Charles Baudelaire 1821 1867 Et ses pomes pour
Charles Baudelaire (1821 -1867) Et ses poèmes pour les femmes qu’il a aimées…. Poèmes d’amour ses « Fleurs du Mal » • • • Cliquez à chaque vue • Caroline Aupick, la mère idolâtrée Mariette, la servante au grand cœur Sarah la Louchette, prostituée juive de 20 ans Emmelina Autard, la belle créole intouchable, Apollonie Sabatier, la salonnière et demi-mondaine, Jeanne Duval, la vénéneuse Vénus Noire et prostituée, Marie Daubrun où, grâce à elle, « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. » Illustration de Georges De Feure pour le recueil des poèmes « les fleurs du mal » Georges De Feure (18681943)
Biographie du poète Charles Baudelaire Naissance le 9 avril 1821 à Paris 1827 Décès de son père Joseph-François 1828 Sa mère Caroline épouse le Commandant Aupick. Charles n’accepte pas cet homme autoritaire qui vient de lui « voler » sa mère. 1836 1839 Après 4 années passées à Lyon, Charles revient à Paris. Il entre au Collège Louis-le-Grand mais il est renvoyé l’année du baccalauréat pour indiscipline. Il fréquente le quartier latin et prend l’allure du dandy. Il ne cherche pas de travail et de temps en temps compose des poèmes. Fin 1839 Il est inscrit à la faculté de droit et sa mère rêve pour lui, plus tard, d’un poste d’ambassadeur mais il arrête ses études très vite et préfère vivre avec une prostituée juive – Sarah la Louchette – qui lui apprend l’amour. Elle est pour lui sa bohême, sa perle, son bijou, sa reine, sa duchesse…. . 2 Charles Baudelaire par Emile Deroy (18201846)
Hommage à Mariette, la servante si dévouée 3
Poème Mariette, la servante au grand cœur dont vous étiez jalouse La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres, Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, À dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps, Tandis que, dévorés de noires songeries, Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries, Vieux squelettes gelés travaillés par le ver, adressée à Caroline Aupick, sa mère, concernant Mariette la servante Femme de la campagne dévouée au couple Baudelaire Décédée trop tôt 4 Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille. Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir, Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir, Si, par une nuit bleue et froide de décembre, Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre, Grave, et venant du fond de son lit éternel Couver l'enfant grandi de son œil maternel, Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse, Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?
A sa mère, rien qu’un poème de souvenirs Il lui en veut de s’être remariée très rapidement avec un militaire qui prendra par la suite des mesures disciplinaires contre lui. 5
Caroline La petite maison blanche à la campagne que louait Mme Aupick à Neuilly-sur- Seine Notre blanche maison, petite mais tranquille ; Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus, Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe, Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe, Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux, Contempler nos dîners longs et silencieux, Répandant largement ses beaux reflets de cierge Sur la nappe frugale et les rideaux de serge. Orpheline à 7 ans, elle est recueillie et adoptée par le couple Pérignon qui possède un hôtel particulier à Auteuil. Lorsqu’elle est jeune fille, elle bénéficie des cours de dessins et d’aquarelles de Joseph-François Baudelaire. Celui-ci, veuf, et âgé de 60 ans, la demande en mariage. Elle a 26 ans. Acceptation de M. Pérignon, Mariage de raison. Charles nait l’année suivante. Son père décède alors que son fils n’a pas encore 7 ans. Pendant un an, c’est la fusion entre mère et fils. Mais Caroline se remarie avec le Commandant Aupick l’année suivante. Cette petite maison où Charles avait sa mère rien que pour lui 6
Hommage à Sarah-la-louchette (surnom donné par Charles Baudelaire) première femme qui l’a initié aux rituels de l’Amour mais qui lui a aussi transmis la blennorragie. Charles a 18 ans ! 7
