne dans ce pays, cette fois comme photographe pour le Sunday Times Magazine. De cette expérience résultera en 2010 une exposition à la fois louangée et controversée intitulée «The Best View Of Heaven Is From Hell» . Toujours à partir de son expérience afghane, Bran Symondson a élaboré avec d’autres artistes une nouvelle exposition qui a été présentée en septembre 2012 au Institute of Contemporary Arts de Londres. Intitulée «AKA Peace» , cette exposition propose au public une réinterprétation artistique du fusil d’assaut AK-47 – l’une des armes les plus connues et les plus dévastatrices dans les conflits qui affligent notre planète. Transformer une machine de dévastation en un instrument de paix : tel est le défi qu’une vingtaine d’artistes ont accepté de relever.
Symondson a raconté que l’idée d’une telle exposition lui était venue au contact des membres de la Police nationale afghane. Il avait en effet remarqué que les policiers décoraient souvent leur fusil avec des fleurs, des papiers colorés et des rubans. «Un jour, j’étais dans une tranchée pour me protéger des tirs d’AK-47. À mes côtés, il y avait un jeune policier afghan avec un fusil décoré d’une rose rouge. Je me suis mis à rire et me suis dit que si je retournais chez moi j’essaierais d’utiliser «l’ironie» d’une telle situation et d’en faire quelque chose d’artistique. J’ai compris que cette arme est souvent leur seule possession et qu’ils la décorent un peu comme le font des adolescents britanniques avec leur voiture. Bien des gens m’ont demandé si je ne craignais pas de glorifier ainsi l’AK-47. Mais cette arme est déjà amplement glorifiée. Le message ici, c’est de montrer qu’un AK-47 peut être utilisé visuellement et mentalement pour autre chose. » Parmi les artistes ayant répondu à l’invitation de Symondson, on retrouve Damien Hirst, Antony Gormley, Marc Quinn, Nancy Fouts, Laila Shawa, les frères Jake et Dinos Chapman. Certains ont avoué avoir éprouvé un malaise en travaillant sur des armes qui avaient servi dans des combats et possiblement tué des gens.
Un fusil… …pour la paix
Ben Langlands & Nikki Bell, «Sign of the Times»
Nancy Fouts, «Dont’ Touch»
«Dont’ Touch» présente un AK-47 couvert d’épines argentées. Vu de loin, on croirait qu’il s’agit d’une douce fourrure.
Laila Shawa, «Where Souls Dwell»
L’artiste palestinienne Laila Shawa a reconnu être familière avec les AK-47. Sa première question à Bran Symondson fut : «Combien de personnes ce fusil a-t-il tué? » Alors qu’elle nettoyait l’arme avant de la recouvrir de papillons et de perles en plastique, elle avait en effet aperçu du sang coagulé dans le canon. «La réalité m’est arrivée en pleine face» , a-t-elle avoué.
Bran Symondson, «Commodites»
«Commodites» présente un AK-47 recouvert de dollars US
Détail de «Commodites» , créé par Bran Symondson
Damien Hirst, «Spin AK-47 for Peace One Day»
Damien Hirst a utilisé le procédé du spin painting pour décorer son AK-47 de couleurs voyantes.
Tim Noble & Sue Webster, «Twisted»
Antony Gormley, «Silence»
Sarah Lucas, «Power is the Problem»
Jeremy Deller, «As Seen on TV»
Douglas Gordon, «Sketch for AK 47 Samovar»
Charming Baker, «A Brief Holiday From Dispair» Baker a perforé son AK-47 de trous, afin qu’on en voit l’intérieur et l’extérieur.
Antony Micallef, «Improvised weaponhead» Dans cette large toile où se marient le noir, le gris et le blanc, Micallef fait surgir, telles des cornes, deux AK-47 de la tête d’une créature indéfinissable. L’artiste a ainsi voulu, a-t-il précisé, tenter de capturer cet «instant primal de violence» . «Pour moi, le fusil est agressif en lui-même et j’ai voulu amplifier ce fait. Je n’ai jamais pu échapper à ce sentiment. »
Jake & Dinos Chapman, «Yin and Yang» Deux petits enfants tiennent chacun un AK-47; mais ils ont un pénis à la place du nez.
Quelques artistes dont les œuvres apparaissent dans ce diaporama (de gauche à droite) Antony Micallef, Nancy Fouts, Jeremy Gilley (fondateur de Peace One Day), Jake Chapman, Bran Symondson, Ben Langlands et Nikki Bell
Les AK-47 exposés au Institute Contemporary Arts de Londres ont été par la suite proposés dans une vente aux enchères dont les profits ont été versés à l’organisme «Peace One Day» , qui fait la promotion d’une journée mondiale de cessez-le-feu et de non-violence chaque 21 septembre. «Je ne suis pas naïf au point de croire qu’un fusil est juste une arme de destruction. Je suis convaincu qu’il y a des fusils dans cette exposition qui ont sauvé des vies et que cela a réjoui des familles. Le problème n’est-il pas plutôt dans la manière dont vous utilisez n’importe quel instrument? » Antony Micallef
Documentation The Telegraph (26 septembre 2012) G. Q. Bristish Magazine Mail Online The Guardian Photographies The Telegraph Mail Online Musique Café Del Mar, «Love My Soul» (sur You Tube) Conception R. Day Octobre 2012
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