Sarah la Louchette Je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre : Poème pour Sarah la louchette Ne valent pas pour moi son œil juif et cerné. Invisible aux regards de l'univers moqueur, Sa beauté ne fleurit que dans mon triste cœur. Elle n'a que vingt ans, la gorge déjà basse Pend de chaque côté comme une calebasse, Pour avoir des souliers elle a vendu son âme. Et pourtant, me traînant chaque nuit sur son corps, Mais le bon Dieu rirait si, près de cette infâme, Ainsi qu'un nouveau-né, je la tête et la mords, Je tranchais du Tartufe et singeais la hauteur, Vice beaucoup plus grave, elle porte perruque. Tous ses beaux cheveux noirs ont fui sa blanche nuque; Ce qui n'empêche pas les baisers amoureux De pleuvoir sur son front plus pelé qu'un lépreux Qu'ombragent des cils noirs plus longs que ceux d'un ange, Est tel que tous les yeux pour qui l'on s'est damné La gueuse de mon âme, emprunte tout son lustre ; Moi qui vends ma pensée et qui veux être auteur. Elle louche, et l'effet de ce regard étrange Prostituée âgée de 20 ans Première liaison qui ne plait pas à son beau-père. Charles doit partir pour les Indes. Et bien qu'elle n'ait pas souvent même une obole Pour se frotter la chair et pour s'oindre l'épaule, Je la lèche en silence avec plus de ferveur Que Madeleine en feu les deux pieds du Sauveur. Le poème se continue. Charles Baudelaire – rempli d’amour – le termine par « c’est mon tout, ma richesse, ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse …. » 8
1841 1842 Le commandant Aupick, exaspéré par la vie de bohême de son beau-fils, le fait embarquer à bord d’un paquebot à destination des Indes. Charles ne se sent pas à l’aise avec les marins et les voyageurs (des commerciaux faisant affaire). Il décide d’arrêter son voyage à l’Ile Maurice où il est hébergé quelques temps par M. et Mme Autard de Bragard. Il semble qu’il ait aimé sa belle hôtesse, d’un amour chaste. Son poème « à une dame créole » lui rend hommage. Il a atteint sa majorité. De retour à Paris, il s’empare de l’héritage paternel qu’il dilapide très vite. Il n’a pas changé. Il vit avec les prostituées. 9 Mme Autard de Bragard (1817 -1857)
Hommage à Emmelina (Marie-Louise Antoniette Emelina) Autard de Bragard (Ile Maurice) Son hôte 10
Poème pour Mme Autard A une dame créole Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire, Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire, (1817 -1857) Belle digne d'orner les antiques manoirs, Amour platonique en 1841 Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites, Germer mille sonnets dans le coeur des poètes, Au pays parfumé que le soleil caresse, Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs. J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés. « Mon bon Monsieur Autard, Vous m’avez demandé quelques vers à Maurice pour votre femme et je ne vous ai pas oublié. Comme il est bon, décent et convenable que des vers adressés à une dame par un jeune homme passent par les mains de son mari avant d’arriver à elle, c’est à vous que je les envoie afin que vous ne les lui montriez que si cela vous plait » Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse A dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés. Charles Baudelaire 11
Parfum exotique Poème pour Mme Autard (1817 -1857) Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne, Amour platonique en 1841 Guidé par ton odeur vers de charmants climats, Je vois un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Je respire l'odeur de ton sein chaleureux, Je vois se dérouler des rivages heureux Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone; Qui circule dans l'air et m'enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers. Une île paresseuse où la nature donne Des arbres singuliers et des fruits savoureux; Des hommes dont le corps est mince et vigoureux, Mme Autard meurt en 1857 sur le bateau, en haute mer, avant d’atteindre la France. Depuis son voyage à l’Ile Maurice, Charles Baudelaire ne la reverra jamais. Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne. 12
Charles Baudelaire par Gustave Courbet (1819 -1877) 13
1843 1844 Il fait la connaissance d’une mulâtresse, Jeanne Duval, figurante dans un petit théâtre parisien de la Porte-St-Antoine sous le nom de Berthe mais aussi prostituée. Il s’essaie alors à l’opium et au hachisch, ses paradis artificiels qu’il célébrera bientôt. Sa mère et son beau-père sont indignés de cette vie de débauche. Il a épuisé la moitié de son héritage. Un conseil de famille décide de le placer sous tutelle et Maître Ancelle est chargé d’examiner ses moindres dépenses. Il reçoit chaque mois une petite pension. Il doit dorénavant travailler. Il devient alors journaliste et critique d’art. Il commence par l’éloge d’E. Manet, de C. Corot et H. Daumier. Il se lie avec tout un cercle artistique (écrivains, poètes, peintres…. . ) Il ne paie pas ses loyers et pour échapper à ses créanciers, il change souvent de domicile avec ou sans Jeanne Duval. Il est toujours à court d’argent, achetant sa drogue mais aussi des médicaments pour soigner une syphilis. Jeanne Duval (1827 -1870) dessinée par Charles Baudelaire Elle est sa « Vénus noire » , l’incarnation de la femme fatale, sensuelle et exotique. Elle est métisse et originaire de Saint -Domingue. 14
« Mulâtresse, pas très noire, pas très belle, cheveux noirs ou crépus, poitrine assez plate, de taille assez grande, marchant mal » dira Ernest Prarond (1821 -1909), condisciple de Baudelaire au lycée. Quant à Félix Tournachon (alias Nadar), il est son amant avant que Charles Baudelaire ne la remarque. Il écrit : « la taille est longue en buste, bien prise, ondulante comme une couleuvre……. » puis il ajoute « elle est très grande, avec la démarche souple des Noirs, et des yeux grands comme des soupières » . Charles Baudelaire par Nadar (1820 -1910) 15 Jeanne Duval (1827 -1870 ? ) dessinée par Charles Baudelaire
Hommage à Jeanne Duval, sa Vénus noire, qui lui transmettra la syphilis. Il a 22 ans. Il se soigne au laudanium et pour atténuer les douleurs, il se drogue. 16
La chevelure Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d'autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum. J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève ! Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve Jeanne Duval par Edouard Manet (1832 -1883) De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts …… 17
Le serpent qui danse Poème pour Jeanne Duval (1827 -1870 ? ) Que j’aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Amour fiévreux fait sans cesse de ruptures et de réconciliations Tes yeux où rien ne se révèle De doux ni d’amer, Sont deux bijoux froids où se mêle L’or avec le fer. Miroiter la peau ! A te voir marcher en cadence, Sur ta chevelure profonde Belle d’abandon, Aux âcres parfums, On dirait un serpent qui danse Mer odorante et vagabonde Au bout d’un bâton. Aux flots bleus et bruns, Sous le fardeau de ta paresse Comme un navire qui s’éveille Ta tête d’enfant Au vent du matin, Se balance avec la mollesse Mon âme rêveuse appareille D’un jeune éléphant. Pour un ciel lointain 18 ………
Jeanne Duval et Charles Baudelaire ne s’entendent plus. En 1852, alors qu’il écrit des poèmes d’amour pour une demi-mondaine, il signale que « Jeanne est devenue un obstacle, non seulement à mon bonheur…. . Je pense …. à la terrible nuit où je lui ai ouvert la tête avec une console. » Elle le quitte durant 3 ans. Il reprennent une vie commune en septembre 1856 puis c’est de nouveau la rupture mais elle revient encore vivre avec lui début 1859. Or le 5 avril, elle devient hémiplégique et elle est admise à la maison de santé Dubois à Paris et Charles assume les frais de cette hospitalisation. A partir de 1861, ils ne se verront plus. Jeanne Duval par Constantin Guys (1802 -1892) Charles Baudelaire par Nadar (1820 -1910) 19
Aglaé Joséphine Savatier ou Apollonie Sabatier, la Présidente Elle est une demi-mondaine née en 1822, égérie des peintres, des sculpteurs, des écrivains, poètes…. et musiciens sous le nom de « la Présidente » Elle-même est peintre à ses quelques moments libres. Elle est une fille illégitime, d’un père vicomte et d’une mère blanchisseuse. Elle épouse très jeune un soldat – André Savatier – dont elle aura 2 fils et 1 fille. Et en 1838, elle fait la connaissance d’un homme d’affaires franco-belge, Alfred Mosselman (1810 -1867) qui pourvoit immédiatement à son entretien. Il l’installe d’abord à l’hôtel Pimodan dans l’Ile Saint-Louis où vivent alors Théophile Gautier et Charles Baudelaire. Elle devient salonnière, change de nom, et reçoit une fois par semaine, le dimanche. Apollonie Sabatier ou la femme au chien (1850) par Ricard Gustave (1823 -1873) 20 Charles Baudelaire par Nadar ( 1820 -1910 ) Puis elle déménage au n° 4 de la rue Frochot dans le quartier Pigalle et continue de recevoir tous les artistes écrivains, poètes, peintres, sculpteurs, musiciens.
Ses admirateurs sont nombreux. Elle pose et se donne sans compter. Elle les rétribue en nature pour leurs œuvres d’art, Alfred Mosselman n’étant absolument pas jaloux. Il demande au peintre Clésinger de procéder à un moulage de sa bien-aimée et ensuite de réaliser une sculpture d’une femme lascive. Le titre choisi par l’artiste est évocateur « rêve d’amour » et celle-ci fait alors scandale. Cependant, elle contribue à la notoriété de son salon. Intitulée plus tard « la femme piquée par un serpent » , elle ne provoquera plus de réaction des bien-pensants. Madame Sabatier par Vincent Vidal ( 1811 -1887) C’est à partir de 1852 que Charles Baudelaire est convié aux réceptions de la rue Frochot. 21 Buste présumé de Mme Sabatier par Auguste Clésinger (1814 -1883) Détail du tableau de Gustave Courbet (18191877) : Apollonie Sabatier et Alfred Mosselman au Salon
Hommage à la Présidente Aglaé Joséphine Savatier, alias Apollonie Sabatier. Elle exerce sur tous les artistes une grande fascination. Déception de Charles Baudelaire après l’avoir « consommée » 22
Harmonie du soir Voici venir les temps où vibrant sur sa tige, Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige, Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir! Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir, Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Valse mélancolique et langoureux vertige. Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. . . Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir, Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige, Valse mélancolique et langoureux vertige, Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Poème pour Appolonie Sabatier (1822 -1890) Demi-mondaine, salonnière de la rue Frochot à Paris, artiste peintre. Liaison assidue de 1852 à 1862 23 Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige. Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige, Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir.
Tout entière Le Démon, dans ma chambre haute, Lorsque tout me ravit, j'ignore Ce matin est venu me voir, Si quelque chose me séduit. Et, tâchant à me prendre en faute, Elle éblouit comme l'Aurore Me dit : " Je voudrais bien savoir, Et console comme la Nuit ; Parmi toutes les belles choses Et l'harmonie est trop exquise, Dont est fait son enchantement, Parmi les objets noirs ou roses Qui composent son corps charmant, Quel est le plus doux. " - Ô mon âme ! Tu répondis à l'Abhorré : " Puisqu'en Elle tout est dictame, Rien ne peut être préféré. Poème pour Appolonie Sabatier (1822 -1890) Demi-mondaine, salonnière de la rue Frochot à Paris, artiste peintre. Liaison assidue de 1852 à 1862 24 Qui gouverne tout son beau corps, Pour que l'impuissante analyse En note les nombreux accords. Ô métamorphose mystique De tous mes sens fondus en un ! Son haleine fait la musique, Comme sa voix fait le parfum ! "
Femme piquée par un serpent par Auguste Clésinger (1814 -1883) Musée d’Orsay Charles Baudelaire, reçu par Apollonie Sabatier, ne s’exprime pourtant pas en société, et ne lui montre pas un réel intérêt. Par contre, il lui adresse des poèmes d’amour en modifiant son écriture et sans les signer. Intriguée, subjuguée par la beauté des mots reçus, elle accepte de se donner à ce poète énigmatique qui bientôt est reconnu. Charles vit toutefois avec Jeanne Duval mais elle n’est pas plus fidèle que lui. Cependant, dès la première étreinte avec Apollonie, Charles est déçu. Tableau inachevé de Thomas Couture (1815 -1879 ) représentant Apollonie Sabatier et Charles Baudelaire Sans doute qu’Apollonie l’est aussi. L’amour platonique a duré 10 ans, les effusions quelques mois et sans grands effets. Les visites dans les salons de « la Présidente » se terminent. 25
Charles Baudelaire, toujours photographié par Félix Tournachon dit Nadar (1820 -1910) 26
Marie Daubrun Mme Daubrun dans le rôle de « la belle aux cheveux d’or » Charles Baudelaire s’éprend, dès 1847, de Marie Daubrun (nom d’artiste). Elle est née en 1827 et joue au théâtre de la Porte Saint-Martin. Elle finit, quelques années plus tard, par accepter ses avances mais elle rencontre en 1859 Théodore de Banville (1823 -1891) que l’on surnomme le « poète du bonheur » . Elle ne veut plus continuer à voir Charles Baudelaire. Il l’inonde alors de lettres d’amour : « revenez, je vous le demande à genoux ! » « toute votre personne est si bonne, si belle et si douce à respirer. Vous êtes pour moi la vie et le mouvement…. . Comment vous exprimer à quel point je les aime vos yeux et combien j’apprécie votre beauté ! En dépit de votre volonté, vous serez désormais mon talisman et ma force. Je vous aime Marie, c’est indéniable. …… Il vous a plus de me mettre à la porte, il me plait de vous adorer. …… » Marie Daubrun par Etienne Carjat (1828 -1906) Marie Daubrun part vivre à Nice avec Théodore de Banville. Mais les amoureux se quittent en 1862. 27
Hommage à Marie Daubrun, amante passagère puisqu’elle aime Théodore de Banville 28
Ciel brouillé Tu ressembles parfois à ces beaux horizons On dirait ton regard d'une vapeur couvert ; Qu'allument les soleils des brumeuses saisons. . . Ton œil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ? ) Comme tu resplendis, paysage mouillé Alternativement tendre, rêveur, cruel, Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel. Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés, Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés, Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord, Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort. Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé ! Poème pour Marie Daubrun (1827 inconnu) Comédienne de théâtre Liaison de quelques mois en 1859 29 Ô femme dangereuse, ô séduisants climats ! Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas, Et saurai-je tirer de l'implacable hiver Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?
Le Poison Tout cela ne vaut pas le poison qui découle Le vin sait revêtir le plus sordide bouge De tes yeux, de tes yeux verts, D'un luxe miraculeux, Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers. . . Et fait surgir plus d'un portique fabuleux Mes songes viennent en foule Dans l'or de sa vapeur rouge, Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux. L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, Approfondit le temps, creuse la volupté, Et de plaisirs noirs et mornes Remplit l'âme au delà de sa capacité. Poème pour Marie Daubrun (1827 inconnu) Comédienne de théâtre Liaison de quelques mois en 1859 30 Pour se désaltérer à ces gouffres amers. Tout cela ne vaut pas le terrible prodige De ta salive qui mord, Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord, Et, charriant le vertige, La roule défaillante aux rives de la mort !
1854 1857 Charles Baudelaire découvre puis traduit les œuvres d’Edgar Poe. Les deux hommes ont une même conception de l’Art ainsi qu’une grande fascination pour le Mal. Baudelaire, atteint de la syphilis, se soigne mal et surtout se drogue à outrance pour atténuer la souffrance mais aussi pour essayer d’oublier « sa Vénus d’ébène » . L’argent manque. Il a rassemblé ses poèmes sous le titre « les fleurs du mal » qu’il montre à l’éditeur Auguste Poulet-Malassis. Celui-ci les imprime. Aussitôt parus, ils scandalisent et le poète comme l’éditeur sont condamnés à de fortes amendes. Baudelaire, à court d’argent, implore l’Impératrice Eugénie d’intervenir pour la faire diminuer. Il obtiendra satisfaction. Cependant six poèmes doivent être impérativement supprimés de l’œuvre incriminée. 1860 Baudelaire fait paraître « les Paradis artificiels » 1861 Une seconde édition des Fleurs du mal parait, toujours tronquée des 6 poèmes qui ont fait scandale. Mais A. Poulet-Malassis doit purger une peine de prison pour avoir enfreint à la Loi. 31 Auguste Poulet-Malassis (1825 -1878), éditeur
1864 1866 1867 Charles Baudelaire par Nadar (1820 -1910) 32 Charles Baudelaire est criblé de dettes. Son éditeur et ami Auguste Poulet-Malassis a fui Paris, suite aux scandales des « Fleurs du Mal » . Charles Baudelaire part en Belgique, à Bruxelles, pour faire une tournée de conférences mais peu habitué à s’exprimer devant un large public, il n’a pas le succès escompté et déchante complètement, supportant de moins en moins l’atmosphère bruxelloise. De plus, il souffre d’une syphilis avancée. Baudelaire est de plus en plus mal. Il a retrouvé son éditeur Auguste Poulet-Malassis à Namur qui lui présente Félicien Rops (1833 -1898), peintre et illustrateur, assez provocateur dans ses œuvres d’art. Mais dans l’église Saint-Loup de Namur Charles Baudelaire est frappé à la fois d’hémiplégie et d’aphasie (perte de la parole). Il ne pourra dire qu’un mot « crénom » (Sacré nom de Dieu !) qu’il répétera jusqu’à sa mort. Charles Baudelaire est rendu à sa mère. Après un séjour en clinique privée, il meurt le 31 août 1867, à 46 ans, rongé aussi par la syphilis. Il est inhumé au cimetière Montparnasse à côté du Gl Aupick, son beau-père, qu’il détestait.
Le peintre Félicien Rops et l’éditeur Auguste Poulet-Malassis – surnommé « Coco malperché » par Charles Baudelaire – sont les deux amis qui assistent à son attaque cérébrale à l’église Saint. Loup de Namur. Ils avisent Caroline Aupick de l’état de son fils. Félicien Rops (1833 -1898) par Nadar 33 Auguste Poulet-Malassis (1825 -1878), éditeur des fleurs du mal
Ses meilleurs amis Photos de Nadar Théophile Gautier (1811 -1872) poète, romancier et critique d’art Charles Asselineau (1820 -1874) écrivain et critique d’art Félix Tournachon dit Nadar (1820 -1910) caricaturiste, écrivain, aéronaute, et surtout photographe 34
Charles Baudelaire meurt à la Clinique du Docteur Duval à Paris le 31 août 1867 où sa mère Caroline Aupick l’a fait admettre en juillet 1866. 35
Quelques éditions des « Fleurs du Mal » Révision en mai 1949 Sa 1ère demande de révision du jugement de 1857 sera introduite en 1929 par le ministre de la justice Louis Barthou Cette révision n’ayant pas abouti, la Société des gens de lettres présente une seconde révision en mai 1949. 36
Les poèmes « les Fleurs du Mal » étudiés dans les collèges à partir de 1950 La Cour énonce que « les poèmes « les Fleurs du mal » ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive…. 37 les libertés permises à l’artiste, que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits …. … offensant les bonnes moeurs, une telle appréciation ne s’attachant qu’à l’interprétation réaliste et non à leur sens symbolique, s’est révélée de caractère arbitraire.
Les « Fleurs du Mal » ou « Femmes fatales » 38 Imaginées en 1890 par Georges De Feure (1868 -1943)
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Georges De Feure (1868 -1943) Georges De Feure, d’origine Hollandaise, (il se nomme Georges Joseph Van Sluijters) est né à Paris un an après la mort de Charles Baudelaire. Alors qu’il n’a que 2 ans, ses parents émigrent aux Pays-Bas du fait de la guerre franco-prussienne. En 1886, il commence ses études à l’Académie des Beaux Arts d’Amsterdam mais dès 1888, il est à Paris parmi la bohème parisienne de Montmartre. Repéré par le Peintre Pierre Puvis de Chavanne comme l’un des meilleurs peintres symbolistes, il devient illustrateur de journaux et notamment deux périodiques de la maison Goupil et Cie (le Théâtre et les Modes). Il représente souvent la femme fatale. Le marchand d’art Siegfried Bing lui demande de participer à l’exposition Universelle de 1900 pour la décoration du pavillon de l’Art Nouveau. 42
Musée d’Orsay à Paris 43
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Georges De Feure (1868 -1943) Sa renommée est faite grâce à la maison Goupil et à Siegfried Bing. Il est l’un des affichistes les plus prisés de Paris, travaillant également pour des décors de théâtre. Il devient, en 1920, le conseiller artistique pour les magasins de la couturière Madeleine Vionnet. Il meurt à Paris en 1943. 45
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L’hyprocrisie 54 Le printemps du mal
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Quelques biographies Ce livre vient de paraître en octobre 2020 Jean Teulé décrit C. Baudelaire comme un être associable, malade et drogué au comportement complètement fou. Ce livre vient de paraître 56 Disque Pour Francis Lalanne, le recueil « Pauvre Belgique » déshonore son auteur et participe à la condamnable institution de la société du « mal dire » .
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